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Full text of "Le Bhâgavata puråna ou Histoire poétique de Krichna traduit par Eugène Burnouf Tome second"

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NAZIONALE 


BIBLIOTECA  PROVINCIALE 


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BHÂGAVATA  PURÂNA. 


TOME  SECOND. 


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BHÂGÂVAJA  PURÂNA 


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HISTOIRE  POÉTIQUE  DE  K R ICHN  A 


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9 TRADUIT  ET  PUBLIÉ  # . 

PAR  M.  EUGÈNE  BURNOUF 

MEMBRE  DE  L’INSTITUT 

PROFESSEUR  DE  SANSCRIT  AO  COLLEGE  ROYAL  DE  FRANCE,  ETC. 


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PREFACE. 


Depuis  la  publication  du  premier  volume  de  cet  ouvrage,  j’ai 
eu  à ma  disposition  de  nouveaux  secours  que  je  crois  nécessaire 
d'indiquer  ici  en  peu  de  mots.  Je  m’acquitte  même  de  cette  tâche 
avec  d'autant  plus  de  plaisir,  que  j’y  trouve  l’occasion  de  témoi- 
gner publiquement  ma  gratitude  aux  personnes  à l’entremise 
amicale  desquelles  je  dois  les  matériaux  dont  je  vais  parler. 

Pendant  son  séjour  à Londres  en  1 8 4 1 , M.  Gaspard  Gorresio 
se  chargea  d’acquérir  pour  moi  un  volume  in-4°,  d’une  épaisseur 
considérable,  qui  renferme  le  Bhâgavata  Purâna,  avec  le  com- 
mentaire de  Çridhara  Svâmin , le  tout  en  caractères  dêvanâgaris. 
Ce  volume  a été  lithographié  avec  le  plus  grand  soin  à Bombay, 
l’an  1761  de  Çaka,  c’est-à-dire  en  1839.  C’est  un  des  plus  beaux 
produits  des  presses  lithographiques  de  cette  ville,  produits  si 
rares  en  Europe,  et  je  me  regarde  comme  très-heureux  d’en 
avoir  fait  l’acquisition.  Outre  que  cette  édition  du  Bhâgavata  est 
une  nouvelle  preuve  de  la  popularité  de  ce  poème,  elle  m’a  fourni 
un  texte  qui  ne  m’a  pas  été  inutile  pour  la  critique  de  celui  que 
je  donne.  Elle  est  en  général  soignée  et  correcte  ; elle  me  paraît 
cependant  inférieure  à l’édition  bengalie  dont  j’ai  parlé  dans  la 


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II 


PREFACE. 


Préface  de  mon  premier  volume.  Quoiqu’elle  ait  le  mérite  de 
ne  pas  être  copiée  sur  cette  édition,  elle  n’est  pas  entièrement 
exempte  de  fautes,  et  elle  renferme  en  plus  d'un  endroit  des  irré- 
gularités grammaticales  qu’on  ne  trouve  pas  dans  tous  les  ma- 
nuscrits. Cette  observation  mérite  d’autant  plus  d’attention,  que 
l’auteur  du  Bhâgavata  Purâna  s’est  trop  souvent  écarté  des  règles 
de  l’école  classique  de  Pânini,  et  qu’il  s’est  permis  des  licences 
qui  n’ont  pas  toujours  pour  excuse  les  nécessités  du  mètre.  C’est 
même  un  des  caractères  de  sa  poésie,  caractère  qui  en  atteste  la 
date  récente;  et  on  ne  pourrait  l’effacer  sans  supprimer  un  des 
traits  dont  le  témoignage  a pour  la  critique  le  plus  de  valeur. 
Mais  il  ne  faut  pas  non  plus  l’exagérer;  et  entre  deux  leçons  dont 
l’une  est  grammaticale  et  l’autre  ne  l’est  pas,  il  n’y  a aucun  avan- 
tage à choisir  la  seconde,  quand  la  première  ne  coutredit  ni  le 
sens  ni  le  mètre.  C’est  là  le  principe  qu'a  suivi  le  plus  souvent 
l’éditeur  bengali,  et  que  ne  semble  pas  avoir  toujours  respecté 
celui  de  Bombay.  Je  ne  m'en  suis  pas  moins  servi  utilement  de 
son  texte;  et  chaque  fois  qu’il  s’est  trouvé  d’accord  avec  celui  du 
Bengale  et  avec  nos  manuscrits  les  plus  anciens,  je  l’ai  adopté 
avec  une  entière  confiance. 

J’ai  trouvé  le  même  genre  de  secours  dans  le  magnifique  manus- 
crit du  Bhâgavata  que  je  dois  à l’amitié  de  M.  Saint-Hubert  The- 
roulde.  Ce  volumineux  exemplaire,  qui  n’est  pas  l’ouvrage  le  moins 
précieux  que  M.  Theroulde  ail  rapporté  de  l’Inde,  est  écrit  en  dèva- 
nâgari  et  daté  de  l’an  de  Samvat  1 896,  c’est-à-dire  de  1 84o. Toute 
moderne  qu’elle  est,  cette  copie  est  d’une  correction  remarquable, 
qui  pourrait  même  passer  pour  irréprochable,  si  le  copiste  n’y 
avait  pas  quelquefois  oublié  des  syllabes  et  des  mots  entiers.  Cet 
excellent  manuscrit,  qui  est  accompagné  de  la  glose  de  Çrîdhara, 
m'a  été  fort  utile,  et  j’ai  vu  avec  satisfaction  qu’il  se  rapprochait 


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PRÉFACE.  - in 

ordinairement  du  manuscrit  de  1 4^o,  le  plus  ancien  de  ceux  que 
nous  possédons  à Paris.  Aussi  ne  puis-je  trop  vivement  remercier 
M.Theroulde  d’avoir  bien  voulu  s’en  dessaisir  en  ma  faveur;  je  re- 
grette toutefois  que  son  désintéressement  ne  m'ait  laissé  d’autre 
moyen  de  reconnaître  un  tel  service,  que  de  lui  adresser  ce  témoi- 
gnage public  de  ma  gratitude. 

On  voit  que  les  moyens  de  donner  un  texte  correct  ne  m’ont 
pas  manqué,  et  je  sens  tout  ce  que  la  critique  aura  de  reproches 
à me  faire  si  cette  édition  ne  l’est  pas.  Ce  n’est  cependant  pas  à 
un  éditeur  à rendre  témoignage  de  la  correction  du  texte  qu'il 
publie,  car  l’attention  la  plus  soutenue  a ses  moments  de  relâche, 
et  les  fautes  les  plus  grossières  sont  ordinairement  les  moins  vi- 
sibles pour  celui  qui  les  a faites.  J’en  ai  découvert  quelques-unes 
pendant  le  cours  de  l’impression,  et  je  me  sens  obligé  à les  rele- 
ver dans  une  note1.  J’ai  eu  d’ailleurs,  pour  ce  second  volume,  un 
avantage  dont  j’avais  été  privé  pour  le  premier.  J'ai  été  à même 
de  profiter,  depuis  la  page  200  environ,  des  conseils  d’un  jeune 
indianiste  allemand,  M.  Théodore  Goldstuecker,  avec  lequel  mon 


1 Voici  les  fautes  que  j’ai  reconnues  de- 
puis l’impression  : il  en  csl  quelques-unes 
qui  ne  se  trouvent  pas  dans  tous  les  exem- 
plaires. Dans  le  texte:  1.  IV,  ch.  i,  st.  3a  b, 
au  lieu  de  lise/  ifonfi0.  Ch.  v,  st.  i 2 b, 

au  lieu  de  mit,  lise/,  wr.  Ch.  ix , titre  final , 
au  lieu  de  *xrf?7Tt,  lisez  Trfjrf.  Ch.  xix,  st. 
34  a,  au  lieu  de  lisez 

Ch.  xxv,  st.  32  6,  au  lieu  de^rpvftTq,  lisez 
çnrm  L.  V,  ch.  xiv,  st.  10,  au  lieu  de 
0f7ula*qîfV,  lisez  "çrnter  Ch.  xviii, 

st.  2 4 ,au  lieu  de  trçfirFT,  Usez Ch.  xx, 
st.  24,  au  lieu  de  , lisez  yimjfa. 

L.  VI,  ch.  11,  st.  2 a,  au  lieu  de  gmt,  lisez 
mtt.  Ch.  ix,  st.  34,  au  lieu  de  utcR,  lisez 
Mznq^Dansla  traduction:  1.  IV, ch.  1,  st.  62, 
11. 


au  lieu  de  • Varhichads , * lisez  «Varhi^- 
« chads.  • Ch.  xm , st.  \ 1 , nu  lieu  de 

• Brahmi , * lisez  ■ Bhrami.  • Ch.  XVI , st.  1 4 . 
lisez  : • L'autorité  de  Prithu  s'étend  sans 

• obstacle  jusqu'à  la  montagne  Mànasa{Mà- 
- nasôttara),  sur  tous  les  lieux  que  le  divin 
> soleil  éclairede ses  rayons.  «Ch.xxiv.st.  10, 
lisez:  < C’est  lui  qui  faisant  succéder  lessacri- 
« ficesaux  sacrifices,  couvrit  de  tigesdeKuça 

• dont  les  extrémités  regardaient  l'orient,  la 

• surface  de  la  terre,  dont  il  faisait  ainsi  un 
« terrain  consacré.  *L.V,ch.xx,  st5.au lieu 
de  ■ Nous  implorons,  » lisez  • Implorons.  * 
Ch.  XXin,  st.8,  au  lieu  de*  Nous  adressons, . 
lisez  • Adressons.  • L.  VI,  ch.  xïii,  st.  i5, 
au  lieu  de  • des  lotus,  • lisez  « d'un  lotus.  • 

b 


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1Y 


PREFACE. 


illustre  et  excellent  ami,  le  professeur  Lassen,  de  Bonn,  m’avait 
mis  en  relation.  M.  Goldstuecker  a relu  les  épreuves  après  moi; 
il  m'a  signalé  tpielques  fautes  dans  le  texte,  proposé  quelques 
changements  pour  la  traduction , et  il  s’est  acquitté  de  cette  tâche 
ingrate  avec  une  complaisance  et  une  exactitude  dont  je  suis 
heureux  de  le  remercier  publiquement. 

Je  me  suis  efforcé,  comme  pour  le  volume  précédent,  de  tra- 
duire aussi  exactement  que  cela  m'a  été  possible,  sans  tomber 
dans  l’obscurité,  et  j’ai  toujours  eu  devant  les  yeux  ce  précepte 
de  Fénélon  : « Quand  un  auteur  parle  au  public,  il  n’y  a aucune 
« peine  qu’il  ne  doive  prendre  pour  en  épargner  à sou  lecteur.  • 
H n’y  a,  il  est  vrai,  ici  qu’un  auteur,  c’est  le  poète  indien,  et  il 
parait  bien  à son  ouvrage  qu’il  n’a  pas  connu  le  précepte  de  Fé- 
nélon; mais  son  interprète  n’en  a senti  que  plus  vivement  le  be- 
soin d’exprimer  neitement  la  pensée  de  l’original,  et  d’en  rendre 
en  quelque  sorte  l’obscurité  visible,  quand  les  ténèbres  dans  les- 
quelles elle  s’enveloppe  n’ont  pu  être  entièrement  dissipées. 

J’ai  continué  à accorder  une  assez  grande  conhance  au  com- 
mentaire de  Çrîdhara  Svâmin,  qui  est  en  général  ample  et 
exact.  Je  l’ai  suivi  principalement  toutes  les  fois  qu’il  a été  ques- 
tion d’un  point  de  fait  ou  de  doctrine;  dans  les  passages  pure- 
ment poétiques,  je  me  suis  permis  plus  de  liberté.  Ce  n’est  pas 
que  je  pense  que  nous  devions  abjurer  le  sens  commun  el  la 
connaissance  que  nous  avons  acquise  de  la  langue  sanscrite,  pour 
nous  soumettre  en  aveugles  aux  explications  souvent  mesquines 
et  erronées  des  commentateurs  indigènes;  mais  je  suis  d’avis  que 
leurs  opinions  mériteront  toujours  une  attention  particulière.  En 
premier  lieu,  elles  font  partie  de  la  tradition  littéraire  de  l’Inde, 
qu’il  ne  nous  appartient  pas  de  mutiler,  sous  peine  de  fermer 
volontairement  les  yeux  au  développement  d’idées  qu’ont  pro- 


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PRÉFACE.  v 

duit  les  anciens  monuments.  Ensuite,  en  face  de  ces  monuments, 
nous  ne  sommes  quedes  commentateurs,  et  il  y aurait  peut-être 
quelque  orgueil  à nous  croire  mieux  préparés  à ce  rôle  que  les 
Indiens  eux-mêmes.  Enfin,  la  condescendance  qu’on  peut  avoir 
pour  leurs  opinions  n’exercera  jamais  sur  le  progrès  européen  des 
études  indiennes  une  très-fâcheuse  iniluence;  car  de  deux  choses 
l’une  : ou  les  explications  brahmaniques  sont  vraies,  et  alors  elles 
se  justifieront  plus  tard  d’elles-mêmes;  ou  elles  sont  fausses,  et 
alors  la  critique  ne  tardera  pas  à posséder  les  moyens  d’en  faire 
justice.  Qui  aurait  le  courage  de  reprocher  au  digne  et  à jamais 
regrettable  Frédéric  Aosen  d’avoir  suivi,  un  peu  servilement  peut- 
être,  les  sentiments  des  commentateurs  indiens?  et  qui,  d'un 
autre  côté,  pourrait  être  blâmé  d’opposer  à ces  sentiments  quel- 
ques-unes de  ces  interprétations  simples  et  fécondes,  qui  sortent 
si  naturellement  des  textes  expliqués  par  les  seuls  secours  de 
la  philologie?  Si  aujourd’hui  qu’on  ne  possède  encore  qu’une 
faible  portion  des  Vèdas,  aucune  des  suppositions  de  la  critique 
ne  doit  être  taxée  d’audace,  que  sera-ce  quand  on  connaîtra  la 
totalité  de  ces  livres,  et  qu’on  pourra  les  placer  au  grand  jour 
de  la  raison  européenne , sous  un  horizon  plus  vaste  que  celui 
où  se  tient  le  génie  brahmanique?  En  un  mot,  rien  ne  me  paraît 
plus  légitime,  et  j’ajouterai  plus  nécessaire,  que  le  travail  de  la 
critique;  mais  je  pense  aussi  qu’avant  de  réfuter  les  explications 
indiennes,  et  pour  le  faire  avec  avantage,  la  critique  a besoin  de 
les  connaître  et  de  les  exposer. 

Les  passages  touchant  lesquels  je  pourrais  me  repentir  d’avoir 
trop  facilement  cédé  à l’autorité  du  commentateur,  ne  sont,  je  l’es- 
père du  moins,  ni  importants,  ni  nombreru.il  en  est  un  au  sujet 
duquel  je  regretterais  de  m’en  être  affranchi,  pour  me  laisser 
guider  par  des  considérations  étrangères,  si  la  bienveillance  de 


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VI 


PREFACE. 


M.  Lebrun,  directeur  de  l'Imprimerie  royale,  ne  m'eût  donné  le 
moyen  de  corriger  une  erreur  que  le  tirage  des  premières  feuilles 
avait  rendue  irréparable.  11  s'agit  de  la  généalogie  de  l’ancien  sage 
Uçanas,  dont  le  nom,  comme  on  sait,  a été  transporté  à la  planète 
Vénus.  Notre  Purâna  le  fait  descendre  du  patriarche  Bhrïgu,  par 
Vidhâtrï,  deuxième  fils  de  Bhrïgu  et  père  de  Prâna,  qui  eut  pour 
fils  le  solitaire  Vèdaçiras.  Jusque-là  celte  descendance,  qui  d'ail- 
leurs n’est  pas  la  même  dans  tous  les  Purânàs1,  ne  fait  pas  diffi- 
culté; le  texte  est  si  clair  que  Çrîdhara  ne  le  commente  même 
pas.  Arrivé  à Vèdaçiras  (liv.  IV,  ch.  1,  st.  45),  le  texte  continue 
ainsi  : *JR:  I HWI-IiMU  ^rU , ce 

qui  interprété  littéralement,  signifie  : «De  Prâna  [est  né]  Vèda- 
« çiras  le  solitaire,  et  kavi  le  Bhargavide,  dont  le  bienheureux 
« Uçanas  fut  le  fils.  »Tel  fut  en  effet  le  sens  qui  s’offrit  le  premier 
à moi  lorsque  je  traduisis  ce  passage,  et  c’est  exactement  celui 
qu’adopte  Çrîdhara  dans  son  commentaire2.  Mais,  et  le  diction- 
naire de  Râdhàkant  Dêb,  et  celui  de  Wilson,  et  la  traduction 
du  Vichnu  Purâna,  publiée  par  ce  savant,  citant  tous  ces  noms 
propres,  je  devais  consulter  ces  livres,  et  voici  les  renseigne- 
ments que  j’y  trouvai  et  dont  je  crus  longtemps  qu’on  devait  se 
servir  pour  l’interprétation  du  texte  en  question. 

Premièrement,  Râdhàkant  Dêb  et  Wilson2  donnent  le  nom  de 
Kavi,  non  comme  celui  d’un  sage  distinct  d’Uçanas,  mais  comme 
celui  d’Uçanas  lui-même,  qui,  on  le  sait,  est  appelé  encore  Çu- 
kra.  Une  fois  Kavi  devenu  synonyme  <ï Uçanas,  ce  mot  n’était 


1 Wilson,  The  Vu hnu  Purâna, pag.  82, 
noie  1. 

* Voici  sa  glose  : wfërw  iTTïte:  ijrft:  gsj:  1 
hfü  wàt:  gw:  3Bm:  « Et  Kavi  le  Bhargavide, 

• c’cst-à-dire  le  descendant  de  bhrïgu,  du- 

• tjuel  Kavi  Uçanas  fut  le  fils.  » Cette  glose 


importante  ne  sc  trouve  pas  dans  l'édition 
du  Bengale;  je  remprunte  à l'édition  litho- 
graphiée de  Bombay. 

3 Çabdakalpadruma,  toin.  1,  pag.  5i 4 , 
col.  2;  et  5arwcrif  Diction,  p.  204,  col.  1 , 
2*  édition. 


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PRÉFACE. 


vu 


plus  susceptible  d'un  autre  sens  que  de  celui  de  ■ sage,  chantre 
« inspiré,  » qu’il  a dans  tous  les  monuments  de  la  littérature  sans- 
crite, et  je  devais  en  faire  une  épithète  du  nom  d’Uçanas.  Se- 
condement, M.  Wilson  développant  dans  une  note  spéciale  la  gé- 
néalogie des  descendants  de  Bhrïgu,  s’exprime  ainsi:*  Vêdaçiras 
«épousa  Pîvari,  et  en  eut  beaucoup  d'enfants,  qui  formèrent  la 
« famille  ou  tribu  brâhmanique  des  Bhârgavas,  fils  de  Bhrïgu.  Le 
* plus  célèbre  d’entre  eux  fut  Uçanas,  le  précepteur  des  Dâityas, 
«qui,  suivant  le  Bhâgavata,  était  fils  de  Vêdaçiras,  mais  que  le 
« Vâyu  Purâna  dit  fils  de  Bhrïgu  et  de  Pâulômi,  et  qu’il  fait  naître 
» dans  un  autre  âge1.  » Les  mots,  suivant  le  Bhâgavata,  étaient  dé- 
cisifs; il  me  parut  évident  que  M.  Wilson  avait  eu  sous  les  yeux 
le  passage  qui  nous  occupe,  qu’il  y avait  vu  qu’Uçanas  était  fils 
de  Vêdaçiras,  et  qu’ainsi  il  ne  fallait  pas  chercher  dans  Kavi  un 
personnage  distinct  d'Uçanas.  Je  franchis  donc  ce  degré,  et  je  fis 
rapporter  le  vers  cité  plus  haut  à Vêdaçiras,  de  cette  manière  : 
«Duquel  le  chantre  inspiré,  descendant  de  Bhrïgu,  le  bienheu- 
« reux  Uçanas  fut  le  fils.  » 

Dans  tout  ceci  je  cédais  évidemment  à l’influence  qu’exerçait 
sur  mon  esprit  une  grande  autorité  européenne,  celle  d’un  homme 
qui  a sur  nous  tous  l’incontestable  avantage  d’avoir  puisé  la  con- 
naissance qu’il  possède  de  l’Inde  ancienne  à la  source  encore  vive 
de  la  tradition  brâhmanique.  On  va  voir  maintenant  avec  quelle 
facilité  le  texte  se  prête  à une  interprétation  différente;  et  l’on 
jugera  s’il  ne  vaut  pas  beaucoup  mieux  le  suivre  ici  servilement, 
et  se  soumettre  à l’autorité,  si  souvent  contestable  d'ailleurs,  de 
Çrîdhara,  le  Vichnouvitc  aveugle  et  passionné. 

Et  d’abord,  l’interprétation  littérale  du  vers  est  toute  en  faveur 
du  premier  sens.  Le  texte,  il  est  vrai,  ne  s’explique  pas  sur  le 

1 Wilson,  The  Vishnn  Paràna,  loc.  cit. 


VIII 


PREFACE. 


rapport  de  Kavi  à Vêdaçiras,  mais  il  place  le  premier  de  ees  per- 
sonnages auprès  de  l'autre,  comme  s’ils  étaient  frères,  de  cette 
façon:  « De  Prâna  [est  né]  le  solitaire  Vêdaçiras,  et  Kavi,  descen- 
« dant  de  Bhrïgu,  duquel  fut  fils  le  bienheureux  Uçanas.  » C’est 
déjà  une  présomption  en  faveur  de  ce  sens , que  la  facilité  avec 
laquelle  on  l’obtient.  Mais  qu’est-ce  que  ce  Kavi  dont  Râdhâkant 
Dêb  et  Wilson,  d’après  l’autorité  des  lexicographes  indiens,  Ama- 
rasirîiha  et  Hêmatchandra,  font  un  autre  nom  d’Uçanas?  Y a-t-il 
deux  Kavis,  l’un  dont  parle  le  Bhâgavata  et  qui  est  le  père  d’U- 
çanas, l’autre  dont  parlent  les  lexicographes  précités  et  qui  est 
Uçanas  lui-même?  Voici,  je  crois,  le  moyen  de  sortir  de  cette 
difficulté.  Oui , il  y a un  Kavi , que  le  Bhâgavata  Purâna  nous  re- 
présente comme  le  père  d’Uçanas,  et  auquel  le  Rïgvèda  fait  allu- 
. sion  en  plus  d’un  endroit,  quand  il  joint  au  nom  d'Uçanas  le  titre 

patronymique  de  Kâvya , de  la  manière  suivante  : 3SFTT  , 
ce  que  Rosen  a bien  traduit  : Usanas  Kavis  Jilius,  guidé  ici  par  le 
commentaire  de  Sâyana,  qui  explique  Kâvya  par  qïï : «le 
« fils  de  Kavi1.  » Ce  nom  de  Kâvya  est  même  vulgaire  chez  les  lexi- 
cographes indiens.  Amara,  et  après  lui  Hêmatchandra  le  donnent 
parmi  les  noms  d’Uçanas  ; c’est  le  seul  que  cite  Puruchôttama 
Dèva  dans  son  court  vocabulaire  *.  Notre  Bhâgavata  le  connaît 
également,  car  la  fille  d’Uçanas  est  nommée  en  un  endroit  « fille 
« de  Kâvya3;  » et  dans  uu  autre,  Kâvya  est  employé  comme  syno- 
nyme d'Uçanas1'.  L’existence  d’un  Kavi,  père  d’Uçanas,  cité  par  le 
• Rïgvèda  et  par  son  coinrtieutateur  Sâyana , n’est  donc  point  con- 

testable; c’est  le  Kavi  de  notre  Purâna,  c’est  le  père  d’Uçanas3. 

1 Higvéda,  1. 1,  c.  vi,  hymn.  83,  p.  1 64 ; * Ildrdvalî,  st.  36,  pag.  8,  cd.  Cale, 

c.  viii  , byinn.  121,  pag.  262.  Yeddrtha  pra-  * Bhâgavata  Purâna , l.V.ch.  1, 8t.  35. 

hàça,  ton».  I,  pag.  266  a et  365  a de  mon  4 Ibid.  1.  VI,  eh.  vu,  sL  23. 
manuscrit.  5 II  ne  faut  pas  confondre  ce  personnage 


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PRÉFACE. 


ix 


Mais  qu’est-ce  que  le  Kavi  qui  est  identifié  avec  liçanas?  Rien 
autre  chose  qu'un  titre  qui  est  devenu  un  nom  propre,  comme 
cela  est  si  souvent  arrivé.  Kavi  signifie  le  sage,  et  ici  en  particu- 
lier il  désigne  le  précepteur  des  Dàityas.  Cette  explication  résulte 
même  du  rapprochement  de  ces  deux  noms  dTJçanas,  Kàvya  et 
Kavi.  Si  Kâvya  signifie  « le  fils  de  Kavi,  » c’est-à-dire  liqanas,  Kavi 
ne  peut  devenir  le  nom  dTJçanas  qu’à  condition  de  le  désigner 
par  quelque  caractère,  à savoir  par  celui  qu’exprime  ce  nom  de 
Kavi,  « le  sage  ou  le  chantre  inspiré.  ■ Tout  cela  me  parait  résulter 
clairement  de  la  seule  lecture  du  passage  classique  d’Amara  où 
est  exposée  la  synonymie  des  noms  d’Uçanas  : EpfiT  iTrqJTf  : -+,|cfj 
ülMl  MllfW:  , c’est-à-dire  : « Çukra  le  précepteur  des  Dài- 

« tyas,  le  fils  de  Kavi,  Ucanas  le  Bhargavide,  le  sage.  » Nous  pou- 
vons donc  nous  en  tenir  à l'opinion  de  Çridhara,  et  le  passage 
qui  a donné  lieu  à cette  discussion  doit  se  traduire  de  manière 
à placer  entre  Prâna  et  llçanas,  Kavi  père  de  ce  dernier;  c’est 
le  plus  sûr  parti  à prendre,  tant  que  nous  ne  posséderons  |>as 
d’autres  détails  plus  précis  sur  la  généalogie  d’Uçanas. 

11  ne  me  reste  plus,  pour  terminer  celte  courte  Préface,  qu’à 
donner  l’analyse  succincte  des  trois  livres  que  renferme  le  pré- 
sent volume,  analyse  qui  a pour  objet  de  faciliter  au  lecteur 
l’intelligence  du  plan  de  l’ouvrage. 

Au  commencement  du  IV*  livre,  Mâitréya  reprend  l’histoire 
de  la  descendance  du  Manu  Svâyambhuva , qu'il  avait  sus- 
pendue vers  la  fin  du  IIP  livre , et  il  y joint  celle  des  autres 
fils  de  Brahmâ.  Cette  généalogie , qui  occupe  le  i"  chapitre , 
conduit  le  poète  à introduire  épisodiquement  le  récit  de  la  que- 

avec  le  dixième  des  fils  de  Priva vrata  (Bhâ-  noms  dans  le  Véda,  ni  enfin  avec  les  Kabis 

gavata  Pardna , liv.  V,  chap.  i,  st.  2Ô),  ni  cités  dans  les  Généalogies  of  tke  H indus  de 

avec  le  Feu  dont  Kuvi  est  aussi  ua  des  Fr.  Hamilton,  pag.  77,  col.  2. 


s 


PRÉFACE 


relie  de  Dakcha  avec  Çiva  son  beau-fils,  la  mort  de  Sati  fille  de 
Dakcha,  la  destruction  du  sacrifice  que  célébrait  le  patriarche, 
sa  mort,  sa  résurrection,  et  enfin  le  rétablissement  de  la  céré- 
inouie.  Cette  légende  ancienne,  qui  n'est  peut-être  que  l'histoire 
d’une  révolution  religieuse  qui  aurait  substitué,  dans  le  sacrifice, 
les  animaux  aux  victimes  humaines,  occupe  six  chapitres,  remar- 
quables par  diverses  beautés  poétiques.  Au  chapitre  vm  le  nar- 
rateur reprend  la  généalogie  des  enfants  de  Svayamhhù,  et  il  se 
trouve  ainsi  naturellement  conduit  à exposer  l'histoire  de  Dhruva, 
l'un  des  fils  d’iïttânapâda,  second  fils  lui-même  du  Manu.  Dhruva 
obtient,  comme  récompense  de  sa  dévotion  à Vichnu,  de  monter 
au  ciel  où  il  prend  la  place  de  l’étoile  polaire.  Cette  légende  oc- 
cupe cinq  chapitres,  du  vm*  au  xn®. 

La  célébrité  de  Dhruva,  dont  la  gloire  fut  chantée  par  Nârada, 
pendant  un  sacrifice  que  célébraient  les  Pratchêtas,  fournit  au 
narrateur  une  transition  pour  passer  du  xne  au  xm*  chapitre,  en 
ce  qu’il  se  fait  demander  par  Vidura  ce  que  sont  ces  Pratchêtas. 
Avant  de  répondre  sur  ce  point,  Mâitrêya  énumère  rapidement 
les  successeurs  de  Dhruva  jusqu’à  Vèna  et  à Prïthu,  qui  passe 
pour  avoir  été  le  premier  roi,  et  pour  avoir  su  forcer  la  terre  à 
donner  ses  biens  aux  hommes;  ce  que  la  légende,  qui  s’étend  du 
chapitre  xni  au  chapitre  xxm,  représente  par  le  symbole  de  la 
terre  prenant  la  figure  d’une  vache  que  viennent  traire  le  roi,  et 
après  lui  tous  les  êtres  qui  ont  besoin  de  son  lait.  Le  chapitre  xxiv 
donne  la  Suite  des  descendants  de  Prtthu.  La  terre  se  trouve  par- 
tagée entre  ses  petits-fils,  et  c’est  dans  la  famille  de  l’un  d’eux 
que  naissent  les  dix  Pratchêtas,  qui  se  retirent  sur  le  rivage  de 
la  mer  occidentale , pour  s’y  livrer  à la  dévotion , à l’effet  d’avoir 
des  enfants.  Ils  y rencontrent  Rudra,  qui  leur  chaule  un  hymne 
en  l’honneur  de  Bhagavat.  Pendant  que  les  Pratchêtas  sont  absor- 


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PRÉFACE. 


xr 


bés  dans  leurs  pratiques  religieuses,  le  divin  Nârada  se  rend  chez 
leur  père  Prâtchinavarhis,  pour  le  détacher  de  la  vie  active,  qu’il 
continue  à mener.  Il  lui  raconte,  en  conséquence,  du  chapitre  xxv 
au  chapitre  xxrx,  la  vie  d’un  roi  nommé  Puramdjana,  laquelle 
n'est  autre  chose  qu’une  histoire  allégorique  de  l’àme  dans  le  corps 
de  l’homme.  Ce  morceau,  dont  l’ensemble  est  une  composition 
fort  originale,  renferme,  parmi  quelques  traits  obscurs  et  singu- 
liers, des  beautés  remarquables;  c’est  sans  contredit  la  portion 
la  plus  distinguée  du  livre  IV*.  Au  chapitre  xx  reparaissent  les 
Pratchêtas,  qui  obtiennent  une  femme  de  Bhagavat.  Les  dix 
sages  reconnaissants  célèbrent  ce  dieu  en  Vichnouvites  zélés;  et 
Nârada  vient,  au  chapitre  xxi,  leur  donner  une  instruction  phi- 
losophique à la  connaissance  de  laquelle  ils  doivent  la  béatitude 
suprême,  et  qui  termine  le  livre  IVe. 

Au  commencement  du  Ve  livre,  le  narrateur  reprend  l’his- 
toire de  Priyavrata  et  de  ses  fils;  c’est  à Priyavrata  qu’on 
attribue  la  division  de  la  terre  en  sept  Dvîpas  ou  continents, 
sortes  de  cercles  concentriques  séparés  les  uns  des  autres  par 
autant  de  mers  de  nature  diverse.  Le  chapitre  n représente 
Agnîdhra  son  fils  adorant  Vichnu  pour  obtenir  de  lui  une 
femme  et  des  enfants  : la  rencontre  du  roi  et  d’une  nymphe  cé- 
leste fait  l’objet  de  ce  chapitre,  qui  est  un  des  morceaux  les  plus 
gracieux  du  livre.  Le  chapitre  m donne  l’histoire  de  Nâbhi,  fils 
du  précédent  roi;  Bhagavat  lui  apparaît,  et,  au  chapitre  iv,  s’in- 
carne dans  le  sein  de  sa  femme,  sous  le  nom  de  Rîchabha.  Ce 
dernier  devient  un  ascète  célèbre  qui  accrédite  par  son  exemple 
les  pratiques  les  plus  bizarres  du  Yôga.  Bharata,  fils  aîné  d’ Agnî- 
dhra, lui  succède,  puis  se  retire  du  monde  pour  se  livrer  au 
culte  de  Bhagavat.  Mais  il  ne  sait  pas  assez  résister  à l’attache- 
ment qu’il  éprouve  pour  un  jeune  faon  qu’il  a sauvé  des  eaux,  et 
U.  c 


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XII 


PRÉFACE. 


il  esl  condamné,  pour  cette  faute,  à renaître  sous  la  forme  d’une  _ 
gazelle.  Cette  légende,  qui  occupe  les  chapitres  vu  et  vin,  est  se- 
mée de  charmants  détails.  Bharata,  cependant,  revient  au  monde 
dans  la  famille  d’un  Brâhmane;  mais  pour  ne  pas  retomber  dans 
la  faute  d’un  trop  grand  attachement  pour  les  choses  extérieures, 
il  renonce  à tout  et  se  met  à errer  sur  la  terre  en  idiot  et  en  in- 
sensé. II  n’échappe  que  par  miracle  à une  bande  de  Çùdras,  qui 
cherchant  une  victime  humaine,  voulaient  l’immoler  à Bhadra- 
kàlî;  et  il  est  enrôlé  comme  porteur  de  palanquin,  par  les  ser- 
viteurs de  Rahùgaiia,  roi  des  Sâuvîras,  sur  les  bords  de  l’Indus. 

Son  inexpérience  lui  attire  les  reproches  du  roi,  qui  finit  par  re- 
connaître, à la  profondeur  de  ses  réponses,  que  sous  les  dehors 
de  la  stupidité,  le  porteur  cache  une  haute  sagesse,  et  qui  lui 
demande  pardon  de  l'avoir  outragé.  Ce  récit,  qui  est  emprunté 
au  Vichnu  Purâna,  s’étend  du  chapitre  ix  au  chapitre  xn.  Il  est 
terminé  par  une  allégorie  de  la  vie  humaine,  qui  ne  ressemble 
pas  à celle  de  Puramdjana  et  qui  lui  est  inférieure;  ce  morceau, 
qui  forme  deux  chapitres,  le  xmc  et  le  xiv®,  est  rédigé  avec 
quelque  négligence,  et  déparé  par  des  répétitions  et  par  des 
obscurités. 

Le  chapitre  xv  énumère  les  descendants  de  Bharata;  et  au 
chapitre  xvi,  le  roi  Parîkchit  demande  à Çuka  de  lui  donner  de 
plus  amples  détails  sur  les  divisions  de  la  terre,  qui  lui  a été  dé- 
crite sommairement  comme  formée  de  sept  continents  entourés 
d’eau.  Çuka  expose  alors  la  cosmologie  poétique  des  Purânistes, 
en  y comprenant  la  marche  du  soleil,  la  description  de  la  sphère 
céleste  représentée  sous  la  figure  d’une  immense  tortue,  celle 
des  régions  de  l’Abîme  et  des  Enfers,  où  sont  punis  les  crimes 
des  hommes.  Ces  divers  sujets  occupent  dix  chapitres,  du  xvie 
au  xxvi",  lequel  termine  le  V°  livre.  Cette  partie  du  Purâna 


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PREFACE. 


xm 


se  distingue  des  autres  livres  par  son  style;  elle  est  écrite  en 
prose  poétique,  circonstance  qui  ne  sert  pas  autant  qu'on  le 
pourrait  croire  à la  clarté  de  l’exposition. 

Le  VI*  livre  s’ouvre  par  une  question  que  Parîkchit  adresse 
à Çuka,  touchant  les  moyens  qu’a  l’homme  d’échapper  aux  pu- 
nitions de  l’Enfer.  Çuka  lui  répond  en  lui  racontant  la  légende 
d’Adjâmila,  Brahmane  débauché,  qui  fut  sauvé  de  l’Enfer,  pour 
avoir  prononcé  par  hasard  et  sans  aucune  intention  religieuse  le 
nom  de  Nârâyana.  Ce  récit,  qui  est  empreint  de  l’immoralité 
propre  à toutes  les  croyances  où  les  pratiques  d'une  dévotion  fa- 
cile s’élèvent  au-dessus  des  jugements  infaillibles  de  la  con- 
science humaine,  s’étend  du  icr  au  in*  chapitre.  Au  iv",  le 
narrateur  reprend  le  fil  du  récit  principal,  qui  est  l’histoire 
des  anciennes  familles,  récit  qui  s’est  arrêté  à Dakcha,  le  fils 
des  Pratchêtas.  II  résume  rapidement  ce  qu’il  a déjà  dit  de  ces 
sages,  et  montre  Dakcha  adorant  Bhagavat  et  recevant  de  ses 
mains  une  femme  nommée  Açikqî.  Dakcha  en  a un  grand  nombre 
de  fils  nommés  les  Haryaçvas,  qui  se  retirent  du  côté  de  l’occi- 
dent, où  cédant  aux  conseils  de  Nârada,  ils  quittent  le  monde. 
Dakcha  les  remplace  par  des  milliers  d’autres  fils  nommés  les 
Çavalàcvas,  qui  suivent  l’exemple  de  leurs  frères.  Désolé  de  la 
perte  de  ses  enfants,  le  patriarche  maudit  Nârâda  qui  en  est  la 
cause.  Ce  récit,  qui  fait  l’objet  du  chapitre  v,  renferme  de  vieilles 
traditions,  un  peu  altérées  par  l’introduction  d’idées  propres  aux 
sectateurs  de  Vichnu.  Dakcha  continue  cependant  l’œuvre  de  la 
création,  et  il  marie  ses  filles  aux  patriarches  et  aux  Dieux.  Ces 
alliances  et  les  généalogies  en  partie  allégoriques  auxquelles  elles 
donnent  lieu , occupent  le  chapitre  vi  tout  entier.  Le  narrateur 
y rencontre  le  nom  de  Yiçvarûpa  fils  de  Tvachtrï,  et  il  en  prend 
occasion  de  raconter  une  partie  de  la  lutte  d’Indra,  le  Dieu  du 


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XIV 


PRÉFACE. 


ciel,  contre  les  Asuras,  lutte  dans  laquelle  les  Dieux,  privés  de 
l’appui  de  leur  précepteur  spirituel  qui  les  avait  abandonnés,  ne 
purent  vaincre  qu’avec  le  secours  de  Viçvarûpa,  qui  transmit  à 
Indra  la  formule  magique  nommée  la  Cuirasse  de  Nârâyana.  Mais 
Viçvarûpa,  qui  descendait  par  sa  mère  des  Dâityas,  ayant  voulu 
donner  aux  Asuras  leur  part  du  sacrifice  des  Dieux,  Indra  lui 
trancha  sa  triple  tête.  Tvachtrï,  père  de  Viçvarûpa,  lui  suscita 
un  adversaire  qui  fut  Vrïtra,  le  célèbre  ennemi  d’Indra,  que  l'on 
connaît  déjà  par  le  Rïgvèda  et  le  Mahâbhârata.  Vrïtra  résiste 
longtemps  au  Dieu  du  ciel;  mais  enfin  il  succombe,  après 
avoir  fait  plus  d’une  profession  de  foi  à Vichnu,  additions  qui 
enlèvent  à cette  légende  ancienne  une  partie  de  la  grandeur 
épique  quelle  a dans  les  Vôdas.  Tout  ce  récit  s’étend  du  vi* 
au  XIIIe  chapitre.  Mais  le  poêle  éprouve  le  besoin  d’expliquer 
comment  il  se  peut  faire  que  Vrïtra  ait  été  un  aussi  zélé  Vich- 
nouvite;  et  pour  y arriver,  il  introduit,  du  chapitre  xiv  au  cha- 
pitre xvii,  l’histoire  d’un  ancien  roi  nommé  Tchitrakêlu,  qui 
eut  un  fds  unique  que  la  mort  lui  enleva  au  berceau,  et  qui 
consolé  de  cette  perte  par  les  sages  Aggiras  et  Nàrada,  devint 
un  des  êtres  célestes  connus  sous  le  nom  de  Vidyàdharas.  Dans 
cette  situation  nouvelle,  il  s’oublie  jusqu’à  insulter  Çiva  et  sa 
femme,  et  il  est,  pour  cette  faute,  condamné  à renaître  parmi 
les  Dânavas,  c’est-à-dire  qu’il  devient  Vrïtra.  Cette  explication, 
bien  suffisante  pour  un  Indien,  parce  qu'elle  repose  sur  la 
croyance  antique  et  populaire  à la  transmigration  des  âmes, 
achève  doter  à la  légende  de  Vrïtra  son  véritable  caractère. 
Vrïtra  devenu  un  personnage  presque  humain,  n’est  plus  cette 
imposante  Image  de  l’obscurité  contre  laquelle  lutte  le  Dieu  du 
ciel,  et  qu’il  chasse  devant  lui  sous  les  coups  de  son  tonnerre. 

Le  chapitre  xvm  reprend  l’histoire  des  familles  issues  de  Dak- 


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PRÉFACE.  A xv 

cha,  et  ensuite  celle  des  fils  de  Kaçyapa  et  de  sa  femme  Diti. 
Cette  Déesse,  la  mère  des  Dâityas,  est  aussi  celle  des  Maruts  ou 
des  vents,  représentés  sous  la  forme  de  quarante-neuf  génies.  La 
légende  des  Maruts  se  rattache  aux  récits  précédents,  en  ce  que 
c’est  après  avoir  vu  ses  fils  les  Dâityas  tués  par  Vichnu  et  Indra, 
que  Diti  obtient  de  Kaçyapa  un  fils  destiné  à venger  ses  frères. 
Cependant  Indra,  qui  veille  pour  arrêter  le  cours  des  dévotions 
qui  doivent  donner  un  fils  à Diti,  finit  par  la  trouver  en  faute.  11 
frappe  son  fruit  de  sa  foudre;  mais  le  fruit,  divisé  en  quarante- 
neuf  parties,  reste  immortel,  et  reçoit  du  Dieu  la  faveur  de  revê- 
tir une  forme  semblable  à la  sienne.  Cette  légende  ancienne,  et 
qui  représente  sous  une  forme  symbolique  l’alliance  des  vents 
avec  le  Dieu  du  ciel , et  leur  division  d’après  les  points  du 
compas,  est  suivie  du  détail  des  pratiques  que  doit  accomplir  la 
femme  qui  désire  avoir  un  fils.  Ce  détail  occupe  le  chapitre  xix 
et  termine  le  VIe  livre. 


Paris,  3 o décembre  1 8 63. 


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LE 


BHAGAYATA 

PURANA 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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LE  BHÂGAVATA  PÜKÀNA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

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113?  II 


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LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 


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7 


LIVRE  QUATRIÈME. 

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m 7*fr  g futt  i 

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LE  B H ÂG  AV  ATA  PliRÀNA. 

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LIVRE  QUATRIÈME. 

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HÎ^'NIH  : FîWT  II  \o  II 

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j^tsrr  *j|iisir^iwi:  wm  «PUrif^n:  i 
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^Ar^n^sitU  ôgJTWr  ^vFFf  73TJ  ||  \&  || 

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ÇFT  JFPPJrTPTT  H^ilrWRt  II  \H  II 
FTFRT  ^T-HI<HIHJIM  -TrfSÎ1*U*l  JW  I 
^rlT  g?T  *m  ÏÏPJT  ^TfîH  r-PHÎW'HI  II  W II 
ÊTH^Ici  H mfywJH>WU^H  l 

^rt  'fsntl  SCTPpq  SïïjCRsïFr  nia  II 

m ^TP^TRf'Pm;  I 

HTîT  R'  FPîrTT  ^ÿgpTRTTq*!:  II  n II 

(HÎyyjuH:  ur  fïrfnroj  fèRpîr  stïït  i 

FTFnfèPIW’T  T^WqaTTFT  #731  f^Tst  FrêtrW  II 

Nsim  snrrr  fuf^i^iiiy  uû4^ iiyfi  ^ly^w^w:  i 


10 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA 

VÏTTÏÏ  STÏÏT  iWhfffffiï'fr  M^Wrli  fesfï:  Il  II 

V ^iNrHuTH^.  I 


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*rar  ^wryHirHH;  t&vzn--  u ii 
wi  fen  ^ •frmTïïFFfram:  i 
fa-rt^faWM’F  >ÏÏ^T  N<wFr*$  U H Il 
^RixT:  ïPT  J3^T  fesi^nm  ^ I 
ÎJÏJ:  UrM^sl^'lU  W^'irj  ITr^T  II  *©  II 

ei'lNni^TIH ^gpg  : Il  *511 

•TOüïNl  I 

râsrg  îir^l^mt  ïï^thw  ii  **  n 
^ ^ ^nrri^  i 

fgtnrw  ÿTm:  '-IIMlUHlfarll:  Il  II 
7*7  rritai*ii  fy|ci:  M»ïil  • «•ii'iH  ' I 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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Frasn^T  rüT:  TTïfafèTFTT  2^  ITFPT:  Il  3"3  II 
% m f^RJÏT:  WÎ  | 

iïfriw  R%T31H  T^IîF  ÎÎT4T  ^T7:  Il  *8  II 
în^TT^pT  rr~r  TTJT  I 


Çct  F°T  ^ q>JRfr:  Il "5H  II 


’*Ti*iuie(ri  pf^wnri 

ÎZrffiTt  JVIÏÏf  : Il 


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12 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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fl  IM'iJr'-l  îT^Tfpf  ^T(Wf  CPilFTrïï  I 

ftrft  wwriï  ^fr  F-irjTsw^rfH^  iih.ii 

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fcimWffRT;  TOTST:  {^wRl  : ^T»HH  : Il  ^ Il 

UrlNRR  3R7P7  mnFt  fa’flP-Hl  I 

? rHIHHjlH  ëTFT  Ft  q^fgfrrRÎt  f^jpïï  s^HT  Il  «Il 
rriFFt^fÎRTt  *J*T  HrfPt:  K-l^-pî  JtÎH^JÎrl  : I 

^ ^ FTfFFT  H^HlR^tH^  H^UHlrî  yR^f^rf  II  ? II 


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13 


LIVRE  QUATRIÈME 

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flgimrç  Mlfà<riiaN3  ft  fft=n  imii 

qjpT yMlrfl|4i|MWifàHl  JWlHfifn : 'fimttlsli  «rccwi:  I 

«mnasTfe:  îDiPr^n^ nfert oth: ^H^'wuijiH:  n vu 

tJrllMi:  r-irj7î«ç<^Tlfj>T.  f?|3T*£r  ^ H^rt  I 
ÜHIÿHI  «Ulfallfa  RIT ^rFÎ  II  Xi  II 

rl»%  MH  cnîo^rt  'tirj  I 

smir‘l*ll  ^ PtlPirti  *ll^i^ini  m^fT:  Il  II 

^ Plf^  fàymPPnftrT:  ÎIRPSVtT  I 

réélirai  j.eirfii^qT^  srt  famqsii  w n v n 

3Rlfr<r|  1IÎMRH3  îfN^  îRTJrTt  ^vtfaqprt  1 
% M^HH-lir<H'(h<gïïl  cM^HWIr^H^R  R^JRT  II \h  II 
fc^lrWlfa'Tlc|^M:f5:  HrlT  gtt:  yQtHrlHrl^  I 
F*pt  ^FTM  MHHHi^l:  m^lT  ?T  wftl  f%  m*T  ^THt  II  V II 
^rlK'SJMi  WsMcHU^MI  I^I^yHlMI<-W(wiHIH^i  I 
fj  J'>MiJirti^q*Pi'-iiPi^Trtn  ^i^itM<i^Pi|*t'ifuliP{|pT:  Il  VII 

funf^f  fèïrftgü:  £*ïïïti 

K*i*li  WF  qshfôqi  j^fôtPiî^eti  Î^T5T  rtujlrt  *i4diDri:  Il  Vil 
SSffï  d^jr^ÿilrl  : ustiqri  : (wqir*isti»ii»i[ti  IJÎJ  ttMHI  I 
^«ttfà  *TR  *T  fàrj:  nQrt*ûi  H^l^lr^W»:  q(<Hwtri  RH!  IRoll 


H ÎFftHfaR  HHTHT  I 

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14  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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ITW  rTF^Ff  *WiqM  % *i*itii  fqq ln»i  II  ïï  II 

rfrf  % kw* l’r'li  *t  RirtiR»  «r^f^rr  *ft  wa  R^ôFrra1  f i 
*TT  HWWtWIri  aif^T  MIHHHIH  jêJw4,[lFI  #n~:  Il  *011 
dkMHlfrltfm  *T53T  Ht  >T^TT  ^ FTrTT  HkrarH  I 
ppuf^HHi  fgitHirj  ir^wcii  »rçr  h *wt  H} mm  -Ikaih  iisi  ii 

?%mNui*w  >T^p^Tiï  qi^H«?.Hii  Âf^rrai  ^iifaewi 

r|rf W)  <f«ITtr:  Il 


LIVRE  QUATRIÈME. 


15 


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rflM^r^ÿrfiWiHi  HrflHRT  ÏRHHI^I:  fl^lH'î  I 
HHN<’WI  H|ÏIIH«H<I<M:  y^îWHWJHI  HRSIHT:  II Ô ||J 
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fflHUWi  R5T  R ^HIKHriMlfHrli  HSffrît  HHTssIR:  I 
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HTHT  R MTrj^^H^T  RT^T  I 

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R^RTït  HHH¥T  RTR7  FT3T  R^R  »H$HH  fwt  I 
RH  KHI  HHHTHTHTRff  R^TT  FTlHillHH  HwHrft  T7TT  II  f Il 


16  LE  BHÂGAVATA  PÜKÀNA. 

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r4'Ny-4;iM  sf?  fm  fi^HR  : Il  \ÙH 

HMW  %U 1H  -4lfyr4I  -rf^FTFrT^  *FTR  Ç^BTfFT  Il II 

W,  ëU  R Nj W^4  STT:  SHB1H  I 

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4W  TT4TT  fatHIAkT^T  I f^4 H'f ^ fui M -fr>l 4 HIHM  I 

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44HW^irTïfp4Â  *T  ^wPlvj  fèTf^RWri^Tiï:  I 

^TT^TT^  U1  E^FtTFF  II  H II 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


17 


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ii  zrwr  ^r*r-rci  srar^î  hwi?  i 

FffT  SFT  TlrTIfH^rll  FFT^-T  pmim  HHI^H  II  *g  II 
fHT  fPIFny  MHÏ  îslHlfHI  ÇfRTqtfr^l^  ^ ^IIPMîW  I 
5H'4R  Wïï/T  mtTÏÏT  RR  ^ I^y  iHyiHf^f^'rl'HMri  II  t>H  H 
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FTT:  ^H^TWI^snrpr  OTÿriWlrft  3T  WTt  I 
4^1  ^rT^T*TT:  fTrft  fïïïT:  Îl5lsc|l«l  ^WiRîiiîii»ii  II  II 
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LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

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LJVRE  QUATRIEME. 


19 


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ïr^lHmi:  felïï  sfeilfarlï  grçfêftnqft  ôfÜR-fi^  rTFT  I 

q^mfFïï  ifçgnrr  rèsr;  g?ri  UHW<yiMHWi  u î u 


2& 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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'J^yijRü'tyil’vJHH  sFFT  ^TFT  ^*%TFPT:  I 
iRlrj^lriHMi:  H’TT^T  R"FT  rôt  rô^î  Il  P,  II 


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^iRjâ'Tf  : wirôyi  MrôyfiHi  rFTFTT"  I 
ft^  üiiTlïtsüiHi  frfèw  *^Fnr  u \8u 
^wrmilw  rôfêt  JilMHiaiRrç  I 
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W-FT  ÿTFFT  w>  ’W  irn-sÎM-1  I 
WTT  sl^J^cliH  MHiPjHI*i.  H \Ml 

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«ni/|yi;  ^nrr^  J w«£rô  u u 

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^TïTFT  yvi=4i*i /-ufrlrtH  ^Tî  >jrô  I 

3ssl$U  F^iFFÎt  J^UTT  ST:  yiN-HH^rl  II ,*o  II 


LIVRE  QUATRIÈME. 


WT5FT:  I 

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HTJTI^TFRT  FRÎT  SR*?  rlrî  rT*3*  ^IHHI  I 

^HUHÈIÿtHHIH^i  Frfonfc:  \\  ^ II 
III  lil  NH  FXh  : | 

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<|7rtMSlî=iytll  'ïïlT 

MaHi  'Tsjrnr:  u 


2 LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 

il  wi  iretssszrm:  il 


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TTTTTTHT'TT  HWi  ! ÇPTFT!  ^ftlr)  »T  tffFTH  I 

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H irVJMlf^M  gTTHÏÎH:  KTryPT:  HO?#:  | 

nHî  rafWlfaHM  Ç O-M  ^HTHHkUcTf  ÎÈTT  CRT:  Il  c II 
îl^lM  r^rtq' fM-aïqUl H^  H*Î  : I 
srê  ÏÏ^T  II  Ÿ II 


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LIVRE  QUATRIÈME. 
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M l$MH  4,  rHjfrffi  I 

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fRT^:  HR'rTTrtëJ  ll\8ll 

HmÿHUI4|«Aî:  I 

«TIZ'rTfïlf^f'Sf:  fpî^TPT  II  II 

HUmtlfmHMH^  HjHU]4>ïïlPrfH:  I 


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isT^HIrRiWI^:  IÙMMHÿ3h|%  I 
gqsïïfMHT^T  pfîTFtHllj+l^:  Il  \z  II 

qrfen%  sp?t  u vf  ii 

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1.E  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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Nrj'-i I «TT  N'-^'-lM':  ’-iiNM'Ml  ïTîTT  ITïïT:  Il  ^ Il 

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Î^f4l  T%5I7^rT  T«T  ‘iGlîW-h  rf  Fpf  I 
^T:  '+,kHM«,V.i  : ll^ll 

HHW '‘TW UiîH lül'4  II  **  || 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


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Il  Il 

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^P?T  qif4lrMin)^*l^<ri  ||  ^M. Il 

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^cnÊra  JttHmihihw  iivmi 

?r  ^ÎR^irrnHiNHiNH  «imfrrri  Mpt  qw^i  i 

ti«iW-H<rli  ^HMl  *Fj  nrïiriM  : yôl*j : Il  II 

TT  rJ'JfH^lilHHIHMlÎH  I 

î^TFT  T^T  qs^T  Il  Ôo  II 

tttot  Rhjiuii  TOrrçg hIhhi^h  i 

çf^cJN  II  sTFT  pIIHISI  ETÏTFT  ïïîTrft  MÏPnIsImI: 
51#:  fVT^FT  1 qf  II  ^ Il 


26 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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Ol^H  j ^7bî=(r|ytM (l'yy «1  i*^*Tr  ■Th l y^otm*J  ddfor  Il  B'0  II 
E#=R  ’Fïï  y^dM'HIWT  il'FTOI  VJ7VV1'  rfW«.¥l:  I 
ST^iFT  FT3T  ^igtf.wj'TT  fPTT  «T  HT-Fît fFÎ  **t  II  Ôc  II 
>FTTFj  ÿr:  qTFTW  WH  ^•HMI^WHpT:  dHr<4*>  1 
FIÏÏT  ^rlIrdHHd.Mdrl *r]ÎHsM<£fa  CPÎt  II  ^ Il 

I 

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' sridHl^tWI?it  W cnwnfènjft  HJT8  I 


JJïft:  SFT^jfOT  ^TT  '^T*lr|L  •> HT  U 


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Wlt  ^ M ^VJTFT  sr  I 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


Il  FTRHT  || 

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28 


LE  RH  ÂG  AV  AT  A PURÀNA. 


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f^TrT  TTFW  g ïR:  g*Tt:  I 

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r|&i«^|ii|l«-i  M|H  ïR^TTg  TTÎW  TFT!  TgFR  f^RTt  : Il  \à  II 

îl^TH-HH^TTHPl^yNI^l^T  TT  rH  II  VUI 

H^PT ‘3TR  II  rHMI'vJcl  TT HTTHH  d^VIUII  TigïïfëR:  I 


TPT  «’iiMMinul  «ÏMi^lMtsklIïlpF:  llUll 


TWR  RW$  feflrTHI  '■  I 
jftTM  Il  \o  II 


fàïïT  fàîJW  ^àt  rTTT  Cniff^!  Il  \n  II 
FT^T  frRPTm  rPTT  ÇTtrTTFTT  f^sft  ^TfT  I 

3TTHlHHMrUI  wn^ifa  II  U II 

jprmt  I^whhI  mh i h^h m h j uirimi  : i 

4,^^ri^>jr^i<irHri4cd^r^uHM^r^  <*r^i{:  u *o  n 


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livre  quatrième. 

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^ '^%^T  3TO^VRîJt  II  *>  || 


^îI#ni§TFT^^ 

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30  LE  BHÂGAVATA  PURANA. 

sTRFT  JJIÏTRT  WT  HIMIHMIilMÎÏrfiï  ll>\  Il 

^ 3ôtT^  II  d^HMf®I7T  et^M*^  HHI<t'Vlj  t 

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qæi3^:||  qsrt  j«t  fT^  ^RPT'^T  q?T  TO:  qvpTHT^  ^>4  H I 
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^4*4  Il  »4*il'<4ri  Sf  >i4q*^î=Nlliÿrl  M^irH^I  ^Jïl  f%  «ilsMtl  I 
fèpgm  m amh  n «F3àr  HWH^drfrTf  >rere  ii  >8  n 
fôcr  33111  m dr^^wigywi  «pftqiynr:  wftrçianiîi<w:  i 


ffrmr  ^ hfttt m * Pj^ihîh  ei^Hii^a : nvui 

‘IîHi*^i,4  Il  t-c^üiri  ft  utti^kl  •TR':  Phui  «binni  RN  I 

dfl*jri  -UÏSl  HI^Hy  : îTfHrT  RRT  ** 

cHI'MflHI  Il  TTt  'TT  £f»T  ~ÇWl  I 

*TT7TT  ^TTT  Ry{i‘4T  % ^RR[RRï  W:  :T3fHRTTR  Il  II 

*lül%J(l  3Tëp  II  U'4I»<R  R •‘""fît  J’trMyiwta  ÏPTf  f=lmlrH*fl^ïs|  CJRïïï  ü lr*1*H  : I 

mm  RR33T  Hyl'44NHIHH«^ciT<ll^|l!|  cTFTH  U || 

^ffr^r^Pl^^rfr  R?  fH^HH^iqirHHWI  I 

4 K4*it«04l  MM^(rlH^*iyiHlr+i»1  !TR:  ll^f  II 

d^'Nra  u rrtr  Purinam  w qm  is.  . 

{spfümr  r *jfmvî  RRÇ  sfa  r u So  u 

RïïipnR  II  MrlslH(<?'  ^iM^rïîll  ^RT  R%  FRRf  RïïRTHRî  I 
rt  rïrr  crerraR  r craft;  f^ré  Rjpf:  îmet  j#r  qst  1 1 ü\  u 
3[RT  3T^:  Il  fJJT 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


31 


3*TR  ÎÈN.4R  fà*jj!Trl  IVJ  : 

tt  ç'in^ivnrrf:  trfir  mm  mmrafêr  u ô*  n 

n *:raigmw  mHmm  ^ skm^pjt  <muni  ^g(|»u;  i 
^TTRTÏÏT  *W1  î=i^{H*i  rRR  fàiRT  «TW  *T*lW  <d(c|iH  II  8$  Il 

R*<iIIM^I  3T^:  Il  ■*” ÎT*H  fWTT  *l*l!«j>Mrl  5*iir(^rM^l: 

ram  J-UIHU'T'IHMH  ilIrMHÏÇ  i'^WI  II  8â  II 

m^rorr^:  n 3 3^ra^i^ra^rrn?T:raiT^T^ira:m;riT>immfwîri 

5T  tl^tMlrTsil  ^'-Irll  <^qrll  ram  Tl  N üIt'J  TJ1  Il  &H,  Il 


5Î  3TT  |HIMI  R^l^TT  <{^m  tjRW'l  difül**!  MUII  I 
HJMMRl  W~<gfi<W  miLlT?  qHïKrp  Il  Il 


€mJhr  ffimfër  qmrrff  Msif^i:  spt  mw  rrat  mu  »ià&  n 
qtïï3^ran  sirr  ?ra;  mr  KMwfri  i 
'♦rir'TnH  «pfravî  irram  mpnmT  11 8sn 
rnisnm  pr  mrnr  Trararr  i 

mm?  vwm  uïmhiui  îmimi  u 8?  u 
mmTmgmw  u ?râ  mm  ^ mm:  rarm  qr  i 
mram msm  wû^iftvKnir:  iihoii 
üirHHi*Ti  mnfmm  irt  ^ ^whm  f fer  i 

h su  îWi'ûNHi  u h.?  ii 

H 51^1  UM  î&rffà  MVHIr*lH  I 


32  LE  BHÀGAVATA  PURÂtfA. 

^ iih^ii 

’WT  Kiiÿ-'j  ^7iy:giUMiî^y  EJiN'-j  | 

Try^fë  f^?r  ^ u u 

sPnnnM4.*jNTî7t  tfr  ^ ftrçr  i 

ti^nir»i»si  5HFF£ yiiiriMlVJi’^ifi  1 1 HÔ  il 
gST7  FTP?  II  ^ Hildrll^  : UsUgÎH’-lîrl^^' 
üN'ji  3>rpn  J'gsirf  u hh  ii 

çt  F%*T  W ^TTP-n^T  FT^lf^rT:  I 
^Hiril-r-IHH^  HIH'-JIMrl^Mfa  I 
3^TPT  H^HÎW  FTW^ff*  rlrT:  Il Il 

’-W  gFT  ^T  N$!)|IH  T^T  ’T’J:  IIHOII 
^ <nniMi!M  Fpft  • 


sïït  l«^*i^ri  : %%  *i*ïimi*iiri  II  H.E  H 
?T*M  ?[M  ili^j  '-iFrlHM'+il  I 
CRWIWWtilfri  JM:  FJÈM  'JFT  II  Il 
Ç»Hàil=lr|  : 5PfT:  I 


'qrt  WIJNHIÎ^mii^M  ||  ^0  II 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

il  üüii«h)  'S«m:n 

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RH  JJ^TFÏ  H^igHT  Il  1 Il 

gHTHHTH  RI*flHl<l-4  HTOT  HST^HI 
H^H  TR^H  THHTHîÎH%  ^CTsT:  Il  s II 
HHT:  HHHHrTTHÎ  (h^IÎI^  R^THH  I 
HPHT  ’XiNn  f^HT  H THHT  HiffR:  Il  > Il 

RTFR^THH  RH  gHJ  H HHH  I 
HHTH  THHH  RÎT  HTHHT  THpFHHT  II  8 II 
HH^R  RTT  FHTH:  ^MRJiVhHHM  I 
HT  yJH  fÎFpTtrHTrHHÎ  RtR  II  H.  Il 

HHTH  : R7ÎHH  HH  gTJRHtîrf '•  RTüS^  I 
WIMgHWlfa  HHl^  ÿ UIIÜUI-HH : Il  Ml 

iïl»WlrlHljl<)  SlrliHIMrl  : gnt  I 
HigiTHFT  HTRTHT  rHIHt  RHH:  FHHt  II  >s  II 
RTH  SrTTHHl^H  gHtfH:  g^faTHRl:  I 
g^fÎT:  HHHT  Hr^HH^T Rrgnt  gH:  ll^ll 
9^4,1  IJpP  J *11^1  vj  ïRïïRHH  I 

TrTH  HI^Tdrl  gH  flRI^H^rJ  II  ? Il 


34  LË  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

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sjwft  H^HI^lfan&HI  II  \o  II 

•T  =1rt1  *yîrri?fo  I 

•T  hmi  *17^  5T  *Jmr*isi!  Il  W II 

<4M)  3rT  •TIFTPR’RRTpiipftpfT  I . 

^ HôTR  tTFT  TrTH  >rïf  HHIiH:  Il  ^ Il 

rpf  n fimTFTR  îfTTfR'  Il  Il 

HTïJ:  flWpai:  SP^^TT  ^ïï^pfl  I 

l<?HI  ft^IrT  ftrTf  HHciN  sWilH  Mirj:  W|^HsH'lillli  II  \H  II 
rf  pTitlH'fl  tjl  llr4^\rt1^-*i?V4  cllrl  I 

fwi  rl^'Tl^^ir^HIrt  HT  T^W  q^FT  HTÊHT!  IHHII 


HIsWW  mpWnRrft  Hl'-'1cti*1l*è  ^FTT  I 


HIHffH  FTÏÏT  *rmr  ij|  sRt  f^^Tilfl^W^II  \(5  H 
HH  Hql'j  ïf  IMI  ij«^|rl!  I. 

tr(H*i  SfajïSf  IqHrstrl  *TÎ  H l^îkl  =i(ÿî*1.sHlri*fî  II  || 
»-llîri'8  rTF^fTïïT  ’7^3FfNr  l 

*Piï^H  J’iyiHH^rTHt  *WT  II  il 


LIVRE  QUATRIÈME. 

rTOT  H j=îi  I 

IT^imhwiht  s?I*t  gi#  u n 

^r+1l*HM  HHIqrtiri  gg^ fa gj MM i I sd’-| <£ Pi  I 
4M»m*iic|  Pisitjrpnfà^  HHVMcUflim  îîsiçg'  ||  ^ u 
^,ri|  ^ *JTPTrf%  I 

^ tpFT  ^nj^mUTT  fàWMHIHWI  11  *>  Il 


^ÿaa^qrt»n^|«wrfnf|ilM  5^:  I 
FlPmwiIrHHIHH’  fsraSRFT  fàg:  g^Tr*  II  *8 1| 
Ri«Wigi=RiHf  snsrr  f^t^r  i 

*iV  MiHmii  5H^  fcrffMrf:  Il  >M,  Il 

^3^11  g^trèi: ÿriwirorrqw^H*yviHi  i 

^Trfr  Jtm  ttfî  ?m  h^  n 

^ngïnujèiHR  ^ i 

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^ T^a^Ff  ^FiH  lM^rlcj:  | 

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^Rg^r^rRIrnrT  rffdMlhta  g^T:  I 
4HîTM-m^iÎH  gsi:  U ^f>  || 


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*T%  gflt  I^TOÎt  *Rt  *I*T  II  >o1| 

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LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 
ilriï  P)c(r|r(Hr-4  I 

Mfir^fFT  5ltmt  tl^R^rf  II  ^ Il 

TFT  FT  FR  gW:îWT:  I 

îïïFTR  FftWl'^T  FRF:  II  *}  U 

JjUIIN'LI^  îpRfl^shlui'  IJïïTPRTrf  I 


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wn%  J’fèFftHFT  iïïW  ïïtT^TfT:  I 
gpn  I^t^râhf  ^ ^ ^ u H il 
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cflull  l«^rtlM  sUlrï)  J’^Ff  II^CII 
F%?T33rR  II  <rg<l«fcrl*U'+'ll*f WÏÏ^HU<W<I  I 
cftrT:  Ur^l'l^  rf  3TëT  Hàl^M^'FIHI  U II 
•11^  II  sH»mfà1%FT:  ^FfT:  F ^ f^L^PTFFT  FT 
HJIcJH  qiyïqH  KFT  r|rycui|ir*Hi  Il  80  || 
MHlglV.IHHI^l^J  *T  ïflrFR:  I 

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FTFJ  FTTFT  Xr^H?:F  figFFÏÏFTt  5jm  i 
JPI  *T^T  TïT  Fïïf^r  f^Tr^T  Il  Ôî;  Il 


LIVRE  QUATRIÈME 

Çllell^eH  dît-*!'!  'ŸiltrHdl!  ïïfèf#  UJM  I 
follfarUpI  <*,fcMrll*W:  Il  8>  Il 

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JJÇtiïT  Il  8S  II 
UHIÇIM^lS  I 

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HflqrHi#  WH  3^  ^FFiïfrFT  I 

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^tyg>TPi^Jl‘ci  türi4lirm=(iHH  n8^ n 

^mHIW-Fw  I 

^fcfNrFT  VI l*rl ' ‘-Ml'iM'Hcr/'i  II  8 J II 
TOt  HislHfîll^UMI  îo«Ti«^li  «*i4ni  I 
^rWi!4>RlKJH^HI*^lrH^g|(Wri  H Ho  II 

*R3T  ^7#t  II  H\  Il 

^ >IJ|c|h1  ftr  QTTOrft  *R:  I 

fq^fffT  or^rr  gjff  ^ 1 1 i i 

?R3I5r  4<  *îi  ! ^Mrll  *T  »jmr*lsl  I 

4 wrçrer  qtr^i gj^q^r  i 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

ïfïïî  =T*Tt  4ÎR7T  ^T#gTtr  1 1 M > 1 1 
*WUIWH  ^FT  3^:  I 

F-i Nt) Z£i fuw h i n Hà  u 

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^TRjrj irHI  gfà:  7TFTT  'JrTTrfÇRgRPf^?  il  )| 
W^io,Hi^î|rî(RlHIMslHWMl  I 

JtftaW AJ  W^lj  IR  11  \ts  || 

'-(Û  ^'Fi  HîT^rft  R3R:  g&UtRI:  I 
rtT  HH'CU 

^ 37FR  *FRT  ^RTT  ^ *RUR  I 
^mï\  4IT^  4f?TRrqR^|  ||  ttf  |,  * 
^H*1I(M1Î  fl«|JHsRi  ÎHSRÎR:  I 
%n  f^viHiPlHfT  ïMr%^srt  u ^«u 
HfwmÎR  SJtRT  I 

ri  r*i|Ti^iq»i  4tfrff£T  fsigfliq  II  i\  Il 

4%ÏÏ3^R||  ^rÿRW  qpîhw;  CTORT  5T  ifTpfe:  | 


rPTt^R  ir  ?t{p*r  orfgn?t  j^icp-  g^T:  | 

îT’èi'H iFÿil  {RT  ^IHtR  33R  ^ Il  \>  || 

^samni  ?RT^R'«nqH^g^q^5RTi 


■ LIVRE  QUATRIÈME, 
fsfi  ôTT  *T  ffRïT  t%t:  Il  II 

{MMM  ||  grft%  STTFT^t  ^R  ^nRT'T^linH-n  I 
HgîïEH  : FT^  *ÏÏ9[T  q^R  Il  II 

U^RR  afà  s*«£4*^qT  FTT^R^  33>T:  I 
gTTrt  gPTR  ’-lRfclRifiTRÿf  II  Mil 

qi^3^R  II  ÏÏT  *ïï  SJ^T:  F^rRq^IJtT  feïï  *R  I 
HrîiqiiiMRfyiM  cn^ü  ipjjiH  an^- u Mn 
«K*f  ^FRT  HhW^lc^fà  îPJi  I 
çwirMp^riï  II  \f  H 

^tsstrh  rfa’ferêfiiir  sftÿft  feyr  æiHtaPrf:  i 

j lîirH^fWMKrCf  II  ISO  I» 

n*lftFW:  CWrlFrfl^sfiW  fàqRff  I 
FHlfyrJ:  q^^R^iR  iffit  II  ^ H • 

RrçHIR»  #4r«R<^T¥M:  I 
WFRfqgçn^ïïT  *n#  u w 

fèrffô  ?r  Fmr  qm  ^ ^ r 

rjnmnfif<ft;  ffnat  '««réifèg  u a*  n 

rjrffô  qRJR  RH  q^  q^Ft  I 
FRÎT  ATHsTl«h^'-«Wicifivn*iiQ*ii  II  oÈ  II 

qgïTqfà  % *mt  çi^t  srçft  i 


40 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


qT^H^Tf  îîFroïïfl  M &H.  Il 

Hrwgcim  Rirnyml  =yrr^:  i 

’^IÏÏFJ  ÇJc^T  !7^fFT  r|f$JÏ  HM|1I|UC<I^"1'-  Il  Il 

fmfïï  *FT  îTTfra  ^ (k'M'IÜW  I 
kJiM'l  U7  Hiÿ.lcflrj^f^i’ïHiUi  II  ws  II 

W-ïït  M^I^Wi  I 

MNMHIUIW  5PTt  rTT^ïï^rf^ft  II  <ac  II 
H'  '-nîïfcii'f^tn^îl  rH^^ÎH'-Tiîirli  I 

rHi*i  rtî»iMl*i*i'<,îtiîv(rti  ri (1=1  4i«ïrl<ri:  q^-  q?'  1 1 of  || 
rTlVRWZnqfà  fWTTr*RT  ST^  TW  I 

rff3Fiï  R^IHM'/lferll  >f?t  HHHqiHT:  Jl^îlt  qg^fj  H co  II 
^T3rg:u  qq  fêrçiql  qwrqnirfhT  ^MfmifyHHsiqra:  i 

T^TT^  ?T3t  ={[si*iifè*iïni  5TTOT  qq  at  5Tfïï  îfITW  II  *\  Il 
^JI3R=IM  II  qT^7  arïïq  FTTHt  J^qqTT^rftqqr  yfa'TR  OT  I 
qrftl%5[;4IWIÎH(lq^Hl<rTlHqi[<4ni  HTHIHt  11^  H 

*4 i^|j|c)ri  q^T^Tïïr  qrp^pqt  qf^qiqi  qqiÎHswi 

qggfHh^T  gq*lf{H  ?TR 

ïTFTT  JW}’:  Il  ! . 


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LIVRE  QUATRIÈME 


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il  m wtî  vsszrer:  ii 


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rKlflHHIJIHHIWT  I^HTcfcf^Hr^  f^RFR  <!J«!e|rj  I 
^Tt  fflU--IlOdNH  ll>  Il 

F rt  rdd-?lrlHrlR,<  ^fjt(kJTV7  F^fel  ? ^raf^rl:  I 
^irti^Rti  ^IFT  ÇCTOT  =r/-ilr^  Il  Ô II 

F 5T  r/^q  uirfM^j  rTT  Pl{  4=Tl  mQsUHI^  ir*iî*iulM  : I 
FT  =hF?MMI  JM4iJllll<Hd(  crf^rTl^Wt  Il  H II 

A^IT4  II  tft  'ftî:  wlqsM  *FT  ^Rf*T*ïï  dfjni  HdMMHI fi^HSII  fawn 
sprâr ^wii^nHidUNiii{i^îiTTïïFî g^rm g«i  mu 
^WHcl  wria<HlrH«|ÿKII  HUIIiaql^jlIim  I 

qÿl  tj^Hrl^H^  FFR  ^ forreffrfgnfff  II  O II 
^tFTT  f%ïî  FJÏT:  Cl^  ^ FW  WriWtf:  I 

frnmpfyi^ui  rm  NHifo  fqfa<r  ^mitToi^  imi 
JJfi  î^y^HHMWd  *TTWT  %%  qt  I 

«hcm^ri^  2>umh*îl*Mf*i^in  Hrf  Hiüfsi  ^iïït  II  ÿ II 


f=MIWI  I 


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42 


LE  BHAGAVATÀ  PURÀIU. 

»ïï  m 4l<q4|UJHI^îdHW^i)R  Rlrï  I 

3g»  uq$rri  srfa  % cm?t H^HiHHHmwHi  i 
*hi^hMui^^jh4  mmi h^iiw-ii^h'-ihhti ; iiuii 
^ ?t  lhi  t*~i  frMji  RimhIih  HpTfr  i 

^ aPSRPT  fHRT^T:  Il  V>  Il 

Ih >Ui i fesiH (iJf -K  Jt rw^ïïffir-  w^A  n^rfèjH  i 

5*7  HubCrfMsl  FT  H^FtFRT  HlrL  Sff%T  ïf  ?R  It  Il 

<+irr^|-H  ÇjH^FîM  sli^HI  JJft'I  TR  I 

3 Wïï  illî^MÏ  HJIdi^Tlîiï:  I 

q|3Rf^lfHWfir?rPTT  f^'<T«4T  V?l  fa4HMfawf  'ÜJÎrtflrh  ?m%  Il  \H  II 
«?jf5lVT  '-MFh  f^IKm  în^ôTFt  I 


FTS^T  CPTOT  II  W II 

HrMIÏHIMl  f%  >NWrliH  MI<q-ÜH|gftCTng>rarT:  I 

HW^  ^^lfrT  JFTH  ll\<sll 

^tïï3^RII  WIÎ%?T  7^  HrH=hrÆ|H  #RT  I 

\c  II 

i ‘tTl^Jiqi'jqi^  Il  FT  ouqRlri  I 

FïïfUM^lFH  j{mfa  gcFTIIIîll 
<4i%ï5rfert  H*  '-icifîi'y  y^îdin  i 
fR  q^frrrçnnT  sïïtf^rt  ^stiMil^'î  i 


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LIVRE  QUATRIÈME.  45 

ÏTSTI  jfRflRHrï  RTTH  II  II 

y*tt  'i'fïïi  =tiVM'-l  : y.is»il  I H ci*THH  : I 
HTfrT  çfgWîfFT  HHHÎ  q^Urfiphlt  Il  ^ Il 
CTTHR  g SR  FRT  Ht  V^HHM  : I 

fMHMl^rlWiM:  Il  ^ Il 

snmrfrR  h?  *j*imimî  5 hrht:  1 
^SFTrTT  SR  HTHT  ^THTfïï  HT  5Ri?lfH  II  ^ Il 
Ht  SRT^F  SRT:  '•  I 

$5iï  HrHT  H%  Ht  HHlRuifà  II  ^ Il 

HHt  TTHTfH  HrHÜH  I 

3yftr?T^fsRrR  HHt  HRHH  «1%:  Il  ^H,  Il 
*Hîïï  3HTH  II  jHlf^frl:  H HHHRiH^HIrHH:  I 

HTFTHT  HTPTrft  HTH  RHHT?^iTHsT:  Il  Il 
Ht  m H^-lii  fWT:  yi^ïywRd  I 
OTOI  Refini  HTTHTTTrtt  JWPTïït  JT  II  Il 
fH173HRII  HlrPT  HH  ^PT  ^ «M  HWIIoHM^  UIMHIkH  I 
rRJHFyttRT#l^sRRT  H5H  RHTRTHHHRHTHTHH  II  & Il 
hV<*i  îSIR  II  HTrJ : HTRï  SURTOUT?  f=K*ij  FTTH  FH7H  I 
HRR  HmyfasiPJ  ||  ^ || 

ÏJH  AeIN  II  HHTTRT  HSFHSR  RR  RJ:  HH^TR  ‘STTTHH:  I 
yi^MIJ^IMlÿlrMIilJIH:  ^H'VTfrT : ll$o|| 

H^t  HH  HHRTHH  H^HHHHT  M^Mrl  I 


kli  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

^ ïTrïT  MM  ||  ^\  Il 

HÎHÎcf^ni  Mrlk^S^fa:  I 


rfOj  R,rffô  'J'UWÎd  yirj<4lr}«j«ft^fll  II  Il 
| H^Hr}  mfèiri  crjüf RiPrirtM  JTrTTMTt  I ] 


UHIM  sïïRïï^TPT  rlW I jowtliÇM  1 

^ Il  >8  II 

^T^TFT  M^rfl  HVJI'MI'II  *T  f^Hrlrli  ^rT  I 


wm  ii  gf q^Rffar^qt  MlsfiwiH  *mkïii 

*J l^h U*IlrH<HM IM l-H  HMIrM  MWIrj  I 
jfTïïï  ÎRX  frît  R*T  II  ><s  II 

ZFZm  qfàîT!  I 

clIrUf  ^îrl'-^IrTl  U KI-H^.P-R  II Il 

ïïçH  PRTffI  ^Irf^tip^ri  I 

üflc^lill : fçr|o|^^  <4<JVrll  J‘‘lirM's|»f{>T:  ll$f  II 

^TflrTM^n^T  iftjfy:  I 

ii-ystiiH  ^IHL’JJ,f*(,rHsii*nçii.ii  lr+j<t»;  Il  do  II 
y*H  l fri  : IJff^TïFT  H K*  --rîl  fr-t"H^p4ri  I 
ill^<r>J  feri%5RT  tl I 4"m T) H M I î*i Tl ^ Hr|  : Il  Ô\  Il 


LIVRE  QUATRIÈME. 

Ai 

rt  «Ullri  FT^HT  {ïTffif  I 

3^*31  ^frjTlfHIHl^^T^SFI:  IlÔsn 
^TT  ^Rflr^»U5*Hl:  ^FFT  I 
fty^HI^+iHIÿf^Hlïi'Il^-^R  II  8*  Il 
5(llrl4M'iqiRÎ*T:  I 

MWMTHW  FFFÏ  II  88  II 

üfàeHd  farj:  yr^|4UaflPfy iPlMiVlrl : I 

H *11*1  Hlrl^  J*lWl  : Il  8h. 

qt|te(sm«ç  si  1=1  [ri  ^TOJT^TT  fÎT^T  II  8^  Il 

*TFT  H’fl^'I^IlîPferri^Pl^R  : 1 
ftft  mhRi  WHiPi  fnyni'j  ^ fôrt  ii  8»  n 
irlny  îj=l«ïï*l  l=I*M 1*^1  nFTf^^l-  I 
*J £ti  # i $ ryn cfi I =i4l '•-i  Il8c|| 

fpfrfîTTFT  slHHI  CnW^TT  ^ fa  TCFT  FpT  I 
sT^lfr  FT<,y^rH-|HI  II  gf  II 
7ÏÏ:  FFTPfa  *JHl=1  <T35L  Plfa  I 

rT^rfafa^PTHTWTt  =rt?"  =nrTj=fî  g^;:  n ho  n 
?Tt  SPiHsWI  ÎTsff  T^JT  FT  rp*  STlfr^.l  I 
^FFTWTW  'fat  r%rïï  *TÜ3FT  >£?:  Il  HV  II 
ïP’TÎ^PT^ôFTT  ^J*T  HïT=IFT  yKMiMH'1  * 

*Jf^  f^TT^ : tjjsî*-!  Il  Il 


le 


LIVRE  QUATRIÈME. 

4H^Ui^H^imi«èHI^:  II  W II 
j,rIHMl(l  îTïïftf:  CHT?  FFTTF7  Ft  I 

f=IW<4  l?t  II  Il 

«nWibeiMti  3^  HTirÜHl  ^ fRrT  I 
ü^Bsi  (tïtt  sp  ^ >p:>rf?r  II  M II 
ÎTTFTR  ? ngWTT^rlW  faSTT  Tf?T:  I 
9FT  ^TW»;  HlfiHfofKWFWt  nfa  II  \<a  II 

^frT  îftHnra^  H^iy^iiïi  qrç*r«£wT  «I^Hwi  «taifH<Mi 

Tjrj4V^W  ?Tl*î 

*HHl  J'SntT:  Il 


LE  BHÂGAVATA  PLRÀNA. 


Il  m ^SRt  itziRi:  Il 


*1^13^11  fgrçqTTKf^ggr: 

i'-Hn  yf*T  HIH  ri r+jrî)  'hrM'JrHlI  II  \ Il 
iHiMMN  MiMiMi  gnm:  jwr  ; i 

'JsHr+iHHIHH  Mm**HsfisM<l  H ? <1 
olrrftMHI  I 

«?*r|  : yiRlsMHI^)  rl'HIHIW  Jlfrl  îTrTT  II  ^ Il 

*pn  tnfjzr-j  spï  <+>4iH^iîïfri:  i 

ÎT?  IFT:  JIFIsRTrPT  II  8 II 

f^t  ?TsTT  frAl^fîlfarri  I 

gfr  g^fifrTi  irui 

5Tf  & ^U|ial^HIV-<1  l 

■>TRTfeîR5T:  Ht1*>'4<oU)  ^ >pt  II  K II 
HIH I m -^îrW  I 

PiH i(^*i PȔ|rj(i^ijjtiT;  Il  o II 
FT  HHiyrlHl  ^ W4^T  I 

^kt  ci rurfHH i*?K : imi 

FT%  HHIAHU&Ugft:  FT?^%  I 
rRT  HiHHIrHHMIiW^^ïf  FIFT  rFI  II  * Il 


LIVRE  QUATRIÈME.  49 

^ ^FfPfSTFT:  qiffqrffoqfoTT;  | 
uBr^lcf^:  Il  \o  M 
FTrT : 'jiffcjftfçiiî):  UIHS^^Wh  I 

VI^RH^l^/iPltÎB^kl  : II  n II 

ÎI^feTT:  FT^FFrçiw  I 

^rl Wr^UHl^rfHyH W î Snft^n-  II  Il 
FT  FT^T  ÜT^fui  HffTÜT  I 
•T  3TT^WT  ^ *lmi|'i|  qw  frrf^:  Il  Il 
^I^T^iï7FrI^nFf)r^fFT^FIT  f^T  M»Mrll  I 
^rfl  *TR5T:  *Tïï:  'JIFTsHIUH  II  ^8  II 

srÿrj  Mifjywg  smifêrasft  i 
s^1tiv<«,i!4«tiw  Hi^i^n<ci  : mnii 
fsqrïï  Q^foH.1 

Îf^t  s^lHj.liritTHH'l^iHcIlPlH  = Il  U II 
RFT^FHMÎH^I  PmT  ^nfirr  {^fFTt  I 
^IMHINN^RtNMI  (TlOHI>MMl  qgiï  Il  Vsll 
H#:  FTT^RTïTRt  fiïïflftiyi^jÿUi^:  I 
i^l^^riir^i^i[^4VlMqry(4:  Il  1^11 

^UVJHIWI  ^ÏÏPT^t ^îj4ïfH«Tl«^l  : Il  U II 
^arafirer  {iiiifyktHÏJinu:  ^rfèw^fsrro^r:  i 
arm  |3i^=hjinmc|i  f^^^Kfàanfèriusiin  ^ n ;>o  u 


7 


50 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


Fï  rRIHrïïft*T  *1^1^  •IFW^Wi  I 

gff  HI^IÎ\Mi  îT  *nfa*Hi  ^ P^Tl^Tn  sR:  Il  Il 

3^T  *TtT:  T^TT  5Tf?7#Wf|rT:  I 

çpüTôr  SfT^;  slHMU^UR  JR^Rt  Î1TT  II  ^ Il 

^"HiçlP^rl  ojIM  ’RRT^FT  '•  I 
N^^r^TT  ^IH'MrHW^I  II  *}  Il 
^ : I 

P-n^hnin^i  JF^TFwfr  ii  *8  n 

FR:  F?  fîlîl  PT^rJ:  FFFÏt  f^sf  I 

i l<IM R M ÎH ÎV^I HH-rTÏ : HütH^Pflir:  IRHII 
iT^Tl  :^TÏÏTT  «ffÜ  I 

PFJTtR  ÎTÎTT  *FTT:  fa«£.'»JIWI3r  ^T:  II^Ml 
FTg?T  iRÎWfa':  RFFFî  FT^ft  ^ I 
*JIHHF^  H<?.i$£i<^  ^RTRT  *fh*!l  : Il  ^<s  II 
^ST^JRFRiTfÏT  üTFFTRFRfF^FrF  I 

HFjîjtHiHiirR  sng*fr  TOifi  n ^ n 

y^myT'^n  RiMiHÎHiFfqt  i 

Pn>|R  rTFÏÏ  FpR:  glHmfH^FFmTïïT:  Il  II 

JlrlFiqi^  HJRiFFR  mi^^FF'fo:  fèTnfFRîWf^Tt  fa'-ltfR  I 
'wiht4mhwïïïï  =trt  FfNrr  -rw  ifftpt?  ^ n^°n 


LIVRE  QUATRIÈME.  - 


Il  Il 


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#m  ÇMif*H  *TPTT  i 

f^TÙ  f^R^f?T  ^5ÏÏ  «TOT  II 5 1| 

FTFTTW  Cig^rT:  g^qfijÿi:  <*>H«£Hfc|IHH:  I 
f^TiFprr  tn^Hyr^üri  ?R  ifPTT^T:  finaflUH:  iu 
^RrTJW^:  SîR  giWsHl  3?5?n:  I 

FFPW^ffqrTT  3^JT:  gqTlf^^lII  ^H^PT;  Il  d II 

ïï  ?TT^4Mr^|f^n^ft  PftrliII^fÿN"tvO^Tii  • 

Pmim  FÏfai  dstftt  Ml4*J  : Il  H H 

fTT^^HHHftcTM  %ftïï  I 

H^ÜM  II  ^?T  H^lAUHI  qT^ETT  I 

^ryiWslHI^HW<MtnWHHIJIH:  H b II 
rf  <1lH  îE^?îr^ïïfèîl1^?r  I 

' ^rfcwi  licil 

•I^^nRim^RFT  rTrH^T^^t  ^HT:  I 
yitjsfmPirivi'i  rwi#  STrJ^HTeT  II  î II 


52 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


W 

t^TFTR  tflpfrËtalfl  11  \o  11 
R^rfTPPÜ^T  *J?TT?TTT  I 

STrçTWT  J^P-TT  fwteT?T  '7fTt  ^ Il  ^ Il 
? ? ^^JIHW'r'jHIHfa  WR-  I 
' m W 'frMIH^tÙM^  fFTt  5HT  II  5/?  Il 

ÏPR?  ? HcflrHI  WW  HWHli'ÎH  II  K II 

wm  wrifh  3^t:  i 

f^t  «fleii^jFBt  II  \3  II 

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II  \H  U 

U=|Æh  W : f^srfrt  : H H H ? I 
iJïïT^jfrt^^'R^  «TIW  '-NHIHH : Il  >%  Il 
MH  ri  HT?  rl^lHlfâlpïï:  q^pfr:  I 

ôwrsrarfHt  pra  «t?  wttt  rfi^f^ineii 

Ff  y fcrb|^  ^Hi'lH'il  JfniwsiKjn  I 

<t>|'lr*I4irfôf  ■=* Vf  l lçIrJ  jf^TIW  II  II 

Ht  J’HFTt  '■irT^T'.  WRt  4 

SH  sfà»T  siiM»^Hi{M'^*jcyilTt4t  II  If-  ' 

? ^ T?Wt  J'FT  f?W  ?T  *{rMlî=fj(IH  : ïï*t  üsïï : I 
ft  H NtMhIiII I W {sHWfàH  ^rf^NT:  »j  *o  II 


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LIVRE  QUATRIÈME.  55 


flPJïfi  îlrfiW&ÏKRq  1^:  I 
3>TT*ÏÏ  Î%T:  FWTt  II  **  II 

"^iRlrl  ^f  Ç^n^ïïTT  îfl  I 

^ïï?f  q^^T  ÿT!  frWÿlN?  ||  **  U 
tltdniHnilM^  HMIVN^MHI  *T  I 
•T  % N^nîSfri  rtifl  <4^141  W4Hcj  1 1 ^ 1 1 

*T ^r|  lUrj4''rl,0  I 


FT  fira  ÇJsffFT  ÎT  ^oINÎH  ^ I 


wfa  ^ER^^mTs^  jpr^flw:  Il  *H,  II 
^ *jrllP<  ^rHr*ll  ^rl^n  *JrPîTq*T!  I 
f-epimji  *11441  5P>:  ^sicmStI  q 4lir(  ^ Il  ^Ml 

rlH>4  *Jry*1*Jri  fil  ri  "^T  n=fir-HHI4 1«£  sWlrM(l4iii  I 

q^ feRjsfi  îrrat  w q =rfêr ^ihum:  iroii 

^'^  qnqqT  sllll  5Î  N<^lM  H(rJ:  FPTwIT  q^HT  ft*1*Hi  I 

q^T  ITrïïrrTÏÏT  CTFqïTÇFnpJI  FPT  ^pf q^  NriïcWi:  Il  II 

VlrHHHpel^  î^Wr^nrftqH  II  ^ Il 

5T  MrqJIIHpl  rT?T  I 

qfà  fwi  q^niiiH^^'Miii  W fèftrFrîfr  mhi^îhIh  îti?  ii^oii 
Fiq^  ^ nrftq  qp  1 
çrt {TsŒPr^H  WIHq  ll^lll 


4 


54  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

ifèslH  >JSt  I 

»T  ^TFTSST  : Il  ^ Il 

Plfîy|^lrjtT*l(^Hl  OTT  fm  I 


?T  £lHI<M  ^rttlVj  HHr^l  OWfïïRPT:  I 

»T  m^T^TT  rlsl:  4>H  'TT  'J'f>PTfà12rf7T  II II 
^ <ffa*TgSTTFT  • 

HMlwf^ri:  qqï  IIVUI 


^frt  ^fPTTXraFT  R^T^TÏÏT  Hl«£rimi  ^miHi,^ii 

^rjyV+.-ÏT  H^l'-hl  =TT*T 
Ç'«*>l<!(fl  vfCTÏÏT:  Il 

* ..  '..•'  j*  - ...  : - ♦-''-s  ?.  ;,V  •'■  . 


■-•  . ■■'•  :••'•••■••'  , - 7~  •'•  '•  V 

• -.i'  ' - - ■■  _.  ; 


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J 


LIVRE  QUATRIEME. 


55 


il  5PT  çrçsjt  «aro:  il 


^§PT  3^  Il  Pl^ri  * 

HaUIlHja^UNg^H^:  fîfrflHRt  J^^^H!¥Îri  II  \ Il 

ât  >ftî  5Tfrra^mr^  qRvytn  tffêa  a 'fsnr  i 
t?f^^  fàrlIH^lfèi  iMIdHHI'sl:  Il  S II 
*T  H^H^fhïRnî^îT  M^ll  yin  { rT^  I 
qïïrî  % ^rTRt  ^UIMHl'eWl:  Il  > Il 
y^iH'rqqrcft  MlfMMfF[  ^qFT  f%  I 

H inl=l H IrMfl jy  l*i l‘«JM I êpjfsmTTOt  Il  8 II 

. Hv^è  ^ a?r  ^ yrTqrmvtüsT  i ♦, 

f)ef^r||r~HMI^*H  ^C^r1lr*lîqy*ç  II  H.  Il 
y?TFq  atWlMlîf|*WW  Hd^.  I 
spÊ  fytffiî  gRÏÏT  IjUlMttlIrHHmUT  II  k II  ' • 

tjllfli^  îfT  q^FftHrt  HriW^HRq^  J'faSlftH:  I 

'TW^sH ( 3T  SJSja  II  a II 

ÇT  (lst(ls)»i  qtf^rft  gât  R^PnUSfrft  *i«£mfrl!  I 

H 351  J^ÎHrll  FjfrT  q^T  Jlr^Rt  R*T:  Il  * Il 

aw  cffta  aaaT  ai ^i^Hri:  i 
mwai  sTtî^  ât  *agj  oarrorT  u ? n 


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56  LE  BHÀGAVATA  PüRÂNA. 

ïRMsIH  q%5f  I 

AetlitMI^HMi  Il  \o  || 

JRW  Ffrâfat  I 

«&3|flrHpl  ^ rl*talc|fî«IH  fèpj  Il  U II 

Fm  a^TtPT  ClHclHIH  I 

jïlnii  wîlf^i  Clsïï:  lin  II 

'T^i^TOTHT^r  5T9TIFT  f^TTrT*UUFT  I 
HPT:  yüMdM  II  Il 

çsr  515^  5TFT  H^HlfaqHp&t|:  I 
nraïïnm,  sften  g-tiiui<igjumH  u \8  u 

H^-IHM  f^TO  ^I^Rrl'HIr-HPl  I 

yNFji(HHHyjky4HJi(lyH  u nu 

tT^^ggW  piT:  I 

^Pw^TrlMR,H»>J  3TREr^fÙH  FT  dtpft  N^lHi  II  U II 
RFTt  Ny^Tiri  : ft|cMIMill**d  d^lFH  I 

Ff%  «VIT  HiMrHMt'-J  AJIMVI^ciP^HÏ  «I^sTrl  FFTPÎt  lin  II 
*TM>  *UMM  tï^ïïsî^TT^^ÏÏJT^rPTT  'Jmm  : I 
NÎkt'iiMi^^M^H^MÎ^rii^l^irHHHFH^UlîclW  FpïïFI^:  IIWI 
FT  k(*ii*Hiy-i  'PTFTt  vf^rT^:  I 
mraq^r  f^srft  ^l’^HHcIlf^ri  n || 
fhh^  ^rpfat  jqrtt  fWl^N^iinj^ufl  i 
fehnt,^ ïï^t g-^rHHl  mou 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


57 


RRTÏÏT  HI^TTHJnM&^N*yfàlr|:  I 

*)l*llPl  : tji^frM^Miî^îrl  ÏÏ^FTT^fFT:  Il  ^7  Il 

yr«f>wi<iPiPii^«^fra  ^Tafn  uw^w.ar-  i 

Mr'jrelrj:  ÿ4i{MhtlHrTl  II  Il 
HÏHÏjiHïjgîTirff  strï^tT  ^î^r;  sttj  i 
ti  fTW^TW  >RR  <^MHlrîf-rri  1 1 ^ Il 
HHIlf^rlïni^Ni'^PT  ïlllîjftiï:  I 
CfT%T^  ïïtfmt  37  Il  *0(1 

^jsÎm  tc|^^  flfiT  SRTT  ’Tr^gj’ît  'J5TP3T  I 

TTlfH?  H^t^l^il  IT^frlT^l:  erffofa  çfèTÏÏT  II  II 
FT  farlPl^^U#  'TtR’ï^lfiJ 
■MIÎHkc<  sl*ini  rifèvÜ!  cTfTT  Il  H II 
{TH R.H MU'êf^-HHMl^i^frFn  | 
i4tyifàrHI^«M(Vb  H *ü  II 

H7T”T 3 j.TÆ fa*I~  Is+I i clN^sKHfoT:  I 
frrllPm:  gs^«iJI«Ilfii!IMH^c|l<y?i:  Il  *s  II 

qflHIuq^f  mjm  L|rX<loi r^f^F^T  ^ I 
37fr  H<îywirj  ray^t  f^wt  h *î  h 
frt  Fiwr  ^i*f^qman^r:  i 

JT^cfijVàJl:  qïnj:  Il  *o  II 

TT  *T  *,aW*n  ^41  Pi  si*ii~lf  I 

«rdfH^Ji  f^n^rtqr#  fàPretf  ii^ii 


II. 


8 


58 


LE  BIIÀGAVATA  PÜRÀNA. 


37FT  «JcjlHri  FTFT  «WHlH  gftrT»ft  I 


FTâTrra’MÿiHÎi:  qiïï^MIH^:  I 

Al^lifHIuD  NWO  U«£l^  Il  ‘i'i  II* 

f>rrf|<*?|'  ^ôpn^FT  Ht  'TÎrlîlS^  *1»fMÎ4  I 
^^i^qHÎdfêwOi  il 

MftWMM  «=frTi  Fifan^pft  ^3^  mnro  ^ i 
qHTHHHîF£j’*t  'TH ^'4^1  ÇTsri%  J’fHÏT  II  $H  II 

3ÏÏHT:  HH^T:  SJ^T:  H4%HI^%Hi:  I 

II H» 

<ry-rlHU<:  JWt  p:  fojHr{TtIU|:  | 

smwt  Hl+wi  iiv^ii 

j’ftîh1?  s*frtfrrr  hskhtt^tT  i 

'Tfî^  iJîTïïT  ^TÿôJI  ÎP3JTH=Î  irai  miï:  ll}c  II 
HÎ^HH  Nril-WIW  HT<r^T  : I 

fliHfiy  wg^ï  sfr^r-i  h%  jrrra?[MyfiHi  u >*  u 
HH  gHTH:  ’-fWW'-M RPHN  : 7HFTFT  grTPT  Fit  ITTFI  I 
ÇTP’JTTÏÏFlf^  •‘toiî^l'ti  ÎWypH  T3Î  »J7T:  Il  Ôo  || 

<7:  qWît  ^ Z™  ' 

3FT  H^ül'+O  jniri  OH  TîPTÏÏT  rli'^iJUI:  ^lîdrî  II  Ü\  Il 


MAyycrll  M^IÎWj’rU:  SHTPÏÏ  y^tRHHET  rTF^'T^  U Ô*ll 


y 


LIVRE  QUATRIÈME. 

^flrj^rT  FT^f  ^rï/^kï  s^Ml  I 

îpw\w!>wyftri  FRrf  H7Û  II  ^ Il 

MitiHiHi*|m'  yrt  i 

^?Î^SqT>fMlH^fnq%fèrf  I 
>T^i fôpfrratrl  ^TT  ^TTêf  f^vgfH^':  Il  ÔH.  Il 

M«£*aî*i^fTT  rftëf  uflnK^i)  rpïïT:  I 

«TPft  ra  inficHi  u 8*  u 
cmrT:  gRt^^  OTrT:  fèsF*HT  I 

WW  «T  yRHt^>FI  ^ri^rT  *T^r^  Il  Èo  || 
ftllfalHli  Îh4)3VMÎ  5T^3Rt  WHT  3T  I 

«JrTl'-lirl  H3?7  J,4ii^ï  3T  II  8c  II 

n8?n 

I 

tMMljï’WWW  V-l'HW^Ij^l  IIHoll 
«TOT % g^FT  I 

i«^.'ji4Vi : 5ttli*‘i'+iW  *ilfi'f>(.  rf  j/||HI  jff  sUTR  II  *11  II 


59 


^Irl  eï«!lfïicrui 


ôi^îl  'fUJÏÏÎS  H 


8. 


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60 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


il  m 'SKiw:  il 


$JrT  3=TR  II 


UIMM)  VMHIUMsi  'jHH  JHîbH  II  % Il 

MJT  Il  %FTU^HHÏ  *TFT  ^LM'INr^lPl  gëTT  I 
^T^#T!TOIFTT:  gTSTcTTH^HWH  IR  II 
R^PÎTïT^rt  «ïl^  I 

^TCTfaL  fsEqwtïï:  Il  > Il 

t<=w4vfiH  : ^)4iMI*^MH^N:  I 
ÇrMHFf)  HWWrtl  Hl$3fêr|!  fàïïT  II  Ô II 

Mltrll  ^l'fun  FT?  srfofrTT  >|JiqrLS|i  : I 

3^  Il  pOT  ^tr^rl:  tpT;  fq^  gfarèt  I 
«icf4^HRlli  fàij:  Il  Ml 

?l  a^HlWFdTHI  flHÇgfa  : I 

^Jlf  <rï)5>  Î5lrifi*iir*1i*i  rîta’liHP»  Il  ©Il  ! 


fllrHI'H  ! 


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II  « il 

îraicf îg^qln  i : i 


Kîfe 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

*1lr*1»îï  s II  ? Il 
ÏÏTT^^ll^rT^lfpTTrl^H : I 
Fîf%rT:  qfô  SIFTRt  UIM'Hlfa^Mrl:  Il  \o  II 
TOT  rî  îü'yHrf  «HfèlUl:  | 

3rR^  ^frT  ^^fhrnt  TO-  g?r  II  TT  II 
Wyf Î5|  cfrtl ^ « l Hl4"lljrl  4ilr%IH  I 
JUTIïïf  îrli*1^rj  «T  sFÎ  Il  T*  Il 

tpimfw  îwt  Hïïfr  *r  s i 

Mirt4^uî^H  timPitfî  ^TTFT^tPn^rTT'.  Il  T^  Il 
UÇtift  ftltoft  3T?  (NUtrU^M:  I 
SJ?:  g?t  Il  V**  II 

TT  Ajrl*l  i^jrM  i TOIT  rFJTOTO  I 
TOtRJFT  H TM.  Il 

Jrfl  Fslrl  TTrTOFFFJrt  S<T  I 
üfÙgiMHrfl^  CTCJTT  %fsgr*pÈ  Il \\ Il 
ir^i)  JsMMrÈ  ^ i*t  ^*r> î| uM  I 4JtHW  I 
îlj  gTOTT  isnfri  îpg*Tf^TT  TO  I»  T»ll 
ij'fNi^Hi  m crsft  «Rpjtoüt  i 

Il  T*  Il 

TO?  5tj:  ffàrïï  STOST  *JSW:  f^T  I 
ilHWltrWI  ^Wf  TO^felTît  5Rj  II  il  II 
ïRTsfcr  FRT  Êfàï  ^jFgfàr:  tftfèHT:  5RTT:  | 


62  LE  BHÂGAVATA  PL'RÀNÀ. 

siiril  •n^wuivli  : Ir^rTl'W^  : H II 

\~Aii  s-dN  II  rTFT  «iIti^cT  I 

JTÏT : T^FPfT^T  d?fT  ’Tïïî  II  Il 

FFT  dtfrkKi^j  >{sW  I 

'.UiïIFTCT  îTfiT  *fPTÎ  MH^^l:  Il  ^ Il 

HNlWM  : 'Jîll'-IM  : ÎTîTTRTÏÏ^TFTÏÏT  I 

’TÎHt  H WllrfRT  f^HFfrsT:  freMsIHI  II  ^ Il 

?H-.l^llf«?.  *T  5l^PT  ^WrrHsI^fyri  I 

WWW  >mïïq-  ET  ^I^  NrlH:  Il  îi  II 

’MPT  3cJFI  II  ïfjT  JSFTO  iwJiWM  M^iîTirj  I 

HHi*j^HlwR*WB^Tf  ri«^lR;fa:  Il  II 

r|«j^hlTHHIMTr?  i^WHM^N'n:  | 

^,-Tfn  gmiHlfa  =T ?t  TJ^T^HT:  II**  Il 
i lît^l  Pl  “-loMi  Piïf^rnFT  FT  I 

fr^juiMIrHIHlfa  MlhlHIM  ipo|| 

»T  V^i^i  «?,rrH  <=<M*iiJ=ifa  I 
m ÎJ^FT  WTFT  raRï'^i  ^HHTWTTI : ||  II 
?T#t  fem:  spT  *FPTR:  gfW  I 
îFf  nf  aiqaSR  H<HliM<HH*7l  II  *t  II 

pLHolM  PRT  frf  ll>o|| 

3Fp  Il  >T^ft  ?TT?  IFFt  I 


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V ^ 

LIVRE  QUATRIÈME. 

11^111 

FTOT  FTPR  ?T  ^ir*ii-i  F^TïT  I 

îT^r  3^  <iww  ffîPfF  n ii 

'■1*41  F^RTTTÈPTTfcT  li«?TNjf*H  : I 

WdsT^M  : HMKMrMI»!  «^Î>'c{h : Il  ^ Il 
rTiWI-1  ^TTPTFT  'TFT  3.RUFI  sFT:  I 


înTirofr mm ffit ÿri <i>ht<?i:  ii$8ii 

i'AV'A  II  ifrl  c/4c<(hHI  î^nTrTFT  ^TsT : CïïTWT  I 

jffëm  ÎH^y-i  f^rf^T  $rzm  f^râ  u ii 

r«t.y  qr^TlTT  feïïRIT  qTFFT  II  Il 
*t  hui^hi  ^TJK:if.iivirH4H>i  i 

5^r  2^»:  TOT?Î  rpsjj  3^ft:  II}»  Il 


Fïï  FP7  gïï^t  {1517  ÎTTS’T % 'TWj^V  I 
îR  'TTFT  4MMT1  ^i*1l î FJ3%  - UsTT  II  II 
H 'Airr\  j^Tt  *iini*i«;.M^ri  : I 
ïlWiriâ^  *Trj?MHc|^l(îf^:  ||}J  il 
FT  STylHHyM^M  qJiyôHjji^  : | 
<ç^^|i^ll1^^lMl»l^fl'  'f'HifeM|*Wîi»i:  Il  do  || 
»J istTl-S  sfliiil  SURR  ^M^i-lPl'-.i^iil  : I 
BFT^T  P)^stT|y|  : HHI^Mr^  Il  8\  Il 

ft  îjRT  !>JiFI»îîîiliW5'[4:  • 


Hr  ,* 


64  LE  BHÂGAVATA  PURÀfSA. 

Sïïfaj  ^pPTTHTrf  gj*RT:  Il  8*  Il 
UNun^Hrll  ^cfl  7 «Usll  IJ^ffy»T:  I 
j:W^r  KT  II  ÔS  Il 

’ïïT : Mr-fl'-m"!  TTTFITOTSr  I 

Mrfl  h^IMI  *TtT  Il  88  II 

ysli'-I^UI  ^ m I 

TTüZrîT  M^Xl  : <{«£i:  Il  8h.  II 

9K^TPT  H^7FTT3§^T  4^lrl  I 

RP&FT  i)^W>?f  ^ ^IHM^'I  I|^T:  Il  Il 
7^T  q HNUIH^I  ifTT  iJ^lfavfN  H^I<»-il<*-fH  I 

tl>-1-vMM«l|  ^•j'-inîclfll  Hpll«jÇyi  3Trft  M^J'HI  1 1 8a  1 1 

OTÏÏ  nftTFtceT:  ^H^r|IHIr*ig^vm^(7:  | 

N N I H fr  I ü l>+,  '+;  I r|  { 1 WT  R3JÇT  J^T  JtMlUM:  Il  8c  II 

M^cilf  ysti'-Xi^H'dHI  : îlr^T^Jrïï  fT  jft  I 


^f?î  ïfPTTWr  H^.I'^T'Il  '4^H«j*Hli  hR^iImi  ^ïïlftRïïT 
TirJ’Xf^  W$rJdrt\  îrm 
^>Xr<gfl  vf^JFT:  Il 


LIVRE  QUATRIÈME. 


65 


iiïra^sjï'JKïïïï:  il 

# 

^BPTTTR’  II  ap-lKMM  ^PTt  HI'LHi  I 

*ir.IM«n|r(  ^ ?FÏÏT  'AWrl  : 4>Jf1l^r||  Il  1 Il 
^VHÏHVHI'^  rpfplt  ^^T-4IP,-|:  I 
'■W -"IHHH  Tf?t  Il  ^ 1 1 

^TI  ^R>UTri  I 

WpH^HH:  «TO:  Hf^HI  : II*  II 

fT  ÎITi’r-JN^H  3ïT^t  Jgfanfafr:  I 

il^H«-|  H^.MNII»^  ïrir*J:  FWilqrl  • ^c(rl  : Il  È II 

7^  *mFf  ifr+wlï  H7|pT  ^ fèT:  I 

O 

rrb^i  pfimiïï  T^rrfvFT  iih  ii 

*T  M'-Ï'VJ  ÎT  '.Irl-vj  H'  vCifl'ai  felT;  I 

ZTT  Il  Ml 

^HmI  I^FtTPT  I 

N*j«M  rlleli«iM'i  F*T  H Puni:  ll'»ll 

îT^T  T^Mri  : CTïïT  RTEF7  5JFFT  *i«^rj_  I 
^ rlHi^UwMÏ:  Il  c II 
Ü(Isi=h*imi<^  firft  (istin^ui:  I 
nril  pi'U  ^ÎW  Hlirj^t^Prl  ^î^»ii  I 


h. 


LE  BHÀGAVATA  PUHÀNA. 

qh'*wiwj*H"X*frr  U ? II 
%T:  H<ftr5e|  tHR:  I 

FT?m:  HsTTHIHT:  H HTTTHH % CT5TT:  Il  \o  II 
rraifa  HTWÏHFj  HlTHÎHrMMH.  F^FT  I 

rlR&faTRHt  HHT  JFÏÏFT:  frft  F?=  lin  II 
HTFHHT  >Tft  HT  HTH  -T  I 

HHiï-HrVH^-i  4HWJIH:  FFnTHT  II  VS  II 

H«T  TTFFHF7HW  HIHK i 1 1 T , V 1 1 
rpPT  3^:  Il  îfFFI  iH^WrWrTH  fHÜI'-WlM  HT 

ïïï^i^l'^fri'trifiÏHI  FR  riiri  Î=h4h  II  V&  || 

HFT  TTRfTFT:  ’4*-ll  eTIVM  itdM^l^lHî  I 
FH15iH  PcUttHn  ryrNr'l'^H'HIHHf^HÎ  1 1 VH. 1 1 
H ^ HT  PlHÿlStf  UsIlHT  "I  : I 

FTFHHfHH?  îfTïïft^H^T  II U II 
^TïïSTTraHIr^H^T^T''  T^TT  HH:  I 
RTH/RT  HTFT  OR  H Ht^H  Il  Va  II 

HHT  Hÿ  3T  HîTHR  HsPJpT:  I 
^s<4rl  siM'Puii’hHIH'*:  IIV^II 

FTFT  ^HT  H^l^rfT  H^IH  HFPTTSR:  I 
gf^prfrT  fHSTTFHT  ffTWÏ  THSTÜTTHH  II  V*  Il 

?riFwg^  f^rarHi  siiiHiHliaiiyV  • 


LIVRE  QUATRIÈME. 


sfW:  HrJHI  #TR  ^7%  dMdl4Hl:  Il  II 

yf  h4~hi^ih(*imvut4~  z&im  Frrt^pt  i 

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68  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA 

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LIVRE  QUATRIÈME. 

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70 


LE  BHÂGAVATA  PllRÂNA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 
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72 


LE  BHAGAVATA  PURÀNA. 


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4^TPT:  'T.^WIr^M  WIW^IH  ?IH4rj  Il  ^ Il 

«iTMiJictw  w^r^iûi  (TGH«^Hii  fi^riiMi  NPiifacwi 
q«j4Î^H  «TR 
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LIVRE  QUATRIÈME. 


75 


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H*T‘  Fl^f  *jjrïïj  yriMM  ^'Î^R»^:  Il  ^ Il 

^TFÏÏ  ^UT:  a,I%l<lTfmi  f^frl^rHHli  II  » Il 

t^jUTOn  : SïïT  #7  ||  n H 

*JUmi<7MrMfTl  ÿfoÊ  q^HiqH»jfrfaT  I 
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LE  BHÂGAVATA  PUHÀNA. 

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^niiuH'ffri  ^^uihhhmhh  i 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


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T|r|fep4i»^'  qs^rjprJ  q^Wcil  MlH 
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LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

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77 


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HTTÎÇ  HTHfH  ^rTRT  Mlrl'î  'î'arfiwft  Il  II 
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qtrr  q^r  Ht  hh:  mf  ii 


78 


LE  BIIÀGAVATA  PURÀNA. 

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Tpi  'FyPTT  HfH  fHFTpf?  fejrt  I 
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M*iU5*iir*ti,-IH'i  fàPlPfdl  HT3T  <W)  ^ jpTOTfpjTT^:  I 
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R-  HFRrï  W*'.  TT'TR  ÏW'  IIS*  Il 

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HcIMIr^RiRfifrt  tUldHR,UR:44  UlIrH-Ê,  CTT  I 

*ïï  mWpFT'.  Il  II 

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fT  ^ï^lrf:  *ïï  ?iïlPjïril|fl  RTEriWT  II  SH  II 

gg  d"iriR'HU>J(IUIIH»R@H^''IHIHIHMI  I 
q sTTOR  H I ÎQ.rl WRT RRf  ^ WfS>rR:  IlSMl 


m RRnraR  n^i^iiiï  tn^H^'uif  ff{^ïït’4qim3Rri' 
*1 'jüTH>^  yjWrl  VHlHIffil  RR 
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LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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HH'-l^lPPTr  rRJ  PWl'-T  SnfàrT  ^ *T  I 
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«ÎH'nlîi  «ÏT  cliyî^HH  ^f^fWfHÏI<nïn>T:  I 
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o|r+i  'tir'-lM  *T  =fl|  *Ml«£  ^rtirll  rTcf  | 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


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FRT  R t|5J|'-UM  JT?::  ^>nrarlt  II  Il 
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RR  RR^RT  RrRR  jj^-fl(UIIH<H  II  *o  || 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


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fqïïZRRT  qR:  Rqsiài  PR  fq^J:  ll^f  II 
qqTRR  qqqR  Sfrq:  qqTqt  cjîrï^.:  îqqT  l 
fqqRR  qürqqRW  qq  FR  qqi^FT  : ll^oll 
qiMki  q^:  qrRTfq  Jïflfiîl  fqfqqrfq  q I 


LIVRE  QUATRIEME. 


85 


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$1h  ywiiHH  m^i’^uTi  qrpT^rr  ïïf^nïït %ïïftR3T 
tJ^pêffjrT  »TT*T 

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LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


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H^TlrMi  FNHI=tiJj{>:  CPJ:  II  ? Il 
ïïf^rrt  5r^FW*ÏÏT  (Tll^i'-Jlr*1  : H«£l^pl  : I 
3RTWTRT  M^l IMrl^UI ”î ; Il  Ô U * 

Rrsfen^r^rr  ^rstt  rj^raïï^r:  i 
tTP^TI^T  Il  H.  Il 
^f^FTt  Hl$  ^Tft  i||I)i||i:  FR^TT^T:  I 

rt*i«*  Pj4me*<ii  % 'êT  rlrtîqrjlrtj^i  : ||  ^ || 

*r  y4^yi  h^trjïït  ïïnt  i 
'{lRy  Wl4ÏIUlflW*fl»tMîl*ll»lw  HT^TT  II  J II 

Fn^t ^'^Kifltn : UTFJM'H  RRR:  ||t|| 
fFRRt  ^H^iHfîTiTT!  ^ i 

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LIVRE  QUATRIÈME. 

^frT  ^rrôïçhrcTlFT  4’4tfrJ  I 

yÎHMIHHdl^rtll \o  II 
^TiïRFÊR  MsHM  MsjWJÎH  I 

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dHÎ^*f'l|c<kl'HrJ  ^*1lUi  îq«^|t|ül  I 
«lÿttfad  ÇTTOT  qt  Il  Il 

îrf^ïïIT  dïkrîî  H$U«T  I 

ü«^t<i<=lrt  dîJiâRrlW  friWfH  dlsMlrl  II  Il 
rt  rM4Wi$(ri  ^tW-t  %F  *I*T  üT^rfpîT  I 
si  17, ri  HFHT^t  FUF  3Tnt  »T  g^rf?T  II  1$  II 

^nfWcffi  ft  ^fr  ^w*  1 

slf%  rllri  fèpg*JTO*T  II  \H  II 

^Tri^FI:  UldiVd^ITTÎ  fg^TW  I 
^fônt  II  H il 

fît  1*7  ^ rrffen  rTFIT  il'Hl^rl : I 

sftr;  ftrffsrgitÎMsri^  ii 

rïï^FTFT  dl^d  f^T^T  1 

di*m  <^hh  fgrftïïTra  3çf?r  cpft  il  \«  u 

3qfpïï  FFTffftÿ  357^:  I 

^IH^rl^dl  f^TïïrçfR  fèg:  Il  1*  Il 
H^fïïFnfT  Pt<*iiui  f^Nfïï  I 
'tiMiri't)^. <41  {1  II  ^0  II 


86  LE  BHAGAVATA  PURANA. 

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cfT^IVjH'TI^  fa^lVwiËI'sIfi  I 
rT^Tti  TT  ll^ll 

TfH  TTTfOT  sNl«$  ^jRTt  «£*4 fa«^l'fa I I 
FTTH  WHI  rTUilH  fèfj  Il 

^fa<  ^«H<y  fa^HTsrmwiHMI  I 
rï^IFTïïHfPT  KTVT=ftlTi  II  *à  Il 

TTiï  ïïssfFT  HIW  ^inFTg  H TÏÏHJ  II  II 
F^faïTÏÏT  ^fT^H:  I 

^htpt ffrfr --i i nrm^Tfpj-fT^r^, : ii^ii 

facii|MiMi^l  H«&l*irï  H ys«4ri  ^i44:  iHl($HI<l  H S,°H 

art  M^-nfa^.iüfaii'H  ^(#rsr  1 

CKTW  flHHJ'-ffTR  ?t  J%t  II  3*  II 


^JMWR  ^rfl  JWRT  FTR:  CRtTJrT  II  Il 
H Tïït  H^fTlfa^'r  Wstt  HlMiT-j:  I 
*T  fsTTÎHH  iT^WÏÏrHH:  ?$T:  II }o  II 
rTf^-  TPTrT  H^4°tlfa^f  feïï:  I 
^UII^FÿH  ll^\ll 


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LIVRE  QUATRIEME. 


ïFT  ^ II  II 

r lM*1l«^*r|H*r'* l*-1  I 

f^f  >1*?*  irWSiHfaïWll  ||*>  Il 
rTTfîTFÎ  M«£»(isl  füîH':  FT  f^FIT  ÜI4HIHI  I 

MAI IMrfl g *FTÎ  feîlïï  ?pfNr  IlSÔII 

* sfighffHrTT^r  1%  I 

Il  VUI 

MsPl  I 

Ts^ïïHÏÏIÎ  Pit-Cî^»i  MH  Il Il 

HHIR  Hyfliîif  qtf  ? HHmHMkjyj'  I 

Hi^HI  ^FT  II Il 

F 3 N^y'-uH  iWWfï  fPEFTFT  Pi^sii  I 

ç>**vi  ^ j ÇT^tJTTFTÜT'TO  CPTT  îlf^>  ll^t  II 

JFÎ  F Fi'lMWJI'.Ttn  HHIP,'i/ï  Pmr  TR:  I 

rTOT  ^ fî3iï  ^PTÎFTÏÏT  ^ ÏÏ^T  II  Il 

f.HM'J^IHIM  ^p^iiï  I 
c^riXi^  3T3T*Ï  rlPfriU  II 80  1 1 

f%TT:  HrMiQl^trjïl:  •Ms.qi  H^QhUh:  I 

. giftral  ggsp  ar^it^igw  F?fm:  u 8\  n 
rJMIftrll  q^FSTI^I  H^^STffHITIfïï:  I 
ÇftlrTT  ^PTRIMlt  fqFI^RWVFgTT:  Il  8t>  Il 


88  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

ii  m fësït  -«zrnr:  n 

0 

II  HTr^TRTT  cT^TPT:  Hl'ti  M^*tr(i  I 
WtfepyfHf  : fcret  qrgp^  rfUH IUH  II  Ml 
HIÏ*UNi^lM  II  ^ I 

iUrUMU^J  H ^ Il 

gfàïï:  ïïmt  rft%  îTftrRT:  I 

•TrfH^TRT  *}rl>MÏ  «TIPTF  <t«riq { II  $ Il 
J^TT  TTT  pHi^li  <c|*iimmi  I 

5PT  ^ TJ  sTTrff  ^tW  cJçJtaMi  II  Ô II 

ïFT:  «hV-lPlH  N«.HN^dl'M*l'ti4pT:  I 
AIH'v-J'  ^frT  'T^TTFFT  UH^^I  J* rjtlssH  IIH  II 
îmïïiTr:  5Tfft  IT%  I 

WJr*î  3TÎWÏÏT  ^TTET  Wi-  ^»Tir*l*lrU  Il  Ml 
^T:  5J^:  ^sM'liHpfjfliU  ^ J|U||H|M:  | 

FT^TT  J^rT:  fMt  ÎH^lfHIrUIrHH:  q^T:  Il  o II 
% ^ U'M*iir*ii,i*iir*i^4  ^ ^T:  I 

iisHM  J'fir  fTpr:  fT  RTO  fr^RT;  Il  c Il 

?T:  ï^FTOT  *TT  Plr«4  Pj||S(i  | : M^^iPqri  : I 
HsFT  ÜM^VIW  *=Fft  II  Ml 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

ÎRVI<l¥iq:  I 

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THRFT  f^TïfFT  Jpm^t  • 

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RR:  RHIHHhHUJRIRR:  IJ%  R J:%  R RrlfeRIUIM  : I 
HUl'-I^U I fa rinfatigrlï  ^TfèrPFfN^Tïïf  II  \%  II 

RR:  yîlNIH-IHol  TTsft  HIRTTR  H^'HIrf  N’WHSÏ  I 
^rfcqan  tfRRTÎR:  yslHH^r^rll  ^.T/l  JRRffT  Il  là  II 
?R  k'JM l-JHR R^Rr4hMMÏ  *TRHRt  -PRIR!:  I 
^PR  57RR  jj^WIRR  gTRR  iH;JH>NHHIR,:  imil 
RT  R RR  "R ■«H  RRR*R  cjufiu  R ^ JJïïïSTtïïfRTWT:  I 
RTÇ  RTR^f  HHHH'ilM'ilîlH  RT  R:  RRfRRRrff  II  H Il 

RRR3RR  II  R TPt  Hl^liïl  fcIRR-ÎRH  N^Hr] 
SFpTTRrT  RTi^T  fvR[HT  sl*J«t>  *ÇT:  H V®  H 
ppiR  RT«[RÎ:  y *-1111  cfltîrt  PR  =r»*T ui  i I 
iRHsfirj  Rf^TïsR  ÎR5R  fRRRsf  ^ Il  Il 
RTTRRR  fRRTrRT  : • 

ïïgfel^RR  RTTIT  îT#R7TÏÏFgsT:  Il  II 
8TRRTPT*pRT  ^RRRRRT^fRrTfpJrT:  I 

' R UH$  g^fr^TRT  II  >o  || 


90 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


*T  W^Tsft  ^UHT<spftqs(i  » 

=*  F enmfêiagft  n «î\  11  - 

F^FT  T5#m  : II  ^ Il 

qPI^N  II  SfJFT  ^fr  gT^T?^Tg4:  ^ ^Tlf(H  HUI|6tfo>*4IWi  I 
ff  în^fmnmfàr  hPh  ^ i^m  1 riiwliii’^cjrrtiiiP  spjr  ^ ^ 11  ^ 11 
=LH*4  ^TW  ri^vnç  SFîf^TïT  TsT  q'-M^illi^ïiiM^:  I 

Plf^  ^HMfflH'4  F W-  Il  *8  H 
fl  3tFT3#E  W4<M  W*f4Wmfa<H:  * 

Fff?T  ^r^rTHaclr^i  •j.’îlKl^ri  FT  feHTHTW  sfr:  im» 

CTÇT:  fjflcj  HH|c|  H imHHh  îT^^TT  mV-ojiuÏim  ?t  HfirJI 

ipwt  îSi'ih^ht  gsf  ?m?î.îrat  11  \k  u 

^TPFÎ  WH  H*<IM'4  *43437^  rtltW1  I 

57feFf  F4fr£  UNirl  H Ml  ; Il  ^0  II 

îTIT?sTîT*7Tr  si*»<0ki  ^ÜIH  fHI^Hf  ?FT  cL*il'*i  FH  HhIÎ^H  I 

Sf^tfàr  «flMHrH'M : f^T  ^ fsHâ'  ^THWW  f%  H *41  II  II 

4CTT  ?3FlrT  ïïmt  c>i>(WHP4lijTirf^HHl'^  I 

He|H4<l»jH4  IJII4H  Hrïï  HfHHHW^IHHF  f?4W  II  Il 
mW  fil  j H slHrli  NMlKf>HÏ  =47  gJuTIuIh  Hsi*rlMlrH  *4r[  I 
qiMl  ^ rfrMI  sIm)  'fRlrt!  '+»&!  fJ*T!  '*lf  <+»iflîrl  mIÏ^H'  Il  II 
-4WIHMHJ  sFT  fïiT  FTfïïIHÎ  M<W<WIW  4iHlrHHl  I 
WT  TOTFPTFWT  dW«$fH  *4=  Wtffrj  II  nu 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


91 


HslM  II  i'-MiPwiït*ï  F Rt^'ict<  FFÏÏ^  FRT  ?t  I 

t U IHÎm  FT  'firll  M*Ii  FÏÏTT  H'TM-Ii  rli  îr»  FT  JFFsTT  II  ^ Il 
FTrî  F Wf^mfT:  OsTTOH  I 
*1<iiS «il'*:  F^TFratlFT  RTtHF  II  Vi  Il 
rjT>^ jTUfVi^  : I 

q^rfî  vTFJJ^F  ÏTFJ  vT^rfr  FTF  II  *8  II 
^c|pj~r4F)i|^c|Tf|'?,^lj HIUsIJU : I 

FFïï:  EFTT  H4l«W;in:  Il  VI  II 


FFTÏÏIFTT  qF:  W$ %yïï5l  .pirllHH : Il  ^ Il 
HIPTïïTÏÏT  {TFFT:  ifETMPTFT  ^I^IH:  I 
srfîfcl  FFT  J>p  TcRIR  UrMillrJ  CPJ : Il  S»  Il 

trrm  f*f|rt  Rtr:  F^fsfFiFFF  i 
=uy<cUM  <^iHi  tfw  qqt  ii>«ii 


sfomraFr  H^i^iSt  cnvF^i  FfçFnm  3qifà*ii 
4^Ph  yiM^l  fr 
Êwt  -"^IFr:  1)  : 


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92 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

ii  wrara'ïït  -jwjïïi:  ii 


II  Mufnl<Ûl  : > 

FreFHT^  Il  \ Il 

yu-i u * ii 

ÏPf^:  «li<^wAi  W^rT  I 

' PWHflH  II  > Il 

y si!  tri  ^TT^fèrfH:  FPjniïNM^H  : I 

II  g II 


fc4^H|  H^*T  3^:  FJCRT^ft  IlrTFPT:  Il  H.  Il 

g%r;  yjwmm  m m i 


r:  Il  Ml 

ff  ^nfw  I 

J^  ÿlUIIHNHHU'iH  ?TST!  FïïtrT  R^1MT^'$  qj  ^ Il  « Il 


ÏÏ7T  3^R  II 


H<ir<{ls!Pq  q?ft  T^qf^TH  ijÛl^RîprarH-MlfïïH  I 

'SiUrll  ‘isjMwictrl  ! H^Jr)  =bivti^(=l  Mi*$  *|«JiTi*i«f*l»^  Il  c II 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

fsflT  3srre  u Ht  ^r^UrrfaaiùlN^i^»:  I 
I«Rra  <5^  ^sïï  Ml'^i’Tl*5TT  nt  II  ? Il 

rîtai!  MMiHi  smsTMRi  cti!*iM*«JiFl  rT»*T  ST[  «pf  SJ?T  II  1o  II 

II  Tpr^W^lr^l  I 

>ftïTT^  yprf^riw  u \v  m 
titfsHt-^ÎÎHdi^üi:  fïïT^t^i^ïïI^  I 
îRT?ç||^UllÿHI<^I^HJnïlH:  Il  Il 
T*0*d  i ?TîT  fêterai  i 

HMiril  ^ ^'sffRni  «r  ïïtt*i  h n 
frR*w&*j  mwii^h:  i 


95 


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iflsTWffffift  Âfr:  ün^ïï^nw;  I "■ 
gsrïïT:  ggw:  tfter:  cffarén  gfè'slfwi:  U VI  II 
5*5*1*  I qqfe&j niNrHi|r^]<HX( : Il 
^r^lfHflsIKfl  Il  U H 

*1^1^  ^ Il  V®  Il 

grf^HI^IlN'Hir^  ^Vrl-jNUli  I 
fWfaïNf : ^iHH  jyi'-Ilfiir:  ffftf^ri:  Il  \K  It 
Rrivi^mHUw;  hh-hh;  i '■  ■ 


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LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

FIW  Il  \t  II 

ftsîtora  11  PT*ïï:  5|Wp=T  Ht  ÏÏWt  T ^Pïïïl: 
PTrPJ  P^RTfarT  II  II 

îTÇ  ^TTJVft  ^Tsïï  wsimiÎH«£  mIIsIH:  I 
îiwn  gfprç:  p^j  Hr£J  WJlfarll  Il  ^ Il 

fTFT^r|^BWWWIÿ.rf«yon(<îï:  I . ^ 

FTt^rr:  PJ:  ^ 3'3I^T  R* '«'Tl  » 

n ^Tsïï  cnn  yïïa foi  sw*  i 

msimi  ï|*iri  HIT  ^T  P^T  si«çilri  PH  II  ^ H 

FTfl  Clin  HrJNUilPf  I 

ôr^HTHtçTsrPTHPrrî^  H 1^3^ : *Jwl!  Il 
farj^qVl  'î'HRHL  I 

îfirf:  l>|IPrjf^HI^PrjtHt  H^ClPT  rigq^Him « 

ïffprT  PTrTHT:  1 

^ig5T  W sMlrWI«F«l!  Bïfor§3:  WlMl 
*i*iï{iTii'imçrM  ’gcitmfol  «i^Rrt:  I 
m^rWI  ^lîN^WI^rrng:  Fig:  Il  *a  II 

T- 

I^IHIHyMNHsIPM  ^H^FT^T  I 

^IHRrrin  ^rHHfprT  igigHT  II ^ Il 

*fnt:  ui>JiiH  ^n^i R*i  h i 

ciFrNnr»n^n  n ^ n 

M^I^H^irH^i^HMtHHIHVNd^lur^rT  «=F t Efr:  I 


LIVRE  QUATRIÈME. 

' HTT  q^^rfsTÜJrlT  Hffajl  il 
D JH  IHH  £ NsTH  M Ï m IH4R  | 
firTürFT:  '-H  •T HTffrT  ^ïïTTT^t  MH'Jri  II  ^ VII 
FFÏT  JT  H si  H I H J Fri  M hV|H  H üLIHïpt:  I 

THlfiFT:  ^IHiHli^H^sl  H^im^MRHRfÏHiMi  11**11 
HHli^l^JllM  J’Jpît  S&Ç-  JH TTH5CT I fa  fa  : I 
HTHFÏ  Jgf miM H^HIHHN^ falflHTH : HT1TH:  Il  **  II 
Cr^M'4<MiyiM'MH^iM<t>  JTÎTT7  TT  crfrw  TrTHT  I 
îsr)MiMi,Hi"^,i  P^N*hs*H  M>MM«ll  <iy>J  Hj"lir*i4>:  ll*ÔII 

MslW  HTHTÏT  ^ifarifa  <'oUrl\’’  Il  *H  II 

HT  sTfiJ  ?ïsT:  3H%RT?fêfaTmTH^  HW  faw  T I 
^l'-UHIH  ^PsIrl^HMi  ffa  HiH  JIslJHlfaslHi  ll*fr  Il 
W'£IU*-k  'M  : rtfT.  JTTrFTÎ  falrH  ^TFfwiïïTPTT^^HTH  I 
HTTT  TH^HfaHTTfTHTf  Hïiït  sïïTrTfTïT  T H^rTHïïTnff:  Il  *»  II 
MrH^MiyiH)]<?.lï|M:  HmiHyfalH-j'-WM  ^IHHIVJJ  : I 
H<£T  ris1*i4*^î^f*i'lr) : HTTrHHT  T^JJiTH  fHTTIfTT  II  Il 
JH TriHH H PlH HH lrH*s  : ÎTFft^HT  -HPH3TH  F=TFT:  P3PT  I 
HTsIrHHT-TTHTTHT  FTH  ! 17  ÎHtHTTfTH  jia  ^TT^HT  1 1 $ ? Il 
HWIcHHrl  : tsTJ  H 3^1  N?  : W.FfA  tRpr  I 

H T HHT  HrHMI  TT*5ŒpT  £.riu>fa  rTT7H«£H|T*fïp  Il  Èo  II 
M&«çi  farH  fajsT  HHTHH  y 5»  I ri  H IH^^mViHmH  : I 


95 


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96 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

FRTÊHT  fèrafrT  «^IcWlfH  ||8\  Il 

qi<HflîtlTynm  I 

?t  Plr>l<l  fàîR  Rg  <7ÏÏT  RWj  ^4^(111  Hsri%  Il  8^  Il 
rpJTFFT  sfÎFPR  ?«R  H^TJFT  -g  I 
UHl<di  sfifffyi  ÎRT  ^ sRlfïT:  *T$T  II  8*  Il 

^pts^twii  ^ g^rrrr  gqfô  fagWiïïRïï:  i 

ïïm;  il  88  n 

yH ul  slMrl  flHI^rl  i yîd  : I 

3^^ÏÏI^rTi  W-il  M6ril  ^yjrl|rjrpT:  Il  $H.  Il 


idli^^HIJlig  ggt;  y$l<Plig-4RH:  Il  8^  Il 
cfl^cl’IWH  : rp&n:  FRT:  FTsTR  RWf:  I 

TRTÇW3J7T  yfêlï:  FRRT^^Trfît  Il8ü|| 

SR  ^Pü  trfêlsfàiïtrT  «TPR  ggi^»TI®iï:  I 
U I^TTHR' hlMVJ^I UM$  c|R  ^7  5R%  Il  8k  II 
HTIfMfHfofr  *TR  HüiylàligVIITH'  I 
OsTTg^ft  H«£rll  Cl^itrl  : ^pHRRf  II  8$  Il 
STCJ  Rïïïï:  qi(WM>-IWIÎ<rf:  5Rt  I 
yi«Jrti  'LmT^T^HIHH : IIHoll 


qrfr  iyg^fUSTO  ffiRI  qffiR  I 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


ii  m cifàsjt  n 

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rTïïg  Ri^H  ^TïïT  olTliil  J'qn^rll  'î’f^IT  I 
HÏmiMMIMIM  'ti'Jrtii  Hl^ïl  rTfWTFT  II  ^ Il 
h <vf*ikH  i-t mnnR  wHïïî<^i(cii fa-w  ; i 
H«<wig41^r^P<Mitn  ijuuPw  n$u 
jfyyiMMrl:  H»r:  I 

îoU^ctr^yslkli^st)  *i«£)n  it/ji^(iii^r<i»^  n & il 
H Kl  I^TVlHM^HI  fsH  H4,d^R:  I 
FT5T  gflFFTrri  ^rlHiy^Rqfgfcf  II  H.  Il 
^lA^iiti^  y i n i ^ l 'j  V^i ly '<ij  i y^i  Mi^tii'i  i 

rfnr:  OTÇ  K^UTsTH  H K II 

Il  AIN  R ri  T^%  H^rrl 

EPRÎ  vwVrfwi  W *ÜPïPÏ!  Il  o II 
fëî  rTW  jrff*irtf  ?ît%  Tïjy  W I 
MH)  fàïïï:  hhI^Pt)  RnI  îy^j-sl  tii^U  II  c II 
•T^  rH^rl  rfl‘t)l  Hl'fcl'l/MMii.ril  'i’fy-  Ml'l^  I 
T^IT  Hcf^l  H=f  yirHlK  y «f^BT  $n=|:  Il  $ Il 


98 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


ÎTJ^TT  ^ *P?T:  Hl^^  l I 

4i4c<iTi^rjur^f|y(|e4^  : il  *o*| 
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LIVRE  QUATRIÈME. 


99 


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100  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  QUATRIÈME.  101 

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VimiHftHIrMrâ  *R  Il8î  II 

'Afifîn  ^ trar^TFr  ?wr^3T  i 
«W)RW  MüIlî^TlH^O^HIrt'H  IIH.0II 

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^l^rMI^MIHIH  (lyir^IrHHHdl^llH^  Il 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 
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HHÏcUiqfrlft:  H{y*H  CFsTF:  H H.H.II 

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Piîriwi  *31Î^cii4)«^i  ^nirt  u h.o  ii 

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PF^?T  ^Sf  |sfftî:  ^âHNH(lfit|  IIH.Ï  II 
^iDcl  R|5HMIHIjH~M  [^HlfacF  | 

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FHL  ¥Jej  fT^IHI  l#FF  I 

*Ffcr<^Urim  II  ko  II 

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3TFTFT  5Ppî  HUiFIHsl:  Il  Il 

±Jlr*n9  I 

HSF3T  JÎUj^fqyy  F^F^RFFFpdFÏÏT  I 
f^TT  U'ilMyfMlWimirH^I : II  ^ Il 

+1  Irïl^jflrlMI  'Jp^l^lrrllcftj  rT3F  FFÏT  Ç I 
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LIVRE  QUATRIEME. 


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Fr^r^faror  hhhmum  i 
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ifm  tstett  sfrfr  ^T^uiTTTTïïgPr:  1 
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l^trïï  PlFriR?l  : I 
^lîjjl^ÎMy  : FTT  3tR  li  ait 

FR  ^HRU^R  MR^HR^ITPr:  l 

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104  LE  BHAGÀVATA  PURANA. 


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U I '-t-H'-f  rlr^«wi^ini  ë|*T  I 

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37ffa  HiffirlMHHttm  ^4*41  ^rfo^THMI  I 


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• LIVRE  QUATRIÈME.  105 

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^%IT3^RII  TpIHH  ÎTrïï  3T£  : I 

STT  JyirHfà<l  HIHHJHIHW  Il  II 

^pjrngHT#  S$\  F WWT:  I 
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106  LE  BHAGAVATA  PURANA. 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


107 


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LE  BHÂGAVATA  PURAiVA. 


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^icj'Jfi^srifriT  h whhiihi Pi  ma  n 


qjFfi  TTSf  PlfiÜM  hh\hi  I 
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>Rrai^  ^r:  ulriH^n  5i^nT  ci^Xcriii  U n 
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«IrHI^IHl  J-ft  TFTFJ  rfN^TFT  {IW  I 
SRïïT  q?ïït  fr^TFI  HïT^FÎ  Il  \«  Il 
TOtTS^II  CTïï:  H jeft-M  n>UHI<IM  TO:  I 
f^t  Urfl-ft  aM^WMWUH-yHH  i II  II 


LIVRE  QUATRIÈME.  . 109 

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qil^Udl  f^f^TTrWftr^  Il  ^ Il 
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ri#q  i-i|HHHir^'^FRi  H'^rgi'i  i 

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R ^^11^(1  RTTRTR^HcIrHR:  I 
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SFjq^iq  >?£  R H ÇîfFT  frt  II  II 

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rr  htrrht  gq  fàqr:  ri  rjni-j  tri  i 

R RÎHIR^ÏI  jf?R  ^kT^VT  ll^o|| 

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LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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H^HtilrPifoiq  feÿiW  WHlW  I 
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112 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


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Hp^lHiiRÏÏT  fTHlrHrl-ei  TTRîT  OrflNÎ^  Il  K\  Il 
f^iliRI^NTHN  tHtR:  HRlPcfHn  ÏÏTT  Tsïfo  TTRT  I 
^feïïm^pn'iHy  ui  NT  T T T TTtfàR;  lifell 

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LIVRE  QUATRIÈME.  113 

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4^dl«£  ^ll-dldi  ddq|»^t=l^=tjM[ri:  I 
^■-n^lHIMIrdsIldi  fWJïj:  ïïfïï^ïïTÎ  ll<s*ll 
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114 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


Il  WI  ^«TR7:  Il 


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116 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

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JT^rftm  II  \H  II 


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Il  \*  II 


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^TÇ-^TT  ÎTrïï  rT3T  CR^trHT  I 

: IRoll 


LIVRE  QUATRIEME. 


117 


ü'ràfcWl «Miafoufï  II  Il 

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^ «f-iM'-lîflIVIll^l  *t»Vm41«fc  ! H ÏH  I 
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^ ■T'j'-iill  Tf  rT  ^n^TT  I 

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3 gfrfdMHIïl  SJTÎFiï  TFT  <jW^l  I 

a<(tfolHIWWr(5flH  37  WEUT:  qfàfrT;  ^Hllrl  ll^ll 
HiHi  q{)44(ri*ii  gRiHi'Ti  g^tFPîi  dl<4ïui  Hl4>  I 

sl41yfcj%l  HHcd^ïFflTT^:  ÎÏ^RÎrT  ■r^Hj|^>|H|  J(0*H  II  $o  II 
H<I>H  gg  Hc|liHM4  I 

-s41m  *T  «j&liMi  «iiPlgia  Sjj(4(fHrï  II  ^ Il 


118  LE  BHÀGAVATA  PURÀÇ.A. 


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gmqt  «rfq  smifrf  srrrft  W qïï^Rgft  n>*i  u 

{^JTTfrTt  HîT  ?t  I 

iâRvyj I H rlifrt  Fi^*1  II  ^Ml 

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HMWHIHIH  <*>iii*ï4ii*i^lri  *1*11:  ll^ûll 


qRT  ^m>l4l  ^ UîTFT^t  JJft  CRT;  I 
t4l4>l  ETF^ïT  fej!  II^Hl 

^HRRIFHK^  ^ I 

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qiT  HIH  f^fWPT  4<i*4  m^TR  I 


•T  qunn  qK  nm  HR5IT  on^si  fspt  ii  â\  n 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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TIFFTI  UTTFFTT  U TTFIiïJRTR  HH  Ff  I 
iR^FRlTRPTt  TUTU  Mlfri  H'l(*l  liée  II 
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fTFj^ur  ?rr^fenR  m > si  *-i  : i 

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5TT  «,i^rl{i!l  I 

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illi^l  «TFT  TW^TFtFTT  Tlîrl  y^î1»1 ; I 
îTRTî  Hi*i  f3RT  < 'l  FFTTRFT:  Il  H.^'11 
faftTrRlF  'IWÇWrPÏÏ  TTfFT  y(‘sH:  1 
%TÛ  TFT  RtPT  FpÎTR  HHÎÎTrr:  ll^ll 


120  LE  BHÀGAVATA  PL'RÀNA. 

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*T^  Wtt i<^  mlri  înmPTsTf^  Il  HH,  Il 

IJTcï  <+i4fj  HHW»!  <#itHlr-HI  cjfyrfi  I 


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îl^ït  aiî^^ïiiîrl  siyrui  slHrifrl  II  H®  H 

aïf^TïïfrT  ÏÏFÎt^ïï  ^RT  ORH  fefiRlr^l 

gnrq^TMi  çttr  a^wiH^^ià  u h,*  h 

EflRl5iNfr(  ÎH^'HlIHjÎHyfrl  I 

ïF^fW  ilIMMIMW^Ifff  ^MRrvrfff  II  H*  u 

Efifa^UÎlIrl  îiïn^rm  MJHlT'lHj'Wfa  I 
sïifàQsiyîrl  fïïîFlt  Fp?T%  mf^ll  II 

?n^rfif  dWIH^THM  <W^I  : 
+4*j^WH  «$M<rl|i  yP^R^MlvH  II  U II 
ferait  hRv^j4  i 

^îff^rqM:  ^JT?I5lïï7l^ari  W II  ^ II  - 

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TOîit  J-«nïï:  Il 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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tel^lM  ï1lMI*1rf^«yl  HiMJtiHrilrW*  II  Ô II* 
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^-TWfsirMliîr^y  <^4MJH  HH  II 
54ÎH4^y  {Hïï  %IT^fîI^X.gR  I 

^pïïf^irT  hm*+<h  ii  ^ n 

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rT^T  HM^uiiîiMui  T^r^Tst:  UflHty^*  I 
f^Tcff  q^lMfHWi  II  f II 


(22 


I.K  BHAGAVATA  PU  R A N A. 


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’T^IGT^TrîT  THTWH  WHsJH  ‘iWHV'J'WJ  II  \o  II 

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trMI'ilRrTr^n-:  HH%5I  ra?l:  Il  W II 

il  VH  kTH#r'R%  ’VÀ  IH’-I^MTkW:  I 

Hf«ÿG]|-HT^  HFP  Il  \*  Il 

rJTTT  -wirç,yHHH:  I 

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?FT:^rfenrr  «'FSffëHHT  i 

^r:  sprFT  7FTT:  HWW  TFT  I 

H r#Hf^  ÎTFT  ïj%<f  JT^prç:  Il  \Ù  II 

W H HTF%  RTrïT  HëTT  HT  MW^n  I 

J7(  rH  CTTtT:  HïT  •HlHIHl'i  '{MHr|  Il  \H  II 
r— - « r~- 

W>  t^Hri  HT  ^FFTT  *iîîifi  ■vjti'inIrA  I 

ht  ht^ft  bïïï  (iw-m  ht  hç  ii\ui 

jwæp  II  -IHIH  H sTM  WHMMI  WtlHTIH  I 
<JfTrT  Wr^TFrïïT  STïïFlt  HTTH  II  H 

HTF[  "ïHTH  1 1 slH : THHT^HT  Pg  iw^rli  *jfH  I 

HrH^l'HpIfltlIHl  VhïHJ  77H  HHÎ  IIUII 

HTFPFT  J:lrr'l|Ml  qNI  N^HHI  I 

ÔFPIT:  HTHmirf  IITHl 

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LEVRE  QUATRIÈME.  . 125 

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5TT?TT  *T  ^ Hrf  rrf^  H *i  *tItTL  Il  11 

*P  f^FTt  HMI^H  etr^qi'-ro  II 
FTfFFT  fl  5?^  m cfy'qfèf  ^ WJ  f.rl  U,  îrdMM  I 

NlrlH'+i  *#FT  f^T  HT^lHM^Çf'*n^fTJÏ  I 

q^T  ErHMfi  y^lq^HI  gsJïïft  ^pgriyt  II  VI  11 

rp%  CRTT7  "jhriîWil^qW  M i *jji'4i  «jEWI^  VI  I 

^Tlôlt  WFT  +!}H  I y y 1 1 H yfrî’q  I *P[1>Ï  rfl  *T  fPT  II  *A  II 

4 fri  «îfTHTîT^T  «i«?.i<^im  H l«?»H IMÎ  ^WIM'-Wi 

y-JüVT^T  qiîJril'-IHsaH  ^Fl 
qfjTlîi  «rOTT:  Il  * 


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124 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


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•il^  Il  rr^T  ÇjfsH  RVJ<î|i/|Mi*ih  I 

jtïFfr  7%  îwfr  u \ n . i» 

H ^MIHKl.'-H  JTsR  gçiTFlt  ffyHHÎ  I 
f.rrHMIMHi  rfrTTHWT^fVUIrli  imi 
rvmw--  Jg’WTf’TWR:  I 

q J7PFÎ  f^ïï  FTÎTR  : Il  ^ Il 


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rTFT?  '-fl  fl  H«iH  TT  Mrl^HlPppît  H si  TT  ^ HrJ  II  9 II 


^Mir-jH--!  «ifrlsFl^T  Rôf  cPT:  Il  4 II 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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3#m  UHfïWf  fV/^RWHFR  : I 
ÜIHHI<  TT%  ^ïï?ît  %:  mqrffFTrïï  II  U II 

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TRcflMW  STf^FT:  II  Il 


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FT  ^U^ll^l:  JTsFT-jt  S^T  I 

FR  Î^W^nsim^:  Il  \H  II 
FT  FÏÏTPT:  fflFÏ^t  H «MR  5FT  FRT:  I 
yfst'T^lMJsill  ëRft  H || 

ttOmh  l ïll  F^fNP-T  Ç'tilRI*-]  ^TjrfvRyT  I 
f^HT  T[î  sRRTrT:  FT^R^ôTRR:  Il  \o  II 
TT  ^ y '-Il  *T^PJ^  TOTrTJ  F^=I  '4 1 f5  : I 
i'-HIH  srjrH  îÎS*l^Tf?IrTt  'ilh'^'i  II  \ * Il 
5HFRT  jfijFTT  5Fiïf%F^f5Ffr^V  =l^î*lT-^rTl  I 
FT  Cl r^H^rl  Il  II 

frfÎRRRRt  Rfo  (cl'ijrfl  PRÎH  FTT  I 
R rp?ï  {IsItHi  ^ =Jrll<lr^^J%  II  II 


126 


I.E  B H AG  AV  ATA  PURANA. 


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fTFT  îTT^T  fà'JHH'JI'^l't  gT*T$  I 
wiMH^fa  ^Rrar  H'.iiaiN^rrr  *pi  il  ^ 11 
FFTT  N^HH'-tr^TT  4.*RT  îfSR’gt  I 
WjK'^Hl'Hirj  q%  •TTVTT  W TH  II  ^ H 
?7T>t  fTëFTRt  ^ÏÏT  ^TTfaïïT  Tf^T  I 

^TTRt  f^T:  HfFT  N'^JM  II  Il 
ilNHN^ri^FI  I 

M^V^II^'f^FFT  ?TïïT  ^ HU'-*W  II  ^ Il 

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f^rrr^i^r  it  h Th  h fnHHïïïfT  ii  n 


<WH«4*ÂïïT  FTRïï  Jît  II  ^ Il 

■ H l+I  ^M^PlÎHrl  I 


qrf^ïï^Fnf^nîn^cifiiw  nsHi 
u^ittt  'fit  *ft  «nfir  â ïr%  îrfiFn  i 
^nnRpTPîTF rtfl%  wft-HsI'âffiïï  H ih*} H* : lUoll 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


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rlilITfflTHFïït  W!  î^nfifW  I 

sïfîf:  trfew  g>i5t  cnfq?f  h3Fkïït  jfr  11  ô 11 

rTFTT  w,-fi4i*ii»iii|i*iH‘li*ii  TtîR:  I 
5^rfrçïf^TFTF7T*T  JJTârt  ^Fn^TFr  Il  H II 
h v? “-fl;  =hmnl  f^TOTr1^;  l 

Müf iiïFi  F^fr  5fRq  I 

’jlwgTVPTTfflriH  ïïlïït  ? ilH^i  II  a H 
STIr^llH  ^FW^rf  t|«lçHHU^ÎS|HI*ll 
i^-HN-HIHItlpfl  ?T  #m  HrUÎHfsWli  Ile  H 
'hHHpIn^'l  fiPn  ’ïïrTÏÏFTra’  I 
f^iRFHiTW^V-  yipRIiiSf  HIHt-M  II  * Il 


128 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 
îT^TctWll^'l'di  3irH5.^NHr(rli  | 

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wirat  ^îTsit  in?rr  nssrrp  Or^pfwrr:  i 
^ ?Tt qfr fmt arpj:  uni! 


fIFIT  ÏÏ^PTHFTT  PP^:  I 

: fJT^FÏÏ  sqïïTSPT  HT^T:  im  11 

ilWlMÎ  'tiIrl'ti'M'-ll  I 

^fr  Qs^UHHr<:  vfïcJrJCJH  ||  Il 

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ftifàHHMcii  q^3T^«SrP-n^;  I 
»T3R7fpfr  {Isl^-il  ^ ^ Il  \H  II 
Tf^T:  MdMHijjJ  ;TITOHIr)qi'I<iq  I 
^wfsTS'  q?i  R.N«ij^riî>r^^  imu 
Th  pgrtfrtr  i 

ffàî  felWT  i’-l Kdri  II  Il 

Hl'+ilrl | >lr|c||rl  d ''J  Midi  diA K'-J'il  I 


^[rl'vjri  4M  rJdil  1 


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^ ^ ^TÇTÏÏT  ÇïïîïT  ÏÏPT^T  I 

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£|sTN'-iÎm  Hlftsi  «jfàcl  njW-hftfrll  I 

4 ||ty  |q  d<Vj|rl  Il  !*o  || 


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LIVRE.  QUATRIÈME. 

=flrfcl%  ’TFT  Î17T  f>T5RR  II  Il 

^rTRpT  ^MMIHI^I'-I'drl  II  Il 
T^R7ïï^FfrrT  H IMMI-I  : ÇR  I 

STt’SRTt  îpRT^T:  Il  ^ Il 
’jO'  fà<$MÈ|J|rl  3T-|^l  JJîiîFT:  I 
’R  HH^i«i  gff  (Srufinfr  OfHTf  lïïTT  II  U 
R^JMIUI  : OTpt  n#r  «MH  IMH I I 
Hlî=l'^ri  rHniî^^:  FTWT  37:  Il  II 

rf  SRRTRT  J1  HH  HîïïTI  T I 

fCT7ft|%!  f%T;  FTRfr  FRim 

^T^RTTT  rRRT  RTT  -|V*-Hlri:  ÏÏHT:  I 

Vlï^rfl^^MIItf  Il  Il 

TO  *FRT  îjf^cpjcî  CR^rRÏ  I 
H»1tQ  IoI^-nVi  flsTM^R  %!RR  II  ^ Il 
A7M*Î  ôjVfalJM  %>ff ^Flïïyïï:  I 
JW  PiîsfrM  ^TsRIR  EÏÏÜ3T:  QÈ^  îIMI  II  î>?  U 

'■RÈR:  RT^ViRRI  Il  >0  II 


LE  B H ÀG  AV  AT\  P L'R  À N A. 

WWrïf'  îTTrgf^TT’pR  5{H5Flt  I 

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qRT  'T^VTHI  sîïïT  ^qfffirRsïï  *TR:  Il  ^ Il 
N*ls*4  rHMR!  5*TT  {Kim*l<rtMtïsT!  I 
ïnf^FTfq'j:  ÇFT  FF  RTR  pHRH  11^  Il 
i Jj'c*i*i *iW<H  ôtrî  i 

W^-WJïï  '-Il  U il  SI  î^lr^N  îsRFET  II  >8  II 
rT3T  ’RTêRT  'TFT  'TTîPTWT  oTTfRFiT  I 
q^prqq  wh WRHqyRRi  *pR  II  "JH  II 
#.^;nVM»frqqiH:  fjoqqURpïït^:  | 

--1-fHM:  MHiH^q.qV  m RRH : II**  Il 
iqTFrivRTrWFrîiiï  gpr-rm  mifyq  i 
q PT  i : % 2TT?t  î«,PTîlMrj  : ll*sll 

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LIVRE  QUATRIÈME. 
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MTRRT  qT^Tt>ftj  yv'.rM'ijliqdrTTrj  II  Il 
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152  . LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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•'  JJVRE  QUATRIÈME. 

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133 


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LE  BHApAVATA  PUBANA 


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'•Idl’-'li:  T3  f%mT  II  o || 

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SS  Slft  qMlfrl  MHRfe'fm^rT:  Il  r:  || 

*M»ÏI  HiitiWi  ïfTFTnrfir  rT3  fit":  i 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


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ÎTFTIÏÏ7  ôtl^Tft  'fâT  I 

RlrJ^hHül:  3fTfr^sÇ:  FfT:  Il  \î>  Il 

m^ti  tHcin  re  5TT?5  y^MtilsIri  I 
ftrJMM  -^c|t(H  M Ml«gTll.|(l£,slrlJI  Il 

îngff  feynqW^râ  rareni  rpru 

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^Frm^f  '-)*iitrii*Mi  *Iiîrï  <M1|H  ^ u ,\H  u 

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m*i  i ’TOT  fy  T»m  ri  rpm^t-  fe^ftfeT  3T  I 
m\  rwt^^irHi  n^yfirg^iq'H  mou 
mwiWM-.  fi^'rHJVÈUirrl:  I 


r ^Tgap^T  Il 


1*11 


Spftft  I 

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LE  BHÂGÀVÀTÀ  PÜRÂNA. 


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PPÏÏ  ÏÏÎTO  : I 

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5TFT  ’-^l'-W  1*1l«£plîri  't.H'jhrl  1 1 1 1 

M^Ir*<MHfc|slW  >Tïï^t  qj  îpfi  I 
rj^WJ  fà^ssH  3jmg  5*f7Ï:  Il  \K  II 

yuuHHWl  VT  H$l  Un,l.^rf  I 
VjFti  <£iW  «il  l^rl  cfT  Mïll'+iMlîlsIl'-H  1 1 ^<3  1 1 


J : ^'l^-tiM  îtDMt'-l  iVI  M H7!  :i>itaîlr4.<>.  1*^  ëTif 

ëhNrf  yii'i  &n fia  SîRWlWT^ftv  I 

^rt  M^rvrrfjyri  Myi4,4^nt  hst.  u ;>$  u 

^PTTTfTt  My l i{R : HM HMl  J|^>  I • 
N^Jrl  itfrz  «4UiHk^Hfcai  qTT  11^0  II 


11*1:11 


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LIVRE  QUATRIÈME.  157 

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Ft  FT  Fpqr  F^T:  Crf7TÎ5PÏÏ:  ll**U 
:*EFRrT:  UrlWti^  ! eri*TMi  I <+i*C  TÏ^T  I 
£Û  ^TfwttTFfT  E5TST  KT4  Il  *8  II 

ïTÏ  ^ifwn^  jfnr  HHÎrl'f  Piqrîri  I 
rFFTT  WH  fcc^rTl  I II  *H.  Il 

ijmrHHl  'f%TFT  qrft  Jriüfq^  i 

^trlM^d^l  >TWgT  qprqr  gft  II  H U 
3|Tg^  HîT^fFT  ^fa'Mtïï:  HMIÎ^fi:  I 
fTîft^t^r^Tïïï  5TR  ? ïRfwfFT  II  *<s  II 

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KJliqrl  : PiHq  Hd^TlU'l  ! Il  ^ H 

T3  Hm'SFÏÏ  {TrFÎ  FTmt  fqi»l<IVIMi:  1 
HlN^UII^H^qulàjUqdH:  II**  II* 

r:  M^rl:  W I 

' ittot:  ^fwi^îT  HjÿlrqÿMfjiHM^ri^Hl^U  II 

^rj^-Tÿfl  Flr’T  sfMtffta:  FW^frf:  I 

^ SETTH  ^TFfrTFpIt  II  Ü\  Il 


138  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

Esl'iqiTWH  : Hiyi4ïl«4K  ÎïI^ïfff  Hg:  I 

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^n^r:  ÎTîïïyHTT^miï:  II  Il 

Hriî^jfylHÏ  Bg:  I 

^7T  gTtfNlkH:  Il  Il 

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*l*V«*lfa  S^i7  'Sf^T  3Ç^tT7  I 

HsRft  *T  fgj:  q^  Il  Sh.  Il 
Mfqigil^lfH  ^MIHIrHHINH  : I 
PT  s^ifri  HW  rfff%  H qQÎHf^di  II  Il 
rTFngq>ï%  i 

HP^fë  fqi:  yNH^NH^HMy  U do  H 


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WWt  HW'liNfa  tlîT  * 

Figw^f  ^({Hiq  qg  HT  fèpûTT  FT'H ÎHtfqi  II Ôpll 
^VjHIHlrHI  I 

HfMk'jw  5RW  *ïïT:  %tft  *JU||(h$  Il  Ho  II 
H ^ ÎÙMn*i^irHi  HHt  H WMHU=lîq  I 

Il  HH  II 

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LIVRE  QUATRIÈME. 

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159 


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'àgflilWTfc  faM*W 

rT<f*î fH^r fvi rTH^m  m f£RIRRmH=l<ÎH  h4]^ ÎHH I f<slH H l74y- 

4ilrlN5Ît(R^JIt!I«  fà^T  <JWfï  Ç^RgRfrft 

rj^^i  ! füTIrTf  ^tT-*  nl^UI  mPi*ç  riPtAi*iir*il'H‘i<$) 

(ïïr  yÿHvfrnlfH  H M.Ô  II 

*T  gf  f^HR  gîRfèrRTrRff  foTSÇ  ^ ^TtJ%=fY  ^ I 

rftïïfH^  ^wuiri  fsrprgFftiT  imii 

^HsslHryqiWJWI:  * ÇTjfsff^  ||  ^ U 

'ffà'  g*^îrl  IR  HP*M=$rW:  Il  \<a  U 
cfi‘TlDNiy  *)ri  T*T  |q«$IM  rt  I 

îigïTRR' IT  Il  Ht  II 
^Irl  STT^î  ‘^Mrl  FR  FT3T  î£  I 
5R  ïïf^fàiqFt  CT^È  qftif  * IR, 171^  IIH?  I» 

R^S^RII  <+i4  ri^ciig-:!  FIF^'Hl*]  I 

«jUod<!4Mi^HI  frl^T  *RÈiï  IRïï  II  || 


18. 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 

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MM  Pi  HMMi  4'u^tiiq^Pifri  sjqF^I 

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^ yi^if.si  q#  mrMri  Pin^fttPr:  Il  ^ Il 

MR>R  I 

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rTTÇIiï  ^isrÎHÎ^H)  I 

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MpIMHAJ  M Hpl^rl:  Il  U U 

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H^'tiPrà  *RpT  MJi^^iMcilrfiKI  I 
HH^HHÏq<^v4MMIMH  II  K\  Il 
PRMMfFi  Ml# R 3^%  RqqïqH  I 

«fHIpHHJI  oo  || 
tmniqHPiqiHH:  I 

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LIVRE  QUATRIÈME. 


141 


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flrqrT'tof^rft  i 

Çfq  qrFFn  si  N i ^l^îVlMM  II  aè  U 
JFTt  ^«^l^qi^Tl  Iq'-jatrl  I 

irrNï  hïï  j: t#  gu#  qR^r  hHfri  ii<»mii 
mi  riüKirj^q  himmi^mmivt  q 1 
?#wpft  «ifr  nii^iiîiMffi  ?r:  ii  n 
qrsRpT  fq^rT  otitiy  ^ftnT  i 
*R  *T»fà»?r  ^timi  HôRTëR  II <so  II 
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Il  RJRfPjWt  RRR/TIKr  ^HMNlfri  T 

3^PT  ^r*jHWR  flRRÈf.  rTrft  JRR  II  co  || 
mgfiHcftgf  ?Tïïfq:  adiwfiR^iîf  i 
Rffeq  'j-HHiH'rl  qifqRPqq  II  cl  II 
rf^RTHR  qtft  Ull^si  | 

fqg^TTjfl  jgHtR  M3ÏÏT  HrURRTRTR  U es  ||  • 


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142  ' LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  QUATRIEME. 


143 


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m qr^r  m ruwivfafFR:  i 

tflWd  fiïfî'ST  q^qr  Oïïj:  qj  ^fFW  : Il  311 

R^fq  wq  II  UdHHl  Jfl^r  iq^l^Viq>l^ll:  I 
îIMMWH  riqHT  sMHrOqiH  H ^ Il 

^ vn%?r  üiwr  ^t  n ô 

qÏHqitil  *lf<M<f|q:  f^5T:  IIHII 

q^g^#|FTfH:  tJT^jWfblHI  i I ^~î^h ^7l Pf:  Il  $ Il 
qlqiMHI^^HtfirriH^H^I  çqîff^ïïT  q%rfi  4HMIHMUJ:  I 
^f^~SHFT:  Bcn^  gFTT^UMÿTFT  LlsT^4HI<^HMI  HMUIMHI4,:  l|o|| 

5Tl4i|yrij--nq  II  qj  ^nfhï  qj  qf  qq  q F|q5T*<Hl  : l 
jqr  tftqrfo  q:  ntn 
qt  ^^Hiijri  qqnqt  u^ih^kh  qj:  1 

RPT  rTOT  q^t  Il 


144 


LE  BHÀGAYATA  PURÀNA. 


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rrî  r 3mm  rmhW.mh  RmifR  n 44  n 

HbHi  N^jri  : JWÎ  simili  fl  JpT:  I 

r Miwrÿwïïr  forÎNTf  n 4*  11 

'Tïïfî:  ROTRRT  FF21T  RÏ^TT  R.MHHN-II  I 

ni  mrf^rsr  11 4^  11 

^jrrHiMiMi  *p  ^Tsïï  rir;  rtr^wt  1 

< l*Hf  n<HMIMI  fRfJT  R ÇRlNr|:  Il  4Ô  II 
OsTTTwf  m\\V.V  TRRT  RTR^fRRRT  I 

rr  =t)»<4i  c^rfr^T  rt  inr  11 4H 11 

LI’^-li-lHI/flHMi  Pïï  R:  gRRJRT  I 

‘fTÏÏT  ywlpfrlIMMI  II  4*  Il 
r^'iH^IMli  I 

H IM  H MTrRR  muim  =t  T^rrappj^T^MR  1 1 4®  1 1 
RR  RRIRRTfR*RT  MRïïT  R9iJJl!ll71R|:  I 
i'JRIHIül  R£TR  TRfëfcï  fMyMI'.H  : ||  \z  II 


HiMIMIHMIMHi  R R^RTR  JJ^T  RRT:  Il  4?  Il 
Rcdc^R  q?ITUI^Irlitÿ4c|ir<rR:  I 
R RRJFT  R SÎTRm  R RRT  RRT:  ll^oll 


LIVRE  QUATRIEME.  145 

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H <VRy IHH I îïrçPJtlFJ  JT^ÏÏ  fpplH  II  ^ Il 
3HHH3TR:  Il  RHtRH:  HflTTmiijHIM  HafaHl<I^UI|l«&MIM  | 
RHtHHl%ïïjftRHTH  H^WHljffJIHiy^'  RH:  Il  ^ Il 
5J1W  SPHTR  RH:  FTTRW  HRHiq'iaT  MrlR^MW  I 
HHT  sUIrHdlHHMI^y  il^lHHIMUJIJli^HI^IM  II  ^ Il 
RHt  îà^HHlM  ^fTHWH  I 
«CTH<b|IM  fPOTÏÏ  îm  H=IHNHi  II  *Ô  Il 
RH:  TJHrTRTHTR  RH:  ^ÎHFTHTfrHt  I 
RH:  TOTÏÏP  RHHT  =fiHH^UI  II  Il 
RH:  ^HrlÎ4i%lt«hîïlVI^IHHc4IH?i  I 

Rnt  J y R1  nrflnir  u 11 

m HHHHT  àffffiqfrlurôtW  I 

HTf^JFr  R:  fèfiTTHf  II  *0  tl 

^RTHH  f%  ftpjfîpfiou  qr+lr)  : I 

«rçgïHRH  ^rar  ^3impR  u ^ 11 

^RlHVÏÏ%^HTMi  ^miHTRHt^Hi  I 
SraRfrO  ^THTm  ^ RTftlH:  Il  **  II 

CTHRt  ; „^0„ 

RT  RTJTtH^  J'RTTT  RTH  RrT  TTH:  r-)(trj  I 
R ^IIHTHfè^rftRt  Ht  J'RH  ^fR  iftRH  II  Il 


146  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

'IW9I#  mtTTt  M * ffàTt  I 

11  ^ Il 

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rnsRïï»i«jTïTt  wrm  y%  u^n 
gritiiH  h^ri^  y tm  yrgyfà  i 
H*WfHÎ^HSW  R^fit  fogHifom  ■ n*8u 
vifSIH  WP7T  gwgWïï:  CTSPft  *7rT:  I 
FFÎf  ^ îffèîft  >7y  3T5FT  II  Vi  H 
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LIVRE  QUATRIÈME.  147 

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148 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


149 


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150  LE  BHÀGAVATA  PljRÀNA. 

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152 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 
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F^f T^TFt  «(îri*il-%i(iM  tftn I FTTÎT  Tr^T^!  Il  II 
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LIVRE  CINQUIÈME.  153 


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20 


154 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  CINQUIÈME.  155 

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156  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA, 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


157 


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TR-RRÏ  TRRf  HH^pRillHHI^rlIHglH^IHHINMIlH l<H<l»HR,j^7- 
R^trTf  l^  ^rlM/JclHIRR  H^|R-I^RHH^HR^R(RI{('RRi  ^RŸ 


158  LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


159 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


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162  LE  BHÂGAVATA  PÜRÀNA. 

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LIVRE  CINQUIEME. 


165 


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164  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

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UVRE  CINQUIÈME.  165 

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166 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 

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168  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  CINQUIEME. 


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170  LE  BHÀGAVATA  PLRÂNA. 

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LIVRE  CINQUIÈME. 


171 


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172  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  CINQUIÈME. 


173 


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LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  175 


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176 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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. LIVRE  CINQUIÈME. 


177 


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9ÏÏT^iT^:  gllriï^f  JR7Rt7T^<Mf  {MW(1  5T IVU 


23 


178 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 


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LIVRE  CINQUIEME.  179 

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23, 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


181 


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LIVRE  CINQUIÈME.  185 

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184 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  185 

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186  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  CINQUIÈME.  187 


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188 


LE  BHÂGAVATA  PIJRÂNA. 


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*T  mEFTFTr  JjTtWclT^t  fèfrT:  <TÎ3Wn  I 

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rlLHI'-H'fî  fr^pP^t  ST^T  M'HIMhimhi  CT^T^PT  H o II 
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*WT  Cti(lQl  ^(IciirfHïl»^ Pliai:  FPRTT Hslfrl  I 

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^T^nTFrgFRFTf  ^rlïï  ïïïïpfPI:  3HT  fwï  «fpHH:  I 


LIVRE  CINQUIÈME. 

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190 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


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^ 3^  ^ÈFTt  ►TH  {HT  HgH^rHpHT:  I 
HT{P-IH  HTHrT  ^pTTHt  Hlft  JHH  iî>riinf:  Il  1,8  II 
HT  HT  fHlrlHJi<5  ^.  J'ft'  HT  f!WHHTHHT  HT  sK$llH  I 
HÎT  sTHH'ÿ:l<H^T  HDI^HMI  jfHHHTfH  II 1H  II 
(TWWt  s H ^HTrl si I H I IH H^c|  pr^UIH)^:  I 

HITHraH:  mUl 


3iH  HHTWT  H^TÏÏT  qTTH^Ht  hR-HWI  HT'ltH^i 
TaHH^  H^|l)rf^HHH'o|l()  HH 
4,1'^n  JtHTH:  Il 


% 


192 


LE  BHAGAVATA  PURÀNA. 


il  m ramr.  n 


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mh^iHh  çFW  ÏÏW  îqrt^Wi  I 

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q^cf|^TjU|^d<à<  + Al^sÜHUH^q^f!  : I 

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mTHrff^1%lll IrH^feHHHH I îTCSrf  I 

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?T£S'q  farTlH  H frTÏÏVjFT  I 1 I 

ÏTqriM^HW  ipTf^rfî  HriNHWWWVTg#r  3if^î  1 1 H 1 1 
3îf^rfe#ïï!  prftrft  'S’PPÎTÎFr  NlH^ri  I 

ÜHI’iI  ?T5f  ÇfiRi^UiriHl  1-ild'rM  EF?  M’HsVIi'-j:  Il  ^ Il 

êfi  ^TNW^di;  fa^rçqynpr  WFT  I 

grf^ra  ïï^4%t  tôt®'-  II 15  II 

ïFFI  ëïï^FÎ  (1  I 

q^-  q^  J'ïq^r^f^Tlf^T:  ^tjPaRi:  sRlïï  II  c II 

afafaiOÜfr  ^îl^m^l  sHT  ïT^fFT  FffàftfàR  I 

5^;  FT  ïlH  HÎdrlMpW  Il  Ÿ II 


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LIVRE  CINQUIÈME.  193 

^îfïfr  FT  ^rF^fe^RTf^ffert  f^TFT:  I 

UÎHrl^-lHW!  HiWrfl  ^ Il  \o  || 

3lf^T  sflrlIdM^IH^IuMÎîMi  Sï^ftST  STT#  I 
^r^FPTt  fefWWIrill  VI  Il 

^TT  ÊTif^I  iftïïmFFg  FrfFFT  ül»^ md^ldfd«£ir<$H  : I 
‘liqr^M^I^UÎHHoM'RH : Miv=WçfèrT*IH  'fqiM  II  Il 
n-h^-imn  { igq^it  I 

Itilu^ÏÏi^l^f^tTsri  II  ^ Il 
rnFTT^^r^F  f^î  rR  FTW  sllrl  TÎTIJ^T  Hinf:  I 

«IdcÎH  J^TTjq-  F mTHFT:  W^lrl  *TFf  II  \Ô  II 
*FTl^Fft' 


^ g rTgwfcf  M?*-iFi<uii  lïïRfr  u n n 

SFisilîd  grnTT  I 

FP4%  =19^#$:  Il  H II 
rT=rf%rfr  EPïïf^ŒT'î  F \ Ndd  <ÜH{I«^ I 

rlfdlÎH^IHH  gpr^f^qr:  Il  \u  II 

5^5  t^gH^rFFft  yrcI-|M\tFl  fà^T:  F4=RFT  I 

CFfRI fi <TrFfcïrff  g«ç)ëTT  JTsWlfl  ïTrfWrl  : inc  II 
w\  nh^i  îrmç;  fw  d^iFrf^g  i 

îra^4y|ÏH^slMI  î^(5Trfl  OT^  iRT  J?ÏÏTfq-  Wt  II  \f  II 

is^l'b  rJH N ^nîFt  JFT  ^irl^rHd  '•  I 

WfêflHIcdl  ^M=WlRlfi  sUHl[flHI<N  FgTTFTmt  II  II 

u.  2à 


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J 94 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


h ti^'sn*î!iasT;firnr*wi  H$iwi  r:  tr^:  rhiuh:  n n n 

H^îtfcTWFT  HHMH1H  R iwfrjjHt  jq^fft  Il  Il 

RHt  Jfg  RR:  fàgwjt  RHÎ  ^RïHÎ  RH  HTRpR:  I 
R glI'^lTin  H»T  fuMMtg  jm  II  ^ Il 

gi£  3RTH  II  iV^yrl^HW  : R % 5I^rf%T:  Ph^HM  HT- 
FRHR'H  Nil'MMrl:  qggRIR:  RfW^fUf^H^Rw  J&ilÜl'H  RH^j- 
ÏÏTRfHHf^rTRTW  Rl^lfiWM  3[R  fa^ri^uiï^isuMl  M^juipHi  THH- 
HTTII^ll 

Hl^TinRrrPr  gHRRHHRHHFïïFmHH  RirH^fàyiwjiPifarii 
H <^lcHHfR  fHRHH  I ÇR  RR  RJM\iraRlp4HTg>nR:  Il  SH.  Il 
gïïtRTH  II  Rt  ^ RT  3^  R^f5RT  R^IRTRRR  rRRlfRi^R:  RH[t- 
ÏTÏÏT  RRRT  RTRRtWmiT  R ^NRRÏfaR.MI  RTfèHrrïRRRt  RTHRT- 

RR  rlR^rl^RJTM  RH^rfig^rRR  frlfowiftiH  II  ^ II 


?1R  'ifMUNrî  H^l^lïït  qi|H^Wi  Hf^VIlRi  ^IIH^li 
TSTHRE^  5CT^Hir^|lHRRT((l  RTR 
5W\u|)  ^RTR:  Il 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


195 


il  m ^aïl  n 


STf^rfïT  qfÎTCWTTiï  FTfFH7^  'fli'W-IÎHH 

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mn  ^iïn^Hmi  i î<h ; iTOTH^fîfi^- 


HMIMi  HHI^I>,oUi  JTrft  1 

H IM  I fa  fcRIiH-4  ÿH  frlM  |Ji«ftH  tI  IlTIM  V HHÏ 

qwrg  ^ qrri^H  qPir^FÏÏÏTR:  ^fïïTT  I1 1 1l 

rT'iiyi  (£{vG|W  M»T  lïïï^fa^Vwf^  'siÿ.'ÿtçsjfa^iri  I 
ïïrarrî  ^Hy^HNHH^uFi  m ^#r  wft  g 
ffrr  I 


q^flÏR  4HIK|HllfarllrHHl  WT  Hl’lw  FTOT  Il  ^ Il 

m ^ ^ % fereiT  <l(iqrt|i^MÎ  qrcïï  ^TÏÏIT  îfWjJIIMI  7^ 
jfa  ^T^TPT  fJF^R  37mW#  j^Hint  faw  <rq^- 

% Il  ^ Il 


35. 


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196 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


WRdif^'üjmr:  i 


LIVRE  CINQUIÈME.  197 


q-W'd  piW SjFft  fcTTjng  îft^RJHT^  FFT  sTMP^MHIUI  W-ÏT- 
srf?r  II77II 

: V«a*1  *1=41*1  Mril  'ffil 


tlUlUiHpIMlîrl  II  7}  Il 

*137  g M^'MNMI**!'  ^lr*iH  •ft’T'FffFT  I 

rT^T  f%  TCJrJ^Wsd^ïïTi  farp$W*p^T  FT  *IFg  II  7.8  II 

3!%FTO  Ip^  <M=IH  ÜmÏÏ*#  fffNi'lfÙHI  ^JIHIHI 

^JHf^^iHMpi^HiTdHI^HÎliyHHMHiy:  CPfPFT  ^ 
ftmHsûNFRnir  îttf#  u\Ui . 

wf^fi^^'TCrHrt  Früjfo  FMUH^TriHd  uih- 

gH^fFT  II  7»  Il 

ëîrRf^ I ^V-hV t H^TT fr l-M T n f ÎTH 1 ^ ^ H I M H HlRi^e^HH^Rfrl- 
tRT:  Flétri  II  7^  Il 

ShF'IS  J:FT%*T  <*iiMt*<iTt4=4Îÿ>»ii  *}«?H(1FiIf '•  MjijjHlM  sjitdlri 

il  U II 


FT  ^ ^ FT*T%  *=TTT:  SÿMlIflW  ^ 5ïït  FT- 

^ 51^  TWETf^:  II  7°  || 

^rf^rsîFn^yf  r*-i<  w «H  i 

MtïfUlH IUI  Wsl  Ml  ^4^  ^WpqTliFT  II  77  II 

4' K'.  FT 

Ft  ^Imi  Wlfa(*I=U  ÎW«£fi:  4rlr«vii^  Il  77  II 


LIVRE  CINQUIEME.  199 

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>HiTt  W dMJsIM:  Il  11 

Frai-fa  Mfisuin- 

T^>n  dPmfacf  fo^jrHJ^rafa:  imu 

îp^f  f Hl*t  WT  ■ tfa^i|qrttnl  e«cii- 

wr:||^ll 

gclH^d^lHÏ  FFTfw  fïïlt^RT^  H » H 

IH  {Hd>lf*fiM  RI  Ji^rPTT  CrfFTHWTT 

“ dirMI  ld'401  411  frf  ||  II 

ÉftNpH^I  edd^H.  ^ pEN^HMWIH  MrlüllÎM  SW  IT^fo 
Il  II 

9|UJ  IfH  I9R I M«£  R : I 

M i ^ Pi Tt •ff-l *i h! (d l'-Jdrl l<H  ^RriHIrTtriHWIrfï 

faf  sRTë^RFrRrT  II  H II 

çra  îyw^iîr^fd'^^ig^-Tt  ^fa  q^rwRm  far  s^fw- 
’Til^frT  ll^ttll 

ÇtiffH'^ïïHTpjH  RT^T#9fiwkrm  yp^faq^ï  qwg  Ç 

etNrlltrra  faffsM  sTTrT  sTlH^TRW  nfT^FT  I&d4*t 5+i%d 

*!llML  WH  ! Hlddfdrll  *tal^rirj  «fftllfa  UrT  Wï&l 

toi  y^y'iRs'J^  h ii 

mIju^iRi  RT  ê|T  Mîrjfrf^lfTT  3T9FTffff- 

ÿïï  OTfHIrH'R:  I 


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200  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

Rifrtsïfqsfi  ^ ^ pfe:  foi  g qj  <ft  yiMÎj  g 1 
ifrMIHd  *FTqi*TffT  frH^I^-ïï  qt  PqgFT  E^gqtitfHli  ll$?ll 

+.WHiH^rFvi  rirT  srrqg:  fw- 

tffr  clrfH'wl  wgqq  IWt^yqlVi IHÏ  jfni  ào  || 

Hr#^gqinqi%  i 

%Ji4hH«£  ^TîTTct»Tfnrf^T  *l«tir*l*i  ! I 

«fTt  Hpsi'M  J|^iH4n  : Il  8\  Il 
*Tt  : I 

sl^tÿNr  *Kri=i5Tt*isj|=nrlitfm:  Il  Ô5;  || 
qt  wPiÿiMiHi^mH  qrofr  îm  g^:  i 

h^'-ih  jP^ri  q^rtr  H*rat  jfqr  q^g;  iiô^u 

qsTPT  Hp>ig'IITM  qîïTW  ïïtwfiqtW  d^rfkl^W  I 

Hi^wiiim  PFT  i t ^TFFf  giFFTiq-  q:  tTg^Fs^tf  II  Ô8  II 
3^"  >|nNntiHlîslrliq^irHjm^*Pun  ^lsi*f»Rri^iig«lRfi  Fqtfqq- 
HHIM'vJ  qvq  qTTFT  H^XlM^q  ^ *t=tr 

^diiRiq  îttpft  %iiViih  *t  qrrqp  ^f?r  11  ôm,  ii 


ijw  sfRïïïïtn  *i«$i^iul  qTpr^WT  tqqiÎHchli 

Htrf^TPgiH  dl^lUU^ilUIH'c||<0  «TR 

qgX’jft  Janq:  n 


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LrVRE  CINQUIEME. 


201 


ii  m -sutra:  n 

" !§> 

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TTTfe^T  ’TRïïfr  ST^HiaiHÎ  t^FTT  ÏWÎT- 

rP7T  ITrftqFÏÏ  =Ik%  ^irrq îq^fri  II  \ Il 

ç^rtlfslai*i  ÇWt  ^H^rïJI  ^ Il 

»4üJlfJtfl  HtiH'-H  fpT  Hÿï  ( rlHl  fJcTSFTT- 

TT  IPTt^  STdlrl;  ||  ^ Il 

^ Mlr*lfq*UIMI^JIM  F^PT  HSJ^  I I 

frjHIHsIigHHIetdPwiHi  II  £ II 

: utni41  CTFTRîfèlWHM 

^TsT  «n?flfèij(fcWt  TFft  ^ ^NUIWWIîlrh  *F$r*ri  sliï  »T*H|fr|- 

JWfîPÏt  (IsiFfu^  i^  ’Heu  ^îii'in  iHMU^Nril  N^riîfil^rdNMI 

• N 

JJ«^lrl*iaH  ®h<*(lr*t5|iïlî^<TUîim*1  M^I'J^MrlI  ÎÏÏTT:  114,11 

ÎT  % Fmiïï  HdNHHH'lN  qwlHH IH^WH l«ÿ{| I- 

f^n  *r  »rxr=rfFr  T^ranr  ^mrr  h-JihwivJh’^  h^h^iIh 

g«»id'^'rfWIHHT  TO  f<=mgM'H^HWgl^lrHI^>mt  jfô  f^Tf- 
MHFT  Il  k Il 


II 


202 


LE  B H ÀG  AV  AT  A PL'KÂNA. 

rTWHT  ITM  : TltRÎJ’l  ^{11^  7TJITOFT  I 
îTT  ^TT:  37:  CnFRTFT  ^HM*-(s^iiM*ll*fl  ^T^Î^TJftnT  I 
tîWîi:  HriFT3TÎ  Jïqt  JÎW^TFft  II  » Il 

,JH*WN'eM  TPTT  *J3T  Hrfl:  tirMiiunl  ^r+t'^T:  wî}  là ; I 
WJ  ÎTïïFiï  Iî%  yjriVR'l  W^llànl  JJMMr^ffr*T:  lie  II 
«T  3FT  TiHI'J  ^^MsjVfSII  "TFr  *VJ\-  I 
McMharll  JT4  3*fnT  feniT  ^ifül^l  TOTW  rJ7rJJ  II  f II 

'Ternir  wiNRvürfflrr  jftth  i 

PfiM  i i i h h rf  h ^ mo  h 

>l^1ilTqRK\rFT  ^ W rf,;'l  WW I O -illl H I H U d I r{  I 
îfrÎFrFPiï:  H^^ysTw  ; gfiT:  PWJ  UlPw'H««FT  im  II 
JNliN-Ni  P-Hfy  : ffilklV^y^-FT  1%  9PT:  :3PF[:  • TW~ 

JWnïVl  H¥17îTFr?  Il  1*  II 

W W^TMf  MflRHVl^r^'FTrTt  N-fHI^R^H  rTFÏÏrT  *17- 
ÏÏRt  'T-^IHM-JH-TT:  *p=FTTTT  ^driHnl  WM  Ni  3snH 

*F*ÎT:  HRT'Tt  WHWHHI  ?!qii|Wi  ôr^rafrT?  FTTsT: 

fàTrFI  yirilîtry^ÿ  'BT  Nr^rNl  fe?T  sTïïT  II  ^ Il 

rjniM  STFïï:  I yWîIri  ^ïIHm  î^Hîl«f‘iià^;  I 
%WifT%rWf  '-hlr'Tl  *j< J|0(  <J7JT  II  l8  II 

4 îrl  =4TMnMH  *i'?.l'^|Ô|  Wh™ 

thwjm  ili'^fNiiivjdfjrR  ïtft 
TïRïTT  JVXFJi  II 


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LIVRE  .CINQUIÈME.  •’  2üS 

ii  m «îtssrr  ram:  h 

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jlîil'-IN  ||  HHUiHWIHNMNI  MNÎlforilMyM  77 

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OTf  îlWdrl^^iinr^M  : qïTR:  RTT  T»F77  aT^H  I 77 
THWT:  H'Iil'-l famfa'Wyi-rJM I 7777  FFÏ  7Î77:  I 7fÙ7H<7H- 
q?T  qTTTTHnWIrm  rô  famîIWIR  imi 

HJiqril  Jjnrqq  FSJTffT  vl7|!>lrï  H*-Î!  ^J*jll|  ^FT  Ppçqqq  il ir*i- 

T'IlfrlH  77  7 $177  777T7  7T*#7T#  fHHHI^4U7-j  77  $7ÿl  -*£- 
||  > || 

117%  q^TïT  qwfr  qwujürisrqq:  wr  qqqr 
tttt  Tnwr^qqr  fTTp-TT’jTrPi  ^pfT77rî7- 

77  qiqi7MIHH>H'l|rn  «lUsUIHIIH:  Il  â || 

TT  TT  77  <fl7:  ^ --I H 7 "-L  H H 7»  I STR7  H ITT  H^HMlîHNSIIH: 
qqôfrprr  ttt  T’Tij'Tq  n m ii 

tttft  7^  ^rfïïnr  h --im |shh^ im ih fa:  rçfa- 

amnÊrirafêt  n k\\ 

YÙ  qw  <rH77  HHI«W}cjtf 7*7  777T77ÏÏ77:  777:  TÏT*»?: 

foHfaffysfl  ^ffgiMiqq^i^:  Ttàfarçfr  $77177*77*7 

^r^lrq'^^q'l'Hq r^riq'l  «jfaMIiSIHNftfl  777717^*71  TFT?:  I|b|| 

. 26. 


qjqFmfa  qfîNpfr- 

fïïT  HWTfcreifa  yr^rf%  u \ü  ii 

"^«iiçrwiPi  *miH  h-^h  3fëjra=fï  ^4hN<RiPi 

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WTprfT^CT:  H^HH'IH^WWWI  S^JM^ÎîfPWR- 
HlffHFTi  forT  Il  U Il 


LIVRE  CINQUIEME. 


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m^Tt  %ft:  ^rfïïkTÏÏT  ^ 


■^iïT^m  TfFT  sqfïïT:  Il  II 


206  LE  BHÀGAVATA  PI  RÀNA 

h Lq'-Î'iuq ü iMrîl  fonpr  ggrjft 

'î^rTi  1 

7~wii  ”1  'Wdlk  M 1 4l  < M H | >A,  H I H A.  j cflTi  U H- 

r^^wyir^î  ’-irifHrii  jfirfrewtmaPH  ^m-iEin:i»ci 

ÏT7î#fa  WT  AflrHMl»î*fclrT  VlfMl  q^ÎH*4HMkHHI^l  *1- 
^llri^Mt  ck'fa  ||  rj  II 

'TFFJ  Titrfr  ^W-llkfRRSWi  ^iRsT  m\TÎ  rj/mkH  gff 

U ïr->  Il 

i ih  srwrwT 

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TfTSft  'fSTO'  Il 


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LIVRE  CINQUIEME. 


•207 


ii  ■sHira:  n 


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I<Iÿ- «rUéJ'pl  î^nvflUi^v:  1^  N^WI'R  : îri^T  ITT  ÏT- 

n<  nr^sINHïIH  FMrURMHdU^IMH  I 

r-l«1’rtîiM  i<=Tl  ^frrSRFnr  1 1 \ 1 1 

HÎà^pi4Hlÿ‘:  I ^TST  ^ 3FF3T  e|l|old  ^rTFFTT^'i  4JM4UKWI 
■rHr^H<cH  h<  m m ing^-Hgrf  vihi  rrr^rr^r^fl- 

ÎPT  V5  î^vjHHmQt'pi 

i\ MH  W^W^I ifà^IsHH MriHyH^i-+H'Ei  TPTTTT’ÏÏ 

ÎWfHI  fàwf?f  II  * Il 

?Trr:  fiWMHrti*iwPrgfr37i  ^ ? vm  wiffkî 
Hïï#  Ml4ÏMfH  emp%  HH  M.MÏHH WHHÏ-J MH  M lüflrHHH- 

îft  gîPhH5inm  7^  HH'ÿ.HHTOlfr  sRI^K^r-r!  Il  $ II 

rlrft 

Ml^tl'X  Sf^-Ff^T  Pr-Hpl  II  â || 

rT3T  pFtFTFÏÏ  ^gf*l*il^N«igf^a|*ll*lHI»^nl 
H^IFIHWiilM  IIH  II 


hIh  W*t*1,V  ^>Td?r  I 


208 


LE  BHÀGAVATA  PlïRÀNA. 

g Rfiiu  pi wfeft  w-  awmt 

irwFiï^rg^fg  ^RTrfpr  h?jw  wf  errait  ^rç^^'HPrafàf- 

ufru  Mi  . 

uatvir  ftfsT  rçîprîïi  qfeiH  non 

HZ!  ^tffTrjî  H^RumI  ÎHqîrlrfl  Rtt| IKU'fcl  <3<  H ÎH^-IM 

SiJJëfrT  : SJ^T^IFF^^nHtrlfRH  JITTpîRT  f|fST  FT^TÏÏlfa'T- 
WÎINVlfH  II  t:  || 

H^NlH'-h^Kl'  ^'rairPT  riVflH^I&âffir  RiÎ^AI^H^  |*7f- 
Al  feflfA  MH*  ^HHI^’^fTT  rj^ft  4IHHW  ^pf  <RuilWi  TTm 
rt=J'1slTlîs<*lPlwNyjtrl  I 

qFTT  ^MIM  'TïïFÇfT:  ÿFT:  q^-  'f«*lv^isi<jMi<{l*ii  4>~l  *7 

Irfafafff  II  Ml 

^ WZT  TOÎ  WJ  TT^î  M^ilçRlîîiîîçrt*  : IllrPl: 

Il \o  || 

FTSTfa  WJ  4,#H^H*4r*W  ^Tfw  HINimi  quwllq- 

>ÎUifMkiifH  Mtaïfa  f^mrfa  «rrf^rrf%  u n n 

^ 'jfrq I llfH^Tj^qPjcf'Jmii  ^3rc^TRT  HUIlUdUIUlHi  SfïIH- 
TTlt  3lrH'GI*lH ! 4iMl  t|<lH  II  Il  / 

O 

WZ  ^^oUfriq:  H'i  [il | vrr>ft, Rf f^^TTTT : 

4,qiHp-F,HHMNqi  Fp^Hl^^/^HHlftAÎqPl^qvJ^MR^Rl^'tiH 


LIVRE  CINQUIÈME.  209 

3%  WTPI^IMnil  : q^mri  FT<HM^.1M1^- 


3 ^iicu*iîT^  ^ft  i 

^ N<’l  HÎ^.lPl  VnMfHrHrlH:  I 

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Hclt-fhiy  : ^Ï:i|U|I^\h«^ cl^yiMHl  HWH'm 

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HWÎHçïï  ^TTf^rRT^FT  HôTET^T  3T  H^TTWffW  II  Ull 
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^fWTFT  fèriïïsRIWT  BrHN^lH  qr^^q:  I 
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210 


I,E  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


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LIVRE  CINQUIEME. 


211 


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212  LE  BHAGAVATA  PURÂ!ÿA. 

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^ff^rJTiïT  J^TTIÏÏ  W HWIffRi 


HlJirilHyÎHtîï  II  \8  II 
1 rt^Tf:  CTsTFr- 


Tt  RWTT  «m:  HdHGm  T%- 


RTrTFT  IIWI 


LIVRE  CINQUIÈME.  213 

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^ ^KlfVfrT  II  \»  II 

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f^TT  çHWII  ^ft%W  PTrfr  rft%  m<1*mil«1rl  J‘:7T  I 
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FT^r  jlHlî'-HrlHl^Hril  jf^HT  MiUÜTM  HWpUrPilrl  II  Il 
HVW4  ^IH^W^ItI  SljfTC  pfeïïfaïï:  I 
3H  Hdr'4l<M^IM UIH/T  *Tt  QrTT  jf^rT  II  ^ Il 

?T  3 MHIW^rl  Sflfvi  ciP^rl  ^F^sl  ?I?î  ç»^lPj|  tlldrli  I 
f^>Tfèf  qT  rTFT  ^fw(  R1W  ^ feffifFT  II  ^ Il 

p*?T  Tf  >m^T:  fwtf  ^ÏÏFPTWÏÏ^  rU'iyp'IHI  *Rt:  vw< 
M^fÿfri  I 

IT  y^RfarPl  H«^n I TTi<l^(rl  II  ^8 1| 

ïrt  i Rïït  >T7ra?r  ^igiHHiM  grare  mmiMlstâ  ^ftïït 

H^iMrtMlM  ^PT  ^frT  II  VP  Il 


1 


214  LE  BHÀGAVATA  PU  R AN  A. 


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Rpj  R RflfJR  RTITJ  R^T  II  7»  Il 

RRFT  'jJIMIüPl  sfaRlM H ïft) üf I ÎMHIHI4 fatf I^RT  fRfà  I 
RRT  RF?TF  RRR  J! T RÏîIRT  FTFt  sUM4IUIJ|UllrHR  RR  $1r  II  Il 

n^TWi  m HTFTHMcwfri  f4rg  Pfcmr:  i rrt  HÎrURHHi 
r^ï  : fT7?pnnTf^ïïfH^W7^1rr  R^rf^FT  RFjïwfR 

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RW  RRT  R’RÏÏI  RRT  ^ RRt  RRT  Jcj^lHI'-l  HRfH  II  ^0  II 
M^4Hr|  PlsIR  WR 1 FThM^cTIR  R$TTfft'rT  I 
RWTT  R MIRIMIR'RWHMHIH  RTR  HHH  ll>\  Il 

ïïÿWîï  R^Tt  <yîïlMrf^R*i  I 

W fèrfR:  UrHH<il44«^drM WR  ÇRT:  Il  ^ Il 

M pH^I HWJ 4 P^WRIRiRTf  rP  R^TIR:  RifeRHR  I 

mm  rrt  rnr^ir*#w  rA  rr:  HiwifH^Mw  ft  ^r  n & n 
StT^J  R RRRTRRdffiR:  frlR^lR  RTRT  I 
FT  ^ R^  ^H|H^tWwfo4pMir-WMÎH  I ?RT  R 

4yMIR4HR4HIRrfRPl  II  >S  II 


RW  RR:  R>4lfoftW  pHjRW  RRFT  II  II 


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LIVRE  CINQUIEME. 


215 


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rH^JUi^rJ!  aflzfâfcfrr:  mifrnfrH  Fi  fcqfaïïT  ll^?  Il 


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treq^R^r  pqr^rcjufri  sn»r 
4IWIs>rt  JyiïïT:  Il 


1 


216 


LE  BHAGAVATA  PL’RANA. 


il^sMlHRaJl  -sers:  il 


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îf*t  f^ht  ^ #nt  *r  fFFn^i?TFfm%g:  i * 

rFtfej^FrfT'  'TT  fFTfàïïF9Wrrr  H l5i  3TFT  '^t^*i»iU4sT:  Il  <a  II 

Ijfl  ^ÏÏTFT  clW^l  «Tf  : TT^TFHT  *1:  y=hrl$iyn*i  I 

HÉlrT  {PT  H^sH^fri  ^ ET  £r\{ HH«-i  +|STHI-t î^fàfW  II  C II 


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217 


LJVHE  CINQUIÈME. 

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FTTT  vf^Rî- 

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Hlt^u'iiJllRT  HNÙfV-l^v'^HMM:  <TRR^4RRÎ- 

Tïïrfjr  i ;«. 

^ ^TH'JJilIlPl  II  \o  || 

I *l4i  HJl^r)  «M»i<i9jitHIMlM|HHIr^lM  *R?  fStrl IM 
=fiF^M*TïïT  %llrHI^IHIN4HM  ^UTT  *R 

^FT  I ÏÏTïïïïT^t  H N Il 

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M^ri'tiiri  afô  PljJBl'  *Rt  HfW I^Xiril îsdirli Mtr}c|( : Il  1$  Il 
Fé=r.  i *j  Fh 4i «+.  IH H w4 i : q?fGf  SRt|  I 

fflfrf  fa?TR  fSF.'H  -^  | H-l  mi  H R qëf:  SR  ^R^RR  II  \8  II 

?IW:  5Rt .5f  f^ü^lRfrli  ^TRlMMI^HHHR'-J'Wtl  I 

iRta^qr.  |UH„ 

*11^  sjf  fl^'^rli:  cJ^R:  | 

*RRt  ÎOT:  fj^Ts  ^ttrRTiFTWt^fît- 

sfrte  *terr  mftmff  ter:  ÿte^rfîTff: 

qiT^MiWl  jfteft  ifRngw  ^?r- 

"•  . ' 38  .^pjf-  • 


218  LE  BIIÀGAVATA  PURÂNA. 

^Tlrt  * 4iRÎi||^l^lrl  îfïïTFT^iïT;  üMhtP-o  PlrP^SfflF^T  *771 

•i'ii-y  HrWAiIrll  : II  \ ^ Il  % 

fiiwirïï  m^U\  tHHH!  '^twi  5fn%rt  wr  m- 
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FTPTT  ^FnPrTT  ÏÏT^Jp^:  üfk'l^l  *TfT  *f«£M<(i  ^ÇFT- 

f^ÇrPTT  ^ïTRîRft  EP^TpR*TÎ  FIJPôFTÎ  t,rÀ<*ri  I jINHI 

^.FWfl  'A'ri'lri I FTÏÏSpfr  FJMiHI  *1^S>1  farlWÏ 

mm\  fewr  h^r'^jî  uvui 

ïrfF*#ï  srf  ^ÿtVsWpp:  ^^FTli^Hf^Sw  FSTFT^T 
Win  K«jHi*jyHi^.i'iH4i  rm  ïng^nïïFFrr  p^it 

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'TTïïT  II  \?  Il 

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J H H H ÎHrH  wfUHVt  nfl  qRmfHRR^rcf^jmN^-FT- 

I 

îI^T  W7T  Ï4i*Hiî(  5TÎH*T  UHtf  F^T  I 

MsÎH  <rl^T  «H  HTJTnÜnr  F^T  % »T:  Il  Il 


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^■llÿT'i'  W klïlMIri  qvpfeïïl  ?ni!T{jq  I W U rl^i!  I 


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LIVRE  CINQUIÈME.  219 

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CTÏÏTT  ^ïïîfH  q-  3T  sra^t  stMWIk^I'LHiqH'Frt  I 
q%  ^ =fft  ^?iï  PT  qTFFT  ^RH  Il  VUI 

**T:  ?T5m  c|p£Ï%  HNiyjl  •t.WÎHVrtÎH'i  : I 

^ilHptylÿ.rï)  gïT  Jj&lfrT  Tuf:  HJNHrfêmi  5PJ:  ll^ll 
UIPT  !<S|cMfêfclHÎïfrîl  q^  gq^frlT  q?T:  I 

È3ÏÏ  fwr  H^HTHfq-^lfq^TfWR  Plïim^Ttrli?  IÛ&II 

H'Ilsl'iK  **jlr|HssiH  ?T:  WI^T  «£Î}*-t^slHi  9T  rtHlfrf  II  II 

^ rt  ^ QitrTf  N II 

FIîOTT  iINrfHl  ^lll^t  HWf^r(H|:  qTSIsPï: 

fn^nl  H^W  II  || 


^frT  *iiï*iw=<rl  Ûi  ^Epi^PÏÏ  tff^rthi  ^TTfïï^IT 

^tsrmft 'i-anïï:  u 


28. 


220 


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LE  BHÀGAVATA  EURÀNA. 

ii  m ■skjïïi:  ii 

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II  \ Il 


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«ctun^iPl  rTrTt  feipîTPRTI^T  M^liW'i  crf^ïïït  f^TT  crf^T 
e|l«^fhcw*t  I d^U*n«n  OTTISn^ift  f^TFRT  ilrSIril  qyifïl^- 
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FTPTnwf?T:  (ilMçIrllrHsl  ^>ifïl^  : 3TtT  Hïï  SPjftftFT  MMs<4 

fWWm  ïTT^FM  mil 

fipt  MMMH  Fpït  STTrt  ^HH^HHMMÎHÎrl  iFIlfïïT  fïrçqi  R^TST 
Hlqlfawim:  Il  ^ Il 

nPii'V.'i  mzp  ^Ml  ^îfWTî^grrofr  hwh 

îfr^Hi  ^ïïtt  hhuii^hI  HifaMi  gcwïïïï  3ïïpt{t  npreffi 

srarnfr  arafn  fnppjyï  fa^lynHXafHUsHHi:  ç^ifeit  srar  flnnïïT 

HïT^rT  ^TFïït  fJJPTTFTFT  Mslri  II  8 H 

U*!  H fwî  1$  «Tf^Hr^Fïïfer  el^un  J,HrTFl  ^ *pft¥  ?J$TI- 
rHrHHIH^ffïï  II  H.  Il 


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LIVRE  CINQUIÈME.  221 

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^ h^ihW^i  fàî^faîîfàui  ôihh  ii  Vu 

ST5T:  m\  fWT  5tff  m ÜII^Hl  fèrpïT- 

1WH:  HMH  H gfl<M^rl  : II  «Il 

fT3  ^ 5f  i;|ir*iç*1 1 ÎT'rTPTFTT  MmU  cIH  1+tH  PurW*Hÿ4<M(=(rl" 
qrTBf{T1FI  UTT  aiq^fR  5TrT?3W  II  s II 

fa^Tfrqm  q*!^: 

fïïT  crfrfîlT  5JJîIslr^g^fa*T  h1h«-)hx  {iTORT  ^g=pX 
WSIIrlHH  II  ^ Il 

^3  srcra  VmiWsOHI:  F^TT:  ÎITHVJ#!  cUH<=l:  <p^: 

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^ îîl*ltal<rfi  fsFTt  ^ r-È fri  II  ^o  || 

fr^Xy^TI  : %jriv^  cflXy 1 itNhfhih 

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OïïT^IT^^mT^:  tmil 

gm^r  q*rr  3^:  fm&itfl 

qfcq^$ü|HHi Wffij  WUMifl  ^Tf:  WWWflfcMI 

f^rt  fsrçrswfà  11  11 


U'CHmfa:  ^çim  {mq  r^ÈCqtff I FTTT^T:  Çcpj^Wft 

’WPHJf  f^Ts^r  f^TT  FTT  ^TïïTOT  IÙ#  II 


222  LE  BÜÀGAVATA  PURÀNA. 

3#*fT  dènrr  ^ u n n 

m foaji1  «rjg^rr  EhE^t  h|hn«-<u'^i'4t  ^h^ti  q^rêH 

qTWT  r7ïïtpî:  j.ülXriRH  : >UTW  ÎÏÏFT- 

si^^rïfàrijr  c»i4«^iirj'i  msW  ii  11 

rjm  i^tTr:  HHisîiH3r<t  «ffo  «mw,  I 
\d(IHi  rç?R  Md  Pi  II  II 

fWT  ciî^:  ÎStlTSTTf  fejRT!  FëFTFi'T  Trftffêd  M if  H : I 
ôpfî  WT  JülXioi  ^rîl^r  I MlHd  srrat  MH  mXh^isÎI  SI^FÏÏ- 
hÎm^H+i  ÏTTCtT  II  II 

îff  Jfît  J]4U«f,y  ÎHr|Hf¥t  ^ fô  d^^fïï'’W4r  HTT- 

3rlî  c|MIMIp|-i]TTt  fT*TOt  Tfl  II  U Il 

rrfPT^’^Fft  sjrTfït  dlHfP-lïïîrT:  d^Ximi  ÏÏTT 


FPJ  J^TRg  ATT  F3PT  >PWFï HW  : 0^* 

^^uiiMVW  ^irM^rrw  'fï'uji niij  II  *o  || 

ïrpft«T^t*tETJW:  fim  ijrfïïtft  rllfi^wr  dWlfa  fçfrT  ïïfT- 
qWgHIWTi  : HTT  Hd4J lî*l WJTrfl  : Spêfft  ^i^FÜ  HtsR 

iM^X’IÜ  : MMrjl'TT  4 Jri  II  II 

wiïîffNiXïïT  rfoferfi  itrarfi  qrïXwTr  spifa 
qr=ldH^HqM^^]^^MX^^rc|lll^N'4>Min  3%FT1  VTXfrïï  j^FTOT 
Il  ^ Il 

%FT:  q^XlJî:  PT  'pTrftfefo:  I 


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LIVRE  CINQUIÈME.  323 


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H IM i*l  : HHRH  H ^NHuil-îH  Irl  : I MUHHT^  5.114»  1 *ii*l  H^Uh^,  : 

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ffiHT  ^Vfl<lfil{H~)  HôTH  HH  HHH  I 

^HTH  3^5J^tHFP??r:  5TH^H’:  H^HHTHT ^HHTHTt  H^THH  çfH 


Il  ^ Il 

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yiïïIPHHfy’-JrljsIHHH ; HTHHHTTHHT  Hsf%  il  *t:  || 

TTHi  wMHU  ^Hlp<  HT  îy*(r'Ilr*lWifJpT!  I 

HIWÎ  Hig  HT  HS5T  II  II 


ÇTHHH  ?[TÙHI!il<lfi,HTrT‘.  y^&lUMdi  fefDTOTH:  HHHH  3H- 
4>frMrt  '•  HHT^H  THT|!^F)H  H^ïï  Hf^T^rïtnfTHH  sHHT- 

H^T^nFHHHiHHTTHT^HT^H  HHHH!  HJHHnHHFTTHnHH  MÎ|r+dV-i'i 
HÿlUH’5r  HIHHTHJHÏHH,  ÇHIHl4lHfT{NlHM>iuVl^Mr|<IHHl  jgH- 
HIHH^HTHTHT  HH  g HH  faq  f^[  HHTÎ^  g^rfüT  H)4UIHlHlfa- 


22  4.  LE  B H ÂG  AV  AT  A PURÀNA. 

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rl^qWIWÎWÎrli  l&Xmt  cLiFh^H’I  wftrlWIrHsîl  PTORFTIfT- 
cl^rll  f^ÿT  *T  Rïï  ^TIFT  II  >1  II 

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rïïT:  4 ^ri i Ci) tt Ml ctH H I 4H1  nl'-t, IHI^m'I^ti^ l^i  qfïrT  3tT- 
fifïïi  II  II 

MNHHHItgV^U^TT  FTTHTrft  <*,l^^l<ufHrflqHI  T^Tt 

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?T  trH=riHMi'H  qf^rl  IWVui  Wl^tH  MMirj  Hdl-fMi  ^wcofitiii 
^FfHimnqi  îptthtT  ^NlHi^iêil^Hi^rf^'Hi  ^ ^if^Fi  q^rr- 
#TT  HNrHrVt^f  fTRj^spTÏÏLR:  listel» 

HMrldlim>yiMr-lNfTHH  : SFfàfa;  I 
w g qawr^fMtrW  ^îmhi  ^flqvmfl  hHihHm- 
ll^rtl  ‘ 

HiMR^I«H^>lll!llf<4l<~HLnÎHHlf^<Hs|il^Ull^f^5î^lrn^  f^C- 


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LIVRE  CINQUIÈME.  225 

il  H il 


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3GR!3ï:IW[rT:  ^T  îïïTôn^Fïït^rlj  I 
gT4rTîi)riH'llHt3ï  gTfël:  g;  T^P-ÙJIlfl:  ||Ô$  || 

*pT  ^ïï?  ^ri îf*irj  ’Iï^rT  rirfl  RTrTïïT  jrfà"  ôE^ST:  | 

^ 'Tfè^WÏÏIHg?^:  Il âô || 
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Wifi^dTfi  ÏT^ET  |lH=tiifH  ^ H^3?T:  HÈH  II’ 

H^sThM+iiMMi  ^rf inFTT  çTfhgf:  hHii 
*ïfHTT7T^  *T^T^TWr  ETTP^ïrt  ïff^rTmt  ^TTf^îrf 
qTOSi  *TFf 


f^nîft  ^T6an^r:  u 


226 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


il  wl+Rsjl  -sktïït.  il 


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MrMlr*iHIHI  I 

115  II 


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frHWiqR7TPT  I F##^r  gfï  ygWIHil^MWl  qnr  ^TWTt 
M i*-mi  qïïT  fqptqTf  HlH  in^fi : 

qH  H l^qH^i lÿlHHM Pn^ilqHl Pl  ÿTRT 
HMMfèliïiqüT  U (s  II 


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LIVUE  CINQUIÈME  . 227 

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■q3  rTrfr  oii^urr  hVvw-^  3 gpr:  i 

FFTFÜ  3 ÏP£T:  HIHI^II  s^lHm  fFFgïïTfrr  3T 

wbkim  ii nu 

^ g^T  ^fW^Irl^MIslWPr^^lHIN^TR  ïftfr 

^ «Rgg  u^cirW  gftg  u n u 

<IHÎi+i  ■qsh  il^ll|  CHHf*T  r=IH ipT  «=lHi<lrH=ii  fFTFFTf%  I 
HrigyPl  firff  ÏÏFFTfrT7  : I 

33  cflrt  ffopFnÊ  r!HM‘PH*c|AH'HHfnHî;îîlft  q%FTf?T 

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fFT^FTl  ferfNft  JSFgfoFFT  UÏUHWdM^iy^  f- 

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qgiT:  I 

uui^iwiraïïi 5^<=IUlîfeq  IIWII 

gffH'Iri  ^r^HT:  3WÏÏ  ftpH:  S^ffüT  RhTWT  II  U II 


29 


228  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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STFCTT  T^ïï:  II  \»  Il 

rfSTRT  T ^TTTT  JiH'4'l'^i^til  •TRTT  UHU'il  TFpJFTT  2[TT  ^fîj=h- 
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JWH:  ^'HïH'Pi&'^I  STI  H H II  \t:  Il 

ÿTST^HTTHcl^ÎAMlïïWTnMUiH  ^HMHI  5PÎR  Hïïc^ftfHV 
feH^TtsHlfa  ïï  >•  H 

^fFT  HflHIiloirl  H^I^IÛI  TriH^Wi  HT^HIMi  îtolR|=hli 

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^TTSTÎ  JTnT:  Il 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


229 


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(mhIh^Üh  ii\ii 

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R3>l(lHi  ilÎH|^c<  14?ü| l-rr^vl T^HR^Tfl  l ÇBf  ^T^Tf^TTH^- 
’TFffèR^T  ifiR'^ni  ÇJ*t  ?T  U^iÎH'  W-ÎMH1  qf^MNHI- 
»TT*Tf  FTflWïïU  ^rfl<ÎRi  ÎJ^TOTt  irfapfa  îfÈT- 

FTWpTRëTlr^  1 1 ^ 1 1 

fT  HÏÏ^IîTlf^È’T  Hlüll^lfWIiri  rffatHt  WWH  *IlrHM 

^fNïï  RwTfljfofofMH  f,HM|F-l  W qfo  fsit^nCTFIHl  5WH 

HHHÎH*  y^l^Uil  raPÏFTT  cUlfim'HMI{l>jqm  3SE#: 
«iH»fmî=ini^l«  W7JT  SRFfr  J^HT  HHWI^fH  II  à II 

Wf  fT  îrTFIT  rfl'RHi  ri  <1^-1  ^FTTFT- 

^5F3Trit  Sl^ST  fTÎVTRSTH  I 

^T  ^ %frT  HlTt^feTJTf^ST^T  OfT^FIT  r1WHsi  >f!firF  H % ïRrjff- 

5RT  ^ *Ji=Mtèfcr  îWt^tert  4H{lrl  ?t  4nn*itH*ii^7irï  II  \ U 


230  LE  BHÂGAVATA  PLRÀNA. 

>pfîfT  rt  RTFT  Ft^FFtj  ^ \ c*rH<(*lîfi  *TFÎt- 

Hl^bJHHiirHpT:  fFTFRFT  II» Il 

^ R?RT  ÏTRRTTRR  iuQyitfdMÏsHH  îWTOt 

HRUPfWi  rïttrt  RRpÊ  h'-imW  f<Rfa  5- 

FlHpFRt^l  licll 

WJ  ^I^JHIIlIlfaw  4,HIMÏHflllli  liflWnnTpm  $RTpT:  f^ïrT- 
UIIH^fRinu  r-in«<IM  : ^=fîTl=lftct«^Miui  I silc*5l 

(J>4i*15L  ^j&rPpî  II  ? Il 


^ ^teTRîR’  *wl^i*|  m*-i  HmI  J’sHMI  'î'RPRt  ^qÎMrj- 
ciTnfwiTRsriR^iyf  rpr  ;~ïït  rtr- 

% ll\0|| 

RT  iMU  '^Irl  r^-rfU>RTriï  RHTTfÙr  RÇ:  <fè|iïftc|  TiïRTRT 
(gpJÎHrrlTfi  H^lfThTrTT'gTf^T^:  Il  W Il 

RT  foRRTsTRT  3RPRT  ÿrl '■  TSiïrT  FT^R  R- 

&R  ?lWMHUHIRlPlJnHpl|4ic(«i^  RtTRïï  fRïïTigfrT  ^ ÎTT- 
TUT  ciyM'yQ  llll'JHlMri  FT  Il  \5?  Il 

33RH1  =pït  rjimJrl.  I RT  i<4Ryi%H^41sHHl  5f-T:  FÎÏHFJH 
iqrTRHim  nf^TîT  H^IHtlHHUIMHmjl- 

f^HUHUiifirf  n\>  11 


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LIVRE  CINQUIÈME.  251 

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m\  il  \B  n 

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5Trt  ErWHM : fl^Wgi^wTrl  rrwfi^fcwfî:  Cftàw 

{%  H^falH^nRl^7;  H H II 

rïïî  3tT7FTT^T  Ç^I(IHiHMÏsHI-H{  3qFl*l%  I 

*T  ^ rfl'ttHi  HIH^NmtD  Hîl^lrft  Bîf  h$Qi<ji 

ya>wRi  m»n 


7TFT  gfonwf  q^Tj^Tûi  yrfHîgwi  tiRfrnui  ^qîRi^ii 

ÏÏÏR 

iïfêîüfl  «anTi  Il 


232 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


iiïnr-sWlRïïl  jw:ii 

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f^TRlsTlâBr  3TTFT  HH'f.l'^N  3’T^fîïfH'!  II  1 Il 

F wtt  sMi  Pu  ni  ri  «ri  u^h  i<(1h  ih  Pi  Pin  m i«im(  i 

htîfftt yi^HiuiRi  füiinju^NyM’  ftrf^r:  ?ra^- 

>tt?Pt  i 

•rerr  îïï*wm:  çmPFn%PT:  h^'Piiftih  fut- 

HiPj  ^lîr)  il  i?  Il 

>ttttïït  q^r?r  ?hÎw:w4ï^mïÎîh  «iMiPrfii  œre- 

dN»rwj  c||ij4l<NrHHIII  ilL+.r^lW  yp'^HPr  I FHpT  FFT  FÏÏT: 
WT<m  Fnfawr:  gër  ÿMiPpfnn:  tprPf^pF- 

ijlju^jjj^.lrll:  'ti*iPjPf(iJiriMl  ^jfF  F 'Tri  Pi  II  ^ Il 

~^hh^1PuhNî  pivjmj-fifs'nïR  wit  4m<inhi  fftnm?-- 
UIIMIH'jcJuf^  Il  Ô II 

•TFT  tj^lU  : FrnTrn^rT^^FT  ÇJcT  -i^'filr'^irl  : I 


LIVRE  CINQUIEME.  253 

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^IIIR-HIM  g Çf5T  m\  fifrjHUfM  frUiHHMH- 
Mmimm  ^I^mI^mI^cimcii  : «iHti^scii  I rj  simi^I  ïrRTTCT- 

îTF^rT:  Il  H il 

5^Tnr=imt:  gfftpflftÿlMÎI  *T  ?ferip^H*Tl:  qfSRMl: 
m^M^WK^n^iMib  slVl '«n hM MIIH'LM 1 4^1  MM  ycjuil'jcfiqi?» 

" i y i m mi  hVi  ^ m l-i  i ^ ^nditi'MHMl:  3,nwiif4l'{ï*MW  ^T5T- 

^Tïïïï  ?UH"INHIH  i]TO  Frfa  ^iy|>u{M]$J|tHIM 

^fdOiMMy^r^y  CïïÎHFfP’Fr  CWdïrl  l^HMNIsMW  FcR^qï^fëillMIH- 

^ffrl  II  \ Il 

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PTR:  cRTPTTKPfr  ^ ^ITT'U'Il  ?FZf  ^figi>Hl: 

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ÏTT!TT:  U & Il 

^rTJ  =4JIMril  PTSÎT:  H%^TFTT  33*1^^:  FfyjTOiï  OïïîTt 

ôflîlïrft  M()*1*1IM|  i'-llriVM  *HmI  M*iï  s^ilîrlrMIMilM  ^iFHHHIM iPlÎH- 

'TT  CFPT  *i^i^mimiÎ^IH«£ÏÎH  I 

Rl'+iun  I 


•THtyri  : FT^rfî  gT  f^Trf  ^TWI  HrtiMsWiy  qïït  II  r II 


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3o 


254  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

il  m ^irjfïsj)  <saror:  il 

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1 TOT  TOT  TOT  ^TTÏÏTT  ^fa^là^'IH  : Il  t 11  • 

q^H^TïïIrf  UHMHWfeflrçrîï  ’TÎTOTgTOTTOTH  ■ 

TTtHW  : q^TTiï  Hil^4M^HTO-T:  g»XM**HHI- 

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TOT  O^pÊ  TOT  TOTTO  <[fô- 

TOH  TOÏTOT  jf5TT$  g^:  M^rfHMH*WfWrTÎ  g&rfgfèsWITO* 


rTfft  U Hl f^l^ti N |l UI I *-K*KllH  «TITOTT^  ^ Il  8 II 

fTrft  JyWUU^^:ÎMSI.INUrigrtJIU|IHi  fè^TfsTFmf^f  *ÏTW- 

STg:  crarfrT  TTrarorr  stfpto  um.ii 

rTrft  ^ TONÎ  M N IH$«ig'Wl<M  : 

MHfcW{r  ^rl^ffiT  II  k II 


^lolplfrj  vgrfm  n'PHill M«J  WHd^|UiyfHR  TO  gfàgrçT  fôi- 

gFnrn  mIto ign  m {m wm î^m  f<  wi  srroi  NriH  groM.TtirirH 

^HlrFÎ  WH  H fa  fa  II® Il 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


255 


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FTfrT  H c || 

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{I^H^Hir^l^U^r^HirHHr^^^fl^:  HHHfHIlMilH- 
frFII?ll 

sçnvnfa  ^iïhh7î  q^ferRF^m: 

rWmH^Pq(N<*.lI Pd>, RhÎ  HHI^lMpfFTRÎ  çftf»T:  HÎH«JïT^f%q- 

fà^WdHISUMWIHHHdWJjfRT 

5»<r!  V4^b!^  I î\f*<  r^lîlt-H’^  1*1  Î^TM  H î?l  y I R(H  I P? 

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=T  T%  FTTf  fryqUÏÏFTi  CWqrfFT  JrTSR  ^ptfal  HJIüVfsl'Hmiq- 
^m^ntsii 

mPh^  crfère  jg^Fn'  crm-:  ÿvwmfa  qnfo 

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3o. 


236  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

^mwihh  Rtrpft  'fgft  sRt  i ff?T:  tht- 

clÎH'fwi  Tr:  7T5HTWT  ^TTWT  I 


7 ^nrmTPT  ^TïïTTTT  iV^.FT  HÎjUM:  4JW^: 

g3F7  3T7T  I TT  7 hMIM-î  7m  g?rô  FFT  J^TT^T^  ÏÏTVfsRT 
H N H IHI'^I^TI-JvlïtfwirlH^  N INJJ^.H  I K W : T%7  7W?T  I 

JFT  ^WT  vT^  m^T  J^rHrMHrH'^UIsNHHIHHIH- 
ïtthh^mih  ^ =hr*<ri  ttrj  rr  1 1 \ u i 

Flrfî  ^‘PFrïïfeT^r WcTFT  : fM'MiM^MrMilMcjri : CTsTT- 

^rrr<-ùfrrgf.TTTi«-i  >raT  h^it^tt  ihwtttm  i 

7?T:  TTtTT  ITUVT--47T  ^Usâ  ^TTH  ^TMMHr  I >T7  faSMiy*fi- 
rri^SHT  l#m  ïrîïïTÏÏ  mFT  I 


H^-Jri  $17,4, F?J  gcTïïr 

forrçrfîT  u vsn 


g^r:  7$  g^TT- 


FTrft  J'WIil ; TfTrT  3?Wïï:  gïïTHPÊT  Mi  MHIrMîfl  7FPfjM- 
fTT  «#^FT  m N 447  H I H | H I K H H '>44,1  4 I ^IT  trpTFFTïTTTT  q^T- 
hh*mhi4M4i  g^T:  mvm  ïHIH’HIVjhiRUI 

gn^vïï  JWïïf^-.  ^4h"m||{I44HHc4  HîM'^TH ITr-RlTH’frTrPTT- 

*nr  ïfTFr Jwfà  u it  n 

O 

^TT  Hl’HIr+Ji  I yH<MM  TTf  rliiMMVMîfamiUHi 

H M^jrl  tr*l47î  (77tTFiTFT  rfiüHH  777  iu'A'A  TRT  ‘Mc, Ml  7^- 

HK<HHir«èrlH-IHI  HUPrl'-lIKrlW  HMI^Jh^W  TferTRrfi^ 

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LIVRE  CINQUIÈME. 


237 


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MW  %=T  yîri^lM^t  53^^  vr3$NfaFPF?T  II  ^o  II 
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q-  % qjH  gH^lrWgfglrlHÏqili  «TRIIH- 


^ïït  ^TïïTONr  HcrfHgmt  wf^qi  ^rrrfe  3[fq  ii  ^ n 

^ $HÏÏT  q faMIrft  qt  --mfHFTt  qw  FTfqqî  WI 

^rî  Ç^Hril  g^*FTfrIVHqfFT$Tq  EqMyq«îl!ITrHIHHqNH  ^JTrH-l^ll- 
Rt  rTTTW’qf^TRfi^qïT:  q,MW  q^qrl|qf^4  f^qëftq;- 
^MÎH<  Il  ^8  II 

qWI^<IWHdrHp4rim^:  f%t?T  FJ  Çqfqqf  q^nf?fm 

Mt  (Mm  H^iqrt  : 4 y 1*1  fri  Wlqrfl'-*|?i  Fôrf^rn^  ||  ^ || 

fTPT  q^TgHTqrqTgqWîHrmTïï:  3Rt  qTFïfëq:  qf^WMiiqç- 


Sq^lRlNHlfH  IRMl  ' 

fl W IgM r<H grl {H I fiW Î^JH  I qWHTT^^HNH^I^fl- 
ÎTqUÏt  &TÎ{  j|^i'iiRji^qiri«fi  PlsIsiMi^jqipMrl^^Ml  IÏH l^yq  qq 


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rlrfl  ^qWlrj^  rlHlrlrtl  qqt  'TFT 


Î^WI  îq<?ita«ji:  5f  Rl<^ri^uil  Ptvqrq^q«i^lrUlll^lc1ci|q((|*îTqTfw- 
MHiqùfi  q^Wrff  Nilrig^WHqt  q^iqq  n ;>t  n 


258  LE  BHÂG'AVATA  PURÀNA. 

?rm  H^fnnt  ^ffàrçrrï  rth 

ITTJT:  jÿ^rl 5T** I frW^4 Ul I Î<U t) Rf  *b&H)JMtIs 
^'JI^I^HcUriyKUH'TO:  ^KFRÏÏIrqg^r^^T^T  arf^rT  ST- 
*THT  l«t«5^îrl  II  Il 

FTHt  JMWKHHH^WT  OTTIïït  ^TÏÏT  P^THW^TT:  ^T- 

^TTT  |ï^l!Mÿ  =11 ÎW  fà^UHHWtl  3FTrïïT  R%TslHt  M«£iHI<£- 

TTT^rt  HITcîrT:  H+HHl+il^NHI  «£^=l  FfïïïïT ÎTft^rTëFTT^TTT T%- 
FfTTÏÏT  ^ I 

FTrTt  vrqmïïtmrTTH  WIHl'MWft  3l$f*tffpT:  ai^tri^- 
^|UI4-yHMHdM4H{lÿVlé^^^l^^^<r1l<y1'  'I^PTtfrRt  *T- 

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jfàm'.  MIHH^cl^ÎHÎHlPl^t  reftfw  Il  n II 

^f?T  *i03||3Mrî  q^l^lïi  UHH^Wi  HÎ^rfWi  tlMIÎH-SWi 
TOMH^^-T  fyc((VlH>-l^l!M  =7FT 
ïfjjfëfeît  vftznïï:  Il 


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LIVRE  CINQUIÈME.  259 

il  ïW  ■ttziïïi:  Il 


3'yR  II  FTFT  ?TT#r  HT  % 

MHUsülHH-H  I 

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fktfuîï  =TH  ^ ^I^RJ^^rliT%fvT>a  II  3 || 

M Hl  IH I ^!l BlST^ïMHnilM Ui H lJiH9  fsV-HM  : ^ ÏÏT- 

Hfilirlimi^ylMtHHHl^lfllI  ng^rFHH:  ^ ferHÈRlPH  II  Ô U 

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ÎH^H  H Msll^VI^H  tVlrlfî-Hrl  IH<- 

^^TIIH^f^dH<^^furHI'^ir4>^IITc<Hl4>HMHq<WI^><  imt?  1%- 
ÿTfaHWlïrl  II  H II 

w y*  >mFFFit  J^mpnrrf^  mf^i  ^m^FTFi^r^ft 

rttai*si  m^rl  II  Ml 


240 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


FJtf  Rrl  y <3ÎfaRrtPTPIPW  R : rawi^l^fcrjfJW- 

*1  =»îmff  FPT  cH*nHI  piFfPTFïT  fiHTpTTTÏÏ- 

^T^Ht  WTR  HT^t  olH  UK  IP  4,1-a'HÏ  ^tril^HÏrft  fpPÎP 
11*11 

fl  ^p  yppPqPT  yjlUHRi  3^fT!ÏÏH^^IR«4inflRiyÎ8|'HH- 
fëram  I PP  PT%  fpfifofrl  I 

FÛlMlHR  IICH 

^ PT  PtPPT  FRTCTT:  Pf.frnjïïïï  qftçRR^I 
P?jP  ^jcH'ÿri  M<^tti*llr*l,isWMNift  ^ 5l<[  rTPTPr*f  II  $ II 
’JTrT  Pi  M*4i  ■PPTf  FR  FfSpT  FT^FTf^  ftPTTÎrT  PP  I 
MfrfMi  JHP'JHRIr{  HslP'MHiPj^1<fi  IlAo  II 

H FJrR^^tl^^FRTT^TFfr  PT  Pfpp:  wHMHI^I  I 
3?PTi£:  FTTf^  ^UIIHVmH^'  ^ SlPIdJIPP  PBîPPPg^i  II  \T  II 
ffUi  Rfrl  H l^'r^  P^T#T  PPÏrT  PpiRPlîrP^iHH  I 
*J  IPW<M'farl faîfMPl  gfft  P>ilUMNJ|UlUrt  FPJRIP^  : Il  V?ll 

r:  I 


’JR  fFTÏÏTT!  fFPH  irHrlW)  Pt  rflHMl  ÇPT  ÎFPrTP  NM  frf  II  Il 
^TT  ^ÎÏP^  FjfHÇPPPPJT  PrTPÎ  PPTPÏP  1 
nifHl:  PHPR  PïïPFFTT^i  II  \d||. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  241 

MSIIWSi  °UWIÜ  «WWW  ^frT  H \H  II 

^f?T  ’4cl*iuil=lrî  *I^T^niT  4W*I«çHll  tlf^rimi 


Jwm:  il 


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242 


le  bhAgavata  PURANA. 

ii^ 

{ratwrwu  t#  grfèfôwi  grtarer  ^erpHiri  w\  ii 
iïN^TET  II  r^^ill^lH  SFrf;  3T5TT  TWfrIT:  qwfi'WTT:  fNÎ  gW 
*t£*T  rlTfrFIR  II  * Il 

WW3TWÏ  HlWÎWiHWTrHIITHW  T5rf:  W5JTT^HI->aTH  TT- 

H'fiVi  TW^T  HWTrT  I 

TT  ^RdW^l^rHIHHi  fTWffî'WriW^Tin : TfJïï:  H«fe«'ÿ|i  CP|- 
tTÏÏtTÏÏÏÏ  Ul^f»ll^}c(üfft|i>jiH  : Il  > Il 

(fsOéfN  1 1 -G^.l  HIH  HTT^J  fr>  ^TrrfàÊtTT  WW  WT  ^(^î^l«ii- 
WïïT  WT^Î  rf?T  II  â || 

ii  w^th  çw  iwsmrTitrj  f^m 

^U'üi«  ïIHi'u^imufjitti^m:  fqvpiiin  f^fiirwMi  JÎtauni  wahhi 

HWTWT  FTrWT  £Tm%T  WH'IIHHI  PnhR|  Il  H II 

TW  ^ WTW  *GI'AI*1  Rlrj^lsîl  WWTWrT:  PWfWTÏÏ  yiPjrly  GMïjj^Tsf- 
HTTHJ  TWITMIcW  ^qW^l^cii4H*GI^^IHH:  flJTnfr  e*T- 

rriw  11  Mi  •• 

RW%%  WTTdHTipjylPri  JUIITH  | 

m FTRFT  ?TsFj  HIHi.MH^IJHI  J^SH'tHVTH:  I 

WTfwt  ^THTHWÎ  ftpTl'  T^lftTW:  J»ffcnTî:  T^jWqfaqTl- 


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245 


LIVRE  CINQUIÈME. 


FITïïft  5^:  tmnftÿt  NVIUH  êmvmi 

ftfFr  i . 

1 cTIRifol  ^UtUliHisH:  îjfigrtrft  <<VJHhl  1- 

fft^FFî:  <j^^«at^glF={l)|lH4fSRT  ÎS|fÊ|MMIrlRl^fl«l : Il  o|| 

rRT  RJ  ^FHNHH.H^lUqq^M  x ^H'-liyMil  R^- 

fofH>RT^fFnfHfl  ^ïï  SRïïfïRRR  I 

^^yHli^MH^rlUHHHdHlP^^MHlftifTrq^ngft  sTRR  3v- 
RFRÏÏTTf^rT  Ç'CE?'M  H^l^'-IMlFl  rllfa^wi'-l  II  G II 


tng  ciyÎM'pn  g^r  «7^1^735  ir  siftyi  PwihihihI  mihhiwi 
STRÏÏT  HWMfrl^fecfë^  HïïH  *RT  HJ ÎH^R M'JrfR WI<*RT- 

f*R  riyq^vr^T  II  Ml  • ■* 

mîw«^  sn  hmçPiÎh  ^ri«.l«^üi  qîsFt  R3Rj*sRsng- 

f^t  uyirw  1 • 

ïï  ?rf^f  fspçro  fwr  mgpFi  Pi'-infri  ii  \o  n 

n {HR  q^STPRT  M^tHAI  ÏEFR:  RR  iïïITO^TO.?!^  ç- 
^ *JFTT  FRT  fsrf^FÏÏTT  nt*il^c|Pir*4iÿ»!  I ^î^lH  *1Lfl$jflî|r 

ÇHWW^T:  II U II 

ÇFSFR  *RT^RT  *T3T  Pi^fîirl  JÇq’  tt»«Ji^i  *11*1  Ç^RtT  sh«j »i 
fTî'^gFr'^ï^:  11  \y  II 

MÎtpl«$  SfT  3ÏÏ!  cng^?Tf5TT!ft  R Hiuifl  *m  «^mPi  I 


244  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

hh^uî  g^rror  ftt^t 

Sqp^qfrl  II  Il 

Fï H WM*i  rlH*air1  i^^trll^i'J't'il^mHIrlflUlMlH  '■fftpHRlrt  : ^rjfrM- 

Tirn^rt  q <^.j  q i ^ïti  yî«ÿ  ; îiftr  ïttft  sîh  %ew  ^ciîh«(h  qf^iierfH 

q mai%  qfyfl*nf«T  HNi^H^inil  II  \3  || 

qfepç  % fasl^W^nqWTfT  qiW  ^IHWhFWt^-W 
y^JHM  ^TTFTT  H I 

FT*  ^.IHINrlWH!  WÏÏ  3Wftqi^WH<^tfàq3i^HH- 


5£T  ^rft  'TfTKfT  '-l<*IMl  =<^'1MI  *j[l^ri:  ^ ^ ÎH^rf îrk  F^pf- 
cnWTgîTTT  •*«!  1 1 \H,  1 1 

q#a^  % {ïïïï  qrçrr&  çut  owEri?T  sn^ràr  er  siffcççijt 

ft  <?iiTiMi»jN»r^î  i 

rl -À I H3H MH tWÂtfffiUi'  ümV-I(UI  f^hhh 

anF^r^l:  «tiWFT^TJTrff  3Frçj£T:  Il  U Il 

% >Jrl  M I H I Sl|4t  F-Fq H cJtTr fH IcR^q ^fiifqi'îT F F^PÎ  $Ç- 
Mlq^^Hqfrl N N **q < | ed^lHN^H  I 
FT  rl^Pi«,*l«^ui  ÎHqrlIn  I 


FT?  ^T#FR%H:  T>jqi  l'-l  Hr^,  'HH  P^l  fefotf 

■^nfà^ïWh  FT^ît  jfsTpRTWRfFT  N^HHil  H ^^3--^- 
FTO:  qi^WrïïT  qm  J5.T^  sTfq:  Il  \<s  II 


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LIVRE  CINQUIÈME.  245 


m jgviw-HPiivifPi  m P^f>7PHMRtP4ritf3Ma  i ciimh- 
tltrjrl!  P rTÏ^  $H*OsW  PiMrtÎH  I 

F1=T  UlrlH^MlsH  fPH^Tpf  F3P7  ffafôq%r  HtMHIIH! 

fpHHlsHI  rn^H^U^lUÿ.r|l(l  JpHSTHIHIH  OFTq%  114c  II 
MIW^>  ëf  Pl*-H  5Fn^T  STiïÇÜÏÏPT  c|r-4^|{r1 


FT  clWiqf^  g^OFrRga  ilMW3(Uljï|Ui  : ÎT^Stwf^ 

f%EOTf%  n n 

O 

MltrJ*^  ^T  ^îTPïï  R^M  y^'Pl  J'ÏÏPI  3T  *P)N$j*W'^îrî  rTF?- 
g?  ^Pïï  HIZMtlfe-PW  «FTT  qyWltHjflitl  fe*T  *T  g- 

^ratprr  g^fr  n *oii 


% H^TWTPFFTg^  Pl<M  sJrWl*i  qü'tiU6=hà(i irr*ir^1  l*7T- 
^ttJT  II  *4  H 

*T  5T  ^IsPTT  ^Isl^^i  ^TTETOTFî  f>R[f% % %%%T 

=lrl|UMI  FTTrTFT  Prah'Pl^tnwi  Pl^MMp'îti^rilMI  *Vdl  îîTt^tiluH^- 
RTFïFfr  HWTÏÏÎÏÏ  ïTTFRT  P i%^HMiyigW^HM|:  FTm  ^f- 
OI4iHgWf%t  N U*r=l y m «i  I P»  in  ^ i P^%{H  i fl  o|  H M | P<^l  cl - 

01%  11**11 


% fèrçç  % Cj'4rrfl'-<r1'7)  •i^i'Tl^l^ILRlMMItTMrtl^SSli;  OVppfT  ^f%  I 
% WT  0F7  jjqfêl  ijg^âl^HRI'j'nH'liï^  f%q?rf%  FlfolÎH^k- 
R%rlHa{%  Il  *$  Il 

^ f%^%  ^JTfwiïït  tpmifa^i  ^ 

PlHlri  rtHpl  tiM ^rlîn^^ri I Il  *S  II 


246 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


^ fSTCPFTH  rTFPji^fëHt^  %W 

P737  M Hrt  i »-jpG M N rl M I 4H W^i  fWT^T  II  II 

Ff^tflT  '4P7T  feft^T:  qWTH  sRIHH^HW  qHI$rlH- 
^J3T  ï[rT!  JktMWi  MlrlÎMtfl  ^rT!  fPTfWpFT  Il  II 

*T  fèl«£  ^ <Wü'l  ÏTÏÏTF^  fll^fi»}  ^T  fèlrju-<  fri  {TsTHt 

^HPITTÏ  =TT  riiUlfà  ^sl^ÿl  : UH:  H^Ü.IniÎH  taülfri- 

U ïïpH  l'd^frl  II  *.»  Il 


• H ’ü'jri  qi^ÎH  HPPÏ  ç,oej(c(pi*i4  H H 'tr^Nri  H ^ 

OH  zrç%  HT^^lâi  tîlïïHSntf^lfàR’ÿfi  HH- 


PTT  I 


5Tftft  U fyMHmi:  J^Tflr-THÏ  ÎHMrlÎH  II  kz  II 

qfH^.  ar  Htn  (MHl  an?qt  afT  su  ^rHUt 

«rfar  ^t  fararf?r  sHi^rTHnrr  ^rtsîhtpt  ?rar- 


PTW  5TTHTÏÏH  II  Il 

îH  U M|tT-4«<>  H îTTrHPTiaFFT  FaFFP-HT  sHHarïf^IHTfârnfr- 

ywiï  érçlwl  P arg:  rhft  i 

ït  ^j>icft  çrsr  ïjanr  fupi  fypnfHrft  jtpïï  hh- 

II  ^0  II 


ÎpI4%  i ; yfi'-HM'i  HTrT  Miy  Rsmi  H4S*j»i  rii-y 

FITU  H im  W H^ÏÏT  ^ MIHM-HI  HTtWT:  iftju^ïï  ^ P7- 


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LIVRE  CINQUIEME.  ' 247 

fà#FT  *CTHT  ITÏÏTFT  q «fcWHIUll  g^l<l: 

ll>\1l. 

îT  CTTCTt  * f UM  ïflH  3T  Î5T- 

sl I pFSJ^ >JH I p'-j  UtrlI'isfiU’i^rlMI  MlrlMW  I 
FT  'f'TT  Ur^  MHMlrtH Ifj  S^rllp^ylriir'li'l! 

4>  jft»9il P^NSrl HR fH^rjlL!'{r^^H'l  qCTVFFT  Ffifrî  Il  ^ H 
q-  CTÇ  %f  *7{T  '5CTTÏÏFT*CTT  CTT  ^^UÏÏTT  jfq 

CCT  Rj^C  ^VJ^TTST  H7r|  |-H  I 

CT  RT  cragifï:  HTT^Wl  3TFJCT  WRT  CTT  PlHDJMH 

ii«n 

ctr  ïïifrnr  tïïftt  Hp#T  ii  >b  ii 

TT  RRCTCTmFTR  TT 

tttr  tsjtt  Rfran  fct  TTftr  ftct  yiT^iNiun  TagmT  ipirr- 
^■*H=I*l<*l:  CIH$l\THIjRmMTR  MVUI 

tt  RTOifiMfa^ fa PriJ^ud m : Hrm  ^fr^l 
^I?felCTT3Tfwn  q'UVjUIHIin^CT^  jH^TrlHH-yJIrfr  q^  ^qiîf. 
*lPl|TrtPl  I FT  TTfa  CCT  ri jrtu^»ilreft'X'iitl\»ï1,ilvHnM«5! 

RpU  RCTÎd  I CT  ^ Pj-HUv'*  TIT^T  CT^Tïl^TT  TTM+.I  R^TT 
q^CTÎR  II  $Ul 

R^TîT  MHIHM  wfR  iïlfl^l  ! R^RIflFrFJ  R FT^  ^TT- 
tpfafrfMï  TTrfTp^RT  qgî^TTWCTCT  T^TRÏT  mf%  I 


2'i8 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


rT^  4, I ^ ^ 3^  ?T  Plf=|!dRl  I 

UUfm  cdl^JIH:  ll^oll 

TOjfsNT  g^ring  ^Pimh  i 

*f[  HïJraHt  ^nfF-iTnf»i  refirg  ^.hihhimi- 

jjrïï^qg^'itifrWf^flf:  Tfà  pjrrftfFr  mi^Ih  ft  Him;  qiïïT- 

r*Rt  j-uK'jMfq  Il  Il 

gHT  WT  ^*T  >Tïï^rft  fïfH':  I 

PJfT  Pirsffl'HIFfl'i  üfà:  FJFÏ  fw  q*ÏP<fa  II  ^ Il 

^|qé|tfaf{4R,H>T  ^ÿ^klIH  P^r^iTOTril^Fi Wl  I 

* 

Jllrll  H *-ll  FR  FF]«T  FT^K'FsffàpRTPiqFr  II  Ôo  II 


?i?r  yHUNH  H^iy^iüî  crif^wi  HÎ^riwi 
q«HW^H4<LI^|ufa  5TFT 
TOTTWSTO:  Il 


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- -*•  ^ 


Il  îmf  'SKTW:il 


II  H^frRTlf:  ^T?T  ïTTft  HÏT^FTT  qïïT  I 
«'juin  III  II 


sJTtfrWt  f^TOÏÏ  ^ W^THsïîlîJ:  Il  H I» 
’T^PTPT  I 


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250  LE  BHÂGAVATA  PIÏRÂNA. 

^TFT  V$\  JJÇrHfïR  m\  fWFT  RHirHfl  Çtïï  R^HfîFÏ  II  c II 
{TsfMW  II  ^HRïï  q^qrt  stMsjmirHHl  jf^FT  I 
*TtfFT  ^Tt  umfa-dHnfl  m 11  U\ 

rîr^g=T:  I 

UN^-HH^I  J7t€ gpt  \0  U 

y'ti  i'^1’4  II  'RHUII  <!r4'[*4«^0  *T  lr^ $wjrj  I 

*à N&^N'tii^yirj  -y N fôf  ri  IcIHüfM  II  \\  Il 

^TTWrT ; srrwr  - FPRHT  l 

^ 'fttfMn  11  Il 

FPRT  5i^hMU[  ÿfl'i  3T  î^FT  *T  | 

r*ll*M  HrMSÎHwt  ’FFT  M*FH  ^ Il  V*  Il 


^cfii^fesi  MÎ^T  ^feî:  HKMlPcirll:  I 

fèrow4  ^Tjprprf^FFr:  11  xi  11 

%f%r?T>,^HMI  >FRÏÏ  c||^  o|'i(|MII||:  | 

STÏÏ  ^«4  [ri  ttiirtw4H  '■fl^i^faq  **  VI  •• 

•T  rW  ^IW1!  {IsFI  ^rr  HM«llî<Pt!  I 
3W  <^lftHUIUIHf^qiHW4T  II  Xk  U 
PTUl'^l'li  <$m  Rfai  <F?TT:  '■!'jril*FP  I 

♦jtfiflUïïTferat  «ET  R1^WWI'(WÜITï  II 

irmOu-HiH  qtonR  ^i^mur-^T^w  1 ,f8#% 

ÎT  Pl«WN  g^*||î|i3rHTJn:  « VMt 
FTfRFT:  H^lPlgrf^  I 


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LIVRE. SIXIÈME.  251 

F ?T  *T*T  CITSPJrPI  ïTSTTH Ç«IÏÏ  'ffit  ^IUIÎ*i**=MI  : Il  || 

WZ  ^TiïFT  I 

fHRT  Ici  h 'il  : ÏÏ^T^FT  Plcil^T  ^ II  II 

«hl^lÿrwi  fèîT  'hHaiinItjtriisilftrfi:  I 
Fraï  F^RTlft  3TRT!  HH^fàrl:  Il  ^ Il 
iiway^H^^fr^rii  ^iw*ïïrfqrT:  1 

tW*'  Il  ^11 

^ pMHHHW  rll^MHP-l  HrfjHH  I 

'WtH  'frM*1l**t^l»'j  {TsR^Wtrm^l  *iMl  ‘ Il  ^ Il 

fTFT  y=IMH  : I 

HI^IMUil  îTTOiï  faim  dïïrTT  HSt  II  *8  II 
F ^^pTÎFTfFR^^R'  5!f?PTTf%%  I 
fafMHiuiwtflHi  g^r  ïïITT  JJüt  II  n II  . 
gwr;  rô>i  W!??T  qH^MV'MfoM : I 
>ftsra^  cnwî  «jéï  !T  h H n 

IT  ^ clrf^Wl  J'fft  ‘jr'J'ltM  iqfiülrî  I 

*lfrl  ■'l'Èll  rMM  tsll^j  •ilfm'JII'^yl  II  <|ts  II 

F TOI^FÏÏ#^  ££T  I 

cI4f)rju^i*Htfi)tl  <4ir*lH  Hr}Millrll'js  II  ^ Il 
?T  afaH^IHà.  qrT  ^qilIT^U  I 
STraVH  HÎUPl{I^NI$^P*Mi  ll^f  II 
f^T^PFT  f^HÏ*TTnTF*T  ^^rft  I 

* 3a. 


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252  LE  BHÂGAVAT!A  PURÂNA. 

H^lsl 

Bwfrfl  t 

MMU’^rrefa^tTi  cd^jiHigfisWT  n >\ n 

R grt  niHTOft  *t*%ïïr  tittr  u u 
“EFT  m JrT  mmu  WRTT^R  PiR-ET  I 
pR  *mRIi  ^T  ÇT  f^>  Ih&HtHü  Il  $$ll 
H^MüMymnRT:  Wmiïïïï:  I 
R,()ÏRt:  ^ÎHHt  HHHj^-HIIVH^:  U >Ô  n * 

W$  ’T  ■ Rf  : I 

# I Fh^ r<l^l : imil 
f^Efft  faîrlf^lHkH  5^&T:  RR  ftfw^ 

Ri^üf  £|*fmrlW  MN'R  II  Il 

2rg?E  qH^W^I^cTl^lîltir:  I 
FTR^Or^j:  «'«ÇvR"  HMpfs^l^MT  fRT  li^oil 
fo|VJÿrlT  3ôJ : 1 1 ^ ST*f^TsRT  *Tf^  Pi^»,|4»l(^U|  ! | 

*TTtIW  ^4r  5OTt  II  II 
m M|Rr  w:-  sttft  mmtfRrt  i 
^nAll:  fèï  'filant  ! ET^  'Ml«çl  R-cIrJ^'hlrlî^ïJuii  IISÎH 

R(t  nscllrj  ^4^f{frl  y “JH  II  Ôo  II 

RT  RPTFRR  HRT  îsLHd'HHlRR:  I •• 


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LIVRE  SIXIÈME. 

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254  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  SIXIÈME. 


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256 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÂNA. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


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258  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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LIVRE  SIXIEME. 


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260  LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

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LIVRE  SIXIÈME, 


261 


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262  LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 

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LIVRE  SIXIEME.  263 

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LE  BHAGAVATA  PERAN'A. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


265 


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266 


LE  BH À GAVAT A PURÀNA 


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Î4WT  ÏÏÏÏsf  ^HlPi  ^t3î  | f^>rj^rtj(T!  : I 
JrTHT  *FIHT  n**iMi=tî^H  '•  5J1JJ  ||  II 
H-lTï+  I^JsTrf  rT$ ïfïïltrfH^H'l : OW:  I 


:^rlîl^4>H;  Il  II 


LIVRE  SIXIÈME. 


267 


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JJÏÏTT  '7FT  ijfiliy)  FI?fi£T?FTFT  H^SiIm  FHFTJ  lfa  II  II 
J’HfI  **ÏT  ‘i'i'il  FFFnTT  F faj:  FT  ^FT  I 

ïï^f  y*i  i*i  ^ ïpnfii  risçft  f ïï^FRrFfrr  ii  ^h,  ii 

H -ml  FlHt’JiFHI  'iyHÎHHUHlMIr^l 
F ii'i  ■Ti'iH'Jl  RUTOTI  *^.fiiyf  FTFT  SjfFF^IF  FF:  II  ^ Il 

hh  i failli  FFrefriri  ^ifafaHymr  I 
fw  ffi  <i^iîii  hfIfmi  Piw/tRt  jjf  ii  ii 

fT^HHliTlufaill^HIMlfa^Pl'j'lill^l^^fa:  I 
F fT^TTHT  F F WH'!:  IH ÎH^IrHVI : Il  ** Il 

M W fFlfarî  faïïTMMT  HHHlH  FFT  I 

|-|R*1-1  ^ïrfir  CFT  F 'TFT  tTFT  ïFFf  'FIT  'hlfirl  FT  I 
FTF  SIFE  FTF?T  F£^I  rl^TF^IT#:  ||>o  || 


268  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

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fcff%  %rt  jh-hjjhiim  ^ n h 

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î{%i%rT  Rit-H  ’ftïïPrnPPTt:  FFT  ptç  ^J^vtT  4‘^'lT^  " H 
fft  HsTFrf  MI^HH-IIMi'il  WMUWtI:  I 
HTHifir  ïTtfir  ^ siswfN^  ft  mh^vj  h » u 

«r:  yif^fn'^yifHFÏÏ  qvn?P7  $<£J|rV)  fà?ÏÏÏÏT  I 
M«flP<rH  : Mtt&lHlPilrO  îjïïf  FT  faft%  II  II 

g^3^ll  FrJFT:  FÎFrfW.  FT  HÎHWMHjfà  I 
«TjlTOXf^W  HrMrWrl : Il  >111 

cftrT=ITOT  HH  WH!  : 1 


HHHIHliH3iHT$  HH^^rFT^pT:  ll>isll 
HJ^^/LUiVW:  I 

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^rft  : MP-T^:  Mjj-fà ; 1 

^rj^Mi'il  ftîlTF^WÎTTÎI’:  ll>|ll 


*i*ii*i  Msii4Îr|:  Il  So  II 

*T  EMhXI*  ffePTT  H<iï  I . 


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LIVRE  SIXIÈME. 


269 


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FT  rt^iq«iri  HWi  CTsTF^rPT  5RÏÏTfH  I 

Il  wi^mi  H^IWUI  flÎH^HWI  >RF£  I 
<T^mi  MrM^m  Hft  HR  JTrT:  Il  8$  Il 

Cftrft  ^ H MsIHiy  »R^  JRÏffiUl  FR:  I 
H^H  WiTHt  ^HTHt  : Il  88  II 

5RTT  >Rt  HHHH  HHHt  fHgHSrçT:  I 
fH^rRt  HH  ^IrlT  *jrii»ii  ^H^FR:  Il  8H.  II 


H^R  ïEFRt  ïïTFTT  HH  HlrHItH  : g^T:  Il  8^11 
H^HHTHHHTH  HRR  pMl-rlj  H%:  I 
HHTHHTHHRHT  qHTTFR  fHVR:  Il8b|| 
H*8HRHJïït  ^H%  JTHTrft  *juifc4ii«ç:  | 
q^lHlrj  FR  ÇRPïT:  RHH:  HHH^sT:  Il  8r  II 
H % H2T  HF^RT  HH  HNN^K'.tl : I 
^ f^RfÎRRTTHRFR:  Rfcffrl  II  8?  Il 
HH  H »*  frf^Rt  J'FRR  FRITT  I 

HH  f^RFfîTt  HRTH  qHRHFpTÎSH:  IIMo|| 

7TT  qyslHHI#  jf^HT^  'JHNH:  | 

HfHlÉT  HR  HHR  RHH  RFR^RT  II Il 
fHHHHRTwfe  UsIlHjfÎHH  ^H:  I* 


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270 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

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H<I*WI  ^pPVif-H  «£Î}>STj%  ^ ^ STÎrT  II  H$  Il 
SpfT'^ra'll  if^»l  fHHrIPHW  Mïl'W^fw-W^l:  I 
HHt'-M&nsf  ^ H>t|lr|(yt  II  H&  Il 

^f?r  >in>iiJi€irl  H^iy^rfit 

’TT^PT  ^PTîJ^IPfWT  *HH 

3rj2ïï  J“e?rnT:  Il 


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LIVRE  SIXIÈME. 


il  m cptRUeErer:  n 

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M*f  NI  WW  ^ UPTOHrlNI  J-CTrT  II  Ô II 
rTf^X  FTT  ^tïT  ÈWI^VM  qf^Hl:  I 
Udlfàl^éq  q^i^^clRftni'j  ^ Il  H II 
iaN  ïïTCT  ^Xuli:  %iW  H^Mül  %ClsTT:  I 
tf<t'ÿFÎ  «pt  ^TTf^TSMI  m NIH*,I:  tl  ^ Il 
jy$  f^FT  ^i^ThiFh  I 
■Mÿ-a/ii  f^t  ’ttet  g*ri*f  g^rffhR  n » u 
^I^Hqffwi^i  W-naiÿi  J|^r  i 
gif%'èH  ^mi  prrâfa  uni 


272 


LE  BHAGAVATA  PLRANA. 


^RT:  FJ  II  \o  II 

^ sfNrffgr  «r^-nR,  MsR«R  i 
îTjyT  FTW  fîTcfint  II  \\  Il 

T^W,  HïRRJRTrînT:  **[:  1 
fRi^PR  ÿî:  r4Wr^;'^W%T  ll^  ll 
Midi  RirWf 3Trft  M«ll  I 
V$  rM.HHF^qfim^ll  II 
^flr;  f^fvriffà  rpnfRrn  i 
did^RJIHFT^  f^r^ffirà^ll  \Ù  II 
Hr^dftM^'î W^rf  5^1  W%r^  | 

n II 

yiiwwft  SiHi^HividiîWi  i 
*TtIFT  ni*iîqslW  {Mi*lHr^4ï5|>t^fJv  II  Il 
q^NÜITH  FRFIT  I 

fWîr^f^F^ ll\« Il 
^nt  Vlt^rgr^  I 

NÎdrfi'-KHMIM  f%WaR*TPrâ%ï  II  Il 


’+ilHMs+i  dPit-fitam 

MHHR*fft^r^ll  Il 

ill^TFT  B7rJ{l^5T  Mt  Piqrfc.  I 

^UIÎc|‘Mt^4»Mr}^  Il  II 


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LIVRE  SIXIÈME. 


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5nT3?rt  qf^T  N'üIHHiH^rH  II  Il 
WT^ini  1 

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•TT3T  H7FT  y-amii  HIK't^lrHi>ilÎH*ii  I 

5T:  ïfft^gnsTF?^  S^TT  qf^  Il  ^ Il 
ïï  ^r:  qrW^TFTTCFT  hRhiRcIH:  I 

5T^rTraT»^H^^T:  Il  II 
R’  -Srf^rr  HMlP^I:  Uawf  f^cRT:  I 
HI{IMIJIH()  sTJ^JW  1HCT:  f<fJ=fslT:  Il  *H.  Il 

njqtqaf-Hi^q  I 

siMriï  sl*y  q^*T  ri  y fri  5<  H^rjFTTi  II  ^ Il 

îT^TiTT:  cRfH^IIHI^^iHmTg'HiîlHI:  I 
+J|{iyq^Hi*RHH*yH!T!  i^TWfti  II  *»  Il 
UÎ  •T’tt  *1  1(1*1  ilim  *i«^ir*iH  I 
fyfy^.Hflfîi'suiii  h«£i«£hw  11  ^ w 
^frl  rTRfqr  (ld*<  CIsTRTlfiwf  ÿ^:  I 
3TrEf  îTT^:  CTT^  cfR:  ^J[fw  g^for^ll  Il 
^MIMUII:  HVfp  îl^Tt  Iwt  *T*T  I 

aTrJÏÏTt  yirJilrHHli  ll>o|| 

^i?jtnt  errant  arm  tft  jgfrrefri  1 
ÎT gnqgsg:  3^Tt 11^1  II 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

CR3t3T^t  I 

^ *TFf yrgrînïfa  *nf^  il  ^ ii 

TŒrNfà  BrfHH  TÎTTRTTT  ïTrTT:  I 

•wifa  3 Hcjrfà  ufewi  Il  Il 

%kwiH$ri  4^iKi^n*iniH  » >8  ii 

garni  jwNrf^gi^rT:  i 

(fà|fct«ÿffoWÇi  UVUI 
3TOT  (I  îrçt  33Rt  3T33T  HRfrf£3  TORT 
AIHmiJ&hWÏÏ  ft^ïtHïïf:  O^fsfer:  U %k  Il 
«Ûl ffel N <ÿt.H HHIHilHH^UTi  I 
Jq^iri  ! HMH  : <TR  fwT;  Il  H 

3 3113131  *lidîW4{  > I 

qi^Hàr  3TÎ3  Wf^T  WV-133 : 11**11 
3g  3TJT33T  fTO  ^rligy^4.IH{T:  I 
^ 3T  3 ^ foj 33 UTiït  ll*Hl 

^73  ÿïï  foi^uü  73133*3  ^qfrWI  33T  I 
RTON^mW  H^IUlPlfoH  UBo» 

31^33  3 il  R IM  g3T^Î3Wftçni3t  I 
HmJK  F33  33TT3  33T  fTO-ft:  *f$'  Il  &\  I» 
3TOT  3R3T  J|^K^3T  I 

$33Rf3  rfif f?m  33  3f33  II  » 


LIVRE  SIXIÈME. 


FÎFnHt%3  ?ï  ^ * H%FFP.  II  È*  Il 
SJ5T  H tlîrlsHII*^  H&lb  I 

f%  ÎHfrraHW1  F^TT  II  ÈÈ  II 

^fiTHftoUra^  H«^lr^lîl  tl^rflMÎ  q^lfH^i 

<*WI{|VII!ft  'TH 
q^Tt  JUIFT:  Il 


276  LE  BH  À G AV  ATA  PURÂNA. 

Il  TOÎ  Il 


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Mp2  HsHMHIH  jf^rTi  îwrj=(rtkf||!  Il  XII 
VPTÏÏT  TTT^tf&TT  (VH«f  | 

îfVriïfÆfr  5 Ç rfl^l'4  WT^T:  Il  ^ Il 
Hi*p-im*M*iHl  ^ fïïTPTHT  ^ *T  5JW  | 

T!Ht  Wljfrt fll^îfrllfeiy:  11$  Il 

HMHHI  *$^lfafa«l  fTP-STT  I 

^F^pÇëTT  H Hur'-ll  : *Jr||»|  ?JTT[  Il  â || 

>TRfrrJ  ^.H^Trlrlf  !fT  I 

fertFT  intfitH^q'IHrl^  IIH.II 


=ti'+i4 : fTTTrPrTFT  'fcl'tiAtdHMl  *ïrT!  I 

JïftfïïT  *ITM*T ! fspfr  HÎ^Irlril  vf>f3F^II  ^ Il 
f^PTT  ilUdiHIH^iïïT  I 
ïnwt  iltïïfr]  ÏÏP7ITÏÏT  rlr^H  : II»  Il 

SPPFT3ET  SJ*]F5|rp  I 

îiMrTl  ^r^ôrrar  3^?r  ?Trr  *t  f^j:  11  c it 
^ffwïï  I^tot  g^fnura  aüt  • 

q^r  ^fTRt  WW*  Wsl  II  Ÿ II 


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LIVRE  SIXIÈME. 


277 


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SFT^t  vf^SJFff:  JWTWri  F'RlfH % SPg  Il  \o  || 
?rhrr:  orwt  >f5fr  ^Tïïrjf^n^g:  i 
OuiWlftHH:  TpPTI  ^ïfun+^MT^:  Il  Il 
tnnmn^rfl  >n*fT  ?ng:  gftsT^r:  i 
f^FT  irnfr  Mffùn^'ri  fèfàvT;  gr ; n i*  n 
îI^FT  ^TFFT  Hïïft  F^rTT:  • 

?Ùl4i*fl  g^hfl^T  g^T  iffclllKr^ : lin  n 

fW  f^FFigwt  7 fà!*|l^».lMH:  I 
<ïnhi  îi^ft  gw:  f&isgnift  ^fit  u i$î  u 
qihitylfenO  gwt  {qw^ffj^:  I 

FTrît  F^rffiil  FTOT  FFTi  gfTT;  Il  1.H  II 

f^n-dFir^rDMi  ilManiHa  i 

wmt  jüt  jjrrrfFFF  smrf?r  *f%  ii  n n 

*WHJH  HrTRT  >Tïïfr  ^tfèïî:  I 

'fsît  3îft  gm4.îq:  Il  1»  II 


^FT  m^lUJM  ïf^T  ^rlRwUWil:  Il  1c  II 
adTOI^'fH  : FPJT  *m  fiFFW  I 
fWcTl'^H  g?FÏ  ^^FTTt  IIIHl 
fîïïwt  'ffàfa  WTFTT  ^ü.HsTlsHri  l 
fàwrari  3çftrt^qFr  ^ *rg  n u 


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278 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


rlTCTFT  TSPRT  tTTTïfr  >TTFFff  ^ I 
qHIUÇrl  q?TÎTT^  î7rfÎRt  SFKI^  Il  Il 

i 

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$rtlfrl(lfa  tfWâl'nifl^:  tT^TFg  *TfTrT  I 
m ^rMfflig  «WÏT^iR'h:  I 
CpT:  CTCTPïT  rt  M~M  ! ch<ni  tjï*t  l^ril  : H ^ H 
spjj  ïrmif^r  Hl<fcHi  Hirjdii  «i<mfin  ^ I 
Wl  ^iWT’Wl'TT  ^HT'ÇrTÎ*^  sPTrT  II  II 
üîWT  44  P*  tel  ÏÏ^STT  ^<rtl  1 

gfo;  rirarr  gï1*ri  h^*tt  #rf*r;  u *h.  h 
fHH*li(un?ri  ïmrgwiq^i  h^hihhi:  i 
gpr'f^'TT  iii=n  *r  ■®ii*^  R.sd’ui  gy  u ^ h 
rrrarm:  JWWJjyTOi  ÿfyuitHi  ïïïïtt:  i 

?rfr  gyg  sÊty^TTTrïïsïï:  u ^ u 
• fl=f  mgyrarîr  +Ti<h i ; i 

^TOÏÏTT  Q,5|i|!H(l  : II  ^ II 


fèggr  $yifMl  fêpn^g:  u n 

fliflgg:  çi|ftrçn  fspfrg;  sr^t  J^tiri  i 
tprfaT  r*  JgrTOFT:  I 

g^mfr  fe'tcrnm  fagfirfrng  iér:  n^oii 


LIVRE  SIXIÈME. 


279 


*«l4wï  : IJCPTT  1^=11^  *i*iN  : fBîrB  I 

«toiWffjHi  «rrar^H^iyi^üwi:  i 

BRTBBÏ  «^Ql^i  '^nHi  r|*ji  II  ^ Il 


s'-KM^l  f^TPTTÇT!  BSJ^BIS'nT  BB  I 
grTÎBT  +IH<*i  B £ «ÎIUMfÿï  5 BT:  I 

imn 

'îlrll‘11  ! '+.lri^iMl«  ^TBBT  J^VIiîc'l'l  ! I 
BBt:  uyyiw  fifij:  fàrTT  I 

sHw  (lîlsi'+i  : ||  >Ô  || 

f^tiRiH-i  : fHÎfot.mi  gTrt^HîilyHrt  i 

w%g5T?r  ïrh  n 37111a i ; iiytu 

BBTB:  SJBrlt  B5Tt  «ft  : I 

'TB  Hi(NUn^B:  fBfiTH'MIHyfè^:  Il  H II 
tc|ci*ciM*f*ii  gBT  rtV.m  FlfêlHT  HIT:  I 
BTrTT  î=nlm  =t{*uii  ÎBB:  STBÎ  3ÇsfiB:  Il  $<s  II 
fëpqWH:  BR^B  HriHjMH  5 Bg  I 
B M*çMWi  BB ^B  BBt  BBT  I 
*JBIB  B3BT  BTBrBt  BÎB  ll>c|l 
§TBT  nwt  FPÏ  FTTBfïïf  B BJ  rR:  I 
BRTt  B BBrff  BT  B BB  flBjlli  qfB  II  II 
B'fMjfl  BTrpiï  BBt  BBlBBïïTB:  gBT:  | 


280  ' LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

mggft  iiôoii 

£7FPTr*T:  fa?T^t  >Tïï^ft  «ïc^gfT  I 
*ff  'fflt  ^«IIM  jifàlfl  s^TWf^?rfeT:  Il  Ü\  Il 
•■JÿTrNl'jsIl  Hl'il  f^HT  Hl*i  ôRsq^T  I 
HT-^IMMtây  TWPTST  oftff«=4|Vj  ||  8*  || 
ft  5TTPT  gpTtlTT  -<  R,ft|ril*ifà  I 
î=IHrM  r-4 H Jailli  Il  Il 

4 îri  «îfwnrarT  q^ïïrr  çr^riwr 

^g^mt  ^ÏÏ*T 

TOt  'X62IW:  Il 


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LIVRE  SIXIÈME. 


281 


il  ïw  HïPTt  •ram : il 

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{UTraro  II  TFT  %rft:  qîjr>W>l  il'NVflIHWi  I 

ÇH3TSR**  HîT^i  rilMI'niH^H  Jjft  II  \ Il 


fyy^ciy  HT3TW  ïTmFÏÏWTt  Tfrf^rT:  I 
Wé^llUIJI^^fPlPlsf^l^pî:  ||  % || 
NMiLJ{V>H  lPra'  RiH7  : qrTïft^T:  I 
ftWTTOTt  HT^rT  II  S II 

iMiflMHIHl  HÎtHHHI^IHiyJWHlfHIrl:  I* 
tnuj\'ir||r|q^ui  ^HUJH^llll  II  H U 

îq(isi*ii«Hi  '-ÎHIdl  ^5T  II  Ml 


Hîmt  U^HiHHlRfd:  II»  II 
arr^FTTFf  i 

qsqtlîq  ÇPTT3TFT  II  c Il 

RrnTfMk  d.Rl(lf>|'f|:  ^f'-  I • * 

’JimmÏ  çsppç  ?J^fï  N&i^y  M^falsRUi  II  f il 

II.  . 36 


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282  LE  BHÀGAVATA  PURÀ.NA. 

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I 

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^ TT^Tsi  fîfM'M‘iNp<'rf'-i^'T  ^FT  I 

UrtjfrT^ftr  ^ art  fàl!  n ^ »» 

FPTT  M ri  fil  rHlH  ^PJ-  I 

ÔT  84<VjêHW ^ HssIfMUHUcrr  II  \Ù  II 


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J^rt4lÎHH^IrHqi^  Il  \k  II 
JJ^l'TlÎMJIrl  : ïïïïï  arf^F^HîT^F^,F^i[T^  I 
QnOFT  fàPT  Ifl*?  îTIFWfïïFFT:  Il  'l»  Il 

fT^rarg{l  : fîîTOPÎtoïï'IfT  I 

5*1^1  ^tlrlrllÎM'l : Il  Il 
T)  (gMI  HÎddl^l^  KVc|  : | 

P^TTOf  rnrnt  sJTJ:  ?TrTPF^r:  Il  U II 

d1frl<!4l«4l^dl't  41»^  dTFPT'Tïï^PJJsr’'  I 

fw  crprr  sptp'  arnrnwF^ii  *oii 


LIVRE  SIXIÈME. 


285 


II  ÎFÇt  cFT  g7%?T  î?7>lt  frt  *T^7Ï 1 

frf^TS  <(irA-y4wMH'Ar(  Il  *\  Il 
' rmïrTHHUwim^crp#  m q^ww:  i 

F#fp*T!  H^iHi  ^ q?ig^:  Il  **  Il 

l&4fl  : MüM  I 

ÂCT^qfarlHffi:  «hKdHI^UI  HfWirT:  I 

iIT<(lK  RFV-R  ÏÏÏÏM  Wp^Hi:  u i$  || 

t%  ^jiu'iHjRifèrfnüfi:  i 

^ Myjn^Jiyiy<iTi!i  H^wrfrrr  •p^ruii  u *8  u 

Hfèmq  H^TFTT^J  f%T  refera  rilÿH8flrH*ref  I 

fwiflfrfr  jé^fr  fèreTFïïr  eft  ^ ^P)wy*jHiw  srf  n *h  ii 

spi  II  rT  \ (IsR  si^iuii  fàïlïïs^T:  I 

*ïfô  rJI^-Rs^l  q^UsM^^II  îk  II 
^5fT3^p  Il  cPÎ  ^ jfîlW:  ÜIHI  WSPT  ^ I 

<*il*i:  4iM'iIrll  rllrl  farjun  Il*®  Il 

Jpmïït  f%  qff  w farJ'J]>yqui  Hrlt  I 

?rf^r  j^raiïrt  «^t^Rt^ri  ^raif^RTr  n *e  ti 

>à  i^  im  i ST^TOft  farlT  *jfrT  : wsuMrl  ; I 

aïïïï  H^H^^Wlrfl  HT^TTFi  r^H^:  11**11 


*j|rT!  li^^rllPl  *Hr*l*l!  Il  ^ o 1 1 
rTFÏÏ^fqfpiflHIrfl^nMirTf  I 


36. 


284  LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 

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•T  il«£*JpH  ^î=l<^§JftctK'<  I 

x*ra  'T  x^m\  s*V<uw  «m^ui  h ii 
spT  io(i^  Il  IJ^lUI:  M\(IÎ*£H4  *i«$iHMI:  I 


PT  NVJl'-IHHT^  Vm-  SlrrUiq!  fTI^T  11  ^ Il 
fgRR7T3^RII  r^3ir#T  I 

W&t  g 5Tfen  «TT^T  rllîiiïl^  M'-IlNri  I 

OPTnâlTFrfFT  df^XJ:  ÏT  ^ II  ^H.  il 

îTpTT^TRt  ^ HH«^  HcIlrMVHÿiïrshMi  I 

f&PT^if  ^ <îlfNH  ”^»T  : Il  ^ Il 

fWrfïï  »T  nfrî^Mi  i|^W:  yi|f-ln  MïM'ï  I 

*T^rïï  CïïtëTri  FF?  aiuïjtfa  FFF4ÏÏ  II  II 


5J=E  i^N  II  FP?  {iirlHj'H4  *l<£lr|t|i:  I 

^ri-ysti  M^iul  HTïïf5FTT  II  ^ Il 
îtiPtTOT  I 


J5ii^jr<iîH^m^iiôsrT  ferai  fèrç:  11  ^ u 
ipT:  fl^TTSTt  fïïfà  xg^ïjf^:  | 
rïï  wi«?.  FT  Il  Ôo  || 


LIVRE  SIXIEME. 


il  ^müiictI  «üra:  ii 


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l^Plfrlr».)  üf^ft^ïï  ^ïî  Imm  II  \ Il 
HiNWHHUsm^.  SFÎ  HI^IMHlirH'*»  I 
WHVTim  ; îïï^I^r  ïprt  Il  5 II 

5pl73^RII  S[rT:  'jfll^TFrJ'l'/l  I 

•II^IMIIIHKJ  =IMI«Ç  r|fî^^i*1»-H : 5JTJ  II  ^ Il 

fawr  II  MlrTliy-ni^R^  Wlfc&t  3^psT:  I 
fFT^r^pjifTI  *r?nMit  stp^r;  igfèr:  1 
HtjIMinH'M  3»f  »H«»kq  wm  II  g II 
Ml^ulîfl^i^!^  vVJfiUIH  I 

4Ü<*l(l<irH  I 


VT  I 


HH  II 


*P4IH  FTrT  : fvflfT^TRÏTfàWI  I 

UU|cH^MH.I{HH|^4|Wh4h  II  K II 

•vvzftn  ïriw  i 

wf  3 to|  Rramffflri  h » ii 


286  LE  BHAGAVATA  PURANA. 

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%t  I TWT  ÏFT3TT  imi 

«Tfnw  Tpr  arrearê  rçwffoPftjri  i 
N'JTHïlfrl^^pfw^  \ 1) 

ÏTT  I Wîffnr^4J:  qr^T^  I 

JgTJïïft  'f^T?::  Il  \0|| 

srêrg  rt  HfHi^îrf>ii{ii!ùi^Tt  wr^i 

HWMjqiHHÏ  ^ 'fgg  fsrafq:  Il  n n 

iîra7^3TfàgiiT%  ag:  i 

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M^^^l^qidq^l^,I^MI<iq4t  Nf^rfTrHI  I 
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H!<PTÏÏT:  aî^  i<Müirrlt*fyiT^  Ql^(l^qifl)!:  ||  \z  II 


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LIVRE  SIXIEME. 


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LE  BHÀGAVÂTA  PURÂNA. 

9 

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gr^iTpjgTt^t irô hhhhhi  itffwhh^îH : ii^ii 
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R JMRRq  FTRT  FCT  qTRTrft  I 


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rTFTtqR  î=IHH*i  JlW^HÎrll'+<<i  I 


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FT  'HIMRsIrH'-MH I<FvXmKIM  RffFTrl  : I 
CTTFq  îTTvTr  FTTRIFTt  ÇTRT  qRT  WHWHIr(  Il  II 

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R »i*1t-MÎTl  *JrllPl  ^Wr|  Hcfn)  qqitî  II  Il 
TpTt  iet'<Ji*i(q*irl)  I 


LIVRE  SIXIÈME.  289 

NfnfsfrM  Il  Ôo  || 

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^WINHIiffoil  =TFT  • 
w*n  ^aim:  ii 


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290 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


il  m u 


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ït  ^ mnr  nîri  i 

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Ffrt  PlJlMifrjT  CT^qH  II  c II 

üliar^lH^lIli^lTjfW  sTIpF:  %ïï:  I 


. LIVRE  SIXIÈME. 


291 


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rt  ÎHsÎïji ti^iun  fq^M^f*TT!  I 

^jfôgT^TJJ^:  Ht  *ÏÏHHHTfH  frÇTCT:  Il  \c  II 
HHH  fqR*1(ii:  HH  ÎH^tHl  MtxtrlstH • I 
HFM-teHir^^'^jMrlW:  HHT^HTi  Il  tf  II 


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292 


LE  BHÀGAVATA  PURÂN^. 


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Uh1«MÏ  f^PI^Tf%:  ÇT^ïRIT^r:  Il  Il 

SiïFTrJ^i  : yUyiHffcHl  HfMrH'-LtFrjift  I 

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Il  *TrfFT  Msi^Tl'-IlM  tp-iH  3rT  rT  *7*7:  I 

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LIVRE  SIXIÈME. 


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295 


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f*fsPF[t3T*pf^t  HSTR  U ^ II 

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HfürHTIjiljlH  I 

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iP  jfbm^lRni  fac|l<RqH'f  OTfrTflHWH IMTHM  >RFT  EMIrHHI- 
MI^tI'Tim  ^t  ~^îfi  iy\t,  *T?f?T  F^TTSÏÏPTT^TPî  II  ^H.  Il 

HHfaqHHHMi  HHH'jHffa  OOT  ftsjlsrai : «tflRmf  II Il 

Çë|  f%  ipT:  f|cfatrjfa  qftjMiq  : '•  fWHsNlrq>lflJMhl- 

?Tn^rT:  H'JyH^JlIrMsIir!  H^pTHT^ftqFTRîrT  ÇR  M'-fqiiifari  : 


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29k  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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^ÎTR^sri^  STygrf  ?TÎ^  *RTFr  II 2? Ÿ II 

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HPTIMHI^M  cf^fq  ^ sl^UHMI- 

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■M^ErmigWqHi  H^UMEWlfaUl  FÏÏ^PX  qpËRjjTOi 

4{HlrKH : pCTTfiT^  3T  ^fRlDiql  fémUHM;  WlfepfiR^liffiifo 
Il  Ô\  Il 


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LIVRE  SIXIÈME. 


295 


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f%  i^ft  *tPt  tftw  riwify  f^rspn;  1 


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HW  HIÎH^Hi  q^li|  Wt  HHiN^T!  Il  8t  II 
r^t  TW:  WT  TW5TWW  HfWHIM  ?EW  % I 
W jrfrl  fiptwit  smi  =Uo$rl)  J-fq-  faqWiW:  Il  8?  II 

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296  LE  BHÀGAVATA  PURANA. 

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LIVRE  SIXIÈME. 


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LE  BHÀGAVATA  PL'RÀNA. 


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^HFrçFïï  r-iWri  foy-vfun  i 
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ipitffa:  SfTjfyifl  ll\Çll 

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LIVRE  SIXIÈME. 


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^IHN’^ïï  q^Uq\:  I 

^ fàïlfq?T  qg%  TOfaFT TOTR^ÏÏ^  R SF!F  u^^n 

38. 


500 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

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LIVRE  SIXIÈME 


301 


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302  LE  BHAGAVATA  PliRÂNA. 

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î^t  ^tlWel (r|  «11*1*1  rl  e||$T  vf^rl#  lin  II 

R fî  ftg  ïnv^tri  trtùmm  i 

F’TTST  rTr^f  ^ÜIHH^:  ?ft%=T  *ft%ïT  ^TRsPTrç;  II  II 

W <1  f^TT  RMTRR  îmfWrft  ft^ïï  çp^T^T  JJ^T  RTFf^T  R I 

R^lU'îl  ^ÏÏI^RUtIR  ëPTT  R^HrM^4M4<lfa(l<t  » \%  Il 

fît  Rt  -R-iïPJTIFRfà^i  îlsflHJJ^^qiqw  Tf  (iRlrlHI  I 

T&W  tsT^R  fsifiW^«r^'45nîîcU-*^tî!:  PRlf+IM:  Il  \H  II 

551‘HlV'H^riîrlPl^lsThri  RT  f^-WNI  IT^f  I 

^vEfnir R^RÎ4M^H^c<îÿ  HR^TR  JpIT:  llUll 

ÎP^  jg  R RiiUHsII  R^MrlUjTT:  U«£|W  R$T  I 

^^Hi4i^UM«ii^{^UHr^^î^f4Wj|r)4dlfH  un  II 

5#  ^ R^  ^rTT  !TH&}c|  %ff  R^H|T  I 

FRFpfT  HrHlin  NM  IM  HRIfRii  RT^TsT:  UMrHT  II  \E  II 
'JpT  MRRTR  R.*m|Fm  RR  p?JH  %fjfnr  HMJHfÿ  I 
RT  «ïilÎMVjl  R'  JT^ôT  RR;  RTIÎRUB'rl:  ^pniRR  TOIT  U \?  II 
R%r  RRRTR  ?TR>  RRRT  ^MIMHMHI  R RÏïïR:  I 
FIRR STf  ïïl%  N^MÎWi  MRT  ^f^RR:  Hf|jJlJ||frfH : IRoll 


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LIVRE  SIXIEME. 


505 


FT^miFT  *FTÎ  îT:  H^nTW0?1in}'i^^  I 

nf?f  n n 

ÿïï  m:  H'-kJ  î^fcj  ïj^lt  <himi  I 

•T  (IÎH  M 3£ïT  tlMMItl ! Il  ^ Il 

So|  friV,  m IH  MM  IH'HfHf'l  fri  N#  gM  I 

ri '•il  '*  *j*im  I HJT^TTOI^t  jH*IT  jfëï^'Iïffàft  II  Il 
il 4 fTô!  4 i^'-rï^rKOi i^<ltl I ^[Sriiïw  HJTî  I 

R»T:  Hi7rliyriH^illMi  ijliflrl  5TFE  3R*f  5HÏÏ:  Il  ^8  II 

•t  sn'«tj5  sr  ? ’w  sr  ^ ïvnfwrq  1 

*T  MlilUH’V-JH'fà  ^T  IFTW  3T  II  ^11 

îmTHWr  3^  HIH|  • IrT^T  WT  olrHH^I  : rsj<sirfi  : I 
Îmm  or^îSri  T^ran  *i»ii  s {î'S'-^ltd  II  ïk  II 

^FfirW^sI^  md  finira  m:  *wffr:  I 

id'HNMIrHlrHil<UÎi$HlHrhRlTll-H  * =mr  ^TTr[  Il  *<a  II 


l Pi  ifHcfïii 

TORi#  ^TTSfïï  îTFT 
{J'+Mll  Il 


304 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


il  m çrçsfl  'Shiw:  n 

# 

^|'4{iC4|-q  II  Çicl  îsl^l^rf’-<  fos1MI**1»-M*1M  ‘ I 

5JrT  ai|^IM4MrTrf  gp?:  qsïï  H^.I’J^%r»TT  vfrg  II  \ Il 
FTrft  »jj  I H I I Wl-J  I 

I^TTT  R^.^TÏÏ  T^Fiï  ^rfî  ^ÎH  m^îrl  sUTT^  Il  Il 
r*  îJTOFI  H j'^TMMsiirtî^pnq:  I 
gmT  Sfïft  3|r|N~Jll|lf^gïï  ^ FIWtpi^IsPTtTT  ll>  Il 

f^ganfr;  qfprcr  ^ ?ïïhki  n#rsm  i 

^ r|HQ^jlHT4  sni  ? ^WlpdMHH^:  Il  8 || 

=f3mT  '*iHlirW<£l£ri  Hr^g^ranTïliwnïT:  I 
ü'|tl*ifrlH  ^&rl<-RV,  faffe*T  II  H,  Il 

JC^T  ÎT  crâ  sTq%  {strlfelrl^rT  Ç^rTT^#p3t  g^:  I 
a[^T  înrmt  srf%  çwj  ^ n^i^r:  ii  Vu 

Ij4rt1rli  ji^Ri^i'imÎM'ii  sW;  H^'+i^l  *r  ^ ^ir^HÎ  I 
rdH^y-jrTiHMrHm^t  re*Rïïj  T^T  fFïïfFt  II  a II 
??fNF7T:  FTTTrïï  üWïï  fèlW  ^3t  I 
feïï  fïï^T  *T  ^TrT  ^ 5TITTÏÏ  II  Cil 
5j|sT:  5FT  UlUH^ri  Mr^Hcl  ^ I 

rlHSil'-l  sT*TT  ^>r|MlrHlH  sTT  II  ^ Il  . 


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LIVRE  SIXIÈME. 


TOT  qrfi  HHT  ’T^RJTT  *pT:  | 

^H"ïfH  H^sOniH'HinJI  Ht:  ||  \o  || 
U$irt«i?n‘iir*ll  ^rfWxMl^lHF:  I 
i’IfWW  Hîfift  H ftFTT  II  \\  || 

*-l  Nï>Mq*-iirHM  H'HrT  J'HlviHl%r|  I 
^H;  fJsT^r  ^rïïFT  HHH  HTfHH:  FHH  II  ^ || 
HFJ:  HT:  : 'jyUHJ  qT:  I 

Hclr^cj  fSç  HrHïïcH  MHliH^lîcfqMMI  : Il  ^ || 
HTHT^lfHMî/IHIîfMIMsI'iq'll ftj  | 

HH:  Hlr^gJsTJüWPHt  f^H*4ÎVHa|l  ||  \d || 

H «a  tsfHTH  ^fri  H^H'firHHT  JJTJTF:  I 
HH  H 1 ta  un  ir*iM  Ht  HÇ  HT  H HHI?t  II  \H  II 
q^H  Ht  fHÎsfrt  5THÏ  'ftHJII^q^st  *pt  I 
q^HTH  WmiHT  HH  Cnmtsl«^|qqF  II  H || 
cmïïîj^t  JH  HHf  tM  HT^HTHH:  I 
HH  H fcilkiri  -yH  ïïqt  J*pT  q^TïPT:  ||^b|| 

gqr3HRII  2[^HHHH:  ^tTHTrftqRgsiqH;i 
JJ^'lrHa:  q^HHTHT^  HHfHFHq:  II  \z  || 

H^t  HHH  ÎTRÎt -TH  HHT  H HfH^ilfi  I 
HHi:  HcftFRTrHTH  M \?tl 

HM  lin  ritat  im  j % HWÏ  ?T«-h1  l^*fT  I 
HTH  H«^iy^rli  HH:  Il  || 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 
q^sLITfi^Trq  I 

cfit^<=|  tialrHf^T  TÇoJ  *7%!  Il  Il 

qFT  1 

rd^lim  JïfïïFïftfr  f%  5^:  Il  V*  Il 

MHÎsiaw-il  I 


Il  ^11 

ÎT1WJI  qi^f  ^T;  <til$ftqqqfifc«Tt  ' 

^PT  Ulf^ïïflftt  cUH^W-7  ÏÏTfTT  H & Il 
fr  ^ qïî[q  q'  ^pftq*r  i 
ynr^t  ëràriï  jun^uii  n vi  ii 

f^PTÇft  qîïï  ÎTT5T : >3 tüvTl  ^UH'II  ^rT:  Il  ^ Il 
fi^Prçf  *PTt*^rlfl  ^«j  I 

<^ÿipT:  ttii^^cft»iî*)1-l^lîîicl  sRTWq  I 
iiÎHHNH^.iïï  *4ifa'iHmT  fîrçHn  II 
frrf^in^tfta  qrai  I 

snîïïT  H HHIHPJ  «MÎsIlri  I 

H^muiù  H^itfitfi  q^TTpf  ^ar  fet  ii^fu 
c^Utrl  misHUHMi  ff[T:  I 

Pufinn  ^tug^TJT  ?T  ÏPÏÏT^T  Ï1H:  I 


LIVRE  SIXIÈME. 


'itJRN NHH  ^ 11^  Il 
fHWT  ^STOî  rlrfflr  I 

sralfifr^ft^iiHi  11^  Il 


clàtrj  rlr^Rî^TTnJJcfJT : <ÿ'HrJvH*lfllrl^(JÎ^qrI*IM  : I 

m ^fî^qtre  qri  imn 

FT^r  ^ IcH^il'M^ÎHîal:  FF^fÊffFTT:  I 


* \ <x<  I M FF^ÎtfrU  Ff^H  I 

qWïï  ïï^t^RFFfr^  ÏÏWI7T  II  H 


^ÎH  ^Ml^I^rl  *l«^iy^lïl  TT^F^Fir  ^MlRlcwi 

'l’yrnr!  h ’ . 


308 


LE  BHÀGAVATA  PüRÂNA. 


h Fïï?iï  t^ïï  sranïï  i 

FTTTFTT  ^PTôFf  Wf  Ms'ïiïT  ÎH-JrlP^’TT:  ||  \ Il 
^^t^NrjWHlÎH^r^l  ^igHT!  W-<  I 
gfHspg:  wfàvjlpT  ç|«yÿ|H,l<MWfT:  Il  ^ Il 

{isïtara  h ^hhiiPi^h^  Hil^ÎH^rÎH  >rt  grc  i 

rçrcmrc.gf^^n'  frît  jw^ii  $ 11  « 

gE  3TCTTC  11  cJ-y^l^Hfiî^ïïT:  | 

rliyiMl^-ITïT^ ^^ÿtfft  II  8 II 

ttt  srcrrc  il  ^I^ih^hTh)  fàyt^MUrc  1 

art  ht?#  11  \\\ 

g&  3TCTTC  Il  H^qWiM'IWPf  I 

mdfàfrJiH  Ht  rc  ^wtrc  Il  Ml 

^tSrtTC  g^T  4iMlrHRHClïlt  I 

Hi^rurnf  mm  h arct^  11  & 11 


^T^>'  gRiTC^ït  <=llÎL|  'hlrf'ilr^  Il  c II 

dHyHMf'T  Çr?TÏÏ»^rTT  ^t'MlP^'ifïsrM  I 

«j.jJlfq’  rc^TTCT  ® ^ RHwi  «Sr*l[*m^>lii  II  Ml 


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LIVRE  SIXIÈME. 


509 


^ nVlRril  I 

cjM l'fcFî  II  \o  II 

HIH^rl  fTW  H^H'fiyMirciyiH  I 
^tari gi^Hi  nmr *rt  JjrnT:  u un 

aTW  biqHMI^f  II  ^ Il 

fcl^lM  M î^lri HI i Itrl H îriVjîri  ^lN*lîï  I 
.•ffaîTRîrcpi^ï'T  =fic(r|  I Hïïf^nJT  II  Il 


^Pft  Hrft  %T:  FI3T : îT^TRÎt  fàSTT  I 

HllJ«(j^l’  f^5t  ?Jïïf  wN«l  îfî  *TRft  II  \È  II 


anfrfnr  hi^hhF?h1  ^tT:  u n 11 

5T3TPR-  I 

H JlîrlÎH^qæn  II U Il 

FFTt  ïïrff  sl^liilftT^H  3ÎFPTTVJ IH ÏH o(| F^HT^ : I 
TïïTfïJ  <^rIlîllHl  'TP^PJjfàrT  Î^vj^ojI  II  \0 II 

ft  ^ sityoftil  ^ŒFT4FT  HT^rT  I 
M«IN<l^Mi^:  ÿ^|(T4%T  ^ Il  Wl 
*râsWW  H I 

?rçRy'  M$'î.fii  î^nH  «^i^iF,r*î:  uvï  n 
rr%  r«nÿîs|feft  H'TrFi  mwiï  ^fr  i 
*Flf1*rH=(  ^ II  II 


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UVRE  SIXIÈME. 


311 


•# 

^TTTTïïnr  HJiqifi  WHIffl^ST  R#I:  ||  \ || 
y4HMI»if*j'4lun  WIHHIrH^Tt  I 
’iirii^^-ej^jji  q-  crnmfteniiH'  11 
rsTtf^i  HHh'otnrii:  îT^;  ( 

^Tt  7 ïpit%  *igsn^T:  ||  ^ h 

^ femr*T  I 

*33^"'  wk'yJjrr  fmrik  ii  g h 
fw^RT  ^rauE^rrror:  i 
gi^Wi  CI7nrTIr*ïï  f^ig^HHII 

1^3  * ^ TOi  ràWk>IHItR:  | 

^ ^rfk:  f^r  îmf^FmFi  ii  { n 
m * ^fr'nwt  i 

*Tî  ^HI^riïtJiR  ||  b || 

ÇrT337*Tl| 

q^,r»l  'fer  râw  HTRFT  ^TlTfïïr:  | 

5TTVRR  ClfFRî^  ^ „ c „ 


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312  LE  BHAGAVATA  PURANA. 

II  ^IdNrH^IHtHH  qWT  I 

fFT  àM II  î || 
illffklîll  HT#|:  SJfFWJ  % JfT  I 
Rjî^^jî|lri  ^uirf)  MtM I II  \o  II 
rTFT  ^P'flH^MUïïi  IJ^iTll  «jVINtHJ 

HtrTTfîT^rTf^  »j4'l  «T  FPT  HI*J  Hrlîrt  II  W II 

t>Tl V’l\m I KPT : I 

h'^hi  ipt:  ^yiiwf^  ii  u 

F rTFT  FT^ÏÏ  ^FTrfhFTT:  I 

HIsf^HW  '^ïl  tH  *1  =H  U lfrf^rl c|  : ||  || 

rlHi'-KI  g HW|l  JTWFN:  I 

H>+Mg^dig^Nl^d<i'^MI  II  \8  II 

rt  rjïïFlFT  f%fi|^UrgrgnFI^Unf<K:  I 

$d I frl^M  IH l<--}  gi5|FfM  imil 

H^rJVrigMIFilF  IWHIcWH  f%HÏ  I 

y îd'^sd  H<^l|lsl  ÏÏFPTTFIîfF^^r^ll  Il 

ïTT^T  II  îlfT  H J'FTF’T  F^fFT  tTfrflFT  fWTFFL  I 

’FTT  tfffrlfrjjrf:  JFFJJIîfT  *T  Hïïf>T:  Il  Il 

^IrHl-i  yf.îriy^i  fFmïï  W(  ^I^Mlrl  I 

yUU  (i«!4i  U$d4ï  •i|A.cliRir,i^;  !•  !• 

FIÏÏT  ^T;  îlsïïFTFïï  >pïï:  Wft  ^ HMOJ:  I 
^ sîFFT^T  ^TT  ülrHsII  aniï^ffR:  Il  Il 


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LIVRE  SIXIÈME. 


313 


MWIrHI^I(|âr^^ïïI,^rl'aNII  ^ I 
H)=L|:  H'-IIHI  M^Rl  *T?f  sIMMrlP^rli:  Il  II 
y ir*iH  ! CTPfrT  Hir*ll  M(r|  : ÇSRT  ^3(  3T  | 

"TifT  "3T  UNpi  II  r\  Il 

5pFÎ  ie|N  Il  ^ î^4)î^rfi  ^Isl^Ni-il  *}KHlfa  H!  I 
cramwft  Uîir+iHHrii  gfît  u n 
f%iî^rJ^N  ||  HIT^fëî^l 
*nmi  UH'-iiNHi  cj^-h:  srfrffg  u ^ u 
Ftwrftr  fïït  ^înFifa  hjPhh  i 
WTT  feffflUliq  ^IKHW^IMI  II  -g  II 
OTOi  I 


* *rt  ^m^iHH=iiM^  imn 

RrT ; H^THTîT  FT<Ç  ïTrt  rTR' : I 

’WT  ?f^*T  JFÜT  MstMl  Rfef%  *T:  Il  ^ Il 
g^T  3grra-  Il  ^fêfrl:  H HTOjqi'^ïïl:  g*:  I 
^ mf  r4«l{HMslfëg:  IRb|| 

WT  m ^Tsft  qf^furri  ÎT  HT^rT  I 

a5fir^«H<l%sli  II  & || 

4jyi<£  gMÎrl  ^Isj^HÎqH^itTl^lrHsi:  I • 

^fyl^u^^ÎMÎH  sf^grfi  qqt  u u 

Hlfa  HKIIVt*ii^cl  f^^ril^l^lr^  I 
3T>f  f f^lMfericHsi  II  || 


II. 


514 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


rPRTT  ïFjf^T  ipfî  I 

whwj'mïtïït  aw*^^r  u u 
m aiïFT  3qT^%  fW:  HMtim  I 
î|7p^  ÿJ5?j^T^t  ^{INrli  CJT*ÏÏ  gt  " ^ " 

(isil  J*li <4-m  ÇTTff!  «i<f*ri  : I 
qitjptipntyril  siw4*  Il 

^wrt  î^ttpt  Tsirt  cmiimMLunPi  gr  i 
qTtTFT  ^TR  ïïîTFT  U l<W,HH  VZ  Il  >8  II 

>*i*iM»*ir4i  q*P-i  *5Î^hi  i 

^**1 14 H *i^i*i*ll ; Il  ^H.  Il 

O O 

^■eç^-ls-T  JET  (IîrÏWW‘4  Rfrjï  I 

mn  fèr:F^TFT  t^iïf  *h  n>Mi 


: tr-I^Hl  yni'+.i'iî^ri  ->T^?^ll^3ll 
y^^HlitHUlfrf^gn  W 0?n^T  I 
•T  rPTl^RJ  HsTST  ^TFT  rTTFPïïft  J'ôRf  Il  Il 

rTT:  q-TrlUMIrH^i  ïïï^Fqt  JttrçTOT  1 
*Jl^r^T  pÜR^Ttft  *Mr<7%F  ? Il^ll 
îwet  ferc  qnrt  ui^HHdi  i 
1JUîIiÎ4:  fi^füTr  II  8o  II 

srcffat  g PRÎT.  HIÎHH:  qîH’fal  I 
ïpftRJT  rTSRHRt  ?TPTT  <;ihM  T4JTT!  Il  8t  Il 


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LIVRE  sixième. 


515 


^ ^PTRRt  *TOsqT:  I 

{Rit  ^n^rf^r  f^rt  ^ïïcfR^Î  ||  8*  Il 

%J:  f*ÎT^T  T*TTT  =fTf?f  STfFT  II  8*  || 

^ww^t  wrw  ^ | 

gR  Fr%RT  ftrô  37^^  I,  ss  H 

gi^T  '^ppvnf  «T^Trf^Tnr  i 

3^»^%  ^f?T  n 8h  it 

amrW  g*igt  ^ 3^  ( 

rfm  pm  nrn*wiRrô  ^f^t^ÏÏTZptwtl 

^Tnv:gî^WrqlWwfepH|l|rW| 

^;p^;  ^ ^ ^ (|  8c|| 
*"  gn  fartf*,  , 

**3*^  H#N| 

W5IW  * qçfit  ^ 

ftf  ^ermHiv^  ftçantf  * ^ ^ „ Ho  „ 

f^î^fî^l^^ifïfrf  ff^T  ipf  ^t_j.  gfpig^j^  | 
îf^'^îù-irl  Hharfr  HTiHclKilJ^j-j^;  , 


316  LE  BHÂGAVATA  PURANA. 

Mm  îllfR  {oRrR&f  : FJFT  5J?jtq  fqq  ÿi/l=l  Il  H.5!  Il 
îT^t  fà'HIHURdta  oUfrflsî)  M w i r*Rv.J u M t'-l I 

qt  g atewïTw  ®nr  HÎHfçTq^Sr^a^  iihsii 

►T  % sri*i*l P,4  qr^sRFÏt:  rRIFPFT^T:  I 

q:  fSPT  ^hrltrl  HÎHH  Ri^slîtl  II  HÔ  II 

S'  nid  dl<£(d  q qt  f^TÏÏTFRTqt  FqFJÏ  tdMtrM  PTrT^  FTôT  S>ÎIH»rR  I 
H^TlîmiW  q^PFT  q qTqgq^T  #T  jj  II  HH  H 
ifrIW  FTIFT  FT  fckNI  d,^l*r-Udi<$MÎ'ri  dMd'VR  fjï=l«£r{  I 
*jv! fil 4 <$iI>HmI  W •HJ"  FrFT  ftR  «^7  »T:  FqqTRt  II  H^  Il 

FÏÏTîT  i^ÜT  ^TMJrTT  FT  ’pjfFR  H Rh^ 'IR  RH  l*si  I 

f%  quT?n -wjHf'^qq^THi  j-qw^r q ifiRfa  q^n  firrm  iih»h 

fq^qTppq  FTfît  yfaMIisl  ^jfR  1 1 H^  1 1 

77T:  F*T  »^T  HW:  FTq’TPFft^fFFT  II  H$  Il 
^ ^«H'rl'qiq'ïf  HfeHsWHm  I 
• • sin*lR(i  RT*?  ^R^isidR  HHM\:  Il  II 


«^frT  nldMdd  H^l^lîfl  MI7H<j.Hli  hR.HIH!  ^qiÎHHili 
NWHRfr  fq^hfjqilcHJH  HW 
q^DM  j-çjnq:  Il 


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LIVRE  SIXIÈME. 


517 


il  m cramât  -ram:  n 


II  'Tf^Trt  I 

SÎt^TfofT  JTsTR  ^-IMFïït  fT'fftrfa:  Il  \ Il 
MTf  R P7FI  rT^  THI»^  MôTFT  MRpTTMfÎT  I 
3 ’TTPT  =*)ri*f  : : iTf  II  ^ Il 

MUI  mmiM  HMIÎH  41rTlcl*i*i  ■MIrJ4>i:  I 
RJ?-IVT  i^sUrl  FRT  ?n^T^f^T:  Il  ^ Il 
WT  MHiH  % ’MT»TT  >T?f%  *T  I 

^ MlP,^flmHIMMI  II  Èll 
m ? n M ^ rJrrMMilHI^I^I  : I 
îl-HHrMl»im  M^lriyi^MM«-liF-l  *ît:  Il  H II 
^Jrl^ml»i  *jr)î||:  fpiTrMcfffT  '■  I 

^IH^^rrlîpl^ëTt  jfr  ^TIgF|<MHL 11  ^ » 
^rH^Tt  jfrîTTRFT  I 

eflslll^q  MR  cftîi  l4rf  JcJ  aiMMrlt  II  <3  II 
'fMMÎci^'È'ÿri:  3F  I 

snf^rf?rfgpïïîft  r Mm  «itrjPi  MTfFMrT:  u c u 
gfefHMÛllHHl  ^TT  I 

CFfîM  MTflIPTT  cl^HliMWHHHIMH  II  $ Il 


Digitizfld  by  Google 


518 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 


ii  ait  3^f  srnro^  *rf%^  ^ i 
üop^rH  JrcrrfèRÊ  HHUiril  II  \o  || 
srçfîT  WTPT  5nwïï  W3NWIUI:  I 

’+iHG  I ^W\  'ifôfFP  I 

AiyirifHHl  «rnfr  ni^niiTi  j’sriftrFT:  ii  u 4 

«riHVI  *WW|l*iJF(Ti  'hîobll  c*i^(iMRii:  I 

lefrcn  qwqÿcKra  ür^iifrriïn^Rn:  u x$  u 

^ SlTgfir:  H'-Hslfèl:  I 

^Ttÿàr:  '^fvMHgri  ll\8ll 
f^WïPT:  ^F»T:  iCTOsT  I 

^FT  Jqt  W fitè'SJHHikl  slH^Htl:  Il  VI  Il 

HHi^i  wvvJim  oh  i 

ÎFy  rprfw  ITÏÏFT  i^i'Xrl | 11  \ ^ Il 

mjjr  Sofpêr  u îi^r  ^ afi  i 

y?  5^g?r:  ïïRnwr^t  WNi^fà;  il  \v>  u 

^r®T  srt  *111 HHW  iWl"^  I 

*H<4h:P}HI  H\rn 

ïFJÏÏ^ÏÏT  H°FT:  UidiqiqiPi^  5Pît  I 
■a^AUMl  >TiN4frï  ^WT%*1~4{H  11  1j  11 
ri^q  ft  T^-  MIh  <(<(1^1  *i«£*iwiri:  I 

H y^Hc»  mon 


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LIVRE  SIXIÈME.  519 

^i\U  FTÈTt  I 

ÇR  îj^iï  {im  îqiV5%l,W,4<:  U St.  |) 
ai-^i^My  f^CMnam  {IwfèPJfPT-'  I 

9iïWÏÏ  >JrMIHIFm  : TppsRL  Il  ^ Il 

ïT^^iUlUSn:  FWm#T:  II  ^ Il 
ÇWTRT  f^TI^T  «T  HH1*HI  : I 
?wwrem  HHI4iHIUÎI  «RR  J->îgîT  1 1 SÔ  h 

[3lNyf^lHHN't<i<^l:  imil 

RFÏÏrT  I^ÙiT  *RTÏÏ  FPfg^T  JlfrHIrHR:  I 
1h  HIîîlNüHHIWü'l  ||  ^ || 

r^s^irii  ^rr *w"|i4pw< sirfNç cmt «r i 

fit  W’RH^TV^R  H+yui  5Pf  Il  *0  II 


HftlH<lMMrjrTR{^  R^'uI’^hRi  fit  *T  fol/frfa  II  Il 


gffawiTT  M^i^iûr  ntfoimi  ^mtHcNi 

’ •TR 


q^STt  J’SIÏÏT:  Il 


520  LE  BHÀGAVATA  PUhANA. 

h m ttterr  'îhjfi:  h 

# 

Spi  i^N  II  W( dMlr*ISI  I 
tT Irf  W1 H«pï  1RHT  II  * Il 
dl^  S=H*J  Il  sflcIIrHdMÜM  R rïïrT7  IMdf  R R'  I 
RT*MRFRTn»î  SJRT  RpïrlïïT  *jPÎT  II  ^ U 
fRRTTRW  ïiïïTRTR  : : I 

iMrtyriMHÎri'rt  *-JMH-H  II  ^ Il 

sOcl  sc<N  II  RRiï  Nn< "1  *llrïj  I I 

5>*Tf>r«ii^*itUiHi  ^cjfrl'Li'ilMlH^  Il  â II 

çrjsi  r^wwfH^r<ifr irim  Pot  : i 
HR  ÇFR  HRTÏ  MRfa  s+WÎI  PW:  ||  H.  Il 
MHT  dtrjîd  '-jtlMlî'l  <£dl<{lld  drUrlrl  ’•  I 
MM  A fri  «i(ï4=(  srmt  Il  Ul 

Hd-lfMllta  ÏÏR^Ht  «çiPlrMl  4HMH  »JJ  I 
Mlq<dm  f%  HR»Rt  HHH  RT^qT  f%  Il  a II 
^R  Mlîdddï  sllq:  TT  î*irMl  : I 

Mld'ti^lMrl^Mrl  rlldri^Md  f%  HTM  ?Tr[JI  c II 
^sr  fdrM I vraOR:  g^T  ÇR  Hdl'MM:  fRÇSR  I 
MlrdHIMIiJUi^HIrHH  qïlH  OPJ:  II  * Il 


« 

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LIVRE  SIXIÈME. 


^IHIlfw  fer:  F5f:  qff  cfl  | 

^ T : ?T^T  ctirj'm  II  \o  II 

'TT^jT  sttfit  yir  * ?r  ferrajri  i 
q^^Tfterç-:  HW  II 
Il  Z’Fpfnf  JTrft  îfMl  UTrRÈfTRT  FT  FT3T  I 

fàïWI  g^f  : #£  fÇ'fllrHâ^jÿ'HÎ  II  W II 

f^T#rîT  5TÏÏWT  sflFfafë  friïfarlf:  f^ïï:  I 
HHgifHIsi  »j l^i*il«£*iMiPrî^  Il  Il 
FïTrTwt  5nfew^r  i 

^M^rWri  ^^HtoTwifàrï  I 
MgHIMi  H^ts!  HrHII  fewrfàrf  II  \Ù  II 
FT  Tjn  ÏTÎïï^F'ïï  ^ra^gfésïïfWTfH:  I 

if^^lfl ■'  H^^^lî^êl  f&’-ï : Il  Vi II 
+.lfH^ili  fàf'T^FT  L4lr4l  ^iriyuMslrlîstiM  ' I 
-^T  fPTFCTWl  II Xk  II 

m FTFf  ’Flim  >TWïïq  'JMrlIr^H  I 
>,<|e*,*l.'^MA:  M'dMmgqH  ç II  \& Il 

5TT I H^Nri  aig^iM  y)*jî*£  I 

yyyiMIH^IM  ;T,T:  ffaNWTÏÏT^r  II  || 

?rm  iàgHHiaw  t 

ïnFIT^FTÏÏT  s|i-Him  fa^rïàrl<£fct)  Il \t  II 


322  LE  BHAGAVATA  PüRANA. 

^MlMiVIIM  *T$?t  îT'TR  JHrT^ri^  II  II 
J'Cnraf  BT  Ç)MÎ1  HHHI  I 
îRTÏÏTTRRTTîT:  *ït  >T57T5T:  Il  W II 

îriWH^MÎrl  slIMri  I 
HrcllfrIMW  FT  sP£TCT  SR:  IPI*  Il 

M 5 ^prf%  *T  î^i4*il^4lKMIHe|:  I 
■HrMUt.’U  f^rlrT  artWt  FT  ^rft  ^**5^  » ^ I» 

JqT  M<¥lfa^l  ; tPT[%  5i*%  I 
3c| \*m\  Hl^WlOFïït  IP&II 

57  I '777î  HÎT55  ^nÇT^FTTFT  *i»^i  l<=i^ÎH'4HM  HmiH- 

HlrUrn^l^^.^  *i  4>IH  UIU  |4|><y  W 3T5  MT5- 

II  *H.  Il 

gBiï35T5  II  W5iT%TT  ÎÏÏ7?TP7  HUIHIÎ<$M  5T7^:  I 

mmmî#|hi  5T#r  mt*t  Farragsr  crnt  n *1  11 

T55=F?JFJ  1^'UI  HT  Mm  •HU^Hlfarlf  I * , 

MI^MFÏÏH  Fïïn^53T5T:  g5*ïïf^rT:  Il  II 
rTrTST  T5W  MIMHIUIMI  I 

|tf^lî^|L|r*4  FT 5t*î  J'tTfn^rT  *^1  II  Il 
FÏÏT:  M,  fri  MM  : I 

SI7TÏÏT<^ëPF5  fTTTÏÏ  MPUIWM.  Il  P}  Il 

^Ull^jfl'f  PülfadlHH  I 

: OPj  II  || 


LIVRE  SIXIÈME. 


525 


WSnHFnFïïî^flïït  vf>W^Pr:  I 
H«fo>W»n  im  II 

H=IIVHH  rt  WHlfàrj  mt  ll^ll 
rïïT:  fl*nWT  *Rt  *RtW  3WW  ^rlr^yiHH^yiilHl  I 

fw?T çi^f^^raFFt g*r§ç rrrarrcn^ra^  im  il 

RKrjMW  II  SIÜFTfïIrT:  tmrafa:  HH IrHf^H'l 

falsIHIW  ^ TOffTOilHIr'Wi  *1  «lrH'(l  'ftrl^BI:  Il  }à  II 
m fà*rr:  ^5  su ii ^ R^iîhhm i{I Pi  i 

fëmqsiH  jvii^riH^  gr-frer  qrr  qtmw*iHii  nyui 

H(HI IVlyélrlT I 
%!i<^em'ffÈr  «awi  rl^W^lrî  'JÜT  Il > \ Il 
fVIrillP^IM  Rÿrfl^H  : i I 

ÎR- «TFIFTOÎ^T:  H^nrPÊtfè^r^nTT^fT:  IR»  Il 
fèpWrJïîl  •'U'JillsTl  tr  StflflH  f^rftîf  q-^  ai  I 
K^HlRlM  ?T7TrT^J  fà'wfo  tRT  |tsf4i<rl  II^VII 

^j^Ml  *T  4 ^*i  | l«jRl  WT  ^HeftalPl  I 

Sn^rrH^JJUIHM  JpPTTIIrTt  FR  II  $?  II 

fêfrWÎslH  FRT  >RHT  STÏWT  WFW  I 

f^^RT ?ï  ^fr  snpTF^Fïï  JtRîfrr  II Èo  || 

ER  ^ïïïï  qrf  FT^f?T  W q^aR  | 

fèqFriw  çfàrft  tn  rr  tçrîqg?;:  çrfq^i^sr^r:  n &\  n 

4 1 • 


324  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

pTsPTJtfh  f^TFFT : t 

M^RFP?  gÊfa:  q^ffeïïT  ^ FRR*f:  (I  ^ Il 
*T  oejpHtJH  riqiîll  *RT  'tdPlî^'fll  HUNrH  ^ï*fî  I 
mi 'FJTIFtà  ëTPTT:  Il  Ô*  Il 
?T  f%  WJN^Mp.rtr^;  r/^RI^iTTIHfa H'-l IMd'-l ! 1 
'^iHHt«£.c4i!rH  j-mfî  «fa  fepjsa^  fttrtfi  ii  ôô  u 
m im^T  ^WflT  I 

Q^*itMMll  M|Î^H  HMHH  ëfiïFRRT  >|c|{H  II  ÔM  II 
mRhHH^T  FRET  rp?  -.UI-.IrHHl  sHf|^wfi7f  I 
faîTP/T  : PfcqR^  H Nrjpcl  >9*ulrl  ■ Il  8\  Il 

SFFFJVT  H+H^l  P«4  H IU  I 
j^iHHIr+Wrfa  f’îlfïïRt  PfcT  7?H$fTR  II  Ôs  II 
*T % ■ïwHH'j  faSFpL  HTTM  F 'Hp-LHMH'j  PlnH  I 

ajmri^î  HN^IMpH  iTFT  gPf  FF^  n^Tt  HTFFt  JFJ  H^H^f  II  Ôc  II 
pfïï  wm  ii  iTFpfr  i 

fai'tiiMpHÎrl  UIHpy5l4ig  1 1 ÔÇ  1 1 

gft>NMfgarra  ii  q^ri^fNt  F sn^Fr % ^ guriw  i 

Hfïï^t  'ffà  FRT  gsFTTWIT^KmF  II  Ho  II 
Al«£  % Hopjfllpl  grilr*1l  *jr|HlcW  ! I 
«l®H«*^  ^ *fafa  Sfirarft  FT^II  H\  Il 
Rt%  NHrlMlrHH  FFTNRi  ^IrHÎH  FTFTFT  I 
35R  *f  *RT  RÏÏT  *TR  %fa>R  fR  II  H*  II 


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LIVRE  SIXIÈME. 


mrr  ggFn  gpgt  fgg  w-im  girgPi  i 
girMR^felR  *RR  3frST?T:  Il  Il 
^ sRIJ  sftgRRIÎg  gRR:  I 
MI^HNlTùl  fàfTIM  rll^lî  qj  FTPI  IIHÈ  II 
WîWïïi  g^T:  FgTT  ^<lrHMW<r  I 

gw  g f^nftrr  hhi^rh^î^  gr  iihhii 

3*PI  4-Hjrl  : JH:  Rgiggfh^fNgt:  I 

*1^1  fri  ouIkH'^H  FTwIR  Fig  qf  II  MA  II 

q^rTfèPTrT  gHl  Hàl=(  fgggTFgg:  I 

FR:  ÏÏFTT7  TrRT Mrl^jïri  : Il  H,®  Il 

Hioy'4  *nggY  41  w sTRfggRgggi  i 

vir*iiH  4t  »T  ggR  »T  ëfrfgg  ^HHiyqiH  II  Il 
fgg^PIT  '-iRfSiyi  FR:  I 


gigrg  j^Htenq  gi4tà  ?grft  fwr:  i 
fri  -*RffwRf?rf;iRïï  g gtRg  g u *o  n 
^ fgg4g  g^  gtR  fggriSRTFRT  i 
giFggg  nig  gw  RRggfggnPit  n n 
4 2 g h i Pi4h  i Pi  PPfÿtf  : igg  frftt  i 
gigfggFRFjïïl  gçgi:  g^gt  >igg  n ^ n 
{hnw  ggl^^qqgfcPr:  i 
Fggf;  g-Jwgi  M gg  u 


326 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


^RfT^trr  *?*?  i 

dHfaa  wirat  ii  ^ u 

II  ïTTWÏÏ  HiNlfHrüi  fcl-sîVj  sHI^:  I 
«JJWHW'W  mir^T  rlH^m<y-  5^:  Il  1iH.ll 


rfa-  H^r^im  crrprfom  h'^hwI  ^qTfocwi 

qn*r 

’TfTsrfir  vrsErnT:  u 


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LIVRE  SIXIÈME. 


527 


il  m HHdaJi  syjïïi:  ii 


33TR  II  lïïTHra'filfrfl  JHMHHI  fRT  f^ST  W.  I 

RlïïRr  U \ Il 
* ^Têt  ^HdllIIWWI^HKq:  I 

*i*£*l4ïill  *JI»iPr:  Iti4'tci^"ii  1 1 x H 
fRNH^jnflg  HRIH^rqfH^  I 
W-17^1  W J M '.|  M ll'HTW  7 11$  Il 

^+^1  IT  M^VM  Hïï^rTT  I 

{JiHsi  n^rcrfirr  fai^TÏh  ii  d n 
^TtrT^Tÿif.r|i  wt  3TgRT  gFTHHfc  I 
5ërre^ôgfT:  UlUelrMI  sTgw7foH<pH4>  IIM  H 

Il  ÇR  FTWJ]^'-  ffiyi'&'f  ?PÏÏÎ  7Tfl!>li  I 

îrn%  gw;  hïïrt  ii  $ n 

siti^tritarr-ti  sl^RT^T  FPTÏÏTfFT:  I 

RPT  ■«lltrl  iirlsçli  Ul^trfl  WT  II  o II 

cnw=  MifiHiïiify  f^pr  f^%rf?r  I 

îHT  H«^l6rtM{ï  N^lîrl  îî^W  f^T  II  c II 
Sp  33TR  II  WlelMft  FT35RT  CT^RflW-nfo  I 
fj^fï  *P*TT5T  F^gçRTT;  Il  ? Il 


V28  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

pfêrç  fa  çprïïr  1 

Wm  faMHIrMlfayiHH  II  \o  II 
TT^FT'îFT  II  WJ  KiH'M'il  rll'h  JRltrtl  : HH  : I 

ww-ji*tt  jrot  R^fen^l ^ U’Ai<r{  ii nu 
»T  M*T  T^kïï  T^Pfîf^Ff  ^TpTIÎ^W:  I 

'ï  ^1^  • 'tiÎMrJl  HM3I  % *Tt  MMM'wîrl'stfrf»*  II  H 


F^t  I 


*T:  'JÎJ'WJ  fj;|  I^m^uRtI  T^  ^Uil  : Il  Il 

H l’W^RT  ^fïï^,TI'^Fil'TflrJïïf  I 
JWHcCFTïTÎH:  *tT5î:  ÏÏTgfr:  q>|fl RlH  II  \Ô  II 
ïFT:  ^ni'TflT  qt^TRTïïfr  î*f?î  I 

Hïït  M«^Hl  »T  «Firfl  IWiïr^  Il  Il 
g^FT  33FT  II  ^ WHfa sHFgffefMH Q-  I 
H’H'I^MRTH  ïïrff  ^ÜT  îWÏÏT  HTJrT  II  U H 
REfoffilW  II  afFFl^ïNH  ÜIIMHIrHHI  ^f^TFïW>  l 
'^RPIÏÏT  Çr^Crfaï  HHj  riï^  1 1 \©  1 1 

♦iVli^sh  ^rlÎH*ivsi,î|(Sli'l*flt^*n:  I 

yi^y^gtsr  j:^  ^ gü  ïï^  ïï^t  h u 

•iqirMl  'T  GF^nfëf  ^irfl  :fN*iL  I 

TOTT  *i—Url  s y IS1  tflrHM  ^ Il  Il 

jpïïT^T^  STFT!  3RT  I 

fSfTfr  R^:  ^ RT  g^  fiERR  RT  II  *0  II 


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LIVRE  SIXIÈME. 


329 


TtTi-.  gïïîFT  ^rnf^T  WNRIHHIW  I 
^rt  5RT  g *rtnt  ^ gw  JiüT  ^ Hr4H ; Il  Il 
ïT  fTFT  =t)RüiWH:  Wrfi’-it  ?T  Mltrl«l*^*i  flft  »T  I 
H*IFI  fl^3T  Hy  ft'ltM  gül  *T  JrT  ^ Il  ^ Il 
rWIN  rT^f^rftnpf  l^TT  g*am  J-'Isrnr  l«f.nli«çrllM  I 
sfjïïi  ^ grgsRRî:  mfrf^ïïrt  #Fp#  «j-n^c^v}  ii  ;>}  h 
m OÏÏT^T  *T  tïT  Vir-IHlrHIM  I 

urrïï  îivngw;  *t*t  rïï^gwrt  *#r  ii  pù  ii 
g^3^r  II  ^fFT  TOPJ  fn unît  I 

ÏÏÏÏFT  cnytTrTt:  H’-IHIHMI  : Il  VI.  Il 

Flrirg  WIÇÎÎ  ^lUflfa^Hfl^Xl 
^T^rïrfvI^Rt  TPT^lt  ^Wïï  IR  Vil 
3^FT  II  gsrrfïïT  rR,«ftn  : I 

Ml^lr^i  HrWÏÏFÏÏ  RiFT^mrt  H^IrH-li  mon 
^ifFlUnfl  : X ?T  f rTUR  fgpqfrT  I 
^jniraïfaftrafa  gÿqigf^rR:  ii  ii 
^ fflMnn  W^  rTl  FRH  I 

gi#  j:tst  giriîf^  sfiRTt  ^gu^  ^ ^r  u ^ u 
»JÎq^4i<ÿr|:  jïït  *ï^  RtiHPi  I 
gtn^T^^Tsr  frr|sr  «WHfrT;  n s<>  u 
^ig^sf  HiNÎH  h ifr»g«,«ç.rt  i g un  i 
nw%7qcfi4iTïïi  i.mmvm : im  n ‘. 

ii  Ai 


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LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

ïflïj  fëfprt  ÏT  ^ gqq:  I 

f%^T  îT  rPWfTT  ^fl!jl*ïïfîre : II** 

^ qJWlfer  fÎPT:  ^feTTfîW:  ?3f:  q^j-  jfô  <qT  | 
*Jlr^lfJ  H Jjrnyïï  U ^ II 

FTFT  ^TP7  fîPTt  ^giT:  I 

HïT^fT  !7TFff  ^ ^cji^rtfyq : Il  >Ô  tl 
rHHIü  NWL  ^TPT:  I 

SfTT^  HH<ÎÎ%  U VI  II 

ST^W^T  II  îTrT  HîT^T;  fàM^HlfoüfàrT  I 
tpj?  ?TP?PTt  ^T^ft  P^iMN^UI  ll^ll 

?f?r  mwTî^rr  i 

«ŒTT  ïïïïîpÇ  II  ^<5  II 

dsi  a^lm#  ^m^Ti  • i 

êj?  jrUfilfdUgdlfH  IIVMI 

^rTT  ?r  H^ltÿïïri  q^rt  sr  qT^J^fa  I 
4^Hii^sTFm  qrrrnt  >mgp#h  n n 
^ÎH^IHpFT  Jüïï  fàW'Wl4«£lr*H  : I 
Hi4jr*q  NyHfiiiqi  «Fqrfèg^r  n 80  n 

q ^nr^Mlrl^r«liy  ÜW  ' 4*6^1 

çfyrpFi  ^ff  Fqaiï  w mf^r  crç*ïï  nfitiifrni 


LIVRE  SIXIÈME. 


551 


h «raigrçsD  n 


SJ??  3cTR  II  fJÎSUrJ  ïïftrj:  HlNîTf  «I1$ÎH  îlïïï  I 

îTft^rnr  crsj  îfN  ■«iirjHitM  h \ u 

RlR"«fnW  HÎ^-'HR  îipj  ÏPj  I 
ïnfsrr  *r  =ifi'(t^i  ^rt  îïï^rT  tj^ii  u ^ u 
qig:  f%:  ÏHMNlÿO  ^FT  ^rH'HHWim  I ' 

ÏÏPT  ffftw  CTR:  WlfHWH^PHIrt  I 
4uTi*t M Nrl  lîtiMim  ÇFFPHT:  11^  Il 
^rfnft  ci^ilIWIHÈJWi  sirm  >£p  cp*:  I 
=4l<r*ilt4i'9'  R^ïïflîTt  II  S u 

îTITFrW  5ÏÏCT  I 

^rT:  fïï^g:  JWT  3^rqT:  ïïfolt  JrT  I 

fïïlrili  PT?  [tfCOFI*  SPJTTrJ  II  H,  Il 

(Î1h1hiP|'<%  tliMil  ^*7  ydiPlÎH  'T:  3pT  I 
sWFPfPT  FTIrT  Ffffà  «ftetf  5PJ:  Il  K II 
^TPT  »TMl'cTWl^n:  I 
sftrff  q^lt  -4^1=RHWW<#t>mT^i:  ll&ll 
FTr^H^'llcflillMtl  frnwnw  I 

J’f^rSfT  M*)e<WHrtl^  *£  Il  s II 


552 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


W!*I=M:  y)HI*i_wsfcl$  II  f 11 

(<H&W  I 

f^uyi’dy  <+ilîf{fîl  II  \o  || 

siMHI  rHMI  ?rfT  ^HI»jMI  \\  Il 

ïïïÇlt  Ulïig^T<  ^Tt  ^ I 

lirfdlHI  'TFT  (lÿ>  r^Ut^lril  ^ y«ç)r^  1 1 Il 

f$rft  "Vl'ilHJ  ^f|^Tir  fejrTt  ^ *JrT  I 

fis^l^W  fiirl'îl'Tifjrl  tTTTïFT  rTFP  Il  Il 

»ft  JïHt^TIÏÏ  rfirtiîW  q%  cllHlîufHr^FT:  Il  \Ù  II 


^rjs^i^Hi  gffrrr  ^i^iHi  Tf^TfHSiï  i 

’rl lîçl RTo'J IHUt  l^d?T : imn 
'--IIMlîMy  ^TnrFPRIïït  Rrft  -‘"^Fî  I 

HWIrJHN  ysit'-T'i  Myr^^i^NTFFT  II  U II 

gror  Trrçrw  ffî  ri^ur^Trïi  i 

Mr^l^î^JI'^I'iltr)  ^!tlrl<fc!  Il\ü|| 

*T^T5T  f?7t:  J^nWTfT^m^rrfW:  I 
rTSnHïEJsïï:  F^ïftm^TiïTTFqHT  ll\t|| 
^IsildN  II  ?râ  rT  ïTPjt  ^NHlD^r’TfrR'  Ijft  I 
^•ÎUI  Cnf^HT:  f%  FFI JHI^ri  Il  II 


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LIVRE  SIXIÈME. 


555 


HffelHIM  HTI^H^t  aiRsUl^iH  II  *o  || 

TJ7T  4=4 H II 

rlfev^HHI  H cfl^lMUrT^it  ÎHU|WII4HH'^H?I^rl  I 
çpTTsïïR  Çff^PJ^T  ^H*il  sUTT^  TT'TÏÏTïïr  ÇI^rffT:  Il  Il 

5^3^11  f^f?T:  KIsTïqir^ifar^TlT  I 

î^rlrTl  II  ^ Il 

^ g y i^riN  ÎH^HiHy^ni  i 

îri^^q-  qm  <4 |ri filial  5PT  yis  II  ^ Il 

■»  fa  fa  j/iHifisi  mfaüfagTi  h fa;r<m  ^ i 

îJrTf*  Flrf^  çsrréf  f%  ^ Pr^Tt  q?r  :•  1 1 >8  1 1 

■ÜISIIHMHI  FT#t  I 

h?jjn*;  ^jïïïïïï^  grft  n sh.  ii 

4 ITT  Hrf^T3P3T^TTT®FifT  fïPT  I 

*T33T  ^IsFÏ  MMlsi=l<^*(lfar):  I 

*rm  ?wnç  hîhh im i^cfl^oi : n^u 

^r  faim  siil^dl  fa&wfa  fa^Mm  I 

farwr  ^ Fif%#  f%  mftriTT  n ^ ii 

fîi*r  ^ ra^i€ qïïr  gut  hIh'^ht  ii  n 


5S4  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

^ ggfàrTfrTIrT  f^TT  I 

W«£H4  ^iMlrîl  H ll>oll 

?ÏWI  l(  ^ ulrltrl  J «£*1  Pi Pt^ri  I 

f^HTTÏ^gïfH^:  ll$\  Il 

nfvnra  f%  Hi(hui  ^srt  trpr  fjh  i 

*THH:  Htf^rlRi  slitÿ^  : fà?T:  <1%:  Il  ^ Il 

H ^ar  : I 

3WT  wmigfar:  rarfer  uErwipr  n >*  n 

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LIVRE  SIXIÈME. 


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LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


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LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


341 


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342  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

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CHAPITRE  PREMIER. 


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POSTERITE  DE  DAKCHA. 


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1.  Mâitrêya  dit  : Du  Mauu  et  de  Çatarûpâ  (la  femme  aux  cent 
formes)  naquirent  aussi  trois  filles,  Âkûti  (l’Intention),  Dêvahûti  (le 
Sacrifice  fait  aux  Dêvas)  et  Prasûti  (l’Enfantement). 

2.  Le  chef  des  hommes  donna  sa  fille  Âkûti  à Rutchi  (le  Désir), 
avec  l'assentiment  de  Çatarûpâ,  observant,  quoique  sa  fille  eût  un 
frère,  la  règle  par  laquelle  l’enfant  issu  de  cette  union  devait  être  le 
fils  du  Manu  [et  non  celui  de  son  père  naturel], 

5.  Rutchi,  ce  bienheureux  Pradjàpati,  resplendissant  de  l’éclat 
que  donne  le  Vêda,  eut  de  sa  femme,  par  la  puissance  de  sa  médita- 
tion, deux  enfants,  un  fils  et  une  fille. 

4.  De  ces  enfants,  le  mâle  était  Vichnu  lui-même,  qui  avait  revêtu 

la  forme  de  Yadjiia  (le  Sacrifice);  la  fille  était  Dakchinâ,  la  donation 
impérissable,  qui  est  une  portion  de  Bhûti  (Lakchmî).  . Üm 

5.  Transporté  de  joie,  le  Manu  Svâyambhuva  emmena  dans  sa 
maison  le  fils  de  sa  fille,  dont  l’éclat  se  répandait  au  loin;  Rutchi 
garda  pour  lui  Dakchinâ. 


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2 LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

6.  Bhagavat,  le  maître  des  prières  du  sacrifice,  épousa  cette 
femme  qui  l’aimait;  également  satisfaits  l’un  de  l’autre,  ils  curent  de 
leur  union  douze  fils  : 

7.  Tôcha  (le  Plaisir),  Pratôcha  (le  Contentement),  Samtôcha  (la 
Satisfaction),  Bhadra  (le  vertueux),  Çânli  (la  Quiétude),  Idaspati 
(le  Maître  de  la  terre),  Idlima  (le  Bois  du  sacrifice),  Kavi  (le  Chantre 
inspiré),  Vibhu  (le  Maître),  Svàhna  (celui  qui  prend  le  jour  pour 
lui),  Sudêva  (le  Dieu  bon),  et  Rôtchana  (le  lumineux),  qui  fut  le 
douzième. 

8.  Ces  fils  furent,  dans  le  Manvantara  de  Svâyaiïibhuva,  les  Dêvas, 
nommés  Tucliitas,  de  même  que  Marîtchi  et  les  autres  en  furent 
les  Rïcliis,  et  que  Yadjiia  en  fut  l’Indra,  chef  des  troupes  des  Suras. 

9.  Priyavrata  et  Uttânapâda,  doués  d'une  grande  énergie,  furent 
les  fils  du  Manu;  leurs  fils,  leurs  petits-fils  et  les  fils  de  ces  derniers 
se  succédèrent  dans  ce  Manvantara. 

10.  Le  Manu,  ô ami!  donna  sa  fille  Dêvahûti  à Kardama  (le  limon 
de  la  terre);  tu  as  déjà  appris  de  moi  ên  détail  ce  qui  se  rapporte  à 
cette  union. 

11.  Le  bienheureux  Manu  donna  sa  fille  Prasûti  à Dakcha  (l’ha- 
bile), fils  de  Brahma,  Dakcha  par  lequel  la  grande  oeuvre  de  la 
création  a été  développée  dans  les  trois  mondes. 

12.  Apprends  de  moi  maintenant  quels  furent  les  enfants  et  les 
descendants  des  neuf  filles  de  Kardama,  lesquelles  furent,  comme  il 
a été  dit,  mariées  à des  Brahmarchis. 

13.  Kalâ,  fille  de  Kardama  et  femme  de  Marîtchi  (la  Lumière),  mit 
au  jour  Kaçyapa  et  Pùrniman,  par  lesquels  a été  peuplé  le  monde. 

14.  Pùrniman,  ô brave  guerrier,  eut  pour  fils  Viradja  et  Viçvaga, 
et  pour  fille  Dêvakulyâ  ( le  fleuve»  des  Dêvas  ),  qui  pour  avoir  lavé 
les  pieds  de  Hari,  devint  la  rivière  céleste. 

15.  Anasûyâ,  femme  d’Atri,  mit  au  jour  trois  fils  pleins  de  gloire, 
Datta,  Durvâsas  et  Sôma , issus  chacun  [d’une  portion]  des  trois 
Dieux  Atman  (Vichnu),  îça  (Çiva)  et  Brahmâ. 

16.  Vidura  dit  : Sans  doute  les  premiers  des  Suras,  les  auteurs 
de  la  conservation,  de  la  création  et  de  la  fm  des  choses,  avaient, 


3 


LIVRE  QUATRIÈME 

en  naissant  dans  la  maison  d’Atri,  un  dessein  qu'ils  voulaient  accom- 
plir; consens,  6 mon  maître,  à me  l’exposer. 

17.  Mâitrêya  dit  : Poussé  à la  création  par  Brahmâ,  Atri,  le  pre- 
mier de  ceux  qui  connaissent  le  Vêda,  se  rendit  avec  sa  femme  à la 
grande  chaîne  des  monts  Rikchas , constamment  ferme  dans  ses 
austérités. 

18.  Là,  dans  une  forêt  d’Açôkas  et  de  Palâças  couverts  de  bouquets 
de  fleurs,  où  le  bruit  des  eaux  courantes  de  la  Nirvindhyâ  se  faisait 
entendre  de  tous  côtés, 

19.  Le  solitaire,  s'étant  rendu  maître  de  son  coeur  en  retenant  sa 
respiration,  se  tint  pendant  cent  ans  sur  un  pied,  insensible  aux  im- 
pressions agréables  ou  désagréables,  et  ne  se  nourrissant  que  d’air. 

2ü.  « Je  cherche  un  asile  auprès  de  celui  qui  est  le  Seigneur  même 
« de  l’univers;  puisse-t-il  m’accorder  des  enfants  semblables  à moi!  » 
tel  était  l’objet  de  ses  réflexions.  v 

21.  Mais  voyant  les  trois  mondes  consumés  par  le  feu  qui  sortait 
de  la  tête  du  solitaire,  et  dont  l'aliment  était  l’empire  que  le  sage 
exerçait  sur  sa  respiration , les  trois  Dieux , 

22.  Dont  la  gloire  est  célébrée  au  loin  par  les  Apsaras,  ainsi  que 
par  les  Solitaires,  les  Gandharvas,  les  Siddhas,  les  Vidyàdharas  et 
les  Uragas,  se  rendirent  à son  ermitage. 

25.  Le  sage,  qui  se  tenait  debout  sur  un  pied,  l’esprit  illuminé 
par  la  présence  de  cette  apparition,  vit  les  chefs  des  Dieux. 

24.  Après  s’être  prosterné  à terre,  il  présenta  dans  ses  mains 
jointes  les  offrandes  de  l’hospitalité  aux  Dieux,  qui  assis,  l’un  sur 
un  taureau,  l’autre  sur  un  cygne,  le  troisième  sur  l’oiseau  Suparna, 
et  parés  chacun  de  leurs  attributs  distinctifs, 

25.  Se  faisaient  reconnaître  au  sourire  de  leur  visage  qu’animaient 
des  regards  pleins  de  compassion.  Fermant  ses  yeux  blessés  de  tant 
d’éclat , 

26.  Et  dirigeant  vers  les  Dieux  sa  pensée  pleine  de  leur  image,  le 
solitaire,  les  mains  réunies  en  signe  de  respect,  chanta,  d'une  voix 
douce  et  harmonieuse,  les  Êtres  les  plus  vénérables  de  tous  Jes 
mondes. 


4 LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

27.  Atri  dit  : Oui,  je  reconnais  ici  Brahmâ,  Vichnu,  Giriça, 
qui  se  partageant  les  qualités  de  Mâyâ  pour  produire,  conserver 
et  détruire  l’univers,  revêtent,  dans  chaque  Yuga,  un  corps  dis- 
tinct. Je  m'incline  devant  vous  avec  respect;  mais  quel  est,  dites- 
moi,  celui  d’entre  vous  qui  a été  ici  particulièrement  invoqué  par 
moi  ? 

28.  C’est  Bhagavat  seul,  le  premier  des  Dieux,  que,  désireux 
d’avoir  un  fils,  j’ai  pris  pour  l’objet  de  ma  pensée.  Comment  se  fait-il 
donc  que  vous  soyez  venus  ici,  vous  qui  êtes  si  loin,  même  de  la 
pensée  des  êtres  corporels?  Dites-le-moi  avec  bienveillance,  car  ma 
surprise  est  extrême. 

29.  Mâitrêya  dit  : Après  avoir  entendu  ces  paroles,  les  trois  chefs 
des  Dieux,  ô guerrier,  répondirent  avec  une  voix  douce  au  Richi, 
en  lui  souriant. 

30.  Les  Dêvas  dirent  : Oui,  elle  est  conforme  à la  vérité  l’idée  que 
tu  t’es  faite  [de  nous];  la  vérité  n’est  pas  autrement.  Ô Brâhmane! 
ô toi  qui  as  conçu  une  bonne  pensée  ! cet  Être  [unique] , objet  de  ta 
méditation , c’est  nous-mêmes  qui  sommes  devant  toi. 

5t.  Aussi  te  naîtra-t-il  des  enfants  célèbres  dans  le  monde,  qui 
seront  des  portions  de  notre  propre  substance.  Bonheur  à toi  ! ils 
répandront  au  loin  ta  gloire. 

52.  Après  avoir  ainsi  accordé  au  solitaire  la  faveur  qui  était  l'objet 
de  ses  désirs,  les  chefs  des  Suras,  traités  avec  respect  par  les  deux 
époux  qui  voulaient  les  retenir,  quittèrent  l’ermitage  d’Atri. 

53.  D’une  portion  de  Brahmâ  naquit  Sôma;  de  Vichnu,  Datta 
qui  fut  habile  dans  le  Yôga;  Durvâsas  fut  une  portion  de  Çaihkara. 
Connais  maintenant  la  postérité  d’Aggiras. 

34.  Çraddhâ,  femme  d’Aggiras,  lui  donna  quatre  filles,  nommées 
Sinivâli  (le  jour  où  la  lune  est  visible),  Kuhû  (le  jour  où  elle  dis- 
paraît), Râlcâ  (le  jour  de  la  pleine  lune)  et  Anumati  (le  jour  où  elle 
est  pleine  à un  doigt  près). 

55.  Elle  eut,  en  outre,  deux  fils  célèbres  dans  le  Manvantara  de 
•Syârôtcbicha,  savoir  ; Utathya,  qui  fut  Bhagavat  lui-même,  et  Vri- 
haspati,  le  sage  le  plus  versé  dans  le  Vêda. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  5 

56.  De  sa  femme  Havirbhû,  Pulastya  eut  Agastya;  ce  dernier, 
dans  une  autre  existence,  fut  Dahrâgni;  Pulastya  eut  encore  pour 
fils  le  grand  pénitent  Viçravas. 

57.  Viçravas  eut  d’Idavidâ,  Kuvêra  le  divin  chef  des  Yakclias,  et 
d’une  autre  femme,  Râvana,  Kumbhakarna  et  Vibhîchana. 

58.  Gati,  femme  vertueuse  de  Pulaha,  lui  donna,  ô guerrier  ma- 
gnanime, trois  fils,  Karmaçrêchtha  (celui  qui  l’emporte  par  les  céré- 
monies), Varfyas  (l’éminent)  et  Sahichnu  (le  patient). 

59.  Kriyâ,  femme  de  Kratu  (l’Accomplissement  du  sacrifice),  mit 
au  monde  les  Vâlikhilyas,  ces  soixante  mille  Rïchis  resplendissants 
de  l'éclat  du  Vêda. 

40.  Vasichtha,  ô brave  guerrier,  eut  de  sa  femme  Ûrdjâ  (l’Effort) 
sept  fils,  dont  le  premier  est  Tchitrakêtu;  ce  furent  sept  Brah- 
marchis  qui  étaient  sans  tache. 

41.  Leurs  noms  sont:  Tchitrakêtu,  Surôtchis,  Viradjas,  Mitra, 
Ulvana,  Vasubhrïdyâna  et  Dyumat.  11  eut  [d’une  seconde  femme] 
Çaktri  et  d’autres  enfants. 

42.  Tchitti  (la  Réflexion),  femme  d’Atharvan,  eut  un  fils  ferme 
observateur  de  ses  devoirs,  Dadhyatch,  qui  avait  une  tête  de  cheval. 
Apprends  de  moi  quelle  fut  la  famille  de  Bhrigu. 

45.  Le  grand  Bhrigu  eut  de  sa  femme  Khyâti  deux  fils,  Dhâtri 
et  Vidhâtri,  et  une  fille,  Çrî,  qui  est  dévouée  à Bhagavat. 

44.  Mêru  donna  aux  deux  fils  de  Bhrigu  ses  deux  filles,  Ayati 
(l'Étendue)  et  Niyati  (la  Permanence),  et  de  ces  deux  mariages 
naquirent  Mrîkanda  et  Prâna. 

45.  Mârkandêya  fut  fils  de  Mrikanda;  le  solitaire  Vêdaçiras  naquit 
de  Prâna,  ainsi  que  Kavi  le  descendant  de  Bhrigu,  Kavi  dont  le 
fils  fut  le  bienheureux  Uçanas.  Tous  ces  solitaires,  6 guerrier,  rem- 
plirent les  mondes  de  créatures. 

46.  Je  viens  de  t’exposer  la  descendance  des  filles  de  Kardama, 
récit  excellent,  qui  enlève  immédiatement  les  péchés  de  celui  qui 
l’écoute  avec  foi. 

47.  Dakcha,  fils  d’Adja,  épousa  Prasûti,  fille  du  Manu  [Svâyani- 
bhuva];  Dakcha  en  eut  seize  filles  aux  beaux  yeux. 


6 LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

48.  Dakcba  en  donna  treize  à Dharma,  une  à Agni,  une  aux  Pitrïs 
réunis,  et  la  dernière  à Bhava,  qui  détruit  l’existence. 

49.  Çraddhâ  (la  Foi),  Mâitrî  (l’Amitié),  Dayâ  (la  Pitié),  Çânti  (la 
Quiétude),  Tuchti  (la  Satisfaction),  Puchti  (la  Plénitude),  Kriyâ  (la 
Cérémonie),  Unnati  (l’Élévation),  Buddhi  (l'Intelligence),  Mêdhâ 
(l’Attention),  Titikchâ  (la  Patience),  Hrî  (la  Pudeur),  Mûrti  (la 
Forme) , furent  les  femmes  de  Dharma. 

50.  Çraddhâ  mit  au  monde  Çubha  (la  Prospérité);  Mâitrî,  Prasâda 
(la  Bienveillance);  Dayâ,  Abhaya  (la  Sécurité)  ; Çânti,  Sukba  (le 
Bonheur);  Tuchti,  Muda  (la  Joie);  et  Puchti,  Smaya  (l’Orgueil). 

51.  Yôga  (l’Union)  fut  fils  de  Kriyâ,  Darpa  (la  Hauteur)  d'Unnati, 
Artha  (le  But)  de  Buddhi,  Smrîti  (le  Souvenir)  de  Mêdhâ,  Kchêma 
(le  Bien-être)  deTitikchâ,  et  Praçraya  (le  Respect)  de  Hrî. 

52.  Mûrti,  qui  est  l’origine  de  toutes  les  qualités,  eut  pour  fils 
les  deux  Rîchis,  Naxa  et  Nârâyana,  à la  naissance  desquels  l’univers 
satisfait  fut  transporté  de  bonheur. 

55.  Les  cœurs  [des  hommes],  les  points  de  l’horizon,  les  vents, 
les  fleuves  et  les  montagnes,  tout  fut  rempli  de  sérénité;  des  instru- 
ments retentirent  dans  le  ciel  ; il  en  tomba  une  pluie  de  fleurs. 

54.  Les  solitaires,  satisfaits,  firent  éclater  leur  joie;  les  Gandharvas 
et  les  Kinnaras  chantèrent;  les  nymphes  célestes  dansèrent;  ce  fut 
une  fête  universelle.  Brahmâ  et  tous  les  autres  Dêvas  célébrèrent  les 
louanges  des  deux  Rîchis. 

55.  Adoration  à Purucha,  à l’Esprit  suprême  qui,  pour  se  rendre 
risible,  s’est  manifesté  aujourd'hui  dans  la  demeure  de  Db&rma, 
sous  cette  figure  de  Rîchi,  lui  au  sein  de  qui  cet  univers  est  formé 
par  la  Mâyâ  dont  il  dispose,  comme  le  sont  dans  le  ciel  les  figures 
diverses  qui  y apparaissent  ! 

56.  Puisse  celui  dont  l’essence  n’est  connue  que  par  induction, 
nous  regarder  nous  tous,  nous  les  Suras  créés  de  la  qualité  Sattva 
pour  arrêter  les  changements  qui  menacent  la  conservation  de  l’uni- 
vers, nous  regarder  de  cet  œil  plein  d’une  immense  compassion, 
qui  laisse  si  loin  derrière  lui  le  lotus,  pur  séjour  de  Çrî  ! 

57.  Ainsi  célébrés  par  les  troupes  des  Suras,  qui  étaient  venues 


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LIVRE  QUATRIEME. 


7 


pour  débarrasser  la  terre  de  son  fardeau,  sont  venus  en  ce  monde, 
tous  deux  sous  le  nom  de  Krïciina,  tous  deux  l’honneur  des  races  de 
Kuru  et  de  Yadu. 

59.  Svâhâ,  femme  d’Agni,  lui  donua  trois  fds,  qui  se  croyaient 
égaux  à leur  père,  Pâvaka  (le  purificateur),  Pavamâna  (le  purifiant), 
Çutchi  (le  pur),  qui  tous  se  nourrissent  des  offrandes  du  sacrifice. 

60.  De  ces  derniers  naquirent  quarante-cinq  Agnis,  lesquels  réu- 
nis à leurs  pères  et  à leur  grand-père  commun,  forment  la  réunion 
des  quarante-neuf  Agnis. 

61.  Ce  sont  là  autant  d’Agnis  distincts,  parce  que,  dans  le  sacrifice 
célébré  selon  le  rite  institué  par  l’Ecriture,  les  offrandes  au  feu  sont 
adressées  à chacun  d’eux,  sous  des  noms  différents,  par  les  sages 
qui  expliquent  le  Vèda. 

62.  Svadhâ,  fille  de  Dakcha,  fut  la  femme  des  diverses  classes  de 
Pitris,  des  Agnichvâttas  (invoqués  dans  les  offrandes  au  feu),  des 
Varhichads  (assis  sur  le  tapis  sacré),  des  Sâumyas  (recherchant  le 
Sôrna),  des  Adjvapas  (buvant  le  beurre  clarifié);  les  premiers  allu- 
ment le  feu,  les  seconds  ne  l'allument  pas. 

63.  Svadhâ  leur  donna  deux  filles,  Vayunâ  (la  Science)  et  Dhârinî 
(la  Mémoire),  toutes  deux  habiles  dans  le  Vèda  et  versées  dans  les 
sciences  divines  et  humaines. 

6 4.  Mais  Satî,  femme  de  Bhava,  quoique  dévouée  à son  divin 
epoux,  n’en  put  avoir  un  fils,  son  égal  en  vertu. 

65.  Car  Dakcha  son  père,  irrité  contre  Bhava,  lui  ayant  fait,  dans 
sa  colère,  un  affront  que  ce  dernier  ne  méritait  pas,  Satî,  qui  n’était 
mariée  que  depuis  peu  de  temps,  abandonna  elle-même  son  propre 
corps  en  s’anéantissant  dans  le  Yôga. 


PIN  DU  PREMIER  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE: 
POSTÉRITÉ  DE  DAKCHA  , 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PDRÂNA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA  , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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8 LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 


CHAPITRE  II. 

IMPRÉCATION  DE  ÜAKCHA. 


I.  Vidura  dit  : Comment  Dakcha,  qui  aimait  Satî,  lit-il , au  mépris 
de  ce  qu'il  devait  à une  fille  si  chère,  un  affront  à Bhava,  le  plus 
excellent  des  êtres  doués  de  vertu? 

•2.  Comment  quelqu’un  pourrait-il  haïr  le  maître  de  ce  qui  se 
meut  comme  de  ce  qui  ne  se  meut  pas,  celui  qui  est  sans  inimitié, 
dont  le  corps  est  la  quiétude  même,  qui  trouve  en  lui-même  son 
bonheur,  celui  qui  est  la  grande  Divinité  de  l’univers? 

5.  Raconte-moi,  ô Brahmane,  la  haine  du  beau-père  et  du 
gendre,  haine  qui  obligea  Satî  à renoncer  à cette  vie  que  l’on  aban- 
donne si  difficilement. 

а.  Màitrêya  dit  : Jadis  les  Rïchis  suprêmes,  toutes  les  troupes  des 
Immortels,  les  solitaires  avec  leurs  disciples,  et  les  Agnis,  se  trou- 
vaient réunis  au  sacrifice  célébré  par  les  Créateurs  de  l’univers. 

5.  Là,  en  voyant  entrer  Dakcha,  qui  semblable  par  sa  splen- 
deur au  soleil  étincelant,  illuminait  de  son  éclat  cette  grande  as- 
semblée , 

б.  Les  Rïchis  qui  se  trouvaient  présents,  l’esprit  frappé  de  tant 
d’éclat,  se  levèrent  tous  de  leurs  sièges,  en  même  temps  que  les 
Agnis,  à l’exception  de  Virintcha  et  de  Çarva  (Çiva). 

7.  Le  bienheureux  Dakcha,  traité  avec  le  respect  convenable  par 
les  chefs  de  l’assemblée,  après  s’être  incliné  devant  Adja,  le  précep- 
teur du  monde,  s’assit  avec  sa  permission. 

».  Mais  voyant  Mrïda  (Çiva)  déjà  assis  avant  lui,  il  ne  put  sup- 
porter ce  manque  de  respect  de  sa  part,  et  le  regardant  de  travers 
comme  s’il  eût  voulu  le  consumer,  il  s’écria  : 

9.  Ô vous  tous,  Brahmarchis,  Agnis  et  Dêvas,  apprenez  de  moi 


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9 


LIVRE  QUATRIÈME. 

quelle  est  la  conduite  des  gens  de  bien;  car  mes  paroles  sont 
exemptes  d’ignorance  et  d’envie. 

10.  Cet  être  sans  pudeuf  détruit  la  gloire  des  Gardiens  du 
monde,  lui  qui,  dans  sa  grossièreté,  transgresse  la  règle  suivie  par 
les  hommes  vertueux. 

U.  Il  est  devenu  mon  disciple,  puisqu’en  présence  du  feu  et  des 
Brahmanes,  il  a pris,  comme  aurait  fait  un  homme  vertueux,  la  main 
de  ma  fdle,  semblable  à Sàvitrî. 

12.  Ce  Dieu  aux  yeux  de  singe,  qui  a reçu  la  main  de  ma  fille 
dont  les  yeux  sont  ceux  d’une  jeune  gazelle,  ne  m'a  pas  même  adressé 
une  parole  de  respect,  lui  qui  devait  se  lever  à mon  approche  et 
venir  me  saluer. 

13.  J’ai  donné,  quoique  malgré  moi,  ma  fille  à ce  contempteur 
des  cérémonies,  à cet  impur,  à cet  orgueilleux, -à  ce  violateur  de 
toutes  les  lois,  comme  on ‘donne  à un  Çûdra  la  parole  ravissante 
du  Vêda. 

14.  Voyez-le  entouré  de  Prêtas  et  de  troupes  de  Bhûtas,  semblable 
à un  insensé,  nu,  les  cheveux  en  désordre,  riant  et  pleurant  tour 
à tour,  errer  dans  les  demeures  terribles  des  mSrts, 

15.  Çt  faisant  ses  ablutions  avec  la  cendre  des  bûchers,  ayant 
pour  guirlande  le  collier  des  Prêtas,  pour  ornements  des  os  hu- 
mains, se  prétendre  Çiva  (heureux),  lui,  ce  misérable,  ce  fou,  qui 
n’est  aimé  que  des  fous,  ce  chef  des  Pramathas  et  des  Bhûtas,  dont 
la  nature  n’est  que  ténèbres. 

16.  Cest  cependant  à ce  chef  d’insensés,  à cet  impur,  à ce  ma- 
niaque que  j'ai  donné"  ma  fille  vertueuse,  cédant  ainsi  aux  conseils 
du  T rès-Haut. 

17.  Après  avoir  de  cette  manière  injurié  Giriça  qui  ne  répondait 
pas,  Dakclia,  portant  de  l’eau  à ses  lèvres,  commença,  dans  sa  colère, 
à le  maudire. 

18.  Que  ce  Bhava,  [s’écria-t-il,]  le  dernier  de  la  troupe  des  Dieux, 
ne  prenne  pas  avec  Indra,  Upêndra  et  les  autres  Divinités,  sa  part 
du  sacrifice  des  Dêvas! 

19.  Mais,  arrêté  par  les  chefs  de  l’assemblée,  Dakclia,  après  avoir 


10 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


lancé  sa  malédiction  contre  Girilra,  sortit  enflammé  de  colère,  6 fils 
de  Kuru,  pour  se  rendre  dans  sa  demeure. 

20.  De  son  côté,  Nandiçvara,  chef  *des  serviteurs  de  Giriça,  qui 
avait  entendu  l’imprécation,  lança,  le  visage  altéré  par  la  rougeur 
de  la  colère,  un  anathème  redoutable  contre  Dakclia  et  contre  les 
Brâlunanes  qui  avaient  approuvé  les  injures  adressées  à Çiva. 

21.  Qu’il  se  détourne  de  la  vérité  l'ignorant  qui,  préférant  ce 
mortel  et  croyant  Çiva  différent  [du  principe  suprême],  injurie  ce 
Dieu  qui  ne  répond  pas  à l’injure  1 

22.  Qu'attaché,  dans  les  maisons,  à de  vils  devoirs,  il  accom- 
plisse, pour  obtenir  un  bonheur  vulgaire,  la  succession  des  cérémo- 
nies, privé  d'intelligence  par  les  déclarations  du  Vêda! 

25.  Que  cet  animal  dont  la  pensée,  absorbée  par  ce  qu’il  y a de 
plus  bas,  a perdu  le  souvenir  de  la  voie  de  l’Esprit,  que  Dakcha 
soit  toujours  adonné  aux  femmes,  et  qti’il  ait  bientôt  une  tête  de 
bélier  ! 

24.  Celui  qui,  au  sein  de  l’ignorance  que  prpduit  l’action,  pense 

que  c'est  là  la  science,  celui-là  est  un  être  stupide;  que  ceux  qui 
suivent  ce  contemplbur  de  Çarva  soient  condamnés  à rester  ici-bas 
dans  le  cercle  de  la*  transmigration  ! , 

25.  Que  les  ennemis  de  Hara,  l’esprit  égaré  par  le  violent  parfum 
de  la  liqueur  enivrante  qui  sort  des  paroles  fleuries  du  Vêda,  soient 
livrés  à l'erreur! 

26.  Que  ces  Brâhmanes,  mangeant  toute  sorte  d'aliments,  ne 
tenant  à la  science,  aux  mortifications  et  aux  œuvres  que  -pour  en 
vivre,  ne  trouvant  de  plaisir  que  dans  le  corps,  les  sens  et  les  ri- 
chesses, parcourent  le  monde  en  mendiant! 

27.  Aussitôt  qu’il  eut  entendu  les  malédictions  qu’avait  proférées 
Nandiçvara  contre  la  race  des  Brâhmanes,  Bhrïgu  lui  répondit  en 
lui  lançant  une  imprécation,  celte  arme  du  Brahmane  qu'il  est  si 
difficile  d’éviter. 

28.  Que  ceux,  [s'écria-t-il,]  qui  observent  les  pratiques  de  Bbava 
et  que  ceux  qui  suivent  leur  exemple,  soient  des  hérétiques,  enne- 
mis de  la  sainte  Écriture  ! 


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. livre  Quatrième  li 

29.  Impurs,  l'esprit  égaré,  couverts  d’os  et  de  cendres,  les  che- 
veux nattés,  qu’ils  aillent  sacrifier  à Çiva,  dans  les  lieux  où  l'on 
se  fait  uu  Dieu  de  la  liqueur  spiritueuse  et  du  suc  qui  fermente! 

50.  Parce  que  vous  avez  injurié  les  Brâhmanes  et  leVêda,  cette 
digue  qui  retient  les  hommes  dans  le  devoir,  à cause  de  cela  vous 
êtes  tombé  dans  l’hérésie. 

51.  Le  Vêda,  en  effet,  est  pour  les  hommes  la  seule  voie  étemelle 
et  heureuse;  c'est  celle  qu'ont  suivie  les  anciens,  celle  dont  Djanâr- 
dana  est  le  fondement. 

52.  Après  avoir  blâmé  ce  Vêda  suprême,  pur,  qui  est  la  voie  éter- 
nelle des  gens  de  bien,  marchez  dans  la  doctrine  hérétique  dont  le 
roi  des  Bhùtas,  celui  que  vous  suivez,  est  le  Dieu. 

55.  Pendant  que  Bhrïgu  prononçait  cette  imprécation,  le  bien- 
heureux Bhava  sortit  de  l'assemblée,  accompagné  de  sa  suite,  et 
paraissant  un  peu  troublé. 

54.  Ensuite,  ô guerrier  habile  à lancer  la  flèche,  les  Créateurs  de 
l’univers,  après  avoir  célébré  durant  mille  années  le  sacrifice  où 
Hari,  le  premier  des  êtres,  doit  être  adoré, 

55.  Prirent  le  bain  qui  termine  la  cérémonie,  au  lieu  où  la  Gaggâ 
s'unit  à la  Yamunâ,  et,  l'esprit  exempt  de  passion,  ils  regagnèrent 
chacun  leur  demeure. 

FIN  DU  DEUXIÈME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE  : 

IMPRÉCATION  DE  DATCHA, 

DANS  UE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PU  R AN  A , 

LE  RIENIIEGREUX  BIIÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VT&SA. 


12 


LE  B H ÂG  AV  AT  A PURÀN«V 


CHAPITRE  III. 

DIALOGUE  ENTRE  UMk  ET  RUDRA. 

1.  Mâitrêya  dit  : Il  s'écoula  une  longue  période  de  temps  pen- 
dant lequel  le  beau-père  et  le  gendre  continuèrent  à vivre  ainsi, 
toujours  ennemis  l’un  de  l’autre. 

2.  Mais  quand  Dakcha  fut  élevé  par  Bralunâ  le  Très-Haut  au  rang 
de  chef  de  tous  les  Chefs  des  créatures,  l’orgueil  s’empara  de  lui. 

3.  Après  avoir  accompli  la  cérémonie  du  Vâdjapêya  et  vaincu 
ceux  qui  connaissent  le  mieux  Brahma,  il  commença  le  grand  sacri- 
fice nommé  Vrïliaspatisava. 

4.  A cette  cérémonie,  les  Brahmarchis,  les  Dêvarchis,  les  Pitris 
et  les  Dôvatâs  furent  tous  accueillis  avec  honneur,  ainsi  que  leurs 
femmes  qui  les  y avaient  accompagnés.  * 

5.  La  divine  SatS,  fille  de  Dakcha,  à qui  les  entretiens  des  habi- 
tants de  l’air  avaient  appris  dans  le  ciel  la  grande  cérémonie  du 
sacrifice  que  préparait  son  père, 

6.  Voyant  passer  près  de  sa  maison  les  belles  femmes  des  Dieux 
inférieurs  qui  s’y  rendaient  de  tous  les  points  de  l’horizon,  montées 
sur  des  chars  avec  leurs  maris,  le  col  couvert  de  joyaux,  bien  parées, 

7.  Portant  aux  oreilles  des  anneaux  brillants  et  tournant  de  tous 
côtés  des  regards  joyeux,  Satî,  dis-je,  s'adressa  ainsi,  pleine  de  désir, 
au  chef  des  Bhûtas  son  époux  : 

8.  Le  Pradjâpati  ton  beau-père  célèbre  en  ce  moment  un  grand 
sacrifice;  rendon«-nous-y  également,  ô Vâma  (Çiva),  si  tel  est  ton 
désir  : car  c’est  là  que  vont  tous  ces  Dieux. 

9.  Mes  sœurs  s’y  rendront  certainement  avec  leurs  maris  pour 
voir  leurs  parents.  Je  désire  aussi  y aller  avec  toi  pour  recueillir  les 
parures  qui  m’y  seront  données. 


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13 


LIVRE  QUATRIÈME. 

10.  J’y  verrai  sans  doute  mes  sœurs,  qui  sont  les  égales  de  leurs 
maris,  les  sœurs  de  ma  mère,  et  ma  mère  qui  a le  cœur  si  bon  et 
que  j'aspire  à voir  depuis  si  longtemps;  je  verrai  cette  fête,ô  Mrïda, 
qui  s’élève  au-dessus  des  [autres]  sacrifices  comme  un  étendard  dressé 
par  les  grands  Rïchis. 

11.  Cet  univers  merveilleux,  b Dieu  incréé , produit  des  trois 
qualités,  apparaît  formé  dans  ton  sein  par  la  Mâyâ  dont  tu  disposes. 
Mais  ftioi  qui  ne  suis  qu'une  pauvre  femme  et  qui  ne  connais  pas 
ton  essence,  ù Bhava,  je  désire  voir  la  terre  où  je  suis  née. 

12.  O Dieu  insensible,  vois  se  rendant  en  troupes  à cette  fête, 
des  femmes,  même  des  étrangères,  parées,  accompagnées  de  leurs 
maris,  et  montées,  ôÇitikantha  (Çivaj^sur  des  chars,  blancs  comme 
le  plumage  du  Kalahaiîisa,  qui  embellissent  le  ciel. 

15.  Comment,  ô chef  des  Suras,  une  fille  qui  apprend  qu’une  fête 
se  donne  dans  la  maison  de  son  père,  ne  sentirait-elle  pas  son  corps 
ému?  On  n’a  pas  besoin  d’être  invité  pour  se  rendre  dans  la  demeure 
amie  d’un  époux,  d’un  précepteur  spirituel  ou  d’un  père. 

14.  Écoute-moi  donc,  Dieu  immortel,  avec  bienveillance;  daigne, 
dans  ta  miséricorde,  m'accorder  ce  que  je  désire.  Avec  ta  science 
infinie,  tu  as  fait  de  moi  la  moitié  de  ton  propre  corps;  témoigne- 
moi  ta  faveur,  maintenant  que  je  te  sollicite. 

15.  Ainsi  pressé  par  sa  femme,  Giritra,  l’ami  de  ceux  qui  lui  sont 
attachés,  lui  répondit  en  souriant,  rappelé  au  souvenir  des  paroles 
injurieuses,  semblables  à des  flèches  acérées,  dont  le  Pradjâpati 
l’avait  blessé  en  présence  des  Créateurs  de  l’univers. 

16.  Tu  as  bien  parlé,  chère  amie,  quand  tu  as  dit  : « On  va  chez 
« des  parents,  même  sans  être  invité.  » Mais  si  l’excès  de  la  colère  et 
d’un  orgueil  grossier  leur  fait  voir  des  fautes  là  où  il  n’y  en  a pas? 

17.  Quand  la  science,  les  austérités,  la  fortune,  la  beauté,  l’âge, 
la  iamille,  quand  ces  six  avantages  de  la  vertu,  se  tournant  en  mal 
pour  les  méchants,  leur  font  perdre  la  mémoire,  alors  les  insensés 
dont  la  vue  est  troublée  par  l’orgueil  qu’ils  nourrissent,  ne  voient 
pas  la  splendeur  de  ceux  qui  valent  mieux  qu'eux. 

18.  Que  personne  ne  s’attende  à trouver  des  parents  dans  les  mai- 


14  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

sons  de  ces  hommes  incapables  de  se  contenir,  qui  pleins  de  mal- 
veillance, accueillent  ceux  qui  arrivent  avec  des  yeux  courroucés 
et  un  sourcil  hautain; 

19.  Oui,  celui  qui  a le  corps  déchiré  par  les  flèches  de  ses  en- 
nemis souffre  moins,  car  il  peut  prendre  du  repos,  que  l’homme 
qui  blessé  par  les  injures  de  parents  malveillants,  porte  jour  et 
nuit  dans  son  cœur  le  chagrin  qui  le  ronge. 

20.  Sans  doute,  chère  amie,  tu  es,  entre  les  filles  du  Prafljâpati 
dont  la  constance  est  éminente,  celle  qu’il  chérit  le  plus;  cependant 
tu  ne  recevras  pas  de  ton  père  les  respects  que  tu  en  attends,  parce 
qu’il  souffre  de  mon  alliance. 

21.  L'homme  malade  du /eu  qui  brûle  son  cœur  à la  vue  des 
perfections  de  ceux  qui  voient  face  à face  l’idée  de  l’Esprit,  incapable 
de  parvenir  à leur  excellence,  ne  fait  en  réalité  que  haïr  l’Être  su- 
prême, comme  les  Asuras  qui  détestent  Hari. 

22.  Saluer  avec  respect,  s’avancer  à la  rencontre  de  quelqu’un,  ce 
sont  là,  chère  amie,  des  règles  que  les  sages  ont  bien  fait  d’imposer 
aux  hommes;  ils  voulaient  que  cet  hommage  s'adressât  à l’Esprit 
suprême  caché  au  sein  du  cœur,  mais  non  à celui  qui  s’imagine  que 
le  corps  [est  tout]. 

23.  L’essence  pure  est  appelée  du  nom  de  Vasudêva  parce  que 
l’Esprit  y apparaît  sans  voile;  et  c’est  au  sein  de  cette  essence  que 
mon  cœur  reconnaît  le  bienheureux  Adhôkchadja,  issu  de  Vasu- 
dêva. 

24.  Voilà  pourquoi  tu  ne  dois  pas,  quoique  tu  sois  sa  fille,  avoir 

d’égards  pour  Üakcha  ton  père,  qui  me  hait,  ni  pour  ceux  qui  lui 
sont  dévoués.  C’est  lui  qui,  au  temps  du  sacrifice  des  Créateurs  de 
l'univers,  où  je  m’étais  rendu,  m’injuria  par  des  paroles  outrageantes 
que  je  ne  méritais  pas.  , 

25.  Si  tu  vas  à cette  fête,  malgré  mes  conseils,  il  ne  t’en  revien- 
di»  aucun  bien;  car  le  mépris  d'un  parent  pour  un  parent  qui  a 
droit  à du  respect,  produit  bien  vite  la  mort  du  coupable. 

rm  DD  TROISIÈME  CHAPITRE. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


15 


CHAPITRE  IV. 

SATÎ  ABANDONNE  SON  CORPS. 


1.  Mâitrêya  dit  : Ayant  ainsi  parlé,  Çamkara  se  tut,  songeant  à 
l'anéantissement  du  corps  de  sa  femme,  qui  devait  arriver,  quelque 
parti  qu’elle  prît.  Cependant  Satî,  partagée  entre  deux  sentiments 
opposés,  tantôt  sortait  dans  le  désir  de  voir  ses  parents,  tantôt  ren- 
trait par  crainte  de  Bhava. 

а.  Blessée  de  l’obstacle  qui  s'opposait  à son  désir,  pleurant  de 
tendresse,  troublée  par  les  larmes  qui  couvraient  son  visage,  Bha- 
vânî  (Satî),  tremblante  de  colère,  regardait,  comme  si  elle  eût  voulu 
le  consumer;  Bhava,  qui  n’a  pas  son  égal  parmi  les  hommes. 

5.  Enfin,  le  cœur  déchiré  par  la  colère  et  par  le  chagrin,  Satî, 
poussant  de  violents  soupirs,  se  rendit  à la  demeure  de  son  père, 
l’esprit  égaré  par  sa  passion  de  femme,  et  abandonnant  celui  qui. 
chéri  des  hommes  vertueux,  lui  avait  donné  par  affection  la  moitié 
de  son  propre  corps. 

4.  A la  suite  de  Satî,  qui  s’éloignait  seule  avec  rapidité,  s'élan- 
cèrent impétueusement  par  milliers  les  intrépide?  serviteurs  de  Çiva 
aux  trois  yeux,  Manimat,  Nlada  et  les  autres,  accompagnés  des 
Yakchas  de  l’assemblée  et  précédés  du  taureau  Vrïchèndra. 

5.  Après  avoir  placé  Satî  sur  le  dos  de  Vrïchèndra , ils  s'a- 
vancèrent en  «grande  pompe , portant  des  oiseaux  Sârikàs , des 
balles,  des  miroirs,  des  lotus,  des  parasols  blancs,  des  éventails, 
des  guirlandes,  et  faisant  résonner  des  timbales,  des  conques  et 
des  flûtes. 

б.  Elle  entra  ainsi  dans  l’enceinte  du  sacrifice,  dans  ce  lieu  aimé 
des  Rïchis  d’entre  les  Brâhmanes  et  de  tous  les  Immortels,  où  l’on 
frappe  la  victime  consacrée  par  la  récitation  desVêdas,  et  où  se 


16 


, • 


* 


LE  BHAGAVATA  PUR  AN  A. 

trouvent  les  instruments  tle  la  cérémonie,  faits  d'arfUe,  de  bois, 
d’airain,  d’or,  d’herbe  Darbha  et  de  peaux. 

7.  Quand  elle  fut  entrée,  aucun  des  assistants  n’osa,  dans  la 
crainte  de  blesser  celui  qui  célébrait  le  sacrifice,  accueillir  avec 
respect  la  Déesse  dédaignée  de  son  père,  "à  l’exception  cependant 
de  sa  mère  et  de  ses  sœurs,  qui,  la  voix  entrecoupée  de  sanglots,  la 
serraient  dans  leurs  bras  avec  empressement  et  amour. 

8.  Mais  Satî,  repoussée  par  son  père,  n’accepta. ni  le  siège  élevé, 
ni  les  marques  de  respect  que  s'empressaient  de  lui  donner  sa  mère 
et  ses  tantes,  ni  l’accueil  que  lui  faisaient  ses  sœurs,  en  abordant  une 
sœur  née  de  la  même  mère  quelles. 

9.  A la  vue  de.  ce  sacrifice,  auquel  Rudra  ne  prenait  point  part, 
et  du  manque  de  respect  que  Dakcha  son  père  témoignait  au  divin 
Vibhu  (Çiva),  la  Déesse  souveraine,  méprisée,  donna  cours,  au  mi- 
lieu de  l’assemblée,  à son  indignation,  comme  si  elle  eût  voulu 
consumer  les  mondes  par  sa  colère. 

10.  Arrêtant,  par  sa  puissance,  la  troupe  des  Bhûtas  qpi  se  le- 
vaient [pour  la  venger],  Dêvî,  la  voix  étouffée  par  la  fureur,  blâma 
ainsi,  en  présence  de  l’univers  qui  l'entendait,  l'ennemi  de  Çiva  son 
père , dont  la  pratique  des  sacrifices  avait  exalté  l’orgueil. 

11.  Dêvî  dit  : Quel  autre  que  toi  pourrait  être  l’adversaire  de 
celui  qui  n'a  pas  de  supérieur  dans  le  monde,  qui  ne  peut  avoir 
ni  ami  ni  ennemi,  de  celui  dont  le  cœur  a de  l’affection  pour  les 
hommes,  de  l'âme  de  cet  univers,  qui  a renoncé  à te  résister? 

12.  Il  y a des  gens  de  bien  qui,  comme  toi,  ô Brahmane!  ne 
voient  que  les  fautes  parmi  les  qualités  d’autrui;  d’autres  qui  ne  les 
voient  pas;  d’autres,  enfin,  et  ce  sont  les  plus  grands,  qui  sont  soi- 
gneux de  grossir  les  plus  faibles  mérites.  Toi,  tu  trouverais  encore 
des  fautes  dans  ces  sages.  * 

ts.  Il  n’est  pas  étonnant  qu’ils  dépriment  toujours  avec  envie  les 
êtres  les  plus  élevés,  ces  hommes  méchants  qui  voient  l'âme  dans 
ce  cadavre  du  corps;  la  poussière  qui  s’élève  des  pieds  des  grands 
hommes  les  prive  de  leur  éclat  : il  n’y  a rien  là  que  de  juste. 

14.  Ainsi,  malheureux  Brâhmane,  tu  hais  ce  Çiva  dont  la  re- 


** 


• • 

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17 


LIVRE  QUATRIÈME. 

nommée  purifie,  dont  les  ordres  ne  doivent  pas  être  enfreints,  lui 
dont  le  nom,  formé  de  deux  caractères,  n’a  qu’à  être  prononcé  une 
fois  seulement  et  par  occasion,  pour  effacer  promptement  les  péchés 
des  hommes. 

15.  Tu  outrages  cet  ami  de  l’univers,  celui  dont  les  pieds  sont, 
pour  les  âmes  élevées,  avides  de  boire  le  nectar  enivrant  de  la  béa- 
titude de  Brahma,  comme  le  lotus  pour  des  abeilles,  et  qui  répand 
des  bénédictions  sur  le  monde  qui  aspire  à lui. 

16.  Ou  plutôt,  il  n’y  a que  toi  qui  connaisses  ce  malheureux 
qu’on  appelle  Çiva,  qui  laissant  tomber  ses  cheveux  en  désordre, 
habite  dans  un  cimetière,  couvert  des  fleurs,  des  cendres  et  des 
crânes  qu’on  y trouve;  il  est  inconnu  à Brahmâ  et  aux  autres  Dieux 
qui  portent  sur  leurs  têtes  de  Piçâtchas  ce  qui  tombe  de  ses  pieds. 

17.  Quand  Iça,  le  protecteur  de  la  vertu,  est  injurié  par  des 
hommes  sans  frein,  il  faut,  si  l’on  n'a  d'autre  alternative,  se  retirer 
en  se  bouchant  les  oreilles;  ou  bien  on  doit,  si  on  le  peut,  cou- 
per de  force  la  langue  violente  des  méchants,  et  ensuite  renoncer 
soi-même  à la  vie;  telle  est  la  loi. 

18.  Aussi  ne  conserverai-je  pas  ce  corps  que  j'ai  reçu  de  toi,  de 
toi  qui  injuries  la  Divinité  au  col  bleu;  on  regarde  en  effet  comme 
un  moyen  de  purification  faction  de  rejeter  une  mauvaise  nourriture 
qui  a été  prise  par  erreur. 

19.  L'intelligence  d’un  grand  solitaire  qui  trouve  son  plaisir  en 
lui-même  ne  s'astreint  pas  aux  déclarations  du  Vêda  : de  même  que 
les  hommes  et  les  Dieux  ont  chacun  leur  domaine  distinct,  qti'ainsi 
l’homme  reste  dans  son  devoir,  sans  blâmer  le  devoir  d'autrui. 

20.  Se  livrer  aux  œuvres,  ou  s’en  abstenir,  sont  deux  devoirs  éga- 
lement justes,  fondés  sur  le  Vêda,  dont  on  discute  le  choix,  qui  ont 
chacun  leur  caractère;  cependant,  qu'un  seul  homme  veuille  les  ac- 
complir tous  les  deux  à la  fois,  le  premier  est  en  opposition  avec  le 
second.  Mais  ce  double  devoir  ne  concerne  pas  Brahma. 

21.  Nos  perfections,  ô mon  père,  ne  vous  appartiennent  pas;  les 
vôtres,  obtenues  aux  lieux  où  se  célèbre  le  sacrifice,  sont  louées  par 
des  êtres  mortels,  nourris  des  aliments  qu’ils  ont  gagnés  dans  les 

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18 


LE  BHÀGAVATA  PL'RÀNA. 

cérémonies  célébrées  par  eux;  bien  différentes,  les  nôtres,  produites 
par  une  cause  insaisissable  aux  sens,  sont  aimées  de  ceux  qui  ont 
secoué  tous  les  liens. 

22.  N'ai-je  donc  pas  trop  de  ce  corps  dont  l'origine  est  mauvaise, 
de  ce  corps  qui  a reçu  l’existence  de  celui  qui  a insulté  Ilara?  J’ai 
honte  du  lien  qui  m’unit  à un  mauvais  père.  Malheur  à une  naissance 
due  à celui  qui  a déplu  aux  sages  les  plus  éminents! 

25.  Quand  le  bienheureux  Çiva,  dont  le  symbole  est  un  taureau, 
me  donne  le  nom  de  Dâkchàyanî,  nom  qui  rappelle  ta  race,  alors, 
renonçant  à la  joie  et  aux  rires,  je  tombe  dans  un  chagrin  profond. 
Aussi  j’abandonnerai  certainement  ce  misérable  corps  qui  doit  l’exis- 
tence a un  insensé  comme,  toi. 

24.  Mâitrèya  dit  : Après  avoir  ainsi  accablé  d’injures  Dakcha  au 
milieu  du  sacrifice,  elle  s’assit  par  terre  en  silence,  en  se  tournant 
du  côté  du  nord;  puis,  ayant  porté  de  l’eau  à ses  lèvres,  et  s’étant 
enveloppée  dans  son  vêtement  de  soie  de  couleur  jaune,  elle  ferma 
les  yeux,  et  entra  dans  la  voie  du  Yoga. 

25.  Ayant  supprimé  également  toute  expiration  et  toute  inspira- 
tion, maîtresse  de  sa  position,  après  avoir  rappelé  de  la  région  du 
nombril  le  souille  vital  nommé  Udâna,  et  avoir  peu  à peu  arrêté 
dans  son  cœur,  à l’aide  de  sa  pensée,  ce  souille  quelle  venait  de  fixer 
dans  sa  poitrine,  la  Déesse  irréprochable  le  fit  remonter  jusqu’à  sa 
gorge,  et  de  là  jusqu’au  milieu  de  ses  deux  sourdis. 

26.  C’est  ainsi  que,  voulant  abandonner  ce  corps  que  le  plus 
grand  des  êtres  avait  tant  de  fois  placé  par  tendresse  sur  son  sein, 
la  vertueuse  Satî,  poussée  par  la  colère  de  Dakcha,  soumit  son  corps 
à l’épreuve  qui  consiste  à renfermer  en  soi-même  le  feu  du  souffle 
vital. 

27.  Pensant  ensuite  au  nectar  du  lotus  des  pieds  de  sou  époux, 
du  Précepteur  de  l’univers,  elle  ne  vit  plus  rien  autre  chose;  et  son 
corps,  purifié  de  tout  péché,  parut  tout  d’un  coup  embrasé  par  le 
feu  qu’y  avait  allumé  la  contemplation. 

28.  A la  vue  de  cette  étonnante  merveille,  tous  les  êtres,  dans  le 
ciel  et  sur  la  terre,  poussant  de  grandes  clameurs,  s’écrièrent  : 


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LIVRE  QUATRIÈME.  19 

Ah!  ah!  Satî,  la  divine  épouse  du  plus  adorable  des  Dieux,  vient 
d’abandonner  la  vie,  courroucée  de  la  conduite  de  Datcha! 

•29.  Ah  J voyez  la  dureté  extrême  du  Chef  des  créatures,  auteur 
de  ce  qui  se  meut  comme  de  ce  qui  ne  se  meut  pas.  C’est  pour  avoir 
été  dédaignée  par  lui  que  Satî,  sa  vertueuse  fille,  quitte  la  vie,  elle 
qui  mérite  des'hommages  continuels! 

30.  Cet  homme  au  cœur  inflexible  et  qui  outrage  Brahma,  re- 
cueillera dans  le  monde  un  immense  déshonneur  parce  que,  dans 
sa  haine  contre  Purucha  (Çiva),  il  n’a  pas  arrêté  sa  fille,  que  ses 
dédains  poussaient  à se  donner  la  mort. 

51.  Pendant  que  le  monde  parlait  ainsi,  les  serviteurs  qui  avaient 
accompagné  Satî,  ayant  vu  sa  mort  merveilleuse,  s’élancèrent,  le 
glaive  levé,  pour  tuer  Dakcha. 

32.  Aussitôt  le  bienheureux  Bhrigu,  remarquant  l’impétuosité  de 
leur  attaque,  sacrifia  dans  le  feu  du  midi  en  prononçant  la  prière 
du  Yadjuch  qui  anéantit  les  destructeurs  du  sacrifice. 

33.  Quand  l’offrande  eut  été  faite  par  le  sacrificateur,  on  vil  se 
lever  rapidement  les  milliers  de  Dêvas  qui,  sous  le  nom  de  Rïbhus, 
ont  obtenu  par  leurs  austérités  d’habiter  la  lune. 

34.  Frappés  par  les  Dieux,  qui  étaient  armés  de  brandons  res- 
plendissants de  l’éclat  du  Vêda,  les  serviteurs  de  Çiva,  ainsi  que 
lesGuhyakas,  s’enfuirent  tous  jusqu’aux  extrémités  de  l’horizon. 


FIN  DU  QUATRIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 
SATÎ  ABANDONNE  SON  CORPS, 

DANS  LE  PREMIER  LIVRE  DD  GRAND  PC  R AN  A , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRATIMÂ  BT  COMPOSÉ  PAR  VYASA. 


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20 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  Y. 

DESTRUCTION  DU  SACRIFICE  DE  DAKCHA. 


1.  Mâitrêya  dit:  Ayant  appris  par  Nârada  la  mort  de  Bhavânî, 
dont  les  dédains  du  Pradjâpati  étaient  la  cause,  et  la  défaite  de  la 
troupe  de  ses  serviteurs,  qui  avaient  été  mis  en  fuite  par  les  Rïbhus 
du  sacrifice,  Bhava  en  ressentit  un  courroux  sans  bornes. 

2.  Furieux,  se  mordant  les  lèvres,  celui  qui  porte  le  fardeau  des 
mondes,  le  Dieu  redoutable,  se  leva  tout  à coup  en  poussant  un 
rire  sourd;  et  arrachant  la  touffe  de  sa  chevelure,  dont  la  lumière 
terrible  ressemblait  aux  éclats  du  tonnerre  et  du  feu,  il  la  lança 
contre  terre. 

5.  De  cette  touffe  sortit  un  géant  dont  le  çorps  touchait  au  ciel, 
armé  de  mille  bras,  au  teint  sombre,  dont  les  yeux  brillaient  comme 
trois  soleils,  aux  dents  larges,  ayant  des  cheveux  semblables  à un 
feu  flamboyant,  portant  une  guirlande  de  crânes  et  des  armes  de 
diverses  espèces  prêtes  à frapper. 

A.  Il  s’écria,  les  mains  jointes  : Que  faut-il  que  je  fasse?  Et  le  bien- 
heureux chef  des  Bhùtas  lui  répondit  : Détruis,  guerrier  redoutable, 
Dakcba  et  son  sacrifice.  Tu  es  le  chef  de  mes  braves,  une  portion 
de  moi-même. 

5.  Après  avoir  reçu  cet  ordre  du  Dçeu  irrité,  le  géant  marcha,  en 
signe  de  respect,  autour  du  souverain  Seigneur,  du  Dieu  des  Dieux; 
et  alors  il  se  sentit  sans  égal  en  courage,  et  capable  de  soutenir  l’as- 
saut des  plus  braves. 

6.  Suivi  des  serviteurs  de  Rudra,  qui  poussaient  de  violentes  cla- 
meurs, il  fit  entendre  un  cri  terrible;  et  brandissant  un  javelot 
capable  de  détruire  le  Destructeur  des  mondes,  il  se  précipita  en 
avant,  faisant  retentir  les  anneaux  qui  ornaient  ses  pieds. 


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LIVKE  QUATRIÈME.  21 

7.  Alors  les  prêtres  officiants,  celui  qui  célébrait  le  sacrifice,  et  les 
assistants,  ayant  vu  de  la  poussière  à l’horizon,  du  côté  du  nord,  se 
dirent  entre  eux  : « Qu'est-ce  que  cette  obscurité,  et  d’où  vient  cette 
«poussière?!  Les  Brâhmanes  et  leurs  femmes  se  dirent  en  eux- 
mêmes  : 

8.  « Les  vents  ne  soufflent  pas,  et  il  n’y  a pas  de  brigands.  Le  Dieu 
« qui  préside  à l’est  et  dont  le  sceptre  est  redoutable,  vit  [pour  nous 

* défendre];  les  troupeaux  ne  sont  pas  enlevés.  D’où  vient  donc  cette 

* poussière?  Est-ce  que  le  monde  est  aujourd’hui  destiné  à périr?» 

9.  Les  femmes  de  Dakcha,  et  à leur  tête  Prasûti,  se  dirent,  l’es- 
prit agité  par  la  crainte  : • C'est  uniquement  le  résultat  de  la  faute 
« du  Chef  des  créatures  qui  a pu,  en  présence  de  ses  filles,  dédaigner 
« Sati  leur  sœur,  qui  n'était  pas  coupable. 

10.  • Mais  le  Dieu  qui,  au  temps  où  finit  l’univers,  laissant  tomber 
« en  désordre  sa  chevelure,  plaçant  sur  la  pointe  de  son  javelot  les 
« éléphants  des  mondes,  et  développant  comme  des  étendards  ses 
« bras  armés  de  glaives  prêts  à frapper,  danse,  avec  de  violents  éclats 
«de  rire,  brisant  de  son  tonnerre  les  points  de  l’horizon; 

U.  «Ce  Dieu  dont  l’éclat  est  intolérable,  qui  est  toujours  en- 
« flammé  de  colère,  dont  on  ne  peut  soutenir  le  sourcil  froncé,  qui 
« arrache  les  constellations  avec  ses  larges  dents,  maintenant  qu’il  est 
« irrité  par  cet  afiront,  quel  bonheur  pouvons-nous  espérer?» 

12.  Pendant  que,  la  vue  troublée  par  la  crainte,  les  gens  de  la 
famille  du  grand  Dakcha  s’entretenaient  ainsi,  les  prodiges  les  plus 
redoutables,  apparaissant  par  milliers,  répandirent  partout  l’épou- 
vante dans  le  ciel  et  sur  la  terre. 

15.  Cependant,  ô Vidura,  la  vaste  enceinte  du  sacrifice  fut  en- 
tourée par  les  serviteurs  de  Rudra,  qui  portant  diverses  armes,  le 
glaive  levé,  petits  de  taille,  rouges,  bruns,  ayant  la  face  et  le  ventre 
du  poisson  Makara,  se  répandirent  de  tous  côtés. 

14.  Quelques-uns  enfoncèrent  la  salle  qui  précède  celle  du  sacri- 
fice; d'autres,  celle  des  femmes,  la  salle  d’assemblée,  le  lieu  où  esl 
allumé  le  feu,  la  demeure  de  celui  qui  fait  célébrer  la  cérémonie,  et 
l’endroit  où  se  préparent  les  aliments. 


22 


LE  BHÀGAVATA  PUBÀNA. 

15.  Les  uns  brisèrent  les  Vases  du  sacrifice;  les  autres  éteignirent 
le  feu  ; quelques-uns  pissèrent  dans  les  trous  destinés  à le  recevoir; 
d'autres  coupèrent  les  cordes  qui  marquaient  la  limite  de  l'autel. 

16.  Il  y en  eut  qui  tuaient  les  solitaires,  d'autres  qui  outrageaient 
les  femmes;  d’autres  s'emparèrent  des  Dêvas  assemblés,  après  les 
avoir  mis  en  déroute. 

17.  Manimat  enchaîna  Bhrîgu;  Vîrabhadra,  le  Pradjâpati;  Tchan- 
dîça  s’empara  du  brillant  Pùchan,  et  Nandîçvara  de  Bliaga. 

18.  A cette  vue,  les  prêtres  officiants,  tous  ceux  qui  faisaient  partie 
de  l'assemblée,  ainsi  que  les  habitants  du  ciel,  cruellement  blessés 
par  les  pierres  qu’on  leur  lançait,  s’enfuirent  de  tous  côtés. 

19.  Le  bienheureux  Bhava  arracha,  au  milieu  de  l’assemblee,  la 
barbe  à Bhrîgu,  qui,  la  cuiller  en  main,  était  occupé  au  sacrifice, 
parce  que  le  Brahmane  avait  ri  en  montrant  sa  barbe. 

20.  11  arracha,  dans  sa  colère,  les  yeux  à Bhaga,  qu’il  avait  ren- 
versé par  terre,  parce  que,  pendant  le  sacrifice,  Bhaga  avait  encou- 
ragé d’un  regard  Dakcha,  qui  injuriait  Çiva. 

21.  11  brisa  les  dents  de  Pùchan,  comme  Bala  (Baiabhadra)  fit  au 
roi  de  Kaligga,  parce  que,  pendant  que  le  plus  respectable  des  êtres 
était  maudit,  Pùchan  avait  ri  en  montrant  les  dents. 

22.  Foulant  sous  ses  pieds  la  poitrine  de  Dakcha,  le  géant  aux  trois 
yeux  lui  coupa  la  tète  avec  son  glaive  tranchant,  sans  cependant 
pouvoir  la  détacher. 

23.  A la  vue  de  ce  corps  dont  la  peau  n'était  entamée  ni  par  les 
flèches  ni  par  les  épées,  llara,  le  maître  des  créatures,  frappé  d’un 
étonnement  extrême,  médita  longtemps. 

24.  Mais  le  Dieu  qui  est  le  maître  des  créatures,  ayant  remarqué 
la  manière  dont  on  tue  la  victime  dans  le  sacrifice,  détacha  par  ce 
moyen  la  tête  du  corps  de  Dakcha,  le  sacrificateur,  [qui  était  devenu 
pour  lui]  la  victime. 

25.  A la  viçe  de  cette  action,  les  Bhùtas,  les  Prêtas  et  les  Piçâtchas 
louèrent  tous  le  Dieu  en  s’écriant  : Bien  ! bien  ! Mais  les  autres  firent 
entendre  des  exclamations  contraires. 

26.  Furieux,  il  jeta  cette  tête  dans  le  feu  du  midi,  et  après  avoir 


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LIVRE  QUATRIÈME.  23 

ainsi  détruit  le  sacrifice  des  Dieux,  il  partit  pour  la  demeure  des 
Guhyakas. 


FIN  HL  CINQUIÈME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE  : 
DESTRUCTION  DU  SACRIFICE  DE  DAK.CHA , 

DANS  LE  PREMIER  LIVRE  DU  GRAND  PURÂtSA , 

I.E  BIENHEUREUX  RII  AG  AV  AT  A , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAHMÀ  ET  COMPOSÉ.  PAR  VYASA. 


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LE  BH  À GAVAT  A PURÀNA. 


CHAPITRE  VI. 

ON  APAISE  RUDRA. 


1.  Mâitrêya  dit  : Alors  toutes  les  troupes  des  Dêvas,  mises  en  fuite 
par  les  armées  de  Rudra,  ayant  les  membres  coupés  ou  rompus  par 
les  javelots,  les  haches,  les  cimeterres,  les  massues,  les  pieux  garnis 
de  fer  et  les  maillets, 

2.  Frappées  d’épouvante,  ainsi  que  les  sacrificateurs  et  les  mem- 
bres de  l’assemblée,  après  avoir  vénéré  Svayambhû , lui  firent  con- 
naître en  détail  ce  qui  s'était  passé. 

5.  Le  Dieu  qui  est  né  du  lotus,  et  Nârâyatia,  l’âme  de  l’univers, 
qui  avaient  autrefois  prévu  cet  événement,  ne  s’étaient  pas  rendus 
au  sacrifice  du  Pradjâpati. 

4.  Lorsque  le  souverain  Créateur  eut  entendu  le  récit  des  Dieux , 
il  leur  parla  ainsi  : Quand  un  puissant  personnage  nous  a fait  une 
injure,  le  désir  qu’on  a de  la  lui  rendre  ne  peut  d’ordinaire  pro- 
duire aucun  avantage. 

5.  Aussi,  vous  qui  avez  commis  la  faute  de  repousser  Bhava  au- 
quel est  due  sa  part  du  sacrifice,  cherchez  à le  calmer,  en  embras- 
sant avec  un  cœur  pur  le  lotus  de  ses  pieds,  dont  la  faveur  ne  se 
fait  pas  longtemps  attendre. 

6.  Vous  qui  désirez  faire  revivre  le  sacrifice,  empressez-vous  d’a- 
paiser le  Dieu  qui  est  privé  de  son  épouse,  et  que  des  paroles  outra- 
geantes ont  blessé  au  cœur;  car  l’univers  et  ses  Gardiens  pourraient 
périr  par  l’effet  de  sa  colère. 

7.  Ni  moi,  ni  Yadjna,  ni  vous,  ni  les  solitaires,  ni  les  autres  êtres 
qui  ont  un  corps,  nous  ne  connaissons  pas  plus  l’essence,  que  la  me- 
sure de  la  force  et  de  l’énergie  de  cet  Etre  qui  n’obéît  qu’à  lui  seul. 
Qui  donc  saurait  le  moyen  de  l'aborder? 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

8.  Après  avbir  donné  aux.  Suras  ce  conseil , Adja,  accompagné  des 
Dieux,  des  Pitrîs  et  des  Chefs  des  créatures,  quitta  sa  demeure  pour 
se  rendre  dans  celle  de  l’ennemi  de  Pura,  sur  la  plus  belle  des  mon- 
tagnes, sur  le  Kâilâsa,  aimé  du  Seigneur  suprême, 

9.  Fréquenté  par  des  êtres  supérieurs  à l'homme,  qui  doivent 
leur  perfection  à la  naissance,  aux  herbes  médicinales,  aux  mortifi- 
cations, aux  formules  sacrées  ou  à la  pratique  du  Yoga;  visité  sans 
cesse  par  des  Kinnaras,  des  Gandharvas  et  des  Apsaras; 

‘10.  Embelli  par  des  pics  formés  de  diverses  pierres  précieuses, 
colorés  de  métaux  variés,  couverts  d’arbres,  de  plantes  grimpantes  et 
de  buissons  de  diverses  espèces,  fréquentés  par  des  animaux  de  tout 
genre, 

H.  D’où  s’échappent  de  nombreuses  cascades  d’une  eau  pure,  où 
se  voit  une  multitude  de  grottes  et  de  sommets,  et  où  les  femmes 
des  Siddhas  viennent  se  livrer  à leurs  jeux. 

12.  Sur  cette  montagne  retentissaient  les  cris  des  paons,  bourdon- 
naient des  essaims  d’abeilles  enivrées;'  les  Kôkilas  au  gosier  rouge  y 
faisaient  entendre  leurs  notes  prolongées,  et  les  oiseaux  leurs  gazouil- 
lements. 

15.  Les  arbres  qui  produisent  tout  ce  que  l’on  désire  paraissaient, 
avec  leurs  rameaux  élevés,  y provoquer  les  oiseaux.  Elle  semblait  se 
mouvoir  avec  ses  éléphants,  et  parler  par  ses  chutes  d’eau. 

14.  On  y voyait  briller  le  Mandera,  le  Pâridjâta,  le  Sarala,  le  Ta- 
mâla,  le  Sâla,  le  palmier,  le  Kôvidâra,  l’Asana,  l’Ardjuna,  * 

15.  Le  manguier,  le  Kadamba,  le  NSpa,  le  Nâga,  le  Pumnâga,  le 
Tchampaka,  le  Pâtala,  l’Açôka,  le  Vakula,  le  jasmin,  l’amarante, 

16.  Le  Svarna,  l’Arna,  le  lotus  aux  cent  feuilles,  le  safran,  les 
diverses  espèces  d’amome,  la  macre,  la  Mallikâ,  la  Mâdhavi, 

17.  Le  jaquier,  les  diverses  espèces  de  figuiers,  tels  que  l’Udum- 
baraj  l’Açvattha,  le  Plakcha,  le  Nyagrôdha,  te  Higgu,  le  bouleau, 
l’arec,  le  Râdjapùga,  le  Dj^mbu,  des  plantes  annuelles, 

18.  Le  dattier,  l'Âmrâtaka,  l’Âmra  et  d’autres,  le  Priyâla,  le  Ma- 
dhuka,  l’Igguda,  ainsi  que  d’autres  espèces  d’arbres,  et  des  roseaux 
pleins  et  creux. 


26 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 


19.  Cette  montagne  était  embellie  par  des  troupes  d’oiseaux  qui 
chantaient  doucement  sur  les  lacs , au  milieu  des  nymphæas  et 
des  lotus  rouges,  bleus  et  blancs  qui  faisaient  l’ornement  de  la 
forêt. 

20.  Elle  était  fréquentée  par  des  antilopes,  des  singes,  des  san- 
gliers, des  lions,  des  ours,  des  porcs-épics,  des  Gyals,  de  jeunes 
éléphants,  des  tigres,  des  daims,  des  buffles, 

21.  Par  des  animaux  ayant,  ceux-ci  des  oreilles  laineuses,  ceux- 
là  un  seul  pied,  d’autres  une  tête  de  cheval;  par  des  loups,  par 
des  chevreaux  à musc;  et  elle  était  embellie  par  des  îlots  semés  sur 
les  étangs  couverts  de  lotus,  autour  desquels  croissaient  des  masses 
serrées  de  Musas. 

22.  A la  vue  de  la  montagne  du  Chef  des  Bhûtas,  qu’environne 
la  rivière  Manda  dont  l’éclat  est  rendu  plus  pur  par  les  bains  qu'y 
prend  Satî,  les  Dieux  furent  frappés  d’admiration. 

25.  Ils  y virent  la  belle  ville  nommée  AlaLâ,  et  le  bois  de  Sâugan- 
dhika,  où  se  trouve  le  lotus  qui  porte  le  même  nom. 

24.  Hors  de  la  ville  coulent  la  Nandâ  et  l’Alakanandâ,  rivières  que 
purifie  la  poussière  du  lotus  des  pieds  du  Dieu  dont  les  pieds  sont 
un  lieu  de  pèlerinage; 

25.  Où  les  femmes  des  Suras,  descendant  de  leur  demeure,  6 
guerrier,  viennent,  animées  par  le  désir,  s’ébattre  en  lançant  de 
l’eau  à leurs  époux, 

26.  Et  dont  l’eau,  jaunie  par  le  safran  nouveau  qu’y  ont  laissé  ces 
femmes  en  se  baignant,  est  bue  par  les  éléphants,  qui  même,  sans 
être  altérés,  y amènent  leurs  femelles. 

27  et  28.  Les  Dieux,  après  avoir  laissé  derrière  eux  la  ville  du 
Chef  des  Yakchas,  où  se  pressaient  par  centaines  des  chars  faits  d’ar- 
gent, d’or  et  de  grandes  pierres  préefeuses,  cette  ville  qui  est  remplie 
par  les  femme?  des  Yakchas,  aussi  nombreuses  que  les  éclairs  au 
ciel;  après  avoir  vu  le  bois  de  Sâugandhika  embelli  d'arbres  qui 
produisent  tout  ce  que  l’on  désire,  et  qui  sont  couverts  de  fleurs, 
de  fruits  et  de  feuilles  de  couleurs  diverses; 

29.  Où  le  bourdonnement  des  abeilles  est  accompagné  par  le  chant 


LIVRE  QUATRIÈME.  27 

des  troupes  d'oiseaux  au  col  rouge;  où  les  étangs  sont  remplis  de 
lotus  que  chérit  la  foule  des  Kalahamsas; 

30.  Où  le  vent,  qui  souffle  à travers  les  santals  odorants  contre 
lesquels  se  frottent  les  éléphants  de  la  forêt,  ravit  sans  cesse  de 
plaisir  le  coeur  des  femmes  des  Yakchas; 

SL  Et  où  les  étangs,  dont  les  degrés  sont  faits  de  lapis-lazuli, 
sont  couverts  de  lotus  en  fleurs:  les  Dieux,  dis-je,  après  avoir  vu  ce 
bois  où  se  rendent  les  kiiïipuruchas,  aperçurent  de  loin  un  figuier.  - 

52.  Il  avait  cent  Yôdjanas  de  haut,  ses  rameaux  en  avaient 
soixante  et  quinze  de  large;  il  projetait  autour  de  lui  une  ombre 
immobile;  il  notait  l'asile  d’aucun  nid,  et  n'était  jamais  atteint  par 
la  chaleur. 

35.  Sous  cet  arbre,  né  de  la  grande  contemplation  du  Yoga,  et  qui 
est  le  refuge  de  ceux  qui  désirent  le  saint,  les  Suras  virent  Çiva  assis 
et  semblable  au  Dieu  de  la  mort  qui  aurait  déposé  sa  colère. 

34.  il  se  montrait  sons  son  apparence  paisible,  servi  par  Nandana 
et  par  d'autres  grands  Siddhas,  calmes  comme  lui-même;  et  il  avait 
assis  à *ses  côtés  son  ami  (Kuvêra),  le  chef  des  Guhyakas  et  des 
Rakchas. 

35.  Le  Seigneur  suprême,  marchant  dans  la  voie  de  la  science, 
des  austérités  et  du  Yôga,  accomplissait,  dans  son  affection  pour 
l’univers  qu'il  aime,  le  salut  des  mondes. 

36.  Il  portait  le  Linga  recherché  des  pénitents,  un  bâton,  des  cen- 
dres, une  épaisse  touffe  de  cheveux,  nue  peau  d’antilope  et  le  disque 
de  la  lune;  son  corps  était  de  la  couleur  de  la  chaux  rouge. 

37.  Il  était  assis  sur  le  siège  des  ascètes,  siège  fait  de  l'herbe 
Darfiba;  et  il  expliquait  à Nârada , qui  l’avait  interrogé,  le  Vêda 
étemel,  pendant  que  les  sages  écoutaient. 

0 3».  Il  aurait  placé  sur  sa  cuisse  droite  le  lotus  de  sou  pied  gauche, 
soi-  sou  genou  [gauche]  son  bras  [gauche],  et  sur  la  partie  amté- 
rieurc  de  son  bras  [droit]  son  chapelet;  sa  main  droite  faisait  [le 
geste  appelé]  le  Sceau  du  raisonnement. 

39.  Alors  les  solitaires,  avec  les  Gardiens  du  monde,  s’incli- 
nèrent, les  mains  jointes,  devant  Giriça,  qui  est  h?  premier  des  êtres 

4. 


28 


LE  BUÀGAVATA  PURÀNA. 

doués  d’intelligence,  et  qui,  enveloppé  de  la  ceinture  du  Yôga, 
méditait  profondément  sur  l’anéantissement  qu’on  obtient  au  sein 
de  Brahma. 

so.  Le  Dieu  dont  les  chefs  des  Suras  et  des  Asuras  vénèrent  les 
pieds,  s'apercevant  de  l’arrivée  du  Dieu  qui  est  né  de  lui-même,  se 
leva  et  le  salua  de  la  tête,  comme  fit  Viclinu,  le  plus  respectable  des 
êtres,  en  présence  du  Chef  des  créatures. 

41.  Les  autres  troupes  des  Siddhas  qui  entourent  le  Dieu  dont  le 
corps  est  rouge,  ainsi  que  les  grands  Richis,  saluèrent  également 
Brahmâ.  Alors  celui  qui  est  né  de  lui-même,  comblé  de  ces  hon- 
neurs, s’adressa  avec  un  sourire  au  Dieu  qui  porte  sur  sa  tête  le 
croissant  de  la  lune,  et  qu’il  venait  de  saluer. 

42.  Brahmâ  dit  : Je  te  connais,  toi  qui  es  le  souverain,  le  maître 
du  double  principe  mâle  et  femelle,  semence  et  matrice  de  cet  uni- 
vers, toi  qui  n’en  es  pas  moins  l’indivisible  Brahma. 

43.  C’est  en  effet  toi,  Seigneur,  qui  avec  Çiva  et  Çakti,  ces  deux 
principes  identiques  l’un  à l’autre,  crées,  conserves  et  détruis  en  te  • 
jouant  cet  univers,  semblable  à l’araignée  qui  tisse  sa  toile.*  . 

44.  C’est  toi-même  qui,  instituant  une  règle  convenable,  as  créé 
le  sacrifice  pour  conserver  la  collection  [ du  Vêda  ] de  laquelle  dé- 
coulent les  devoirs  et  les  avantages;  c’est  par  toi  qu’ont  été  élevées 
dans  le  monde  les  digues  que  les  Brâhmanes,  fidèles  à leur  devoir, 
-respectent  avec  foi. 

45.  O toi  qui  donnes  le  bonheur,  tu  assures  pour  asile,  soit  le 
ciel,  soit  la  béatitude  suprême,  à celui  qui  accomplit  de  bonnes 
actions,  et  tu  condamnes  au  terrible  Enfer  Tamisra  celui  qui  en 
commet  de  mauvaises.  Qui  donc  pourrait  trouver  ici  des  raisons.de 
blâmer  ta  conduite? 

46.  Non , la  colère  qui  domine  un  vil  animal  ne  triomphe  pas  o% 
dinairement  des  hommes  vertueux,  dont  le  cœur  ne  songe  qu’à  tes 
pieds,  qui  te  reconnaissent  dans  tous  les  êtres  et  qui  ne  distinguent 
pas  les  êtres  de  toi. 

47.  Aussi  les  hommes  qui,  songeant  à des  distinctions,  ne  regar- 
dant que  les  œuvres,  pleins  de  mauvaises  pensées  et  le  cœur  en 


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LIVRE  QUATRIÈME.  29 

proie  au  chagrin  que  leur  causent  les  perfections  d’autrui,  blessent 
toujours  les  autres  avec  aigreur  par  des  paroles  outrageantes,  ces 
hommes,  dis-je,  ce  n’est  pas  à un  Dieu  comme  toi  de  les  frapper; 
leur  mort  appartient  au  Destin. 

48.  Dans  les  temps  et  dans  les  lieux  où  des  hommes,  .l'esprit 
atteint  par  l’Illusion,  difficile  à vaincre,  du  Dieu  dont  le  nombril 
porte  un  lotus,  voient  de  fausses  distinctions^,  l’homme  de  bien,  dans 
sa  miséricorde,  les  regarde  comme  un  objet  de  pitié;  mais  il  ne  fait 
pas  un  effort  pour  punir  une  faute  qui  est  l'œuvre  du  Destin. 

49.  Mais  toi  dont  l’esprit  n’est  pas  atteint  par  l’Illusion,  difficile 
à vaincre , dont  s’enveloppe  l’Esprit  suprême-,  toi  qui  connais  tout , 
daigne,  ô souverain  Seigneur,  traiter  ici  avec  bienveillance  ceux 
qui , le  cœur  blessé  par  cette  Illusion , n’ont  de  pensées  que  pour  les 
œuvres. 

50.  .C’est  pourquoi , Seigneur,  ranime  le  sacrifice  du  Pradjâpati , 
détruit  par  toi,  ô Dieu  intelligent,  avant  qu’il  fût  achevé,  ce  sacrifice 
où  les  mauvais  prêtres  qui  le  célébraient,  t'ont  refusé  ta  part,  à toi 
qui  conduis  la  cérémonie  à son  terme. 

. 51.  Que  celui  qui  le  faisait  célébrer  revive!  que  Bhaga  recouvre 

la  vue!  que  la  barbe  de  Bhrigu  repousse,  ainsi  que  les  dents  de 
Pûchan! 

52.  Ô Dieu  colère!  rends  bientôt,  dans  ta  faveur,  la  santé  aux 
Dêvas  et  aux  prêtres  officiants  dont  les  membres  ont  été  brisés  par 
les  pierres  et  par  les  armes. 

55.  Que  ce  qui  reste  encore  du  sacrifice  soit  ta  part,  ô Rudra!  Que 
la  cérémonie,  ô destructeur  du  sacrifice,  soit  accomplie  pour  toi  au 
moyen  de  cette  part  même! 

MB  DU  SIXIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE: 

ON  APAISE  RUDRA, 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  Dü  GRAND  PURAÇÀ, 

LE  BIENHEUREUX  BIlÂGA  V AT  A, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYASA. 


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LE  BHÂGAVATA  PÜBÀ1SA. 


CHAPITRE  VII. 

RET ABLISSKMÜtiT  DU  SACRIFICE  DE  DAKCHA. 

l.  Mâitrêya  dit  : Satisfait  des  paroles  par  lesquelle^  le  Dieu  incréé 
venait  de  l’implorer,  Bhava,  6 guerrier  magnanime,  dit  en  sou- 
riant : Écoutez. 

s.  Je  ne  parle  pas  de  la  faute  d'enfants  qui,  comme  le  Chef  des 
créatures,  sont  dominés  par  l’Illusion  divine;  non,  je  n’y  pense  pins. 
Voici  seulement  la  punition  que  je  leur  inflige. 

5.  Que  le  Chef  des  créatures,  dont  la  tête  a été  consurrjée  par 
le  feu , prenne  une  tête  de  bélier  ; que  Bhaga  regarde  sa  part  du 
sacrifice  avec  les  yeux  de  Mitra. 

A.  Que  Pûchan  mange  les  grains  écrasés,  avec  les  dents  de  celui 
qui  fait  célébrer  la  cérémonie;  que  les  Dêvas  recouvrent  tous  leurs  . 
membres,  eux  qui  m’ont  donné  le  reste  du  sacrifice. 

5.  Que  les  bras  des  Açvins,  que  les  mains  de  Pûchan  servent  de 
bras  et  de  mains  à ceux  qui  n’en  ont  plus;  que  les  autres  sacrifica- 
teurs renaissent,  et  que  Bhrïgu  prenne  une  barbe  de  bouc. 

6.  Alors  tous  les  êtres,  ayant  entendu  les  paroles  de  Midhuehta- 
ma  (Çiva),  s’écrièrent,  satisfaits  dans  leurs  cœurs:  Bien!  bien! 

7.  Ensuite,  ayant  invité  le  Dieu  libéral,  les  guerriers  de  l’armée 
d’Indra  et  les  Ricins  retournèrent  une  seconde  fois  au  sacrifice  des 
Dêvas,  accompagnés  du  Dieu  et  de  Vêdhas. 

8.  Et  après  avoir  tout  exécuté  selon  eeqn’avait  dit  le  bienheureux 
Bhava,  ils  adaptèrent  au  corps  de  Dakcha  la  tête  d’un  bélier  destiné 
au  sacrifice. 

9.  Au  moment  où  cette  tête  s’attachait  au  corps,  Dakcha,  sur  le- 
quel Rudra  fixait  ses  regards,  se  leva  tout  à coup  comme  s'il  se 
réveillait,  et  vit  en  face  de  lui  Mrida. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  51 

10.  Alors  le  Chef  des  créatures,  dont  le  coeur  avait  été  souillé  par 
la  haine  qu’il  portait  à Çiva,  devint,  sous  le  regard  du  Dieu,  pur 
comme  un  lac  pendant  la  saison  de  l'automne. 

11.  Il  voulut  célébrer  les  louanges  de  Bhava;  mais  le  souvenir 
de  la  fille  qu’il  avait  perdue,  réveillant  sa  tendresse,  étouffa  sa  voix 

* dans  les  larmes  du  regret. 

12.  Ayant  ensuite  ramené,  qnoiqu'avec  peine,  le  calme  dans  son 
cœur,  le  sage  Dakcha,  ému  d’attendrissement,  Chanta  les  louanges 
d’Iça  avec  une  affection  sincère. 

15.  Dakcha  dit  : Ah  I c’est  de  ta  part  une  preuve  de  grande  bien- 
veillance que  de  m’avoir  puni,  moi  qui  t’avais  outragé.  Non,  vous  ne 
dédaignez  pas,  Hari  et  toi,  ceux  qui  ne  sont  Brâhmanes  que  de  nom. 
Qu’auraient  donc  à craindre  ceux  qui  sont  fidèles  à leurs  devoirs? 

14.  Tu  as  jadis,  sous  la  forme  de  Brahma , créé  Éfe  ta  bouche, 
pour  conserver  la  connaissance  de  l’Esprit,  les  Brâhmanes,  gardiens 
fidèles  des  œuvres,  des  austérités  et  de  la  science.  Aussi,  Dieu  su- 
prême, tu  sais,  semblable  au  pasteur  qui  veille  sur  son  troupeau, 
protéger,  en  les  châtiant,  les  Brâhmanes  contre  tous  les  malheurs. 

15.  Puisse  celui  qui , attaqué  dans  l'assemblée  par  les  paroles  inju- 
rieuses, qu’ignorant  de  sa  nature,  j’avais  lancées  contre  lui,  a oublié 
cet  outrage  pour  protéger  par  un  regard  bienveillant  un  coupahie 
que  son  insolence  à l’égard  de  l’Etre  le  plus  digne  de  respect  préci- 
pitait dans  les  régions  infernales,  puisse  cet  Etre  bienheureux  trouver 
dans  ce  qu’il  a fait  sa  propre  satisfaction  ! 

16.  Màitrêya  dit  : Après  avoir  ainsi  calmé  Midhvas  (Çiva)  et  reçu 
l’ordre  de  Brahmâ,  Dakcha,  assisté  des  Agnis,  des  prêtres  officiants 
et  des  maîtres,  reprit  la  célébration  du  sacrifice. 

17.  Pour  continuer  la  cérémonie,  les  Brahmanes  versèrent  l’of- 
fftmde  dans  les  trois  coupes  consacrées  à Vichnu,  afin  d’effacer  les 
souillures  causées  par  l'attaque  des  guerriers  [de  Çiva]. 

18.  Assisté  du  sacrificateur  qui  tenait  l’offrande,  celui  qui  faisait 
célébrer  le  sacrifice  médita,  ô chef  des  hommes,  avec  une  intelli- 
gence pure  ; et  alors  Hari  lui  apparut. 

19.  Il  arrivait,  transporté  par  Târkehya,  dont  les  ailes  sont  des 


32 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

hymnes,  effaçant  l’éclat  de  tous  ces  sages  par  sa  propre  splendeur 
qui  éclairait  les  dix  points  de  l'horizon. 

20.  Il  était  noir  et  couvert  d’un  vêtement  de  couleur  d’or;  il  por- 

tait un  diadème  brillant  comme  le  soleil;  son  visage  était  orné  d’an- 
neaux et  paré  de  boucles  de  cheveux  noirs  semblables  à des  abeilles; 
avec  ses  bras  chargés  d’or,  qui  agitaient  une  conque,  un"  lotus,  le 
Tchakra,  des  flèches,  un  arc,  une  massue,  un  glaive  et  un  bouclier, 
il  ressemblait  à uu  ‘Karnikâra  [tout  en  fleurs].  • 

21.  Tenant  son  épouse  sur  son  sein,  portant  une  guirlande  de 
(leurs  des  bois,  escorté  d’un  éventail  et  d’un  chasse-mouche  qui  se 
jouaient  à ses  côtés  comme  deux  flamingos,  et  la  tête  abritée  par  un 
parasol  blanc  qui  ressemblait  à la  lune,  il  répandait  la  joie  dans 
l’univers  avec  un  seul  de  ses  regards  et  de  ses  nobles  sourires. 

22.  A la  vite  du  Dieu  qui  venait  d’arriver,  toutes  les  troupes  des 
Suras,  ayant  à leur  tête  Brahmâ,  Indra  et  Çiva  aux  trois.yeux,  se 
levèrent  aussitôt  pour  le  saluer. 

23.  Privés  de  leur  propre  éclat  par  sa  splendeur,  la  voix  em- 
barrassée, pleins  de  trouble,  ifs  adorèrent  Adhôkchadja,  les  mains 
jointes  et  la  tête  inclinée. 

24.  Atmabhù  et  les  autres  Dieux,  dont  les  œuvres,  comparées  à la 
grandeur  de  Vichnu,  sont  bien  peu  de  chose,  célébrèrent  chacun 
selon  la  force  de  leur  intelligence,  celui  qui,  par  bienveillance  pour 
eux,  leur  manifestait  sa  forme.  . 

25.  Aussitôt , louant  avec  joie  celui  qui- prend  pour  sa  part  le  meilleur 
des  vases  consacrés  à l’offrande,  le  Chef  du  sacrifice,  le  précepteur 
suprême  des  Créateurs  de  l’univers,  qui  était  entouré  de  Sunanda, 
de  Nanda  et  de  ses  autres  serviteurs,  Dakcha  s’inclina  devant  lui  avec 
recueillement  et  en  joignant  les  mains  en  signe  de  respect. 

26.  Dakcha  dit  : Tu  es  celui  qui,  sous  sa  propre  forme,  est  l’ Esprit 
même,  qui  est  pur,  affranchi  des  divers  états  de  l’intelligence,  unique, 
à l’abri  de  la  craiute,  maître  de  l’Illusion  qu’il  arrête,  et  qui,  prenant 

"à  son  égard  le  rôle  d’homme,  [entre  dans  son  sein]  et  y réside  comme 
s’il  n’était  pas  pur,  lui  qui  ne  reçoit  de  lois  que  de  lui-même. 

27.  Les  prêtres  officiants  dirent:  ÔDieu  absolu,  ô Rudra!  il  fallait 


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LIVRE  QUATRIÈME.  35 

que  nous  ignorassions  ton  essence,  nous  qui,  pendant  le  sacrifice, 
avons  été  jetés  par  la  malédiction  [de  Nandîçvara]  dans  de  fausses 
idées.  Elle  nous  est  connue  [maintenant]  cette  essence  qu’on  nomme 
le  sacrifice,  lequel  est  dirigé  par  le  triple  Vêda,  symbole  de  la  loi, 
et  pour  lequel  tu  as  établi  la  réunion  de  ces  Divinités. 

28.  Les  assistants  dirent  : Dans  le  chemin  de  la  naissance  où  il 
n’y  a pas  d’abri,  que  rendent  impraticable  de  grandes  misères,  où  le. 
Dieu  de  la  mort  se  présente  comme  un  affreux  reptile,  où  l’on  a de- 
vant les  yeux  le  mirage  des  objets,  où  les  affections  opposées  [du 
plaisir  et  de  la  peine]  sont  des  précipices,  où  l’on  redoute  les  mé- 
chants comme  des  bêtes  féroces,  où  la  douleur  est  comme  l'incendie 
de  la  forêt,  copiment  une  caravane  d’ignorants,  chargée  du  pesant 
fardeau  du  corps  et  de  l’âme,  tourmentée  par  le  désir,  pourrait-elle 
jamais,  ô Dieu  qui  donnes  un  asile,  parvenir  jusqu'à  tes  pieds? 

29.  Rudra  dit  : Si,  pendant  que  ma  pensée,  6 Dieu  libéral,  est 
exclusivement  occupée  de  tes  pieds  excellents,  qui  donnenl  le  sens  de 
toutes  choses,  et  qui  doivent  être  adorés  avec  respect  par  les  soli- 
taires mêmes  que  ton  amour  a détachés  de  tout;  si  pendant  ce  temps 
le  monde  ignorant  m'appelle  avec  mépris  contempteur  des  lois,  je 
puis,  grâce  à ton  extrême  bienveillance,  supporter  cet  outrage. 

30.  Bhrîgu  dit  : O toi  dont  Brahmâ  et  les  autres  êtres  revêtus 
d’un  corps,  détournés  de  la  connaissance  de  l’Esprit  par  l’impéné- 
trable Mâyâ,  et  dormant  dans  les  ténèbres,  ne  savent  pas,  même 
aujourd’hui,  reconnaître  l’essence,  quoiqu'ils  la  portent  en  eux- 
mêmes,  sois-moi  favorable,  toi  l’âme  et  l'ami  de  ceux  qui  te  vénèrent. 

51.  Brahmâ  dit  : Non,  ce  n’est  pas  ta  vraie  forme  que  celle  que 
voit  l’homme  avec  ses  organes  faits  pour  saisir  les  divers  objets;  car 
toi,  qui  es  l’asile  de  la  science,  de  la  substance  et  de  la  qualité,  tu 
es  distinct  de  ce  produit  de  Mâyâ  qui  n’a  pas  d'existence  réelle. 

52.  Indra  dit  : C’est  là  cependant  ton  véritable  corps,  ô Atchyuta; 
ce  corps  qui  produit  toutes  choses,  qui  réjouit  le  cœur  et  les  yeux, 
et  qui  est  muni  de  huit  bras  brandissant  des  armes  prêtes  à dissiper 
les  ennemis  des  Suras. 

33.  Les  femmes  dirent  : Ce  sacrifice  qui, "institué  par  Dakcha  en 


34 


LE  BHAGAVATA  PURÀNA. 


ton  honneur,  et  qui  maintenant,  interrompu  par  le  Maître  des  créa- 
tures irrité  contre  Datcha,  a vu  ses  lûtes  interrompues  et  ressemble 
à un  cimetière,  daigne,  ô loi  qui  es  le  sacrifice  même,  le  purifier 
pour  nous  d’un  regard  de  tes  yeux  beaux  comme  le  lotus. 

34.  Les  Ricins  dire nt:Tes  actions,  ô Bhagavat,  ne  produisent  donc 
pas  pour  toi  de  conséquences,  puisque  tu  accomplis  toi-même  des 
œuvres  dont  tu  ne  ressens  pas  l'effet;  tu  ne  fais  même  pas  attention  à 
cette  Déesse  souveraine  qui  s’attache  à tes  pas,  elle  que  les  hommes 
adorent  pour  obtenir  le  bonheur. 

35.  Les  Siddhas  dirent  : Semblable  à un  éléphant  qui,  atteint  par 
l'incendie  de  la  forêt,  et  dévoré  par  la  soif,  se  précipite  dans  le  fleuve 
et  ne  ressent  plus  l’atteinte  du  feu,  notre  esprit,  consumé  par  la 
douleur,  se  plongeant  dans  le  fleuve  du  pur  nectar  de  tes  histoires, 
oublie  l’incendie  [ des  passions  ] , et  ne  quitte  pas  plus  les  eaux  de  ce 
fleuve  que  s’il  était  réuni  à Brahma. 

36.  La  femme  de  Dakcha  dit  : Sois  le  bienvenu,  ô Seigneur! 
sois-nous  favorable,  adoration  à toii  Protége-nous , toi  l'asile  de  Çrî, 
avec  Çrî  ta  bien-aimée.  Sans  toi,  Seigneur,  le  sacrifice  est  comme  un 
corps  dont  la  tête  a été  coupée;  ses  membres  ne  peuvent  lui  servir. 

57.  Les  Gardiens  du  monde  dirent  : Comment  pouvons-nous  te 
voir  avec  nos  yeux  faits  seulement  pour  saisir  ce  qui  n’a  pas  de  réalité, 
toi  le  spectateur  interne  qui  vois  [également]  le  monde  visible?  Si, 
en  effet,  tu  nous  apparais  comme  un  être  individuel  formé  des  cinq 
éléments,  c’est  là,  Dieu  puissant,  le  produit  de  ta  MAyâ. 

38.  Les  chefs  du  Yoga  dirent:  Nul  ne  t’est  plus  cher,  ô Sei- 
gneur, que  celui  qui  ne  se  distingue  pas  lui-même  de  toi,  de  toi 
qui  es  l’âme  de  l'univers.  Daigne  donc,  ô maître  bienveillant,  ac- 
cueillir d’une  manière  favorable  ceux  qui  ont  recours  à toi  avec  une 
dévotion  exclusive. 

59.  Adoration  à celui  qui  n’a  besoin  que  d’un  simple  acte  de  sa 
pensée  pour  établir  en  lui-même  des  distinctions,  au  moyen  de 
l’Illusion  dont  il  dispose,  Illusion  dont  les  qualités  se  divisent  de 
tant  de  manières,  sous  l’influence  du  Destin,  dans  les  phénomènes 
de  la. création,  de  la  Conservation  et  de  la  destruction  de  l’univers! 


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35 


LIVRE  QUATRIÈME. 

Adoration  à celui  qui,  pour  que  les  qualités  et  leur  trouble  cessent 
en  lui,  n’a  qu’à  persister  dans  l’état  qui  lui  est  propre! 

40.  Le  Vèda  dit  : Adoration  à toi  qui  as  adopté  la  qualité  de  la 
Bonté,  à toi  qui  as  produit  le  devoir  et  ce  qui  en  résulte,  à toi  qui  n’as 
pas  de  qualités,  et  dont  ni  moi  ni  d’autres  ne  connaissons  l’essence! 

41.  Agni  dit  : Celui  par  la  splendeur  duquel,  brillant  d’une 
énergie  extrême,  j’emporte  dans  un  bon  sacrifice  l’offrande  arrosée 
de  beurre  clarifié,  ce  Dieu  qui  veille  sur  le  sacrifice  et  qui  est  le 
sacrifice  même  dont  on  compte  cinq  formes  et  que  dirigent  heu- 
reusement les  cinq  prières  sacrées,  je  m’incline  devant  lui. 

42.  Les  Dêvas  dirent:  Jadis,  à la  fin  du  Kalpa,  ayant  ramené  dans 
ton  sein  les  effets  produits  par  toi , tu  dormais  à la  surface  de  l’Océan , 
porté  sur  le  Roi  des  serpents  comme  sur  un  siège,  toi  le  premier 
des  esprits,  toi  la  voie  de  l’Esprit  suprême,  sur  laquelle  méditent 
les  Siddhas.  C’est  toi-même,  qui,  te  montrant  aujourd’hui  à nos 
yeux,  nous  protèges,  nous  qui  sommes  tes  serviteurs. 

45.  Les  Gandharvas  et  les  Apsaras  dirent:  O le  plus  puissant  des 
êtres!  Marîtebi  ef les  autres  sages,  Brahma , Indra  et  les  troupes  des 
Dêvas  qui  ont  Iiudra  pour  chef,  ne  sont  que  des  portions  des  parties 
de  ta  substance.  Cet  univers,  ô Seigneur,  est  l'instrument  de  tes 
jeux;  c’est  à toi  que  nous  adresserons  toujours  notre  hommage. 

44.  Les  Vidyâdharas  dirent  : L’homme  qui  recevant,  de  la  Mâyâ 
dont  tu  disposes,  ce  corps  comme  instrument,  dit  : • Moi  et  le  mien , » 
et  qui,  même  négligé  par  des  enfants  ingrats,  est  encore  malheu- 
reux parce  qu’il  désire  des  objets  qui  n’ont  pas  de  réalité,  l’homme, 
dis-je,  ne  peut  se  débarrasser  de  ce  qui  l égare  qu'en  recherchant 
avec  ardeur  l'ambroisie  de  tes  histoires. 

45.  Les  Brahmanes  dirent  : Tu  es  le  sacrifice,  tu  es  l’offrande,  tu 
es  le  feu  lui-même;  tu  es  la  prière,  le  bois,  l’herbe  sainte  et  les  vases. 
Les  assistants  et  les  sacrificateurs,  les  époux  [qui  font  célébrer  le 
sacrifice],  les  Divinités,  l’offrande  au  feu,  l'exclamation  Svadhâ,  le  jus 
de  l'asclépiade , le  beurre  clarifié,  la  victime,  tout  cela,  c’est  toi. 

46.  C’est  toi  qui  jadis,  prenant  la  forlhe  d’un  grand  sanglier, 
retiras  avec  ta  défense  la  terre  du  fond  de  ( Abîme,  comme  le  roi 


56 


LE  BHÀGAVATA  PUR  AN  A. 

des  éléphants  soulève  sa  femelle,  pendant  que  les  chants  joyeux  des 
Yôgms,  ô toi  dont  le  triple  Véda  est  la  forme,  te  célébraient  comme 
celui  dont  le  sacrifice  est  l’ouvrage. 

47.  Daigne  aussi  nous  traiter  avec  bienveillance,  nous  qui  aspi- 
rons à te  voir,  privés,  comme  nous  le  sommes,  de  l'œuvre  des  gens  de 
bien.  Adoration  à toi,  Seigneur  du  sacrifice,  toi  dont  il  suffit  que 
les  hommes  prononcent  le  nom  pour  que  les  obstacles  qui  s’opposent 
à la  cérémonie  disparaissent! 

4K.  Mâitrêya  dit  : Pendant  que  Hrîchîkêça,  qui  donne  l’existence 
au  sacrifice,  était  ainsi  loué , ô Vidura!  Dakcha,  le  chantre  inspiré, 
dirigeait  la  cérémonie  qui  avait  été  troublée  par  Rudra. 

49.  Rhagavat , l’âme  de  l’univers,  adressa  ainsi  la  parole  à Dakcha, 
comme  s’il  eût  été  satisfait  de  la  part  qui  lui  était  réservée,  lui  qui 
jouit  des  portions  de  tous. 

50.  Bhagavat  dit:  Je  suis  Brahmâ,  Çarva,  la  cause  première  de 
l’univers,  l'Esprit,  le  Seigneur  et  le  témoin  [des  âmes],  qui  est  intel- 
ligent par  lui-même  et  qui  n’a  pas  d’attributs. 

51.  M’unissant,  ô Brahmane,  avec  la  Mâyà  dftit  je  dispose,  et 
(jue  constituent  les  qualités,  créateur,  conservateur  et  destructeur  de 
l’univers,  je  prends  des  noms  conformes  à mes  œuvres. 

52.  Au  sein  de  cet  Esprit  suprême,  qui  est  l’unique  et  absolu 
Brahma,  l’homme  ignorant  distingue  Brahmâ,  Rudra  et  les  créa- 
tures. 

53.  De  même  qu’il  n’y  a pas  un  homme  qui  se  figure  que  sa  tête, 
ses  mains  et  ses  membres  soient  ceux  d’un  autre,  ainsi  celui  qui 
m’est  dévoué  pense  que  les  êtres  [ ne  sont  autre  chose  que  moi], 

54.  Celui  qui  ne  distingue  pas  l’un  de  l’autre,  ô Brahmane,  les 
trois  Dieux  qui  n’ont  qu’une  même  nature  et  qui  soht’lame  de  tous 
les  êtres,  celui-là  obtient  le  repos. 

55.  Màitrêya  dit  : Le  premier  des  Chefs  des  créatures,  ainsi  ins- 
truit par  Bhagavat,  après  avoir  adoré  Hari,  sacrifia  aux  Dêvas  sous 
leur  double  nature,  à l’aide  de  la  cérémonie  consacrée  à ce  Dieu. 

56.  11  offrit  aussi,  plein  de  recueillement,  à Rudra,  la  part  qui  lui 
était  réservée,  et  aux  autres  Divinités  qui  boivent  le  Sôma,  ce  qui 


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LIVKE  QLATKIÈME. 

termine  le  sacrifice;  et  après  avoir  achevé  la  cérémonie,  il  prit  avec 
les  prêtres  oiliciants  le  bain  final  de  l’Avabhritha. 

57.  Pensant,  selon  la  loi,  à l’Etre  qui  obtient  par  sa  propre  ma- 
jesté le  succès  de  ses  desseins,  les  Dieux  se  retirèrent  dans,  le  ciel. 

58.  Cependant  Satî,  la  fille  de  Dakcha,  ayant  abandonné,  [ainsi 
qu'il  a été  dit,]  son  premier  corps,  naquit  de  nouveau,  selon  la 
tradition,  comme  fille  de  Mênâ,  femme  de  PHimavat. 

59.  [Sous  le  nom  d’[  Ambikâ,  elle  ne  cesse  de  reudre  un  culte  à 
son  époux  chéri,  qui  est  la  voie  de  ceux  qui  l’aiment  sans  partage, 
aussi  constante  que  l’énergie  qui  n abandonne  jamais  l’Esprit  au 
sein  duquel  elle  sommeille. 

60.  Cette  histoire  du  bienheureux  Çambhu  (Çiva),  destructeur 
du  sacrifice  de  Dakcha,  m'a  été  racontée  par  Uddhava,  ce  sage  dé- 
voué à Bhagavat,  et  disciple  de  Vrïhaspali. 

6t.  Lorsqu'après  avoir  entendu  le  récit  de  cette  oeuvre  d’iça,  récit 
qui  est  un  moyen  suprême  de  purification , qui  donne  de  la  gloire, 
une  longue  vie,  et  qui  efface  tous  les  péchés,  l’homme  le  raconte  sans 
cesse,  il  secoue  toutes  ses  fautes  par  l’effet  de  cette  dévotion. 

FIS  DU  SUIT  1 F. Ml  CHAPITRE,  AVANT  FUIR  TITRE  . 

RÉTABLISSEMENT  DU  SACRIFICE  DE  DAXCHA  , 

DANS  I.E  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PI.RÂyA , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVAT A. 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMA  ET  COMPOSE  PAR  VYASA. 


58 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  VIII. 

HISTOIRE  DE  DHRUVA. 

1.  Mfiitrêya  dit  : Les  autres  enfants  <le  Brahmà,  tels  que  Sanaka 
et  ses  frères,  ainsi  que  N â racla,  Rïbhu,  Ha  ni  sa,  Aruni  et  Yati,  s'étant 
voués  à une  chasteté  perpétuelle,  ne  furent  pas  chefs  de  maison. 

2.  Mrichâ  (la  Fausseté)  fut  la  femme  d’Adhanna;  elle  mit  au 
inonde  un  fils  et  une  fille,  Dambha  (la  Fraude)  et  Mâyâ  (la  Trom- 
perie), qui  furent  adoptés  par  Nirrïti  (le  Malheur),  qui  n'avait  pas 
d'enfants. 

5.  'De  ce  couple  naquit  Lôbha  (la  Cupidité)  et  Nichkriti  (la  Mé- 
chanceté); de  ces  derniers,  krôdha  ( la  Colère). et  Himsâ  ( le  Meurtre), 
qui  donnèrent  le  jour  à Kali  et  à Durukti  (l’Injure)  sa  sœur. 

h.  Kali  (la  Querelle)  eut  de  Durukti,  Bhaya  (la  Terreur)  et  Mrï- 
tyu  (la  Mort);  et  de  ce  couple  en  naquit  un  autre,  Yâtanâ  (la  Dou- 
leur) et  Niraya  (l'Enfer). 

5.  Je  viens  de  t’exposer  en  abrégé  la  création  secondaire , 6 guer- 
rier vertueux;  récit  purifiant  qui  efface  les  souillures  du  cœur  de 
l’homme  qui  l’a  entendu  trois  fois. 

6.  Je  vais  maintenant,  ô fils  de  Kuru,  te  raconter  l’histoire  de  la 
famille  du  Manu  Svâyambhuva , dont  la  gloire  est  pure,  de  ce  Manu 
qui  est  né  d’une  portion  du  Dieu  qui  est  une  portion  de  Hari. 

7.  Priyavrata  et  Uttânapâda,  tous  deux  fils  du  mari  de  Çatarûpâ, 
protégèrent  le  monde,  parce  qu’ils  étaient  une  portion  de  la  subs- 
tance de  V'âsudeva. 

».  Uttânapâda  eut  deux  femmes,  Sunîti  et  Surutchi;  de  ces  deux 
femmes,  Surutchi  était  plus  aimée  de  son  mari  que  Sunîti,  qui  avait 
mis  au  monde  Dhruva. 

9.  Un  jour  que  le  roi  caressait  Uttama.  fils  de  Surutchi,  qu’il  te- 


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LIVRE  QUATRIÈME. 

nait  sur  ses  genoux,  il  repoussa  Dhruva,  qui  voulait  y monter  aussi. 

10.  En  voyant  Dhruva,  fils  de  la  seconde  femme  du  roi,  qui 
désirait  faire  comme  son  frère,  Surutchi,  enflée  d'orgueil,  lui  dit 
avec  jalousie,  en  présence  de  son  père  qui  écoutait  : 

11.  Enfant,  tu  ne  dois  pas  monter  sur  le  siège  du  roi,  quoique 
tu  sois  son  fils,  parce  que  tu  n'as  pas  été  porté  dans  mon  sein. 

12.  Tu  n'es  qu'un  enfant,  et  tu  ignores  sans  doute  que  tu  es  né 
dans  le  sein  d'une  autre  femme,  toi  qui  veux  une  chose  si  difficile 
à obtenir. 

15.  Après  avoir  honoré  Purucha  par  tes  austérités,  obtiens  de  sa 
faveur  de  renaître  de  moi,  si  tu  désires  le  siège  royal. 

14.  Blessé  par  les  dures  paroles  de  sa  belle-mère,  soupirant  de 
colère  comme  un  serpent  frappé  d’un  coup  de  bâton,  Dhruva,  quit- 
tant son  père,  qui  avait  gardé  le  silence  pendant  cette  scène,  se  retira 
tout  en  pleurs  auprès  de  sa  mère  Sunîti. 

15.  Celle-ci,  prenant  dans  se%  bras  l’enfant  qu’elle  voyait  sou- 
pirer et  dont  les  lèvres  tremblaient  [de  colère],  souffrit  beaucoup 
en  entendant  de  la  bouche  des  serviteurs  du  gynécée  ce  qu’avait  dit 
l’autre  femme  d’Uttânapàda. 

16.  Perdant  courage,  la  jeune  femme  se  mit  à pleurer,  consumée 
par  le  feu  du  chagrin,  comme  une  liane  dans  l’incendie  d’une  forêt, 
et  ne  pouvant  oublier  ce  qu’avait  dit  l’autre  épouse  du  roi,  des 
larmes  coulèrent  de  ses  yeux  beaux  comme  le  lotus. 

17.  Après  avoir  longtemps  soupiré,  la  jeune  femme,  ne  voyant 
pas  de  terme  à son  infortune , parla  ainsi  à son  fils  : Ne  souhaite  de 
mal  à personne,  cher  enfant;  non,  car  l’homme  souffre  lui-même  du 
mal  qu’il  fait  à autrui. 

18.  Surutchi  a dit  vrai  : c’est  une  infortunée  qui  t’a  porté  dans 
son  sein  et  nourri  de  son  lait,  elle  que  le  maître  de  la  terre  a honte 
de  prendre  pour  femme  légitime,  ou  même  pour  servante. 

19.  Suis  donc,  cher  enfant,  sans  envie,  un  conseil  véridique,  quoi- 
qu’il vienne  d'une  belle-mère;  rends  un  culte  au  lotus  des  pieds 
d’Adhôkchadja,  si  tu  désires  comme  Uttama  le  siège  suprême. 

20.  Adja,  en  effet,  obtint  le  rang  suprême  pour  avoir  adoré  les 


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40 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

pieds  de  cet  Être  supérieur  aux  qualités  auxquelles  il  s’unit  afin  de 
créer  l'univers,  et  que  l’homme  vénère  en  se  rendant  maître  de 
sa  respiration  et  de  son  cœur. 

21.  Et  de  même,  c’est  pour  avoir  célébré  attentivement  en  son 
honneur  des  sacrifices  riches  en  donations,  que  le  bienheureux 
Manu  ton  grand-père  obtint  ce  qu’il  est  si  difficile  d’obtenir  autre- 
ment, le  bonheur  sur  la  terre,  et  dans  le  ciel  la  délivrance  finale. 

22.  C’est  auprès  de  ce  Dieu  qui  chérit  ses  serviteurs,  qu’il  faut  te 
réfugier,  cher  enfant,  de  ce  Dieu  dont  les  pieds,  semblables  au  lotus, 
sont  la  voie  que  doivent  rechercher  ceux  qui  aspirent  au  salut;  ho- 
nore Purucha  en  le  fixant  dans  ton  cœur,  animé  d’une  affection 
exclusive  et  purifié  par  l'accomplissement  de  tes  devoirs. 

25.  Je  cherche  vainement  un  autre  être  que  celui  dont  les  yeux 
ressemblent  à la  feuille  du  lotus,  qui  puisse  détruire  ton  malheur, 
lui  que  poursuit,  un  lotus  à la  main,  Çrî,  cette  déesse,  l’objet  des 
poursuites  des  autres  Dieux.  , 

24.  Après  avoir  entendu  les  plaintes  de  sa  mère  et  ses  paroles  qui 
lui  faisaient  voir  la  vérité,  l’enfant,  se  rendant  maître  de  son  cœur, 
sortit  de  la  ville  habitée  par  son  père. 

25.  Nàrada,  en  ayant  été  informé  et  connaissant  ce  qu’il  voulait 
faire,  le  toucha  au  front  de  sa  main  qui  détruit  le  péché,  et  s'écria, 
plein  d’admiration. 

26.  Nàrada  dit  : O énergie  des  Kchattrivas  qui  ne  laissent  pas 
abaisser  leur  orgueil!  celui-ci,,  tout  enfant  qu’il  est,  garde  en  son 
cœur  les  dures  paroles  d’une  belle-mère. 

27.  Nous  ne  voyons  pas,  ami,  qu’il  puisse  être  maintenant  ques- 
tion soit  d'outrage,  soit  de  respect,  pour  un  enfant  comme  toi,  qui 
est  livré  aux  jeux  de  son  âge. 

28.  Et  quand  même  il  y aurait  lieu  à cette  distinction,  les  causes 
de  déplaisir  n'existent  encore  qu’aux  yeux  de  l’erreur;  car  ce  sont 
nos  propres  actions  qui  décident  de  notre  sort  en  ce  monde. 

29.  Aussi  le  sage  ne  doit-il  se  réjouir  de  ce  que  lui  apporte  le 
Destin  qu’autanl  qu’il  y reconnaît  la  voie  du  souverain  Seigneur. 

30.  Ensuite,  ce  n’est  pas,  crois-moi,  un  Être  que  les  hommes 


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41 


Livre  quatrième. 

puissent  facilement  adorer,  que  celui  dont  tu  désires  obtenir  la  fa- 
veur, à l'aide  du  Yôga  que  te  conseille  ta  mère. 

51.  Car' c’est  celui  dont  les  solitaires  n’ont  pu,  pendant  de  nom- 
breuses existences,  découvrir  la  voie,  quoiqu’ils  la  cherchassent  dans 
le  détachement  et  dans  la  profonde  méditation  du  Yôga. 

52.  Renonce  donc  à un  dessein  qui  ne  peut  produire  de  résultat;  il 
sera  temps  de  le  former  quand  tu  seras  parvenu  à l’âge  des  vieillards. 

55.  L’âme  de  l’homme  qui  se  contente  de  ce  que  lui  envoie  le  sort , 
que  ce  soit  du  bien  ou  du  mal,  parvient  à l’autre  rive  des  ténèbres. 

54.  Si  nous  voyons  avec  plaisir  celui  qui  a plus  de  mérite  que 
nous,  avec  compassion  celui  qui  en  a moins,  et  avec  amitié  celui 
qui  en  a autant,  le  chagrin  ne  pourra  rien  contre  nous. 

55.  Dhruva  dit  : Cette  quiétude  que,  dans  sa  compassion,  Bha- 

gavat  a enseignée  aux  hommes  dont  le  cœur  est  ému  par  le  plaisir 
ou  par  la  douleur,  est  trop  difficile  à atteindre  pour  les  êtres  de 
mon  espèce.  . 

56.  ElTe  ne  descend  pas  dans  le  cœur  indomptable  et  emporté 
d'un  Kchattriya  blessé,  comme  je  le  suis,  par  les  flèches  des  dis- 
cours outrageants  d'une  belle-mère. 

57.  Enseigne-moi,  ô Brâhmanc,  une  bonne  voie  par  laquelle  je 
puisse  m'emparer  du  lieu  le  plus  élevé  dans  les  trois  mondes,  d’un 
lieu  qui  n'ait  été  occupé  ni  par  mes  ancêtres  ni  par  d’autres. 

58.  C’est  toi,  en  effet,  toi  né  du  corps  du  Très-Haut,  qui,  faisant 
résonner  la  Vînâ,  parcours  le  monde,  comme  le  soleil,  pour  le  bien 
de  l’univers. 

59.  Mâitrêya  dit  : Satisfait  d’entendre  ce  discours,  le  bienheureux 
Nârada  adressa,  plein  de  joie  et  de  compassion,  ces  paroles  bienveil- 
lantes au  jeune  enfant. 

40.  Nârada  dit  : La  voie  que  t’a  indiquée  ta  mère  te  conduira, 
en  effet,  à la  béatitude  finale,  qui  est  le  bienheureux-  Yâsudêva  lui- 
même;  sers-le  donc  avec  un  cœur  plein  de  lui. 

41.  Celui  qui  désire  l’un  des  quatre  avantages  qu’on  nomme  le 
devoir,  la  fortune,  le  plaisir  et  le  salut,  n’a  d'autre  moyen  pour  l’ob- 
tenir que  de  rendre  un  culte  aux  pieds  de  Hari. 

h. 


.6 


42 


LE  BHÀGAVATA  PliRÀNA. 

42.  Rends-toi  donc,  ami,  et  puisse  le  bonheur  être  avec  toi!  au 
saint  rivage  de  la  Yarnunâ,  dans  le  bois  pur  de  Madhuvana,  où  l’on 
jouit  sans  cesse  de'la  présence  de  Hari. 

45.  Là,  te  baignant  trois  fois  le  jour  dans  l'eau  fortunée  de  la 
Kâlindî,  tu  fixeras  ta  demeure,  pour  y remplir,  dans  une  posture 
convenable,  les  devoirs  qui  te  sont  imposés. 

44.  Purifiant  peu  à peu  de  leurs  souillures  ton  cœur,  tes  sens  et 
ta  respiration  pàr  la  pratique  du  triple  Prànâyâma , médite  avec  un 
esprit  ferme  sur  le  Précepteur  suprême, 

45.  Qui,  dans  sa  bienveillance,  te  sera  toujours  présent,  avec  ses 
yeux  et  son  doux  visage  orné  d’un  beau  nez,  de  beaux  sourcils  et  de 
joues  gracieuses;  médite  sur  le  plus  beau  des  Suras,’ 

46.  Qui  est  jeune , dont  le  corps  est  aimable , dont  les  yeux  et  les 
lèvres  sont  rouges,  qui  est  l’asile  de  ceux  qui  l’adorent,  qui  donne 
le  bonheur,  qui  est  secourable,  qui  est  un  Océan  de  miséricorde, 

47.  Qui,  portant  sur  sa  poitrine  la  marque  du  Çrîvatsa,  se  moutre 
sous  la  figure  d’un  homme  dont  la  peau  est  d’un  noir  foncé,  que 
pare  une  guirlande  de  fleurs  des  bois,  qui  a quatre  bras  portant 
pour  attributs  une  conque,  le  Tcbakra,  une  massue,  un  lotus, 

48.  Qui  a un  diadème,  des  pendants  d’oreilles,  des  bracelets  au 
bras  et  au  poiguet,  au  cou  duquel  est  suspendu  le  joyau  KAustubha, 
qui  a un  vêtement  de  soie  de  couleur  jaune, 

49.  Dont  la  taille  est  entourée  d’une  ceinture  de  clochettes,  aux 
pieds  duquel  se  jouent  des  anneaux  d’or;  qui  est  calme,  qui  est  de 
tous  les  êtres  le  plus  aimable  à voir,  qui  comble  de  bonheur  le  cœur 
et  les  yeux;  •> 

50.  Médite  enfin  sur  cet  être  qui,  plaçant  son  siège  au  milieu  des 
cœurs  de  ceux  qui  lui  sont  dévoués,  comme  au  centre  d’un  lotus, 
pose  dans  leur  sein  ses  pieds,  dont  les  ongles  brillent,  semblables  à 
une  rangée  d»  joyaux. 

5t.  C’est  ce  Dieu,  le  plus  libéral  de  tous  le»  être»,  qu’il  faut, 
avec  un  cœur  ferme  et  exclusivement  attentif,  se  représenter,  par  la 
méditation,  souriant  avec  des  regards  affectueux. 

52.  Le  cœur  de  celui  qui  contemple  ainsi  la  forme  bienheureuse 


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LIVRE  QUATRIÈME.  * 45 

de  Bhagavat,  parvient  bien  vite  à l'inaction  suprême,  dont  rien  ne 
peut  plus  le  détacher. 

55.  Apprends  encore  de  ma  bouche,  ô fils  de  roi,  la  prière,  mystère 
suprême,  que  l'homme  n’a  qu’à  réciter  pendant  sept  jours  pour  voir 
les  habitants  du  ciel;  cette  prière ,, c'est  ; • Ôm  ! Adoration  à Bhagavat, 
*«  fils  de  V asudêva  ! * 

54.  Qu'avec  ce  Mantra  le  sage  rende  au  Dieu  un  culte  extérieur, 
en  employant  diverses  substances  et  en  observant  les  distinctions 
relatives  au  temps  et  au  lieu. 

55.  (Ju’il  honore  le  souverain  Seigneur  en  lui  offrant  de  l’eau,  des 
fleurs  pures,  des  fruits  et  des  racines  des  bois,  des  tiges  de  l'herbe 
sacrée,  des  feuilles  d’arbres  et  la  plante  Tulasî  qui  lui  est  chère. 

56.  Après  avoir  pris  pour  objet  de  son  hommage  une  subsftmcc 
matérielle,  que  le  solitaire,  maître  de  lui-même,  calme,  silencieux, 
sobre  et  ne  mangeant  que  les  fruits  de  la  forêt,  honore  le  Dieu  dans 
la  terre,  dans  l’eau  et  dans  les  autres  corps  [ qui  le  représentent]. 

57.  Qu’il  médite  en  son  cœur  sur  ce  que  l’Etre  dont  la  gloire  est 
excellente  doit  accomplir,  avec  l’incompréhensible  Mâyâ  dont  il  dis- 
pose, dans  le  cours  des  incarnations  qu'il  revêt  à son  gré. 

58.  Autant  jl  y a de  cérémonies  qui  ont  été  observées  par  les 
anciens  en  l’honneur  de  Bhagavat,  autant  le  sage  en  doit  accomplir 
en  prononçant  la  prière  même  qui  est  la  substance  des  Mantras, 
pour  le  Dieu  dont  la  prière  est  la  forme. 

59.  Recevant  ainsi  du  sage  qui  le  porte  en  son  cœur,  et  qui  lui 
rend  un  culte  plein  de  dévotion,  l’hommage  de  ses  actions,  de  ses 
pensées  et  de  ses  paroles , 

60.  Bhagavat,  qui  fait  croître  l'affection  des  cœurs  sincères  et 
vraiment  dévoués,  lui  assure,  parmi  les  objets  que  recherchent  les 
hommes,  le  bonheur  qu'il  ambitionne. 

61.  Enfin,  qu’affranchi  de  l'attachement  que  produisent  les  sens, 
il  serve  Bhagavat  avec  une  affection  constante,  augmentée  par  l'ap- 
plication d’urfe  dévotion  profonde,  et  il  arrivera  certainement  à la 
béatitude. 

62.  Mâitrêya  dit  : Après  avoir  reçu  ces  avis,  le  fils  du  roi,  ayant 

6. 


44 


* LE  BHAGAVATA  PURÂNA. 

tourné  avec  respect  autour  de  Nârada  et  s'étant  incliné  devant  lui, 
se  rendit  à la  forêt  pure  de  Madhuvana,  lieu  embelli  par  l’empreinte 
des  pas  de  Hari. 

63.  Quand  le  jeune  homme  fut  parti  pour  ce  lieu  de  pénitence, 
le  solitaire  NSrada  s’introduisit  dans  l'appartement  intérieur  d’Uttâ- 
napâda , et  après  y avoir  reçu  du  roi  les  honneurs  de  l’hospitalité  et* 
s’être  assis  sur  un  siège  commode,  il  lui  parla  ainsi. 

64.  Nârada  dit:  D’où  vient,  ô roi,  que  tu  te  livres  à de  profondes 
réflexions  qui  attristent  ton  visage?  Sans  doute,  ni  le  plaisir,  ni  la 
vertu,  ni  la  fortune  ne  te  manquent. 

65.  Le  roi  dit  : Mon  jeune  fds,  ô Brahmane,  âgé  de  cinq  ans,  cet 
enfant  si  sage,  a quitté  la  ville  avec  sa  mère,  et  c’est  ma ‘préférence 
pouf  une  autre  femme  et  ma  dureté  pour  lui  qui  l’y  ont  forcé. 

66.  Les  loups  ne  dévoreront-ils  pas  tin  enfant  qui  est  seul  dans  la 
forêt,  sans  secours,  épuisé  par  la  faim  et  par  la  fatigue,  couché  sur 
la  terre,  le  visage  semblable  à un  lotus  fané? 

67.  Aussi,  vois  ma  cruauté,  ô Brahmane,  et  ma  faiblesse  pour 
une  femme!  J’ai  été  assez  dur  pour  repousser  mon  enfant  qui,  par 
affection  pour  moi,  voulait  monter  sur  mes  genoux. 

68.  Nârada  dit  : Ne  pleure  pas,  ô roi  des  hommes,  sur  ton  fils, 
qui  est  protégé  par  un  Dieu  ; tu  ignores  sa  grandeur,  dont  la  gloire 
remplira  l’univers. 

69.  Après  avoir  accompli  une  œuvre  bien  difficile  à exécuter, 

même  pour  les  Gardiens  du  monde,  il  parviendra  bientôt  à étendre 
ta  renommée.  . * * 

70.  Mâitrêya  dit  : Le  roi  de  la  terre,  après  avoir  entendu  les  pa- 
roles du  Rïchi  des  Dêvas,  dédaignant  désormais  le  bonheur  de  la 
royauté,  ne  songea  plus  qu’à  son  fils. 

7t.  Cependant  Dhru va,  s’étant  baigné  à Madhuvana,  passa  dans 
le  jeûne  la  nuit  même  de  son  arrivée,  et,  se  conformant  aux  instruc- 
tions «lu  Rïchi , il  adora  dans  le  recueillement  Purucha. 

72.  Ne  mangeant  que  de  trois  en  trois  nuits  le  fruit  du  Kapittha 
et  du  jujubier,  et  seulement  autant  qu’il  lui  en  fallait  pour  se  sou- 
tenir, il  passa  un  mois  entier  à vénérer  Hari. 


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h 5 


LIVRE  QUATRIÈME. 

. 73.  Il  passa  (le  même  le  second  mois,  livré  au  culte  du  Seigneur 
suprême,  ne  se  nourrissant  plus  que  tous  les  six  jours  d’herbes  et 
de  feuilles  fanées. 

74.  Le  troisième  mois,  ne  prenant  plus  d’autre  aliment  que  de 
l’eau,  et  seulement  tous  les  neuf  jours,  il  se  réfugia,  par  la  méditai 
tion,  auprès  de  celui  dont  la  gloire  est  excellente. 

75.  Le  quatrième  mois,  il  ne  se  nourrit  plus  que  d’air,  et  seule- 
ment tous  les  douze  jours;  et,  maître  de  sa  respiration,  il  embrassa 
le  Dieu  dans  sa  pensée. 

76.  Quand  le  cinquième  mois  fut  venu,  le  fils  du  roi,  toujours 
maître  de  sa  respiration  et  méditant  sur  Brahma,  se  tint  debout  sur 
un  seul  pied,  immobile  comme  un  poteau. 

77.  Après  avoir  complètement  ramené  au  dedans  de  lui  son  coeur, 
ce  siège  de  l'action  des  sens  et  des  objets  matériels , Dhruva  médi- 
tant sur  la  forme  de  Bhagavat,  ne  vit  plus  rien  autn?  chose. 

78.  A la  vue  de  ce  sage  qui  s’était  rendu  maître  de  Brahma,  du 
souverain  Seigneur  de  la  Nature  et  de  l’Esprit , qui  renferme  en  lui- 
même  l’Intelligence  et  les  autres  principes,  les  trois  mondes  trem- 
blèrent de  crainte. 

79.  Pendant  que  le  fils  du  roi  se  tenait  debout  sur  un  pied,  la 
moitié  de  la  terre,  blessée  par  son  pouce,  s’inclina  [sous  son  poids), 
semblable  à un  bateau  qui,  portant  un  éléphant  vigoureux,  penche 
à chaque  pas  qu’il  fait  du  côté  gauche  ou  du  côté  droit. 

80.  Tandis  que,  maître  de  sa  respiration  et  des  voies  qu’elle 
parcourt,  il  contemplait  ce  Dieu  qui  est  l’univers  même,  en  ne  le 
distinguant  plus  de  son  propre  esprit,  les  mondes  et  leurs  Gar- 
diens, souffrant  d’une  puissance  qui  suspendait  en  eux  le  souffle 
vital,  allèrent  implorer  le  secours  de  Hari. 

81.  Les  Dêvas  dirent  : Non,  nous  n'avons  jamais  vu,  ô Bhagavat, 
l’Être  qui  renferme  en  son  sein  toutes  les  créatures  du  monde  mo- 
bile et  immobile,  suspendre  ainsi  sa  respiration;  délivre-nous  du 
malheur  qui  nous  menace;  nous  venons.  Dieu  secourable,  chercher 
un  asile  auprès  de  toi. 

82.  Bhagavat  dit  : Ne  craignez  rien;  je  détournerai  cet  enfant  de 


LF.  BHÀOAVATA  PURÂNA. 


46 

sa  redoutable  pénitence;  retournez  dans  vos  demeures;  celui  dont 
la  puissance  a suspendu  en  vous  le  souffle  de  la  vie , c’est  le  fils 
d’Uttânapâda , dont  l’esprit  est  uni  avec  moi. 


FIS  MI  HUITIEME  CUAPIIRE.  AYANT  POUR  TITRE  : 
HISTOIRE  DE  OHRL'VA , 

DASS  LE  QUATRIEME  LIVRE  DD  GRAND  PURÂNA, 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA . 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAHMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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LIVRE  QUATRIEME. 


47 


CHAPITRE  IX. 

HISTOIRE  DE  DHRUVA. 

1.  Mâitrêya  dit  : Ainsi  délivrés  de  leurs  craintes,  les  Dieux,  après 
s’être  inclinés  devant  celui  dont  la  puissance  est  immense,  se  reti- 
rèrent dans  le  ciel.  Alors  le  Dieu  qui  a mille  têtes  se  rendit  avec 
Garutmat  à la  forêt  de  Madhu  pour  voir  son  serviteur. 

2.  Aussitôt  l’enfant,  avec  sa  pensée  rendue  plus  pénétrante  par 
la  pratique  du  Yôga,  ayant  reconnu  que  la  lumière  qui  étincelait 
comme  l’éclair  au  centre  du  lotus  de  son  cœur,  venait  de  s’évanouir, 
vit  hors  de  lui  le  Dieu  resplendissant  du  même  éclat. 

3.  Troublé  par  cette  apparition,  Dhruva  se  prosternant  à terre 
devant  le  Dieu,  l’adora  comme  s'il  eût  voulu  le  boire  de  ses  regards, 
le  baiser  du  visage , le  serrer  dans  ses  bras. 

а.  Hari  qui  résidait  dan6  son  cœur,  comme  il  réside  au  sein  de 
tous  les  êtres,  voyant  qu'il  voulait  parler,  mais  que  les  paroles  lui 
manquaient,  lui  toucha  la  joue,  dans  sa  miséricorde,  avec  sa  conque 
que  forment  les  Vêdas,  pendant  que  l'enfant  se  tenait  devant  lui  les 
mains  jointes  en  signe  de  respect. 

5.  Alors,  en  possession  de  la  parole  divine,  reconnaissant  avec 
certitude  l’Ètre  suprême  et  son  âme,  l’enfant,  qui  devait  avoir  un 
jour  une  demeure  stable,  célébra  lentement  et  avec  dévotion  celui 
dont  la  gloire  est  répandue  au  loin.  . j 

б.  Dhruva  dit  : O toi  qui,  pénétrant  dans  mon  sein,  as  éveillé, 
par  ta  splendeur,  la  parole  qui  sommeillait  en  moi,  ainsi  que  les 
organes  des  mains,  des  pieds,  de  l'ouïe  et  de  1%  peau;  toi  qui  pos- 
sèdes toutes  les  forces,  adoration  à toi,  ô Bhagavat,  qui  es  l’Esprit! 

7.  Ô Dieu  unique  ! c’est  après  avoir  créé  avec  ta  propre  énergie, 
que  Ton  nomme  Mayâ  et  dont  les  qualités  sont  innombrables,  cèt 


.'i8 


LE  BHAGAVATA  PtRANA. 


univers  qui  se  compose  de  la  réunion  de  l’Intelligence  et  des  autres 
principes;  c’est  après  avoir  pénétré,  en  tant  qu’Esprit,  les  qualités  de 
Mâyâ,  qui  n’ont  pas  de  réalité,  que  tu  parais  multiple,  comme  le  feu 
quand  il  brûle  dans  des  fragments  de  bois  distincts. 

».  C’est  avec  la  science  que  tu  lui  as  donnée,  Seigneur,  que 
Brahmâ.se  réfugiant  auprès  de  toi,  a contemplé  cet  univers,  comme 
ferait  un  homme  qui  sort  d’un  profond  sommeil  ; comment  pourrait- 
il,  connaissant  ce  que  tu  as  fait  pour  lui,  ô toi  qui  es  l’ami  des  mal- 
heureux, oublier  tes  pieds,  cet  asile  de  ceux  qui  sont  sauvés? 

u.  Certes,  ils  ont  l’esprit  égaré  par  l’Illusion  dont  tu  t’enveloppes, 
ceux  qui,  te  regardant,  toi  qui  affranchis  de  la  naissance  et  de  la  mort, 
comme  l’arbre  qui  donne  tout  ce  qu’on  désire,  (adorent  pour  autre 
chose  [que  pour  toi],  puisqu'ils  aspirent  à un  bonheur  sensuel,  fait 
seulement  pour  un  cadavre,  et  qui  existe  même  dans  l’Enfer. 

10.  La  délivrance  finale,  que  les  hommes  obtiennent  en  médi- 
tant sur  le  lotus  de  tes  pieds,  ou  en  écoutant  le  récit  de  tes  nais- 
sances, ne  se  trouve  pas,  même  au  sein  de  Brahma,  qui  repose  dans 
sa  propre  grandeur.  Comment  y parviendraient-ils  donc  ceux  que 
le  glaive  de  Yama  renverse  de  leur  char  brisé  ?. 

11.  Puissé-je,  ô Dieu  infini , jouir  de  la  société  de  ces  grands  per- 
sonnages au  cœur  pur  qui  te  témoignent  incessamment  leur  dévo- 
tion, afin  qu’enivré  par  le  divin  breuvage  du  récit  de  tes  qualités, 
je  franchisse  promptement  le  redoutable  Océan  de  l’existence,  plein 
d’innombrables  misères  ! 

•12.  Ils  oublient  complètement  ce  corps  mortel  qui  nous  est  si 
cher,  6 Seigneur,  ainsi  que  tout  ce  qui  s’y  rattache,  femme,  fils, 
parents,  maisons,  richesses,  ils  oublient  tout  cela,  ceux  qui  aiment  la 
société  des  hommes  dont  le  cœur  est  ravi  par  le  parfum  du  lotus  de 
tes  pieds,  ô toi  dont  le  nombril  a produit  un  lotus. 

15.  Ta  forme  solide,  qui  se  compose  de  la  réunion  des  hommes, 
des  Dâityas,.des  Df vas , des  reptiles,  des  oiseaux,  des  arbres  et  des 
quadrupèdes;  cette  forme  dont  les  attributs  existent  et  n’existent  pas 
[pBur  nos  organes],  et  qui  est  le  produit  varié  de  l’Intelligence  et 
des  autres  principes;  cette  forme,  ô Etre  suprême  et  incréé,  [ c'est  la 


49 


LIVRE  QUATRIÈME. 

seule  que  je  connaisse,]  je  ne  vois  pas  celle  qui  lui  est  supérieure 
et  que  le  langage  ne  peut  décrire. 

14.  Cet  Etre  qui,  à la  fin  de  chaque  Kalpa,  renfermant  dans  son 
sein  l'univers,  dort,  ramenant  à lui  son  regard,  sur  la  couche  du  ser- 
pent Ananta  son  ami;  cet  Être  dont  le  nombril,  semblable  à l'Océan, 
a produit  le  lotus  doré  des  mondes,  au  centre  duquel  paraît  l’écla- 
tant BrahmÂ;  cet  Être  qui  est  Bliagavat,  je  m’incline  devant  lui. 

15.  Toi  qui  es  perpétuellement  libre,  qui  es  parfaitement  pur  et 
savant,  qui  es  l’Esprit,  qui  es  immuable,  qui  es  le  Purucha  primitif, 
qui  es.  le  Bienheureux  et  le  maître  souverain  des  trois  qualités,  tu 
es  distinct  [de  l’âme  individuelle],  puisque,  de  ton  regard  qui  ne  se 
repose  jamais , tu  vois  les  divers  états  de  l’intelKgence , toi  qui , en 
tant  que  Dieu  conservateur,  es  le  Chef  du  sacrifice. 

16.  Ce  Brahma  au  sein  duquel  ne  cessent  d’apparaître  les  diverses 
énergies  de  la  science  et  des  autres  facultés,  en  suivant  un  ordre 
contraire  [à  celui  de  leur  absorption],  ce  Brahma  duquel  sort  l’uni- 
vers, qui  est  unique,  infini,  primitif,  inaltérable,  essentiellement 
heureux,  c'est  auprès  de  lui  que  je  cherche  un  asile.  • 

17.  Sans  doute  le  lotus  de  tes  pieds,  ô toi  qui  as  pour  forme  ce 
que  l’homme  désire  le  plus,  est  la  véritable  bénédiction  de  la  béné- 
diction même,  pour  celui  qui  te  rend  ainsi  un  culte  [désintéressé]: 
et  cependant,  Seigneur,  Bhagavat  protège  les  malheureux  comme 
moi,  avec  l’empressement  inquiet  de  la  bienveillance,  de  même 
qu  une  vache  veille  sur  son  jeune  veau. 

18.  Mâitrêya  dit  : Célébré  de  cette  manière  par  cet  enfant  sage 
et  dont  les  pensées  étaient  justes,  Bhagavat,  qui  est  attaché  à ses 
serviteurs,  lui  répondit  ainsi  en  l’approuvant. 

19.  Bhagavat  dit  : Je  connais,  fils  de  roi,  le  dessein  que  tu  as 
conçu  dans  ton  cœur;  je  t’en  accorde  le  succès,  enfant  vertueux, 
quoiqu’il  soit  difficile  à obtenir, ‘et  puisse  le  bonheur  être  avec  toi! 

20.  Je  t’accorde  un  lieu  qui  h’a  jamais  été  occupé  par  personne, 
vertueux  enfant,  un  lieu  éclatant  de  splendeur,  dont  le  sol  est 
ferme,  où  est  placé  le  cercle  des  lumières  célestes,  des  planètes, 
des  constellations  et  des  étoiles,  qui  tournent  tout  autour,  comme  les 

"•  7 


50 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

bœufs  [qui  foulent  le  grain],  autour  de  leur  poteau,  et  qui  subsiste 
immobile  même  après  que  les  habitants  d’un  Kalpa  [ont  disparu], 

St.  Autour  de -ce  lieu  tournent  avec  les  astres,  en  le  laissant  à 
leur  droite,  Dharma,  Agni,  Kaçyapa,  Çakra  et  les  solitaires  qui 
vivent  dans  la  forêt. 

22.  Quand  ton  père  se  sera  retiré  dans  la  forêt,  après  t’avoir  laissé 
l’empire,  tu  gouverneras  la  terre  pendant  trepte-six  mille  ans,  .atta- 
ché à la  justice  et  maître  de  tes  sens. 

25.  Ton  frère  Uttama  sera  tué  à la  chasse,  et  sa  mère,  ne  pensant 
qu'à  lui,  ira  dans  la  forêt  pour  le  chercher,  et  périra  au  milieu  de 
l’incendie  d’un  bois. 

24.  Après  m’avofr  olî'ert,  à moi  dont  le  sacrifice  est  l’essence, 
des  sacrifices  accompagnés  de  présents  nombreux,  après  avoir  joui 
en  ce  monde  d'une  félicité  véritable,  tu  te  souviendras  de  moi  au 
moment  de  terminer  ta  vie. 

25.  Ensuite  tu  monteras  dans  ma  demeure  qui  est  un  objet  de 
respect  pour  tous  les  mondes,  qui  est  placée  au-dessus  des  [ sept  ] 
Rïchis,  et  d’où  le  sage  ne  revient  plus  [sur  la  terre]. 

26.  Mâitrêva  dit  : Bhagavat , dont  Garuda  est  l’étendard,  ayant 
ainsi  promis  à Dhruva  une  place  dans  sa  demeure,  partit,  sous  les 
yeux  de  l’enfant  qui  le  saluait  avec  respect. 

27.  Mais  Dhruva,  quoique  ayant  obtenu,  grâce  au  culte  des  pieds 
de  Vichnu,  l’objet  de  ses  désirs  dont  la  possession  lui  était  assurée, 
rentra  cependant,  non  sans  regret,  dans  la- ville. 

28.  Vidura  dit  : Comment  un  sage,  qui  connaissait  si  bien  son  in- 
térêt, après  avoir  obtenu  dans  une  seule  et  même  existence,  grâce  au 
culte  des  pieds  de  Hari,  le  séjour  suprême,  ce  séjour  si  peu  acces- 
sible à l'homme,  jouet  de  Mâyi,  comment,  dis-je,  un  tel  sage  put-il 
se  regarder  comme  n’ayant  pas  atteint  son  but? 

29.  Mâitrêya  dit  : Blessé  au  cœur  par  les  paroles  de  sa  belle- 
mère,  comme  par  des  flèches,  et  gardant  le  souvenir  de  cet  affront, 
ce  n'était  pas  la  délivrance  qu’il  avait  demandée  au  Dieu  qui  la 
donne;  aussi  le  repentir  s empara-t-il  de  lui. 

50.  Dhruva  dit  ; Après  être  parvenu  en  six  mois  à me  réfugier  à 


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51 


LIVRE  QUATRIÈME. 

l’ombre  des  pieds  de  celui  dont  Sananda  et  ses  chastes  frères  n’ont 
connu  la  demeure  qu’après  de  nombreuses  existences  passées  dans 
la  méditation,  je  le  quitte  en  songeant  encore  à des  distinctions. 

51.  Hélas!  voyez  la  folie  d'un  malheureux  comme- moi,  qui,  après 
avoir  adoré  les  pieds  du  Dieu  qui  anéantit  l’existence,  demande 
encore  un  bien  qui  doit  finir. 

52.  Mon  esprit  a été  troublé  par  les  Dieux,  qui  ne  sont  descendus 
qu'à  regret  [pour  moi  sur  la  terre],  puisque  je  n’ai  pu,  dans  mon 
ignorance,  comprendre  les  paroles  si  vraies  de  NSrada. 

’ 55.  Enveloppé  par  b»  divine  Mâyâ,  je  vois  des  distinctions,  comme 
un  homme  qui  rêve  ; et,  en  présence  d’un  autre  être  qui  n’a  cepen- 
dant pas  d'existence  réelle,  je  souffre  de  douleur  en  pensant  que  cet 
être  qui  est  mon  frère  est  pour  moi  un  ennemi. 

54.  Ce  que  j’ai  désiré  m’est  aussi  inutile  qu’un  médicament  à 
l’homme  qui  a perdu  la  vie;  après  m’être  attiré  par  mes  pénitences 
la  faveur  du  'Dieu,-  âme  de  l’univers;  dont  la  bienveillance  >est  si  diffi- 
cile à obtenir,  j’ai , dans  mon  malheur,  demandé  l’existence  à celui 
qui  peut  en  exempter.  ' - . • 

- 55.  Oui,  j’ai  eu  assez  peu  de  vertu  pour  solliciter  la  satisfaction 
de  mon  fol  orgueil  du  Dieu  qui  peut  m’associer  à sa  grandeur;  j’ai 
fait  comme  le  pauvre  qui  demande  à un  roi  quelques  grains  de  riz. 

56.  Mâitrêya  dît  : G est  que  les  hommes  qui  sont  commetoi,  ami, 

passionnés  pour  la  poussière  du  lotus  des  pieds  de  Mukunda , se 
trouvent  satisfaits  de  ce  que  le  hasard  leur  présente,  et  ne  désirent 
pas  d’antre  avantage  que  celui  d’être  ses  esclaves.  ‘ ! " 

57.  Quand  le  roi  eut  appris  que  son  fils  était  de  retour,  il  n’y  Crut 
pas  plus  que  si  on  lui  eût  dit  que  l’enfant  revenait 'd’entre  les  morts. 
D’où  me  vient,  fsè  dit-il,]  dans  mon  infortune,  un  tel  bohheur? 

58.  Mais,  se  rappelant  avec  confiance  les  paroles  du  Rïchi  des 
Dêvas,  il  fut  transporté  de  plaisir;  et  il  donna,  dans  l’excès  de 'sa  joie, 
un  collier  de  grand  prix  à celui  qui  lui  avait  apporté  eettè  Uoü^eHe. 

•e.  Monté  sur  un  char  traîné  par  de  bons  chevaux,  et  entouré  de 
cercles  d'or,  escorté  par  les  Brâhmanes,  les  vieillards  de  chaque  fa- 
mille, ses  ministres  et  ses  parents, 


1 


52  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

40.  Le  roi  sortit  rapidement  de  sa  capitale,  empressé  de  revoir 
son  fils,  au  milieu  du  bruit  des  conques,  des  timbales  et  des  flûtes, 
auquel  se  joignaient  les  chants  du  Vêda. 

41.  SunSti  et  Surutchi,  femmes  d’Uttânapâda,  couvertes  de  leurs 
ornements  d’or  et  portées  dans  une  litière,  avec  Uttama,  sortirent 
également  à la  rencontre  de  Dhruva. 

42.  Le  roi  n’eut  pas  plus  tôt  aperçu  auprès  du  bois  son  fils  qui 
venait  à lui,  que  descendant  en  toute  hâte  de  son  char,  il  courut 
à sa  rencontre,  troublé  par  l'affection, 

43.  Et  qu'il  le  serra  dans  ses  bras,  soupirant  du  regret  d’avoir  été 
si  longtemps  séparé  d’un  fils  que  le  contact  des  pieds  de  Vichvaksêna 
venait  de  délivrer  de  tous  les  liens  du  péché. 

44.  En  baisant  plusieurs  fois  sur  le  front  cet  enfant  qui  avait 
conçu  un  noble  désir,  le  roi  le  baigna  de  douces  larmes. 

45.  S’étant  prosterné  aux  pieds  de  son  père,  dont  il  reçut  en 
échange  les  bénédictions,  Dhruva  salua  de  la  tête  les  deux  reines,  qui 
accueillaient  avec  bonté  cet  enfant,  le  premier  des  êtres  vertueux. 

46.  Surutchi,  relevant  Dhruva  qui  s’était  prosterné  à ses  pieds, 
i’ embrassa  et  lui  dit  d’une  voix  entrecoupée  par  les  sanglots  : Puisses- 
tu  vivre  longtemps! 

47.  C’est  que,  semblables  à l’eau  qui  coule  d’elle-même  vers  les 
lieux  bas,  tous  les  êtres  ont  une  inclination  naturelle  pour  ceux  qui, 
par  leur  bienveillance  et  leurs  autres  vertus,  ont  obtenu  la  faveur 
de  Hari. 

48.  Uttama  et  Dhruva,  tous  deux  émus  par  leur  affection  mutuelle, 
sentant  les  poils  de  leur  corps  se  hérisser  dans  leurs  embrassements, 
versèrent  à plusieurs  reprises  des  torrents  de  larmes. 

49.  Snnîti,  en  embrassant  ce  fils,  qui  lui  était  plus  cher  que 
l’existence,  sentit  son  chagrin  dissipé  par  le  contact  de  son  corps. 

50.  Des  larmes  de  bonheur  inoudaient  les  seins  de  la  mère  du 
héros,  d'où  le  lait,  ô guerrier,  sortit  à plusieurs  reprises. 

51.  Le  peuple  louait  la  reine  en  lui  disant  : Quel  bonheur  j^jur. 
toi  d’avoir  retrouvé  un  fils,  depuis  si  longtemps  perdu,  qui  revient 
dissiper  ton  chagrin  ! Il  doit  un  jour  gouverner  la  terre. 


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LIVRE  QUATRIÈME  53 

53.  Sans  doute  tu  as  honoré  Bhagavat  qui  dissipe  le  chagrin  de 
ceux  qui  l’adorent,  lui  sur  lequel  les  sages  n’ont  qu'à  méditer,  pour 
triompher  de  la  mort  qu’il  est  si  difficile  de  vaincre. 

55.  Au  milieu  de  ces  discours  flatteurs,  le  roi  fit  monter  Dhruva 
etsson  frère  sur  un  éléphant,  et  il  entra  plein  de  joie  dans  k ville, 
accompagné  par  les  louanges  du  peuple. 

54.  Toutes  les  portes  étaient  surmontées  d’arcs  de  triomphe  au- 
dessus  desquels  se  jouaient  des  images  du  Makara,  et  ornées  de 
tiges  d?  Musa  et  de  jeunes  troncs  de  jaquier  portant  leurs  grappes. 

55.  On  y voyait  des  lampes  et  des  vases  remplis  d’eau,  auxquels 

étaient  suspendus  des  jets  de  manguier,  des  pièces  d’étoffes,  des 
guirlandes  de  fleurs  et  des  colliers  de  perles.  # 

56.  Les  murs  d’enceinte,  les  arcades  et  les  maisons  étaient  ten- 
dues de  tapisseries  d’or  et  brillaient  de  feux  semblables  à ceux  que 
lancent  les  toits  des  chars  célestes. 

57.  La  grande  route,  les  rues,  les  cours,  les  terrasses  avaient  été 
nettoyées,  parfumées  de  santal,  et  parsemées  de  grains  humectés  et 
rôtis,  de  fruits  et  de  fleurs,  de  riz  et  d’autres  offrandes. 

58.  Pendant  que  Dhruva  s’avançait  sur  le  chemin,  les  femmes  de 
la  ville,  en  le  voyant,  lui  présentèrent  des  graines  de  moutarde,  de 
l’orge  rôti,  du  lait  caillé,  de  l’eau,  du  panic,  des  fleurs  et  des  fruits; 

59.  En  y joignant,  dans  leur  affection,  des  bénédictions  qui  de- 
vaient porter  leur  fruit  ; cependant  Dhruva  èntrait  dans  le  palais 
de  son  père,  au  milieu  de  leurs  beaux  chants. 

60.  Dans  cet  admirable  palais,  formé  d’un  assemblage.de  grandes 
pierres  précieuses,  Dhruva  constamment  caressé  par  son  père,  vécut 
comme  un  Dêva  dans  le  ciel. 

61.  11  s’y  trouvait  des  lits  faits  de  dents  d’éléphant,  blancs  comme 

l’écume  du  lait  et  recouverts  de  draps  d’or,  ainsi  que  des  sièges  pré- 
cieux , et  d’autres  meubles  du  même  métal.  , 

62.  Sur  les  murs,  construits  en  cristal  et  orné?  de  grandes  éme- 

raudes, se  réfléchissaient,  en  se  balançant,  des  lampes  de  pierreries 
ornées  de  joyaux.  r \ * 

65.  Ce  palais  renfermait  des  jardins  ravissants,  embellis  d’arbres 


54  - LE  BHÀGAVATA  PLRÀNA. 

divins  de  diverses  espèces , cm  gazouillaient  des  couples  d'oiseaux,  où 
bourdonnaient  des  abeilles  enivrées. 

64.  Les  étangs,  dont  les  degrés  étaient  de  lapis-lazuli , y étaient 
couverts  de  lotus  blancs,  bleus  et  rouges,  et  fréquentés  par  une  foule 
de  cygnes,  de  canards,  de  Tchakrâhvas  et  de  grues  Sârasas.  • 

65.  Le  Râdjarchi  Uttànapada  ayant  appris  et  vu  la  grandeur  mer- 
veilleuse de  son  fils,  fut  frappé  d'un  étonnement- extrême. 

66.  S’apercevant  que  Dliruva  croissait  en  âge,  qu'il  était  vénéré 
de  ses  sujets  et  aimé  du  peuple,  le  roi  l’établit  maître  de  la  terre. 

67.  Quant  à lui,  se  voyant  vieux,  il  partit  pour  la  forêt,  méditant, 
dans  un  complet  détachement,  sur  la  voie  de  l’Esprit. 

• 

- V '»..*• 

FIN  DU  .NEUVIEME  CHAPITRE , AYANT  . PO  F R TITRE  : 

HISTOIRE  DE  DHRUVA , 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PCRÀNA,  . » 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMÀ  ET  COMPOSE  PAR  VTA5A. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


55 


CHAPITRE  X. 

I.ES  YAKCHAS  EMPLOIENT  LA  MAGIE. 

I.  Mâitrêya  dit  : Cependant  Dhruva  épousa  B lira  mi  (la  Révolu- 
tion céleste),  fille  de  Çiçumâra  (la  Sphère  des  étoiles),  Chef  des 
créatures;  il  en  eut  deux  fils,  Kalpa  ( la  Période  de  la  durée  du 
inonde)  et  Vatsara  (l'Année). 

S;  Ce  roi,  dont  la  force  était  immense,  eut  encore  de  sa  femme 
Ilâ  (la  Terre),  fille  de  Vâyu,  un  fils  nommé  Utkala,  et  une  fille  qui 
fut  la  perle  des  femmes. 

5.  Mais  Uttama,  qui  ne  s’était  pas  marié,  fut  tué  à la  chasse  par 
un  Yakcha  plus  fort  que  lui,  dans  la  montagne  [de  l’Himâlaya],  et  sa 
mère  le  suivit  dans  la  même  voie. 

a.  Ayant  appris  la  mort  de  son  frère,  Dhruva,  transporté  de  dou- 
leur, de  Colère  et  d’indignation,  monta  sur  son  char  de  guerre, 
accoutumé  à vaincre,  et  se  rendit' à la  demeure  des  Yakchas.  . 

5.  Parvenu  à la  région  du  nord,  qui  est  habitée  par  le»  serviteurs 
de  Rudra,  le  roi  vit  dans  une  vallée  de  l’Himavat  une  ville  pleine  de 
Guhyakas. 

G.  Le  monarque  aux  longs  bras  souffla  dans  sa  conque,  dont  le 
ciel  et  les  points  de  l’horizon  répétèrent  le  son,  et  qui  frappa 
d’épouvante,  ô guerrier,  les  femmes  des  Yakchas,  dont  les  regards 
étaient  troublés. par  la  crainte. 

7.  Aussitôt  les  forts  et  grands  guerriers  de  la  race  des  Dieux  infé- 
rieurs , ne  pouvant  supporter  ce  bruit,  sortirent  de  la  ville  en  bran- 
dissant leurs  armes. 

’ 8.  Le  héros  à l’arc  terrible  voyant  du  haut  de  son  grand  char 
ces  braves  qui  s’avançaient  contre  lui,  les  frappa  tous  à la  fois,  en 
blessant  chacun  d’eux  de  trois  flèches.  . . 


56  LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 

9.  Tous  ces  guerriers,  en  se  sentant  atteints  de  ces  flèches,  qui 
restaient  attachées  à leurs  fronts,  ne  purent  s'empêcher  de  louer 
l'exploit  du  héros. 

to.  Mais  aussi  incapables  de  supporter  leur  blessure,  que  des 
serpents  qu’on  touche  du  pied,  ils  lui  lancèrent  à la  fois,  pour  lui 
répondre,  deux  fois  autant  de  flèches. 

il  et  12.  Puis,  transportés  de  colère,  ces  guerriers,  au  nombre 
de  treize  fois  dix  mille,  empressés  de  se  venger,  firent  pleuvoir  sur 
le  héros  et  sur  son  écuyer  les  pieux  garnis  de  fer,  les  cimeterres, 
les  dards,  les  javelots,  les  haches,  les  piques,  les  épées,  les  armes 
enflammées  et  les  flèches  aux  ailes  de  diverses  couleurs. 

15.  Le  fils  d’Uttânapâda , couvert  par  cette  abondante  pluie 
d’armes  de  toute  espèce,  disparut  comme  une  montagne  au  milieu 
d’une  pluie  d’orage. 

H.  Alt!  ah!  s’écrièrent  alors  les  Siddhas  qui  regardaient  du  haut 
du  ciel,  il  est  mort  ce  soleil  de  la  race  du  Manu,  noyé  dans  l’océan 
des  Yakchas. 

15.  Au  milieu  des  cris  des  Rakchas  qui  chantaient  victoire  dans 

le  combat,  le  char  du  héros  reparut,  semblable  au  soleil  qui  sort 
du  brouillard.  .'  ••  < 

16.  Faisant  résonner  son  arc  terrible,  portant  le  trouble  au  milieu 
de  ses  ennemis,  il  repoussa  de  ses  flèches  le  monceau  d’armes  gui  le 
couvrait,  comme  le  vent  souffle  devant  lui  l’armée  des  nuages. 

17.  Les  flèches  aiguës  que  lançait  son  arc,  brisant  les  cuirasses 

des  Rakchas,  pénétrèrent  dans  leur  corps,  comme  font  les  traits  de 
la  foudre  dans  les  montagnes.  >- 

18.  Les  têtes  ornées  de  beaux  pendants  d’oreilles,  tranchées  par 
les  javelots  dont  le  fer  a la  forme  d’un  croissant,  les  cuisses  sem- 
blables à des  palmiers  d’or,  les  bras  ornés  de  bracelets, 

19.  Les  colliers,  les  anneaux  qu’on  porte  aux  bras,  les  aigrettes  et 
les  diadèmes  précieux  brillaient  sur  les  divers  points  du  champ  de 
bataille,  de  ce  lieu  chéri  des  braves,  qui  eh  était  jonché. 

20.  Les  troupes  des  Rakchas  qui  avaient  survécu  au  carnage, 
ayant,  presque  tous,  les  membres  déchirés  par  les  flèches  du  brave 


57 


LIVRE  QUATRIÈME. 

Kcliatlriya,  s’enfuirent  du  champ.de  bataille,  comme  des  éléphants 
vigoureux  au  milieu  desquels  se  joue  le  roi  des  animaux. 

21.  N’apercevant  plus  sur  le  vaste  champ  de  bataille  aucun  guer- 
rier armé,  le  plus  brave  des  descendants  de  Manu,  quoique  désireux 
de  voir  la  ville  de  ses  ennemis,  n'y  entra  pas  cependant;  en  effet, 
[ disait-il , ] l’homme  ne  connaît  jamais  les  desseins  de  ceux  qui 
disposent  de  moyens  magiques. 

22.  Pendant  qu'il  parlait  ainsi  à son  écuyer;  le  roi  au  beau  char, 
dont  la  vigilance  redoutait  une  attaque  nouvelle  de  la  part  de  ses 
ennemis,  entendit  un  bruit  semhlahle  à celui  de  la  mer;  un  nuage 
de  poussière,  poussé  par  le  vent,  apparut  à l’horizon. 

25.  Au  même  instant  le  ciel  se  couvrit  entièrement  d’une  niasse 
épaisse  de  nuages;  l’éclair  s’élança  de  tous  les  points  de  l’horizon,  et 
le  tonnerre  fit  entendre  sa  voix  redoutable. 

24.  Une  pluie  de  sang,  de  phlegme,  de  pus,  d’excréments,  d’u- 
rine, de  moelle  inonda  [la  terre];  des  cadavres  sans  tête  tombèrent 
du  ciel  devant  le  roi. 

25.  Dans  les  airs  apparut  une  montagne;  de  tous  les  côtés  tom- 
bèrent des  massues,  des  pieux  ferrés,  des  cimeterres,  des  armes  en 
forme  de  pilon,  accompagnées  d’une  pluie  de  pierres. 

26.  Des  serpents,  sifflant  comme  l’orage  et  vomissant  le  feu  de 
leurs  yeux  irrités,  s’élancèrent  contre  le  roi,  avec  des  éléphants  fu- 
rieux et  des  troupes  de  lions  et  de  tigres. 

27.  L’Océan,  couvrant  de  ses  vagues  redoutables  la  terre  qu’H 
submergeait  de  toutes  parts,  s’avança  avec  grand  fracas,  terrible 
comme  à la  fin  d’un  Kalpa. 

28.  Tels  furent  les  nombreux  prodiges,  faits  pour  effrayer  des 
hommes  privés  de  cœur,  qu’opérèrent,  à l’aide  de  la  magie  dont  ils 
disposent,  les  Asuras,  dont  la  conduite  est  cruelle. 

29.  Mais  les  solitaires  ayant  appris  les  artifices  redoutables  que 
les  Asuras  employaient  contre  Dhruva,  vinrent  le  trouver,  en  lui 
souhaitant  un  heureux  succès. 

50.  O fils  d’Uttânapâda!  [ lui  dirent-ils,]  puisse  Bhagavat,  le  Dieu 
à l’arc  de  corne,  détruire  tes  adversaires,  lui  qui  dissipe  la  douleur 


58 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÂNA 


de  ceux  qui  s’inclinent  devant  lui,  lui  dont  le  monde  n’a  qu'à  pro- 
noncer ou  entendre  le  nom  pour  échapper  aussitôt  à la  mort,  qu'il 
est  si  difficile  d’éviter  ! 

ris  Dl'  DIXIÉME  CHAPITRE , AXANT  POUR  TITRE  : 

LES  TAECHAS  EMPLOIENT  LA  MAGIE.  ' 

DANS  LE  QUATRIÈME  LITRE  DU  GRAND  PURÜNA . 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VVÀSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


59 


CHAPITRE  XL 

DISCOURS  DU  M.VNU. 


1 . Mâitrêya  dit  : Après  avoir  écouté  les  Rïchis  parler  ainsi , Dliruva , 
portant  de  l'eau  à ses  lèvres,  ajusta  sur  son  arc  une  flèche  qui  avait 
été  faite  par  Nârâyana. 

2.  Au  moment  où  la  flèche  se  posait  sur  l'arc,  les  apparitions 
magiques  produites  par  les  Guhyakas  s’évanouirent  rapidement,  ô 
Vidura,  comine  les  passions  à la  vue  de  la  science. 

3.  Pendant  qu’il  ajustait  l’arme  du  Rïchi.des  flèches  aux  plumes 
d'or,  munies  d'ailes  comme  celles  du  Kalahainsa,  se  répandant  de 
toutes  parts,  pénétrèrent  dans  l'armée  ennemie , semblables  à des 
paons  qui  entrent  dans  une  forêt,  en  poussant  des  cris  d’effroi. 

h.  Assaillis  de  tous  côtés  sur  le  champ  de  bataille  par  les  pointes 
aiguës  de  ces  flèches,  les  Yakchas  furieux,  brandissant  leurs  armes,  se 
précipitèrent  contre  le  roi,  comme  des  serpents  qui,  le  cou  gonflé, 
s'élancent  contre  Suparna. 

5.  Mais  le  roi , les  frappant  de  ses  flèches  au  moment  où  ils 
accouraient  au  combat,  leur  coupa  les  bras,  les  cuisses,  le  cou  et  le 
ventre,  et  les  envoya  dans  le  monde  où  se  rendent,  après  avoir  tra- 
versé le  disque  du  soleil,  les  pénitents  qui  ont  été  chastes. 

6.  A la  vue  de  cette  multitude  de  Guhyakas  que  tuait  le  roi  au 
beau  char,  quoiqu'ils  ne  l’eussent  pas  insulté  les  premiers,  le  Manu 
son  grand-père,  touché  de  compassion,  vint  trouver  avec  les  Rïchis 
le  fils  d’Uttânapâda,  et  lui  parla  ainsi. 

7.  Le  Manu  dit  : Tu  as  assez  cédé,  ô mon  fils,  à l’excès  de  la  co- 
lère, colère  coupable  et  faite  pour  plonger  dans  les  ténèbres,  qui  fa 
poussé  à mettre  à mort  ces  Yakchas  innocents. 

8.  Non,  elle  n’est  pas  convenable  à notre  famille  cette  violence, 

8. 


60 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

blâmée  des  gens  de  bien , qui  te  fait  massacrer  des  Dieux  inférieurs 
qui  n’ont  commis  aucune  faute.  • 

9.  Sans  doute  c’est  parce  que  le  meurtre  d’un  frère  chéri  a en- 
flammé ta  colère,  que  tu  en  as  immolé  un  aussi  grand  nombre  pour 
punir  le  crime  d'un  seul. 

tO.  Ce  n’est  pas  là  cependant  une  action  digne  des  gens  de  bien 
dévoués  à Hrîchîkéça,  que  ce  massacre  d’êtres  vivants  par  d’autres 
êtres  qui,  comme  les  animaux,  prennent  le  corps  pour  l’âme. 

U.  Plein  d’affection  pour  Hari,  âme  de  toutes  les  créatures, 
tu  as  honoré  le  Dieu  en  qui  résident  tous  les  êtres , et  tu  as  ob- 
tenu le  séjour  suprême  de  Viclinu,  qu’il  est  si  difficile  même  d’a- 
dorer. 

12.  Toi  à qui  Vichnu  pense  en  son  coeur,  toi  que  ses  serviteurs 
mêmes  approuvent,  comment  peux-tu  commettre  une  action  aussi 
coupable,  quand  tu  connais  la  conduite  des  gens  de  bien? 

13.  Par  la  patience,  par  la  compassion,  parla  bienveillance  et  par 
l'égalité  dame  à l’égard  de  tous  les  êtres,  on  obtient  la  faveur  de  Bha- 
gavat,  qui  est  l’âme  de  toutes  les  créatures. 

la.  L’homme  qui  a une  fois  obtenu  sa  .bienveillance,  affranchi 
dès  lors  des  qualités  de  la  Nature  et  débarrassé  des  conditions  de  la 
vie,  parvient  à être  absorbé  au  sein  de  Brahma. 

15.  C’est  à l’actioii  des  cinq  éléments  réunis  que  l’homme  et  la 
femme  doivent  leur  existence;  puis,  c'est  l'union  des  deux  sexes  qui 
donne  en  ce  monde  la  vie  à de  nouveaux  couples.- 

16.  Ainsi  se  déroulent  la  création , la  conservation  et  la  destruction 
de  l'univers,  par  l’effet  du  changement  successif  des  qualités  que 
produit  la  Mâÿâ  dont  dispose  l'Esprit  suprême. 

17.  Le  souverain  Seigneur,  qui  n'a  pas  lui-même  de  qualités,  n’a 
agi  dans  ces  phénomènes  que  comme  cause  première;  sous  l’action 
de  cette  cause,  l’univers  visible  et  invisible  tout  entier,  fait  sa  ré- 
volution, comme  le  fer  [attiré  par  l’aimant]. 

18.  C’est  Bhagavat  qui,  dirigeant  son  énergie  vers  des  fins  diverses 
selon  le  développement  des  qualités  qu'amène  l’action  du  temps, 
crée  cet  univers,  quoiqu’il  soit  inactif,  et  le' détruit,  quoiqu'il  ne  soit 


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61 


LIVRE  QUATRIÈME. 

pas  destructeur;  mais  l'énergie  de  celui  dont  la  puissance  est  si 
grande  est  incompréhensible. 

19.  Il  est  le  Temps  infini  et  qui  met  à tout  un  teripe,  qui  est  sans 
commencement  et  qui  donne  le  commencement  à tout,  qui  est  inal- 
térable, qui  engendre  le  fils  par  le  père,  et  qui  détruit  par  la  mort 
le  Dieu  qui  détruit  toutes  choses. 

20.  11  n'a  pas  plus  d’amis  que  d'ennemis  cet  Être  supérieur,  qui 
[sous  la  forme  de]  la  mort,  s’empare  également  de  toutes  les  créa- 
tures; il  court, *et  à sa  suite  se  précipite,  entraînée  malgré  elle,  la 
foule  des  êtres,  de  même  que  la  poussière  suit  le  souffle  du  vent. 

21.  Le  Seigneur  souverainement  parfait  envoie  à l’homme  misé- 
rable soit  une  fin  prématurée,  soit  une  longue  existence,  condi- 
tions dont  il  est  lui-même, également  affranchi. 

22.  Quelques-uns  l’appellent  l’action;  quelques  autres  la  disposi- 
tion naturelle;  ceux-ci,  le  Temps;  ceux-là,  le  Destin;  d’autres  enfin, 
le  désir  de  l’Esprit  suprême. 

25.  Personne  ne  connaît,  ami,  ni  l’origine  ni  les  desseins  de  cet 
Être  qui  est  insaisissable  aux  sens,  qui  est  incommensurable,  qui  est 
la  source  d’énergies  variées. 

24.  Ce  ne  sont  pas,  ô mon  fils , les  serviteurs  du  Dieu  des  ri- 
chesses qui  sont  les  meurtriers  de  ton  frère;  c’est  le  Destin,  cette 
énergie  de  l’Esprit  suprême,  qui  cause  la  naissance  et  la  mort. 

25.  Le  Seigneur  est  celui  qui  crée-  l’univers,  c’est  lui  qui  le  sou- 
tient et  qui  le  détruit;  et  cependant,  affranchi  du  sentiment  de  la 
personnalité,  il  n’est  affecté  ni  par  les  qualités  ni  par  les  œuvres. 

26.  Créateur,  souverain  et  âme  de  tous  les  êtres,  il  s’unit  à Màyâ 
son  énergie , pour  créer,  conserver  et  détruire  les  créatures. 

27.  Réfugie-toi  donc  de  toute  ton  âme  auprès  de  celui  dont  dé- 
pend le  monde,  de  celui  qui  est  la  Destinée,  qui  est  à la  fois  l’im- 
mortalité et  la  mort,  de  celui  auquel  les  Créateurs  de  l’univers 
apportent  leur  offrande,  attachés  [à  lui],  comme  les  vaches  qui  sont 
enchaînées  par  les  naseaux. 

2».  Ô toi  qui,  blessé  au  cœur  par  les  paroles  de  ta  belle-mère, 
quittas  à l’âge  de  cinq  ans  celle  qui  t'avait  mis  au  jour,  pour  te  re- 


62 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


tirer  dans  la  forêt,  et  qui,  ayant  honoré  par  tes  austérités  celui  dont 
les  facultés  sont  tout  intérieures,  as  obtenu  la  place  la  plus  élevée 
au  sommet  de$  trois  inondes, 

29.  Porte  au  dedans  de  toi  ton  regard,  et  cherche  en  ton  âme 
alFranchie  de  sa  propre  forme,  l’Être  qui  y réside,  cet  Être  exempt 
de  qualités,  unique, -impérissable,  qui  est  l’Esprit,  qui  est  complète- 
ment libre,  et  au  sein  duquel  on  voit  l’univers  qui  paraît  distinct 
[de  lui],  mais  qui  n’existe  réellement  pas. 

50.  Vouant  alors  une  dévotion  exclusive  à Bhagavat,  qui  est  l'esprit 
ramené  sur  lui-même,  qui  est  infini,  qui  est  la  béatitude  même,  et 
qui  produit  toutes  les  énergies,  tu  trancheras  peu  à peu  le  lien  de 
l'ignorance,  qui  naît  du  sentiment  du  moi  et  du  mien. 

51.  Dompte,  et  puisse  le  bonheur  être  avec  toi,  cette  colère  qui 
est  le  plus  grand  obstacle  à ton  salut;  dompte-la  au  moyen  de  mes 
conseils,  comme  on  guérit  une  maladie%vec  un  médicament. 

52.  Le  sage  qui  désire  pour  lui  la  sécurité  suprême  ne  doit  pas 
se  rendre  esclave  d’une  colère  qui  fait  de  l’homme  quelle  domine, 
un  objet  d’épouvante  pour  le  monde. 

55.  Tu  as  manqué  de  respect* envers  le  Dieu  des  richesses,  frère 
de  Giriça,  en  tuant  les  Yakchas  que  tu  as  regardés,  dans  ta  fureur, 
comme  les  meurtriers  de  ton  frère. 

f 

54.  Hâte-toi,  ô mon  fils,  de  le  calmer  avec  des  paroles  respec- 
tueuses inspirées  par  la  soumission,  de  peur  que  la  splendeur  de 
ces  êtres  puissants  ne  triomphe  de  notre  race. 

55.  Après  avoir  donné  ces  conseils  à son  petit-fils  Dhruva,  le 
Manu  Svâyambhuva,  salué  par  lui  avec  respect,  se  retira  dans  sa 
propre  ville,  accompagné  des  Rîchis. 

ris  du  onzième  chapitre,  avant  roux  titre  : - . 

DISCOURS  DU  MANU, 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DO  GRAND  PURANA, 

LE  RIENIIEUREUX  BüAgAVATA  , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAEmA  ET  COMPOSÉ  PAR  VtAsa. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


65 


CHAPITRE  XII. 

ASCENSION  DE  DHRUVA. 


1.  Mâitrêya  dit  : Voyant  que  Dhruva,  dont  la  colère  était  calmée, 
avait  cessé  le  carnage,  le  Dieu  des  richesses  vint  sur  le  champ  de 
bataille,  au  milieu  des  louanges  des  Tchâranas,  des  Yakchas  et  des 
Kinnaras,  et  s’adressant  au  roi  qui  se  tenait  les  mains  jointes  : 

2.  Salut,  fds  de  kchattriya,  lui  dit-il;  je  suis  content  de  toi,  roi 
vertueux,  parce  que,  sur  l'invitation  de  ton  grand-père,  tu  as  re- 
noncé à la  colère,  cette  passion  à laquelle  on  résiste  si  difficilement. 

3.  Ce  n’est  pas  toi,  .Seigneur,  qui  as  tué  les  Yakchas,  et  ce  ne 
sont  pas  les  Yakchas  qui  ont  tué  ton  frère:  c'est  le  Temps  seul,  le 
Temps  qui  dispose  de  la  naissance  et  de  la  mort  des  créatures. 

а.  La  notion,  vaine  comme  un  songe,  du  toi  et  du  moi,  notion 
d’où  naissent  l’infortune  et  le  lien  [des  œuvres],  vient  de  l’ignorance 
de  l’esprit,  qui  ne  songe  qu'à  ce  qui  n’a  pas  de  réalité. 

5.  Honore  donc  avec  amour,  et  puisse  le  bonheur  t’accompa- 
gner, celui  qui  est  l’âine  de  tous  les  êtres,  le  bienheureux  Adhô- 
kchadja,  dont  la  forme  est  la  réunion  de  toutes  les  créatures. 

б.  Adore,  pour  échapper  à l’existence,  celui  qui  sait  l'anéantir,  et 
dont  les  pieds  sont  adorables,  celui  qui  s’unit,  quoiqu'il  en  reste  dis- 
tinct, à Mâyâ,  qui  est  son  énergie  douée  de  qualités. 

7.  Fils  d’Uttânapàda,  demande-moi  sans  crainte  la  faveur  que  tu 
désires;  tu  as  droit  à obtenir  un  présent  des  pieds  du  Dieu  dont  le 
nombril  a produit  un  lotus;  nous  exaucerons  aussitôt  ta  prière. 

8.  Ainsi  engagé  par  le  roi  des  rois  à choisir  une  faveur,  le  ma- 
gnanime Dhruva,  si  dévoué  à Bliagavat,  demanda  de  conserver  le 
souvenir  toujours  présent  de  Hari,  afin  de  pouvoir  traverser  sans 
effort  les  ténèbres  qui  sont  si  difficiles  à franchir. 


64 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

9.  Le  fils  d’Idavidâ  lui  ayant  accordé  cette  grâce  avec  un  cœur 
satisfait,  disparut  ensuite  à ses  yeux,  et  retourna  dans  sa  capitale. 

10.  Alors  Dhruva  célébra  des  sacrifices,  accompagnés  de  nom- 
breux présents,  en  l’honneur  du  Chef  des  sacrifices,  de  celui  qui  est 
l’œuvre  même  à laquelle  concourent,  avec  diverses  substances,  les 
cérémonies  et  la  Divinité,  de  celui  enfin  qui  en  assure  le  fruit. 

11.  Animé  d’une  dévotion  ardente  pour  Atchyuta,  l’âme  de  l’uni- 
vers dont  jl  est  cependant  distinct,  il  vit  le  Seigneur  suprême  qui 
résidait  dans  son  âme  et  au  sein  des  créatures. 

12.  Plein  de  vertu,  ami  des  Brâhmanes,  compatissant  pour  les 
malheureux,  gardien  des  digues  élevées  pour  protéger  la  loi,  il  se 
montra  comme  un  père  aux  yeux  de  ses  sujets. 

15.  Il  gouverna  la  terre  pendant  trente-six  mille  années,  dépen- 
sant sa  vertu  dans  les  plaisirs,  mais  aussi  détruisant  ses  péchés  par 
la  rigoureuse  observation  de  ses  devoirs. 

1 4.  Après  avoir  ainsi  célébré  de  nombreux  sacrifices  qui  lui  as- 
surèrent la  jouissance  des  trois  objets  [que  recherche  l'homme],  ce 
prince  magnanime,  maître  de  ses  sens,  laissa  le  trône  à son  fils. 

15.  Songeant  que  c’est  Mâyâ  qui  fait  apparaître  cet  univers  au 
sein  de  l’Esprit,  de  même  que  c’est  l’ignorance  qui  crée  la  ville  des 
Gandharvas  que  l’on  voit  dans  un  songe;' 

16.  Après  avoir  reconnu  que  l’action  du  temps  attaquait  son 
corps,  sa  femme,  ses  enfants,  ses  amis,  son  armée,  ses  richesses, 
son  trésor,  son  palais,  ses  jardins  délicieux  et  la  terre  qui  a l’Océan 
pour  ceinture,  il  se  rendit  sur  les  bords  de  la  Viçâlâ. 

17.  Là,  s'étant  plongé  dans  cette  onde  fortunée,  pur  de  cœur, 

maître  de  sa  position,  retenant  son  souffle,  ramenant  ses  sens  dans 
son  cœur,  il  fixa  son  cœur  même  sur  la  forme  solide  qui  est  l’i- 
mage de  Bhagavat  ; puis  contemplant  sans  intermédiaire  [ l’objet 
de  sa  pensée],  il  abandonna  cette  forme  elle-même  dans  sa  médi- 
tation . ■ • 

16.  Vouant  au  bienheureux  Hari  une  dévotion  constante,  inces- 
samment inondé  par  les  larmes  du  bonheur,  sentant  son  cœur  se 
fondre  et  ses  poils  se  hérisser,  délivré  des  conditions  de  l’existence, 


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65 


LIVRE  QUATRIÈME. 

Dliruva  s'oublia  lui-même  jusqu'à  ne  plus  pouvoir  dire  : Me  voici. 

19.  Il  vit  alors  un  beau  char  qui  descendait  du  ciel,  en  éclairant 
les  dix  points  de  l’espace,  comme  la  pleine  lune  à son  lever; 

20.  Et  dans  ce  char,  deux  Dêvas  éminents,  ayant  quatre  bras, 
noirs,  jeunes,  ayant  des  yeux  rouges  semblables  au  lotus,  debout, 
appuyés  sur  leur  massue,  couverts  d'un  beau  vêtement,  et  ornés  de 
diadèmes,  de.  colliers,  de  bracelets  et  de  pendants  d’oreilles. 

21.  Les  ayant  reconnus  pour  deux  serviteurs  du  Dieu  dont  la 
gloire  est  excellente,  il  se  leva  pour  aller  à leur  rencontre,  oubliant, 
dans  son  trouble,  la  suite  de  ses  pratiques  religieuses;  et  joignant 
les  mains  en  signe  de  respect,  il  salua  les  premiers  serviteurs  de 
l'ennemi  de  Madliu,  en  prononçant  les  noms  du  Dieu. 

22.  Abordant  le  sage  qui  debout,  les  mains  jointes  et  la  tête  in- 
clinée en  signe  de  respect,  était  absorbé  dans  la  contemplation  des 
pieds  de  Krïchna,  Sunanda  et  Nanda,  ces  deux  serviteurs  estimés 
du  Dieu  dont  le  nombril  est  un  lotus,  lui  dirent  en  souriant  : 

23.  Salut,  ô roi,  et  que  le  bonheur  soit  avec  toi!  écoute  avec  atten- 
tion nos  paroles.  Le  Dieu  que  dès  l'âge  de  cinq  ans  tu  t’es  rendu 
propice  par  tes  austérités , 

24.  Le  Dieu  qui  soutient  l’univers,  qui  porte  l’arc  de  corne,  ce 
Dieu,  c’est  Bhagavat  notre  maître,  et  c'est  pour  te  conduire  dans  sa 
demeure  que  nous  sommes  venus  ici. 

25.  Tu  as  conquis  l'honneur  d’habiter  le  séjour  de  Vichnu,  ce 
séjour  suprême  et  d’un  si  difficile  accès,  que  les  sages  contemplent 
sans  pouvoir  y atteindre.  Prends  place  en  ce  lieu,  autour  duquel 
marchent,  en  le  laissant  à leur  droite , la  lune  et  le  Dieu  du  jour, 
avec  les  planètes,  les  constellations  et  les  étoiles. 

28.  Prends-y  place,  dans  ce  lieu  qui  n’a  jamais  été  occupé  ni  par 
tes  ancêtres  ni  par  d'autres,  ce  lieu  qui  doit  être  Un  objet  de  respect 
pour  les  mondes , et  qui  est  le  séjour  suprême  de  Vichnu. 

27.  Monte,  vénérable  personnage,  sur  ce  beau  char  qui  est  retenu 
par  une  tresse  des  cheveux  de  celui  dont  la  gloire,  est  excellente. 

28.  Ayant  entendu  les  paroles,  douces  comme  le  miel , des  deux 
grands  serviteurs  de  Vâikuntha , le  roi.  ami  d’Urukrama,  s'étant 

h.  9 


66 


LE  BHÀGAVATA  PLRÀN'A. 

baigné,  et  ayant  accompli  les  cérémonies  nécessaires  et  les  actes  pro- 
pitiatoires, s'inclina  devant  les  solitaires  et  leur  adressa  ses  vœux. 

29.  Après  avoir  tourné  autour  de  ce  siège  excellent  et  l’avoir  salué, 
après  s’étre  incliné  devant  les  deux  serviteurs  [de  Vichnu],  Dhruva, 
qui  resplendissait  de  l’éclat  de  l’or,  désira  s’y  placer. 

50.  Alors  retentirent  les  timbales,  ainsi  que  les  tambourins  et  les 
tambours;  les  chefs  des  Gandharvas  chantèrent;  une  pluie  de  fleurs 
tomba  du  haut  des  airs. 

51.  Au  moment  où  il  allait  monter  au  ciel,  Dhruva,  se  souve- 
nant de  Suntti  sa  mère  : J’irai  donc,  dit-il,  dans  ce  séjour,  qu’il 
est  si  diflicile  d'atteindre,  en  abandonnant  une  infortunée. 

52.  Devinant  sa  pensée , les  chefs  des  Suras  lui  firent  voir  la  reine 
qui  s'avançait  devant  lui  sur  un  char. 

55.  Couvert  des  fleurs  que  lui  jetaient  les  Suras,  qui  du  haut  de 
leurs  chars  chantaient  ses  louanges  à mesure  qu’il  avançait,  il  vit 
successivement  les  planètes. 

54.  Ayant  franchi  sur  son  char  divin  les  trois  mondes,  et  même 
[la  place]  des  [sept]  solitaires,  le  sage  dont  la  marche  est  ferme 
atteignit,  bien  au  delà  [de  ces  sphères],  le  séjour  de  Vichnu, 

55.  Ce  lieu  qui,  resplendissant  de  son  propre  éclat,  éclaire  les 
trois  mondes  de  sa  lumière,  ce  lieu  où  ue  parviennent  pas  ceux  qui 
n’ont  pas  de  bienveillance  pour  les  créatures,  et  qu'atteignent  ceux 
qui  accomplissent  incessamment  de  bonnes  œuvres. 

50.  Calmes,  indifférents,  purs,  pleins  d’affection  pour  tous  les 
êtres,  les  hommes  dont  Atchyuta  est  le  parent  et  l’ami,  parviennent 
bien  vite  au  séjour  qu’il  habite. 

57.  C’est  ainsi  que  Dhruva,  fds  d'Uttânapâda,  exclusivement  dé- 
voué à Krichna,  devint  comme  le  pur  joyau  des  trois  mondes. 

58.  C’est  autour  de  lui  que  la  sphère  des  astres  fait  sa  révolution, 
sans  se  lasser  jamais,  semblable  à une  troupe  de  bœufs  qui  courent 
rapidement  autour  du  poteau  auquel  ils  sont  attachés. 

59.  Le  bienheureux  Rïchi  Nârada,  voyant  la  grandeur  de  Dhruva, 
chanta,  en  faisant  résonner  sa  Vîpâ,  les  trois  stances  suivantes,  pen- 
dant que  les  Pratchêtas  célébraient  le  sacrifice. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  67 

40.  « Non,  les  Brâhmanes  qui  expliquent  le  Vêda  ne  peuvent  sur- 

• passer  la  marche  de  ce  sage  fort  de  .ses  austérités,  du  fils  de  Sunîti 

• qui  était  si  dévouée  à son  époux,  et  cependant  ils  en  connaissent 
« la  cause.  Que  sera-ce  donc  des  rois? 

41.  • C’est  lui  qui,  à l’âge  de  cinq  ans,  le  cœur  déchiré  par  les  bles- 
« sures  que  lui  avaient  faites  les  paroles,  semblables  à des  flèches, 
» de  la  femme  de  son  père,  se  retira  dans  la  forêt,  et  qui,  se  confor- 
« raant  à mes  instructions,  triompha  du  Seigneur  invincible  qui  ne 

• cède  qu’aux  vertus  de  ses  serviteurs. 

42.  « A l'âge,  de  cinq  ou  six  ans,  il  a pu  en  quelques  jours,  se  ren- 

• dant  Vâikuntha  favorable,  atteindre  à ce  lieu  qu’il  occupe,  ce  lieu 
« auquel  le  Kchattriya  qui  sur  la  terre  voudra  l’imiter,  doit  se  con- 
« tenter  d’aspirer,  dut-il  le  faire  pendant  des  années  sans  terme.  » 

45.  Je  viens,  ô Vidura,  de  te  raconter  tout  ce  que  tu  m’as  de- 
mandé ici,  l’histoire  de  Dhruva  dont  la  gloire  est  éminente,  histoire 
estimée  des  gens  de  bien. 

44.  Ce  récit  procure  la  richesse,  la  gloire  et  une  longue  vie;  il  est 
pur,  fortuné,  grand;  il  assure  la  possession  du  ciel;  il  donne  la  cons- 
tance et  la  joie;  il  est  digne  de  louanges;  il  efface  les  péchés. 

45.  Celui  qui  écoutera  constamment  avec  foi  cette  histoire  de  l’ami 
d’Atchyuta,  éprouvera  pour  Bhagavat  une  dévotion  faite  pour  dissi- 
per complètement  toutes  ses  douleurs. 

48.  C’est,  pour  celui  qui  l’entend,  un  lieu  de  pèlerinage  où  la 
probité  et  toutes  les  vertus,  ainsi  que  la  grandeur,  l’éclat  et  la  ma- 
jesté, sont  le  partage  de  celui  qui  les  désire. 

47.  Que,  dans  l’assemblée  des  hommes  des  trois  premières  classes, 
on  récite  soir  et  matin  avec  recueillement  cette  grande  histoire  de 
Dhruva  et  du  Dieu  dont  la  gloire  est  pure, 

48.  Quand  la  lune  est  dans  son  plein,  le  jour  où  elle  est  visible, 
le  douzième  jour  de  chaque  lunaison,  sous  l’astérisme  Çravana,  à la 
chute  du  jour,  quand  la  nouvelle  lune  parait  le  jour  du  soleil,  à 
l’entrée  du  soleil  dans  un  nouveau  signe,  ou  le  jour  du  soleil. 

49.  Celui  qui,  se  réfugiant  auprès  du  Dieu  dont  les  pieds  sont 
comme  un  étang  consacré,  fait  entendre  ce  récit  aux  hommes  doués 

9- 


68  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

de  foi,  ne  désirant  rien  et  y trouvant  la  satisfaction  de  l’âme,  celui- 
là  parvient  à la  perfection.  * 

50.  Les  Dêvas  accordent  leur  faveur  à l'homme  compatissant  et 
protecteur  des  malheureux,  qui,  marchant  dans  la  bonne  voie,  donne 
l’ambroisie  de  la  science  à celui  qui  ne  connaît  pas  la  vérité. 

51.  Fils  de  Kuru,  je  t’ai  conté  l'histoire  de  Dhruva,  dont  les  actions 
pures  sont  célèbres,  de  ce  sage  qui,  abandonnant  les  jeux  de  l’en- 
fance et  la  maison  de  sa  mère,  a cherché  un  asile  auprès  de  Vichnu. 

FIN  Dl)  DOUZIÈME  CHAPITRE  , AYANT  POUR  TITRE  : 

ASCENSION  DE  DHRUVA , 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀNA, 

LE  BIENHEUREUX  B1IÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÀ  BT  COMPOSÉ  PAR  VVÂSA. 


LIVRE  QUATRIÈME. 


69 


CHAPITRE  XIII. 

aCGA  se  fait  mendiant. 


s()TA  dit  : 

1.  Après  avoir  appris  de  la  bouche  du  fils  de  Kuçârava  comment 
Dhruva  était  monté  au  séjour  de  Vâikuntha,  Vidura,  sentant  s’ac- 
croître son  affection  pour  le  bienheureux  Adhôkchadja,  se  init  a 
interroger  de  nouveau  le  Brahmane. 

2.  Vidura  dit:  Quels  sont  donc  ceux  que  tu  viens  de  désigner  sous 
le  nom  de  Pratchêtas?  De  qui  sont-ils  fils,  sage  vertueux?  Dans  la 
famille  de  qui  sont-ils  illustres?  Dans  quel  lieu  ont-ils  donc  célébré 
leur  sacrifice? 

3.  Je  me  figure  que  Nârada,  le  plus  grand  des  sages  dévoués  à 
Bhagavat,  possède  la  vue  divine,  puisque  c’est  lui  qui  a enseigné  la 
règle  des  pratiques  religieuses  sur  lesquelles  repose  le  culte  que  l’on 
doit  à Hari. 

».  Sans  doute,  pendant  que  Bhagavat,  le  mâle  du  sacrifice,  rece- 
vait l’offrande  des  Pratchêtas,  de  ces  hommes  habiles  observateurs 
de  leurs  devoirs,  Nârada,  qui  lui  est  si  dévoué,  dut  célébrer  ses 
louanges. 

5.  Or  je  désire  entendre  les  histoires  de  Bhagavat  que  le  Rïchi 
des  Dêvas  raconta  dans  cette  circonstance;  consens  donc,  ô Brâh- 
mane,  à me  les  exposer  en  entier. 

6.  Mâitrêya  dit  : Quand  Dluruva  fut  parti  pour  la  forêt,  Utkala 
son  fils  ne  désira  ni  le  bonheur  de  posséder  l’univers  tout  entier,  ni 
le  siège  de  la  royauté  suprême  qu’occupait  son  père. 

7.  Naturellement  calme,  libre  de  toute  affection,  regardant  toutes 


70 


LÊ  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

choses  d’uu  œil  indifférent,  il  vit  son  âme  étendue  dans  le  monde, 
et  le  monde  contenu  dans  son  âinc. 

8.  Ayant  renfermé  dans  son  sein  l’Esprit  suprême  qui  est  Brahma, 
qui  est  la  délivrance  absolue,  qui  est  dégagé  de  toute  forme,  qui  est 
homogène  parce  que  son  essence  est  la  science,  qui  est  souverai- 
nement heureux  et  répandu  partout, 

9.  Utkala,  qui  avait  purgé  son  cœur  des  souillures  de  l’action  en 
les  consumant  par  le  feu  d’un  Yôga  non  interrompu,  vit  l’Esprit  en 
lui-même,  et  ne  distingua  plus  autre  chose  que  son  âme. 

10.  Les  petits  enfants  le  montraient  au  doigt  sur  les  chemins, 
comme  un  idiot,  un  aveugle,  un  sourd,  un  muet,  ou  un  insensé, 
quoique  son  esprit , semblable  à un  feu  dont  les  flammes  sont 
éteintes,  fût  bien  différent  de  ce  qu'annonçait  son  extérieur. 

11.  Les  vieillards  de  chaque  famille  et  les  ministres,  le  regardant 
comme  un  idiot  et  un  insensé,  choisirent  pour  roi  Vatsara,  le  plus 
jeune  fils  do  Bhrami. 

12.  Svarvîthi  (la  Voie  céleste),  femme  chérie  de  Vatsara,  mit  au 
monde  six  fils,  qui  furent  Pnchpârna , Tigmakêtu,  Icha,  Urdja, 
Vasu  et  Djaya. 

15.  Puchpârna  eut  deux  femmes,  Prabhâ  (la  Lumière  du  jour) 
et  Dôchâ  (l’Obscurité  de  la  nuit);  les  enfants  de  Prabhâ  furent 
Prâtas  (le  Matin),  Madhyaiîidina  (le  Milieu  du  jour)  et  Sâya  (le 
Soir).  • > 

ta.  Et  ceux  de  Dôchâ , qui  étaient  au  nombre  de  trois,  furent 
Pradôcha  (le  Commencement  de  la  nuit),  Niçitlia  (le  Milieu  de  la 
nuit),  Vyuchta  (le  Point  du  jour).  Vyucbu  eut  de  sa  femme  Puch- 
karinî  un  fils  parfaitement  lumineux, 

15.  Nommé  Tchakchus  ( l’Œil  ) ; ce  dernier  épousa  Akûti,  et  en  eut 
Manu  (l’intelligent).  Nadvalâ,  femme  de  Manu,  lui  donna  [douze] 
fils  exempts  de  passion. 

16.  Ce  furent  Puru,  Kutsa.Trita,  Dyumna,  Satyavat,  Rita,  Vrata, 
Agnichtôma,  Alîrâtra,  Pradyumna,  Çivi  et  Ulmuka. 

17.  Ulmüka  eut  de  Puclikarinî  six  fils  accomplis,  Agga,  Sumanas, 
Khyâti,  Kratu,  Aggiras  et  Gaya. 


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71 


LIVRE  QUATRIÈME. 

18.  Sunîtbâ,  femme  d’Agga,  mit  au  monde  le  redoutable  Vêna , 
dont  les  habitudes  violentes  dégoûtèrent  du  monde  son  père,  le 
Rïchi  des  rois,  et  le  forcèrent  à quitter  sa  capitale. 

19.  C’est  lui  que  maudire^,  dans  leur  indignation,  les  solitaires, 
dont  la  parole  est  comme  la  foudre;  c’est  lui  dont  ils  secouèrent 
plusieurs  fois  la  main  droite,  quand  il  fut  mort. 

20.  Une  fois  que  le  monde  n’eut  plus  de  chef,  les  peuples  de- 
vinrent la  proie  des  brigands;  mais  Prîthu,  qui  était  né  d’une  portion 
de  Nâréyapa,  fut  le  premier  roi  de  la  terre. 

21.  Vidura  dit:  Comment  le  fils  d’Agga,  de  ce  monarque,  trésor 
de  vertu,  qui  était  bon  , ami  des  Brâhmanes,  magnanime,  devint-il 
vicieux  et  força-t-il  son  père  découragé  à se  retirer? 

22. -  Quel  crime  commit  donc  Vêna  pour  que  les  solitaires,  qui 
connaissaient  la  loi , frappassent  du  sceptre  du  Brahmane  un  roi 
auquel  appartient  le  droit  de  punir? 

25.  Le  souverain  d’un  peuple,  fût-il  même  coupable,  ne  doit  pas 
être  méprisé  par  ses  sujets , parce  qu'il  porte  dans  sa  propre  splen- 
deur, l’énergie  des  Gardiens  du  monde. 

24.  Raconte-moi  donc,  ô Brahmane,  la  conduite  que  tint  le  fils 
de  Snnithâ;  j’ai  de  la  foi  et  de  la  dévotion,  et  tu  es  le  plus  habile  de 
ceux  qui  possèdent  ce  qu’il  y a de  supérieur  comme  ce  qu'il  y a de 
moins  élevé  dans  la  science. 

25.  Màitrôya  dit  : Le  Râdjarchi  Agga  célébra  le  grand  sacrifice  de 
l’Açvamêdha;  mais  les  Dèvatâs  ne  vinrent  pas  à la  cérémonie,  quoi- 
qu’ils fussent  invoqués  par  les  sages  qui  expliquent  le  Vêda. 

26.  Alors  les  sacrificateurs  étonnés  dirent  au  roi  qui  faisait  célé- 
brer la  cérémonie:  Les  Dieux,  ami,  n'accueillent  pas  les  offrandes, 
que  tu  jettes  dans  le  feu  du  sacrifice. 

27.  O roi!  les  offrandes  présentées  avec  foi,  ne  sont  pas  viciées; 
des  hymnes  sacrés  qui  n’ont  pas  perdu  leur  force  sont  employés 
pour  toi  par  des  Brâhmanes  fidèles  à leurs  devoirs. 

28.  Nous  ne  pouvons  découvrir  ici  la  moindre  marque  de  mépris 

pour  les  Dieux,  ni  pourquoi  les  Dêvas,  témoins  de  la  cérémopie, 
n'y  prennent  pas  la  part  qui  leur  revient.  - 


72 


LE  BHÀGAVATÀ  PURÀNA 

•29.  Agga,  qui  faisait  célébrer  le  sacrifice,  éprouva  une  grande 
tristesse  en  entendant  les  paroles  des  Brahmanes;  et  après  avoir 
obtenu  leur  assentiment,  il  adressa  la  question  suivante  aux  chefs 
de  l’assemblée  : , 

50.  Le  sacrifice  a été  accompli  en  l’honneur  des  Dêvas,  et  ils  n'ar- 
rivent pas;  ils  n’acceptent  pas  les  offrandes  qui  leur  sont  présentées 
ici.  O chefs  de  l’assemblée,  dites-inoi,  quelle  faute  ai-je  commise? 

51.  Les  chefs  de  l’assemblée  dirent:  Ô roi,  tu  n'as  pas  commis 
en  cette  vie  la  plus  légère  faute  ; c’est  la  conséquence  d’un  péché 
antérieur,  si  un  prince  tel  que  toi  n’a  pas  d'enfants. 

52.  Rends-toi  donc  père  d’un  fils  vertueux,  et  puisse  le  bonheur 
être  avec  toi!  Le  Dieu  qui  mange  l’offrande  accordera  un  fils  à tes 
prières,  si  tu  lui  offres  le  sacrifice. 

55.  Alors  les  habitants  du  ciel  prendront  chacun  leur  part,  parce 
que  ce  sera  Hari  lui-même,  le  mâle  du  sacrifice,  que  tu  auras  pris 
pour  l'objet  de  ton  culte,  en  demandant  un  fils. 

54.  Tous  les  désirs  que  forment  les  hommes,  Hari  en  assure  l’ac- 
complissement; le  succès  de  leurs  vœux  est  le  prix  du  culte  qu'ils  lui 
rendent. 

35.  Mâitrêya  dit  : Ainsi  déterminés  à faire  naître  un  fils  au  roi, 
les  Brahmanes  répandirent  le  beurre  clarifié  en  l’honneur  de  Vichnu 
qui  est  caché  sous  la  victime. 

36.  Aussitôt  Purucha  s’élança  du  feu,  couvert  d’un  collier  d'or  et 
de  vêtements  purs,  et  portant  dans  un  vase  d’or  du  riz  préparé 
[avec  du  sucre  et  du  lait]. 

37.  Le  roi , avec  la  permission  des  Brâhmanes,  reçut  cette  offrande, 
. les  mains  jointes;  et  l'ayant  flairée  avec  joie,  il  la  donna  à la  reine, 

plein  de  hautes  pensées.  , 

56.  Après  avoir  mangé  l’offrande  qui  rend  mère  d’un  fils,  la 
Veine,  qui  était  stérile,  fut  rendue  féconde  par  son  mari;  et  quand 
le  temps  fut  venu , elle  mit  au  monde  un  enfant  mâle. 

39.  Cet  enfant,  tout  jeune  qu’il  était,  ressemblait  à son  grand-père 
maternel  Mrïtyu,  qui  était  né  d’une  portion  d’Adharma;  aussi  fut-il 
enclin  à violer  la  justice. 


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73 


LIVRE  QUATRIÈME. 

40.  Passionné  pour  la  chasse,  il  parcourait  les  forêts,  l’arc  bandé, 
tuant,  dans  sa  cruauté,  les  malheureux  animaux;  à sa  vue,  le  peuple 
s’écriait  en  pleurant:  Voici  Vêna! 

41.  Cet  enfant  cruel,  enlevant  par  violence  les  enfants  de  son 
âge  dans  les  lieux  où  ils  jouaient,  les  faisait  mourir  sans  pitié  de  la 
mort  des  animaux. 

42.  Quand  le  roi,  qui  voyait  son  fils  si  méchant,  eut  reconnu  que 
les  divers  moyens  qu'il  employait  ne  pouvaient  le  corriger,  il  fut 
afQigé  d’une  profonde  tristesse- 

43.  Les  maîtres  de  maison  qui  n’ont  pas  d’enfants  sollicitent  le 
Dieu  [qui  en  donne],  et  n'en  reçoivent  bien  souvent  que  le  chagrin 
insupportable  d’avoir  de  mauvais  fils. 

44.  De  là,  pour  l'homme,  une  mauvaise  renommée  et  une 
grande  violation  de  la  justice;  de  là  l’inimitié  de  tous;  de  là  des 
chagrins  infinis. 

45.  Quel  est  l’homme  sage  qui  ferait  cas  d’enfants  pareils,  d’en- 
fants qui  n’en  ont  que  le  nom,  qui  rendent  l’âme  esclave  des  liens 
de  l’erreur,  et  qui  font  d’une  maison  un  lieu  de  supplice? 

46.  Au  reste,  je  crois  que  de  mauvais  fils  valent  mieux  que  des 
enfants  vertueux  qui  sont  pour  nous  un  sujet  d’inquiétudes;  l’homme 
se  dégoûte  de  sa  maison  quand  il  y trouve  le  chagrin. 

47.  Ainsi  dégoûté  d’une  maison  sur  laquelle  s’étaient  levées  les 
destinées  les  plus  prospères,  le  roi,  qui  no  connaissait  plus  le  som- 
meil, quitta  son  lit  au  milieu  de  la  nuit,  et  s’éloigna  sans  être 
remarqué  par  ses  gardes,  laissant  la  mère  de  Vêna  endormie. 

48.  Dès  qu’on  s'aperçut  que  le  roi  était  parti  pour  quitter  le 
inonde,  ses  sujets,  son  prêtre  domestique,  ses  conseillers  et  la  foule 
de  ses  amis,  tourmentés  par  une  vive  douleur,  le  cherchèrent  partout 
sur  la  terre,  [sans  plus  pouvoir  le  trouver]  que  les  mauvais  Yôgins 
qui  cherchent  Purucha  caché  pour  eux. 

49.  Incapables  de  découvrir  la  route  qu’avait  prise  lé  chef  des 
peuples,  ils  revinrent,  après  de  vains  efforts,  dans  la  ville,  et  ayant 
salué  les  Rïchis  rassemblés,  ils  leur  racontèrent  en  pleurant,  ô fils 
de  Kiiru , la  disparition  de  leur  maître. 


74 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XIV. 

NAISSANCE  DE  NICHÂDA. 


1.  Màitrêya  dit  : Bhrïgu  et  les  autres  solitaires,  toujours  attentif; 
au  bien  du  monde,  voyant  que  les  hommes  sans  roi  ressemblaient 
à des  troupeaux  privés  de  leur  gardien , 

2.  Appelèrent  Sunîthâ,  la  mère  du  fils  [d’Agga],  et  les  sages 
qui  expliquent  le  Vêda  sacrèrent  roi  de  la  terre  Vêna,  qui  n’étaitpas 
aimé  de  ses  serviteurs. 

3.  En  apprenant  que  Vêna,  dont  la  domination  était  tyrannique, 
venait  de  monter  sur  le  siège  des  rois,  les  brigands  disparurent 
aussitôt,  semblables  à des  rats  effrayés  par  un  serpent. 

A.  Quand  il  se  lut  assis  sur  le  siège  des  rois,  orgueilleux  de  la 
possession  des  huit  attributs  de  la  puissance,  et  plein  de  lui-même, 
il  méprisa,  dans  sa  folie,  les  Brahmanes  doués  de  grandes  vertus. 

5.  Ainsi  aveuglé  par  l’orgueil , emporté  comme  un  éléphant  qui 
ne  connaît  plus  l'aiguillon,  parcourant  le  monde  sur  son  char,  et 
faisant  trembler  dans  sa  marche  le  ciel  et  la  terre, 

6.  Il  fit  proclamer  partout,  au  bruit  du  tambour,  l'ordre  de  ne 
plus  accomplir  aucun  devoir  religieux:  Brahmanes,  ordonna-t-il,  il 
ne  faut  plus  sacrifier,  il  ne  faut  plus  faire  d’aumônes,  il  ne  faut  plus 
jeter  l’offrande  dans  le  feu. 

7.  A la  vue  des  entreprises  du  coupable  Vêna,  les  solitaires,  re- 
marquant la  désolation  du  monde,  se  réunirent  en  se  disant  les  uns 
aux  autres  avec  compassion  : 

8.  Hélas!  dans  quelle  profonde  misère  est  tombé  le  inonde!  me- 
nacé comme  il  l’est,  des  deux  côtés  à la  fois,  par  son  maître  et  par 
les  brigands,  [il  ressemble  à l’insecte  placé]  sur  un  morceau  de  bois 
brûlant  des  deux  bouts. 


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. ,-.*A 


LIVRE  QUATRIÈME.,  75 

9.  C’est  dans  la  crainte  de  rester  sans  roi  qu'on  a choisi  pour 
chef  un  homme  qui  ne  méritait  pas  ce  titre;  mais  ce  choix  même 
a été  la  cause  d’un  autre  malheur.  Comment  les  cœurs  pourraient- 
ils  être  heureux  aujourd’hui?  C’est  ainsi  que  celui  même  qui  nourrit 
un  serpent  avec  du  lait  ne  gagne  rien  à l’avoir  élevé. 

10.  Vêna,  parce  qu’il  est  né  du  sein  de  Sunîthâ,  est  déjà  naturel- 
lement vicieux;  c’est  pour  cela  que  chargé  de  protéger  le  peuple, 
il  n’a  d’autre  pensée  que  de  le  détruire. 

11.  Essayons  cependant  de  le  calmer,  de  peur  que  son  péché  ne 
retombe  sur  nous  ; car  nous  connaissions  ses  vices  quand  nous  avons 
fait  roi  ce  méchant  prince. 

12.  Si  ce  roi  injuste  ne  respecte  pas  les  paroles  que  nous  lui 
adresserons  pour  l'apaiser,  nous  consumerons  par  notre  propre 
splendeur  celui  qu’a  déjà  condamné  le  mépris  du  monde. 

15.  Dans  ce  dessein,  les  solitaires,  dissimulant  leur  courroux,  se 
rendirent  auprès  de  Vêna,  et  lui  parlèrent  ainsi,  cherchant  à le 
calmer  par  des  paroles  bienveillantes. 

14.  Les  solitaires  dirent  : Chef  des  rois,  écoute  ce  que  nous 
venons  te  déclarer;  écoute  des  conseils  faits  pour  accroître  la  durée 
de  ton  existence,  ion  bonheur,  ta  force  et  ta  renommée. 

15.  Le  devoir,  quand  les  hommes  l’accomplissent  de  cœur,  en 
pensées,  en  paroles  et  en  actions,  conduit  les  peuples  exempts  de 
chagrin  à la  béatitude  même,  qui  est  le  partage  des  sages  affranchis 
de  toute  passion. 

16.  Puisse-t-il  ne  pas  périr  parmi  tes  sujets,  ô prince,  ce  signe 
de  la  prospérité  des  peuples!  quand  il  est  anéanti,  un  roi  descend 
du  rang  suprême. 

17.  Le  chef  des  hommes,  ô roi,  qui  protège  son  peuple  contre 
de  mauvais  ministres  et  contre  les  brigands,  et  qui  offre  le  sacrifice 
selon  la  loi,  est  comblé  de  plaisirs  dans  ce  monde  et  dans  l’autre. 

18.  Le  roi  dans  l’empire  et  dans  la  capitale  duquel  le  peuple, 
formé  de  la  réunion  des  classes  et  des  ordres,  offre  en  sacrifice  à 
Bhagavat,  au  mâle  du  sacrifice,  l’observation  des  devoirs  qui  sont 
imposés  à chacun, 


10. 


76 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


19.  Et  qui  eu  même  temps  respecte  son  propre  devoir,  ce  roi, 
6 grand  prince,  satisfait  ainsi  Bhagavat,  qui  donne  l’ existence  aux 
créatures  et  qui  est  l’âme  de  l’univers. 

20.  Et  quand  le  souverain  des  souverains  du  monde  est  satisfait, 
qu’y  a-t-il  de  difficile  à obtenir?  Car  c’est  à lui  que  les  mondes  et 
leurs  Gardiens  présentent  respectueusement  l’offrande. 

21.  Tu  dois,  6 roi,  permettre  aux  habitants  de  ton  royaume  d’of- 
frir, pour  leur  salut,  des  sacrifices  variés  à celui  qui  est  le  direc- 
teur de  tous  les  mondes,  des  Immortels  et  du  sacrifice,  à celui  dont 
le  triple  Vêda,  les  substances  consacrées  et  les  mortifications  cons- 
tituent l'essence. 

22.  Honorés  comme  il  convient  par  les  cérémonies  que  les  Brâh- 
mancs  célèbrent  dans  ton  empire,  les  Suras,  qui  sont  des  portions 
de  Ilari,  accordent,  dans  leur  satisfaction,. tout  ce  qu’on  y désire. 
Garde-toi  donc,  ô roi,  de  négliger  les  Dieilx. 

25.  Vêna  dit  : Certes  vous  êtes  des  ignorants,  vous  qui,  prenant 
l'injuste  pour  le  juste,  abandonnez  un  roi  qui  assure  votre  existence, 
pour  adorer  un  faux  maître. 

24.  Les  insensés  qui  méprisent  îçvara,  ce  Dieu  qui  est  caché  sous 
la  figure  des  rois,  ne  sont  pas  faits  pour  trouver  le  bonheur,  pas  plus 
dans  ce  monde  que  dans  l’autre. 

25.  Quel  est  donc  celui  que  vous  nommez  le  mâle  du  sacrifice, 
et  pour  lequel  vous  avez  une  dévotion  si  grande,  que  vous  renoncez 
à l’affection  que  vous  devez  à votre  maître,  comme  des  femmes  in- 
fidèles qui  s’attachent  à un  amant? 

26.  Vichnu,  Virintcha,  Giriça,  Indra,  Vâyu,  Yama,  Ravi,  Par- 
djanya,  le  Dieu  des  richesses,  Sôma,  Kchili  (la  Terre),  Agni,  et  le 
Roi  des  eaux, 

27.  Ces  Dieux  et  d’autres  encore,  qui  sont  la  source  des  faveurs 
et  des  malédictions,  sont  réunis  dans  le  corps  d'un  roi;  un  roi  est 
formé  par  tous  les  Dêvas  à la  fois. 

28.  Célébrez  donc,  ô Brahmanes,  sans  jalousie,  les  sacrifices  en 
mon  honneur,  et  apportez-moi  le  tribut;  car  est-il  un  autre  Dieu 
que  moi,  qui  ait  droit  à la  première  offrande? 


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77 


LIVRE  QUATRIÈME. 

29.  Mâitrêya  dit  : C’est  ainsi  que  ce  roi  coupable,  dont  l’esprit 
était  livré  à l’erreur  et  qui  était  sorti  du  droit  chemin,  refusa,  pour 
son  malheur,  d’accueillir  la  prière  que  les  Brâhmanes  lui  avaient 
adressée  afin  de  l’apaiser. 

30.  Repoussés  par  ce  prince  qui  se  croyait  sage,  les  Brahmanes, 
dont  il  avait  méprisé  la  prière,  prière  qui  est  toujours  digne  de 
respect,  s’indignèrent  contre  lui,  ô Vidura. 

51.  Qu'il  meure!  qu’il  meure  ce  coupable,  ce  méchant  par  nature! 
vivant,  il  aurait  bientôt  réduit  l’univers  en  cendres. 

52.  Non,  il  ne  mérite  pas  le  siège  suprême  des  rois,  cet  homme 

dont  la  conduite  est  criminelle,  et  qui  blâme  sans  pudeur  Yichnu, 
Je  souverain  chef  du  sacrifice.  . . 

53.  Qui  pourrait  mépriser  ce  Dieu,  qui?  si  ce  n’est  Vêna,  ce 
méchant  qui,  comblé  de  scs  faveurs,  tient  de  lui  la  puissance  su- 
prême. 

34.  Ainsi  déterminés  à le  mettre  à mort,  les  Rïchis,  dont  la  co- 
lère était  arrivée  à son  comble,  tuèrent,  au.  moyen  de  paroles  ma- 
giques, Vêna,  que  condamnait  son  mépris  pour  Atchyuta. 

55.  Quand  les  Rïchis  furent  partis  pour  se  rendre  à leur  ermi- 
tage, Sunllhâ  désolée  conserva  le  corps  de  son  fils  par  l’emploi  de 
moyens  magiques. 

36.  Un  jour  ces  solitaires,  après  s’être  baignés  dans  les  eaux  de 
la  Sarasvatî,  et  avoir  sacrifié  aux  [trois]  feux,  se  livraient  à de  pieux 
entretiens,  assis  sur  le  bord  du  fleuve. 

57.  Ils  virent  alors  apparaître  des  prodiges  redoutables  pour  le 
monde,  et  ils  se  dirent  entre  eux  : Puisse  la  terre,  maintenant 
quelle  est  sans  chef,  ne  pas  souffrir  des  attaques  des  brigands! 

58.  Pendant  que  les  Rïchis  se  livraient  à ces  réflexions,  il  s’éleva 
une  épaisse  poussière,  soulevée  par  les  voleurs  qui  accouraient,  en 
pillant,  de  tous  les  points  de  l’horizon. 

39.  A la  vue  de  cette  invasion  de  voleurs  qui  ravissaient  les  biens 
du  monde,  privé  alors  de  son  chef,  et  qui  s’attaquaient  les  uns  les 
autres  ; 

40.  A la  vue  du  royaume  couvert  de  brigands,  dépouillé  de  ses 


78 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA 

richesses,  qui  n’avait  plus  de  roi,  les  solitaires  ne  firent  rien  pour 
arrêter  les  pillards,  quoiqu’ils  en  eussent  le  pouvoir  et  qu’ils  con- 
nussent le  tort  de  leur  inaction. 

4L  Le  RrAhmane,  fût-il  calme  et  indifférent  à toute  chose,  qui 
n’a  pas  un  regard  de  compassion  pour  les  malheureux,  voit  s’é- 
chapper de  ses  mains  la  science  du  Vêda,  comme  l’eau  qui  s’écoule 
d’un  vase  brisé. 

42.  Cependant,  [dirent-ils  entre  eux,]  la  famille  d’Agga,  le  Rïchi 
des  rois,  ne  doit  pas  périr;  car  cette  maison  a produit  des  princes 
dont  la  puissance  est  infaillible  et  dont  Kêçava  est  le  refuge. 

45.  Ayant  pris  cette  résolution,  les  Rïchis  secouèrent  rapidement 
la  cuisse  du  roi  qu’ils  avaient  tué,  et  il  en  sortit  un  nain 

44.  Noir  comme  un  corbeau,  ayant  le  corps  d’une  extrême  peti- 
tesse, les  bras  courts,  les  mâchoires  grandes,  les  pieds  petits,  le  nez 
enfoncé,  les  yeux  rouges  et  les  cheveux  cuivrés. 

45.  Prosterné  devant  eux,  le  pauvre  nain  s’écria  : Que  faut-il  que 
je  fasse?  et  les  Brâhmanes  lui  répondirent  : Assieds-toi,  ami.  De  là 
lui  vint  le  nom  de  Nichâda. 

40.  C’est  de  sa  race  que  sont  sortis  les  Nâichâdas  qui  habitent 
les  cavernes  et  les  montagnes  ; car  c’est  lui  dont  la  naissance  effaça 
la  faute  terrible  de  Vêna. 

FIS  DD  QUATORZIÈME  CHAPITRE,  ATARI  POUR  TITRE: 

NAISSANCE  DE  NICHÂDA, 

DANS  J. 'HISTOIRE  DE  PRJTHÜ , AD  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PUR&NA  , 

LE  BIENHEÜRECX  BIIAGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂ8A. 


LIVRE  QUATRIÈME. 


79 


CHAPITRE  XV. 

HISTOIRE  DE  PRÏTHU. 

1.  Mâitrêya  dit  : Les  Brahmanes  ayant  ensuite  agité  les  bras  du 
roi  Vêna,  qui  était  mort  sans  postérité,  en  firent  sortir  deux  enfants, 
un  fils  et  une  fille. 

2.  A la  vue  de  ces  deux  enfants,  les  Rïchis  qui  expliquent  le  Vêda, 
y reconnaissant  une  portion  de  la  substance  de  Bhagavat,  s’écrièrent, 
pleins  d’une  extrême  joie  : 

5.  Celui-ci  est  une  portion  de  la  substance  du  bienheureux 
Vichnu,  qui  est  faite  pour  purifier  le  monde;  celle-là  est  une  création 
de  Lakchmî,  la  compagne  fidèle  de  Purucha. 

4.  De  ces  deux  enfants,  le  mâle  deviendra  le  premier  roi;  ce  sera 
le  Mahârâdja,  nommé  Pritliu,  dont  la  gloire  et  la  renommée  seront 
répandues  au  loin. 

5.  Celle-ci  sera  sa  royale  épouse  ; douée  d'une  taille  parfaite  et 
de  belles  dents,  faite  pour  rehausser  les  ornements  et  la  vertu  elle- 
même,  elle  sera,  sous  le  nom  d’Artcliis,  inviolablement  attachée  à 
Prïthu. 

6.  Cet  enfant  est  sans  contredit  une  portion  de  Hari,  qui  est  ne 
dans  le  désir  de  sauver  le  monde;  et  cette  fille  est  certainement  Çrî 
son  épouse  dévouée,  compagne  inséparable  du  Dieu  qu’elle  a suivi 
[sur  la  terre], 

7.  Alors  les  Brahmanes  louèrent  cet  enfant;  les  chefs  des  Gan- 
dharvas  chantèrent  ; les  Siddhas  laissèrent  tomber  une  pluie  de 
fleurs;  les  nymphes  célestes  exécutèrent  des  danses, 

8.  Les  conques,  les  instruments  de  musique,  les  tambourins  et 
les  timbales  retentirent  dans  le  ciel;  les  troupes  des  Dêvas,  des 
Rïchis  et  des  Pitrïs  se  rendirent  au  lieu  [où  était  né  ce  couple]. 


80 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

9.  Brahma,  le  précepteur  de  l’univers,  qui  y était  venu  aussi 
avec  les  Dieux,  chefs  des  Suras,  ayant  remarqué  dans  la  main 
droite  du  fils  de  Vêna  le  signe  du  Dieu  qui  porte  la  massue, 

10.  Et  sous  la  plante  de  ses  pieds  le  lotus,  reconnut  qu’il  était 
bien  une  portion  de  Ilari;  car  celui  sur  lequel  se  voit  l’empreinte 
de  l’irrésistible  Tchakra,  celui-là  est  une  portion  du  Seigneur. 

11.  Quand  les  Brahmanes  qui  expliquent  le  Vêda  se  préparèrent  à 
le  sacrer,  les  peuples  apportèrent  de  toutes  parts  ce  qui  devait  servir 
à la  cérémonie. 

12.  Les  fleuves,  les  mers,  les  montagnes,  les  éléphants,  les  va- 
ches, les  oiseaux,  les  animaux  des  forêts,  le  ciel,  la  terre,  tous  les 
êtres  enfin  se  réunirent  pour  lui  ofl'rir  des  présents. 

15.  Dès  qu’il  fut  sacré  Mahârâdja,  le  prince,  couvert  (le  riches 
vêtements  et  d’ornements  précieux,  et  accompagné  d’Arlchis  sa 
femme,  qui  était  bien  parée,  resplendit  comme  un  second  Agni. 

14.  Le  Dieu  qui  donne  les  richesses  lui  fit  présent,  ô guerrier, 
d’un  magnifique  trône  d’or;  Varuna,  d’un  parasol  éclatant  de  blan- 
cheur comme  la  lune,  duquel  s’échappait  de  l’eau; 

15.  Vâyu,  de  deux  éventails  faits  de  la  queue  [du  Yak];  Dharma, 
d’une  guirlande  de  gloire;  Indra,  d’un  diadème  élevé,  et  Vania,  du 
sceptre  fait  pour  punir; 

16.  Bralimâ,  d’une  cuirasse  formée  par  les  YYxlas;  Bhâratî,  d’un 
très-beau  collier;  Hari,  du  Tchakra  Sudarçana,  et  Lakclimî,  la 
femme  de  Ilari , d’un  bonheur  non  interrompu; 

.17.  Rudra,  d’un  glaive  dont  le  fourreau  était  orné  de  dix  lunes, 
et  Ambikâ,  d’une  arme  pareille  sur  la  gaîne  de  laquelle  cet  astre 
était  répété  cent  fois;  Sôma,  de  chevaux  formés  d’ambroisie;  Tvach- 
tri , d’un  char,  trésor  de  beauté  ; 

18.  Agni,  d’un  arc  fait  de  corne  de  bélier  et  de  taureau;  le  So- 
leil, de  flèches  faites  de  ses  rayons;  la  Terre,  de  sandales  formées 
par  le  Yoga;  le  Ciel,  d’une  guirlande  de  fleurs  qui  se  renouvelait 
chaque  jour. 

19.  Les  êtres  qui  habitent  l’atmosphère,  lui  donnèrent  l’habileté 
dans  les  arts  de  la  danse,  du  chant  et  des  instruments,  ainsi  que  la 


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LIVRE  QUATRIÈME.  SI 

(acuité  de  se  rendre  invisible;  les  Rïcliis,  des  bénédictions  sincères; 
et  l’Océan,  une  conque  née  dans  son  sein. 

20.  Les  mers,  les  montagnes  et  les  fleuves  donnèrent  à ce  prince 
magnanime  des  routes  pour  son  cbar;  ensuite  le  Barde,  le  Pané- 
gyriste et  le  Héraut  s'apprêtèrent  à le  louer. 

21.  Mais  l’héroïque  fils  de  Vêna,  Pritliu,  devinant  leur  dessein, 
leur  dit  en  souriant,  avec  une  voix  retentissante  comme  le  bruit 
des  nuages. 

22.  Pritliu  dit:  Barde,  Panégyriste,  et  toi,  mon  Héraut,  si  vous  me 
louez  aujourd’hui  que  mes  vertus  sont  encore  ignorées  du  monde, 
sur  quoi  porteront  vos  éloges?  Ali!  craignez  qu’en  me  célébrant  vos 
chants  ne  deviennent  menteurs. 

25.  Réservez  donc  pour  l’avenir,  ô vous  dont  les  chants  sont  si 
beaux,  la  louange  destinée  à la  gloire  qui'  m’est  promise.  Les 
membres  d’une  assemblée  où  doivent  se  chanter  les  vertus  du  Dieu 
dont  la  renommée  est  excellente,  ne  font  pas  louer  un  homme  d’un 
mérite  vulgaire. 

24.  Quel  est  l’homme  qui,  même  capable  de  réaliser  en  lui  les 
vertus  des  grandes  âmes,  se  fait  louer  par  des  panégyristes  pour  les 
mérites  qu’il  n’a  pas  encore?  « Mais,  [dit  le  Barde,]  ces  mérites  pour- 
« ront  lui  venir.  » Et  trompé  par  l’événement,  l’insensé  ne  s’aperçoit 
pas  qu’il  est  la  risée  du  monde. 

25.  Les  princes  les  plus  fameux  et  les  plus  magnanimes  con- 
naissent la  modestie,  et  ils  savent  repousser  aussi  bien  leur  propre 
éloge  qu’un  acte  de  courage  que  condamnerait  la  loi. 

26.  Mais  nous,  Barde,  qui  ne  sommes  pas  encore  connus  dans  le 
monde  par  des  actions  d'éclat,  comment  irions-nous,  ainsi  qu’un 
enfant,  nous  faire  louer  nous-mêmes? 

FIN  DU  QUINZIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE: 

HISTOIRE  DE  PHÏTHU , 

DANS  I.E  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀlVA, 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSE  PAR  VYÂSA . 

y II.  ...  il 


82 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 

* à 


CHAPITRE  XVI. 

ÉLOGE  DE  PRÏTHU. 

1.  Mâitrêya  dit  : Pendant  que  le  roi  parlait  ainsi,  les  Bardes,  ex- 
cités par  les  solitaires,  chantèrent  ses  louanges,  la  joie  dans  le  cœur, 
et  pleins  d’admiration  pour  ses  paroles,  semblables  à l'ambroisie. 

2.  Nous  ne  sommes  pas  capables,  [s'écrièrent-ils,]  de  célébrer  U 
grandeur,  6 toi  en  qui  s’est  incarné,  à l’aide  de  sa  Mâyâ,  le  souverain 
des  Dieux;  les  hauts  faits  du  héros  né  du  corps  de  Vêna  ont  troublé 
l’esprit  même  des  maîtres  de  l’éloquence. 

3.  Pleins  d’admiration  cependant  pour  l’ambroisie  des  histoires 
de  Prïthu,  de  ce  prince  illustre,  portion  incarnée  delà  substance 
de  Hari,  excités  par  les  solitaires,  nous  décrivons,  comme  il  nous 
est  ordonné,  ses  merveilleuses  actions. 

4.  11  est  le  premier  des  soutiens  de  la  loi;  il  fait  vivre  le  monde 
dans  la  justice , défendant  les  digues  qui  la  protègent,  et  punissant 
ceux  qui  les  franchissent. 

5.  Seul  il  réunit  dans  son  propre  corps  les  énergies  corporelles 
de  tous  les  Gardiens  de  l'univers,  distribuant,  selon  le  temps,  aux 
deux  mondes  la  part  de  biens  dont  chacun  a besoin. 

6.  Semblable  au  soleil  souverain  qui  luit  également  pour  tous  les 
êtres,  il  recueille  et  distribue  la  richesse  en  son  temps. 

7.  Constamment  ému  de  pitié  pour  les  malheureux , le  fils  de 
Vêna  supporte  avec  la  patience  de  la  terre  les  importunités  de  ceux 
même  qui  le  foulent,  pour  ainsi  dire,  sous  leurs  pieds. 

8.  Ce  prince , qui  est  Hari  lui-même  sous  la  forme  d’un  roi,  saura, 
quand  le  Dieu  du  ciel  refusera  de  pleuvoir,  protéger,  comme  Indra, 
ses  sujets  réduits  à une  existence  difficile. 

9.  Il  comble  le  monde  de  bonheur  en  lui  montrant  son  visage. 


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85 


LIVRE  QUATRIÈME. 

qui  ressemble  à l'astre  dont  la  forme  est  l’ambroisie,  où  brille  un 
regard  plein  de  bienveillance  et  qu'embellit  un  sourire  pur. 

10.  Dérobant  sa  marche  à tous  les  regards,  aie  laissant  pas  de- 
viner ses  actions,  concevant  de  profonds  desseins,  cachant  ses  ri- 
chesses, Prïthu,  ce  trésor  unique  des  qualités  infinies  de  la  grandeur, 
est  comme  le  Dieu  de  l’Océan  qui  se  contient  lui-même. 

11.  Sorti  de  Vêna,  comme  du  bob  de  l’Arani,  ce  feu,  dont  l’abord 
est  difficile  et  le  contact  intolérable,  est,  lorsqu’on  l'approche,  aussi 
indomptable  que  si  fon  s’en  tenait  éloigné. 

12.  Connaissant,  au  moyen  de  ses  émissaires,  les  actions  exté-' 
rieures  et  intérieures  de  tous  les  êtres,  le  roi  y reste  aussi  indifférent 
que  Vâyu , le  témoin  suprême  des  coeurs  dont  il  est  l’âme. 

15.  11  ne  punit  pas  l’innocent,  fût-ce  le  fils  d’un  de  ses  ennemis; 
il  punit  son  propre  fils  lui-même,  s’il  est  coupable,  persistant  ainsi 
dans  la  voie  de  la  justice. 

14.  L’autorité  de  Prïthu  ne  rencontre  pas  d’obstacles  depuis  la 

montagne  du  lac  Mânasa  jusqu'aux  lieux  que  le  divin  soleil  éclaire 
de  ses  rayons.  • ... 

15.  Comme  il  doit  s'attirer  l’amour  du  monde  par  ses  actions,  les 
peuples,  obéissant  à l'affection  de  leur  cœur,  font  nommé  Râdjau. 

16.  Car  il  sera  exact  observateur  de  ses  devoirs,  fidèle  à sa 
parole,  ami  des  Brahmanes,  respectueux  pour  les  vieillards,  seeou- 
rable  pour  tous  les  êtres,  attentif  à honorer  chacun,  et  compatissant 
pour  les  malheureux. 

17.  Il  traitera  la  femme  d’un  autre  avec  le  respect  d’un  fils  pour 
une  mère,  sa  propre  femme  comme  la  moitié  de  lui-même,  ses 
sujets  avec  l’affection  d’un  père  pour  ses  enfants,  et  les  sages  qui 
expliquent  le  Vêda,  avec  la  soumission  d’un  esclave. 

18.  Il  sera  pour  chacun  plus  cher  que  son  cœur  même;  il  augmen- 
tera le  bonheur  de  ses  amis;  il  n'aura  d'attachement  que  pour  ceux 
qui  n’en  ont  pour  rien;  il  frappera  de  son  sceptre  les  méchants. 

19.  Oui,  ce  prince  est  Bhagavat,  qui  s’est  incarné  avec  une  por- 
tion de  sa  substance;  c’est  le  maître  des  trois  qualités,  l’Esprit  im- 
muable, au  sein  duquel  se  montre  la  diversité  des  êtres,  qui  mal- 

u. 


84 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

gré  son  apparente  réalité,  n'est  qu’un  vain  produit  de  l'ignorance. 

20.  Souverain  maître  des  rois,  héros  incomparable,  il  protégera 
la  terre  depuis  la  .montagne  de  l’Orient  [jusqu'à  ses  extrémités]; 
monté  sur  son  char  victorieux,  l'arc  en  main,  il  fera  le  tour  du 
monde,  comme  le  soleil,  en  le  laissant  à sa  droite. 

21.  Les  rois  et  les  Gardiens  du  monde  lui  présenteront  en  tous 
lieux  l'offrande;  leurs  femmes,  célébrant  sa  gloire,  reconnaîtront 
pour  le  premier  des  rois  celui  dont  l’arme  est  le  Tcbakra. 

22.  Monarque  souverain,  chef  des  créatures,  il  a trait  la  terre 
‘comme  on  trait  une  vache,  pour  assurer  la  subsistance  de  son 
p’euple;  et  semblable  à Indra,  brisant,  en  se  jouant,  les  montagnes 
avec  le  Iwut  de  son  arc,  il  a su  aplanir  la  surface  de  la  terre. 

23.  Quand,  semblable  au  lion  qui  redresse  sa  queue,  il  parcourut 
le  monde  en  faisant  retentir  son  arc  de  corne,  invincible  dans  le 
combat,  les  méchants  s’enfuirent  vers  tous  les  points  de  l'horizon. 

24.  Il  offrit  cent  fois  le  sacrifice  du  cheval,  où  se  montra  Sarasvati; 
mais  pendant  la  dernière  de  ces  cérémonies,  le  vainqueur  de  Pura, 
le  Dieu  aux  cent  sacrifices,  lui  déroba  la  victime. 

25.  S’étant  rendu  auprès  du  bienheureux  Sanatkumàra,  qui  était 
seul  dans  le  jardin  de  son  palais,  et  l'ayant  honoré  avec  dévotion, 
Prïthu  en  reçut  cette  science  pure  par  laquelle  on  connaît  Brahma, 
l’Etre  suprême. 

26.  Dans  tous  les  lieux,  comme  dans  tous  les  discours,  Prïthu, 
dont  les  hauts  faits  sont  si  célèbres  et  dont  l’héroïsme  est  répandu 
au  loin,  n’entendra  que  des  hymnes  dont  il  sera  l’objet. 

27.  Vainqueur  de  l’univers  entier,  ne  voyant  nulle  part  d’obstacle 
à son  pouvoir,  ayant  déraciné  par  sa  vigueur  les  épines  du  monde, 
entendant  célébrer  sa  grandeur  par  les  chefs  des  Suras  et  des  Asuras, 
il  sera  le  maître  de  la  terre. 

fl»  DU  SEJLlÉME  CHAPITRE,  Aï  A ST  POUR  TITRE  : 

ÉLOGE  DE  PRÏTHU, 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PU  RANA , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VïJsA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


85 


CHAPITRE  XVII. 

SOUMISSION  DE  LA  TERRE.  ‘ 

1.  Mâitrêya  dit  : Ainsi  célébré  dans  ses  actions  et  dans  ses  vertus, 
le  bienheureux  fils  de  Vêna,  rendant  à ses  Bardes  leur  salut  et  leurs 
hommages,  les  charma  en  leur  donnant  les  récompenses  désirées. 

2.  11  honora  aussi  les  classes  et  les  Brahmanes  leurs  chefs,  les 
prêtres  de  sa  famille,  ses  conseillers  et  ses  serviteurs,  les  habitants 
de  la  ville,  ceux  de  la  campagne,  les  artisans  et  lps  domestiques. 

5.  Vidura  dit  : D’où  vient  que  la  terre,  qui  a tant  de  formes,  prit 
celle  d’une  vache  qui  fut  traite  par  Prîthu?  Qu’est-ce  qui  fut  alors  le 
jeune  veau  et  le  vase  à recevoir  le  lait? 

4.  Comment  la  divine  terre , qui  est  naturellement  inégale , fut- 
elle  unie  à sa  surface  par  Prîthu?  Pourquoi  le  Dieu  [du  ciel]  en- 
leva-t-il à ce  roi  le  cheval  qui  était  destiné  au  sacrifice  ? 

5.  Dans  quelle  voie  entra  le  Rïchi  des  rois,  après  avoir  reçu  la 
science  divine  et  humaine  de  la  bouche  du  bienheureux  Sanatku- 
mâra,  le  plus  excellent  de  ceux  qui  connaissent  le  Vêda? 

6.  Enfin,  s’il  y a encore  quelque  sainte  histoire  du  bienheureux 
Krïchna,  du  souverain  Seigneur  dont  la  gloire  est  excellente,  his- 
toire qui  se  rapporte  au  récit  de, sa  première  incarnation, 

7.  Lorsque,  sous  la  forme  du  fils  de  Vêna,  il  vint  traire  cette 
vache  de  la  terre,  daigne  la  raconter  à un  auditeur  dévoué,  plein 
d'attachement  pour  toi  et  pour  Adhôkchadja. 

SÛTA  dit: 

8.  Ainsi  excité  par  Vidura  à raconter  l’histoire  du  fils  de  Vasu- 
dèva,  Mâitrêya,  lui  ayant  témoigné  son  approbation,  lui  répondit 
ainsi,  la  joie  dans  le  coeur. 


86  LE  BHÂGAVATA  PURÀtfA. 

9.  Mâitrêya  dit  : Lorsque  Prîtliu  eut  été  sacré  par  les  Brahmanes 
qui  l’avaient  salué  du  titre  de  protecteur  du  peuple,  ses  sujets,  voyant 
la  surface  de  la  terre  stérile,  se  rendirent  auprès  de  leur  roi,  le 
corps  amaigri  par  la  faim,  et  lui  parlèrent  ainsi  : 

10.  O roi!  dévorés  par  une  fièvre  intérieure,  comme  des  arbres 
dont  le  cœur  est  consumé  par  le  feu,  nous  venons  aujourd’hui  cher- 
cher un  asile  auprès  de  toi,  de  toi  qui  es  secourable  et  qui  as  été 
créé  notre  maître  pour  assurer  notre  existence. 

11.  Fais  donc  effort,  6 toi  qui  es  un  Dieu  parmi  les  Dieux  des 
hommes,  pour  donner  de  la  nourriture  à des  malheureux  tour- 
mentés par  la  faim,  de  peur  que  nous  ne  périssions  privés  de  sub- 
sistance; car  tu  es  le  maître  de  la  vie,  le  protecteur  du  monde. 

12.  Prïthu  ayant  entendu  la  plainte  lamentable  de  ses  sujets, 
en  chercha  longtemps  la  cause,  et  finit  par  la  découvrir. 

15.  Certain  d’avoir  reconnu  [ l’origine  de  la  disette],  il  saisit  son 
arc,  et  l'arma  d’une  flèche  pour  en  frapper  la  terre,  irrité  comme  le 
Dieu  destructeur  de  Tripura. 

u.  Tremblante  d'effroi  à la  vue  de  l'arc  dirigé  contre  elle,  la  terre, 
se  changeant  en  vache,  s’enfuit  effrayée,  comme  la  gazelle  que  pour- 
suit le  chasseur. 

• • 

15.  Furieux,  les  yeux  rouges  de  colère,  le  fils  de  Vêna  se  mit  à 
la  poursuivre  dans  tous  les  lieux  où  elle  cherchait  à se  réfugier, 
tenant  toujours  la  flèche  sur  son  arc. 

16.  Elle  avait  beau  parcourir  les  points  principaux  et  secondaires 
de  l’espace,  la  terre,  le  ciel  et  l’atmosphère  qui  les  sépare,  partout 
elle  voyait  le  guerrier  qui  la  poursuivait  l’arc  en  main. 

17.  Elle  ne  trouva  dans  le  monde  pas  plus  de  secours  contre  Pri- 
thu  que  n’en  trouvent  les  hommes  contre  la  mort;  épouvantée  enfin, 
elle  suspendit  sa  course,  le  cœur  brisé  de  douleur; 

18.  Et  elle  parla  ainsi  au  guerrier  magnanime  : O toi  qui  connais 
la  loi  et  qui  aimes  ceux  qui  t’implorent!  quoique  tu  veuilles  pro- 
téger tes  sujets,  accorde-moi  ton  appui. 

19.  Pourquoi  cherches-tu  à tuer  une  malheureuse  qui  n’a  com- 


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• LIVRE  QUATRIÈME. 

mis  aucune  faute?  Gomment  un  prince  qui  passe  pour  connaître  la 
loi  pourrait-il  tuer  une  femme? 

20.  Les  hommes,  en  effet,  ne  frappent  jamais  une  femme,  même 
lorsqu’elle  est  coupable;  que  sera-ce  donc  d’un  monarque  qui  est, 
comme  toi,  compatissant  et  ami  des  malheureux? 

21.  Si  tu  me  déchires,  moi  qui  suis  le  vaisseau  solide  sur  lequel 
repose  l’univers,  comment  pourras-tu  te  soutenir  au-dessus  des  eaux 
toi  et  ton  peuple? 

22.  Prîthu  dit  : Ô terre!  je  te  détruirai,  parce  que  tu  refuses 
d’obéir  à mes  ordres,  toi  qui,  prenant  ta  part  du  sacrifice,  ne  nous 
donnes  pas  les  biens  [que  tu  possèdes]. 

23.  La  mauvaise  vache  qui,  mangeant  l’herbe  chaque  jour,  refuse 
de  laisser  couler  le  lait  de  ses  mamelles,  ne  mérite-t-elle  pas  d’être 
châtiée  pour  cette  faute? 

24.  insensée!  c’est  par  mépris  pour  moi  que  tu  ne  laisses  pas 
paraître  les  germes  des  plantes  créées  jadis  par  Svayainbhû  et  qui 
sont  renfermées  dans  ton  sein. 

25.  J’apaiserai  les  plaintes  de  mes  sujets  misérables  que  la  faim 
tourmente,  en  te  perçant  de  mes  flèches  et  en  leur  donnant  ta  chair. 

20.  Le  méchant,  que  ce  soit  un  homme,  une  femme  ou  un  eu- 
nuque, qui,  ne  songeant  qu’à  lui,  n’a  pas  de  pitié  pour  les  créa- 
tures, peut  être  tué  par  un  roi;  sa  mort  n'est  pas  un  meurtre. 

27.  Par  la  force  du  Yôga  dont  je  dispose,  je  te  briserai  à coups 
de  flèches  en  morceaux  aussi  petits  que  la  graine  de  sésame,  toi 
qui , par  obstination  et  par  orgueil , te  déguises  sous  cette  forme  de 
vache,  et  je  soutiendrai  ainsi  mes  peuples. 

28.  (Mâitrêya  dit:]  S’inclinant  avec  respect  devant  le  roi,  dont  la 
contenance  irritée  ressemblait  à celle  du  Dieu  de  la  mort,  la  terre 
lui  parla  ainsi , tremblante  de-  crainte  : 

29.  Adoration  à l’Esprit  suprême  qui,  revêtu  de  qualités,  paraît, 
à l’aide  de  sa  Mâyâ,  sous  des  formes  diverses!  adoration  à celui  qui, 
par  la  majesté  de  sa  forme  véritable,  dissipe  le  trouble  de  l’erreur, 
que  causent  la  matière,  l'action  et  la  qualité  d’agent! 

30.  Celui  qui  m’a  créée  pour  que  je  fusse  le  séjour  des  êtres 


88 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

vivants,  et  que  je  renfermasse  en  mon  sein  les  produits  des  qualités, 
le  voilà,  ce  souverain,  armé  de  son  arc  et  prêt  à me  frapper.  En 
est-il  un  autre  auprès  de  qui  je  puisse  chercher  un  asile? 

51.  Cet  Etre  qui  créa  jadis  l’univers  mobile  et  immobile  à l’aide 
de  son  incompréhensible  Mâyâ,  asile  de  l’âme  individuelle,  cet  Être 
est  prêt  à me  protéger  de  sa  puissance.  Comment,  en  effet,  ami 
comme  il  l’est  de  la  justice,  voudrait-il  me  tuer? 

52.  Sans  doute  les  hommes  dont  l'esprit  est  troublé  par  l’insur- 
montable Mâyâ  de  l’Etre  suprême,  n’aperçoivent  pas  l’action  de  celui 
qui,  sans  supérieur  et  unique,  a agi  et  a fait  agir  par  un  autre, 
comme  s’il  était  multiple. 

55.  Celui  qui  accomplit  la  création  [la  conservation  et  la  destruc- 
tion] de  cet  univers  au  moyen  de  ses  énergies,  qui  sont  la  matière, 
l’action,  les  agents,  l’intelligence  et  la  personnalité;  celui  qui  pro- 
duit au  dehors  et  ramène  en  son  sein  ses  énergies,  cet  Esprit  su- 
prême, qui  est  Vêdhas,  je  lui  fais  adoration. 

54.  C’est  toi-même,  Seigneur,  toi  l’Etre  incréé,  qui,  voulant  éta- 
blir sur  des  fondements  solides  l’univers  créé  par  toi,  et  formé  des 
éléments,  des  sens  et  de  la  personnalité,  as  pris  au  commencement 
la  figure  d’un  sanglier  pour  me  retirer  des  eaux  de  l'Abîme. 

55.  Aujourd’hui,  désireux  de  protéger  les  créatures  que  je  sup- 
porte comme  ferait  un  vaisseau  flottant  sur  les  eaux,  le  voilà,  ce 
soutien  de  la  terre,  qui  se  montre  sous  la  forme  d’un  guerrier  pour 
me  tuer  de  ses  flèches  terribles,  afin  d’avoir  mon  lait. 

56.  Sans  doute  les  créatures  qui  troublées,  comme  moi,  par  sa 
Mâyâ  d’où  naissent  les  qualités,  ont  perdu  les  voies  de  l’esprit,  ne 
connaissent  pas  la  conduite  des  grands  hommes  [qui  lui  sont  dé- 
voués]. Aussi  adressé-je  mon  hommage  à ceux  qui  augmentent  la 
gloire  des  sages. 

t-rs  OU  DIX-SEPTIEME  CHAPITRE  AVANT  POUR  TITRE  : 

SOUMISSION  DE  LA  TERRE, 

DANS  L'HISTOIRE  DE  PRITHU,  AU  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURANA  . 

LE  BIENHEUREUX  UHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÎSA. 


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LIVRE  QUATRIEME. 


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CHAPITRE  XVIII. 

PRlTHU  trait  la  terre. 


1.  Mâitrêya  dit  : Ayant  ainsi  loué  Prîthu,  dont  la  lèvre  inférieure 
tremblait  de  colère,  la  terre  épouvantée,  se  rendant  enfin  maî- 
tresse de  son  trouble,  reprit  en  ces  termes  : 

2.  Retiens  ta  colère,  A Seigneur,  et  consens  à écouter  mes  paroles; 
le  sage,  semblable  à l’abeille,  sait  retirer  de  toutes  choses  une  subs- 
tance précieuse. 

5.  Les  solitaires,  qui  connaissent  la  vérité,  ont  prévu  et  employé 
les  moyens  faits  pour  assurer  le  bonheur  des  hommes,  tant  dans  ce 
monde  que  dans  l’autre. 

A.  L'homme  simple,  mais  rempli  de  foi,  qui  emploie  d’une  ma- 
nière convenable  ces  moyens  reconnus  depuis  longtemps,  en  ob- 
tient bien  vite  les  résultats. 

5.  Mais  le  sage  même  qui  se  met  à l’œuvre,  sans  tenir  compte 

de  ces  moyens,  voit  ses  desseins  échouer  chaque  fois  qu’il  veut  les 
accomplir.  * 

6.  J’ai  vu,  6 roi,  les  plantes  annuelles,  créées  jadis  par  Brahmâ, 
dévorées  par  des  méchants,  contempteurs  des  cérémonies. 

7.  Privée  de  la  protection  et  du  respect  qui  m’étaient  dus  par  les 
maîtres  du  monde,  voyant  l’univers  en  proie  aux  voleurs,  je  mangeai 
les  plantes  dans  l’intérêt  du  sacrifice. 

8.  Sans  doute  elles  se  sont  depuis  longtemps  détruites  dans  mon 
sein;  aussi  dois-tu,  pour  les  en  retirer,  employer  le  moyen  que  je 
vais  t’indiquer. 

9.  Présente-moi  un  jeune  veau,  prince  héroïque,  afin  que  je  de- 
vienne pour  toi  la  vache  féconde;  prends  un  vase  convenable,  et  je 
te  donnerai  tous  les  biens,  comme  une  vache  donne  son  lait. 


90 


LE  BHÀGAVATA  PERÀNA. 


10.  Amène-moi  quelqu’un  pour  nie  traire,  ô toi  qui  désires  assu- 
rer l’existence  des  êtres,  si  tu  veux  obtenir  la  nourriture  aimée  des 
mortels  et  qui  donne  la  force. 

11.  Et  rends  unie  ma  surface , ô roi , pour  que  l’eau  versée  par  le 
Dieu  du  ciel,  même  hors  de  la  saison  des  pluies,  me  baigne  de 
toutes  parts,  et  que  le  bonheur  soit  avec  toi! 

12.  Se  conformant  au  conseil  amical  et  utile  de  la  terre,  le  roi 
lui  donna  pour  veau  le  Manu,  et  se  mettant  à la  traire  de  sa  main, 
il  en  tira  toutes  les  plantes  annuelles. 

15.  C’est  ainsi  que  d’autres  sages  ont  su,  comme  ce  roi,  retirer 
de  toutes  choses  une  substance  précieuse;  les  autres  êtres  vin- 
rent également  traire,  selon  leurs  désirs,  la  terre  soumise  par  Pri- 
thu. 

14.  Les  Rïchis,  à sage  excellent,  lui  donnant  Vrihaspati  pour 
veau,  vinrent  aussi  traire  la  vache  divine;  leurs  organes  étaient  le 
vase  dans  lequel  ils  reçurent  le  pur  lait  des  chants  sacrés. 

15.  Les  troupes  des  Suras,  lui  amenant  Indra  comme  veau,  en 
tirèrent  le  Sàma,  ce  lait  qui  donne  la  force,  l’énergie,  la  vigueur, 
et  le  reçurent  dans  un  vase  d’or. 

16.  Les  Dâityas  et  les  Dânavas,  prenant  comme  veau  Prahrâda, 
chef  des  Asuras,  vinrent  la  traire,  et  reçurent  dans  un  vase  de  fer 
le  lait  des  liqueurs  spiritueuses  et  des  sucs  fermentés. 

17.  Les  Gandharvas  et  les  Apsaras,  prenant  un  lotus  pour  vase, 
vinrent  aussi  traire  la  vache;  Viçvâvasu  lut  le  veau;  le  lait  fut  la 
douceur  de  la  voix  et  la  beauté  des  Gandharvas. 

16.  Les  Pitrîs,  dont  Aryauian  était  le  veau,  eurent  pour  lait  l’of- 
lrande  qu’on  présente  aux  Mânes;  les  Divinités  des  funérailles,  ô 
grand  sage,  la  recueillirent  avec  foi  dans  un  vase  d’argile  crue. 

19.  Kapila  fut  le  veau  des  Siddhas  et  des  Yidyâdharas;  le  ciel  fut 
le  vase  dans  lequel  ils  reçurent  les  charmes  et  la  puissance  surnatu- 
relle qui  consiste  dans  l’acte  seul  de  la  volonté. 

20.  D’autres  Dieux  livrés  à la  magie,  prenant  Maya  pour  veau, 
reçurent  la  Mâyâ,  simple  acte  de  la  réflexion,  que  connaissent  les 
êtres  merveilleux  qui  peuvent  disparaître  à leur  gré. 


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LIVRE  QUATRIÈME 


91 


31.  Les  Yakcbas,  les  Râkchasas,  les  Bhutas,  les  Piçâtckas  et  les 
Démons  qui  se  nourrissent  de  chair,  prirent  pour  veau  le  chef  des 
Bhûtas,  et  reçurent  dans  un  crâne  le  sang  dont  ils  s’enivrent. 

•22.  Les  reptiles,  les  serpents,  les  animaux  venimeux,  les  Nâgas 
prirent  Takchaka  pour  veau,  et  reçurent  dans  leur  bouche  le  poison 
qu'ils  avaient  trait  de  la  vache. 

25.  Prenant  pour  veau  le  taureau,  et  pour  vase  les  forêts,  les  bes- 
tiaux reçurent  l’herbe  des  pâturages.  Accompagnées  du  roi  des  ani- 
maux, les  bêtes  féroces, 

•24.  Qui  se  nourrissent  de  chair,  prirent  la  viande  chacune  dans 
leur  corps;  et  les  volatiles,  amenant  comme  veau  Suparna,  eurent 
pour  leur  part  l’insecte  qui  se  meut  et  le  fruit  immobile. 

25.  Les  arbres,  rois  des  forêts,  prenant  le  figuier  pour  veau, 
recueillirent  chacun  le  lait  de  leur  propre  sève;  les  montagnes, 
amenant  l’Himavat,  recueillirent  chacune  sur  leurs  sommets  les 
métaux  variés. 

•26.  Toutes  les  créatures  enfin,  prenant  comme  veau  le  chef  de 
leur  espèce,  reçurent  chacune  dans  leur  vase  le  lait  quelles  étaient 
venues  traire  de  la  vache , mère  féconde  de  tous  biens , qu’avait 
domptée  Prithu. 

27.  C’est  ainsi,  ô descendant  de  Kuru,  que  Prïthu  et  les  autres 
êtres,  avides  de  nourriture,  trouvèrent  tous  d’excellents  aliments 
dans  les  diverses  espèces  de  lait  qu’ils  reçurent,  en  présentant  cha- 
cun à la  terre  son  veau  et  son  vase. 

28.  Prïthu  satisfait  prit  ensuite  pour  fille  la  terre,  source  de  tous 
biens,  la  traitant,  dans  son  affection,  comme  une  fille  qu’on  nourrit 
de  son  lait. 

29.  Renversant  du  bout  de  son  arc  les  sommets  des  montagnes, 
le  roi  des  rois,  le  puissant  fils  de  Vêna,  unit  parfaitement  la  surface 
de  la  terre. 

50.  Ensuite  ce  roi  bienheureux,  père  des  hommes  qu’il  venait  de 
nourrir,  leur  construisit  en  divers  lieux  des  habitations,  selon  qu’il 
convenait  à chacun, 

51.  Des  villages,  des  cités,  des  villes,  des  forteresses  de  divers 


92  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

genres,  des  demeures  pour  les  bergers,  des  parcs,  des  camps,  des 
mines,  des  hameaux,  des  bourgs. 

32.  Avant  Prîtliu  on  n'avait  pas  bâti  sur  la  terre  de  villes  ni  de 
villages;  les  hommes  s’y  établirent  comme  ils  l'entendaient  et  y 
vécurent  en  sécurité. 

PIS  OC  DIX  -HUITIEME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE: 

PRÏTHÜ  TRAIT  LA  TERRE. 

DANS  L'HISTOIRE  DE  PRÏTHÜ , AD  QUATRIEME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀNA. 

LE  DIENUEUREUX  BHÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


93 


CHAPITRE  XIX. 

DISCOURS  DE  BRAHMA. 

1 . Mâitrêya  dit  : Ensuite  le  roi  se  prépara  à célébrer  cent  fois  le 
sacrifice  du  cheval  dans  le  Brabmâvarta,  le  pays  du  Manu,  dont  la 
Sarasvatî  forme  la  limite  orientale. 

2.  Reconnaissant  quelle  supériorité  cette  cérémonie  donnait  au 
roi  sur  lui,  le  bienheureux  Çatakratu  ne  put  souffrir  que  Prïthu 
achevât  la  grande  fête  du  sacrifice, 

3.  Où  le  chef  du  sacrifice,  le  bienheureux  Hari,  qui  est  le  Sei- 
gneur même,  l’âme  de  l’univers,  le  précepteur  et  le  souverain  de 
tous  les  mondes,  apparut 

4.  Suivi  de  Brahmâ,  de  Çarva  et  des  Gardiens  du  monde,  accom- 
pagnés chacun  de  leurs  serviteurs,  et  célébré  parles  chants  des  Gan- 
dliarvas,  des  solitaires  et  des  troupes  des  Apsaras. 

5.  Les  Siddhas,  les  Vidvâdharas,  les  Dâityas,  les  Dânavas,  les 
Guhyakas,  les  chefs  de  l’assemblée  de  Hari,  précédés  de  Sunanda  et 
de  Nanda, 

6.  Kapila,  Nârada,  Datta,  Sanaka  et  les  autres  maîtres  du  Yôga, 
tous  ces  personnages  dévoués  à Bhagavat,  y accompagnèrent  Hari, 
ainsi  que  ceux  qui  aspirent  à lui  rendre  un  culte. 

7.  A ce  sacrifice,  6 fils  de  Bharata!  se  laissant  traire  dans  l’intérêt 
de  la  loi,  la  terre,  source  de  tous  les  biens,  livra  au  roi  sacrificateur 
tout  ce  qu’il  désirait. 

8.  Les  fleuves  roulèrent  dans  leur  lit  des  sucs  de  toute  espèce,  du 
lait,  du  lait  caillé,  du  riz  cuit  et  de  la  crème;  les  arbres  au  tronc- 
puissant  se  couvrirent  de  fruits,  et  le  miel  coula  [de  leurs  rameaux].» 

9.  Les  Océans  apportèrent  des  mines  de  joyaux;  les  montagnes, 
des  aliments  de  quatre  espèces;  tous  les  mondes  avec  leurs  Gardiens 
présentèrent  leur  offrande. 


94 


LE  BHÂGAVATA  PURANA 

10.  Mais  le  bienheureux  Indra,  jaloux  de  la  félicité  suprême  dont 
jouissait  Prïthu,  qui  avait  pour  Seigneur  Adhôkchadja,  voulut  y 
mettre  obstacle. 

11.  Au  moment  où  le  fds  de  Vêna  célébrait  le  dernier  Açvamêdha 
en  l’honneur  du  Chef  des  sacrifices,  le  Dieu  rival  du  roi  vint,  sans 
être  vu,  enlever  l’animal  consacré. 

12.  Le  bienheureux  Atri  aperçut  le  Dieu  qui  s’enfuyait  à travers 
le  ciel,  couvert  du  vêtement  des  hérétiques  comme  d’une  armure, 
et  jetant  par  sa  conduite  de  l’incertitude  sur  la  loi. 

15.  Excité  par  Atri,  qui  l’engageait  à tuer  Indra,  le  fils  de  Prïthu, 
monté  sur  un  grand  char,  le  poursuivit,  plein  de  colère,  en  lui 
criant  : Arrête!  arrête! 

14.  Mais  en  voyant  Indra  sous  ce  déguisement,  avec  ses  cheveux 
nattés  et  la  poussière  qui  couvrait  son  corps,  le  prince  crut  que 
c’était  Dharma  revêtu  d’un  corps  humain,  et  il  ne  décocha  pas  sa 
flèche  contre  lui. 

15.  Atri  excita  de  nouveau  le  prince  qui  avait  renoncé  à frapper 
le  Dieu  : Frappe,  ami,  ce  destructeur  du  sacrifice,  le  grand  Indra, 
le  dernier  des  Immortels. 

16.  Poussé  par  ces  paroles,  le  petit-fils  dé  Vêna  poursuivit,  plein 
de  rage , le  Dieu  qui  fuyait  à travers  le  ciel , semblable  à Râvana 
lorsqu  il  était  poursuivi  par  le  Roi  des  vautours. 

17.  Alors  quittant  son  déguisement  et  abandonnant  le  cheval  au 
guerrier,  Indra  disparut  à ses  yeux-,  le  héros,  reprenant  la  victime, 
retourna  au  sacrifice  que  célébrait  son  père. 

18.  A la  vue  do  l'action  héroïque  du  jeune  homme,  les  Rïchis 
suprêmes,  ô seigneur,  lui  donnèrent  le  nom  de  Vidjitâçva  (celui 
qui  a conquis  le  cheval  ). 

19.  Mais  le  ravisseur,  s’enveloppant  d’une  obscurité  profonde,  lui 
enleva  de  nouveau,  sans  être  vu,  le  cheval  à la  bride  d’or,  en  déta- 
chant l’anneau  de  bois  qui  le  retenait  au  poteau. 

20.  Atri  montra  encore  au  guerrier  le  Dieu  qui  se  sauvait  à tra- 
vers les  airs,  portant  un  bâton  surmonté  d’un  crâne;  mais  le  jeune 
homme  ne  le  frappa  pas. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  95 

41.  Excité  cependant  par  Atri,  il  voulut  lui  lancer,  dans  sa  colère, 
une  flèche.aiguë;  Indra,  quittant  sa  figure  et  abandonnant  le  cheval 
au  guerrier,  disparut  à ses  yeux. 

22.  Le  héros,  reprenant  le  cheval,  retourna  au  sacrifice  de  son 
père  ; les  hommes  de  peu  de  science  s’emparèrent  de  la  forme  cou- 
pable du  ravisseur. 

25.  Toutes  les  formes  que  prit  Indra  pour  enlever  le  cheval  sont 
autant  d'insignes  du  péché.  Ici  [dans  Pâchanda]  le  mot  Chanda 
veut  dire  signe. 

24.  C’est  ainsi  que,  pendant  qu’Indra  enlevait  le  cheval  pour 
détruire  le  sacrifice  du  fils  de  Vêna,  l’esprit  des  hommes  s’attacha 
aux  formes  de  péché  qu’il  revêtait  et  quittait  tour  à tour  ; 

25.  Et  en  voyant  des  religieux  nus  ou  couverts  de  vêtements 
jaunes,  adroits  et  beaux  parleurs,  le  peuple,  dans  sou  ignorance,  dit 
de  leur  loi  trompeuse  : Voilà  la  loi. 

26.  A cette  vue , le  bienheureux  Prïlhu , dont  l’héroïsme  était 
immense,  banda  son  arc,  et  dirigea,  dans  sa  colère,  une  flèche 
contre  Indra. 

27.  Les  prêtres  officiants,  voyant  le  roi,  dont  l’aspect  était  redou- 
table et  l’impétuosité  irrésistible,  décidé  à tuer  Indra,  l’arrêtèrent 
en  lui  disant  : Prince  magnanime,  nul  ici  ne  doit  être  mis  à mort 
que  la  victime  désignée. 

28;  Nous  allons  appeler  ici,  par  des  invocations  efficaces,  le  Dieu 
ami  «les  Maruts,  qui  s’oppose  à tes  desseins  et  dont  ta  gloire  anéantit 
l’éclat;  et  maîtres  de  ton  ennemi,  nous  accomplirons  le  sacrifice  en 
versant  l’offrande  dans  le  feu. 

2».  Après  avoir,  ô Vidura , donné  ce  conseil  à celui  qui  faisait 
célébrer  le  sacrifice,  les  Rïtvidjs  irrités  prirent  en  main  la  cuiller 
de  l'offrande;  mais  au  moment  où  ils  commençaient,  Svavambhû 
survenant  les  arrêta. 

30.  Non,  [leur  dit-il,]  il  ne  faut  pas  mettre  à mort  cet  Indra  que 
vous  voulez  anéantir  dans  l'intérêt  de  votre  sacrifice,  parce  que  ce 
Dieu  dont  les  Suras,  honorés  par  l'oblation,  sont  les  membres,  n’est 
autre  que  Yadjna,  lequel  est  le  corps  même  de  Bhagavat. 


96 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA.’ 


si.  Voyez,  ô Brâhmanes,  le  tort  extrême  que  fait  à la  loi  Indra  en 
voulant  anéantir  la  cérémonie  préparée  par  le  roi. 

52.  Que  Prïthu,  dont  la  gloire  est  répandue  au  loin,  se  contente 
de  quatre-vingt-dix-neuf  offrandes;  tu  as  assez  célébré  d’heureux 
sacrifices,  puisque  tu  connais  les  lois  du  salut. 

53.  Tu  ne  dois  pas  t’indigner  contre  le  grand  Indra,  qui  est 
comme  un  autre  toi-même;  car  vous  êtes  l’un  et  l’autre  (et  puisse 
le  bonheur  être  avec  toi  ! ) des  formes  du  Dieu  dont  la  gloire  est 
excellente. 

34.  Ne  songe  plus,  ô grand  roi,  à cet  obstacle;  écoute  mes  paroles 
avec  respect;  car  le  cœur  de  l'homme  qui  s'obstine  à faire  ce  que 
défend  le  Destin,  tombe,  plongé  par  l’excès  de  la  colère,  dans  l’abîme 
des  Ténèbres. 

55.  Cesse  donc  ce  sacrifice  peu  agréable  aux  Dieux,  et  où  la  loi 
est  violée  par  les  déguisements  coupables  que  revêt  Indra. 

36.  Vois  le  monde  entraîné  par  ces  déguisements  coupables,  sé- 
ducteurs, créés  par  Indra,  qui  tour  à tour  arrête  ton  sacrifice  et  te 
rend  le  cheval. 

37.  Fils  de  Vêna,  loi  qui  es  une  portion  de  Vichnu  même,  sortie 
du  corps  de  ton  père,  tu  es  descendu  en  ce  monde  pour  protéger, 
d’accord  avec  les  diverses  doctrines  avouées  [parmi  les  hommes], 
la  justice  qu'avaient  suspendue  les  désordres  de  Vêna. 

38.  Songeant,  ô chef  des  êtres,  à l’origine  de  cet  univers,  hâte- 
tôi  de  remplir  l’attente  des  Créateurs  du  monde,  et  triomphe  de 
cette  Illusion,  mère  de  la  fausse  loi,  qu’Indra  t’oppose,  et  qui  ouvre 
la  voie  aux  violentes  hérésies. 

39.  Ainsi  éclairé  par  le  Précepteur  (les  mondes,  le  roi  des  hommes 
suivit  les  conseils  du  Dieu,  et  contracta  de  plus  amitié  et  alliance 
avec  Maghavan. 

40.  Quand  Prïthu,  qui  avait  célébré  de  nombreux  sacrifices,  eut 
pris  le  bain  qui  termine  la  cérémonie,  les  Dieux,  dispensateurs  de 
tous  les  dons,  qui  avaient  été  satisfaits  de  ses  offrandes,  le  com- 
blèrent de  présents. 

41.  Les  Brâhmanes,  6 guerrier,  dont  les  bénédictions  sont  infaii- 


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LIVRE  QUATRIÈME.  97 

libles,  satisfaits  des  présents  qu'ils  avaient  reçus  avec  foi  et  des 
honneurs  dont  ils  avaient  été  comblés,  adressèrent  leurs  souhaits 
au  premier  des  rois. 

42.  Appelés  par  toi,  prince  aux  grands  bras,  [ lui  dirent-ils,]  nous 
sommes  arrivés  tous  à ta  voix,  Pitrïs,  Dêvas,  Rïchis  et  hommes,  et 
nous  avons  été  comblés  de  présents  et  d’honneurs. 

FIN  DU  DIX-NEUVIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POÜR  TITRR  : 

DISCOURS  DE  DHAIiMÂ , 

• DANS  L'HISTOIRE  DE  PRÏTHU.AU  QUATRIEME  LIVRE  DU  GRAND  PURAKA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL.  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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98  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA, 


CHAPITRE  XX. 

ÉLOGE  DE  PRÏTHU. 

1.  Mâitrêya  dit  : Bhagavat  lui-même,  l’être  indestructible,  chef  à 
la  fois  et  objet  du  sacrifice , satisfait  des  offrandes  convenables  du 
roi,  [lui  apparut]  accompagné  de  Maghavan,  et  lui  parla  ainsi. 

2.  Bhagavat  dit  : Celui  qui  a interrompu  ton  centième  sacrifice, 
sollicite  son  pardon;. consens  à le  lui  accorder. 

5.  Les  sages,  ô roi,  les  gens  de  bien  et  les  hommes  vertueux  évitent 
en  ce  monde  de  faire  du  mal  aux  créatures,  parce  que  le  corps  n’est 
pas  laine. 

4.  Si  des  hommes  tels  que  toi  se  laissent  égarer  par  la  divine 
Mâyâ , le  culte  constant  que  l’on  doit  aux  vieillards  n’est  plus  désor- 
mais qu’une  peine  inutile. 

5.  Aussi  l’homme  qui  sait  que  ce  corps  est  le  produit  de  l'igno- 
rance, du  désir  et  des  œuvres,  éclairé  alors,  ne  s'y  attache  plus. 

6.  Quel  est  le  sage  qui,  une  fois  détaché,  irait  dire  mien  de  son 
corps,  de  la  maison  qu’il  a élevée,  de  ses  enfants  et  de  ses  biens? 

7.  L’Esprit  qui  est  un,  pur,  lumineux  par  lui-même,  indépendant 
des  qualités  dont  il  est  l’asile,  qui  pénètre  partout,  qui  est  absolu, 
qui  est  le  témoin  intérieur,  et  au  dedans  duquel  il  n’y  a pas  une 
autre  âme,  cet  Esprit  est  distinct  du  corps. 

8.  L’homme  qui  reconnaît  ces  caractères  à l’Esprit  qui  est  en  lui, 
reste  indépendant  des  qualités  de  la  Nature,  quoiqu’il  se  trouve  au 
milieu  d’elles;  en  effet  il  réside  en  mon  sein. 

9.  Celui  qui,  plein  de  foi,  me  rend  sans  cesse,  en  accomplissant 
son  devoir,  un  culte  désintéressé , sent  peu  à peu , 6 roi , le  calme 
pénétrer  dans  son  cœur. 

10.  Détaché  des  qualités,  fidèle  aux  bonnes  doctrines,  pur  de 


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LIVRE  QUATRIÈME.  99 

cœur,  il  jouit  de  ce  calme  qui  est  mon  état,  qui  est  Brahma,  qui  est 
la  délivrance  absolue. 

11.  Celui  qui  reconnaît  dans  cet  Esprit  immuable  un  spectateur 
indifférent  placé  au  milieu  des  éléments,  des  organes  de  la  connais- 
sance et  du  cœur,  celui-là  obtient  l’éclat  [suprême],  , 

12.  Le  courant  des  qualités  n’entraine  que  le  corps  subtil,  ce  com- 
posé distinct  [de  l’Esprit]  que  constituent  la  matière,  les  organes, 
la  personnalité  et  l'intelligence:  Aussi  les  sages  restent-ils  également 
inaltérables  dans  la  prospérité  et  dans  le  malheur,  parce  que  leur 
affection  s’est  attachée  à moi. 

13.  Toujours  égal,  envisageant  du  même  regard  les  positions  éle- 
vées, moyennes  et  inférieures,  maître  de  ton  cœur  et  de  tes  sens 
dans  la  peine  comme  dans  le  plaisir,  prépare-toi  à protéger  l’uni- 
vers, entouré  de  tous  les  ministres  que  j’ai  créés  pour  [te  servir]. 

1».  Le  bonheur  suprême  pour  un  roi,  c'est  la  défense  de  son 
peuple,  parce  qu’il  s’assure  ainsi  la  sixième  partie  des  mérites  que 
recueilleront  ses  sujets  dans  le  monde  futur;  mais  s’il  leur  enlève 
l'impôt  sans  les  protéger,  il  contracte  leurs  fautes,  et  ces  fautes  lui 
ravissent  les  fruits  de  sa  propre  vertu. 

15.  C’est  pourquoi,  attentif  à la  loi  transmise  par  l'assentiment  et 
par  les  usages  des  premiers  d’entre  les  Brahmanes , protège  la  terre 
avec  un  entier  détachement;  et  bientôt  devenu  pour  le  monde  un 
objet  d’amour,  tu  verras  arriver  les  Siddhas  dans  ta  maison. 

lé.  Demande-moi,  chef  des  hommes,  la  faveur  que  tu  désires, 
car  je  suis  enchaîné  par  tes  qualités  et  par  tes  vertus.  On  ne  m’ob- 
tient pas  aisément  à l’aide  des  sacrifices,  des  austérités  ou  du  Yôga, 
parce  que  je  me  tourne  vers  ceux  qui  possèdent  l'égalité  d'âme. 

17.  Màitrêya  dit  : Ainsi  éclairé  par  les  conseils  de  Vichvaksêna , 
du  Précepteur  des  mondes , le  roi  vainqueur  reçut  en  inclinant  la 
tête  les  instructions  de  Hari. 

18.  Embrassant  avec  affection  Çatakratu,  qui,  honteux  de  sa  con- 

duite, s'inclinait  à ses  pieds,  il  bannit  de  son  cœur  tout  ressenti- 
ment. • • •;  r- . " . 

19.  Ensuite  Bhagavat,  l’âme  de  l’univers,  après  avoir  reçu  les 


100 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

honneurs  de  l’hospitalité  de  Prïthu,  qui  embrassait  avec  les  trans- 
ports d’une  ardente  dévotion  le  lotus  de  scs  pieds, 

20.  Manifesta  l'intention  de  s’éloigner;  mais  à la  vue  du  roi,  le 
Dieu  aux  yeux  de  lotus , retenu  par  son  affection  pour  les  hommes 
vertueux  qu’il  aime,  ne  put  se  décider  à partir. 

21.  Tenant  scs  mains  jointes,  le  premier  des  rois,  les  yeux  bai- 
gnés de  larmes,  ne  put  regarder  Hari;  il  ne  put,  avec  sa  voix  étouffée 
par  les  sanglots,  prononcer  aucune  parole,  et  il  resta  immobile, 
embrassant  en  son  cœur  le  Dieu  qu’il  y retenait. 

22.  Puis  essuyant  ses  larmes  et  ouvrant  les  yeux,  il  s'adressa 
ainsi  à Purucha,  pendant  que  ses  regards  contemplaient  sans  se  lasser 
le  Dieu  dont  les  pieds  touchaient  la  terre , et  dont  la  main  reposait 
sur  l’épaule  élevée  de  l’oiseau  ennemi  des  serpents. 

25.  Prïthu  dit  : O Seigneur!  ô toi  qui  es  le  premier  des  êtres  gé- 
néreux! comment  un  sage  pourrait-il  te  demander  des  faveurs  ré- 
servées aux  Dieux  qu’anime  le  sentiment  de  la  personnalité,  et  même 
aux  mortels  condamnés  à l’Enfer?  Non,  je  ne  les  ambitionne  pas,  ô 
souverain  maître  de  la  délivrance  absolue. 

2a.  Je  n’aimerai  jamais,  Seigneur,  les  lieux  où  l’on  ne  voit  pas 
le  nectar  du  lotus  de  tes  pieds  tomber  de  la  bouche  des  sages  ma- 
gnanimes qui  le  laissent  échapper  de  leurs  cœurs.  Donne-moi  dix 
mille  oreilles  [pour  les  entendre];  c’est  là  la  laveur  que  je  soHicite. 

25.  Le  vent  qui  accompagne  une  seule  goutte  de  l’ambroisie  du 
lotus  de  tes  pieds,  ô loi  dont  la  gloire  est  excellente,  au  moment  où 
elle  tombe  de  la  bouche  des  sages,  réveille  la  mémoire  des  mauvais 
Yôgins  même  qui  marchent  dans  l'oubli  de  la  vérité.  Quant  à nous, 
nous  n’avons  pas  besoin  d'autres  faveurs. 

26.  Gomment,  6 Dieu  glorieux,  l’homme  qui,  dans  une  assemblée 
respectable,  a entendu,  ne  fût-ce  qu’une  fois  et  en  passant,  ta  gloire 
fortunée,  pourrait-il,  s’il  en  connaît  les  vertus  et  s’il  n’est  pas  un 
animal  stupide,  cesser  de  l’écouter,  quand  on  voit  Çrî,  dans  son  ar- 
deur à réunir  tous  les  mérites,  préférer  à tout  cette  gloire? 

27.  Aussi  te  rechercbé-je,  toi  le  meilleur  de  tous  les  Esprits,  toi 
l’asile  des  qualités,  avec  un  empressement  égal  à celui  de  la  Déesse 


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101 


LIVRE  QUATRIÈME. 

dont  la  main  tient  un  lotus;  et  quoique  nous. poursuivions  tous  deux 
le  même  époux,  il  n’y  a pas  entre  nous  de  jalousie,  parce  que  nous 
n’avons  l’un  et  l’autre  qu’une  môme  pensée  pour  tes  pieds. 

28.  Mais , o Seigneur  de  l’univers  ! si  celle  qui  a engendré  les 
mondes  me  fait  obstacle,  parce  que  je  désire  te  servir  comme  elle, 
le  Dieu  qui  aime  les  pauvres  sait  grandir  ce  qui  est  petit  ; et  d’ail- 
leurs quel  besoin  a de  la  Déesse  celui  qui  est  satisfait  de  sa  propre 
majesté? 

29.  C’est  pour  cela  que  les  gens  de  bien  te  recherchent,  ô toi  qui 
échappes  au  trouble  que  produisent  les  qualités  de  Mâyâ.  En  effet, 
ô Bhagavat,  nous  ne  voyons,  pour  les  hommes  vertueux,  d’antre  cause 
[de  bonheur]  que  le  souvenir  de  tes  pieds. 

50.  Oui,  elles  sont  faites  pour  séduire  les  mondes,  ces  parole 
que  tu  as  dites  à ton  serviteur,  quand  tu  l’as  engagé  à demander 
une  grâce.  Si  l'homme  n'était  pas  enchaîné  par  le  lien  de  ta  parole, 
comment,  toujours  trompé,  se  livrerait-il  aux  œuvres? 

51.  Puisque  séparé  de  toi  par  ta  Mâyâ,  Seigneur,  de  toi  qui 
es  la  vérité  même,  l’ignorant  désire  autre  chose  que  toi,  consens  à 
faire  toi-même  notre  bien,  comme  un  père  fait  celui  de  son  enfant. 

52.  Mâitrêya  dit  : Ainsi  loué  par  le  premier  des  rois,  celui  dont 
le  regard  embrasse  tout  lui  dit  : Aie  pour  moi  de  la  dévotion;  tu  es 
heureux  d’avoir  conçu  de  moi  une  idée  telle  que  tu  as  pu  échapper 
à l’Illusion , si  difficile  à dissiper,  dont  je  m’enveloppe. 

55.  Accomplis  attentivement,  ô chef  des  êtres,  ce  que  je  te  com- 
mande ; celui  qui  exécute  mes  ordres  acquiert  partout  de  l’éclat. 

54.  Ayant  ainsi  approuvé  les  paroles  sensées  du  royal  fils  de  Vêna, 
Atchyuta,  honoré  par  lui,  songea  à le  quitter,  après  lui  avoir  témoi- 
gné sa  faveur. 

55.  Les  Dêvas,  les  Ricins,  les  Pitrïs,  les  Gandharvas,  les  Siddhas, 
les  Tchâranas,  les  Pannagas,  les  kinnaras,  les  Apsaras,  les  hommes, 
les  oiseaux,  et  la  foule  nombreuse  des  êtres, 

.56.  Se  retirèrent  tous,  à la  suite  de  Vâikuntha,  après  avoir  reçu 
du  roi,  qui  songeait  au  Chef  du  sacrifice,  des  paroles  honorables, 
des  richesses,  et  le  salut  de  l’Andjali. 


102 


LF.  BHÂGAVATÀ  PURÀNA. 

57.  Le  bienheureux  Atchyuta,  emportant  en  quelque  sorte  avec 
lui  le  cœur  de  ce  Rïchi  des  rois  et  de  son  précepteur,  partit  pour 
sou  divin  séjour. 

58.  Et  le  roi,  après  avoir  adressé  son  hommage  à l'Ètre  invisible 
qu’il  venait  de  contempler,  à Vâsudêva,  au  Dieu  des  Dieux,  rentra 
dans  la  ville  qu'il  habitait. 

PIN  DI  VINGTIEME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE  : 

ÉLOGE  DE  PRÏTHC, 

DANS  L'HISTOIRE  DP.  PRÏTHU,  Aü  QUATRIEME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂ$A, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSE  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  QUATRIEME. 


103 


CHAPITRE  XXI. 

DISCOURS  DE  PRÏTHU. 

1.  Mâitrêya  dit  : La  ville  avait  été  ornée,  de  place  en  place,  de 
guirlandes  de  perles  et  de  fleurs,  de  pièces  de  soie,  de  portiques  do- 
rés et  de  parfums  qui  répandaient  en  brûlant  une  agréable  odeur. 

2.  Les  grandes  routes,  les  carrefours  et  les  rues  avaient  été 
aspergés  d'eau  parfumée  de  santal  et  d’Aguru;  on  y avait  répandu 
des  fleurs,  des  grains  rôtis,  des  fruits,  de  l’orge  encore  vert,  des 
grains  humectés  et  des  lampes. 

5.  On  avait  décoré  toute  la  ville  de  tiges  de  Musas  chargées  de 
leurs  grappes,  de  jeunes  troncs  de  jaquier,  d’arbres,  de  feuillages  et 
de  guirlandes  de  fleurs. 

b.  Les  habitants,  accompagnés  de  brillantes  jeunes  fdles  parées 
d'anneaux  étincelants  et  portant  des  lampes  et  tous  les  objets  qui 
sont  de  bon  augure,  s’avancèrent  à la  rencontre  du  roi. 

5.  Le  héros  entra  dans  son  palais  au  milieu  du  bruit  des  conques 
et  des  timbales,  auquel  se  joignaient  les  chants  sacrés  des  Rïtvidjs, 
et  des  louanges  qui  ne  lui  donnaient  pas  d’orgueil. 

6.  Partout  ce  glorieux  prince  rendait  aux  habitauts  de  la  ville  et 
de  la  campagne  les  hommages  qu’il  en  recevait,  distribuant,  dans 
sa  joie,  des  dons  précieux. 

7.  C'est  ainsi  que  ce  prince  magnanime,  dont  toutes  les  entre- 
prises étaient  irréprochables,  accomplissant  de  grandes  actions,  gou- 
verna la  terre;  et  après  avoir  recueilli  une  renommée  immense,  il 
monta  au  séjour  suprême. 

SÛT  A dit: 

8.  Alors  saluant  avec  respect  Kâuçâravi,  qui  venait  de  chanter 


104 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

la  gloire  que  s’était  acquise  le  premier  des  rois  par  tant  de  qualités, 
cette  gloire  que  célèbrent  les  hommes  vertueux , le  guerrier  si  dé- 
voué à Dhagavat  parla  ainsi  au  Brahmane. 

9.  Vidura  dit  : Prîthu,  qui  portait  la  splendeur  de  Vichnu  dans  ses 
bras,  avec  lesquels  il  sut  traire  la  vache  de  la  terre,  fut,  dit-on,  sacré 
par  les  Brahmanes,  et  reçut  des  présents  de  tous  les  Suras. 

10.  Quel  est  donc  le  sage  qui  ne  désirerait  entendre  l’éloge  d’un 
prince  qui  ferait  vivre  des  restes  de  sa  gloire  tous  les  rois  et  les 
mondes  avec  leurs  Gardiens  ? C’est  pourquoi  consens  à me  raconter 
encore  aujourd’hui  ses  pures  actions. 

U.  Mâitrêva  dit  : Établi  dans  le  pays  situé  entre  la  Gaggâ  et 
la  Yamuuâ , il  acheva  de  jouir  des  plaisirs  que  scs  actions  anté- 
rieures lui  avaient  préparés,  mais  seulement  pour  compenser  ses 
vertus, 

12.  Voyant  ses  ordres  obéis  en  tous  lieux,  réunissant  sous  un 
sceptre  unique  les  sept  Dvîpas,  commandant  à tous,  excepté  à la 
race  des  Brahmanes,  et  à ceux  pour  qui  Atchyuta  est  comme  le 
chef  de  leur  famille. 

13.  Un  jour  il  prépara  un  grand  sacrifice  auquel  assista  l'assem- 
blée des  Dêvas,  des  Bràhmarchis  et  des  Râdjarcliis. 

14.  Là,  après  avoir  honoré  comme  il  convenait  tous  ceux  qui 
méritaient  ses  hommages,  il  se  leva  au  milieu  de  l’assemblée,  sem- 
blable à la  lune  au  milieu  des  étoiles. 

15.  Il  était  haut  de  taille;  ses  bras  étaient  longs  et  robustes;  son 
teint  était  blanc;  ses  yeux  bruns  ressemblaient  au  lotus;  son  nez  était 
bien  formé,  son  visage  beau  et  doux;  ses  épaules  étaient  rebondies; 
son  sourire  laissait  voir  de  belles  dents. 

16.  Sa  poitrine  était  développée,  et  ses  hanches  larges;  son  beau 
ventre,  sillonné  de  plis,  ressemblait  à la  feuille  [de  l’Açvatthaj;  son 
nombril  était  semblable  aux  cercles  que  forment  les  poils  des  che- 
vaux ; il  était  vigoureux  ; ses  cuisses  avaient  la  couleur  de  l’or,  et  le 
bout  de  ses  pieds  était  relevé. 

17.  Ses  cheveux  étaient  fins,  bouclés,  noirs  et  lisses;  son  cou  était 


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LIVRE  QUATRIÈME.  105 

marqué  de  trois  lignes  comme  une  coquille;  il  était  enveloppé  de 
deux  pièces  d’une  précieuse  étoffe  de  soie,  qui  formaient  son  vête- 
ment intérieur  et  extérieur. 

18.  Doué  d’une  beauté  parfaite,  il  avait  renoncé  volontairement 
à toute  espèce  de  parure,  et  cette  simplicité  laissait  voir  l’éclat  de 
tous  ses  membres;  il  tenait  la  peau  d’une  antilope  noire  et  des  tiges 
de  Kuça,  et  il  avait  préparé  convenablement  toutes  cboscs. 

19.  Portant  autour  de  lui  des  regards  aussi  doux  que  la  lumière 
de  l’astre  qui  répand  la  fraîcheur,  le  roi  , comme  pour  réjouir  l’as- 
semblée, prononça  d’une  voix  haute  ces  paroles  belles , composées  de 
mots  variés,  douces,  pures,  profondes  et  pleines  de  calme. 

20.  Le  roi  dit  : O vous  tous,  hommes  vertueux  qui  vous  êtes  réunis 
ici  pour  cette  assemblée,  écoutez-moi,  et  que  le  bonheur  soit  avec 
vous  ! Celui  qui  veut  connaître  le  devoir,  doit  exposer  ses  intentions 
aux  gens  de  bien. 

21.  J’ai  été  placé  sur  la  terre  pour  porter  le  sceptre  des  rois,  pour 
protéger  les  créatures,  pour  les  nourrir,  et  pour  retenir  chacun  dans 
les  limites  du  devoir. 

22.  Puissé-je,  pour  prix  de  ma  conduite,  habiter  le  monde,  où 
ceux  qui  expliquent  le  Vêda  disent  qu’on  trouve  l’objet  de  ses  désirs, 
le  monde  réservé  à celui  qu’aime  le  Dieu  témoin  des  çeuvres! 

25.  Le  roi  qui  lève  l'impôt  sans  enseigner  à son  peuple  les  devoirs 
[imposés  à chacun],  ne  recueille  que  les  péchés  de  ses  sujets  et  perd 
sa  propre  grandeur. 

24.  C’est  pourquoi , ô'jaeuples,  n’ayant  de  pensées  que  pour  Adhô- 
kchadja,  accomplissez  sans  envie  votre  devoir,  comme  si  vous  offriez, 
dans  l'intérêt  de  votre  maître,  le  gâteau  des  ancêtres;  ce  sera  m’ac- 
corder une  faveur. 

25.  O vous,  Pitrïs  et  Dêvarchis  sans  tache,  veuillez  accorder  dans 
l’autre  monde  à celui  qui  exécute  cet  ordre  comme  à celui  qui  le 
donne,  la  félicité  de  ceux-  qui  peuvent  exaucer  ma  prière. 

26.  11  est  ici-bas  des  hommes,  sages  vertueux,  qui  disent  : Le 
Chef  du  sacrifice  existe,  soit  ; cependant  il  y a dans  ce  monde  et  dans 
l’autre  des  corps  brillants  de  splendeur. 


106 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


27.  Mais  le  Manu,  Uttânapàda,  Dhruva,  roi  de  la  terre,  le  Rïchi 
des  rois  Priyavrata,  Agga  notre  grand-père, 

28.  Et  d'antres,  tels  qu’Adja,  Bhava,  Prahrâda  et  Bali,  ont  tous 
pensé  que  les  devoirs  venaient  du  Dieu  qui  porte  la  massue, 

29.  De  ce  Dieu,  qui  est  la  source  unique  des  [trois]  objets  recher- 
chés par  l’homme,  du  bonheur  céleste  et  de  la  délivrance;  ils  ont 
tous  pensé  ainsi , excepté  ceux  qui , comme  le  fds  de  la  fdlc  de  Mri- 
tyu,  sont  à plaindre,  parce  qu'ils  se  sont  trompés  sur  la  loi. 

30.  Celui  dont  il  suffit  que  les  pénitents  désirent  vénérer  les  pieds 
avec  une  affection  vertueuse  et  chaque  jour  croissante , pour  voir 
aussitôt  les  souillures  que  leur  cœur  a contractées  pendant  le  cours 
de  toutes  leurs  existences,  effacées  par  ce  désir  aussi  sûrement  quelles 
le  seraient  par  l'eau  du  fleuve  qui  sort  de  ses  pieds  [divins]; 

51.  Celui  aux  pieds  duquel  l'homme  qui  a purgé  son  âme  de 
toutes  ses  fautes,  n'a  qu'à  chercher  un  refuge,  avec  la  force  que 
donne  la  vue  distincte  de  la  science,  fruit  du  détachement,  pour  ne 
plus  retomber  désormais  dans  la  voie  de  la  transmigration  qui  ap- 
porte le  malheur  ; 

32.  Celui,  enfin,  dont  les  pieds,  semblables  au  lotus,  donnent 
tout  ce  qu'on  désire,  c’est  là  le  Dieu  que  vous  devez  servir  de  toutes 
les  facultés  de  votre  âme,  de-toutes  les  œuvres  que  peuvent  accomplir 
en  vous  le  cœur,  la  parole  et  le  corps  ; que  vous  devex  servir  sincè- 
rement, comme  feraient  ceux  auxquels  le  succès  de  leurs  désirs  don- 
nerait le  droit  [de  lui  rendre  ce  culte]. 

33.  Ce  Dieu  qui  revêt  des  attributs  nombreux,  quoiqu'il  en  soit  na- 
turellement affranchi,  ce  Dieu  pur,  et  tout  esprit,  parait  ici-bas  sous 
la  forme  du  sacrifico  auquel  concourent  des  substances,  des  pro- 
priétés, des  actions  et  des  discours  variés,  ainsi  que  l’objet,  l’inten- 
tion , le  caractère  et  le  nom  [de  la  cérémonie]. 

34.  Après  avoir  placé  l’intelligence  dans  le  corps,  dont  la  Nature, 
le  temps,  le  souvenir  et  le  devoir  forment-les  éléments,  le  Seigneur 
suprême  s’y  montre  aussi  comme  le  fruit  des  œuvres,  prenant  les 
qualités  de  chaque  être,  ainsi  que  fait  le  feu  dans  les  diverses  es- 
pèces de  bois  qui  le  recèlent. 


LIVRE  QUATRIÈME.  . < 10 1 

55.  Ah!  qu'iU  me  comblent  de  faveurs  ceux  de  ines  sujets  qui, 
sur  la  terre,  fidèles  observateurs  de  leurs  vœux,  offrent  la  constante 
observation  de  leur  devoir  en  sacrifice  au  Dieu  Hari,  au  Précepteur 
suprême,  souverain  maître  de  ceux  qui  ont  droit  au  sacrifice. 

56.  Non,  jamais  la  splendeur  des  rois  dans  toute  sa  majesté  ne 
pourra  l’emporter  sur  celle  des  familles  de  Brahmanes,  dont  Adjita 
est  le  Dieu,  et  qui  brillent  d'elles-mémes  de  l’éclat  que  donnent  la 
patience,  les  austérités  et  la  science. 

57.  Cette  race  des  Brâhmanes,  dont  l'antique  Purucha,  dont  Hari, 
leur  ami  et  le  plus  grand  des  êtres,  honora  sans  cesse  les  pieds,  et 
au  culte  de  laquelle  il  dut  une  prospérité  inaltérable  et  une  gloire 
qui  purifie  le  monde; 

58.  Cette  race,  dont  le  culte  est  agréable  au  Seigneur,  au  Dieu 

resplendissant  par  lui-même,  qui  réside  au  sein  de  toutes  les  âmes 
et  qui  aime  les  Brâhmanes,  honorez-la  de  tout  votre  cœur,  avec 
soumission  et  en  respectant  ses  lois.  , ' 

59.  Existe-t-il  ici-bas  pour  les  Dieux  une  bouche  plus  respectable 
que  celle  de  cette  race  dans  le  commerce  de  laquelle  l’homme  qui 
l’honore  constamment,  trouve  bien  vite  de  lui-même  le  repos  durable 
que  donne  le  calme  de  l’âme? 

ao.  Non,  l’Etre  infini  dont  s'entretiennent  les  discours  de  la  con- 
templation la  plus  élevée,  ne  mange  pas  autant  par  la  bouche  du 
feu,  cet  élément  insensible,  qu'il  le  fait  lorsque  des  hommes  amis 
de  la  vérité  sacrifient  dans  la  bouche  du  Brahmane  l’offrande  pré- 
sentée purement  avec  les  noms  vénérables  des  Dieux. 

4t.  Puissé-je  porter  toute  ma  vie  sur  mon  diadème  la  pous- 
sière des  pieds  de  ces  hommes  qui,  livrés  à la  méditation,  fruit  de 
la  foi,  des  austérités,  de  la  vertu,  du  recueillement  et  de  la  conti- 
nence, conservent,  pour  en  montrer  le  sens,  le  Vêda  étemel,  pur, 
immuable,  dans  lequel  l'univers  se  reflète  comme  dans  un  miroir! 

42.  En  effet,  sages  vénérables,  celui  qui  porte  toujours  sur  lui 
cette  poussière,  voit  bien  vite  disparaître  scs  fautes  devant  la  réunion 
de  toutes  les  vertus  qui  sc  rassemblent  en  lui  pour  l’honorer. 

45.  Toutes  les  félicités  accourent  auprès  de  l’homme  reconnais- 
...  • ‘ il  . 


108  LE  BHAGAVATA  PURÀNA. 

sant,  du  protecteur  des  vieillards,  de  l’homme  dont  la  vertu  est  la 
voie,  et  la  morale  la  richesse;  aussi  puissé-je  obtenir  l’amour  des 
Brahmanes,  des  vaches,  de  Djanârdana  et  de  sa  suite! 

44.  Mâitrêva  dit  ; Pendant  que  le  roi  parlait  ainsi , les  Pitris,  les 
Dêvas  et  les  Brahmanes  vertueux  le  louèrent,  la  joie  élans  le  cœur, 
avec  des  paroles  d’assentiment. 

45.  Elle  est  bien  vraie,  [dirent-ils,]  cette  maxime  du  Vôda,  qu’un 
fils  assure  à son  père  la  possession  du  ciel , puisque  le  méchant  Vêna 
lui-même,  mis  à mort  par  la  malédiction  des  Brahmanes,  a pu  ce- 
pendant traverser  les  Ténèbres  [infernales]. 

46.  Hiranyakaçipu  lui-même,  que  son  mépris  pour  Bhagavat  avait 
condamné  aux  Ténèbres,  dut  à la  puissance  de  Prahrâda  son  fils  de 
pouvoir  y échapper. 

47.  O roi,  fils  d'un  brave  guerrier,  puisses-tu  vivre  d’aussi  longues 
années  que  la  terre!  toi  qui  as  tant  de  dévotion  pour  Atchyuta, 
l’unique  soutien  de  tous  les  mondes. 

48.  O toi,  dont  la  gloire  est  pure!  la  protection  que  tu  nous  ac- 
cordes aujourd’hui  nous  assure  celle  de  Mukuuda,  puisque  tu  pro- 
clames la  renommée  de  Vichnu , le  Dieu  ami  des  Brahmanes,  le 
plus  glorieux  de  tous  les  êtres. 

49.  Il  n’est  pas  étonnant.  Seigneur,  que  tu  gouvernes  ainsi  tes 
sujets  ; l'amour  du  peuple  est  une  vertu  naturelle  aux  âmes  magna- 
nimes et  sensibles  à la  pitié. 

50.  Tu  nous  as  procuré  aujourd'hui  le  moyen  de  traverser  le  sé- 
jour des  Ténèbres,  au  moment  où  nous  errions,  l’esprit  égaré  par 
les  œuvres  qu’on  nomme  le  Destin. 

5t.  Adoration  au  grand  Purucha,  à celui  en  qui  la  Bonté  est  à son 
comble,  et  qui  pénétrant  de  sa  splendeur  le  Brahmane  et  le  Kchat- 
Iriya,  soutient  tout  cet  univers! 

PIN  DU  VINGT  ET  UNIÈME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE  I - 
DISCOURS  DE  PRÏTHU, 

DE  L'HISTOIRE  DE  PRÏTHU,  AO  QUATRIÈME  LIVRE  DO  GRAND  PURANA, 

LE  RIXNHEUREUI  BHÈCAVATA , “ 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  «ÂSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


109 


CHAPITRE  XXII. 

CONSEILS  DE  SAN  ATKUMÂRA. 

1.  Mâitrêya  dit  : Pendant  que  le  peuple  célébrait  ainsi  Prïtbu, 
dont  l’héroïsme  était  immense,  les  quatre  solitaires,  [fils  de  Brahma,] 
qui  resplendissent  comme  le  soleil,  vinrent  le  visiter. 

2.  Le  roi  et  sa  suite  reconnurent  à leur  éclat,  qui  purifie  les 
mondes,  ces  chefs  des  Siddhas,  qui  descendaient  du  ciel. 

5.  A cette  vue,  le  fils  de  Vêna,  lés  assistants  et  sa  suite  se  levèrent 
aussitôt,  comme  pour  reprendre  la  vie  qui  s’échappait  de  leur  sein, 
et  avec  l’empressement  que  le  principe  directeur  des  sens  met  à 
saisir  les  qualités  sensibles. 

4.  Retenu  par  le  respect,  ce  prince  vertueux,  inclinant  la  tête 
avec  soumission , honora  comme  il  convenait  ces  sages,  auxquels  il 
avait  présenté  un  siège  et  les  offrandes  de  l'hospitalité. 

5.  Regardant  le  bandeau  qui  retenait  sa  chevelure  comme  purifié 
par  l'eau. où  ils  s’étaient  lavé  les  pieds,  il  remplit  à leur  égard,  pour 
les  honorer,  les  devoirs  d’un  homme  vertueux. 

6.  Joyeux,  plein  de  foi  et  de  modestie,  il  adressa  ainsi  la  parole  à 
ces  sages,  aux  premiers-nés  de  la  création,  qui  assis  sur  leurs  sièges 
d’or,  ressemblaient  à autant  d’Agnis  sur  leurs  trônes. 

7.  Prithu  dit:  Quelle  bonne  œuvre  ai-je  donc  accomplie,  ô vous 
dont  la  vertu  est  la  voie,  pour  avoir  le  bonheur  de  contempler  des 
sages  que  les  Yôgins  eux-mêmes  ont  tant  de  peine  à voir? 

8.  Qu’y  a-t-il  de  difficile,  dans  ce  monde  ou  dans  l’autre,  pour 

celui  qui  obtient  la  bienveillance  des  Brahmanes,  de  Çiva,  de  Vichnu 
et  de  leurs  serviteurs  ? , 

9.  Ces  sages  en  effet  parcourent  les  mondes;  mais  les  mondes  ne 
les  voient  pas  plus  que  les  éléments  visibles,  causes  de  cet  univers, 
n’aperçoivent  l’âme  qui  voit  tout. 


110 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

10.  Quoique  pauvres,  ils  sont  certainement  riches  les  chefs  de 
maison  vertueux,  dans  la  demeure  desquels  l'eau,  le  gazon,  la  terre, 
le  maître  du  logis  et  les  domestiques  sont  agréés  des  plus  vénérables 
personnages. 

11.  Mais  ce  sont  des  arbres,  repaires  du  serpent,  que  les  maisons 
mêmes  où  abondent  tous  les  biens,  quand  les  serviteurs  de  celui 
dont  les  pieds  sont  un  étang  sacré,  ne  les  viennent  pas  visiter. 

lî.  Soyez  les  bienvenus,  ô les  meilleurs  des  Brahmanes,  vous 
qui,  malgré  votre  jeunesse,  désireux  de  vous  sauver,  accomplissez 
avec  foi  et  constance  les  longs  devoirs  de  la  dévotion. 

15.  Quel  peut  être  notre  bonheur,  à nous  qui  n’avons  d'autre 
but  que  les  objets  des  sens,  à nous  que  nos  œuvres  ont  fait  tomber 
dans  ce  monde  où  l'on  ne  sème  que  misères  ? 

14.  Les  souhaits  de  bonheur  [qu'on  adresse  à des  hôtes],  ne  sont 
pas  nécessaires  avec  des  sages  qui,  comme  vous,  trouvent  leur  satis- 
faction en  eux-mêmes,  et  chez  lesquels  n'existent  pas  même  les  idées 
de  bonheur  et  de  malheur. 

15.  Je  vous  adresse  cependant  mes  vœux  avec  confiance,  à vous 
qui  êtes  les  amis  de  ceux  qui  se  mortifient  en  ce  monde,  pour  que 
dans  cette  existence  le  bonheur  ne  vous  abandonne  jamais. 

16.  C’est  certainement  Bhagavat , l'être  incréé,  l'âme  des  sages 
maîtres  de  leur  cœur,  qui , se  donnant  à lui-même  l’existence  par 
bienveillance  pour  ses  amis,  parcourt  la  terre  sous  cette  forme  de 
Siddha. 

17.  Mâitrêya  dit  : Après  avoir  entendu  ces  belles  et  excellentes 
paroles  de  Prïthu,  ces  paroles  douces  et  mesurées,  Sanatkumâra 

' lui  répondit  en  souriant  presque  de  plaisir. 

18.  Sanatkumâra  dit  : Tu  as  bien  fait,  grand  roi,  dans  ta  bien- 
veillance pour  tous  les  êtres,  de  nous  adresser  tes  vœux,  quoique  tu 
connusses  qui  nous  sommes;  de  pareilles  dispositions  sont  celles  des 
hommes  vertueux. 

19.  La  rencontre  des  gens  de  bien,  et  les  souhaits,  également  ap- 
prouvés de  celui  qui  les  prononce  et  de  celui  qui  les  reçoit , qu’ils 
s’adressent  en  s’abordant,  font  le  bonheur  de  tous. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  111 

20.  Oui , dans  l’exposition  que  l’on  se  fait  des  vertus  que  possèdent 
les  pieds  de  l’ennemi  de  Madhu,  il  y a,  ô roi,  un  amour  qu’il  n’est 
pas  facile  d’éprouver,  amour  durable  et  qui  peut  effacer  du  cœur  les 
taches  et  les  souillures  du  désir. 

21.  Les  livres  qui  ont  sagement  réglé  les  devoirs,  ont  indiqué  à 
l’homme  un  double  moyen  de  bonheur  : le  détachement,  qui  va  jus- 
qu’à nous  détacher  de  nous-mêmes,  et  la  passion  inébranlable  qu’on 
éprouve  pour  Brahma,  qui  n’a  pas  de  qualités. 

22.  La  foi,  l’observation  des  devoirs  qu’a  tracés  Bhagavat,  le  désir 
de  connaître,  la  pratique  d’un  Yôga  dont  l’Esprit  suprême  est  l’objet, 
une  soumission  constante  aux  chefs  du  Yôga,  le  goût  des  purs  entre- 
tiens qui  ont  pour  but  le  Dieu  dont  la  gloire  est  pure; 

25.  L'indifférence  pour  la  société  des  hommes  qui  ne  se  plaisent 
qu’aux  sens  et  qu’à  leurs  objets,  le  mépris  des  choses  qu’ils  estiment, 
l’amour  de  la  solitude  et  le  pouvoir  de  se  suffire  à soi-même,  à moins 
qu’il  ne  s'agisse  de  boire  l’ambroisie  des  histoires  de  Hari  ; 

2».  Le  respect  de  la  vie  des  créatures,  la  pratique  de  l'ascétisme 
le  plus  élevé,  le  souvenir  qui  nous  rappelle  la  délicieuse  saveur  des 
hauts  faits  de  Mukunda,  l’observation  des  règles  de  la  morale,  la 
pratique  désintéressée  des  devoirs  religieux,  la  tolérance,  l’absence 
de  tout  désir,  l’indifférence  pour  toute  espèce  de  sensation, 

25.  Une  disposition  constante  à énumérer  les  qualités  de  Hari, 
pour  en  combler  les  oreilles  de  ses  adorateurs,  une  dévotion  tou- 
jours croissante  : voilà  les  moyens  faits  pour  inspirer  promptement 
à l’homme  le  détachement  et  l’amour  de  Brahma,  de  cet  Etre  exempt 
d'attributs  et  de  personnalité,  qui  est  à la  fois  ce  qui  existe  et  ce  qui 
n’existe  pas  [pour  nos  organes]. 

26.  Quand  une  fois  s’est  développée  dans  l’âme  une  passion  pro- 

fonde pour  Brahma , celui  qui  l'éprouve , remplissant  les  devoirs 
religieux,  consume,  en  l’épuisant  par  l’ardeur  de  la  science  et  du  dé- 
tachement, le  cœur,  cette  enveloppe  de  la  vie  formée  par  les  cinq 
éléments,  comme  le  feu  qui  en  se  développant  dévore  le  bois  où  il 
a pris  naissance.  ’ > • . 

27.  Quand  l’homme  a consumé  son  cœur,  affranchi  dès  lors  de 


112 


LE  BHÀGAVAfA  PURÀNA. 

tontes  les  facultés  qui  en  dépendent,  il  n’aperçoit  plus,  en  dehors 
ni  au  dedans  de  lui,  la  distinction  qu’il  voyait  auparavant  entre  le 
monde  et  l’Esprit,  parce  qu’elle  a disparu,  comme  disparaît  au  ré- 
veil le  rôle  qu'un  songe  nous  faisait  jouer, 

28.  C’est  dans  son  cœur,  au  sein  de  cet  attribut  sans  réalité,  que 
l’homme  voit  [une  distinction  entre]  l’Esprit  et  l’objet  sensible,  et 
qu’il  saisit  le  principe  [de  la  personnalité]  qui  est  différent  de  l’un 
et  de  l’autre;  sans  le  cœur  il  ne  verrait  pas  cette  distinction. 

29.  En  général  il  faut  une  cause  accidentelle,  comme  la  présence 
[d'un  miroir  ou]  de  l’eau,  pour  que  l’homme  se  distingue  lui-même 
de  son  image;  cela  ne  peut  avoir  lieu  autrement. 

30.  Chez  les  hommes  qui  ne  songent  qu'aux  objets,  le  cœur  dis- 
trait par  les  sens  qu'entraînent  les  choses  extérieures,  enlève  à l’intel- 
ligence la  faculté  qu  elle  a de  connaître,  comme  le  gazon  pompe  l’eau 
de  l’étang  [au  bord  duquel  il  croît]. 

51.  La  perte  de  la  mémoire  suit- celle  de  l’intelligence,  et  la  perte 
de  la  science,  celle  de  la  mémoire  ; quant  à la  perte  de  la  science, 
les  sages  l'ont  dit,  c'est  l’anéantissement  de  l'âme  par  elle-même. 

52.  Non , il  n’y  a pas  au  monde  pour  l'homme  d’anéantissement 
plus  réel  que  cet  oubli  de  soi-même  qui  porte  l’âme  à trouver  hors 
d’elle  quelque  chose  de  plus  précieux  qu'elle-même. 

55.  La  préoccupation  passionnée  que  produit  le  mouvement  qui 
entraîne  les  sens  vers  les  objets,  est  l’anéantissement  complet  de 
l’homme;  il  perd  ainsi  la  science  divine  et  humaine  qui  seule  as- 
sure sa  supériorité. 

34.  Que  celui  qui  veut  traverser  les  épaisses  ténèbres  [du  monde] 
ne  s’attache  jamais  à ce  qui  peut  détruire  pour  toujours  le  devoir, 
la  fortune , le  plaisir  et  le  salut. 

55.  Parmi  ces  quatre  objets  mêmes,  le  salut  est  le  seul  que  son 
caractère  de  durée  rende  digne  d'être  recherché  ; car  les  trois  autres 
biens  que  l’homme  désire  sont  toujours  accompagnés  de  la  crainte 
qu’inspire  le  Temps. 

3C.  Les  êtres,  tant  supérieurs  qu’inférieurs,  viennent  tous  de  la 
transformation  successive  des  qualités  ; le  bonheur  durable  n’existe 


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LIVRE  QUATRIÈME  113 

pas  pour  eux,  parce  que  le  souverain  Seigneur  met  un  terme  à leur 
félicité. 

37.  Celui  qui  brille  au  milieu  du  cœur  des  êtres  mobiles  et  im- 
mobiles qu’enveloppent  le  corps,  les  sens,  le  souffle  vital,  l’intelli- 
gence et  la  personnalité,  parce  que  présent  partout,  à la  fois  exté- 
rieur et  intérieur,  il  y dirige  l’âme  individuelle,  celui-là  est  Bhagavat; 
reconnais-le  en  toi-même,  en  disant  : C’est  moi. 

58.  Cet  être,  au  sein  duquel  ce  qui  existe  et  ce  qui  n’existe  pas 
[pour  nos  organes],  paraît  être  réellement,  illusion  trompeuse  que 
la  réflexion  dissipe,  comme  quand  on  a pris  une  guirlande  pour  un 
serpent;  cet  être  perpétuellement  affranchi,  pur,  intelligent,  existant 
en  réalité,  et  supérieur  à la  Nature  que  souille  l’action,  c’est  celui 
auprès  duquel  je  clierclve  un  asile. 

39.  Oui,  réfugie-toi  auprès  de  Vàsudêva;  c’est  par  la  dévotion  qu’ils 
éprouvent  pour  les  gracieux  pétales  du  lotus  de  ses  pieds,  que  les 
sages  délient  le  nœud  du  cœur,  ce  siège  de  l’action , bien  plus  sûre- 
ment que  les  ascètes  mêmes  qui,  l’esprit  vide  de  toute  pensée,  ra- 
mènent à eux  le  courant  rapide  de  leurs  sens. 

40.  Ils  ressentent  ici-bas  de  grandes  douleurs,  et  ne  traversent 
pas  aisément  la  mer  de  l’existence  peuplée  par  les  monstres  des  six 
passions,  ceux  qui  ne  prennent  pas  le  Seigneur  pour  vaisseau;  fais- 
toi  donc  un  navire  des  pieds  adorables  du  bienheureux  Hari , pour 
pouvoir  traverser  l’océan  infranchissable  du  malheur. 

41.  Mâitrêya  dit  : Quand  Sanatkumâra,  le  sage  fds  de  Brahinâ, 
eut  enseigné  complètement  à Prithu  la  voie  de  l’Esprit,  le  roi  lui 
ayant  exprimé  son  approbation,  lui  parla  en  ces  termes: 

42.  Sans  doute  Hari,  qui  a pitié  des  malheureux,  m'a  autrefois 
accordé  sa  bienveillance;  et  c’est  pour  m’en  assurer  l’effet,  ô bien-, 
heureux  Brâhmane,  que  vous  êtes  venu  ici. 

43.  C’est  à la  compassion  dès  sages  que  je  dois  entièrement  l’exis- 
tence; car  la  vie  et  tout  ce  que  je  possède  m’a  été  donné  par  des 
Brahmanes  vertueux;  que  pourrais-je  donc  vous  offrir? 

44.  Femme,  fils,  maisons,  richesses,  royauté,  armée,  terre,  tré- 
sors, je  vous  remets  tout,  et  jusqu'à  ma  vie  même. 

n.  1 5 


114  LE  BHÀGAVATA  PURÀlÿA. 

45.  Le  commandement  des  armées,  la  puissance  royale,  le  droit 
de  punir,  la  souveraineté  sur  tous  les  mondes,  sont  dus  à celui  qui 
connaît  le  Vêda  et  lés  livres  de  la  loi. 

46.  C’est  de  spn  bien  seul  que  le  Brahmane  mange,  qu’il  se  vêtit, 
'qu'il  fait  l’aumône;  et  c’est  par  sa  faveur  que  vivent  les  Kchattriyas 
et  les  autres  classes. 

47.  Que  ces  sages,  habiles  dans  le  Vêda,  qui  ont  eu  assez  pitié  de 
nous  pour  nous  enseigner  la  voie  de  Bhagavat,  en  exposant  d’une 
manière  complète  ce  que  c’est  que  l’Esprit,  soient  satisfaits  de  leur 
oeuvre!  Qui  pourrait  jamais  reconnaître  un  tel  bienfait,  sans  leur 
présenter  respectueusement  l'offrande  de  l’eau  ? 

48.  Ainsi  honorés  par  le  premier  des  rois,  ces  sages,  maîtres  du 
Yoga  qui  a l’Esprit  pouf  objet,  louèrent  sa  vertu  et  remontèrent  au 
ciel  à la  vue  des  assistants. 

40.  Et  le  fils  de  Vêna,  le  premier  des  grands  hommes,  devenu 
maître  de  lui-même  par  la  fermeté  qu’il  devait  à la  connaissance  de 
l’Esprit,  se  sentit  au  comble  de  ses  voeux. 

50.  Les  actions  qu’il  fit,  il  les  accomplit  en  vue  de  Brahma,  et 
selon  le  temps,  le  lieu,  la  convenance  et  la  mesure  de  ses  forces  et 
de  ses  richesses, 

51.  Rapportant  à Brahma  le  fruit  de  scs  .œuvres,  détaché  de  tout, 
recueilli,  et  reconnaissant  en  lui-même  l’Esprit,  spectateur  indiffé- 
rent de  l’action  et  supérieur  à la  Nature. 

52.  Au  sein  même  de  sa  maison , quoique  entouré  de  l'éclat  de  la 
puissance  suprême,  il  n’éprouvait  aucun  attachement  pour  les  ohjets 
sensibles,  et  il  était  aussi  désintéressé  que  le  soleil. 

55.  C’est  ainsi  qu'accomplissant  les  œuvres,  en  restant  toujours 
uni  à f Esprit  suprême,  il  eut  d’Artchis  cinq  fils  semblables  à lui. 

54.  C’étaient  Vidjilâçva,  Dhùmrakêça,  Haryakcha,  Dravina,  et 
Vrika  ; le  roi  leur  père  possédait  à lui  seul  les  vertus  de  tous  les  Gar- 
diens du  monde. 

55.  Pour  conserver  l’univers,  ce  prince,  ami  d’Atchyuta,  réjouis- 
sait, chacun  en  son  temps,  ses  sujets,  par  les  aimables  qualités  de 
son  cœur,  de  ses  discours  et  de  ses  actions. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  115 

56.  Aussi  lui  donna-t-on  le  titre  de  Râdja,  comme  à un  second 
SômarAdja,  parce  que  semblable  au  soleil,  il  savait  répandre  à la 
fois  et  recueillir  les  richesses  de  la  terre  qu’échauffait  sa  puissance. 

57.  11  était  indomptable- dans  sa  splendeur  comme  le  feu,  invin- 
cible comme  le  grand  Indra,  patient  comme  la  terre;  semblable  au 
ciel,  il  accordait  aux  hommes  les  objets  de  leurs  désirs. 

58.  11  les  charmait,  comme  le  Dieu  de  la  pluie,  en  laissant  tomber 
sur«ux  tous  les  biens  qu’ils  souhaitaient;  il  était  impénétrable  comme 
l’Océan,  stable  comme  le  Roi  des  montagnes, 

59.  Instruit  comme  le  Roi  de  la  justice,  merveilleux  comme  l’Hi- 

mavat,  opulent  comme  Kuvéra,  habile  à cacher  ses  richesses  comme 
Varuna.  « 

60.  Sa  force,  sa  vigueur  et  son  énergie  étaient  celles  du  vent,  âme 
de  tous  les  êtres  ; sa  puissance  irrésistible  égalait  celle  du  Dieu  bien- 
heureux qui  commande  aux  Bhûtas. 

61.  Il  était  beau  comme  le  Dieu  de  l’amour,  courageux  comme  le 
Roi  des  animaux,  bienveillant  pour  les  hommes  comme  le  Manu, 
puissant  comme  le  bienheureux  Adja. 

62.  Il  possédait  le  Vêda  comme  Vrïhaspati;  il  était  maître  de  lui 
comme  Hari  même;  sa  tendresse  pour  les  vaches,  pour  ses  précep- 
teurs spirituels  et  pour  les  Brâhmanes  dévoués  à Vichvaksêna,  sa 
modestie,  sa  soumission,  sa  vertu  et  son  zèle  pour  les  autres,  le  ren- 
daient sans  égal. 

65.  Sa  gloire,  célébrée  en  tous  lieux  par  les  hommes  dans  les  trois 
mondes,  pénétrait  dans  les  oreilles  des  femmes,  comme  fait  celle  de 
Râma  parmi  les  hommes  vertueux.  • 

. ...  ; . . . . 

ris  DU  VINGT-DEUXIÈME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE: 

CONSEILS  DE  SANATEUMÀRA , 

DE  L'HISTOIRE  DE  PRÏTHU , DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂSA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  IIRAHMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYisA. 


116 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XXIII. 


‘ . HISTOIRE  DE  PRÏTHL. 

I.  Mâilrêya  dit  : Se  sentant  très-avancé  en  âge,  le  magnanime  fils 
de  Vêna,  Prïtbu,  ce  Chef  des  créatures,  qui  voyait  toutes  ses  insti- 
tutions florissantes,  . . . 

, 2.  Après  avoir  assuré  l’existence  du  monde  mobile  et  immobile, 

défendu  les  droits  des  gens  de  bien,  cl  accompli  les  ordres  du  Sei- 
gneur, but  de  sa  naissance  en  ce  monde, 

5.  Confia  aux  soins  de  ses  fils  la  terre  sa  fille,  qui  pleurait  en 
quelque  sorte  son  départ;  et  laissant  ses  peuples  désolés,  il  partit 
avec  sa  femme  pour  la  forêt  oh  l’on  se  mortifie. 

4.  Là,  incapable  d'être  arrêté  dans  la  pratique  de  ses  devoirs,  il 
se  soumit  à une  terrible  pénitence,  approuvée  des  ascètes,  avec  la 
même  ardeur  qu’il  avait  mise  autrefois  à conquérir  le  monde. 

5.  Ne  se  nourrissant  que  de  tubercules,  de  racines  et  de  fruits,  il 
ne  mangea  bientôt  plus  que  des  feuilles  desséchées;  puis,  pendant 
quelques  semaines,  il  ne  prit  que  dé  l’eau,  pour  ne  se  plus  nourrir 
enfin  que  d’air. 

(i.  Dans  l’été,  ce  solitaire  héroïque  s'imposait  la  pénitence  des  cinq 
taux  ; pendant  la  saison  des  pluies,  il  bravait  l’orage;  l’hiver,  il  était 
assis  par  terre,  plongé  dans  l'eau  jusqu'au  cou. 

7.  Patient,  silencieux,  maître  de  lui,  chaste,  contenant  sa  respi- 
ration, il  se  soumit  à une  rude  pénilen'ce  dans  le  désir  d’honorer 
Krichna. 

8.  S’étant,  par  cette  suite  d’austérités  régulièrement  accomplies, 
débarrassé  de  ses  actions,  ayant  purifié  son  cœur  et  repoussé  les  six 
passions  par  la  pratique  du  Prânâyâma,  affranchi  désormais  de  tous 
les  liens, 


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117 


LIVRE  QUATRIÈME 

9.  Il  pratiqua,  conformément  aux  instructions  du  bienheureux 
Sanatkumâra,  cet  excellent  Yôga  par  lequel  ou  s’unit  à l’Esprit  su- 
prême, et  il  en  fit  un  moyen  d’honorer  Puruclia. 

10.  Pendant  que  ce  sage  vertueux , attaché  aux  lois  de  Bhaga- 

vat,  poursuivait  avec  une  foi  constante  l’objet  de  ses  efforts,  il  sen- 
tit naître  en  lui  une  dévotion  exclusive  pour  Bhagavat , qui  est 
Brahma.  • " . 

11.  Quand  son  cœur  et  son  âme  eurent  été  purifiés  par  le  culte 
de  Bhagavat,  il  obtint  la  science  accompagnée  du  détachement;  et 
à l'aide  de  cette  science,  aiguisée  par  une  dévotion  pleine  du  sou- 
venir du  Dieu,  il  trancha  l’enveloppe  de  sa  propre  individualité,  ce 
siège  de  tous  lefj  doutes. 

12.  Après  avoir  supprimé  toute  notion  [relative  à l’existence  \ de 
quelque  autre  chose  que  ce  fût,  ayant  pénétré  la  voie  de  l’Esprit, 
exempt  de  désir,  il  abandonna  la  science  même  qui  lui  avait  servi  à 
retrancher  son  cœur  ; car  l’ascète  n’arrive  pas  par  les  voies  du  Yôga 
au  recueillement  complet,  tant  qu’il  ne  se  sent  pas  d'amour  pour  les 
histoires  du  frère  aîné  de  Gada. 

15.  C’est  ainsi  que  ce  grand  héros,  ayant  uni  son  âme  à l’Esprit 
[suprême],  abandonna  son  corps  au  temps  marqué  et  s’identifia  inti- 
mement avec  Brahma. 

14.  Fermant  avec  ses  talons  les  voies  inférieures  de  son  corps, 
rappelant  à lui  le  souille  vital  en  le  fixant  successivement  dans  son 
nombril,  et  dans  les  Cavités  de  son  cœur,  de  sa  poitrine,  de  sa  gorge 
et  de  sa  tête; 

15.  Le  faisant  enfin  monter  peu  à peu  jusquau  sommet  de  son 
crâne,  ce  sage,  exempt  de  désir,  confondit  son  souffle  avec  le  vent, 
son  corps  avec  la  terre,  sa  chaleur  avec  le  feu. 

16.  Il  rendit  à l’air  les  cavités  de  ses  organes,  â l’eau  les.  fluides 
de  son  corps,  distribuant  chaque  chose  à sa  place;  et  il  fit  rentrer 
successivement  l’un  dans  l’autre  la  terre,  l’eau,  le  feu,  lèvent  et 
l’éther,  [éléments  dont  son  corps  était  composé.] 

17.  Il  absorba  son  cœugdans  ses  sens,  ceux-ci  dans  les  molécules 
élémentaires  [des  attributs  sensibles],  chacun  selon  son  origine;  et 


118 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

ramenant  à lui  les  molécules  élémentaires  à l’aide  de  sa  personnalité, 
il  unit  celle-ci  au  principe  de  l'intelligence  qui  était  en  lui.  ‘ ' 

18.  11  déposa  l’intelligence,  qui  est  le  théâtre  de  toutes  les  qua- 
lités, dans  sa  vie  individuelle,  ce  produit  de  Mâyâ;  et  enfin,  ramené 
à sa  forme  propre  par  l’énergie  de  la  science  et  du  détachement, 
l’Esprit  souverain  qui  résidait  au  sein  de  cette  individualité,  aban- 
donna cette  enveloppe  intérieure  elle-même  naguère  attachée  à lui. 

19.  La  reine  Artchis  sa  femme  suivit  son  époux  dans  la  forêt, 
marchant  à pied  en  dépit  de  sa  grandeur  et  de  sa  tendre  jeunesse. 

20.  La  pratique  rigoureuse  des  austérités  que  s’était  imposées  le 
roi,  l’obéissance,  la  dureté  de  la  vie  de  Rïchi,  rien  n’était  pénible 
pour  la  reine , quoique  son  corps  en  souffrît , parce  qu  elle  s’était  sous- 
traite à l’orgueil  et  au  contact  des  mains  de  son  cher  époux. 

21.  Voyant  que  la  vie  avait  complètement  abandonné  le  corps  de 
ce  roi , qui  était  pour  elle  et  pour  la  terre  un  objet  d’amour,  la  ver- 
tueuse femme  fit  entendre  quelques  plaintes;  puis  elle  plaça  le  corps 
sur  un  bûcher  dressé  au  sommet  de  la  montagne. 

22.  Quand  elle  eut  tout  préparé  pour  les  funérailles , elle  se  bai- 
gna dans  un  torrent;  puis  ayant  offert  de  l’eau  à son  glorieux  époux, 
elle  salua  les  Dieux,  habitants  du  ciel,  et  ayant  fait  trois  fois  le 
tour  du  bûcher,  elle  entra  dans  le  feu  en  songeant  â son  mari. 

23.  A la  vue  de  cette  femme  vertueuse  qui  suivait  le  grand  Prîtlm 
son  mari,  les  Déesses,  à qui  l’on  doit  tous  les  biens,  se  réunirent  par 
milliers  à leurs  époux,  afin  de  la  célébrer. 

2<t.  Répandant  une  pluie  de  fleurs  sur  le  large  sommet  de  la  mon- 
tagne, elles  se  disaient  les  unes  aux  autres,  au  milieu  du  retentisse- 
ment des  instruments  célestes. 

25.  Les  Déesses  dirent  : Ah  ! qu’elle  est  heureuse  cette  femme  qui 
a servi  le  premier  des  rois  avec  un  dévouement  aussi  complet  que 
celui  de  Çrî  pour  le  Dieu,  Chef  du  sacrifice  ! 

26.  Voyez!  la  voilà,  cette  femme  vertueuse,  qui,  pour  prix  de  son 

inconcevable  courage,  s’élève  à la  suite  du  fils  de  Vêna,  bien  au- 
dessus  de  notre  demeure.  t 

27.  Qu'y  a-t-il  de  difficile  pour  les  mortels  qui,  pendant  leur  exis- 


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LIVRE  QUATRIÈME.  119 

tcuce  passagère  en  ce  monde,  se  livrent  à l'inaction,  qui  est  la  vé- 
ritable voie  pour  atteindre  à Bhagavat? 

28.  Oui,  elle  est  grande  la  misère  à laquelle  se  condamne  ici-bas 
l’être  ennemi  de  lui-même  qui,  au  sein  de  la  condition  humaine, 
laquelle  est  un  moyen  de  salut,  s'attache  encore  aux  objets  extérieurs. 

29.  Mâitrêya  dit  : Pendant  que  les  Immortelles  chantaient,  Artchis 
atteignit  la  demeure  où  était  inouté  Prïlhu,  ce  prince  dont  Atchyuta 
était  le  refuge,  et  qui  est  le  premier  de  ceux  qui  connurent  l’Esprit. 

50.  Voilà  quelle  fut  la  grandeur  de  Prithu,  le  fidèle  serviteur  de 
Bhagavat;  je  t'ai  raconté  l'histoire  de  ce  glorieux  prince. 

51.  Celui  qui,  plein  de  foi  et  de  recueillement,  lira,  écoutera  ou 
fera  entendre  à d'autres  cette  grande  et  pure  Idstoire,  marchera  dans 
la  voie  de  Prithu. 

52.  Si  c’est  un  Brahmane  qui  la  lit,  il  brillera  de  l'éclat  du  Vêda; 
si  c’est  un  guerrier,  il  sera  maître  de  la  terre;  si  c’est  un  Vâiçya,  il 
sera  le  chef  du  peuple;  si  c’est  un  Çùdra,  il  arrivera  au  comble  de 
la  vertu. 

55.  L’homme  ou  la  femme  pauvre  ou  sans  enfants  qui  l’écoutera 
trois  fois  avec  respect,  aura  des  enfants  et  des  richesses. 

51.  Cette  lecture  rend  célèbre  l’homme  inconnu,  et  sage  l’insensé; 
elle  donne  auxdiommes  le  bonheur,  et  les  sauve  de  l’infortune. 

55.  Elle  assure  la  richesse,  la  gloire,  une  longue  vie  et  le  ciel; 
elle  efface  les  souillures  du  Kaliyuga;  elle  garantit  à celui  qui  les 
désire  les  avantages  du  devoir,  de  la  fortune,  du  plaisir  et  du  salut. 

56.  Il  faut  écouler  avec  foi  ce  récit  qui  donne  à l’homme  la  posses- 
sion des  quatre  objets  de  ses  vœux;  le  monarque  désireux  de  vaincre, 
qui  l’entend,  s’assure  ces  avantages,  et  les  rois  viennent  lui  apporter 
le  tribut  comme  à Prïlhu. 

57.  Que  l’homme  exempt  de  tout  autre  attachement,  et  ressen- 
tant pour  Bhagavat  une  dévotion  pure,  écoute,  répète  à d’autres  ou 
lise  la  sainte  histoire  du  fds  de  Vêna, 

58.  Qui  a été  racontée  au  fds  de  Vitchitravïrya , et  qui  révèle  la 
grandeur  de  Bhagavat;  l'homme  qui  y donne  son  attention,  acquiert 
la  renomrqée  de  Prithu. 


120  LE  BHÂGAVATA  PüRÀNA. 

s».  L'homme  affranchi  de  tout  attachement,  qui  chaque  jour  écoute 
avec  respect  et  proclame  cette  histoire  de  Prîthu,  parvient  sûrement 
à la  voie  de  Bhagavat,  dont  les  pieds  sont  comme  un  navire  sur 
l’océan  de  l’existence. 


PIN  DO  VINGT-TROISIEME  CHAPITRE,  AVANT  POCR  TITRE  : 
HISTOIRE  DE  PRiTHU. 

DANS  l.E  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂ.NA . 

LE  StfhHEURIUX  BHÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAIIMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


121 


CHAPITRE  XXIV. 

CHANT  DE  RUDRA. 


1.  Mâitrêya  dit  : Vidjitâçva  dont  la  gloire  s’étendait  au  loin,  suc- 
céda comme  monarque  souverain  à Prïthu  son  père;  plein  d’affection 
pour  ses  frères  qui  étaient  plus  jeunes  que  lui,  il  leur  distribua  les 
quatre  parties  du  monde. 

2.  Ce  roi  puissant  donna  l'Orient  à Haryakcha , i Dhûmrakèça 
le  Midi,  l'Occident  à Vrika,  et  le  Nord  à Dravinas. 

3.  Comme  il  avait  reçu  de  Çakra  la  faculté  de  se  rendre  invisible 
à son  gré,  on  lui  donna  le  nom  d’Antardhâna,  et  il  eut  de  Çikhandinî 
trois  fils  qui  furent  très-estimés. 

4.  C’étaient  les  trois  feux,  Pâvaka,  Pavamâna  et  Çutchi,  qui,  con- 
damnés jadis  par  la  malédiction  de  Vasichtha  à renaître  [ parmi  les 
hommes],  allèrent  plus  tard  reprendre  leur  condition  divine. 

5.  Antardhâna  eut  encore  Havirdhâna  de  Nabhasvatî  : [ il  avait  mé- 
rité la  faveur  d’Indra,]  parce  que,  [pendant  le  sacrifice  de  Prïthu,] 
il  n'avait  pas  voulu  frapper  le  Dieu,  quoiqu’il  le  reconnût  pour  le 
ravisseur  de  la  victime. 

6.  Regardant  comme  tyranniques  les  impôts,  les  amendes,  les 
taxes  et  les  autres  moyens  qu'emploient  les  rois  pour  soutenir  leur 
puissance , il  abandonna  le  trône  sous  prétexte  de  célébrer  un  long 
sacrifice. 

7.  Alors  offrant  le  sacrifice  à Brahma,  qui  est  Purucha  et  l’Esprit 
suprême,  ce  prince,  qui  avait  ramené  sur  lui-même  son  regard, 
obtint,  pour  prix  de  sa  méditation  vertueuse,  d’habiter  le  même 
monde  que  le  Dieu. 

8.  Havirdhâna  eut  six  fils  de  Havirdhânî  sa  femme  ; ce  furenf 
Varhihchad,  Gaya,  Çukla,  Krïchna,  Satya  et  Djitavrata. 

II. 


16 


122 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


9.  Varhihchad,  fils  [aîné]  de  Havirdhâna,  qui  jouit  de  la  plus 
grande  prospérité  et  fut  le  père  de  ses  peuples,  connut  toutes  les 
parties  du  sacrifice  et  les  pratiques  du  Yôga. 

10.  C'est  lui  qui,  pour  célébrer  un  sacrifice  secondaire,  fit  de  la 
totalité  de  la  terre  l’enceinte  consacrée,  et  couvrit  entièrement  sa 
surface  de  tiges  de  Kuça  dont  les  extrémités  regardaient  l’orient. 

11.  11  épousa,  d’après  le  conseil  du  Dieu  des  Dieux,  Çatadruti, 
fille  de  l’Océan;  quand  il  la  vit  jeune,  douée  d’une  beauté  parfaite  et 
richement  parée,  tourner  autour  du  feu  pendant  la  cérémonie  du 
mariage,  il  en  devint  épris,  comme  le  Feu  le  devint  de  Çukî. 

12.  Les  Dieux,  les  Asuras,  les  Gandharvas,  les  Solitaires,  les  Sid- 
dhas,  les  hommes  et  les  Uragas  furent  vaincus  par  le  seul  bruit  des 
anneaux  que  la  jeune  épouse  portait  aux  pieds. 

15.  [Varhihchad  qui  reçut  le  nom  de]  Prâtchînavarhis,  eut  de 
Çatadruti  dix  fils;  ce  furent  les  Pratcbêtas  qui  tous  eurent  le  même 
nom,  accomplirent  les  mêmes  œuvres,  et  furent  tous  également  ha- 
biles dans  la  loi. 

14.  Désireux  d’avoir  des  enfants,  ils  entrèrent  dans  l’Océan,  sur 
l’âvis  de  leur  père,  pour  y faire  pénitence,  et  pendant  dix  mille 
années  ils  honorèrent  de  leurs  austérités  le  maître  des  mortifications. 

15.  Maîtres  d’eux-mêmes,  ils  y méditèrent,  ils  y répétèrent  à voix 
basse,  et  y conservèrent  avec  respect  les  paroles  que  Giriça,  dans  sa 
bienveillance,  leur  avait  dites,  lorsqu’ils  l'avaient  rencontré  sur  le 
chemin. 

16.  Vidura  dit  : Dis-moi,  ô Brahmane,  comment  eut  lieu  la  ren- 
• contre  des  Pratchêtas  et  de  Giritra , et  quel  est  en  substance  le  dis- 
cours que  leur  tint  Hara  satisfait. 

17.  C’est  en  effet,  ô Rïchi  des  Brâhmanes,  quelque  chose  de  diffi- 
cile à obtenir  pour  les  hommes  que  la  rencontre  de  Çiva  ; et  les 
Solitaires  se  contentent  de  méditer  sur  ce  bonheur,  auquel  ils  n’as- 
pirent que  par  le  détachement. 

18.  Mais  c’est  pour  protéger  l’univers,  que  le  bienheureux  Bhava, 
quoique  trouvant  sa  joie  en  lui-même,  parcourt  le  monde  avec  sa 
redoutable  Çakti. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  125 

19.  Mâitrêya  dit  : Les  vertueux  Pratchêtas  ayant  accueilli  avec 
respect  le  conseil  de  leur  père,  se  dirigèrent  vers  l'occident,  déter- 
minés à faire  pénitence. 

90.  Là  ils  virent  une  immense  étendue  d'eau,  presque  aussi  vaste 
que  l’Océan,  remplie  d’une  onde  pure  et  aussi  transparente  que  celle 
du  grand  lac  Manas. 

31.  Des  lotus  bleus,  rouges,  blancs,  et  des  nymphæas  en  couvraient 
la  surface;  les  cygnes,  les  grues  Sârasas,  les  Tchakrâbvas  et  les  ca- 
nards y faisaient  entendre  leur  voix. 

92.  Les  lianes  et  les  arbres  [qui  bordaient  ce  lac] , frémissaient  de 
plaisir  au  bruit  des  abeilles  enivrées;  le  vent  y célébrait  ses  fêtes  en 
dispersant  de  toutes  parts  la  poussière  enlevée  aux  fleurs  des  lotus. 

25.  Là  ces  (ils  de  roi  furent  transportés  d’admiration  par  des 
voix  ravissantes  qui,  succédant  au  bruit  des  tambours  et  des  autres 
instruments,  chantaient  sur  des  modes  divins. 

2S.  Aussitôt  ils  virent  sortant  du  lac  avec  sa  suite  et  au  milieu  des 
chants  des  Dieux  qui  l'accompagnaient,  le  premier  des  Immortels, 

25.  Çitikantha  aux  trois  yeux,  qui  ressemblait  à une  masse  d'or 
bruni;  à la  vue  de  son  beau  visage  qui  respirait  la  bienveillance,  ils 
s’inclinèrent  devant  lui  avec  empressement. 

26.  Satisfait  comme  eux,  le  Dieu,  ami  de  la  justice,  qui  dissipe  la 
douleur  de  ceux  qui  l’implorent,  parla  ainsi  à ces  hommes  vertueux 
et  qui  connaissaient  la  loi. 

27.  Rudra  dit  : Vous  êtes  les  (ils  de  Vêdichad  (Varhihchad),  et  je 
connais  votre  dessein.  Bonheur  à vous!  c'est  pour  vous  témoigner 
ma  faveur  que  je  me  montre  ainsi  à vos  yeux. 

28.  Il  m'est  cher  celui  qui  implore  le  bienheureux  Vâsudêva,  cet 
Etre  supérieur  à l'active  réunion  des  trois  qualités,  [et  à ce]  que  l’on 
nomme  la  vie  individuelle. 

29.  L’homme  qui  reste  fidèle  à son  devoir  pendant  cent  existences, 
monte  au  séjour  de  Virintcha;  avec  plus  de  vertu,  il  arrive  jusqu'à 
moi.  Mais  le  serviteur  de  Bhagavat  atteint  la  demeure  immuable  de 
Vieil  nu , aussi  sûrement  que  nous  l’atteignons,  moi  et  les  Dieux, 
quand  notre  temps  est  fini. 


124 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

50.  Vous,  vous  êtes  des  serviteurs  de  Bhagavat,  et  vous  m’êtes  aussi 
chers  que  lui;  car  nul  être  au  inonde  n’est  plus  précieux  pour  moi 
que  l'homme  dévoué  à ce  Dieu. 

51.  Voici  la  prière  pure,  fortunée,  suprême,  source  de.  béatitude, 
qu’il  faut  répéter  distinctement  : écoutez,  je  vais  vous  la  dire. 

52.  Mâitrêya  dit  : Alors  le  bienheureux  Çiva  dont  le  cœur  est 
plein  de  miséricorde,  fixant  son  esprit  sur  Nârâyana,  parla  ainsi  à 
ces /Ils  de  roi,  qui  l'écoutaient  les  mains  jointes  avec  respect. 

55.  Rudra  dit  : Victoire  à toi!  Puisse  le  bonheur  être  avec  moi, 
pour  que  j'obtienne  la  félicité  de  ceux  qui  connaissent  le  mieux 
l’Esprit!  Tu  es  accompli  dans  ta  béatitude;  adoration  à toi  qui  es 
l’âme  universelle  ! 

54.  Adoration  à celui  dont  le  nombril  a produit  un  lotus,  à celui 
qui  est  l’âme  des  éléments,  des  molécules  subtiles  et  des  sens,  a Vâ- 
sudêva  qui  est  calme,  uniforme,  et  resplendissant  par  lui-même! 

55.  Adoration  à Sanikarchana  qui  est  invisible,  infini,  et  qui  met 
un  terme  à tout!  adoration  à Pradyumna,  à l'esprit  intérieur  qui  est 
la  lumière  du  monde  ! 

56.  Adoration,  adoration  à Aniruddha,  l’âmre  de  l’organe  interne 
qui  dirige  les  sens!  adoration  à Paramahainsa  qui  est  accompli,  et 
qui  se  contient  lui-même! 

57.  Adoration  à celui  qui  est  la  voie  du  ciel  et  de  la  délivrance;  à 
celui  qui  siège  toujours  dans  un  cœur  pur;  à celui  dont  la  semence 
est  d’or;  à celui  qui  est  le  sacrifice  aux  quatre  prêtres  officiants,  qu’il 
dirige  ! 

5».  Adoration  à celui  qui  est  la  nourriture  des  Mânes  et  celle  des 
Dieux,  (pii  est  la  semence  du  sacrifice,  le  maître  du  triple  Vêda;  à 
celui  qui  donne  la  nourriture  aux  êtres  vivants,  à celui  qui  est 
l’essence  de  tous  les  sucs! 

59.  Adoration  à celui  qui  est  le  corps  où  résident  les  âmes  de 
toutes  les  créatures,  qui  est  la  plus  solide  de  toutes  les  formes!  ado- 
ration à celui  qui  protège  les  trois  mondes,  à celui  qui  est  la  vi- 
gueur, l’énergie  et  la  force  ! 

40.  A celui  qui  est  l’air  qui  nous  révèle  l’existence  des  corps,  qui 


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LIVRE  QUATRIÈME.  125 

est  l’esprit  intérieur  et  extérieur,  qui  est  ce  inonde  [du  ciel],  pur  et 
resplendissant  d'un  immense  éclat! 

4t.  A celui  qui  est  l’action  et  l’inaction;  à celui  qui  est  le  sacrifice 
dont  la  récompense  est  parmi  les  Pitrïs  et  les  Dêvas  ! adoration  à 
celui  qui  est  la  Mort,  cette  divinité  qui  punit  l’injustice  et  envoie 
le  malheur! 

42.  Adoration  à toi,  Seigneur,  qui  es  la  source  des  bénédictions;  à 
toi,  Dieu  intelligent,  qui  es  la  loi  universelle,  qui  es  Kricbna  dont 
l’intelligence  est  infatigable,  qui  es  l’antique  Purucha,  le  maître  de 
la  doctrine  du  Sâinkliya  et  du  Yôga! 

45.  Adoration  à celui  qui  réunit  en  lui-même  la  triple  énergie 
[d’agent,  d’instrument  et  d’action],  qui  est  Midhvas,  qui  est  l’âme 
de  la  personnalité;  à celui  dont  la  pensée  et  l’action  sont  la  forme; 
à l’auteur  des  productions  variées  de  la  parole  ! 

44.  Accorde  à nos  désirs  cette  faveur  que  tes  serviteurs  estiment 
tant;  montre-nous  cette  forme  si  chère  à ceux  qui  t’aiment,  et  où  ap- 
paraissent des  perfections  qui  s'adressent  à tous  les  sens; 

45.  Qui  est  noire  comme  la  nuée  humide  pendant  la  saison  plu- 
vieuse, qui  réunit  en  elle  toutes  les  beautés,  qui  a quatre  bras  longs 
et  bien  faits,  un  visage  agréable  et  régulier, 

45.  Des  yeux  semblables  aux  pétales  du  lotus,  un  nez  et  des  sour- 
cils élégants,  des  dents  et  dès  joues  gracieuses  embellies  par  deux 
oreilles  bien  égales. 

47.  Montre-nous  ce  visage  souriant  de  plaisir,  que  parent  des  bou- 
cles de  cheveux  et  des  anneaux  brillants  ; et  ce  corps  autour  duquel 
se  joue  un  vêtement  [jaune]  comme  les  filaments  du  lotus, 

48.  Qu’ornent  un  diadème,  des  bracelets,  un  collier,  des  anneaux 
pour  les  pieds  et  une  ceinture  étincelante,  et  dont  les  mains  sup- 
portent une  conque,  le  Tchakra,  une  massue,  un  lotus,  une  guir- 
lande, un  diamant  et  la  Déesse  de  la  prospérité; 

49.  Et  ces  épaules,  semblables  à celles  du  lion,  d’où  s’échappent 
des  rayons  de  lumière;  et  ce  col  qu’embellit  le  Kâustubha;  et  cette 
poitrine  sur  laquelle  brille  Çri,  sa  compagne  fidèle,  dont  l’éclat  laisse 
bien  loin  derrière  elle  celui  delà  pierre  de  touche; 


126 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

50.  Et  ce  beau  rentre,  semblable  à la  feuille  [de  l'Açvattha],  sur 
lequel  les  mouvements  de  la  respiration  se  marquent  par  des  plis 
mobiles;  et  ce  nombril  profond  tracé  en  forme  de  cercle,  dans  lequel 
il  fait  rentrer  l’Univers; 

51.  Et  ces  hanches  noires  qui  rehaussent  l'éclat  de  son  vêtement 
que  retient  une  ceinture  d’or;  et  ces  pieds,  ces  jambes,  ces  cuisses 
belles  et  égales,  et  ces  genoux  qui  ne  saillent  pas. 

52.  Laisse-nous  voir,  enfin,  ce  corps  dont  les  pieds  brillants  comme 
la  feuille  du  lotus  d’automne,  effacent,  par  l’éclat  de  leurs  ongles, 
les  péchés  de  nos  cœurs,  ce  corps  qui  dissipe  toute  crainte;  car  c’est 
toi  qui  montres  la  voie  à ceux  qui  sont  dans  les  ténèbres. 

53.  Celui  qui  désire  la  pureté  de  l'âme,  doit  méditer  sur  cette 
forme;  car  la  dévotion  avec  laquelle  l'homme  fidèle  à son  devoir  s'y 
unit  de  cœur,  lui  donne  la  sécurité. 

54.  Tu  ne  peux  être  saisi  que  par  celui  qui  t'est  dévoué,  et  les 
êtres,  quels  qu’ils  soient,  ne  l’atteignent  pas  aisément,  puisque  tu  es 
un  objet  de  désir  pour  le  Souverain  même  du  ciel;  tu  es  la  voie  de 
celui  qui  ne  connaît  plus  que  l’Esprit. 

55.  Quand  on  a ofl’ert  au  Dieu  qu’il  n’est  pas  facile  d’adorer  le 
culte  de  cette  dévotion  exclusive  à laquelle  les  gens  de  bien  eux- 
mêmes  parviennent  si  difficilement,  pourrait-on  désirer,  hors  de  ce 
monde,  autre  chose  que  ses  pieds? 

56.  Que  l’homme  cherche  là  un  refuge,  et  le  Temps  cessera  de  le 
regarder  comme  sa  proie,  le  Temps  qui  ébranle  l’univers  d’un  seul 
mouvement  de  ses  sourcils  qu’agitent  la  puissance  et  la  force. 

57.  Non,  je  ne  donnerais  pas  un  instant  d'entretien  avec  ceux  qui 
te  sont  dévoués,  pour  la  possession  du  ciel,  pour  l’avantage  de  ne 
plus  renaître,  à plus  forte  raison  pour  les  biens  des  mortels. 

58.  Aussi  puissé-je  jouir  de  la  société  des  hommes  doués  de  bonté 
et  de  compassion  pour  les  créatures,  des  hommes  qui  se  sont  la- 
vés de  leurs  souillures  intérieures  et  extérieures,  en  se  plongeant 
dans  les  eaux  de  ton  fleuve  et  au  sein  de  ta  gloire,  ô toi  dont  les 
pieds  peuvent  effacer  toute  faute!  c'est  là  la  grâce  que  je  te  de- 
mande. 


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127 


LIVRE  QUATRIÈME. 

59.  Oui,  il  connaît  bientôt  ta  voie,  le  solitaire  dont  l'intelligence 
éclairée  par  le  spectacle  de  leur  dévotion,  échappe  à l’agitation  que 
causent  les  objets  extérieurs,  et  n'entre  pas,  parce  quelle  est  pure, 
dans  l’abîme  des  Ténèbres. 

60.  Il  connaît  cette  essence  qui  est  le  suprême  Brahma,  qui  est  la 
lumière,  qui  est,  comme  l’éther,  étendue  partout,  au  sein  de  laquelle 
apparaît  le  inonde,  et  qui  brille  au  sein  de  tous  les  êtres. 

61.  O toi  qui,  toujours  inaltérable,  crées,  conserves  et  détruis  cet 
univers,  à l’aide  de  Mâyâ,  celle  énergie  aux  nombreuses  formes,  qui, 
impuissante  quand  elle  repose  en  ton  sein,  fait  croire  qu’elle  est  dis- 
tincte de  toi,  et  donne  au  monde  une  apparente  réalité;  ô Bhaga- 
vat,  nous  savons  que  tu  es  naturellement  indépendant. 

62.  Les  Yôgins  doués  de  foi,  font  bien,  pour  leur  salut,  d’honorer 
par  les  cérémonies  prescrites  ta  forme  qne  caractérisent  les  élé- 
ments, les  sens  et  la  personnalité;  car  ils  sont  ainsi  habiles  et  dans 
le  Vêda  et  dans  le  Tantra. 

65.  Tu  es  l’Etre  unique,  le  primitif  Purucha  en  qui  sommeille 
cette  puissance  par  l’action  de  laquelle  se  distinguent  l'une  de  l’autre 
les  qualités  de  la  Passion,  de  la  Bonté  et  des  Ténèbres,  et  d'où 
sortent  les  principes  de  l’Intelligence  et  de  la  personnalité,  le  ciel, 
le  vent,  le  feu,  l’eau,  la  terre,  les  Dieux,  les  Rïchis,  la  foule  des  êtres 
et  l’univers  tout  entier. 

64.  L’htre  suprême,  en  effet,  entre  avec  une  portion  de  lui-même 
et  sous  quatre  formes  différentes,  dans  la  ville  [du  corps]  qu’il  a créée 
par  sa  puissance;  aussi  appelle-t-on  Purucha,  cet  être  qui,  enfermé 
dans  le  corps,  y perçoit  les  objets  par  le  moyen  des  sens,  comme 
l’abeille  [dans  sa  ruche]  jouit  du  miel  quelle  fabrique. 

65.  C’est  encore  toi,  toi  dont  l’essence  fie  peut  qu’être  conçue, 
qui,  dans  ta  course  impétueuse,  entraînes  les  inondes  avec  une  irré- 
sistible puissance,  renversant  les  êtres  les  uns  par  les  autres,  comme 
le  vent  qui  dissipe  les  nuages  amoncelés. 

66.  Pendant  que  l’homme  dont  la  cupidité  insatiable  se  passionne 
pour  les  objets,  est  distrait  par  la  pensée  de  ses  desseins,  toi  qui 
veillés  pour  tout  détruire,  tu  te  précipites  tout  à coup  sur  lui,  comme 


128  LE  BHÂGAVATA  PL'RÀNA. 

le  serpent  qui,  pressé  par  la  faim,  agite  sa  langue  à la  vue  du  rat 
qu’il  va  dévorer. 

67.  Comment,  s’il  est  sage,  pourrait-il  abandonner  le  lotus  de  tes 
pieds,  l’homme  dont  tu  punis  les  mépris  par  la  destruction  de  son 
corps,  puisque  Brakrnâ  notre  maître  et  les  quatorze  Manus  te  célè- 
brent, pleins  de  terreur  et  sans  autre  motif  [qu’une  entière  confiance]? 

68.  Aussi  es-tu  pour  nous,  qui  te  connaissons,  et  Brahma  et  l’Es- 
prit suprême;  l’univers  entier  tremble  au  nom  de  Budra,  mais  tu 
es  la  voie  où  cesse  toute  crainte. 

69.  Voilà,  ô fils  de  roi  (et  puisse  le  bonheur  être  avec  vous!),  la 
prière  que  vous  devez  réciter  en  remplissant  avec  pureté  vos  de- 
voirs, et  en  dirigeant  vos  coeurs  vers  Bhagavat. 

70.  Honorez  cet  Esprit  qui  réside  en  vous  et  au  sein  de  tous  les 
êtres,  en  prononçant  et  en  méditant  sans  cesse  le  nom  de  Hari. 

71.  Maintenant  que  vous  avez  entendu  cette  instruction  sur  le 
Yôga,  gravez-la  dans  votre  mémoire,  et,  livrés  à la  vie  des  solitaires, 
récitcz-la  tous  avec  respect  et  recueillement. 

72.  Jadis  le  Chef  des  créateurs  de  l’univers  me  l'a  confiée  ainsi 
qu’à  Bhrïgu  et  à ses  autres  fils,  au  moment  où,  désireux  de  créer 
les  mondes,  il  voulait  les  associer  à son  oeuvre. 

75.  C'est  alors  qu’excités  tous  à remplir  notre  tâche,  nous  vîmes 
cet  enseignement  dissiper  notre  ignorance,  et  que  nous  nous  mimes 
à créer  des  êtres  variés. 

74.  L'homme  qui,  toujours  attentif,. recueilli  et  occupé  de  Vâsu- 
dêva,  récite  cette  prière,  obtient  bien  vite  la  béatitude. 

75.  De  tous  les  biens  de  ce  monde,  la  science  est  le  plus  grand; 
l’homme  traverse  aisément,  sur  le  vaisseau  de  la  science,  l’océan 
infranchissable  du  malheur. 

76.  Lire  avec  foi  l’hymne  à Bhagavat,  que  je  viens  de  chanter, 
c’est  honorer  Hari  qu’on  n'adore  que  si  difficilement. 

77.  L’homme  obtient  sans  peine  tout  ce  qu’il  désire  du  Dieu  que 
recherchent  seul  toutes  les  prospérités,  quand  il  le  charme  par 
l’hymne  que  je  viens  de  dire. 

78.  Celui  qui,  dès  l’aurore,  écoute  ou  récite  cet  hymne  avec  foi  et 


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LIVRE  QUATRIÈME.  129 

en  tenant  les  mains  respectueusement  jointes,  est  affranchi  des  liens 
des  œuvres. 

79.  Je  vous  ai  chanté,  fils  de  roi,  l’hymne  du  souverain  Purucha 
qui  est  l'Esprit  suprême  : accomplissez,  en  le  récitant  avec  attention, 
votre  rude  pénitence,  et  vous  obtiendrez,  au  terme  de  vos  mortifi- 
cations, l’objet  de  vos  vœux. 


FIS  DD  VINGT-QUATRIÈME  CHAPITRE,  ATAST  PODK  TITRE: 
CHANT  DE  RDDRA, 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PURÂNA . 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÀSA. 


*7 


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130 


LE  BH  A G AV  ATA  PI!  R AN  A. 


CHAPITRE  XXV. 

ÉPISODE  DE  PlIR  AM  I)J  A Pi  A. 

1.  Mâitrêya  dit  : Après  avoir  donné  ces  instructions  aux  fils  de 
Varliilichad,  le  bienheureux  Hara,  ayant  reçu  leurs  respects,  disparut 
à leurs  yeux. 

2.  Récitant  tous  à voix  basse  l'hymne  que  Rudra  venait  d’adresser 
à Bhagavat,  les  Pratchêtas  se  livrèrent,  au  sein  des  eaux,  à une  péni- 
tence de  dix  mille  années. 

5.  Pendant  que  Prâtchînavarhis  [ leur  père  ] était  absorbé  par  les 
œuvres,  Nârada,  ce  sage  plein  de  compassion,  qui  connaît  la  nature 
de  l’Esprit  suprême,  vint  l’éclairer  de  sa  science. 

ii.  O roi,  [lui  dit-il,]  quel  est  le  bien  que  tu  veux  obtenir  comme 
récompense  de  tes  œuvres?  L’exemption  de  la  douleur  sans  doute, 
et  l’acquisition  du  plaisir;  mais  les  œuvres  ne  te  donneront  ni  l’une 
ni  l’autre. 

5.  Le  roi  dit:  Je  ne  connais  pas,  sage  fortuné,  ce  que  ccst  que 
la  béatitude  suprême,  parce  que  mon  esprit  est  troublé  parles  oeuvres; 
enseigne-moi  donc  la  science  pure,  afin  que  je  puisse  m’afTranchir 
de  l'action. 

o.  Au  milieu  des  devoirs  vulgaires  d’un  maître  de  maison,  l’homme 
trompé,  qui  ne  pense  qu’à  sa  femme,  à ses  enfants  et  à ses  richesses, 
ne  trouve  pas  l’Être  suprême,  et  s’égare  dans  les  sentiers  de  la 
transmigration. 

7.  Nârada  dit  : O roi,  père  de  tes  peuples,  vois  les  milliers  de 
victimes  pleines  de  vie  que  lu  as  immolées  sans  pitié  dans  le  sa- 
crifice. 

8.  Elles  t’attendent  avec  le  souvenir  du  mal  que  tu  leur  as  fait;  et 


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LIVRE  QUATRIÈME.  151 

quand  tu  seras  mort,  elles  viendront,  animées  par  la  fureur,  te  dé- 
chirer avec  des  pointes  de  1er. 

9.  Je  vais  te  raconter,  à ce  sujet,  un  ancien  ltihàsà,  l’histoire  du 
roi  Puramdjana  ; écoute-moi  pendant  que  je  parlerai. 

10.  11  y eut  jadis,  ô roi,  un  monarque  glorieux  nommé  Puram- 
djana, qui  avait  pour  ami  un  personnage  dont  le  nom  comme  les 
oeuvres  sont  inconnus. 

11.  Ce  roi  parcourut  toute  la  terre  en  cherchant  une  retraite;  mais 
comme  il  n’en  trouvait  pas  de  convenable,  il  tomba  presque  dans  le 
découragement. 

12.  Avide  de  plaisirs,  il  ne  voyait,  parmi  les  nombreuses  villes 
qu’il  avait  visitées  sur  la  terre,  aucun  séjour  qui  lui  assurât  les  jouis- 
sances qu’il  désirait. 

15.  Un  jour,  sur  les  sommets  de  l’Himavat  qui  regardent  le  sud, 
il  aperçut  une  ville  ayant  neuf  portes,  et  à laquelle  il  ne  manquait 
rien  de  ce  qui  constitue  une  cité. 

14.  On  y voyait  des  maisons  entourées  de  remparts,  de  fossés  et 
de  jardins,  munies  de  fenêtres,  de  portiques,  et  surmontées  de  pa- 
villons et  de  toits  d’or,  d’argent  ou  de  1er. 

15.  Les  palais  y reposaient  sur  un  sol  formé  de  saphir,  de  cristal, 
de  lapis-lazuli,  de  perles,  d’émeraudes  et  de  rubis;  toute  la  ville  res- 
plendissait d'un  éclat  pareil  à celui  de  Bhôgavatt. 

16.  On  y voyait  des  lieux  d’assemblée,  des  carrefours,  des  grandes 
routes,  des  places  où  l’on  jouait,  des  marchés,  des  arbres  consacrés, 
des  drapeaux,  des  étendards,  et  des  bancs  faits  de  corail. 

17.  Hors  de  la  ville  était  un  jardin  rempli  d’arbres  divins  et  de 
plantes  grimpantes,  et  renfermant  des  lacs  qui  retentissaient  du 
chant  des  oiseaux  et  du  bourdonnement  des  abeilles. 

18.  Le  vent  qui,  chargé  des  gouttes  d’eau  enlevées  aux  cascades 
glacées,  traversait  des  masses  de  fleurs,  y agitait  les  rameaux  et  les 
branches  des  arbres  qui  ornaient  les  bords  de  ces  étangs. 

19.  Des  troupes  d’animaux  paisibles  comme  des  solitaires  y erraient 
sans  s'opposer  aux  pas  du  voyageur,  qui  s’y  trouvait  appelé  en  quelque 
sorte  par  le  cri  des  Kôkilas. 


132 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

20.  Là  il  vit  la  plus  belle  des  femmes  qui  venait  d'elle-même  à sa 
rencontre,  suivie  de  dix  serviteurs  dont  chacun  était  le  mari  de  cent 
épouses. 

21.  Elle  était  gardée  par  un  serpent  à cinq  têtes  qui  veillait  autour 
d’elle  de  toutes  parts;  douée  d’une  beauté  ravissante  et  encore  vierge, 
elle  cherchait  un  mari. 

22.  Elle  était  jeune;  son  nez  et  ses  dents  étaient  bien  formés;  elle 
avait  de  belles  joues,  un  beau  visage;  ses  oreilles  parfaitement  égales, 
portaient  des  anneaux  brillants. 

25.  Elle  avait  un  vêtement  brun,  les  hanches  larges,  le  teint 
noir  et  une  ceinture  d’or;  quand  elle  marchait,  semblable  à une 
Déesse,  elle  faisait  retentir  les  anneaux  attachés  à ses  pieds. 

24.  Elle  avait  la  démarche  d’un  éléphant,  et  cachait  par  pudeur, 
sous  l’extrémité  de  son  vêtement,  ses  seins  égaux,  arrondis,  rappro- 
chés l’un  de  l’autre,  où  brillait  la  fleur  de  la  jeunesse. 

25.  Le  roi,  blessé  par  la  flèche  d’un  tendre  regard  que  lui  avait 
lancée  [l’arc  d’]  un  sourcil  agité  par  l’amour,  parla  doucement  à cette 
femme  qu’embellissait  le  sourire  de  la  pudeur. 

26.  Qui  es-tu,  ô toi  dont  les  yeux  ressemblent  aux  pétales  du 
lotus?  de  qui  es-tu  fille,  et  d’où  viens-tu?  Dis-moi,  femme  timide, 
ce  que  tu  désires  faire  dans  ce  jardin  près  de  la  ville. 

il.  Quels  sont  ces  grands  guerriers  au  nombre  de  onze  qui  te 
suivent?  quelles  sont  ces  femmes,  et  quel  est  ce  serpent,  beauté 
charmante,  qui  précède  tes  pas? 

28.  Es-tu  Hrî,  Bhavânî,  Vâtch  ou  Ramâ,  toi  qui  te  promènes  ainsi 
seule  dans  la  forêt  comme  un  solitaire,  cherchant  ton  époux  dont 
tous  les  vœux  sont  satisfaits  par  l’amour  qu’il  a pour  tes  pieds?  Où 
ta  main  laissera-t-elle  tomber  le  lotus  quelle  porte? 

29.  Ô toi,  femme  ravissante,  qui  ne  peux  être  une  de  ces  Déesses, 
puisque  tes  pieds  touchent  la  terre,  consens  à venir  embellir  cette  ville, 
avec  un  roi  héroïque  dont  les  exploits  sont  nombreux,  semblable  à 
Çri , qui  embellit  le  séjour  suprême  avec  son  époux,  le  Chef  du  sacrifice. 

30.  Car  mes  sens  qu'a  ébranlés  ton  regard,  sont  émus  par  l’ex- 
pression fortunée  de  ce  sentiment  qu’a  laissé  échapper  ton  sourcil 


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LIVRE  QUATRIEME.  155 

agité  par  le  sourire  et  par  un  amour  pudique;  daigne  donc,  6 belle 
femme,  exaucer  ma  prière. 

51.  Lève  donc  vers  moi,  et  consens  à me  montrer  ce  visage,  que 
me  cache  ta  pudeur,  ce  visage  qu’ornent  de  beaux  sourcils  et  les 
astres  de  deux  beaux  yeux,  qu’entourent  de  nombreuses  boucles  fie 
longs  cheveux  noirs,  et  d’où  doivent  sortir  de  gracieuses  paroles. 

52.  Aussitôt  cette  femme,  troublée  par  la  passion,  accueillant  avec 
un  sourire  Puraiïidjana  qui  la  sollicitait  comme  eût  fait  un  homme 
peu  maître  de  ses  sens,  lui  répondit  en  ces  termes  : 

35.  Je  ne  connais,  ô grand  roi,  ni  mon  créateur,  ni  le  tien;  et  je 
ne  sais  pas  davantage  l'auteur  de  mon  nom  et  de  ma  race. 

54.  Je  ne  sais  pas  non  plus  comment  il  se  fait  que  je  me  trouve 
aujourd’hui  en  ce  lieu , et  j’ignore  également  quel  est  celui  qui  a 
élevé  cette  ville  destinée  à me  servir  de  séjour. 

55.  Ces  hommes  et  ces  femmes  sont  mes  amis  et  mes  amies,  ô 
prince  illustre;  et  ce  serpent,  qui  veille  pendant  que  je  dors,  est  le 
gardien  de  la  ville. 

50.  Ahl  que  tu  es  heureux  d’étre  venu  ici,  toi  qui  recherches  les 
plaisirs  que  donnent  les  sens!  Moi  et  mes  amies,  ô brave  héros,  nous 
comblerons  tes  désirs. 

37.  Règne,  ô prince,  sur  cette  ville  aux  neuf  portes,  et  puisses-tu 
y jouir  pendant  cent  années  du  bonheur  des  sens  que  je  saurai 
te  donner  ! 

38.  A quel  autre  que  toi  offrirai-je  mes  plaisirs  ? Irai-je  me  livrer 
à l’ignorant  qui,  semblable  au  stupide  animal,  ne  sait  ce  que  c’est 
que  la  jouissance,  ne  pense  jamais  à l'avenir,  et  ignore  qu'il  y a un 
lendemain? 

39.  Ici  tu  trouveras  la  richesse,  le  plaisir,  le  bonheur  d’étre  père, 
le  mérite  du  devoir,  l'immortalité,  la  gloire  et  l’espérance  d’obtenir 
le  séjour  de  ces  mondes  heureux  et  purs  que  ne  connaissent  pas  les 
ascètes  contemplatifs. 

40.  On  dit  que  la  condition  de  maître  de  maison  est,  en  ce  monde, 

l’asile  fortuné  des  Pitrîs,  des  Dêvas,  des  Rïchis,  des  hommes,  des 
Bhûtas  et  de  celui-là  même  qui  l’embrasse.  . . 


134  LE  BHÀGAVÀTA  Pl'RÂNA. 

41.  Comment  une  femme  comme  moi  pourrait-elle  ne  pas  choisir 
pour  époux  un  héros  tel  que  toi,  un  héros  célèbre,  éloquent,  d’un 
extérieur  agréable,  et  qui  se  présente  de  lui-même? 

42.  Est-il,  ô grand  prince,  une  femme  dont  le  cœur  ne  désirât 
s’attacher  aux  bras  vigoureux  comme  le  corps  d’un  serpent,  de  celui 
qui  va  en  tous  lieux. pour  dissiper  complètement  les  douleurs  dont 
souffre  la  foule  des  infortunés,  en  leur  accordant  un  de  ces  regards 
qu’anime  un  sourire  attendri  par  la  compassion? 

43.  Étant  ainsi  convenus  detre  l’époux  l’un  de  l’autre,  le  roi  et 
cette  femme  entrèrent  dans  la  ville,  et  s’y  livrèrent  pendant  cent 
ans  au  plaisir. 

44.  Célébré  en  tous  lieux  par  les  chants  flatteurs  des  poètes,  se  li- 
vrant au  plaisir  parmi  les  femmes  qui  l’entouraient,  il  se  plongeait, 
pendant  la  saison  de  la  chaleur,  dans  les  eaux  d’un  étang. 

45.  La  ville  qu’il  habitait  avait  sept  portes  dans  sa  partie  supé- 
rieure, et  deux  dans  sa  partie  inférieure;  elles  devaient  donner 
chacune  entrée  à des  objets  distincts  destinés  tous  au  mettre,  quel 
qu’il  fût,  de  la  ville. 

40.  Cinq  de  ces  portes  regardaient  l’orient,  une  le  midi,  une 
autre  le  nord,  et  deux  autres  l’occident;  je  vais,  ô roi,  te  dire  leur 
nom. 

47.  Deux  des  portes  orientales  se  nomment,  l’une  la  Mouche  lu- 
mineuse, l’autre  Celle  dont  l’entrée  est  apparente;  ces  deux  portes, 
situées  l’une  près  de  l’autre,  conduisent  le  roi  qui  a pour  ami  ce- 
lui qui  recherche  la  lumière,  vers  une  campagne  resplendissante 
d’éclat. 

48.  Deux  portes  également  voisines,  et  situées  vers  l’orient,  se 
nomment  l’Étang  et  le  Lac;  elles  conduisent  le  roi  qui  a pour  ami 
celui  qui  est  mis  eu  mouvement  [par  l’air],  vers  les  objets  odorants. 

49.  La  cinquième  porte  orientale  se  nomme  la  Principale;  c’est 
par  elle  que  le  roi  de  la  ville  va  vers  ces  deux  espèces  d’objets,  la 
parole  et  les  diverses  sortes  d’aliments;  il  s’y  rend  accompagné  de  la 
voix  et  du  goût. 

50.  La  porte  du  midi  se  nommait  l’Invocation  des  Pitrîs;  c’est  par 


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155 


LIVRE  QUATRIEME 

elle  que  Puramdjana  se  rendit  dans  le  Panlchâla  méridional,  ac- 
compagné de  l’organe  qui  reçoit  ce  qui  est  entendu. 

51.  La  porte  du  nord  se  nommait  l’Invocation  dés  Dêvas;  c'est 
par  elle  que  Puraiïidjana  se  rendit  dans  la  province  du  Pantchâla 
septentrional  ; il  s’y  rendit  également  accompagné  de  l’organe  qui 
reçoit  ce  qui  est  entendu. 

52.  La  huitième  porte  qui  regardait  l’occident,  se  nommait  celle 
des  Asuras;  c’est  par  elle  que  Puraiïidjana  se  rendit  vers,  l’objet  des 
plaisirs  sensuels,  accompagné  de  l’organe  qu’emporte  la  passion. 

55.  La  neuvième  porte  également  occidentale , se  nommait  celle 
de  l’Infortune;  c’est  par  elle  que  Puramdjana  sc  rendit  dans  la  pro- 
vince de  la  Douleur,  avec  l’organe,  siège  des  impérieux  besoins. 

55.  Parmi  les  habitants  de  cette  ville  il  y avait  deux  aveugles, 
nommés  l’un  le  Muet,  l’autre  l’Expert;  c’est  par  leur  ministère  que 
le  souverain  seigneur  des  corps  marchait  et  agissait. 

55.  Chaque  fois  qu’il  entrait  dans  son  appartement  intérieur,  avec 
son  ministre  qui  porte  partout  ses  regards,  il  y trouvait  le  trouble, 
le  calme  ou  la  joie,  sentiments  que  faisaient  naître  en  lui  sa  femme 
et  ses  enfants. 

56.  C’est  ainsi  que  livré  aux  œuvres,  esclave  du  désir,  trompé, 
ignorant,  il  ne  songeait  qu'à  imiter  les  actions  de  la  reine. 

57.  Quand  elle  buvait  des  liqueurs  enivrantes,  il  buvait  et  s'eni- 
vrait avec  elle;  quand  elle  mangeait  et  prenait  des  aliments,  il  man- 
geait et  en  prenait  aussi. 

58.  Chantait-elle,  il  chantait  aussi;  pleurait-elle,  il  pleurait;  il 
riait  quand  elle  riait,  et  parlait  quand  elle  venait  à parler. 

59.  S’il  arrivait  que  la  reine  courût,  restât  debout,  se  Couchât  ou 
s’assît,  il  exécutait  avec  elle  chacun  de  ces  mouvements. 

60.  Si  elle  entendait,  si  elle  regardait,  si  elle  percevait  une  sen- 
sation par  l'odorat  ou  par  le  toucher,  le  roi  imitait  chacune  de  ses 
actions. 

61.  Quand  sa  femme  se  désolait,  il  se  désolait  avec  elle,  comme 
s’il  eût  été  malheureux;  si  elle  se  réjouissait,  il  se  réjouissait  aussi 
et  partageait  son  contentement. 


156  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

82.  Ainsi  égaré  par  la  reine,  trompé  par  tous  ses  sujets,  ce  roi 
impuissant  et  privé  de  lumières  imitait,  sans  éprouver  aucun  désir, 
les  actions  quelle  exécutait,  aussi  docile  que  la  gazelle  dont  on  se 
fait  un  amusement. 

riK  DU  VINGT-CINQUIÈME  CHAPITRE,  AYART  POUR  TITRE  : 

ÉPISODE  DE  PUR  AMDJANA  , 

DANS  DE  QUATRIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PURÂ(JA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÀSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


137 


CHAPITRE  XXVI. 

ÉPISODE  DE  PUR  AMDJ  AN  A. 

1.  Nârada  dit:  Un  jour  le  roi  au  grand  arc  monta  sur  un  char 
rapide,  traîné  par  cinq  chevaux,  ayant  deux  flèches,  deux  roues,  un 
moyeu,  trois  drapeaux  et  cinq  cercles. 

2.  Ce  char  avait  une  seule  rêne,  un  cocher,  une  caisse,  deux  at- 
taches pour  le  joug;  il  était  muni  de  cinq  coffres,  entouré  de  sept 
armures,  et  pouvait  prendre  cinq  directions  différentes. 

3.  Porté  sur  ce  char  dont  les  ornements  étaient  d'or,  le  roi , cou- 
vert d’une  cuirasse  faite  du  môme  métal,  et  tenant  en  main  son  arc 
indestructible,  se  rendit,  g la  tête  de  onze  corps  d’armée,  dans  la 
forêt  aux  cinq  pics. 

4.  Là  ce  monarque  enflé  d’orgueil,  l’arc  et  la  flèche  à la  main, 
parcourut  la  forêt  en  chassant,  oubliant,  dans  son  ardeur  à pour- 
suivre les  bêtes  sauvages,  sa  femme  qui  ne  méritait  pas  d’être  ainsi 
négligée. 

5.  Livré  aux  pratiques  des  Asuras,  cruel,  sans  pitié,  il  perçait  de 
ses  flèches  aiguës  les  animaux  des  forêts. 

6.  Il  pouvait  bien , ce  roi  passionné , immoler  dans  la  forêt  auprès 
des  étangs  célèbres,  autant  d’animaux  purs  qu’il  en  avait  besoin;  la 
loi  autorisait  ces  meurtres. 

7.  En  effet,  6 roi,  l’homme  sage  qui  n'accomplit  ainsi  que  les 
œuvres  commandées  pai*la  loi,  reste  étranger  aux  conséquences  des 
notions  qui  résultent  de  ces  œuvres. 

8.  Mais  s’il  agit  autrement,  l’orgueil  s'empare  de  lui  vil  est  en- 
chaîné par  ses  œuvres;  et  tombant  dans  le  courant  des  qualités,  il 
perd  la  science,  et  va  dans  les  régions  infernales. 

9.  Cependant  Puraiïidjana,  avec  ses  flèches  aux  plumes  variées. 


138 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

déchirait  les  membres  des  malheureux  animaux,  et  en  faisait  un  mas- 
sacre qu'un  homme  compatissant  n’aurait  pu  voir. 

10.  Enfin,  après  avoir  tué  des  lièvres,  des  sangliers,  des  buffles, 
des  Gyals,  des  gazelles,  des  porcs-épics  et  divers  autres  animaux 
purs,  il  se  sentit  accablé  de  fatigue. 

11.  Épuisé  par  la  faim  et  par  la  soif,  il  cessa  de  chasser  et  regagna 
son  palais;  là  s’étant  baigné  et  ayant  pris  des  aliments  convenables, 
il  se  coucba,  et  ses  fatigues  se  dissipèrent. 

12.  11  fit  ensuite  frotter  son  corps  de  parfums  et  de  substances 
onctueuses , il  l'orna  d’une  guirlande  ; et  quand  il  se  vit  bien  paré, 
il  se  mit  à songer  à la  reine. 

15.  Rassasié,  fier,  plein  de  joie,  le  cœur  enflammé  d'amour,  il 
[chercha  en  vain  et]  ne  vit  pas  sa  belle  épouse,  la  maîtresse  de  la 
maison. 

14.  Saisi  de  tristesse,  il  interrogea  les  femmes  des  appartements 
intérieurs  : Êtes-vous,  ô belles  filles,  ainsi  que  votre  maîtresse,  aussi 
heureuses  qu’autrefois?  Cependant  je  n envois  pas  briller  dans  cette 
demeure,  celle  qui  en  fait  la  prospérité. 

15.  S’il  n’y  a pas  dans  une  maison  une  mère  ou  une  épouse  dé- 
vouée à son  mari,  comment  le  sage  pourrait-il  s’y  arrêter?  Ce  serait 
faire  comme  le  malheureux  qui  s’asseoit  daus  un  char  sans  roues. 

16.  Où  est-elle  cette  femme  ravissante  qui,  dans  chaque  lieu 
qu’elle  illumine  de  l'éclat  de  sa  beauté,  ravit  la  raison  à son  époux, 
plongé  maintenant  dans  l'océan  du  malheur? 

17.  Les  femmes  dirent  : Roi  des  hommes,  nous  ne  savons  pas 
quels  sont  les  desseins  de  ton  amie  ; vois-la , ô grand  vainqueur,  gi- 
sante sur  la  terre  nue. 

18.  Nàrada  dit  : Purarâdjana  auquel  son  union  avec  la  reine  avait 
enlevé  la  raison,  la  voyant  étendue  à terre  sans  parures,  tomba  dans 
un  accablement  extrême. 

19.  Le  cœur  déchiré  par  la  douleur,  il  se  mit  à la  consoler  d’une 
voix  douce;  mais  il  fie  sut  pas  reconnaître  quil  était  lui-même  U 
cause  de  la  colère  affectueuse  qui  agitait  son  amie. 

20.  Le  héros  qui  connaissait  les  moyens  de  l’apaiser,  parvint 


LIVRE  QUATRIÈME.  159 

peu  à peu  à lui  rendre  le  calme;  il  toucha  les  pieds  de  cette  épouse 
chérie,  et  lui  dit  en  la  serrant  entre  ses  bras: 

21.  Sans  doute  ils  ne  doivent  leur  pureté  qu’à  toi,  ceux  de  tes 
esclaves  coupables  auxquels  le  maître,  connaissant  leur  soumission, 
n’inflige  pas  le  châtiment  fait  pour  les  instruire. 

22.  C’est  cependant  la  plus  grande  des  faveurs,  qu’un  châtiment 
infligé  par  un  maître  à son  esclave;  et  c'est  un  ignorant,  que  celui 
qui,  incapable  de  le  supporter,  n’y  voit  pas  l’action  d’un  ami. 

25.  O toi  dont  les  sourcils  et  les  dents  sont  si  beaux,  laisse  voir  à 
ton  esclave,  femme  vertueuse,  ce  visage  qu’animent  des  regards  on 
brille  un  sourire  alangui  par  la  pudeur  et  par  l'excès  de  l'amour,  que 
parent  un  beau  nez  et  des  boucles  de  cheveux  noirs  semblables  à des 
abeilles,  et  duquel  sortent  de  ravissantes  paroles. 

24.  Oui,  femme  d'un  héros,  quel  que  soit  celui  qui  t’a  fait  injure, 
je  le  châtierai,  à moins  que  ce  ne  soit  un  Brâhmane;  car  je  ne  vois, 
même  en  dehors  des  trçis  mondes,  personne  qui  soit  à l’abri  de  la 
crainte  [de  mon  pouvoir]  et  au  comble  de  la  joie,  si  ce  n’est  le  ser- 
viteur de  l’ennemi  de  Mura. 

25.  Jamais  je  n’ai  vu  ton  visage  comme  il  est  aujourd'hui,  ne 
portant  plus  la  marque  du  Tilaka,  terni,  triste,  animé  par  la  colère, 
privé  de  ses  ornements,  n’exprimant  plus  l’amour;  jamais  tes  beaux 
seins  n’ont  été  baignés  par  les  larmes  de  la  douleur;  jamais  tes  lèvres 
semblables  au  fruit  du  Bimba  n’ont  été  privées  de  la  parure  qu’y 
dépose  la  couleur  jaune  [du  bétel]. 

28.  Pardonne  à ton  ami  que  trouble  ta  douleur,  la  faute  qu’il  a 
commise  en  allant  seul  à la  chasse;  quelle  est  l’amante  qui  ne  se 
rendrait  pas,  quand  il  le  faut,  à un  amant  soumis  dont  le  courage 
ne  peut  résister  aux  ardeurs  du  Dieu  qui  a pour  armes  des  fleurs? 

FIN  DU  VINGT-SIXIEME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE  : 

Episode  de  pcramdjana, 

DANS  LE  QUATRIEME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA  . 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVÀTA  , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYASA. 


140 


LE  BHAGAVATA  PtJRÀNA. 


CHAPITRE  XXVII. 

ÉPISODE  DE  PÜRAMDJANA. 


1.  Nârada  dit:  Alors  la  reine,  femme  de  Purarhdjana,  qui  par  ses 
caresses  avait  pris  un  empire  absolu  sur  son  époux , le  combla , ô 
grand  roi,  de  plaisirs  qu’elle  partageait  avec  lui. 

2.  Quand  la  reine,  après  avoir  employé  au  sortir  du  bain  toul 
ce  qui  pouvait  rendre  son  extérieur  agréable,  et  après  avoir  pris  de 
la  nourriture,  présenta  au  roi  son  visage  brillant  de  beauté,  Purarn- 
djana  la  reçut  avec  empressement. 

5.  Tandis  que  suspendu  au  cou  de  la  reine,  pressé  dans  ses  bras, 
il  livrait  en  secret  sou  cœur  à de  tendres  entretiens,  il  ne  s’aperce 
vait  pas  de  la  marche  irrésistible  du  temps;  et  la  passion  qui  li 
retenait  auprès  de  sa  femme,  l'empêchait  de  compter  les  jours  et  les 
nuits. 

4.  Couché  sur  un  lit  précieux,  la  tête  appuyée  sur  les  bras  dt 
la  reine,  ce  prince  magnanime,  au  comble  de  l’ivresse,  ne  voyai' 
rien  au-dessus  d’elle,  et  ignorait  sa  propre  nature  ainsi  que  ceilt 
de  l’Etre  suprême,  parce  qu’il  était  aveuglé  par  les  Ténèbres. 

5.  Pendant  que,  l’esprit  absorbé  dans  son  amour,  il  s’abandon- 
nait ainsi  au  plaisir  avec  elle,  sa  jeunesse,  ô grand  roi,  s’évanouit 
avec  la  rapidité  d’un  moment. 

6.  Puramdjana  avait  eu  de  sa  femme  PurarTidjauî  cent  onze  en 
fants  mâles,  et  ce  monarque  suprême  avait  déjà  dépassé  la  moitit 
de  son  existence. 

7.  Il  en  eut  encore,  ô chef  des  créatures , cent  dix  fdles , toute; 
douées  de  vertu,  de  noblesse  et  de  bonnes  qualités,. et  qui  toute; 
firent  la  gloire  de  leur  père  et  de  leur  mère. 

s.  Le  souverain  des  Pântchâlas  maria  ses  fils  afin  qu'ils  conti- 


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LIVRE  QUATRIÈME.  141 

nuassent  la  famille  de  leur  père,  et  il  donna  à ses  filles  des  époux 
dignes  d’elles.  . • 

9.  Et  chacun  de  ces  fils  eut  à son  tour  cent  enfants  mâles  qui 
firent  prospérer,  dans  le  royaume  de  Pantchâla,  la  famille  de  Pu- 
ramdjana. 

10.  Entouré  des  héritiers  de  sa  fortune  qui  vivaient  dans  sa  mai- 
son et  de  ses  trésors,  le  roi  était  attaché  à ces  biens  par  le&sentiments 
d’une  affection  tout  égoïste. 

11.  Il  offrit,  après  les  préparations  convenables,  des  sacrifices  san- 
glants où  périrent  de  nombreuses  victimes,  en  l’honneur  des  Dêvas, 
des  Pitrïs  et  des  chefs  des  Bhûtas,  implorant  chacun  de  ces  Dieux, 
suivant  les  divers  désirs  qu’il  voulait  satisfaire. 

12.  Tandis  qu’indifférent  à son  véritable  intérêt,  son  esprit  était 
absorbé  par  les  soins  de  sa  maison,  il  parvint  bientôt  à cet  âge  qui 
est  si  dur  pour  ceux  qui  aiment  les  femmes. 

1?.  Le  chef  des  Gandharvas  qu'on  nomme  Tchandavêga  et  ses 
trois  cent  soixante  Gandharvas  vigoureux, 

14.  Accompagnés  d’un  égal  nombre  de  Gandharvas  femelles,  s’a- 
vançant vêtues  de  noir,  chacune  avec  son  mari  vêtu  de  blanc,  vin- 
rent tour  à tour  ravager  la  ville  où  le  roi  avait  rassemblé  tous  les 
objets  de  ses  désirs. 

15.  Quand  les  serviteurs  de  l’impétueux  Gandharva  commencèrent 
à porter  la  main  sur  la  ville  de  Puramdjana,  le  gardien  voulut  les  en 
empêcher. 

■ 16.  Seul , l’intrépide  gardien  de  la  ville  de  Puramdjana  combattit 
pendant  cent  années  contre  les  sept  cent  vingt  Gandharvas. 

17.  Quand  le  roi  vit  son  allié  fidèle  accablé  par  le  nombre  dans 
le  combat,  il  s'abandonna  ainsi  que  son  royaume,  sa  capitale  et  ses 
parents,  à une  profonde  tristesse. 

18.  En  effet,  occupé  dans  le  royaume  de  Pantchâla,  à recueillir 
l’impôt  qu’on  lui  apportait,  entouré  de  sa  suite , goûtant  au  milieu 
de  sa  capitale  le  miel  [des  plaisirs],  vaincu  par  l’amour  d’une  femme, 
il  n’avait  pas  songé  au  danger  qui  le  menaçait. 

19.  C’est  que  jamais  personne,  ô roi,  n’accueillit  avec  plaisir  [la 


142  LE  B H ÀG  AV  AT  A PURÂNA. 

vieillesse],  cette  Fille  da  Temps  qui  parcourt  les  trois  mondes  en 
cherchant  un  époux. 

20.  Le  monde  voyant  sa  détresse , a nommé  Misérable  cette  fille 
qui  satisfaite  de  ce  que  Puru , le  Rïchi  des  rois , l'avait  acceptée , lui 
accorda  sa  faveur. 

21.  Un  jour  que  j’étais  descendu  du  ciel  de  Brahmâ  sur  la  terre, 
la  Fille  du.Temps  qui  parcourait  le  monde  me  choisit  pour  époux, 
quoiqu’elle  me  sût  livré  à une  continence  perpétuelle;  mais  elle  était 
aveuglée  par  ses  désirs. 

22.  Irritée  [de  mon  refus],  elle  lança  contre  moi  une  imprécation 
redoutable  et  irrésistible  : Solitaire,  me  dit-elle,  puisque  tu  as  re- 
poussé ma  demande,  je  te  condamne  à ne  pouvoir  t’arrêter  jamais  en 
aucun  lieu. 

23.  Déçue  dans  son  espérance,  elle  alla  trouver  ensuite  le  chef  des 
Yavanas  nommé  Ëhaya  f la  Terreur),  que  je  lui  avais  désigné,  et  elle 
le  choisit  pour  époux. 

24.  Prince  des  Yavanas,  lui  dit-elle,  je  choisis  en  toi  l’époux  que 
je  désire  ; les  espérances  que  concevront  de  toi  les  mortels  ne  seront 
pas  trompées. 

25.  On  plaint  ces  deux  espèces  d’ignorants  qui , par  suite  de  leur 
mauvaise  nature,  ne  savent  pas  l’un  donner,  l’autre  accepter  ce  qui, 
d’après  la  loi  et  le  monde,  doit  être  offert  ou  reçu. 

26.  Accueille-moi  donc,  6 bienheureux,  et  prends  pitié  de  celle 
qui  te  recherche;  le  devoir  d’un  homme,  c’est  d’avoir  compassion  des 
infortunés. 

27.  Ayant  entendu  les  paroles  de  la  Fille  du  Temps,  le  chef  des 
Yavanas  qui  désirait  accomplir  l’œuvre  mystérieuse  des  Dieux,  lui 
répondit  avec  un  sourire  : 

28.  Je  t’ai  trouvé , par  l’effet  de  ma  propre  méditation , un  époux 

digne  de  toi;  le  monde  te  repousse  parce  que  tu  es  misérable  et  mé- 
prisée. . -. 

29.  Eh  bien  ! empare-toi,  dans  ta  marche  insensible,  empare-toi 
du  monde  entier  qui  est  le  résultat  des  œuvres  [antérieures];  pars 
avec  mon  armée , et  anéantis  les  créatures. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  145 

30.  Pradjvâra  (leFeudela  fièvre)  que  tu  vois.  est  mon  irère;quant 
à toi,  sois  ma  sœur  : avec  vous  et  avec  mes  troupes  redoutables,  je 
parcourrai  l’univers  sans  être  vu. 


Kl»  DU  VINGT- SEPTIÈME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE  : 

. ( 

ÉPISODE  DE  PliRAMDJANA  , 

DANS  I.E  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PL’RAHA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA . 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VTARA. 


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144 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÂNA*. 


CHAPITRE  XXVIII. 

ÉPISODE  DE  PURAMDJANA. 


1.  Nârada  dit  : L’armée  de  Bhaya  exécutant  les  ordres  qui  lui 
avaient  été  donnés,  se  mit  à parcourir  le  inonde  avec  le  Feu  de  la 
fièvre  et  la  Fille  du  Temps. 

2.  Un  jour  ils  assiégèrent  avec  rage  la  capitale  de  Puramdjana 
qui  était  remplie  de  tous  les  objets  de  jouissances  que  peut  donner 
la  terre,  et  que  défendait  le  vieux  serpent. 

5.  La  Fille  du  Temps  s’empara  de  force  de  la  ville  de  Puramdjana; 
quand  il  est  vaincu  par  elle,  l'Esprit  doit  immédiatement  tomber  dans 
l'impuissance. 

A.  A peine  s’en  fut-elle  rendue  maîtresse,  que  les  Yavanas,  accou- 
rant de  toutes  parts,  entrèrent  en  foule  par  toutes  les  portes,  et  mi- 
rent la  ville  entière  au  pillage. 

5.  Pendant  que  la  capitale  était  saccagée,  Puramdjana,  le  maître 
de  maison,  ressentant  ce  désastre  comme  s’il  en  eût  été  atteint  lui- 
même,  et  livré  aux  inquiétudes  qu’éveillait  en  lui  le  sentiment  de  1a 
personnalité,  éprouva  de  nombreuses  douleurs. 

e.  Pressé  par  la  Fille  du  Temps  qui  le  serrait  dans  ses  bras,  misé- 
rable, privé  de  sa  beauté,  tout  entier  aux  objets  extérieurs,  aban- 
donné par  sa  raison,  il  vit  les  Gandharvas  et  les  Yavanas  lui  enlever 
violemment  la  puissance. 

7.  A la  vue  de  sa  capitale  ravagée,  de  la  rébellion  de  ses  fils,  de 
la  conduite  de  ses  petits-fils,  de  scs  serviteurs  et  de  ses  ministres  qui 
ne  le  respectaient  plus,  de  l’indifférence  de  sa  femme, 

s.  De  son  propre  corps  saisi  par  la  Fille  du  Temps,  du  Pantchâla 
ravagé  par  l’ennemi,  il  tomba  dans  une  tristesse  qui  n’eut  plus  de 
bornes,  et  ne  put  résister  à tant' de  malheurs. 


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LIVRE  QUATRIÈME.  145 

9.  Désirant,  dans  sa  misère,  des  plaisirs  que  la  Fille  du  Temps 
lui  rendait  insipides,  ayant  perdu  tout  attachement  pour  la  voie  de 
l'Esprit,  et  regrettant  sa  femme  et  ses  enfants, 

10.  Le  roi  se  décida,  quoiqu’à  regret,  à quitter  la  ville  qui  était 
envahie  par  les  Gandharvas  et  les  Yavanas,  et  ravagée  par  la  Fille 
du  Temps. 

11.  Le  Feu  de  la  fièvre,  ce  frère  aîné  de  Bhaya,  survint  aussitôt, 
et  voulant  faire  plaisir  à son  frère,  il  mit  la  ville  entière  toute  en 
flammes. 

12.  Pendant  que  la  capitale  était  ravagée  par  le  feu,  le  chef  de 
famille  avec  sa  femme,  ses  enfants,  sa  suite  et  les  habitants  de  la 
ville,  fut  attaqué  par  l'incendie. 

13.  Dévoré  par  la  fièvre,  voyant  les  Yavanas  lui  fermer  toutes  les 
retraites,  pendant  que  la  Fille  du  Temps  ravageait  la  ville,  celui  qui 
la  gardait  fut  à son  tour  atteint  par  le  feu. 

14.  Accablé  de  souffrances,  agité  de  tremblements  convulsifs,  il 
était  devenu  incapable  de  protéger  la  ville,  et  il  voulut  en  sortir 
comme  il  eût  fait  du  tronc  d’un  arbre  livré  aux  flammes. 

15.  Cependant,  quand  le  roi  dont  les  membres  étaient  énervés, 
sentit  sa  vigueur  enlevée  par  les  Gandharvas , et  vit  les  Yavanas 
ses  ennemis  le  presser  de  toutes  parts,  il  se  mit  à- pleurer. 

16.  Pensant  à ses  filles,  à ses  fils,  à ses  petits-enfants,  à ses  brus, 
à ses  gendres,  à ses  serviteurs,  songeant  à sa  maison , à son  trésor  et 
à ses  richesses,  dont  il  ne  lui  restait  plus  que  la  propriété, 

17.  Le  chef  de  famille  qui,  dans  sa  folie,  avait  dit  moi  et  le  mien 
de  tout  ce  que  renfermait  sa  demeure,  fut  rempli  de  pensées  amères 
quand  il  lui  fallut  se  séparer  de  sa  femme  bien-aimée. 

18.  Quand  je  serai  parti  pour  l'autre  monde,  se  disait-il,  que  fera 
ma  femme,  seule,  privée  de  protecteur  et  gémissant  sur  le  sort  de 
ses  enfants? 

19.  Dévouée  à son  époux,  elle  ne  mange  pas  quand  je  ne  prends 
pas  d'aliments,  ne  se  baigne  pas  quand  je  n’entre  pas  au  bain, 
tremble  quand  je  suis  en  colère , et  se  tait  de  crainte  quand  je  lui 
adresse  des  reproches. 


146 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

20.  Elle  réveille  son  époux  qui  a perdu  l'esprit;  mais  quand  je 
serai  sorti  de  ce  inonde,  déchirée  par  la  douleur,  elle  ne  pourra, 
quoique  mère,  remplir  les  devoirs  d’un  chef  de  maison. 

21.  Comment  mes  malheureux  fils  et  mes  filles  privées  d'appui 
pourront-ils  vivre  quand  je  serai  hors  de  ce  monde  ? Us  seront 
comme  des  marins  dont  le  vaisseau  brisé  flotte  sur  l’Océan. 

22.  Pendant  que  ce  prince  digne  d’un  meilleur  sort  se  lamentait 
ainsi  dans  l'amertume  de  son  cœur,  Bliaya,  décidé  à le  saisir,  se  pré- 
senta devant  lui. 

25.  Traîné  comme  un  animal  par  les  Yavanas  qui  l’emmenaient 
dans  leur  demeure,  il  marchait  suivi  de  ses  domestiques  qui,  dévo- 
rés de  chagrin,  pleuraient  avec  lui. 

24.  Vaincu,  le  serpent  [qui  gardait  la  ville],  l’abandonna  pour 
suivre  son  maître  ; et  la  ville,  à son  tour,  tombant  en  ruine  après  son 
départ,  retourna  au  sein  de  la  Nature. 

25.  Violemment  entraîné  par  le  fort  Yavana,  Puramdjana  ne  re- 
trouva plus,  au  milieu  des  ténèbres  qui  l’environnaient,  l’ami  qu’il 
avait  chéri  autrefois. 

26.  Les  victimes  qu’il  avait  immolées  sans  pitié  dans  ses  saorifices, 
irritées  par  le  souvenir  de  sa  cruauté,  lui  brisèrent  le  corps  à coups 
de  hache. 

27.  Plongé  dans  une  obscurité  sans  bornes,  dépouillé  de  sa  mé- 
moire, il  passa  de  longues  années  dans  la  douleur,  en  punition  de  sou 
attachement  pour  sa  femme. 

28.  Comme  il  l’embrassait  dans  sa  pensée,  il  revint  tout  à coup  au 
monde  sous  la  forme  d’une  belle  femme,  dans  la  demeure  de  Râdja- 
sîinha,  roi  de  Vidarbha. 

29.  Malayadhvadja,  du  pays  de  Pândya,  qui  avait  conquis  les  villes 
de  ses  ennemis,  défit  en  bataille  rangée  les  rois  ses  rivaux,  et  obtint, 
pour  prix  de  son  courage,  la  fille  du  roi  de  Vidarbha. 

50.  Ce  monarque  eut  de  cette  princesse  une  fille  aux  yeux  noirs, 
et  sept  fils  plus  jeunes  qu’elle,  qui  furent  tons  les  sept  souverains  du 
royaume  de  Dravida. 

51.  Chacun  de  ces  princes  eut  cent  millions  de  descendants,  dont 


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LIVRE  QUATRIÈME  147 

U postérité  doit  posséder  ia  terre  pendant  nn  Manvantara  et  au 
delà. 

52.  Agastya  épousa  la  fille  aînée  du  roi;  cette  femme,  fidèle  à ses 
devoirs,  lui  donna  un  fils  qui  descendit  [sur  la  terre]  de  la  région  so- 
lide [du  ciel],  et  fut  le  solitaire,  père  d'Idlimavàlia. 

55.  Après  avoir  partagé  la  terre  entre  ses  enfants,  le  Rïcfii  des 
tois,  Malayadhvadja,  se  retira  vers  les  monts  Kulâtchaias,  dans  le  dé- 
sir d’adorer  Krfchna. 

34.  Abandonnant  ses  palais,  scs  enfants,  scs  plaisirs,  la  fille  de  Vi- 
darbha  aux  regards  enivrants  suivit  le  souverain  de.  Pândya,  comme 
la  lumière  suit  l’astre  de  la  nuit. 

55.  Visitant  les  rives  de  la  Tchandravasâ,  de  la  Tâmraparnî  et  de 
la  Vatôdakâ,  et  lavant  dans  leurs  eaux  purifiantes  les  souillures  de 
son  corps  et  de  son  âme, 

' 36.  Le  roi  qui  ne  se  nourrissait  plus  que  de  tubercules,  de  graines, 
dç  racines,  de  fruits,  de  fleurs,  de  feuilles,  d’herbes  et  d'eau,  s’im- 
posa des  austérités  faites  pour  détruire  peu  à peu  son  corps. 

57.  Envisageant  toutes  choses  du  même  regard,  il  devint  égale- 
ment insensible  aux  impressions  opposées  du  froid  et  du  chaud,  du 
vent  et  de  la  pluie,  de  la  faim  et  de  la  soif,  de  l'amitié  et  de  la  haine, 
de  la  douleur  et  du  plaisir. 

58.  Après  avoir  détruit  ses  passions  par  les  austérités,  par  la 
science  et  par  la  pratique  de  la  morale  et  des  devoirs  religieux , 
maître  de  ses  sens,  de  sa  respiration  et  de  son  coeur,  il  unit  son  âme 
à Brahma. 

59.  Il  resta  dans  le  même  lieu,  immobile  comme  un  poteau,  pen- 
dant la  durée  de  cent  années  divines,  ne  distinguant  plus  rien  autre 
chose  [que  l'Esprit],  et  vouant  au  bienheureux  Vâsudêva  une  affec- 
tion exclusive. 

40.  Saisissant  en  son  âme  l’Esprit  qu’il  voyait  distinct  [de  sa  per- 
sonne], mais  pénétrant  tout,  et  qu’il  reconnaissait  comme  le  témoin 
de  sa  réflexion  même,  tout  comme  dans  un  songe  [on  se  distingue 
du  rôle  qu’on  y joue],  il  se  détacha  dé  tout  le  reste. 

41.  Éclairé  par  le  flambeau  de  la  science  pure  et  resplendissante 


148  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

de  toutes  parts  qu’avait  révélée  le  bienheureux  Hari  lui-même,  ie 
précepteur  [de  l’univers], 

42.  Voyant  son  âme  au  sein  du  suprême  Brahma,  et  le  suprême 
Brahma  dans  son  âme,  il  effaça  jusqu’à  [la  différence  de]  cette  [dou- 
ble] vue,  et  fut  affranchi  du  monde. 

45.  Dévouée  à son  époux,  la  fille  de  Yidarbha,  ayant  abandonné 
tous  les  plaisirs,  servit  avec  tendresse  Malayadhvadja,  ce  sage  qui 
connaissait  les  devoirs  les  plus  élevés. 

44.  Couverte  de  haillons,  amaigrie  par  ses  austérités,  ne  portant 
plus  pour  coiffure  qu'une  simple  tresse  de  cheveux,  elle  brillait 
auprès  de  son  mari  comme  une  flamme  pure  au-dessus  d’un  feu  qui 
se  consume. 

45.  Ne  s’apercevant  pas  que  son  époux  chéri  qui  se  tenait  dans  une 
posture  immobile,  avait  cessé  de  vivre,  elle  continuait  de  le  servir 
comme  auparavant. 

46.  Mais  quand  elle  eut  reconnu  que  la  chaleur  avait  quitté  ces 
pieds  auxquels  elle  ne  cessait  de  rendre  un  culte,  elle  sentit  son  cœur 
déchiré,  comme  une  gazelle  qui  se  serait  égarée  loin  de  son  troupeau. 

47.  Désolée  de  se  voir  privée  de  son  époux,  pleurant  sur  son  mal- 
heur, inondant  ses  seins  des  larmes  du  désespoir,  elle  poussa  des 
cris  lamentables  au  milieu  de  la  forêt. 

48.  Lève-toi,  lève-toi,  ô royal  Rïchi,  [disait-elle;]  reviens  gou- 
verner cette  terre  dont  l’Océan  forme  la  ceinture,  et  qu’épouvante  la 
crainte  des  brigands  et  des  vils  Kchattriyas. 

49.  En  poussant  ces  lamentations,  cette  femme  qui  avait  suivi 
son  époux  dans  la  forêt,  se  jeta  à ses  pieds,  pleurant  et  fondant  en 
larmes. 

50.  Ayant  dressé  un  bûcher  de  bois  amoncelé  sur  lequel  elle  dé- 
posa le  corps  du  roi,  elle  y mit  le  feu,  et  songea  tout  en  larmes  à 
mourir  après  lui. 

51.  En  ce  moment  un  Brâhmane  maître  de  lui-même,  qui  avait 
été  autrefois  son  ami,  vint  consoler,  par  ces  paroles  calmes  et  belles, 
la  reine  qui  pleurait. 

52.  Qui  es-tu,  lui  dit-il,  de  qui  es-tu  fille,  et  quel  est  cet  homme 


149 


LIVRE  QUATRIÈME. 

couché  sur  lequel  tu  pleures?  Reconnais-tu  en  ujoî  un  ami  avec 
lequel  tu  as  eu,  au  commencement  [de  ton  existence],  des  rapports 
d'affection  ? 

55.  Ne  te  souviens-tu  pas  d'avoir  eu  un  ami  que  tu  ne  connaissais 
pas?  Tu  me  quittas  pour  chercher  un  lieu  on  t’établir,  et  tu  partis 
emporté  par  le  désir  des  jouissances  terrestres. 

54.  Nous  filmes  jadis,  toi  et  moi,  deux  cygnes  amis  l'un  de  fautre 
qui  nous  ébattions  sur  le  lac  Mànasa,  et  nous  restâmes  pendant  mille 
années  sans  demeure  fixe. 

55.  Ayant  un  jour  abandonné  ton  ami,  tu  descendis  sur  la  terre 
plein  de  l'idée  des  jouissances  grossières;  et  en  parcourant  le  monde, 
tu  trouvas  une  résidence  qui  avait  été  construite  par  une  certaine 
femme. 

56.  C’était  une  ville  qui  avait  cinq  jardins,  neuf  portes,  un  gar- 
dien, trois  remparts,  six  boutiques,  cinq  marchés,  cinq  éléments 
constitutifs,  et  l'intelligence  pour  souveraine. 

57.  Les  jardins  sont  les  cinq  objets  des  sens;  les  portes  sont  les 
neuf  sou  (Des  de  vie;  les  remparts  sont  le  feu,  l’eau  et  la  terre;  les  six 
boutiques  sont  la  réunion  des  organes  des  sens. 

58.  Les  marchés  sont  l’énergie  des  organes  de  l’action  ; les  élé- 
ments constitutifs  sont  la  Nature  impérissable;  une  fois  entré  dans 
cette  ville  [du  corps],  l’Esprit,  esclave  de  l’énergie  [des  organes],  ne 
se  réveille  plus. 

59.  Séduit  dans  celte  ville  par  la  belle  femme  [qui  l'habitait],  tu 
oublias  au  sein  des  plaisirs  ce  que  tu  avais  appris;  et  c'est  l’attache- 
ment que  tu  as  eu  pour  elle  qui  t’a  réduit  à l’état  misérable  où  tu  te 
trouves  en  ce  moment. 

60.  Tu  n’es  pas  la  fille  de  Vidarbha,  et  ce  héros  n’est  pas  ton 
mari;  tu  n’es  pas  davantage  l’époux  de  cette  Puramdjani  qui  te  retint 
captif  dans  la  ville  aux  neuf  portes. 

61.  C’est  un  effet  de  l’illusion  créée  par  moi,  que  tu  aies  cru  [jadis] 
être  un  homme,  et  que  tu  te  croies  [maintenant]  une  femme  ver- 
tueuse; tu  n’es  pas  plus  l’un  que  l’autre,  car  nous  sommes  deux  purs 
esprits  dont  tu  vas  reconnaître  la  voie. 


150 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 

62.  Je  suis  ce  que  tu  es,  et  tu  es  ce  que  je  suis;  reconnais  que  ta 
n’es  pas  autre  que  moi  ; car  les  chantres  inspirés  n'aperçurent  jamais 
entre  nous  deux  la  plus  petite  différence. 

65.  De  même  qu’un  homme  se  voit  double,  quand  il  regarde  dans 
un  miroir,  ou  dans  les  yeux  d'un  autre,  ainsi  la  différence  qui  existe 
entre  nous  deux  [n’est  qu'apparente]. 

64.  ‘Ainsi  réveillé  par  l’Esprit  [suprême],  l’Esprit  qui  se  trouvait 
uni  au  cœur,  rentrant  en  possession  de  sa  nature,  recouvra  la  mé- 
moire qu’il  avait  perdue  pour  s’être  séparé  de  son  ami. 

65.  0 Varhichmat,  je  t’ai  fait  voir  sous  le  voile  d’une  allégorie 
l’Esprit  suprême,  parce  que  Bhagavat,  l'auteur  de  toutes  choses,  est 
le  Dieu  ami  du  mystère. 

ris  Dr  vingt-huitième  chapitre,  avant  pou»  titre  : 

* ÉPISODE  DE  Pl'RAMIU  AN  A . 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  Pt  NASA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRABMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


151 


CHAPITRE  XXIX. 

ENTRETIEN  DE  NÀRADA  ET  DE  PRÂTCHINAVARHIS. 

1.  Prâtchînavarhis  dit  : Seigneur,  je  ne  comprends  pas  parfaite- 
ment tes  paroles;  les  chantres  inspirés  les  entendent  sans  doute, 
mais  non  ceux  qui,  comme  moi,  sont  égarés  par  les  oeuvres. 

2.  Nàrada  dit  : Il  faut  savoir  que  Puraiïidjana  est  l'Esprit,  parce 
qu’il  se  crée  des  villes  qu’il  habite;  ces  villes  sont  les  corps  ayant  un, 
deux,  trois,  quatre  ou  plusieurs  pieds,  ou  n’en  ayant  aucun. 

3.  L’ami  de  l'Esprit,  qu’on  appelle  l'Inconnu,  est  le  souverain 
Seigneur,  parce  qu'il  ne  se  fait  connaître  aux  hommes,  ni  par  son 
nom , ni  par  ses  oeuvres,  ni  par  ses  qualités. 

4.  Quand  l’Esprit  voulut  s'unir  complètement  aux  qualités  de  la 
Nature,  il  trouva  bon,  pour  ce  dessein,  un  corps  muni  de  deux  mains, 
de  deux  pieds  et  de  neuf  ouvertures. 

5.  Il  faut  savoir  que  la  femme  est  l'Intelligence  d'où  naît  le  senti- 
ment du  moi  et  du  mien,  parce  que  c’est  en  s'appuyant  sur  elle,  que 
l'Esprit  dans  le  corps  perçoit  les  attributs  sensibles  par  les  sens. 

6.  Les  amis  de  la  femme  sont  les  sens  qui  sont  les  organes  de 
l’action  et  de  la  connaissance;  ses  amies  sont  les  diverses  opérations 
des  sens;  leserpeut  est  l'emblème  du  souflle  vital  qui  paraît  sous  cinq 
modifications  différentes. 

7.  Le  guerrier  à la  force  immense,  est  le  coeur,  ce  chef  des  deux 
classes  d’organes;  le  pays  de  Pantchàla,  c’est  la  réunion  des  cinq  ob- 
jets sensibles  au  milieu  desquels  est  située  la  ville  aux  neuf  portes. 

8.  Les  deux  yeux,  les  deux  narines,  les  deux  oreilles,  la  bouche 
et  les  deux  voies  excrétoires,  ce  sont  là  les  portes  de  la  ville  qui  sont 
situées  deux  à deux;  c’est  par  ces  portes  que  l’Esprit  sort  accompagné 
de  chacun  des  sens  qui  y correspondent. 

9.  Les  deux  yeux,  les  deux  narines  et  la  bouche  sont  les  cinq 


152 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA 

portes  orientales;  la  porte  méridionale  est  l'oreille  droite,  celle  du 
nord  est  l’oreille  gauche. 

10.  Les  deux  portes  occidentales  sont  celles  du  bas,  à savoir  les 
deux  voies  excrétoires.  Les  deux  portes  nommées  la  Mouche  lumi- 
neuse et  Celle  dont  l’entrée  est  apparente,  qui  sont  placées  l’une 
près  de  l’autre,  sont  les  deux  yeux;  c'est  par  ces  portes  que  le  sou- 
verain voit,  à l’aide  de  la  vue,  la  forme  brillante. 

11.  L’étang  et  le  lac  sont  les  deux  narines;  l’élément  odorant  est 
l’odeur;  l'odorat  est  le  sens  qui  est  ému  [par  l'air];  la  porte  princi- 
pale est  la  bouche  ; la  boutique  est  la  voix  ; celui  qui  connaît  les 
saveurs  est  le  goût. 

12.  Le  marché  est  le  commerce  [de  l’Esprit  avec  le  dehors];  U 
réunion  des  diverses  espèces  d’aliments  est  la  nourriture  variée;  la 
porte  de  l’invocation  des  Pitrïs  est  l’oreille  droite , la  gauche  est  la 
porte  de  l’invocation  des  Dêvas. 

15.  Le  royaume  de  Pantchéla  est  la  réunion  des  livres  qui  traitent 
de  l’action  et  de  l'inaction  ; c’est  au  moyen  de  l'ouïe  qui  garde  les 
enseignements  de  l’Ecriture,  que  l’on  marche  dans  la  voie  des  Pitrïs 
el  dans  celle  des  Dieux. 

14.  La  porte  des  Asuras  qui  est  située  en  bas,  est  l’organe  sexuel 
de  la  femme;  le  plaisir  des  êtres  grossiers  est  l’union  des  deux  sexes; 
l'organe  indomptable  est  le  pénis;  l'anéantissement  est  l’extrémite 
des  voies  excrétoires. 

15.  La  souffrance  est  l’Enfer;  l’organe,  siège  des  impérieux  be- 
soins, est  l’anus.'  Les  deux  aveugles  sont  le  pied  et  la  main;  c’est  avec 
leur  secours  que  l’Esprit  marche  et  qu’il  agit. 

16.  L’appartement  intérieur  est  le  coeur  [matériel];  le  ministre 
qui  porte  partout  ses  regards  est  le  Manas  [qui  l’habite];  c’est  par 
l’efTel  des  qualités  du  coeur  que  l’Esprit  éprouve  du  trouble,  du 
calme  ou  de  la  joie. 

17.  Selon  les  diverses  modifications  qu’il  éprouve  ou  qu’il  fait 
éprouver  [aux  sens  par  suite  de  son  union  avec  l’intelligence],  l’Es- 
prit, désormais  en  contact  avec  les  qualités,  est,  quoique  simple 
spectateur,  entraîné  à imiter  tous  ses  mouvements. 


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4 . 


LIVRE  QUATRIÈME.  153 

18.  Le  corps  est  le  char  dont  les  chevaux  sont  les  sens,  dont  la 
course  est  la  marche  de  l’année,  dont  les  roues  sont  les  deux  espèces 
d’actions,  dont  les  trois  qualités  sont  l’étendard,  et  les  cercles  le? 
cinq  souffles  vitaux. 

19.  Le  Manas  en  est  la  rêne,  l’intelligence  le  cocher,  le  cœur  la 
caisse;  les  impressions  opposées  [de  la  peine  et  du  plaisir]  sont  le 
double  joug  ; les  coffres  sont  les  sens  qui  reçoivent  les  cinq  attributs 
sensibles,  et  les  armures  les  sept  éléments. 

20.  L'attention  est  cette  direction  de  l’Esprit  au  dehors,  par  la- 
quelle il  se  précipite  vers  le  mirage  des  objets;  les  onze  sens  sont 
les  armées  avec  lesquelles  il  se  plaît  dans  les  cinq  lieux  de  carnage; 
le  Yavana  dont  l'impétuosité  est  irrésistible,  est  l'année  dont  la 
marche  mesure  le  cours  du  temps. 

21.  Les  Gandharvas  sont  les  jours  de  l’année,  comme  les  Gan- 
dharvas  femelles  en  sont  les  nuits;  ils  sont  au  nombre  de  trois  cent 
soixante,  et  leur  succession  abrège  la  durée  de  la  vie  humaine. 

22.  La  Fille  du  Temps  est  la  vieillesse;  le  monde  ne  l’accueille  pas 
avec  plaisir;  le  chef  des  Yavanas  est  le  Dieu  de  la  mort;  il  a pris  la 
vieillesse  pour  sœur,  afin  de  détruire  les  créatures. 

25.  Les  Yavanas  qui  forment  son  armée  et  sa  suite  sont  les  dou- 
leurs et  les  maladies;  le  feu  de  la  fièvre  qui  s'avance  rapidement  pour 
affliger  les  mortels,  est  la  fièvre  qui  a un  double  caractère. 

24.  C’est  ainsi  que  plongé  dans  les  ténèbres,  l’Esprit  dort  pen- 
dant cent  années  au  sein  du  corps,  souffrant  des  maux  divers  qui 
lui  viennent  des  Dieux,  des  éléments  et  de  lui-même, 

25.  Et  que  s'attribuant,  quoiqu’il  n’ait  pas  de  qualités,  les  résul- 
tats de  l’action  du  souffle  vital,  des  sens  et  du  cœur,  il  ne  songe  qu’à 
recueillir  un  peu  de  plaisir,  et  agit  avec  la  pensée  du  moi  et  du  mien. 

26.  Lorsque  l’Esprit,  ne  reconnaissant  pas  en  lui-même  Dhagavat, 
l’Être  absolu,  le  précepteur  [des  mondes],  s'attache,  quoiqu'il  soit 
lumineux  en  soi,  aux  qualités  de  la  Nature, 

27.  Alors  s’attribuant  les  qualités,  il  accomplit  involontairement 
des  actes;  et  il  renaît  dans  des  conditions  diverses,  selon  que  son 
action  a été  blanche,  rouge  ou  noire. 

» ao 


154 


LE  BHÀGAVATA  PURÀ1VA. 

2».  Ces  diverses  actions  lui  feront  obtenir  un  jour,  la  première, 
une  demeure  resplendissante  de  lumière;  la  seconde,  un  séjour  où 
l’on  ne  recueille  que  de  la  douleur  et  où  l’on  se  fatigue  à agir;  la 
troisième,  un  monde  de  chagrins  et  de  ténèbres. 

29.  Suivant  la  nature  de  ses  actions  et  des  qualités  auxquelles  il 
s’unit,  il  est  tantôt  mâle,  femelle,  hermaphrodite  et  privé  d’intelli- 
gence, tantôt  homme,  Dieu,  ou  animal. 

30.  De  même  qu’un  chien  misérable,  dévoré  par  la  faim,  va  de 
maison  en  maison,  et  y trouve  ce  que  le  Destin  lui  réserve,  des  coups 
ou  des  aliments, 

3t.  De  même  l’esprit  individuel,  tout  entier  à ses  désirs,  parcourt 
les  voies  élevées  ou  inférieures  [de  l’existence],  et  recueille  dans  les 
conditions  basses,  moyennes  ou  hautes,  la  peine  ou  le  plaisir  que  le 
Destin  lui  réserve. 

32.  L’esprit  individuel  ne  peut  s'affranchir  d’aucune  des  trois 
espèces  de  douleurs  qui  lui  viennent  des  Dieux,  des  éléments  ou  de 
lui-même  ; quand  même  il  résisterait  à l’une  d’elles,  [ü  succombera 
toujours  sous  une  autre  des  trois.  ] 

33.  En  effet,  comme  un  homme  qui  porte  sur  sa  tête  un  lourd 
fardeau,  le  fait  passer  sur  son  épaule,  ainsi  les  moyens  par  lesquels 
l’Esprit  résiste  à la  douleur  [ne  font  que  la  déplacer]. 

54.  C'est  toujours  une  action  que  le  moyen  qu’on  emploie  pour 
s'affranchir  de  l'action,  et  ce  moyen  n’est  pas  définitif;  l’une  et  l’autre 
action  sont  le  fruit  de  l’ignorance,  et  la  première  ressemble  à un 
songe  dans  un  songe. 

35.  Car  quoique  les  objets  n’aient  pas  de  réalité  véritable,  le  cœur, 
enveloppé  par  la  forme  du  corps  subtil , ne  peut  arrêter  le  cours  de 
la  transmigration,  pas  plus  qu’un  songe  n’interrompt  le  cours  d’un 
autre  songe. 

56.  Puis  donc  que  l’Esprit,  qui  est  la  réalité  véritable,  est  retenu 
[par  le  cœur]  au  sein  du  monde  qui  n’est  qu’une  succession  de 
vaines  apparences,  le  seul  moyen  qu’il  ait  de  s’affranchir  de  ce 
monde  est  une  dévotion  absolue  pour  le  Précepteur  suprême. 

57.  Pratiquée  d’une  manière  convenable,  la  dévotion  par  laquelle 


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LIVRE  QUATRIÈME.  155 

on  s'onit  au  bienheureux  Vâsudêva,  produit  nécessairement  le  dé- 
tachement et  la  science. 

58.  Or  cette  dévotion  naît  bien  vite,  ô royal  Rïcili,  des  histoires 
d’Atchyuta  ; elle  se  développe  dans  le  cœur  de  celui  qui  les  écoute 
ou  qui  les  lit  sans  cesse  avec  foi. 

59.  Là  où  des  hommes  vertueux,  purs  de  cœur  et  dévoués  à Bha- 
gavat,  ont  l’esprit  attentif  à réciter  et  à écouter  les  vertus  du  Dieu , 

40.  Les  fleuves  du  pur  nectar  des  histoires  de  Mâdbava  s’écoulent 
de  toutes  parts  de  la  bouche  des  sages  magnanimes;  et  ceux  qni 
sans  se  lasser  ouvrent  l’oreille  pour  les  recevoir,  sont  à l’abri  de  la 
faim,  de  la  soif,  de  la  crainte,  du  chagrin  et  de  l’erreur. 

41.  En  effet,  constamment  affligé  des  maux  qui  lui  viennent  de  sa 
nature,  l'homme  [qui  vit  dans  le  monde]  ne  se  sent  pas  de  désirs 
pour  la  précieuse  ambroisie  des  histoires  de  Hari. 

42.  \*.  maître  des  Chefs  des  créatures,  le  bienheureux  Giriça,  le 
Manu,  Dakcha  et  les  .antres  souverains  des  êtres,  Sanaka  et  les  antres 
ascètes  voués  à une  perpétuelle  chasteté, 

45.  Marltchi,  Atri,  Àggiras,  Pulastya,  Pulaha,  Kratu,  Bhrïgu,  Va- 
sichtha,  ces  sages  qui  expliquent  le  Vêda,  moi-même,  enfin, 

44.  Nous  ne  pouvons,  malgré  notre  habileté  dans  la  parole,  mal- 
gré nos  efforts  pour  le  saisir  à l’aide  dis  austérités,  de  la  science  et 
de  la  méditation,  nous  ne  pouvons,  même  aujourd’hui,  voir  le  Sei- 
gneur suprême  qui  voit  tout 

45.  Ceux  qui  étudient  le  Vêda,  qui  est  Brahma,  parole  immense 
et  dont  on  ne  peut  atteindre  le  terme,  ne  connaissent  pas  l’Etre  su- 
prême, parce  qu’ils  n'adorent  que  des  portions  [de  sa  substance], 
dispersées  dans  les  définitions  de  chaque  Mantra. 

46.  Celui  qui,  après  avoir  saisi  Bhagavat  au  dedans  de  son  cœur, 
est  devenu  l’objet  de  la  bienveillance  de  ce  Dieu,  renonce  aux  pen- 
sées qui  l’attachaient  au  monde  et  au  Vêda. 

47.  Ne  prends  donc  pas,  6 roi,  pour  le  but  réel  de  l’homme,  les 
œuvres  que  l’ignorance  seule  lui  représente  ainsi,  qui  ne  touchent 
que  les  oreilles  et  n’atteignent  pas  à la  véritable  substance. 

48.  Ils  ignorent  le  monde  qu’habite  le  divin  Djanârdana , ces  es- 

20. 


156 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

prits  ténébreux  qui,  méconnaissant  ia  nature  des  Vêdas,  s’imaginent 
que  ces  livres  recommandent  les  œuvres. 

49.  Insensé,  qui  après  avoir  semé  la  surface  de  la  terre  de  tiges 
de  Kuça  dirigées  vers  l’orient,  crois  pouvoir,  fier  de  tes  nombreux 
sacrifices,  obtenir  l’Etre  suprême  par  de  telles  œuvres!  L'œuvre  c’est 
de  plaire  à Bhagaval,  la  science  c’est  de  penser  à lui. 

50.  Hari  est  l’âme  des  êtres  doués  d’un  corps;  il  est  la  Nature  et 
le  Seigneur;  la  plante  de  ses  pieds  est  l’asile  où  les  hommes,  en  ce 
monde,  peuvent  trouver  le  bonheur  durable. 

5t.  Il  est  cette  âme  qui  est  pour  nous  ce  qu’il  y a de  plus  cher;  il 
est  celui  dont  on  n’a  pas  à craindre  le  moindre  danger  : qui  le  connaît 
ainsi  est  savant;  le  savant  est  Hari,  le  précepteur  lui-même. 

52.  Je  viens  de  répondre,  ô roi  des  hommes,  à ta  question;  écoute 
maintenant  un  mystère  dont  je  vais  te  dévoiler  le  sens. 

55.  Suis  à la  trace  l’antilope  qui,  dans  le  jardin  tout  en  fleurs, 
court  après  peu  de  chose,  qui  s’étant  accouplée  [avec  sa  femelle],  lui 
reste  attachée,  et  qui,  l’oreille  charmée  par  le  bourdonnement  des 
abeilles,  s’avance  sans  faire  attention  aux  loups  dévorants  qui  vien- 
nent à sa  rencontre;  suis-la;  elle  est  blessée  au  dos  par  les  flèches  du 
chasseur. 

54.  Dans  le  jardin , c'est-à-dire  dans  l'asile  des  femmes  qui  res- 
semblent aux  fleurs,  il  y a une  antilope,  c’est  l’Esprit;  elle  cherche 
pour  sa  langue  et  ses  autres  organes,  un  peu  de  ce  bonheur  sensuel, 
qui  n’est  guère  plus  que  le  miel  et  le  parfum  des  fleurs,  et  qui  est 
le  résultat  des  œuvres  accomplies  dans  un  but  intéressé.  L’Esprit 
a commerce  avec  les  femmes;  il  leur  livre  son  cœur;  il  laisse  char- 
mer ses  oreilles  par  les  paroles  des  femmes  et  des  autres  êtres  [qu  il 
aime,]  paroles  ravissantes  comme  le  bourdonnement  des  abeilles.  Sans 
tenir  compte  des  jours  et  des  nuits , ces  divisions  du  temps  qui  lui  ra- 
vissent l’existence,  semblables  à une  troupe  de  loups  qui  viendraient 
à sa  rencontre,  il  vit  en  chef  de  maison.  Mais  le  Dieu  de  la  mort  qui 
met  un  terme  à tout,  semblable  à un  chasseur  qui  se  déroberait  à sa 
vue , le  frappe  par  derrière  d’une  flèche.  Ô roi , cet  Esprit , il  faut 
que  tu  le  voies  en  toi-même,  séparé  du  cœur  [auquel  il  est  uni1 


L1VHE  Q ÜATKIEME. 


157 


-55.  Maintenant  que  tu  connais  les  mouvements  de  l'antilope, 
ramène  dans  ton  cœur  ta  pensée,  et  dans  ta  pensée  ce  torrent  qui 
semble  s'échapper  par  tes  oreilles  [et  par  tes  autres  sens];  quitte  la 
demeure  des  femmes  que  célèbre  la  troupe  des  méchants;  plais  à 
celui  qui  est  l’asile  des  âmes,  et  détache-toi  peu  à peu  du  monde. 

5ti.  Le  roi  dit  : J’ai  entendu  et  compris,  6 Brâhmane,  ce  que  tu 
viens  de  me  dire.  Mes  précepteurs  ne  connaissent  pas  cela;  car  s’ils 
l'eussent  su,  comment  ne  me  l’auraient-ils  pas  dit? 

57.  Tu  as  dissipé  les  doutes  graves  qu’ils  avaient  laissés  dans  mon 
esprit;  cependant  les  Hïchis  eux-mêmes  sont  dans  l’incertitude  tou- 
chant la  possibilité  de  suspendre  l’action  des  sens. 

58.  Que  l’Esprit  recueille  dans  un  autre  monde  et  avec  l’aide  d’un 
autre  corps,  les  [fruits  des]  œuvres  qu’il  a exécutées  ici-bas  au  moyen 
du  corps  qu’il  abandonne  [en  mourant], 

59.  C’est  là  une  maxime  que  répètent  en  tous  lieux  ceux  qui  con- 
naissent le  Vèda;  mais  une  action  faite  conformément  à la  loi,  [dit-on 
encore,  [ devient  invisible  et  ne  reparaît  plus. 

60.  Nàrada  dit  : L’union  non  interrompue  de  l’Esprit  avec  le  corps 
subtil  ou  avec  le  cœur,  cause  de  ses  actions  en  ce  monde,  est  aussi 
ce  qui  lui  fait  recueillir  dans  l’autre  le  résultat  de  ces  actions. 

61.  Tout  comme  l’Esprit  laisse  respirer  le  corps  gisant  et  inactil, 
pour  jouir  en  son  cœur  de  l’action  qu’il  y a conçue,  de  même  il 
jouit  de  son  action  dans  l’autre  monde,  avec  un  corps,  soit  sem- 
blable, soit  différent. 

62.  Toutes  les  choses  que  l’homme  conçoit  en  son  cœur,  quand  il 
dit  : « Moi,  ceci  est  à moi,  » sont  autant  d’actions  accomplies  qui  le 
soumettent  à la  loi  de  la  renaissance. 

65.  De  même  que  des  opérations  exécutées  par  les  organes  [de 
l’action  et  dé  la  connaissance],  on  conclut  la  pensée,  ainsi  c’est  aux 
opérations  de  la  pensée  qu’on  reconnaît  une  action  accomplie  dans 
un  corps  antérieur. 

64.  Il  arrive  quelquefois  que  l’homme  conçoit  en  son  cœur  cer- 
taines choses  sous  une  forme  et  d’une  manière  différentes  de  tout  ce 
qu’il  a jamais  perçu,  vu  ou  entendu  à l’aide  de  son  corps. 


158 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

69.  Crois  bien,  A roi,  que  de  telles  idées  qui  naissent  dans  l’Esprit 
uni  au  corps  subtil,  sont  le  produit  d’un  corps  [antérieur]  ; car  il  n'y 
a que  ce  qui  a été  perçu,  qui  puisse  être  conçu  dans  le  cœur. 

66.  C’est  le  cœur  seul  qui  témoigne  des  formes  que  l'homme  a 
revêtues  dans  ses  existences  antérieures;  il  annonce  (et  puisse  le 
bonheur  être  avec  toi  ! ) ce  que  l'homme  sera , comme  ce  qu’il  ne  sera 
pas. 

67.  Telle  est  la  manière  dont  il  faut  interpréter  tout  ce  que  l’Es- 
prit peut  voir  parfois,  en  ce  monde,  d’inouï  et  d’inconnu,  quant  au 
temps,  au  lieu  et  au  mode  d’action. 

68.  Tous  les  objets  sensibles  viennent  successivement  se  repré- 
senter dans  le  coeur,  et  s’en  effacent  dans  le  même  ordre;  or  tous  les 
mortels  ont  un  cœur. 

69.  Souvent  l’image  de  l’univers,  semblable  aux  ténèbres  qui  nous 
cachent  la  lune,  vient  obscurcir  un  cœur  tout  plein  de  la  qualité  de 
ta  Bonté,  et  qui  marche  constamment  aux  côtés  de  Bhagavat. 

70.  Non,  le  sentimentdu  moi  et  du  mien  ne  quitte  jamais  l’Esprit, 
tant  que  subsiste  ce  composé  formé  de  la  réunion  de  l'intelligence,  du 
cœur,  des  attributs  sensibles  et  des  qualités,  [corps  subtil]  qui  n’a 
pas  eu  de  commencement. 

71.  Pendant  le  sommeil,  pendant  la  défaillance,  ou  quand  la  dou- 
leur nous  afflige,  comme  les  sens,  organes  de  la  vie,  sont  frappés 
d’inaction,  la  conscience  du  moi  est  suspendue,  de  même  que  dans 
la  mort  et  dans  la  fièvre. 

72.  Quand  l'homme  est  dans  le  sein  maternel  et  même  pendant 
l’enfance,  il  est  encore  trop  imparfait,  par  suite  de  sa  jeunesse,  pour 
que  le  corps  subtil,  formé  des  onze  organes  des  sens,  soit  plus  visible 
que  la  lune,  le  jour  où  elle  est  nouvelle. 

75.  Ainsi  quoique  les  objets  extérieurs  n'aient  pas  de  réalité,  la 
loi  de  ta  transmigration  n’est  pas  plus  suspendue,  pour  l’homme 
absorbé  par  les  objets,  qu’un  songe  ne  l’est  par  la  vue  d’une  vaine 
image. 

74.  Le  corps  subtil  est  donc  formé  des  cinq  molécules  élémen- 
taires, des  trois  qualités  et  des  seire  organes  des  sens  qui  ajoutent 


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LIVRE  QUATRIÈME.  159 

à son  étendue;  uni  à l'intelligence,  on  l'appelle  l’âme  vivante  [et  indi- 
viduelle]. 

75.  C’est  au  moyen  de  l’âme  individuelle  que  l'Esprit  revêt  et 
quitte  des  corps  divers;  c’est  p*r  elle  qu’il  éprouve  de  la  joie,  de  la 
tristesse,  de  la  crainte,  de  la  douleur  et  du  plaisir. 

76.  De  même  que  la  sangsue  qui  vit  au  milieu  des  herbes,  ne 
quitte  la  tige  qui  la  soutient  qu’après  en  avoir  saisi  une  autre,  ainsi 
l’homme,  à l’heure  même  de  sa  mort,  n’abandonne  la  conscience 
du  corps  qu’il  habitait, 

77.  Qu’au  moment  où  il  en  a trouvé  un  autre,  [ce  qui  a lieu] 
quand  est  arrivé  le  terme  de  ses  œuvres;  c’est  le  cœur  seul,  ô roi. 
qui  est  la  cause  de  l’existence  des  mortels. 

78.  Lorsque  son  attention  est  absorbée  par  les  opérations  qu’exé- 
cutent les  sens,  il  ne  cesse  d'accumuler  œuvres  sur  œuvres;  quand 
une  fois  existe  l’action,  qui  n’est  autre  que  l’ignorance,  elle  devient 
le  lien  qui  enchaîne  le  corps  à une  [nouvelle]  action. 

79.  Si  donc  tu  veux  te  soustraire  à cette  nécessité,  honore  de  toute 
ton  âme  Hari,  reconnaissant  en  lui  l’âme  de  toutes  choses,  et  l’auteur 
de  la  conservation , de  l’origine  et  de  la  destruction  de  l’univers. 

80.  Mâitrêya  dit:  Quand  le  chef  des  serviteurs  de  Bhagavat,  le 
bienheureux  Nârada,  eut  enseigné  au  roi  la  marche  des  deux  âmes, 
et  lui  eut  donné  ces  conseils,  il  remonta  dans  le  ciel  des  Siddhas. 

81.  Prâtchînavarhis,  le  Richi  des  rois,  ayant  chargé  ses  fils  de 
protéger  les  créatures,  se  rendit  à l’ermitage  de  Kapila  pour  s’y  livrer 
à la  pénitence. 

82.  Là  ce  héros,  libre  de  tout  attachement,  et  adorant  dans  un 
recueillement  profond  le  lotus  des  pieds  de  Gôvinda,  parvint,  par  la 
pratique  de  la  dévotion,  à s’unir  avec  lui. 

85.  Oui,  sage  vertueux,  celui  qui  récitera  ou  qui  écoutera  ce  mys- 
tère de  l’Esprit  suprême  chanté  par  le  Rïchi  des  Dieux,  est  sûr  d’être 
délivré  du  corps  subtil. 

84.  Quiconque  pénétrera,  pendant  que  l’exposition  en  sera  faite, 
ce  mystère  qui , sorti  de  la  bouche  du  Rïchi  des  Dieux , purifie  le  monde 
en  te  remplissant  de  la  gloire  de  Mukunda,  sanctifie  l’âme  et  assure 


160 


LE  BHÀtiAVATA  PUHÂNA. 

la  grandeur  suprême,  sera  débarrassé  de  tous  les  liens,  et  ne  se 
verra  plus  condamné  à errer  dans  le  cercle  de  l’existence. 

H5.  Je  viens  de  t'exposer  ce  merveilleux  mystère  de  l’Esprit  su- 
prême; ainsi  cesse  l'union  de  l'homme  avec  la  femme  ; ainsi  sont 
dissipés  les  doutes  relatifs  à la  vie  future. 

FIS  OC  VINCI  NEUVIÈME  CHAPITRE.  AT  ART  POUR  TITRE  I 
ENTRETIEN  DE  N À AA  DA  ET  DE  PRÂTCHÎNAVARIIIS . 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VVÀSA. 


.Digitized  by  Google 


LIVRE  QUATRIEME. 


161 


CHAPITRE  XXX. 

HISTOWE  DES  PRATCHÊTAS. 

1.  Vidura  dit:  Quelle  est  donc,  ô Brâhmane,  la  perfection  qu’ob- 
tinrent ceux  que  tu  as  nommés  les  fils  de  Prâtchînavarhis,  pour  avoir 
satisfait  Hari  en  chantant  l’hymne  de  Rudra? 

2.  Quel  bonheur,  ô disciple 'de  Vrïhaspati,  obtinrent-ils  dans  ce 

monde  ou  dans  l’autre,  ces  Pratchêtas  qui,  accueillis  avec  faveur  par 
GiriçaV  l’ami  du  maître  de  la  délivrance,  qu’ils  avaient  rencontré  par 
hasard,  acquirent  enfin  le  bien  suprême?  1 -r 

5.  Mâitrêya  dit:  S’étant  plongés  dans  l’Océan,  les  Pratchêtas,  sui- 
vant le  conseil  de  leur  père,  honorèrent  Puradidjana  (Hari)  par  leurs 
austérités  et  par  le  sacrifice  de  la  prière. 

».  Au  bout  de  dix  mille  années,  l’éternel  Purucha  se  laissa  voir  à 
eux  sous  sa  forme  paisible,  dont  la  splendeur  calma  les  souffrances 
redoutables  [qu’ils  s’étaient  imposées].  ■ ~,/ 

5.  PortésurlesépaulesdeSuparna,  comme  un  nuage  sur  le  sommet 
du  Môru,  couvert  d’un  vêtement  jaune,  ayant  au  cou  un  joyau,  le 
Dieu  illuminait  tous  les  points  de  l’horizon. 

6.  De  brillants  pendants  d’oreilles,  faits  d’un  or  étincelant,  rele- 
vaient l’éclat  de  son  visage  et  de  ses  joues;  il  portait  un  riche  dia- 
dème ; ses  bras  soutenaient  huit  espèces  d’armes  différentes  ; entouré 
de  ses  serviteurs,  des  solitaires  et  des  chefs  des  Suras,  il  écoutait 
Garuda  et  les  Kinharas  chanter  sa  gloire. 

7>  Enveloppé  dans  une  guirlande  de  fleurs  des  bois  qui  rivalisait 
d'éclat  avec  la  déesse  Lakchmî,  placée,  comme  elle  était,  au  milieu 
de  ses  huit  bras  longs  et  vigoureux,  l’antique  Purucha , regardant  avec 
tendresse  les  fils  de  Varhichmat  prosternés  devant  lui,  leur  parla 
d’une  voix  retentissante  comme  le  bruit  des  nuages. 

8.  Bhagavatdit:  Demandez-moi  une  faveur,  fils  de  roi,  et  puisse  le 

h.  ii 


162  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

bonheur  être  avec  vous!  Ô vous  qu’une  affection  mutuelle  a réunis 
dans  les  mêmes  devoirs,  je  suis  content  de  votre  amour. 

9.  Celui  qui  se  souviendra  de  vous  chaque  jour  au  moment  du 
haindhyâ,  chérira  ses  frères  comme  lui-même,  et  aimera  également 
tous  les  êtres.'  • • ■■■'« 

to.  Quant  à ceux  qui  soir  et  malin  me  louent  en  chantant  avec 
recueillement  l’hymne  de  Rudra , je  leur  accorderai  l’objet  de  leurs 
désirs  et  une  brillante  intelligence. 

U.  Parce  que  vous  avez  obéi  avec  joie  aux  ordres  de  votre  père, 
une  gloire  fortunée  vous  suivra  dans  tous  les  mondes. 

12.  Vous  aurez  un  fils  illustre,  qui  ne  sera  pas  inférieur  à Brahma 
en  vertu,  et  qui  l'emplira  les  trois  mondes  de  sa  postérité. 

15.  [La  nymphe  céleste]  Praraiôtchâ  a eu  de  Kan  du  une  fdle  aux 
yeux  de  lotus,  qui  fut  abandonnée  par  sa  mère  et  recueillie,  ô fils 
de  roi,  par  les  arbres  [de  la  forêt]. 

1*.  Emu  de  pitié,  le  roi  Sôroa  mit  son  doigt  d'où  coulait  l’am- 
broisie, dans  la  bouche  de  l’enfant  qui  criait  et  se  mourait  de  faim. 

15.  Cet  enfant  est  aujourd'hui  une  belle  fille  ; hâtez-vous  de 

l’épouser  pour  donner  le  jour  à d’autres  êtres,  conformément  aux 
ordres  de  votre,  père  qui  m’est  si  dévoué.  . ' 

16.  Qu’unie  à vous  par  les  mêmes  devoirs  et  les  mêmes  vertus, 

cette  belle  femme,  vous  donnant  son  -eœur,  soit  votre  commune 
épouse  à tous.  • 

17.  Conservant  votre  vigueur  entière  pendant  un  million  d'années 

divines,  vous  jouirez,  par  ma  faveur,  des  plaisirs  de  la  terre  et  de 
ceux  du  ciel.  . - 

M.  Ensuite,  quand  une  dévotion  inaltérable  aura  consumé  les 
imperfections  de  votre  cœur,  détachés  désormais  d'un  monde  qui  ne 
conduit  qu  à l’Enfer,  vous  parviendrez  à ma  demeure.  • 

19-,  Pour  les  maîtres  de  maison  mêmes,  qui  accomplissant  de 
bonnes  œuvres,  passent  leur  temps  à entendre  mon  histoire,  la  con- 
dition de  père  de  famille  n’est  pas  regardée  comme  un  lieu, 

20.  C’est  en  effet  Brahma  lui-même  que' le  cœur  au  sein  duquel, 
appelé  par  les  interprètes  du  Vêda,  je  descends  à tout  instant  avec 


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LIVRE  QUATRIÈME.  165 

ma  science;  c’est  Brahma  qui  affranchit  du  trouble,  du  chagrin  et 
de  la  joie  ceux  qui  le  possèdent. 

21.  Mâitrêya  dit  : Quand  Djânârdana,  ce  trésor  de  tout  ce  que 
les  hommes  recherchent,  eut  cessé  de  parler,  les  Pratchêtas,  en  qui 
sa  présence  avait  effacé  les  souillures  de  la  Passion  et  des  Ténèbres, 
s’adressèrent  ainsi,  les  mains  jointes  et  d'une  voix  tremblante,  au 
Dieu  cher  à leur  cœur. 

22.  Les  Pratchêtas  dirent  : Adoration  à celui  qui  anéantit  toutes 
les  douleurs,  à celui  dont  les  noms  sont  ses  nobles  qualités,  à celui 
qui  est  plus  rapide  que  la  pensée  et  que  la  parole,  à celui  dont  on 
n’atteint  la  voie  par  la  route  d’aucun  des  sens! 

25.  Adoration  à celui  qui,  naturellement  pur  et  calme,  se  montre, 
dans  le  cœur,  sous  l’apparence  d’une  dualité  qui  n’a  pas  d’existence 
réelle  ; à celui  qui,  pour  conserver,  détruire  et  créer  l’univers,  revêt, 
à l’aide  des  qualités  de  Màyâ,  des  formes  diverses! 

2(i.  Adoration  à celui  dont  l’essence  est  pure,  è ce  Hari,  dont  la 
connaissance  ravit  [au  monde  celui  qui  la  possède];  à Krïchna,  fils 
de  Vasudêva  et  chef  de  tous  les  Sâtvats! 

25.  Adoration  à celui  dont  le  nombril  a produit  un  lotus;  à celui 
qui  porte  une  guirlande  de  lotus;  à celui  dont  les  pieds,  dont  les 
yeux  ressemblent  au  lotus! 

26.  Adoration  à celui  dont  le  vêtement  sans  tache  est  jaune 
comme  les  étamines  du  lotus  ; à celui  qui  résidant  au  sein  de  tous 
les  êtres,  est  le  témoin  interne  [des  âmes]!  C’est  à ce  Dieu  que  s’est 
adressée  notre  adoration. 

27.  Si  tu  as  manifesté,  6 Bhagavat,  à des  malheureux  comme  nous, 
ta  forme  qui  dissipe  toutes  les  douleurs,  quelle  autre  marque  de 
compassion  pourrions-nous  te  demander 3 

28.  Le  Seigneur,  en  effet,  ô toi  qui  anéantis  l’infortune,  témoigne 
assez  sa  pitié  pour  les  malheureux,  quand,  au  temps  convenable,  il 
se  rappelle  au  souvenir  des  eœurs  qu’il  croit  à lui. 

29.  Toi  qui  portes  le  calme  au' sein  des  créatures,  même  les  plus 
misérables,  quand  elles  te  désirent,  comment  Sé  fait-il  que  résidant  au 
milieu  de  notre  cœur,  tu  ne  connaisses  pas  nos  vœux? 


164 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

30.  Le  seul  bien  qu’ambitionnent  nos  âmes,  ô souverain  de  l’uni- 
vers, c’est  la  bienveillance  de  Bhagavat  qui  est  l'instituteur  et  la  voie 
de  la  délivrance. 

51.  Nous  le  demandons  cependant  une  grâce,  ô Seigneur,  à toi  qui 
es  au-dessus  de  ce  qu’il  y a de  plus  élevé;  car  il  n’y  a pas  de  fin  aux 
manifestations  de  ta  puissance , et  c'est  pour  cela  que  l’on  te  célèbre 
sous  le  nom  d'infini. 

52.  Quand  l’abeille  trouve  sans  peine  un  Pâridjâta,  elle  ne  va  pas 
chercher  un  autre  arbre;  de  même,  réfugiés  sous  la  plante  de  tes 
pieds,  quel  autre  bien  pourrions-nous  donc  choisir? 

35.  Tant  que  nos  oeuvres  nous  condamneront  à errer  ici-bas, 
jouets  de  ta  Mâyâ , puissions-nous  jouir,  dans  chacune  de  nos  exis- 
tences , du  commerce  de'  ceux  qui  ne  sont  attachés  qu'à  toi  ! 

34.  Non,  nous  ne  donnerions  pas  un  seul  instant  d’entretien  avec 
les  sages  qui  te  sont  dévoués,  pour  la  possession. du  ciel,  pour  l’avan- 
tage de  ne  plus  renaître,  à plus  forte  raison  pour  les  biens  des 
mortels.  • 

55.  Comment  les  réunions  de  tes  serviteurs  où  se  célèbrent  ces  , 
pures  histoires  qui  calment  la  soif  du  désir,  où  se  taisent  tout  regret 
et  toute  haine, 

36.  Où  des  hommes,  libres  de  tout  attachement,  ne  se  lassent  de 
louer,  dans  de  belles  histoires,  le  bienheureux  Nârâyana  qui  est  le 
salut  de  ceux  qui  ont  renoncé  à tout; 

37.  Gomment,  dis-je,  les  réunions  de  ces  sages  qui  se  rencontrent 
quand  ils  vont  purifier,  en  quelque  sorte,  les  étangs  sacrés,  ne  plai- 
raient-elles pas  à l’homme  que  troublent  tant  de  craintes? 

38.  Pour  nous,  grâce  à un  instant  d’entretien  avec  Bhava,  cet  ami 

qui  t’est  cher,  nous  avons  pu  aujourd'hui  trouver  un  asile  auprès  de 
toi,  ô Bhagavat,  de  toi  qui  es  le  véritable  médecin  des  maux  les  plus 
difficiles  à guérir,  l'existence  et  la  mort.  , 

39.  Si  nous  avons  bien  lu  le  Vêda;  si  nous  avons  su,  par  de  cons- 
tants devoirs , nous  assurer  la  bienveillance  de  nos  maîtres , des 
Brâhmanes  et  des  vieillards  ; si  nous  avons  honoré,  sans  envie,  Içs 
hommes  respectables,  nos  amis,  nos  frères  et  tous  les  êtres; 


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LIVRE  QUATRIÈME.  165 

40.  Si  nous  avons  pu,  nous  abstenant  de  nourriture,  pratiquer  au 
milieu  des  eaux  les  austérités  de  cette  longue  pénitence,  puisse. 
Seigneur,  tout  cela  t’être  agréable!  c’est  la  seule  faveur  que  nous  de- 
mandions au  puissant  Purucba. 

4t.  Si  le  Manu,  si  Svayambhù,  si  le  bienheureux  Bhava  et  d’au- 
tres dont  les  austérités  et  la  science  avaient  purifié  l’âme,  t'ont  loué, 
quoiqu'ils  n’eussent  pas  atteint  aux  bornes  de  ta  grandeur,  nous  pou- 
vons bien  aussi  te  chanter  selon  les  forces  de  notre  intelligence. 

42.  Adoration  à celui  qui  est  uniforme  et  pur,  au  suprême  Puru- 
cha,  à Vâsudêva  qui  est  la  Bonté  même!  adoration  enfin  à toi,  6 
Bhagavat  ! 

45.  Mâitrêya  dit  : Ainsi  célébré  par  les  Pratchétàs,  Hari,  l’ami  de 
ceux  qui  l'implorent,  leur  exprima  sa  joie  et  son  assentiment;  et 
partant  au  milieu  des  regrets  des  sages  qui  ne  se  lassaient  de  le  con- 
templer, le  Dieu  que  sa  puissance  n’abandonne  jamais,  regagna  sa 
demeure. 

44.  Ayant  ensuite  quitté  les  eaux  de  l’Océan,  les  Pratchêtas  en- 
trèrent  en  fureur  à la  vue  de  la  terre  couverte  d’arbres  qui  s'élevaient 
comme  pour  l’obstruer  entièrement. 

45.  Alors,  pour  dépouiller  la  terre  de  ces  arbres,  les  sages  irrités 
soufflèrent  de  leur  bouche  un  feu  accompagné  de  vent,  aussi  redou- 
table que  celui  qui  doit  détruire  les  mondes. 

46.  A la  vue  de  l'incendie  qui  réduisait  en  cendres  les  arbres,  le 
premier  père  des  êtres  vint  trouver  les  fils  de  Varhichmat,  et  les 
apaisa  par  des  paroles  convenables. 

47.  Epouvantés,  les  arbres  qui  avaient  échappé  au  feu  présen- 
tèrent leur  fille  aux  Pratchêtas,  d’après  le  conseil  de  Svayaiïibhù. 

48.  Les  Pratchêtas,  suivant  les  avis  de  Brahma,  épousèrent  la  tille 
des  arbres,  dans  le  sein  de  laquelle  [Dakcha],  le  fils  du  Dieu  incréé, 
fut  condamné  à renaître  pour  avoir  méprisé  le  grand  [Çivaj. 

49.  C’est  ce  Dakcha  qui,  après  que  la  création  précédente' eut  été 
détruite  par  le  temps,  fut,  au  commencement  du  Manvantara  de 
Tchâkchucha , chargé  par  le  Destin  de  créer  les  êtres  qu'il  voulait 
voi  r renaître. 


166  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

50.  C'est  lui  qui,  au  moment  de  sa  naissance,  effaça  par  son  éclat 
la  splendeur  des  êtres  les  plus  brillants,  et  qu’on  appela  Dakcha 
l'habile,  à cause  de  la  perfection  de  ses  ouvrages. 

51.  Brabmâ,  le  Dieu  tncréé,  le  sacra  et  lui  con&t  la  garde  de  la 
création,  et  Dakcha  à son  tour  distribua  entre  les  autres  Pradjâpatis 
l’œuvre  dont  il  était  chargé. 

PIN  DO  TRENTIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 

HISTOIRE  DES  PRATCHBTAS , 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURANA, 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRABMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYA5A. 


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LIVRE  QUATRIÈME. 


167 


CHAPITRE  XXXI. 

ÉPISODE  DES  PRATCHÈTAS. 

1.  Mâitrêya  dit  : Cependant  les  Pratchètas,  se  rappelant  les' paroles 
d'Adhûkchadja  qui  les  avaient  promptement  éclairés,  embrassèrent 
la  vie  religieuse,  après  avoir  confié  leur  femme  à leur  fils. 

2.  Prépares  par  le  sacrifice  de  Brahma,  qui  leur  fit  voir  l’Esprit 
résidant  au  sein  de  tous  les  êtres,  ils  se  retirèrent  à l'occident  sur  le 
bord  de  la  mer  en  un  lieu  où  se  trouvait  le  Siddha  Djàdjali. 

5.  Nârada,  ce  sage  .digne  des  respects  des  Suras  et  des  Asuras, 
vint  visiter  ces  ascètes  maîtres  de  leur  respiration,  de  leur  coeur,  de 
leurs  paroles  et  de  leurs  regards,  indifférents  à toute  espèce  de  pos- 
ture, et  qui,  le  corps  droit  et  immobile,  tenaient  leur  àme  unie  au 
suprême  et  pur  Brahma. 

A.  Se  levant  aussitôt  à sa  vue,  les  Pratchètas  se  prosternèrent  devant 
lui,  le  saluèrent  respectueusement,  et  l’ayant  reçu  avec  les  honneurs 
convenables,  ils  le  firent  asseoir  sur  un  siège  commode  et  lui  par- 
lèrent ainsi  : • 

5.  Les  Pratchètas  dirent  : Sois  le  bienvenu  aujourd’hui,  ô Ricin- 
des  Suras,  c’est  un  bonheur  pour  nous  que  ta  présence;  ta  course, 
comme  celle  du  soleil,  ô Brahmane,  répand  partout  la  sécurité. 

6.  Livrés  à la  vie  de  maîtres  de  maison,  nous  avons  complètement 
perdu  le  souvenir  des  enseignements  que  nous  avaient  donnés  le 
bienheureux  Çiva  et  Adhûkcliadja. 

7.  Explique-nous  de  nouveau  cette  science,  de  l’Esprit  suprême, 
qui  donne  l’intelligence  de  la  vérité,  pour  que  nous  puissions  promp- 
tement traverser  l’océan  infranchissable  de  l’existence. 

8.  Mâitrêya  dit:  Le  bienheureux  solitaire  Nârada,  absorbant  son 
esprit  au  sein  de  Bhagavat  dont  la  gloire  est  excellente,  répondit 
ainsi  à la  question  des  Pratchètas. 


168  * LE  BHÀGAVATA  PURÀ1VA. 

9.  Nârada  dît:  La  naissance,  les  œuvres,  l’existence,  le  cœur,  li 
parole  ne  sont  rien  si  l'homme  ne  les  emploie  pas  à honorer  en  ce 
monde  Hari,  le  souverain  Seigneur,  âme  de  l'univers. 

to.  Qu'est-ce  pour  l’homme  que  cette  triple  naissance  qu’il  doit  à 
une  pure  origine,  à l’investiture  et  au  sacrifice?  Que  sont  les  céré- 
monies religieuses  ordonnées  par  le  triple  Vêda?  Qu’est-ce  même 
qu’une  existénce  égale  à celle  des  Dieux? 

11.  Que  sont  la  connaissance  de  l'Ecriture,  les  austérités,  l’élo- 
quence, la  capacité  de  l’esprit,  la  pénétration  de  l'intelligence,  la 
Force  et  la  perfection  des  sens? 

12.  Que  sont  le  Yoga,  le  Sâmkhya,  le  renoncement,  la  lecture  du 
Vêda  et  tant  d'autres  perfections , li  où  ne  se  trouve  pas  Hari  qui 
se  donne  lui-même  à tous  les  êtres? 

ts.’  L’Esprit  en  efi’et  est,  à cause  de  son  importance,  le  terme  où 
aboutissent  tous  les  biens;  or  c’est  Hari  qui  est  l’Esprit  même  et 
l’ami  de  tous  les  êtres  auxquels  il  se  manifeste. 

14.  De  même  que  l’eau  dont  on  arrose  les  racines  d’un  arbre,  ra- 
fraîchit également  sa  tige,  ses  branches  et  ses  rameaux;  de  même 
encore  que  l’alimentation  qui  soutient  la  vie,  nourrit  tous  les  organes, 
ainsi  le  culte  d'Atchyuta  est  le  culte  de  tous  le»  Dieux. 

15.  Comme  les  eatix  qu’a  laissées  tomber  le  soleil  remontent  vers 
lui  au  temps  marqué,  comme  les  créatures  mobiles  et  immobiles  re- 
tournent à la  terre  [d'où  elles  viennent] , ainsi  le  courant  des  qualités 
rentre  au  sein  de  Hari  [d'où  il  sort]. 

16.  Le  séjour  réel  de  Hari,  âme  de  l'univers,  c'est  ce  monde  vi- 
sible qui  est  apparu  en  même  temps  que  lui,  [et  qui  ne  s'en  déta- 
che pas  plus]  que  les  rayons  du  soleil  de  leur  source;  et  de  même 
que  les  sens  agissent  dans  la  veille,  pour  s’endormir  pendant  le  som- 
meil, de  même  la  distinction  erronée  qui  donne  lieu  à l’existence 
de  la  matière,  de  l’action  et  de  la  science,  disparaît  au  sein  de  l’Es- 
prit. 

17.  Tout  comme  paraissent  au  ciel  et  disparaissent  tour  à tour,  ô 
princes,  la  lumière  et  les  nuages  qui  l’obscurcissent,  ainsi  se  mon- 
trent et  s'évanouissent  tour  à tour  au  sein  du  suprême  Brahma,  ces 


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LIVRE  QUATRIÈME.  * 169 

puissances  nommées  la  Passion,  les  Ténèbres  et  la  Bonté;  leur  suc- 
cession  est  la  marche  de  l'univers. 

* 18.  Servez  donc,  en  unissant  â lui  vos  cœurs,  Hari,  l’âme  unique 

de  toutes  les  âmes,  qui  est  le  Temps,  la  Nature,  l’Esprit,  le  souverain 
Seigneur,  et  qui  anéantit  par  l'éclat  de  sa  lumière  les  effets  successifs 
des  qualités. 

19.  La  pitié  pour  tous  les  êtres,  la  disposition  à être  satisfait  de 
tout,  et  le  calme  des  sens,  sont  les  moyens  de  plaire  promptement  à 
Djanârdana. 

20.  Appelé  par  une  méditation  toujours  croissante  au  sein  d’un 
cœur  que  l’homme  vertueux  a purifié  en  y éteignant  tout  désir,  l’Être 
impérissable  qui  reconnaît  les  droits  que  ses  amis  ont  sur  lui , ne 
quitte  pas  plus  ce  séjour  que  l’air  qui  en  remplit  la  cavité. 

21.  Hari  auquel  sont  chers  les  pauvres  dont  il  est  l'unique  bien, 
Hari  qui  connaît  tous  les  sentiments,  n’accueille  pas  l’offrande  de  ces 
intelligences  perverses  qui , orgueilleuses  de  leur  savoir,  de  leurs 
richesses,  de  leur  famille  et  de  leurs  œuvres,  insultent  à l’homme 
vertueux  qui  n'a  rien. 

22.  L’homme  reconnaissant  pourrait-il  abandonner  celui  qui,  do- 
cile aux  vœux  de  tous  ses  serviteurs,  et  trouvant  sa  perfection  en  lui- 
même,  néglige  à la  fois  et  Çrl  qui  s’attache  à ses  pas,  et  les  Dieux  et 
les  rois  passionnés  pour  cette  Déesse  ? 

25.  Mâitrêya  dit  : Après  avoir  fait  entendre  aux  Pratehêtas  ces  pa- 
roles et  d’autres  récits  relatifs  à Bhagavat,  le  solitaire,  fils  de  Svayain- 
bhû,  remonta  dans  le  monde  de  Brahmâ. 

24.  Et  eux,  ayant  entendu  de  sa  bouche  la  gloire  de  Hari  qu'il 
venait  de  leur  exposer  et  qui  purifie  le  monde,  méditèrent  sur  ses 
pieds  et  entrèrent  enfin  dans  sa  demeure. 

25.  Je  t’ai  raconté,  ô guerrier,  ce  qui  a fait  l’objet  de  tes  questions, 
l'entretien  de  Nârada  et  des  Pratehêtas,  où  est  célébré  Hari. 

26.  Çuka  dit  : Apprends  maintenant,  6 roi , ce  que  c’est  que  la  fa- 
mille d'Uttânapâda,  ce  fils  du  Manu  dont  j’ai  parlé,  ainsi  que  celle 
de  Priyavrata, 

27.  Qui  après  avoir  reçu  de  Nârada  la  science  de  l'Esprit,  et  gou- 


170 


LE  B U ÀG  AV  ATA  PLRÀNA. 

verné  ensuite  la  terre,  la  partagea  [plus  tard]  entre  ses  enfants,  et 
monta  au  séjour  du  Seigneur  suprême. 

28.  Cependant  le  guerrier  n’eut  pas  plutôt  entendu  de  la  bouche 
de  Kâuçâravi  cet  excellent  récit  qui  parlait  tant  d’Adjita,  que  sentant 
s'accroître  son  amour;  tout  baigné  de  larmes,  il  plaça  sur  sa  tête  les 
pieds  du  solitaire,  et  ceux  de  Hari  dans  son  cœur. 

29.  Ô ami,  [lui  dit-il,]  ô grandYôgin,  tu  m’as  aujourd'hui  montré, 
dans  ta  compassion , le  terme  des  Ténèbres,  là  où  se  trouve  Hari  qui 
va  au-devant  des  malheureux. 

30.  Ayant  ensuite  pris  congé  de  lui  en  le  saluant,  Vidura,  le  cœur 
satisfait , partit  pour  la  ville  d’Hastinâpura  dans  le  désir  de  voir  ses 
parents. 

31.  Celui  qui  écoutera,  ô roi,  l’histoire  de  ces  princes  si-  dévoués  à 
Hari,  obtiendra  une  longue  existence,  la  richesse,  la  gloire,  le  bonheur, 
la  puissance  souveraine  et  le  salut. 

PIN  DU  TRENTE  ET  UNIEME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE: 

ÉPISODE  DES  PRATCHBTAS , 

DANS  LE  QUATRIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA, 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAYATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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LIVRE  CINQUIEME 


CHAPITRE  PREMIER. 

GRANDEUR  DE  PRIYAVRATA. 


1.  Le  roi  dit  : Comment  Priyavrata,  ce  serviteur  de  Bhagavat,  qui 
trouvait  sa  joie  en  lui-même,  put-il  se  plaire  à la  vie  de  chef  de  mai- 
son, laquelle  produit  le  lien  des  oeuvres  et  l’oubli  de  soi-même? 

2.  Non,  les  soins  d'un  chef  de  famille  ne  conviennent  pas,  ô grand 
Brahmane,  à des  hommes  qui  sont,  comme  il  était,  détachés  de  toutes 
choses. 

5.  Ces  hommes  magnanimes,  ô Rïchi  des  Brahmanes,  dont  l’esprit 
repose  satisfait  à l'ombre  des  pieds  du  Dieu  dont  la  gloire  est  excel- 
lente, n’ont  ni  la  pensée  ni  le  désir  d’élever  une  famille. 

».  C’est  pour  moi  le  sujet  d’un  doute  grave,  ô Brâhmane , qu’il 
ait  pu,  avec  une  femme,  une  maison  et  des  enfants,  atteindre  à la 
perfection  et  tenir  son  esprit  constamment  fixé  sur  Krïchna. 

5.  Çuka  dit  : Tu  dis  vrai,  ô roi;  mais  ceux  dont  l’esprit  s’occupe  A 
savourer  le  nectar  du  lotus  des  pieds  bienheureux  de  Bliagavat  dont  la 
gloire  est  excellente,  ne  peuvent  abandonner,  quelque  obstacle  qu’ils 
rencontrent,  la  voie  fortunée  où  ils  marchent  en  écoutant  les  histoires 
du  Dieu  chéri  des  sages  contemplatifs,  ses  serviteurs  dévoués. 

6.  En  effet,  quand  Priyavrata,  ce  serviteur  dévoué  de  Bhagavat, 
qui  avait  dû  au  culte  des  pieds  de  Nârada  de  connaître  l’essence 
même  de  la  vérité,  se  vit,  au  moment  où  il  se  préparait  au  sacrifice  de 
Brahma,  chargé  de  gouverner  le  monde,  par  son  père  qui  trouvait  en 
lui  un  trésor  abondant  des  perfections  recommandées  par  l’Écriture, 
il  n’accueillit  pas  avec  plaisir  un  ordre  qui  ne  devait  cependant  pas 
être  repoussé;  car  il  avait,  par  la  pratique  d’une  contemplation  immé- 
diate, dirigé  vers  Vâsudêva  seul  tous  les  mouvements  de  ses  sens. 


172 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


et  il  prévoyait  qu’au  milieu  des  devoirs  de  la  royauté,  le  monde,  mal- 
gré sa  vanité  réelle,  finirait  par  triompher  de  lui. 

7.  Alors  le  premier  des  Dêvas,  Brahma,  le  Dieu  né  de  lui-même, 
qui  songeant  sans  cesse  à la  prospérité  de  ce  monde,  produit  des 
qualités,  pénètre  les  pensées  de  tous  les  êtres,  descendit  de  son  palais, 
entouré  des  sages  qui  forment  sa  suite  et  de  tous  les  livres  sacrés. 

8.  Recueillant,  à mesure  qu'il  s’avançait,  semblable  à la  lune  dans 
le  ciel,  les  respects  des  chefs  des  Immortels  qui  le  saluaient  du  haut 
de  leurs  chars,  et  les  louanges  des  Siddhas,  des  Gandharvas,  des 
Sâdhyas,  des  Tchâranas  et  des  Solitaires,  qui  se  pressaient  en  foule 
sur  son  passage,  Brahmâ  descendit  dans  la  vallée  de  Gandhamàdana 
qu’il  remplit  de  sa  splendeur. 

9.  Reconnaissant  Hiranyagarbha  ( Brahma  ) son  père  au  cygne 
sur  lequel  il  était  monté,  Nârada,  le  Rïchi  des  Dieux,  se  leva  aussi- 
tôt; et  accompagné  du  Manu  et  de  Priyavrata  son  fils,  il  lui  rendit 
les  honneurs  de  l’hospitalité,  tenant  les  mains  réunies  en  signe  de 
respect. 

to.  Le  Dieu  [qui  Ôtait]  Bhagavat  lui-même,  le  premier  des  Esprits, 
après  avoir  reçu  ces  honneurs,  et  avoir  entendu  le  sage  qui  ne  se 
lassait  de  célébrer  dans  des  hymnes  convenables  ses  qualités,  ses 
incarnations  et  ses  triomphes,  le  Dieu,  dis-je,  regardant  Priyavrata 
avec  un  sourire  de  tendresse,  lui  parla  ainsi,  ô descendant  de  Bharata. 

11.  Brahmâ  dit:  Ecoute,  ami,  la  vérité  que  je  te  déclare;  n’ac- 
cuse pas  le  Dieu  infini  dont  Bhava , dont  ton  père , dont  ce  grand  Rïchi 
et  moi  nous  voulons  tous  exécuter  la  volonté  avec  soumission. 

12.  Non,  personne  ne  peut,  soit  par  les  austérités,  la  science  ou 
l’énergie  du  Yôga,  soit  par  la  force  de  l'intelligence,  soit  par  les 
moyens  que  donnent  les  richesses  et  l’observation  des  devoirs,  soit 
enfin  par  des  ressources  personnelles  ou  étrangères,  nul  ne  peut 
anéantir  ce  qu'il  a fait. 

1S.  C’est  pour  accomplir  des  oeuvres  qui  condamnent  l’homme  à 
la  naissance  et  à la  mort,  au  chagrin,  à l’erreur,  à des  craintes  per- 
pétuelles, au  plaisir  et  à la  peine,  que  la  foule  des  âmes  s’unit  aux 
corps  que  le  Seigneur  invisible  assigne  à chacune. 


itized  I 


LIVRE  CINQUIÈME.  173 

14.  Fortement  enchaînés  à sa  parole  par  les  liens  indissolubles 
des  qualités  et  des  œuvres,  nous  apportons  notre  offrande  au  souve- 
rain Seigneur,  semblables  aux  quadrupèdes  qui,  attachés  par  les 
naseaux,  apportent  à l'homme  leur  tribut. 

15.  Nous  acceptons  en  effet  le  bien  ou  le  mal  que  nous  envoie  le 
souverain  Seigneur,  parce  que  nous  sommes  unis  aux  qualités  et  aux 
œuvres;  et  nous  exécutons  tout  ce  que  notre  maître  nous  ordonne, 
semblables  à des  aveugles  conduits  par  un  homme  qui  voit. 

16.  De  même  qu’on  se  souvient,  au  réveil,  de  ce  qu'on  a éprouvé 
en  songe,  ainsi  l’homme  même  qui  est  affranchi,  garde  son  corps  tant 
que  dure  l’action  qu'il  a commencée  et  qu’il  achève  sans  aucun  sen- 
timent de  personnalité;  mais  il  ne  recueille  plus  de  qualités  qui  le 
condamnent  à reprendre  un  jour  un  autre  corps. 

17.  Le  danger  [delà  renaissance]  existe  pour  celui  même  qui  se 
retire  dans  les  forêts,  s’il  n’est  pas  maître  de  lui,  car  il  y emporte  ses 
six  adversaires  ; mais  quel  tort  peut  faire  la  condition  de  maître  de 
maison  à l’homme  éclairé  qui  a vaincu  scs  sens,  et  qui  trouve  sa  joie 
en  lui-méine? 

18.  Celui  qui,  désireux  de  vaincre  ces  six  adversaires,  commence 
par  entrer  dans  la  vie  de  maître  de  maison,  et  y lutte  avec  courage, 
brave,  comme  du  haut  d’une  forteresse,  ses  ennemis  acharnés;  et 
quand  il  les  a détruits,  il  peut,  s’il  le  préfère,  continuer  à y vivre 
en  sage. 

19.  Pour  toi  qui,  réfugié  comme  dans  une  forteresse,  au  centre 
du  lotus  des  pieds  du  Dieu  dont  le  nombril  a produit  un  lotus,  as 
triomphé  des  six  adversaires,  jouis-y  de  ce  que  t’envoie  Purucha; 
puis  affranchi  de  tous  les  liens,  attache-toi  à ce  qui  constitue  ta  vé- 
ritable nature. 

20.  Çuka  dit  : Le  prince,  ce  grand  serviteur  de  Bhagavat,  courbant 
la  tête  avec  le  sentiment  d'une  profonde  humilité,  témoigna  son 
assentiment  aux  paroles  du  Précepteur  de  trois  mondes  et  accueillit 
ses  conseils  avec  respect. 

21.  Et  Brahmâ,  \raité  par  le  Mann  avec  les  honneurs  convenables, 
reprenant,  sous  les  yeux  de  Nârada  et  de  Priyavrata  qui  le  content- 


174  LE  B H ÂG  AV  AT A PLRÀNA. 

plaient  avec  des  regards  pleins  de  calme,  sa  véritable  forme,  sa  forme 
absolue  et  qui  échappe  à la  parole  et  à la  pensée,  repartit  pour  sa 
demeure. 

22.  Le  Manu,  confirmé  ainsi  dans  son  dessein  par  le  Dieu  su- 
prême, et  par  l’assentiment  du  RIchi  des  Suras,  après  avoir  confié  à 
son  fils  la  défense  et  la  protection  de  la  terre  tout  entière,  se  déta- 
cha de  lui-même  des  espérances  qui  retiennent  l’homme  sur  les  ondes 
empoisonnées  de  l’océan  infranchissable  des  objets  extérieurs. 

25.  C'est  ainsi  que  le  maître  de  la  terre,  qui  suivant  le  désir  du 
Seigneur  s’était  livré  aux  œuvres,  effaça  les  souillures  de  son  cœur 
par  la  puissance  de  la  contemplation  avec  laquelle  il  ne  cessait  de 
méditer  sur  les  pieds  du  bienheureux  Adipurucha  dont  le  pouvoir 
sait  briser  les  chaînes  de  l'univers  entier;  et  honorant  encore,  quoi- 
qu’il fût  pur,  les  êtres  les  plus  élevés,  il  gouverna  ainsi  la  terre. 

24.  11  épousa  ensuite  Varhichmatî,  fille  de  Yiçvakarman,  le  Pra- 
djâpati,  de  laquelle  il  eut  dix  fils,  qui  égalaient  leur  père  en  vertus, 
en  mérite,  en  héroïsme,  en  beauté,  en  force  et  en  noblesse;  il  en 
eut  encore  une  fille,  plus  jeune  qu’eux,  nommée  l rdjasvatl. 

25.  C’était  Agnîdhra,  Idhmadjihva,  Yadjnabâbu,  Mahâvîra,  Hi- 
rauyarêtas,  Gliritaprïchtha,  Savana,  Mêdhâtithi,  Vîtihôtra  et  Kavi; 
chacun  de  ces  princes  portait  un  des  noms  dti  feu. 

26.  Trois  d’entre  eux,  Kavi,  Mahâvîra  et  Savana,  firent  vœu  de 
chasteté  ; familiarisés  dès  leur  plus  tendre  jeunesse  avec  la  connais- 
sance de  l’Esprit,  ils  embrassèrent  la  vie  contemplative. 

27.  Amis  de  la  quiétude,  incessamment  occupés  du  souvenir  des 
pieds  bienheureux  et  semblables  au  lotus,  de  Vâsudêva  qui  habite 
au  seiu  de  toutes  les  créatures  et  qui  est  l’asile  des  êtres  frappés 
de  crainte,  ccs  Rïchis  suprêmes  triomphèrent  de  leur  cœur  par  la 
puissance  irrésistible  de  la  dévotion  qu’y  entretenait  ce  souvenir; 
ils  trouvèrent  Bhagavat  en  eux-mêmes,  et  reconnurent  absolument 
l’identité  de  leur  propre  nature  avec  Bhagavat,  qui  est  à la  fois  et 
l’àme  de  tous  les  êtres,  et  l’àme  [individuelle]  ramenée  sur  elle-même. 

28.  Le  roi  eut  d’une  autre  femme  trois  fils,aUttama,  Tâmasa  et 
Râivata,  dont  chacun  fut  le  chef  d'un  Manvantara. 


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175 


LIVRE  CINQUIÈME. 

29.  Taudis  que  ses  fils  marchaient  ainsi  dans  la  voie  de  la  quiétude , 
le  roi  gouverna  la  terre  pendant  onze  fois  cent  millions  d'années.  Ses 
bras  remplis  d'une  vigueur  qui  rendait  irrésistibles  tous  les  efforts 
de  son  héroïsme,  fatiguèrent  incessamment  la  corde  de  son  arc 
dont  le  retentissement  seul  dissipait  les  ennemis  de  la  loi;  et  séduit 
par  les  marques  de  joie  et  de  respect  chaque  jour  plus  vives  qu’il 
recevait  de  Varhichmatî,  par  ces  caresses  de  femme,  par  ces  sou- 
rires que  voilait  la  pudeur,  par  ces  tendres  paroles  qui  échappent 
au  plaisir,  il  oublia  en  quelque  sorte  sa  raison  et  s'endormit  presque 
au  sein  du  bonheur. 

50.  Comme  le  divin  soleil  tournant  autour  de  la  montagne  des 
Suras  pour  éclairer  la  terre,  n’échauffe  à la  fois  qu’une  moitié  de 
sa  surface,  et  laisse  l’autre  moitié  dans  l’ombre,  Priyavrata  en  qui  le 
culte  de  Bhagavat  avait  accumulé  une  puissance  surhumaine,  ne 
put  souffrir  cette  interruption,  et  montant  sur  son  char  lumineux 
et  aussi  rapide  que  celui  du  soleil,  pour  faire  de  la  nuit  le  jour,  il  se 
mit  sept  fois  à sa  suite,  et  montra  au  monde  un  second  astre  de  la 
lumière.  Mais  Brahmi  s’étant  rendu  auprès  du  roi,  l’arrêta  dans  sa 
marche  en  lui  disant  : Ce  n’est  pas  là  ton  rôle. 

51.  Les  sillons  que  tracèrent  dans  leur  marche  les  roues  de  son 
char,  formèrent  les  sept  océans;  et  les  terres  que  ces  sillons  séparaient 
furent  les  sept  Dvîpas  (continents  entourés  d’eau). 

52.  Ces  Dvîpas  se  nommèrent  Djambû,  Plakcha,  Çâlmali,  Kuca, 
Krâuntcha,  Çâka  et  Puchkara. 

55.  Leur  étendue  mesurée  en  dehors  des  mers  qui  les  entourent, 
est  indiquée  par  le  rang  de  chacun  d’eux  dans  l'énumération  pré- 
cédente; le  second  est  le  double  du  premier,  et  ainsi  des  autres. 

34.  Les  sept  mers  qui  sont  formées  successivement  d’eau  salée,  de 
jus  de  canne  à sucre,  de  suc  fermenté  de  palmier,  de  beurre  clarifié, 
de  lait,  de  crème  de  caillé  et  d’eau  douce,  sont  comme  autant  de  fossés 
qui  entourent  les  sept  Dvîpas  placés  au  centre  de  chacune  d’elles; 
mesurées  en  dehors  de  ces  Dvîpas,  elles  ont  chacune  une  étendue 
égale  à celle  du  Dvîpa  quelles  environnent;  elles  ne  se'  confondent 
pas  l’une  avec  l’autre.  Le  roi,  époux  de  Varhichmatî,  donna  pour 


176 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

souverains,  à chacun  des  sept  continents  énumérés  plus  haut,  ceux 
de  ses  fils  qui  devaient  lui  succéder,  savoir:  Agnîdhra,  Idlimadjihva, 
Yadjnabâhu,  Hiranyarêtas,  Ghritaprichtha,  Mêdhâtitlii,  Vîtihôtra ; 
chacun  d’eux  fut  le  chef  d’un  continent  distinct. 

35.  Il  donna  ensuite  sa  fille  Ûrdjasvati  à Uçanas;  de  cette  union 
naquit  la  fille  de  Kâvya,  nommée  DêvayânS. 

36.  Un  tel  héroïsme  n’est  pas  surprenant  dans  les  hommes  qui, 
dévoués  au  plus  puissant  des  Dieux,  ont  effacé  avec  la  poussière  de 
ses  pieds  les  six  impressions  (des  sens],  puisque  l’homme  de  l'extrac- 
tion la  plus  basse  n’a  qu’à  prononcer  une  fois  son  nom  pour  se  voir 
aussitôt  dégagé  des  liens  du  monde. 

37.  Tels  étaient  la  force  et  le  courage  immenses  de  ce  prince. 
Mais  un  jour,  dégoûté  des  jouissances  de  la  grandeur  suprême  qu’il 
devait  au  culte  des  pieds  du  divin  Rïfchi,  il  exprima  ainsi  l'indiffé- 
rence qu’il  éprouvait  en  son  cœur  : 

38.  Ah!  combien  ai-je  mal  fait  de  me  laisser  conduire  par  mes 
sens  dans  l'abîme  ténébreux  des  objets  misérables  que  crée  l’igno- 
rance! Assez,  assez  de  cette  femme!  Malheur  à moi!  Je  ne  suis  que  le 
vil  animal  dont  elle  se  fait  un  jouet.  Tels  étaient  les  reproches  que 
s'adressait  le  roi. 

39.  Ayant  partagé  l’héritage  de  la  terre  entre  ses  fils  qui  deyaient 
lui  succéder,  il  abandonna,  comme  si  c’eût  été  un  cadavre,  et  la 
reine  avec  laquelle  il  avait  été  si  heureux,  et  l’appareil  de  la  gran- 
deur. Puis  ne  trouvant  plus  en  son  cœur  que  de  l’indifférence  pour 
toutes  choses,  soutenu  par  la  force  que  lui  donnait  le  commerce 
qu’il  entretenait  dans  son  âme  avec  Hari,  guidé  enfin  par  la  con- 
naissance de  l’Esprit  qu’il  devait  à la  faveur  de  la  Divinité  suprême, 
il  rentra  dans  la  voie  que  lui  avait  tracée  Nârada. 

40.  Aussi  existe-t-il  sur  lui  les  stances  suivantes  : Qui  pourrait, 
sans  l’appui  du  Seigneur,  imiter  les  hauts  faits  de  Priyavrata  qui, 
dissipant  l’obscurité  [de  la  nuit],  a creusé  les  sept  océans  dans  les 
sillons  tracés  par  les  roues  de  son  char? 

41.  C’est  lui  qui  en  distribuant  les  fleuves,  les  montagnes  et  les 
forêts,  a donné  à la  terre  une  forme;  et  qui  en  distinguant  les  con- 


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LIVRE  CINQUIÈME. 

tinents  les  uns  des  autres,  a posé  à chacun  sa  limite,  pour  que  les 
êtres  y vécussent  heureux. 

42.  C'est  lui  qui,  plein  d'affection  pour  les  serviteurs  dévoués  de 
Purucha , a regardé  comme  égale  à l'Enfer,  la  grandeur,  fruit  de 
rattachement  aux  œuvres,  dont  on  jouit  sur  la  terre,  dans  le  ciel  et 
parmi  les  hommes. 

FIN  |)U  PREMIER  CHAPITRE  , AYANT  .POUR  TITRE: 

GRANDEUR  DE  PRIYAVRATA  , DANS  LA  DESCRIPTION  DE  LA  TERRE, 

AU  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀÇA,  * * 

LE  RIENHEUREUX  BHÀCAYATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RAAIIMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀ.HA. 


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178 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  II. 

HISTOIRE  D’ÀGNÎDHRA. 

1.  Çuka  dit  : Quand  le  roi  se  fut  retiré,  Âgnîdhra,  obéissant  aux 
ordres  de  son  père,  gouverna  selon  la  justice  les  habitants  du  Djam- 
budvîpa  qu’il  aimait  comme  ses  propres  enfants. 

2.  Voulant  un  jour  devenir  père,  il  se  retira  dans  une  vallée  de 
la  montagne  où  s’ébattent  les  femmes  des  Suras  ; puis  rassemblant 
tous  les  objets  qui  servent  au  culte,  il  adora,  dans  les  austérités 
et  le  recueillement,  le  bienheureux  Chef  des  créateurs  du  monde. 

5.  Adipurucha  l’ayant  remarqué,  lui  envoya  l’Apsaras  Pûrva- 
tchitti,  qui  chantait  dans  l’assemblée  des  Dieux. 

4.  L’ermitage  du  roi  était  situé  dans  un  bois  ravissant,  formé  d'une 
masse  épaisse  d'arbres  variés,  aux  branches  desquels  s’attachaient 
des  lianes  à l’écorce  d’or,  et  où  perchaient  .des  couples  d’oiseaux, 
habitants  de  la  terre,  dont  la  voix  allait  réveiller  les  poules  d’eau,  les 
canards  et  les  Kalahaiïisas,  sur  les  lacs  purs  et  couverts  de  lotus,  qui 
retentissaient  de  leurs  cris  divers.  L’Apsaras  vint  y errer. 

5.  Au  bruit  régulier  produit  par  les  ornements  qui  retentissaient 
aux  pieds  charmants  de  la  nymphe  et  qui  s'agitaient  à chacun  des 
mouvements  de  sa  démarche  gracieuse,  le  prince  entrouvrit  ses 
yeux,  semblables  au  bouton  d'un  lotus,  que  tenait  fermés  la  médi- 
tation, et  il  aperçut  Pûrvatchitti: 

8.  A la  vue  de  cette,  femme  qui,  semblable  à l’abeille,  respirait 
non  loin  de  lui  le  parfum  des  fleurs,  et  qui  remplissant  de  joie  les 
yeux  et  les  cœurs  des  mortels  et  des  Dieux  par  le  charme  de  sa  dé- 
marche, de  ses  gestes,  de  ses  modestes  regards,  de  ses  harmonieuses 
paroles,  de  tous  ses  membres  enfin,  ouvrait  le  cœur  des  hommes  à 
l’empire  du  Dieu  qui  ne  s’arme  que  de  fleurs  ; à la  vue  des  mouve- 


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LIVRE  CINQUIÈME.  179 

ments  voluptueux  qui  agitaient  les  seins,  la  masse  des  cheveux  et  la 
ceinture  de  la  nymphe,  lorsqu'elle  précipitait  sa  marche  pour  échap- 
per à l'essaim  des  abeilles  enivrées  par  le  parfutn  des  paroles  et  des 
sourires  qui  tombaient  comme  l'ambroisie  de  sa  bouche,  le  prince , 
vaincu  par  le  Dieu  de  l’amour,  auquel  le  livrait  ce  premier  regard,  lui 
parla  ainsi,  [la  prenant]  dans  son  égarement  [pour  un  Brahmane]. 

7.  Qui  es-tu,  et  que  cherches-tu  sur  la  montagne,  ô chef  des 
solitaires?  Serais-tu  la  Màyô  de  Bhagavat  le  Dieu  souverain?  Est-ce 
pour  toi,  ami,  que  tu  portes  ces  deux  arcs  qui  n'ont  pas  de  corde? 
ou  bien  chasses-tu  dans  la  Mh'êt  la  gazelle  imprudente  ? 

8.  A qui  destines-tu,  dans  ta  marche  à travers  la  forêt,  ces  regards 
semblables  à des  flèches  qui  s’échappent  du  lotus  de  tes  yeux,  lentes, 
privées  de  plumes,  belles  et  à la  pointe  acérée?  Je  l’ignore;  mais 
puisse  ta  venue  faire  le  bonheur  des  insensés  tels  que  moil 

9.  Ces  abeilles  ne  ressemblent-elles  pas  à des  disciples  quicntourent 
leur  bienheureux  maître  en  lisant  et  en  lui  chantant  sans  cesse  le  Sà- 
mau  avec  les  mystères?  Dans  leur  empressement  à recevoir  la  pluie 
de  fleurs  qui  s'échappe  de- ta  chevelure,  ne  sont-elles  pas  comme  des 
troupes  de  Rïchis  autour  des  branches  de  l’arbre  du  Vêda? 

10.  Puissé-je  entjpdre  le  son  seul  des  anneaux  qui  tiennent  tes  pieds 
captifs,  son  éclatant  qui  s'élève  comme  la  voix  d'un  oiseau  invisible! 
L’éclat  de  la  fleur  du  Kadamba  enveloppe  tes  reins  qu’entoure  une 
ceinture  où  brillent  comme  des  charbons  ardents.  Où  est,  ô Brah- 
mane , ton  vêtement  d'écorce  ? 

11.  Que  portes-tu  donc,  ô toi' dont  la  taille  est  si  fine,  dans  ces 
coupes  ravissantes  dont  je  ne  puis  détacher  mes  regards  ? D’où  vien- 
nent ces  empreintes  d’une  pâte  odorante  qui  en  colore  l’extrémité  et 
dont  le  parfum  se  répand  dans  mon  ermitage? 

12.  Montre-moi  ta  demeure,  aini,  cette  demeure  qu’habite  un  être 
sur  la  poitrine  duquel  s’élèvent  ces  formes  inconnues  qui  agitent  mon 
cœur,  et  dont  la  bouche  répand  le  merveilleux  nectar  du  sentiment 
et  de  la  passion. 

13.  Comment  y vis-tu?  Le  parfum  de  l'offrande  annonce  les  ali- 
ments dont  tu  te  nourris,  car  tu  es  une  portion  de  \ichnu.  A tes 


180 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

oreilles  se  jouent  deux  formes  de  Makara  dont  la  splendeur  n’est 
jamais  éclipsée;  ton  visage  est  comme  un  lac;  tes  yeux  y brillent 
comme  deux  poissons  agiles;  une  double  rangée  de  dents  l'éclaire; 
ta  chevelure  est  l’essaim  d’abeilles  qui  s’abat  sur  ses  eaux. 

14.  La  balle  que  frappe  le  lotus  de  ta  main  entraîne  de  tous  côtés 
ma  vue  qui  s’égare  pour  en  suivre  les  bonds;  tu  ne  t’aperçois  pas 
que  le  lien  qui  retenait  le  nœud  de  ta  chevelure  se  détache,  et  qu’un 
vent  amoureux  soulève  malicieusement  ton  vêtement. 

15.  A quelles  austérités  dois-tu  cette  beauté  faite  pour  troubler 
le  cours  des  pénitences  de  ceux  qui  seèvrent  à une  vip  de  mortifi- 
cations? Ah!  consens  à venir  faire  pénitence  avec  un  ami;  le  Dieu, 
cause  de  l’existence,  ne  m’accorde-t-il  pas  sa  faveur? 

16.  Non,  je  ne  te  quitte  plus,  Brâhmane  chéri,  donné  des  Dieux, 
toi  dont  mes  yeux  et  mon  cœur  ne  peuvent  se  détacher;  emmène  où 
tu  voudras  ton  serviteur  docile , 6 toi  dont  la  poitrine  est  si  belle. 
Adieu  aux  chacals  [jusqu’à  ce  jour]  mes  seuls  amis! 

17.  C’èst  ainsi  qu’habile  à captiver  la  belle,  le  prince,  qui  con- 
naissait la  pensée  des  Dieux,  lui  témoigna  son  amour  par  un  langage 
fait  pour  éveiller  la  connaissance  du  plaisir. 

18.  Ravie  par  l’intelligence,  la  vertu,  la  beaut^  la  jeunesse,  l’éclat 
et  la  noblesse  du  chef  des  héros,  elle  passa  sur  la  terre  un  temps  égal 
à cent  mille  années,  goûtant  avec  le  roi  du  Djambudvîpa  les  plaisirs 
de  la  terre  et  du  ciel. 

19.  Âgnîdhra,  le  premier  des  rois,  eut  de  la  nymphe  neuf  fils, 
nommés  Nâblii,  Kiiïipurucha,  Harivarcha , llâvrîta,  Ramyaka,  Hi- 
ranmaya.  Kuru,  Bhadrâçva  et  Kètumâla.  Après  les  avoir  mis  au 
monde,  chacun  à une  année  de  distance,  leur  mère  les  laissa  dans 
la  demeure  du  roi  et  remonta  [au  ciel]  servir  de  nouveau  Adja. 

20.  Naturellement  doués,  par  la  faveur  de  leur  mère,  d’un  corps 
robuste,  les  fils  d'Agnîdhra  reçurent  chacun  en  partage  de  leur  père 
un  Varcha  ou  division  du  Djambudvîpa;  ces  divisions  tirèrent  leur 
nom  de  ceux  de  ces  princes. 

21.  Mais  le  roi  Agnîdhra,  que  n’avaient  pas  satisfait  les  plaisirs, 
ne  laissa  plus  écouler  un  seul  jour  sans  penser  à la  nymphe  ; et  il 


181 


LIVRE  CINQUIEME. 

s’assura  par  l'observation  des  Vêdas  la  possession  du  même  séjour 
qu’elle,  dans  le  monde  où  les  Pitris  vivent  heureux. 

22.  Quand  leur  père  fut  mort,  les  neuf  frères  épousèrent  chacun 
une  des  neuf  filles  du  Mèru  , savoir:  Mêrudêvî,  Pratirùpà,  Ugra- 
daiîiclitrl,  Latd,  Rarnvà,  ÇvâniA,  Nârî,  Bhadrà  et  Dêvavtti. 

ris  lu  deuxième  chapitre,  ayant  1*011»  titre  : 

HISTOIRE  D’ÂCsiniIRA  , 

tnvs  LE  CISQlilÈHE  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMÀ  ET  COMPOSÉ  PAH  VYÂSA. 


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182 


LE  BHÂGAVATA  PÜRÀNA. 


CHAPITRE  III. 

APPARITION  DE  RÏCHABHA. 


1.  Çuka  dit  : Nâbhi  désirant  avoir  de  la  postérité,  offrit,  dans  le 
recueillement,  avec  Mêrudêvî  sa  femme,  qui  était  stérile,  un  sacri- 
fice à Bhagavat,  le  mâle  du  sacrifice. 

2.  Pendant  qu’avec  un  coeur  purifié  par  la  foi,  il  exécutait  la 
cérémonie , et  au  moment  où  s'accomplissaient  les  actes  les  plus 
importants,  Bhagavat,  que  l’on  n’obtient  pas  aisément  môme  par 
l’heureux  emploi  de  tous  les  moyens,  tels  que  les  substances,  le 
lieu,  le  temps,  les  Mantras,  les  Rïtvidjs,  les  présents  et  les  règles 
convenables,  mais  qui  revêt  une  belle  forme  par  affection  pour  ses 
serviteurs,  et  ne  songe  qu’à  donner  aux  siens  ce  qu’ils  désirent;  Bhaga- 
vat, dis-je,  lui  apparut  avec  ce  corps  invincible,  qui  ravit  les  coeurs  et 
qu’embellissent  des  membres  dont  lame  et  les  yeux  sont  charmés. 

5.  Brillant  comme  l’or,  il  paraissait  être  le  plus  beau  des  hommes  ; 
il  avait  quatre  bras  et  un  vêtement  de  soie  jaune;  le  signe  du  Çri- 
vatsa ornait  sa  poitrine;  il  avait  pour  attributs  la  conque,  le  lotus,  une 
guirlande  de  fleurs,  le  Tchakra,  le  joyau  immortel  et  la  massue. 

A.  11  était  paré  d’un  diadème,  de  pendants  d’oreilles,  d’un  collier, 
de  bracelets,  d’anneaux  pour  les  bras  et  pour  les  pieds,  et  d’une  cein- 
ture, qui  étincelaient  de  l’éclat  des  pierreries.  A la  vue  du  Dieu,  le 
Rïtvidj , les  membres  de  l’assemblée  et  le  chef  de  la  maison , inclinant 
tous  respectueusement  la  tête,  l’abordèrent  avec  les  mêmes  hon- 
neurs que  des  malheureux  qui  trouveraient  un  précieux  trésor. 

5.  Les  Richis  dirent:  Tu  mérites  toujours,  ô le  plus  respectable 
des  êtres , l’hommage  de  tes  serviteurs  ; adoration  ! adoration  ! telle  est 
la  seule  prière  que  nous  aient  apprise  des  maîtres  vertueux.  Eh! 
comment  l’homme  qui,  préoccupé  par  les  transformations  des  qua- 


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LIVRE  CINQUIÈME.  185 

lités  de  la  Nature,  ne  sent  que  sa  dépendance,  pourrait-il,  à l’aide 
de  paroles,  d’images  et  de  figures  impuissantes,  décrire  la  forme  du 
Seigneur  qui  est  au-dessus  de  la  Nature  et  de  l'Esprit?  Il  ne  peut 
que  prononcer  le  nom  de  ce  trésor  unique  des  excellentes  et  heu- 
reuses qualités  faites  pour  effacer  les  péchés  de  tous  les  êtres. 

6.  Le  culte  que  tu  aimes,  Seigneur,  ce  sont  les  paroles  entrecoupées 
que  la  tendresse  arrache  à tes  esclaves;  ce  sont  l’eau,  les  rameaux 
purs,  la  Tulasî,  et  les  tiges  de  Dûrvâ  qu’ils^offrent  avec  respect. 

7.  Mais  nous  ne  croyons  pas  que  le  sacrifice  même  qui  se  célèbre 
ici  avec  les  nombreuses  cérémonies  dont  il  est  chargé,  puisse  être 
le  but  de  tes  désirs. 

8.  Car  lu  réunis  en  toi-même  tout  ce  qui  fait  l’objet  des  vœux  que 
les  hommes  ne  cessent  de  former  dans  chaque  cérémonie.  Le  sa- 
crifice, ô seigneur,  est  un  culte  qui  ne  convient  qu’à  ceux  qui  con- 
çoivent des  espérances  [vulgaires], 

9.  Dans  ta  pitié  infinie  pour  des  insensés  qui  ignorent  ta  félicité 
suprême,  ô toi  qui  es  le  premier  des  Esprits,  ne  viens-tu  pas,  afin 
de  leur  faire  partager  ta  grandeur  qui  est  la  délivrance,  de  leur  appa- 
raître ici  comme  un  simple  mortel,  de  toi-même,  et  sans  être  appelé? 

10.  C’est  déjà  pour  nous  une  faveur,  ô le  plus  respectable  des 
Dieux,  que  le  plus  libéral  de  tous  les  êtres  ait  apparu,  pendant  le 
sacrifice  du  Rïchi  des  rois,  aux  yeux  de  ses  adorateurs. 

11.  L'énumération  de  tes  nombreuses  qualités,  ô toi  dont  les  ver- 
tus sont  incessamment  reproduites  [par  les  sages] , est  la  voie  unique 
du  bonheur  pour  les  solitaires  en  qui  le  feu  de  la  science,  excité 
par  le  détachement,  a consumé  toutes  les  fautes,  et  qui,  s'assimilant 
presque  à ta  nature,  trouvent  leur  joie  en  eux-mêmes. 

12.  Dis-nous  toutefois  ces  noms,  images  de  tes  qualités,  qui  effacent 
toutes  les  fautes , même  pendant  cette  vie  de  douleur  et  de  mort  ; car 
des  causes  [misérables],  comme  un  défaut  de  prononciation,  la  né- 
cessité d’éternuer  ou  de  bâiller,  une  chute,  une  position  incommode, 
peuvent  nous  mettre  dans  l’impuissance  de  les  réciter. 

15.  Désireux  d’avoir  de  la  postérité,  ce  Rïchi  des  rois  t’implore, 
ô maître  des  biens  de  ce  monde,  du  ciel  et  du  salut,  dans  l’espérance 


LE  BHÀGAVATA  PliRÂNA. 


184 

d’obtenir  un  fils  qui  te  ressemble;  animé  par  ce  motif,  il  est  comme  le 
pauvre  qui  va  demander  une  paille  de  riz  à un  homme  opulent. 

14.  Qui  peut,  en  effet,  sans  vénérer  les  sages,  échapper  ici-bas  à 
ton  invincible  et  impénétrable  Mâyà,  sauver  son  esprit  de  ses  chaînes, 
et  son  âme  de  la  violence  empoisonnée  des  objets  extérieurs? 

15.  Ah!  puisqu’ en  t'appelant  ici,  ô toi  qui  ne  fais  que  de  grandes 
choses,  nous  avons,  par  l’efi'et  de  notre  folie  et  de  nos  désirs,  insulté 
un  Dieu,  daigne,  A ehft  des  Dévas,  avec  cette  égalité  d’âme  que  tu 
as  pour  tous  les  êtres,  pardonner  cette  faute  à des  ignorants. 

16.  Ayant  entendu  réciter  ainsi  ses  louanges,  Bhagavat,  le  chef 
des  Immortels,  dont  les  pieds  recevaient  les  hommages  de  ceux 
qu’avait  réunis  le  roi  de  la  terre,  répondit  ainsi  avec  compassion. 

17.  Bhagavat  dit  ; O vous  Rïchis,  dont  les  chants  sont  si  vrais, 
qu’elle  est  haute  la  faveur  que  vous  me  demandez  en  désirant  que 
je  donne  au  roi  un  fils  semblable  à moi,  un  fils  qui,  par  sou  iden- 
tité avec  moi , soit  un  autre  moi-même  ! Mais  la  parole  des  Brâhmanes 
ne  doit  pas  être  vaine,  car  leur  race  divine  est  ma  bouche. 

18.  Je  descendrai  donc,  à l’aide  d’une  portion  de  ma  substance, 
au  sein  [de  la  femme]  du  fils  d’Âgnîdhra,  qui  n’a  pas  d’enfants. 

19:  Après  avoir  ainsi  parlé  au  roi  en  présence  de  Mêrudêvî  sa 
femme,  qui  écoutait,  Bhagavat  disparut. 

20.  Bhagavat  que  les  Rïchis  suprêmes  s’étaient  rendu  propice  dans 
la  cérémonie,  voulant,  ô Roi  donné  de  Vichnu,  satisfaire  Nâbhi,  des- 
cendit avec  un  corps  pur  dans  son  gynécée  au  sein  de  Mêrudêvî,  afin 
d’enseigner  la  loi  aux  pénitents  qui  vont  nus,  aux  Çramanas,  aux 
Rïchis  et  à ceux  qui  font  vœu  de  chasteté. 

ris  IM  TROISIÈME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE: 

APPARITION  DE  RÏCHABHA, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VVÀSA, 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


185 


CHAPITRE  IV. 

HISTOIRE  DE  RÏCHABHA. 

1.  Çuka  dit  : Le  prince,  qui  portait  en  naissant  les  signes  distinc- 
tifs de  Bliagavat , et  à qui  l’égalité  d’âme,  le  calme,  le  détachement, 
la  majesté  et  la  possession  des  facultés  surnaturelles  assuraient  une 
puissance  chaque  jour  croissante,  était  l'objet  de  l’affection  de  ses 
gens,  du  peuple,  des  Brahmanes  et  des  Dieux,  qui  désiraient  qu’il 
fût  le  protecteur  de  la  terre. 

2.  Frappé,  à la  vue  de  ce  corps  si  parfait  et  si  digne  d'être  célébré 
au  loin,  de  sa  splendeur,  de  sa  force,  de  sa  beauté,  de  sa  gloire,  de 
son  énergie  et  de  sa  vigueur,  le  père  nomma  son  fils  Rïchabha. 

5.  Indra,  jaloux  de  sa  gloire,  refusa  la  pluie  à son  royaume; 
mais,  à la  vue  de  ce  désastre,  le  bienheureux  Rïchabha,  le  maître 
du  Yôga,  la  fit  tomber  en  souriant,  à l’aide  de  sa  mystérieuse  Màyà, 
dans  son  empire  nommé  Adjanâbha. 

4.  Cependant  Nâbhi  ayant  obtenu  ce  qu'il  désirait,  un  fils  accom- 
pli, ne  pouvait  contenir  l’excès  de  sa  joie,  et  répétant  d'une  voix 
émue:  « Cher  enfant,  ô mon  fils,  » il  caressait  avec  tendresse,  trompé 
par  Mâyâ,  Bliagavat,  l’antique  Purucha,  qui  avait  revêtu  volontaire- 
ment la  condition  humaine,  et  il  se  sentait  au  comble  du  bonheur. 

5.  Entouré  des  habitants  de  la  ville,  de  ceux  de  la  campagne  et 
de  ses  gens,  le  roi  sacra  son  fils,  objet  de  l'affection  de  tous,  pour 
qu’il  fût  le  gardien  des  digues  de  la  loi;  puis  l’ayant  confié  aux 
Brâhmancs,  il  se  rendit  avec  Mêrudêvî  auprès  de  la  Viçâlâ,  et  y 
servant  le  bienheureux  Vâsudêva  qu’on  nomme  Naranârâyana,  par 
la  pratique  d’une  pénitence  calme  et  profonde,  et  par  une  intense 
méditation,  il  obtint,  avec  le  temps,  de  partager  sa  grandeur. 

6.  C’est  sur  lui,  ô descendant  de  Pându,  qu’on  récite  les  deux 

«•  - 


186 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


stances  suivantes  : « Qui  pourrait  imiter  le  Rïchi  des  rois  Nàbhi  dont 
« Hari  voulut  être  le  fils  à cause  de  ses  bonnes  actions? 

7.  « Quel  homme  pourrait  être  plus  religieux  que  Nâbhi  au  sacri- 
« fice  duquel  les  Brahmanes,  honorés  de  ses  dons,  firent  apparaître 
« par  leur  puissance  le  Dieu,  chef  du  sacrifice?  » 

8.  Ensuite  le  bienheureux  Rïchabha  regardant  son  royaume  comme 
le  champ  de  faction,  après  avoir  donné  l’exemple  d’habiter  chez  son 
Guru,  prit  congé  de  ses  maîtres,  auxquels  il  avait  fait  des  présents, 
et  enseignant  les  devoirs  de  chef  de  famille,  il  se  livra  aux  deux  es- 
pèces d’actes  que  recommande  l’Ecriture,  et  eut  de  Djayanti,  qu'il 
avait  reçue  d’Indra,  cent  fils  qui  lui  ressemblaient. 

9.  L’alné  fut  Bharata,  le  grand  Yôgin,  aux  vertus  excellentes, 
qui  a donné  son  nom  à cette  division  de  la  terre  appelée  Bharata. 

10.  Rïchabha  eut  après  lui  neuf  autres  fils,  savoir  : Kuçâvarta, 
Ilâvarta,  Brahmâvarta,  Malaya,  Kêtu,  Bhadrasêna,  Indrasprïç,  Vidar- 
bha  et  Kîkata,  qui  furent  suivis  de  quatre-vingt-dix  autres  enfants; 

11.  Et  [entre  autres  de]  Kavi,  Hari,  Antarikcha,  Prabuddha,  Pip- 
palâyana,  Avirhôtra,  Drumila,  Tchamasa  et  karabhâdjana , tous 
grands  serviteurs  de  Bhagavat,  et  qui  enseignèrent  les  devoirs  qu’il 
recommande;  nous  dirons  plus  bas  leur  belle  histoire  qui  est  pleine 
de  la  grandeur  de  Bhagavat,  qui  se  trouve  dans  un  dialogue  entre 
Nàrada  et  Vasudêva , et  qui  est  la  voie  de  la  quiétude. 

12.  Les  quatre-vingt-un  plus  jeunes  fils  de  Djayantî,  dociles  aux 
ordres  de  leur  père,  furent  des  Brahmanes  modestes,  grands  lecteurs 
des  Vêdas,  habiles  dans  les  sacrifices  et  purs  dans  faction. 

15.  Rïchabha,  qui  sous  ce  nom  était  Bhagavat,  l’être  indépen- 
dant, qui  est  par  lui-même  toujours  affranchi  de  la  succession  des 
apparences  vaines,  et  qui  n’a  d’autre  sentiment  que  celui  de  la  béa- 
titude, Rïchabha,  dis-je,  se  livrait  aux  oeuvres  comme  s’il  n’eû.t  pas 
été  le  Seigneur,  enseignant,  par  son  exemple,  aux  ignorants  la  loi 
dont  le  temps  avait  effacé  le  souvenir;  toujours  égal,  calme,  plein 
de  bonté  et  de  compassion,  il  attachait  les  hommes  à la  condition 
de  chef  de  famille  en  les  retenant  par  les  liens  du  devoir,  de  l’inté- 
rêt, de  la  renommée,  des  enfants,  du  plaisir  et  de  l’immortalité. 


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187 


LIVRE  CINQUIÈME. 

14.  Car  ce  que  fait  le  chef  est  imité  par  le  peuple. 

15.  Quoiqu'il  connût  par  lui-même  cette  science  mystérieuse  des 
Vêdas  qui  renferme  tous  les  devoirs,  il  l'enseignait  à ses  peuples,  au 
moyen  de  la  quiétude  et  des  autres  vertus,  en  suivant  la  voie  que 
lui  avaient  tracée  les  Brahmanes. 

16.  Il  célébra  cent  fois,  conformément  à la  règle,  toutes  les  espèces 
de  sacrifices,  où  se  trouvaient  réunies  toutes  les  conditions,  telles  que 
les  substances  nécessaires,  le  lieu,  le  temps,  l’âge  convenable,  1$ 
foi,  le  Rïtvidj  et  les  offrandes  adressées  aux  divers  Dieux. 

J 7.  Pendant  que  ce  Varcha  était  gouverné  par  Rïchabha,  il  n'y 
eut  personne  qui,  de  quelque  manière  et  en  quelque  lieu  que  ce  fût, 
désirât  d’un  autre  que  lui  une  chose  quelconque  ; sauf  une  affection 
extrême  et  toujours  croissante  pour  le  souverain,  on  ne  souhaitait 
pas  plus  autre  chose  qu’on  ne  demande  l’impossible. 

18.  Un  jour  que  Rïchabha,  qui  parcourait  [le  monde],  se  trouvait 
dans  le  Brahmâvarta,  dans  l'assemblée  des  Brahmarchis  et  de  son 
peuple  qui  écoutait,  voulant  instruire  ses  fils  attentifs,  que  l'affection 
et  le  respect  avaient  déjà  rendus  si  dociles,  il  leur  parla  ainsi. 


rtS  DU  QUATRIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 
HISTOIRE  DE  RÏCHABHA, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PÜRtlJA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BÈAIIMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


188 


LE  BHÂGAVATA  PURANA. 


CHAPITRE  V. 

HISTOIRE  DE  RlCHABHA. 


1.  Rïchabha  dit:  Non,  le  corps  de  l’homme  n’est  pas  fait  pour 
ces  misérables  plaisirs  que  partagent  ici-bas  avec  lui  les  animaux 
les  plus  vils;  elle  est  divine,  ô mes  enfants,  la  pénitence  qui,  puri- 
fiant notre  nature,  nous  assure  l’éternelle  félicité  de  Brahma. 

2.  Le  culte  des  grands  hommes  est,  on  l’a  dit,  la  porte  du  salut; 
le  commerce  des  hommes  livrés  aux  femmes  est  celle  des  Ténèbres  : 
les  grands  hommes  sont  ceux  qui  possèdent  l’égalité  d’âme,  qui  sont 
calmes,  exempts  de  colère,  bons  et  vertueux. 

5.  Ce  sont  encore  ceux  qui,  n’ayant  d’autre  but  que  leur  affection 
pour  moi  qui  suis  le  Seigneur,  n’éprouvent  d’attachement  ni  pour 
ceux  qui  ne  songent  qu’à  leur  corps,  ni  pour  la  vie  de  maître  de 
maison,  avec  une  femme,  des  enfants  et  des  richesses,  et  qui  ne  sont 
dans  le  monde  qu’autant  qu’il  en  est  besoin. 

4.  En  effet,  l’homme  commet  des  fautes  par  inattention,  lorsqu’il 
trouve  du  plaisir  aux  jouissances  des  sens;  elle  n’est  pas  bonne, 
croyez-moi,  la  cause  d'où  le  corps,  celte  source  de  maux,  tire  l’exis- 
tence dont  il  est  privé  par  lui-même. 

5.  La  dégradation  produite  par  l’ignorance  existe  tant  que  l'homme 
ne  se  sent  pas  le  désir  de  connaître  la  nature  de  l'esprit;  autant 
durent  les  œuvres,  autant  dure  le  cœur,  fruit  des  œuvres,  d'où  naît 
[pour  l’esprit]  le  lien  du  corps. 

f>.  C’est  ainsi  que  quand  l’ignorance  enveloppe  l’esprit,  l’action 
tient  le  cœur  sous  sa  dépendance;  tant  que  l'homme  ne  met  pas  sa 
joie  en  Vâsudêva,  qui  n’est  autre  que  moi,  il  n’est  pas  affranchi  de 
son  union  avec  le  corps. 

7.  Lorsque  se  trompant  sur  son  véritable  but,  l'homme  ne  recon- 


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LIVRE  CINQUIEME. 

naît  pas,  par  la  vue  de  la  science,  combien  peu  est  réelle  l'action 
des  qualités,  privé  aussitôt  de  mémoire,  il  embrasse  dans  son  igno- 
rance la  vie  de  maître  de  maison,  où  il  jouit  des  plaisirs  des  sens  et 
où  l'attend  la  douleur. 

8.  L’union  de  l’homme  avec  la  femme  est  pour  l’un  comme  pour 
l'autre  ce  qu’on  appelle  le  lien  de  cœur;  c’est  par  elle  qu’à  la  vue  de 
sa  maison,  de  sa  femme,  de  ses  enfants  et  de  ses  richesses,  l'homme 
éprouve  le  sentiment  erroné  du  moi  et  du  mien. 

9.  Quand  ce  lien  qui  est  le  cœur,  lien  solide  et  que  resserrent  les 
œuvres,  vient  à se  relâcher,  l’homme  alors  se  détourne  de  cette  union, 
et  se  détachant  de  la  cause  [<jui  l’y  retenait  enchaîné],  il  va,  désor- 
mais affranchi,  se  réunir  à l’Etre  suprême. 

10.  La  dévotion  qu’on  éprouve  pour  moi,  qui  suis  l'Esprit,  et  le 
culte  qu'on  me  rend  comme  au  Précepteur  suprême,  l’absence  de 
tout  désir,  la  patience  au  milieu  des  impressions  opposées  [de  la 
peine  et  du  plaisir],  la  certitude  qu’il  n’y  a partout  pour  l’homme 
que  misère,  le  désir  de  connaître,  la  pénitence,  l inaction  , 

11.  Les  actes  et  les  discours  dont  je  suis  l’unique  objet,  inspirés 
comme  ils  sont,  les  uns  par  la  fréquentation  des  hommes  dont  je 
suis  le  Dieu,  les  autres  par  le  récit  de  mes  qualités,  la  bienveil- 
lance, l'égalité  d’âme,  le  calme,  l'effort  que  fait  l’homme  pour  re- 
noncer à dire  moi  et  le  mien  de  son  corps  et  de  sa  maison , 

12.  L’état  d'union  avec  l'Esprit  suprême,  l’amour  de  la  solitude, 
l’asservissement  complet  de  la  respiration,  des  sens  et  du  cœur,  la 
foi  vertueuse,  la  chasteté  perpétuelle,  l’attention,  le  silence, 

15.  La  science  que  l’expérience  éclaire,  celle  qui  sait  reconnaître 
partout  ma  présence,  enfin  la  pratique  du  Yôga,  tels  sont  les  moyens 
par  lesquels  l'homme  vertueux,  doué  de  fermeté,  d’énergie  et  d’in- 
telligence peut  se  détacher  du  corps  subtil  qu’on  nomme  le  moi. 

14.  Quand  l'homme  attentif  s’est,  au  moyen  de  ce  Yôga  pratiqué 
selon  les  règles,  dégagé  du  lien  du  cœur,  produit  de  l'ignorance 
et  asile  de  l’action,  il  doit  s’abstenir  de  l’exercice  du  Yôga. 

15.  Le  précepteur  ou  le  roi  qui  aspire  à ma  demeure  et  qui  n’a 
en  vue  que  ma  bienveillance,  doit  instruire  ainsi  sans  colère  ses  fils 


190 


LE  B H ÀG  AV  AT  A PLRÀNA. 

ou  ses  disciples  qui  ignorent  la  vérité;  il  ne  doit  pas  leur  recom- 
mander les  œuvres  qui  les  égareraient;  comment  en  effet  l'homme 
signalerait-il  pour  but  à un  autre,  ce  qu’il  ne  peut  lui  proposer  sans 
le  faire  tomber,  privé  de  la  vue,  dans  un  précipice? 

16.  Le  monde  ferme  lui-méme  les  yeux  à la  béatitude  suprême, 
lorsque  emporté  par  le  désir  il  s’attache  aux  objets  visibles,  et  que 
divisé  pour  un  peu  de  bonheur,  par  des  haines  mutuelles,  il  ne  voit 
pas,  dans  son  aveuglement,  les  maux  sans  fin  qui  l’attendent. 

17.  Quel  est  le  sage,  instruit  lui-même  de  cette  vérité,  qui  à la 
vue  d'un  insensé  marchant  dans  l’ignorance,  irait,  s’il  a quelque 
compassion,  l’y  replonger  encore  davantage?  C’est  comme  si  l’on 
égarait  l’aveugle  qui  a perdu  son  chemin. 

16.  Ce  n’est  ni  un  précepteur  ni  un  parent,  ce  n’est  ni  un  père 
ni  une  mère,  ce  n’est  ni  un  Dieu  ni  un  époux  que  celui  qui  ne  sauve 
pas  le  malheureux  que  la  mort  va  saisir. 

19.  L’existence  du  corps  que  je  porte  n’est  pas  une  chose  facile  à 
comprendre,  mais  mon  essence  même  est  mon  cœur  où  réside  la  loi; 
et  comme  j’ai  laissé  bien  loin  derrière  moi  l’injustice,  les  hommes 
respectables  m’ont  appelé  Rïchabha  (le  héros). 

20.  Honorez  donc  sans  regret  votre  frère  aîné,  vous  tous  qui  êtes 
nés  de  mon  cœur;  lui  obéir,  ce  sera  protéger  votre  peuple. 

21.  Parmi  les  êtres,  ceux  qui  se  meuvent  sont  supérieurs  aux  vé- 
gétaux ; les  premiers  entre  les  animaux  sont  ceux  qui  agissent  par 
instinct;  au-dessus  de  ces  derniers  sont  les  hommes,  puis  les  Pra- 
mathas,  les  Gandharvas,  les  Siddhas  et  les  serviteurs  des  Dieux. 

22.  Les  Dêvas,  dont  Maghavan  est  le  chef,  sont  au-dessus  des  Asu- 
ras;  au-dessus  des  Dêvas  sont  Dakcha  et  les  autres  fils  de  Brahmâ; 
au-dessus  d’eux  est  Bhava  ; au-dessus  de  Ihî  est  Virintcha  qui  possède 
l’énergie  créatrice;  au-dessus  de  cet  être,  c’est  moi;  et  moi,  mes 
Dieux  sont  les  Brahmanes. 

25.  ,1e  ne  vois  aucun  être  qui  vous  égale,  6 Brahmanes;  comment 
donc  pourrais-je  en  trouver  qui  surpasse  la  race  de  ces  hommes  par 
la  bouche  desquels  je  mange,  bien  plus  volontiers  que  parle  sacrifice 
du  feu,  f offrande  qui  leur  est  présentée  avec  foi? 


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191 


LIVRE  CINQUIEME. 

24.  Je  ne  vois  rien  de  supérieur  à ceux  qui  conservent  en  ce  monde 
la  forme  ravissante  que  je  revêtis  autrefois,  et  dans  lesquels  résident 
la  suprême  et  pure  Bonté,  la  quiétude,  l'empire  sur  soi-même,  la 
vérité,  la  bienveillance,  les  austérités,  la  patience  et  la  grandeur. 

25.  S’ils  n’attendent  rien  même  de  moi,  quoique  je  sois  l’Etre  in- 
fini, l’Être  supérieur  à ce  qu'il  y a de  plus  élevé,  et  le  souverain  du 
ciel  et  de  la  délivrance,  comment  pourraient-ils  demander  quelque 
chose  à un  autre,  eux  qui,  dans  leur  pauvreté,  ont  pour  richesse  la 
dévotion  qu’ils  me  témoignent? 

26.  Sachez,  ô mes  enfants,  reconnaître  en  tous  lieux,  avec  un  re- 
gard pur,  que  tous  les  êtres  mobiles  et  immobiles  reposent  en  mon 
sein  ; ce  sera  me  rendre  un  culte  véritable. 

27.  En  effet,  le  but  manifeste  de  l’action  du  coeur,  de  la  voix, 
de  la  vue  et  des  autres  organes,  est  le  culte  que  l’on  me  doit;  sans 
ce  culte,  l’homme  est  incapable  de  se  dégager  des  chaînes  du  Temps, 
qui  le  retiennent  dans  un  aveuglement  profond. 

28.  Çuka  dit  : Tels  étaient  les  conseils  que  Bhagavat,  cet  être  tout- 

puissant  et  doué  d’une  extrême  bienveillance,  donnait,  sous  le  nom 
de  Rïchabha,  pour  instruire  le  monde,  à scs  fils  déjà  si  éclairés  par 
eux-mêmes.  Voulant  ensuite  enseigner  aux  grands  solitaires  dont  la 
vertu  était  la  quiétude  et  qui  avaient  renoncé  aux  œuvres,  les  lois  de 
l’ascétisme  le  plus  élevé  que  caractérisent  la  dévotion , la  science  et 
le  détachement,  il  sacra  roi  de  la  terre  l’aîné  de  ses  cent  fils,  Bharata, 
ce  serviteur  accompli  de  Bhagavat  et  l'ami  des  hommes  dévoués  à 
ce  Dieu.  Puis  ne  gardant  de  tout  ce  qui  lui  appartenait  dans  son 
palais,  que  son  corps,  nu,  les  cheveux  en  désordre,  semblable  à un 
insensé,  ayant  bu  les  cendres  du  feu  consacré,  il  sortit  en  mendiant 
du  Bralimâvarta.  , 

29.  Semblable  à un  idiot,  à un  aveugle,  à un  muet,  à un  sourd,  à 
un  Démon  ou  à un  insensé,  ne  portant  d’autres  vêtements  que  ceux 
qu’on  rejette,  voué  à une  constante  taciturnité,  il  gardait  le  silence, 
lors  même  qu’on  lui  adressait  la  parole. 

50.  En  quelque  lieu  qu’il  allât,  que  ce  fût  une  ville,  un  bourg,  un 
village,  un  verger,  une  mine,  un  camp,  un  parc,  une  station  de  pas- 


192 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÂNA. 

teurs,  une  l'éunion  de  marchands,  une  montagne,  un  bois  ou  un  ermi- 
tage, les  plus  vils  d’entre  les  hommes  l'assaillaient  comme  les  mouches 
attaquent  l'éléphant  des  forêts,  le  chargeant  de  menaces,  de  coups, 
d'injures,  lui  jetant  des  pierres,  le  couvrant  de  poussière,  de  cra- 
chats et  d’excréments.  Mais  lui,  méprisant  ces  outrages,  inébranlable, 
étranger,  au  milieu  de  cette  demeure  sans  réalité  qu'on  nomme  le 
corps,  à l'égoïsme  du  moi  et  du  mien,  parce  qu’il  se  reposait  dans 
sa  propre  grandeur  qui  consistait  à reconnaître  ce  qui  existe  réelle- 
ment et  ce  qui  n existe  pas,  il  errait  seul  sur  la  terre. 

51.  Ses  mains,  ses  pieds  et  sa  poitrine  étaient  d'une  extrême  déli- 
catesse; ses  bras  robustes,  ses  épaules,  son  cou,  son  visage  et  ses 
autres  membres  étaient  bien  proportionnés;  il  était  naturellement 
beau;  un  sourire  sans  affectation  animait  son  aimable  visage;  ses 
grands  yeux  bruns  au  milieu  desquels  brillaient  comme  deux  lunes 
mobiles,  ressemblaient  aux  pétales  d'un  frais  lotus;  ses  joues,  ses 
oreilles,  sa  gorge  et  son  nez  étaient  d’une  forme  élégante  et  régu- 
lière; l’éclatante  beauté  de  sa  figure  où  sommeillait  le  sourire,  fai- 
sait entrer  l’amour  dans  le  cœur  des  femmes  de  la  ville;  et  [avec 
toutes  ces  perfections],  la  masse  épaisse  de  ses  cheveux  bruns,  mêlés 
et  tombant  en  désordre  sur  sou  visage,  ainsi  que  son  corps  négligé 
et  couvert  de  poussière,  le  faisaient  ressembler  à un  astre  éclipsé. 

52.  Quand  il  vit  que  le  inonde  était  opposé  à la  doctrine  du  Yôga 
et  qu’on  blâmait  les  efforts  qu’il  faisait  pour  le  corriger,  il  imita  le 
serpent,  restant  couché  pour  manger,  pour  boire  et  pour  satisfaire 
aux  autres  nécessités  de  la  nature,  [sans  s’inquiéter  si]  les  mouve- 
ments qu'il  faisait  souillaient  son  corps. 

55.  Mais  il  s'élevait  autour  de  lui  un  air  embaumé  qui  répandait 
son  parfum  à dix  Yôdjanas  à la  ronde. 

54.  Il  imita  ensuite  l’exemple  des  vaches,  des  antilopes  et  des  cor- 
beaux, pour  marcher  ou  pour  rester  debout,  assis  ou  couché,  et  celui 
des  corbeaux,  des  antilopes  et  des  vaches,  pour  boire,  manger  et 
satisfaire  aux  nécessités  de  la  nature. 

55.  Telles  étaient  les  diverses  pratiques  auxquelles  se  livrait  Rï- 
chabha,  le  maître  de  la  délivrance,  que  le  sentiment  de  la  suprême 


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A * 


1T 

4 


LIVRE  CINQUIÈME. 


193 


béatitude  n'abandonnait  jamais,  et  dont  tous  les  vœux  se  trouvaient 
accomplis,  parce  qu’il  ne  voyait  aucune  forme  corporelle  entre  lui 
et  Vâsudêva,  qu’il  sentait  identique  à son  âme  devenue  celle  de 
tous  les  êtres.  Et  les  facultés  surnaturelles  du  Yôga  qu'il  possédait 
de  lui-même,  telles  que  le  pouvoir  de  traverser  les  airs,  de  se  mou- 
voir aussi  vite  (pie  la  pensée,  de  disparaître,  de  pénétrer  dans  le  corps  « ' 
d'un  autre,  de  toucher  les  objets  éloignés,  toutes  ces  facultés,  ô roi,  4 
n’avaient  rien  qui  satisfit  sou  cœur. 

a * * 

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PIN  DU  CINQUIEME  CHAPITRE.  AYANT  POUR  TITRE  : 

HISTOIRE  DE  RiCUADUA  , 

DANS  I.B  CINQUIÈME  LIVRE  l)U  GRAND  PUIlÀNA.  # 

LP.  RIENHEUREUX  BHÂGAVATA , È 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  DRAIIMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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LE  BHÀGAVATA  PUfiÂNA. 


CHAPITRE  VI. 

HISTOIRE  DE  RÏCHABHA. 

1.  Le  roi  dit  : Elles  ne  peuvent  cependant  être  une  cause  de  dou- 
leur pour  les  sages  qui  trouvent  leur  joie  dans  leur  âme  et  en  qui  la 
science,  excitée  par  le  Yôga,  a consumé  la  racine  de  l’action,  ces  fa- 
cultés surnaturelles  qu’ils  possèdent  d’eux-mêmes. 

2.  Le  Ricin  dit  : 11  est  vrai;  mais  il  y a des  sages  qui  n’accordent 
pas  plus  de  confiance  au  coeur  qui  est  mobile  de  sa  nature,  qu'au 
traître  habitant  des  bois. 

î.  On  a dit  en  effet  : Que  personne  ne  contracte  amitié  avec  le 
cœur  inconstant;  les  longues  austérités  mêmes,  qui  ont  le  Seigneur 
pour  objet,  se  perdent  par  la  confiance  qu'on  met  en  lui. 

4.  Semblable  à la  femme  infidèle  d’un  mari  crédule , le  cœur 
donne  entrée  au  désir  et  aux  ennemis  qui  le  suivent,  dans  l’âme  du 
Yôgin  qui  met  en  lui  sa  confiance. 

5.  Quand  on  connaît  cette  cause  du  désir,  de  la  colère,  de  l’or- 
gueil, de  la  cupidité,  du  chagrin,  de  l’erreur,  de  la  crainte  et  du 
lien  de  d’action,  comment  pourrait-on  s’y  attacher? 

6.  Cependant  Rïchabha,  qui  était  l’ornement  de  tous  les  Gardiens 
du  monde,  et  en  qui  les  signes  de  la  folie  qu’annonçaient  ses  vête- 
ments, son  langage  et  ses  actions,  cachaient  la  grandeur  de  Bhaga- 
vat,  enseigna  auxYôgins  la  doctrine  de  l'avenir;  et,  le  regard  fixé  sur 
l’Esprit  qu’il  saisissait  immédiatement  en  son  âme  avec  la  conviction 
que  rien  autre  chose  n’a  de  réalité , il  cessa  de  servir  ce  corps  qu’il 
voulait  abandonner,  et  s'abstint  de  toute  action. 

7.  C’est  ainsi  que  le  bienheureux  Rïchabha  s’était  affranchi  de 
l’enveloppe  immatérielle  de  l’âme;  et  cependant  son  corps,  sous  l’in- 
fluence de  la  mystérieuse  Màyâ,  continuait  d’errer  sur  la  terre  avec 
une  apparence  de  personnalité. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  195 

8.  Il  parcourut  ainsi  à l’aventure  le  pays  des  Kûgkas,  des  Vêgkas, 
des  Kutakas,  des  Karnâtakas  méridionaux,  et  se  retira  dans  la  forêt 
du  mont  Kutaka,  ayant  la  bouclie  pleine  de  pierres,  nu,  les  cheveux 
en  désordre  et  semblable  à un  insensé. 

9.  Là  un  violent  incendie  allumé  par  le  frottement  des  bambous 
que  le  vent  agitait,  embrasa  la  forêt  tout  entière  et  consuma  le  corps 
de  l’ascète. 

10.  C’est  Rïchabha  dont  les  préceptes  égareront  fatalement  Arhat, 
roi  des  Kôgkas,  des  Vêgkas  et  des  Kutakas,  qui  apprendra  sou  his- 
toire, lorsque,  l’injustice  dominant  dans  l’âge  Kali,  ce  prince,  après 
avoir  abandonné  la  voie  sûre  de  son  devoir,  prêtera  le  secours  de  son 
intelligence  trompée  à la  mauvaise  doctrine  et  aux  fausses  croyances. 

11.  C’est  par  ses  efforts  que  dans  l'âge  Kali,  égarés  par  la  divine 
Mâyâ,  les  derniers  des  hommes,  méconnaissant  les  devoirs  de  leur 
loi  et  les  règles  de  la  pureté,  adopteront  suivant  leur  caprice  des 
pratiques  injurieuses  pour  les  Dêvas,  comme  celles  de  négliger  les 
bains,  les  ablutions,  les  purifications,  ou  de  s’arracher  les  cheveux; 
et  que  troublés  par  l’injustice  toujours  croissante  de  cet  âge,  ils 
Outrageront  le  Vêda , les  Brahmanes , le  sacrifice  cl  le  monde  de 
Purucba. 

12.  Alors  pleins  de  confiance  en  ces  pratiques,  fruit  de  leur  volonté 
rebelle  et  dont  le  temps  ne  fera  qu’accroître  l’erreur,  ils  tomberont 
d’eux-mêmes  dans  de  profondes  ténèbres. 

15.  Cette  incarnation  [de  Vichnu  en  Rïchabha]  a pour  but  d’ensei- 
gner la  délivrance  aux  hommes  esclaves  de  la  passion;  aussi  chante- 
t-on  les  stances  suivantes  qui  en  expriment  le.  caractère  : 

14.  « Ab!  que  de  tous  les  continents  et  de  tous  les  pays  de  la  terre 
« qu'entourent  les  sept  Océans,  il  est  le  plus  pur,  celui  dont  les  habi- 
• tants  célèbrent  les  hauts  faits  de  Vichnu  et  ses  belles  incarnations! 

15.  « Ah!  quelle  est  purifiée  parla  gloire,  la  famille  de  Priyavrata 
«dans  laquelle  l’antique  Puruclia,  le  premier  des  esprits,  revêtit  un 
« corps  pour  accomplir  les  devoirs  qui  conduisent  à l’inaction! 

16.  «Quel  autre  Yôgin  pourrait  jamais  atteindre,  même  par  la 
« pensée,  à la  région  de  Rïchabha  où  cesse  l'existence,  s’il  désire  ces 


196 


LE  B H ÀG AV ATA  PURANA. 


« facultés  magiques  du  Yôga  , but  de  ses  efforts , mais  que  Rïchabha 
«sut  mépriser  comme  vaines?» 

17.  Le  récit  de  la  pure  histoire  de  Bhagavat  nommé  Rïchabha,  du 
maître  suprême  des  Vêdas,  des  mondes,  des  Dèvas,  des  Brahmanes 
et  des  vaches,  est  fait  pour  effacer  tous  les  péchés  des  hommes;  c’est 
la  voie  des  grandes  et  suprêmes  vertus,  et  celui  qui  l'écoute  ou  qui  le 
répète  avec  recueillement  et  avec  une  foi  toujours  croissante,  se  sent 
pénétré  d’une  dévotion  exclusive  pour  le  bienheureux  Vâsudêva. 

18.  Les  chantres  inspirés  qui,  pour  échapper  aux  ardeurs  du  inonde 
et  aux  fautes  de  tout  genre,  se  plongent  constamment,  trois  fois  le 
jour,  dans  cette  inaction  suprême  comme  dans  un  bain,  ne  font  plus 
attention  même  à la  délivrance  définitive,  ce  premier  but  de  l’homme, 
qu’ils  ont  obtenue  d’eux-mêmes;  car  l’avantage  seul  d'être  les  servi- 
teurs de  Bhagavat  leur  assure  les  objets  de  tous  leurs  vœux. 

19.  Le  bienheureux  Mukunda,  ô roi,  a été  pour  votre  famille  et 

pour  celle  des  Yadus  un  protecteur,  un  maître,  une  Divinité,  un  ami, 
un  chef  de  famille,  quelquefois  même  un  serviteur;  il  est  vrai  : ce- 
pendant Bhagavat  donne  à ceux  qui  le  servent  la  délivrance,  mais 
jamais  l’ardeur  de  la  dévotion.  • 

20.  Adoration  au  bienheureux  Rïchabha,  qui  exempt  de  tout  dé- 
sir parce  que  son  bonheur  est  de  se  connaître  perpétuellement  lui- 
même,  a,  dans  sa  miséricorde,  décrit  le  séjour  plein  de  sécurité  qu’il 
habite,  en  faveur  des  hommes  dont  l’intelligence,  depuis  longtemps 
endormie,  prenait  pour  la  béatitude  des  conceptions  sans  réalité! 

Fl!t  DU  SIXIÈME  CHAPITRE , AYANT  POÜR  TITRE: 

HISTOIRE  DE  RÏCHABHA, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  l’URÂNA  , 

LE  BIENHEUREUX  BIIÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


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CHAPITRE  Y II. 

CCI.TE  DE  BHAGAVAT. 


1.  Çuka  dit:  Bharata,  ce  grand  serviteur  de  Bhagavat,  n’eut  pas 
plutôt  été  destiné  par  le  Dieu  à la  protection  de  la  terre,  qu’attentif 
à exécuter  ses  ordres,  il  épousa  Pâûtchadjanî,  fille  de  Viçvarùpa. 

2.  Il  en  eut  cinq  fils  qui  lui  ressemblaient  autant  que  les  molécules 
élémentaires  ressemblent  à la  Personnalité  d'où  elles  sortent. 

5.  C’étaient  Sumati,  Hâchtrabhrït,  Sudarçana,  Avarana  et  Dhûm- 
rakêtu  ; le  Varcha  Adjanâbha  prit  dès  lors  le  nom  de  Bharata. 

4.  Ce  prince  si  éclairé,  rempli,  comme  son  père  et  son  aïeul,  d’une 
extrême  compassion,  sut,  en  faisant  respecter  à chacun  ses  devoirs, 
gouverner  son  peuple  et  accomplir  lui-même  les  siens. 

5.  Il  honora  dans  de  grandes  et  de  petites  cérémonies  Bhagavat 
qui  est  l’olTrande  et  le  sacrifice  mêmes;  lui  adressant  avec  foi  l’Agni- 
hôtra,  le  sacrifice  de  la  nouvelle  et  de  la  pleine  lune,  celui  des  quatre 
mois,  celui  d’un  animal  et  celui  du  Sonia,  tantôt  complets,  tantôt 
partiels,  mais  tous  avec  les  purifications  et  les  quatre  prêtres. 

6.  Tandis  que  s’accomplissaient  les  divers  sacrifices  avec  leurs 
rites  et  leurs  actes  nécessaires,  il  en  rapportait  le  mérite,  cette  ré- 
compense de  la  cérémonie,  que  nous  garde  l’avenir,  au  suprême 
Brahma,  au  mâle  du  sacrifice,  au  bienheureux  Vâsudêva  lui-même, 
le  premier  des  Dieux,  qui  lui  apparaissait  comme  l’objet  le  plus  élevé 
des  Mantras  qui  s’adressent  à toutes  les  Divinités;  et  au  moment  où 
le  prêtre  officiant  prenait  le  beurre  clarifié,  le  roi  sacrificateur,  dont 
la  vertu  avait  purifié  l’âme  de  toute  souillure,  contemplait  dans  les 
Dieux,  objets  du  sacrifice,  les  divers  membres  de  Purucha. 

7.  Ainsi  purifié  par  la  vertu  des  saintes  cérémonies,  le  roi  sentit 
naître  en  son  âme  une  dévotion  dont  l’ardeur  croissait  chaque  jour 


198 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 

pour  Brahma,  dont  il  voyait  le  corps  sous  la  figure  de  lether  ren- 
fermé dans  la  cavité  de  son  propre  cœur;  pour  le  bienheureux  Vâsu- 
dêva,  qui  sous  la  forme  de  Mahâpurucha  et  avec  ses  insignes,  tels 
que  le  Çrîvatsa,  le  joyau  Kâustubha , la  guirlande  de  fleurs,  le 
Tchakra,  la  conque  et  la  massue,  se  révélait  à lui  par  l’éclat  de  sa 
propre  image  qu’il  trace  au  fond  du  cœur  de  ceux  qu'il  aime. 

8.  Voyant  au  bout  de  cent  mille  années  que  le  terme  de  ses  œuvres 
était  venu,  il  partagea  entre  ses  fils  appelés  à en  jouir,  l’héritage  qu'il 
avait  reçu  de  son  père  et  de  son  aïeul,  et  quitta  lui-même  sa  demeure, 
asile  de  toutes  les  prospérités,  pour  se  rendre  à l’ermitage  de  Pulaha, 
en  ce  lieu  où,  aujourd’hui  même,  Ilari  consent,  par  affection  pour 
ses  amis  dévoués,  à se  montrer  à eux  sous  la  forme  qu’ils  désirent. 

9.  C’est  cet  ermitage  que  le  premier  des  fleuves,  le  Tchakranadl . 
purifie  de  toutes  parts  en  l’entourant  de  ces  pierres  qui  renferment 
un  Tchakra  muni  des  deux  côtés  de  son  moyeu. 

10.  Là,  seul  dans  le  bois  de  l'ermitage,  ne  se  nourrissant  que  de 
tubercules,  de  racines  et  de  fruits,  il  s’efforça  d’honorer  Bhagavat 
avec  des  fleurs  variées,  des  bourgeons,  des  tiges  de  Tulasf  et  de 
l’eau;  et  pur,  ne  se  sentant  plus  de  désirs  pour  les  objets  extérieurs, 
arrivé  au  comble  de  la  quiétude,  il  parvint  à l'inaction  suprême. 

H.  Fondant  sous  le  poids  de  son  amour  qu'augmentait  le  culte 
constant  qu’il  rendait  à Bhagavat,  le  cœur  du  sage  se  relâcha  de  sa 
prise;  il  sentit  se  hérisser  sur  tout  son  corps  ses  poils  qu’épanouissait 
l’excès  de  la  joie;  les  larmes  de  la  tendresse,  accrues  par  celles  du 
regret,  troublèrent  sa  vue;  et  enfin,  plongeant  sa  pensée  au  plus 
profond  de  l’étang  de  son  cœur  où  débordait  la  béatitude , fruit 
d'une  dévotion  alimentée  par  la  contemplation  des  pieds,  semblables 
au  lotus  rouge,  qui  font  la  joie  de  celui  qui  les  adore,  il  oublia  le 
culte  même  de  Bhagavat  dont  il  était  occupé. 

12.  Ainsi  livré  au  culte  de  Bhagavat,  couvert  d'une  peau  d’anti- 
lope, reconnaissable  à la  masse  de  ses  cheveux  bruns  hérissés  et  tout 
humides  des  bains  qu’il  prenait  trois  fois  le  jour,  il  adorait,  au  mo- 
ment où  le  soleil  montrait  son  disque,  le  bienheureux  Purucha  écla- 
tant comme  l’or,  et  lui  chantait  ainsi  l’hymne  du  soleil  : 


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LIVRE  CINQUIÈME.  . 199 

15.  « Nous  adorons  la  lumière  bienfaisante  et  supérieure  au  Ciel  du 
divin  soleil  qui  a créé  de  sa  pensée  l’univers,  et  qui  l’ayant  pénétré 
de  son  énergie,  contemple  l’âme  individuelle  en  proie  au  désir,  et 
donne  le  mouvement  à l’intelligence.  » 


riN  DU  SEPTIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 

CULTE  DP.  BHAGAVAT, 

DANS  L'HISTOIRE  DE  BHARATA,  AD  CINQUIEME  LIVRE  DU  GRAND  PURANA , 
LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA  , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAIIMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYASA. 


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200 


LE  B H ÀG  AV  AT A PURÂNA. 


CHAPITRE  VIII. 


HISTOIRE  DE  L’ANCIEN  BHARATA. 


1.  Çuka  dit  : Lu  jour,  après  avoir  fait  dans  la  Mahânadî  ses 
ablutions  conformément  à la  religion  et  à la  loi,  il  s'assit  pendant  trois 
Muhûrtas  sur  le  bord  du  fleuve,  récitant  à demi-voix  la  syllabe  de 
Bralima.  Là  survint  une  antilope  solitaire  attirée  par  la  soif;  et  pen- 
dant quelle  était  occupée  à boire,  le  roi  des  animaux  fit  entendre 
dans  le  voisinage  son  rugissement  qui  épouvante  le  monde. 

2.  A ce  bruit  l'antilope,  craintive  de  sa  nature  et  au  regard  timide, 
plus  troublée  encore  par  l'effroi  que  lui  causait  le  lion,  la  vue  égarée, 
ne  songeant  plus  à étancher  sa  soif,  s’élança  [vers  l’autre  rive], 

5.  Au  moment  où  elle  sautait,  le  fruit  que  portaient  ses  entrailles, 
chassé  par  la  terreur  qu’éprouvait  l’antilope,  tomba  dans  le  fleuve. 
Mais  épuisée  de  douleur  par  sa  délivrance  soudaine,  par  l’effort  de  son 
élan  et  par  l’épouvante,  la  mère,  séparée  de  sa  troupe,  alla  tomber 
dans  une  fosse  et  y mourut. 

4.  Recueillant  le  pauvre  petit  que  le  fleuve  emportait,  le  Râ- 
djarebi  ému  de  compassion,  comme  un  parent  l’est  pour  un  enfant 
abandonné,  porta  dans  son  ermitage  l’animal  privé  de  sa  mère. 

5.  Vivement  attaché  par  le  sentiment  de  la  possession  au  jeune 
faon,  Bharata  ne  songeait  chaque  jotir  qu’à  le  protéger  et  à le  nour- 
rir, qu’à  le  caresser  et  à le  flatter;  et  au  bout  de  quelque  temps,  il 
négligea  l'un  après  l’autre  jusqu'à  les  interrompre  tous,  ses  devoirs 
religieux  et  moraux , ainsi  que  le  culte  de  Purucha. 

6.  Ah!  voyez  ce  pauvre  petit  qui  est  privé  de  sa  famille,  de  ses 
parents  et  de  la  troupe  des  siens  par  le  cours  rapide  de  la  roue  du 
Seigneur!  Jeté  ainsi  entre  mes  bras,  croyant  trouver  en  moi  père, 
mère,  frères,  parents,  amis,  plein  de  confiance,  il  ne  connaît  personne 


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201 


LIVRE  CINQUIÈME. 

autre  auprès  de  qui  chercher  un  asile;  aussi  dois-je,  exempt  d’égoïsme, 
protéger  et  nourrir,  caresser  et  flatter  cet  animal  dont  je  suis  le  re- 
fuge, car  je  sais  quelle  faute  c’est  que  de  repousser  un  malheu- 
reux. 

7.  Est-ce  quç  les  gens  de  bien,  ces  sages  respectables,  doués  de 
quiétude  et  Je  bonté  pour  les  malheureux,  ne  négligent  pas  pour 
un  devoir  de  ce  genre,  leurs  devoirs  les  plus  graves? 

8.  C’est  ainsi  que  sc  laissant  engager,  il  se  faisait  accompagner  du 
faon,  qu’il  fût  assis  ou  couché,  qu’il  marchât,  qu'il  se  tînt  debout,  ou 
qu'il  prît  son  repas,  tant  son  cœur  éprouvait  d’affection  pour  lui. 

9.  Quand  il  devait  aller  chercher  du  Ko  ça , des  fleurs,  du  bois, 
des  feuilles,  des  fruits,  des  racines  et  de  l’eau,  craignant  pour  le  jeune 
animal  les  chiens  et  les  loup^,  il  n'allait  au  bois  qu’avec  lui. 

to.  Et  si,  poussé  par  sa  nfture  ignorante,  le  faon  s'arrêtait  à chaque 
pas  dans  les  chemins,  Bharata,  touché  pour  lui  d’une  affection  ex- 
cessive, le  prenait  par  pitié  sur  ses  épaules;  puis  le  serrant  dans  ses 
bras  et  sur  sa  poitrine,  il  éprouvait  à le  caresser  un  plaisir  extrême. 

11.  Quand  le  roi  interrompait  le  cours  de  ses  devoirs,  il  se  levait 

plusieurs; fois  dans  les  moments  de  repos,  et  si  ses  yeux  rencontraient 
le  jeune  faon,  il  lui  adressait,  dans  la  joie  de  son  cœur,  ces  béné- 
dictions : Puisses-tu , cher  petit,  être  parfaitement  heureux  ! • 

12.  Mais  s’il  ne  l’apercevait  pas,  hors  de  lui  comme  un  avare  qui  a 
perdu  son  trésor,  et  sentant  son  cœur  déchiré  par  .la  douleur  de  ne 
plus  le  voir,  il  exprimait  ses  violents  regrets  par  des  plaintes  tou- 
chantes, et  livré  à un  trouble  extrême,  il  s’écriait: 

15.  Ah!  le  pauvre  petit  faon,  privé  de  sa  mère,  pourra-t-il  après 
s’être  fié  à un  méchant  'qui,  semblable  au  traître  habitant  des  bois, 
n’a  jamais  fait  aucun  bien,  pourra-t-il  oublier  ma  conduite,  et  avec  la 
confiance  d’une  bonne  nature,  revenir  auprès  de  moi? 

14.  Ah!  puissé-je  le  revoir  sain  et  sauf  dans  le  bois  de  l’ermitage, 
folâtrant  parmi  les  jeunes  herbes,  sous  la  garde  des  Dieux! 

15.  Puisse-t-il  n’avoir  pas  été  dévoré  par  un  loup,  par  un  chien, 
Ou  par  quelqu’un  de  ccb  animaux  qui  vont  seuls  ou  en  troupes  ! 

16.  Déjà  se  couche  l'astre  divin,  âme  des  trois  Vêdas,  dont  le  lever 

n.  26 


202  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

fait  le  bonheur  de  tous  les  mondes,  et  je  ne  vois  pas  encore  rentrer  le 
jeune  dépôt  que  m’a  laissé  l'antilope. 

17.  Reviendra-t-il  rendre  heureux  un  méchant  comme  moi,  ce 
jeune  prince  des  antilopes,  qui  dissipe  les  regrets  de  ses  amis  par  la 
variété  de  ses  gracieux  ébats  ? 

18.  Si  pour  jouer  avec  lui,  feignant  d’être  livré  à la  méditation, 
je  ferme  un  instant  les  yeux,  le  voilà  qui  tout  inquiet,  accourt  avec 
l’emportement  de  la  tendresse,  me  frotter  de  sa  corne  aussi  douce 
que  le  contact  de  l'eau. 

19.  Quand  je  le  gronde  d’avoir  dérangé  le  tapis  sacré  sur  lequel 
repose  l’offrande,  on  le  voit,  tout  effrayé,  cessant  aussitôt  ses  jeux, 
s’arrêter,  le  corps  immobile,  comme  un  jeune  Rïchi. 

20.  A quelles  mortifications  s’est  (Jonc  livrée  la  Terre  dans  le 
cours  de  ses  pénitences,  pour  que  gantant  l’empreinte  des  tendres 
sabots  qui  protègent  les  pieds  délicats,  beaux  et  fortunés  du  faon  ti- 
mide à la  robe  noire,  elle  me  révèle,  à moi  qui  ai  eu  le  malheur  de 
perdre  mon  trésor,  la  trace  de  ses  pas,  et  pour  que  sp  glorifiant  de 
cette  parure,  elle  montre  aux  Brâhmanes,  désireux  d'obtenir  le  ciel 
et  la  délivrance,  le  lieu  où  ils  doivent  sacrifier  aux  Dieux? .. 

21.  Serait-ce  que  l'astre  divin  de  la  nuit,  qui  est  plein  de  com- 
• passion  pour  fes  malheureux,  a,  dans  sa  miséricorde,  pris  sous  sa 

protection  ce  faon  dont  la  mère  est  morte  de  l’effroi  que  lui  a causé 
le  roi  des  animaux,  et  qui  s’est  égaré  loin  de  son  ermitage? 

22.  Ou  bien  vient-il  avec  l'ambroisie  de  ses  rayons,  semblable  à 
une  eau  fraîche  et  calmante  qui  s’écoule  de  sa  bouche  et  dont  sa 
bienveillance  m’inonde,  vient-il,  en  rapprochant  de  moi  la  jeune  an- 
tilope, apaiser  les  feux  dont  est  consumé  mon  cœur,  qui,  comme 
un  lotus  sur  la  terre  [desséchée],  est  dévoré  par  l’ardeur  des  regrets 
qu’allume  en  moi  la  douleur  d’être  séparé  de  mes  enfants? 

23.  Tels  étaient  les  impuissants. désirs  qui  troublaient  le  coeur  de 
l’ascète  livré  au  Yôga;  aussi  l’action,  se  présentant  à lui  sous  l’image 

de  la  jeune  antilope,  l’avait-ellc  détourné  de  ses  exercices  commencés  ^ 
et  du  culte  qu’il  rendait  à Bliagavat.  . 

î a.  Comment  celui  qui  avait  accompli  jadis  le  difficile  sacrifice  de 


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203 


. LIVRE  CINQUIÈME. 

se  séparer  des  fils  de  son  cœur,  parce  qu’il  les  regardait  comme  un 
obstacle  à son  salut,  eût-il  pu  autrement  s’attacher  par  une  affection 
aussi  vire  à un  être  d'une  autre  espèce,  à une  jeune  antilope? 

25.  Pendant  que  le  royal  Rïchi , Bharata , laissait  anéantir  par  de 
telles  interruptions  ses  exercices  commencés,  et  que  tout  occupé  à 
nourrir,  à garder,  à caresser  et  à flatter  le  jeune  faon.  il  ne  songeait 
plus  à l’Esprit,  le  Tfmps,  dont  la  marche  est  inévitable  et  l’impétuo- 
sité irrésistible,  vint'fondre  sur  lui  comme  un  serpent  qui  sc  précipite 
dans  le  trou  d’un  rat. 

26.  En  ce  moment  même , voyant  à ses  côtés  le  faon  qui  pleurait 
comme  s’il  eût  été  son  fils,  Bharata  livra  tout  entier  son  cœur  à cet 
animal  bien-aimé;  et  après  avoir  abandonné  ce  monde  en  même 
temps  que  l’antilope,  conservant  même  au  delà  de  la  mort  le  souvenir 
de  son  existence  antérieure,  il  entra,  comme  un  être  vulgaire,  dans 
le  corps  d’une  gazelle. 

27.  Même  en  cet  état,  la  puissance  du  zèle  qui  l'animait  pour  le 
culte  de  Bhagavat,  lui  rappela  la  cause  de  sa  nouvelle  condition,  et  il 
se  dit  avec  d'amers  regrets  : 

28.  Ah!  malheur!  Me  voilà  déchu  de  la  voie  de  ceux  qui  possèdent 
l’Esprit,  puisque  libre  comme  je  l’étais  de  tout  attachement,  retiré 
dans  l’asile  d'un  bois  pur,  maître  de  moi-même,  et  maintenant  mon 
cœur  dans  le  recueillement  et  dans  une  intime  union  avec  Vâsudêva, 
l’âme  de  toutes  les  âmes,  pendant  une  vie  dont  chaque  instant  était 
employé  à honorer,  à vénérer,  à entendre,  à célébrer  et  à répéter  le 
nom  du  Dieu,  je  l'ai  abandonné,  ignorant  que  je  suis,  pour  courir 
après  un  jeune  faon. 

29.  Ainsi,  secrètement  dégoûté  de  sa  condition,  il  abandonna 
l’antilope  sa  mère,  et  quitta  Kâlaiïidjara,  pour  retourner  à Çâla- 
grâma,  lieu  consacré  à Bhagavat,  recherché  par  la  foule  des  solitaires 
amis  de  la  quiétude,  et  où  est  situé  l'ermitage  de  Pulastya  et  de  Pu- 
laha. 

50.  Attendant  en  ce  lieu  le  moment  de  sa  mort,  toujours  souffrant 
de  son  esclavage,  Bharata,  seul,  ne  se  nourrissant  que  de  feuilles, 
d’herbes  et  de  plantes  desséchées,  ne  songeant  plus  qu’à  ce  qui  pou- 

a6. 


9 


• * 

204  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA.  . 

vait  faire  cesser  les  causes  de  sa  condition  nouvelle,  abandonna  Son 
corps  d'antilope  tout  humide  des  eaux  de  l’étang  sacré. 

KIM  DI'  HUITIEME  CHAUT  RE  » AYANT  POUR  TITRE:  . 

HISTOIRE  DK  L'ANCIEN  BHARATA , 

.DANS  I.E  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀNA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA,  * • 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSE  PAR  VYÀSA. 


LIVRE  CINQUIÈME. 


205 


CHAPITRE  IX. 

, HISTOIRE  DE  BHARATA  L’INSENSÉ. 

1.  Çuka  dit  : Il  y avait  un  Brâhmane  accompli,  de  la  race  d’Aggi- 
ras,  qu'ornaient  le  calme,  la  continence,  les  austérités,  la  lecture 
et  l'enseignement  du  Vêda,  la  générosité,  le  contentement,  la  pa- 
tience, la  bonté,  le  savoir,  l'absence  de  toute  jalousie,  la  connaissance 
de  l’Esprit  et  la  béatitude.  11  eut  de  la  même  femme  neuf  fils  qui  lui 
ressemblaient  par  la  science  du  Vêda,  la  vertu,  la  conduite,  la  beauté, 
la  noblesse;  puis  d’une  femme  plus  jeune,  Un  fils  et  une  fille. 

2.  Or  ce  dernier  fils  passe  pour  avoir  été  Bharata,  le  premier  des 
Râdjarchis,  le  serviteur  le  plus  dévoué  de  Bhagavat,  qui  après  avoir 
quitté  sa  forme  de  gazelle,  naquit  une  dernière  fois  avec  un  corps  de 
Brâhmane. 

5.  Dans  cette  condition  même,  redoutant  son  affection  pour  les 
siens,  occupé  à retenir  dans  son  cœur  le  lotus  des  pieds  de  Bha- 
gavat, dont  il  faut  écouter,  réciter  et  développer  les  qualités,  pour 
briser  le  lien  de  faction,  tremblant  de  crainte  à l'idée  de  sa  chute, 
étse  rappelant,  par  la  faveur' de  Bhagavat,  la  succession  de  ses  exis- 
tences antérieures,  il  se  montra  au  monde  sous  l’extérieur  d’un  insensé, 
d’un  idiot,  d’un  aveugle  et  d’un  sourd. 

6.  Le  Brâhmane  son  père,  plein  d'affection  pour  ce  fils,  lui  im- 

posa, selon  la  loi,  les  divers  sacrements,  jusqu’à  la  fin  de  sou  novi- 
ciat; et  quand  il  lui  eut  conféré  l’investiture,  il  lui  enseigna,  quoique 
l’enfant  les  désirât  peu,  les  purifications,  les  ablutions  et  les  autres 
pratiques;  car,  se  disait-il , c’est  par  son  père  qu’un  fils  doit  être  ins- 
truit. • ; 

5.  Mais  l’enfant,  sous  les  yeux  mêmes  de  son  père,  exécutait  tout 
à contre-sens.  Quand  le  Brâhmane  voulut  lui  faire  lire  le  Vêda,  quoi- 


206  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

qu’il  lui  eût  fait  étudier,  pendant  le  printemps  et  l’été,  tes  trois  vers 
de  la  Sâvitrî,  précédés  des  trois  mots  sacrés,  de  Om  et  de  l'intro- 
duction, il  ne  put  lui  faire  assembler  la  prière. 

6.  C’est  ainsi  que  ce  père  qui  aimait  son  fils  comme  lui-même, 
convaincu  à tort  qu’il  devait  l’instruire  malgré  lui , s’occupait  à lui 
enseigner  les  devoirs  d’un  disciple  temporaire,  tels  que  les  règles  de 
pureté,  la  lecture,  les  pratiques  volontaires  ou  obligatoires,  l’obéis- 
sance au  précepteur  et  1e  culte  du  feu , quand  le  Temps  qui  ne 
s’endort  pas,  vint  l’enlever  avant  qu’il  eût  atteint  son  but,  au  mo- 
ment même  où,  dans  sa  maison,  il  s’y  attendait  1e  moins. 

7.  Alors  la  plus  jeune  des  femmes  du  Brahmane,  ayant  confié  ses 
deux  enfants  à l’autre  épouse,  voulut  mourir  après  son  mari,  et  le 
suivit  dans  l’autre  monde. 

8.  Une  fois  leur  père  mort,  ses  fils,  ignorant  la  grandeur  de  leur 
frère,  et  connaissant  le  triple  Yèda,  mais  non  l'Être  suprême,  discon- 
tinuèrent de  l’instruire,  parce  qu’ils  le  prenaient  pour  un  idiot. 

S.  Quand  des  gens  vulgaires,  aussi  grossiers  que  les  animaux,  lui 
adressaient  la  parole  comme  à un  fou,  un  idiot,  ou  un  sourd,  il  par- 
lait conformément  à ces  divers  rôles;  ou  quand  il  était  forcé  d’agir, 
il  le  faisait  en  vue  de  l’Etre  suprême;  et  s’il  obtenait  par  un  travail 
forcé,  au  prix  d’un  salaire,  par  des  prières  ou  par  hasard,  une  nour- 
riture abondante  ou  chétive,  bonne  ou  mauvaise,  il  la  mangeait 
pour  se  nourrir,  et  non  pour  le  plaisir  des  sens. 

10.  Constamment  étranger  à tout  motif  d’action,  accompli  de  lui- 
même,  trouvant  en  son  âme  cette  béatitude  dont  le  sentiment  est 
absolu,  et  ayant  la  conscience  de  l’état  auquel  il  avait  atteint,  le 
plaisir  et  la  douteur,  qui  ont  pour  cause  des  impressions  contraires, 
ne  l'attachaient  pas  à son  corps  par  le  sentiment  de  la  personnalité. 

tl.  Semblable  au  buffle  qui  ne  garantit  pas  son  corps  contre  le 
froid,  la  chaleur,  le  vent  ou  la  pluie,  gras,  robuste,  ayant  pour  lit  la 
terre,  ne  se  frottant  et  ne  se  baignant  jamais,  sans  que  ce  manque  de 
soins  obscurcit  plus  la  splendeur  qu’il  devait  au  Vêda,  que  la  pous- 
sière ne  ternit  l’éclat  du  diamant,  n’ayant  autour  des  reins  qu’une 
mauvaise  pièce  d'étoffe,  portant  un  cordon  sali  d’ordure,  il  marchait 


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LIVRE  CINQUIÈME.  207 

indifférent  aux  injures  de  ceux  qui,  ne  le  connaissant  pas,  disaient 

de  lui  : Ce  n’est  pas  un  Brahmane,  c’est  un  faux  Brahmane. 

12.  Quand  il  louait  son  travail , pour  obtenir  des  autres  de  la 
nourriture,  ses  frères  eux-mêmes  l'employaient  aux  champs,  et  il  ne 
refusait  pas;  mais  il  ignorait  ce  qui  rend  la  terre  unie  ou  raboteuse, 
ce  qui  l’augmente  ou  la  diminue;  et  il  mangeait,  comme  de  l’ambroi- 
sie, les  fragments  de  grains,  le  marc  des  plantes  huileuses,  la  paille, 
les  semences  rongées  des  vers  et  les  restes  du  chaudron. 

15.  Un  jour,  un  chef  de  Çûdras,  désireux  d’avoir  des  enfants,  offrit 
une  victime  humaine  à Bhadrakâli. 

14.  La  victime  fut  délivrée  par  le  Destin,  et  les  Çûdras  qui  s’étaient 
mis  à sa  poursuite,  ne  purent,  au  milieu  d’une  nuit  enveloppée  de 
ténèbres,  parvenir  à la  retrouver.  Le  hasard  voulut  qu’ils  aperçussent 
le  fils  du  descendant  d’Aggiras,  qui  du  haut  d'un  poste  élevé  gardait 
les  champs  contre  les  incursions  des  sangliers  et  des  bâtes  fauves. 

15.  Reconnaissant  sur  sa  personne  les  signes  de  la  perfection,  et 
songeant  à exécuter  le  sacrifice  institué  par  leur  chef,  ils  garrottèrent 
le  Brâhmane  avec  une  corde,  et  le  conduisirent,  la  joie  sur  le  visage, 
au  temple  deTchandikâ. 

16.  Alors  l’ayant  consacré  à leur  manière,  les  voleurs  le  revêtirent 
d'un  vêtement  neuf,  l’ornèrent  de  parures,  d'une  guirlande,  du  signe 
du  Tilaka,  de  substances  onctueuses,  et  lui  firent  prendre  des  ali- 
ments ; puis  ayant  rassemblé,  conformément  au  rite  des  sacrifices 
sanglants,  de  l’encens,  des  lampes,  des  fleurs,  des  grains  humectés, 
des  bourgeons,  des  branches  nouvelles,  des  fruits  et  des  aliments, 
ils  conduisirent  devant  Bhadrakâli  la  victime,  au  milieu  d’un  grand 
bruit  de  citants,  d’hymnes  et  de  tambours  de  diverses  espèces. 

17.  En  ce  moment  le  prêtre  du  roi  des  Çûdras,  pour  offrir  à fa 
divine  Bhadrakâli  le  sang  d’un  homme  en  sacrifice,  saisit  le  glaive 
tranchant  et  redoutable  qui  avait  été  consacré  à la  Déesse. 

18.  C’est  ainsi  que  ces  Çûdras  dont  la  nature  n’est  que  passion  et 
ténèbres,  exaltés  par  l’orgueil  des  richesses  qui  enflait  leur  cœur, 
méprisant  la  race  des  sages  qui  est  uhe  portion  de  Bbagavat,  violant 
la  loi  pour  suivre  leur  caprice,  allaient  massacrer  le  fils  d’un  Brah- 


208  LE  BHÀGAVÀTA  PURÀNA. 

raarchi  qui  était  devenu  Brahma  lui- même,  et  qui,  exempt  de 
haine,  était  l’ami  de  tous  les  êtres.  Mais  à la  vue  de  cet  acte  de 
férocité  qui  n’est  pas  permis,  même  quand  le  besoin  force  d’immoler 
[des  êtres  vivants],  la  divine  Qhadrakâlî  se  sentant  consumée  par  la 
splendeur  irrésistible  du  Brâhmane,  abandonna  sa  statue. 

19.  Relevant,  par  un  vif  mouvement  d'indignation  et  de  fureur,  ses 
sourcils  qù’elle  agitait  comme  un  rameau,  montrant  des  dents  cro- 
chues, roulant  des  yeux  rouges,  la  Déesse,  qui  avec  son  visage 
effrayant  semblait  vouloir  détruire  le  monde,  poussa,  dans  sa  colère, 
un  violent  éclat  de  rire,  et  sortant  du  sein  de  son  image,  elle  trancha 
avec  le  glaive  même  du  sacrifice,  les  têtes  de  ces  méchants  et  de  ces 
pécheurs,  but  le  sang  tout  chaud  qui  s’échappait  de  leur  cou,  et  eni- 
vrée par  la  violence  de  ce  breuvage  dont  elle  et  sa  suite  s’étaient 
gorgés,  elle  se  mil  à crier  de  toute  sa  force,  à danser  au  milieu  des 
siens  et  à jouer  à la  Jballe  avec  ces  têtes. 

20.  C’est  ainsi  que  l’outrage  fait  aux  grands  hommes  par  des 
moyens  magiques,  retombe  entièrement  sur  son  auteur. 

21.  Il  n’est  pas  bien  étonnant,  ô prince  donné  de  Vichnu,  qu’ils 
ne  se  troublent  pas,  même  au  moment  où  on  va  leur  trancher  la  tête, 
ces  hommes  dévoués  à Bhagavat  et  livrés  à la  contemplation  la  plus 
haute,  qui  dégagés  du  lien  puissant  du  cœur  qui  nous  attache  à 
notre  corps  et  aux  autres  biens  par  le  sentiment  de  la  personnalité, 
remplis  d’alfection  pour  toutes  les  créatures,  exempts  de  haine,  pro- 
tégés et  par  les  divers  êtres  [qu’ils  adorent],  et  par  Bhagavat  qui  armé 
de  la  redoutable  roue  du  Temps  veille  toujours  sur  eux,  se  sont 
réfugiés  sous  ses  pieds  où  cesse  toute  crainte. 


FIN  OC  NEUVIÈME  CHANTEE,  AVANT  PO U H TITRE  : 
HISTOIRE  DK  BHARATA  L'INSENSÉ . 

DANS  LE  CINQUIÈME  UVRE  DU  GRAND  PURÀnA, 

LE  BIENHEUREUX  BmAgAVAÏA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂ5A. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


209 


CHAPITRE  X. 

DIALOGUE  ENTRE  BHARATA  L’INSENSÉ  ET  RAHÔGANA. 

J,  Çuka  dit  : Le  Destin  condamna  ensuite  le  meilleur  des  Brâh- 
manes  à un  nouvel  outrage.  Comme  Rahûgana,  roi  du  Sindhu  et 
des  Sâuviras,qui  se  rendait  [versKapila],  se  trouvait  sur  les  bords  de 
l’Ikchuinatî,  le  chef  de  ses  domestiques,  en  cherchant  des  hommes 
pour  porter  le  palanquin  royal,  vit  Bharata;  et  pensant  qu’un  homme 
gras,  jeune  et  robuste  comme  lui,  pourrait  bien  porter  un  fardeau, 
ainsi  qu’un  bœuf  ou  un  âne,  il  le  mit  de  force  au  nombre  de  ceux 
qu’il  avait  déjà  saisis;  et  ce  grand  sage,  si  digne  d’un  autre  traite- 
ment, fut  attaché  au  palanquin  du  roi. 

2.  Mais  Bharata,  dont  la  vue  ne  dépassait  pas  la  longueur  de  la 
flèche,  et  qui  ne  posait  le  pied  qu'après  avoir  regardé  [à  terre], 
n’allait  point  au  pas  avec  les  autres;  aussi  le  roi  remarquant  le  mou- 
vement irrégulier  de  sa  litière,  dit  à ses  gens  : Holàl  porteurs,  mar- 
chez donc  mieux.  Pourquoi  la  litière  va-t-elle  aussi  mal? 

3.  Ceux-ci,  en  entendant  les  reproches  de  leur  maître,  tremblèrent 

à l’idée  du  châtiment,  l’un  des  quatre  moyens  dont  disposent  les  rois, 
et  lui  firent  ainsi  connaître  la  vérité  : • 

A.  Nous  ne  sommes  pas  négligents,  seigneur;  dociles  à tes  ordres, 
nous  portons  bien; c’est  cet  homme  qui,  quoique  enrôlé  d’aujourd’hui 
seulement,  ne  court  pas;  il  nous  est  impossible  de  porter  avec  lui. 

5.  Quand  des  hommes  pèchent  parce  qu’ils  ont  au  milieu  d’eux 
un  coupable,  la  faute  d’un  seul  n’en  est  pas  moins  celle  de  tous,  se 
dit  le  roi  en  entendant  l’excuse  de  ces  pauvres  gens;  aussi,  malgré 
son  respect  pour  les  vieillards,  emporté  par  son  naturel,  il  parla  ainsi, 
avec  quelque  colère  et  l’esprit  troublé  par  la  passion,  au  Brâhmane 
dont  l’éclat  ne  paraissait  pas  plus  que  celui  d’un  feu  caché  : 


210 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

6.  Que  tu  es  à plaindre,  mon  frère!  11  est  clair  que  tu  es  bien 
fatigué  d’avoir  porté  seul,  pendant  une  si  longue  route,  et  si  long- 
temps. Tu  es  si  maigre,  si  faible  de  corps,  si  épuisé  par  la  vieillessel 
Tes  autres  camarades,  ami,  ne  sont  pas  si  mal  que  toi.  Mais,  mal- 
gré tous  ces  sarcasmes,  le  sage  qui  devenu  Brahma  lui -môme, 
n'attachait  pas  les  fausses  idées  du  moi  et  du  mien  à cette  forme 
accidentelle  et  sans  réalité  du  corps,  sa  dernière  demeure,  où  la 
matière,  les  qualités,  les  actions  et  le  cœur  sont  le  produit  de  l’igno- 
rance, le  sage  garda  le  silence  et  porta  la  litière  comme  aupara- 
vant. 

7.  Irrité  de  voir  le  palanquin  marcher  toujours  irrégulièrement, 
Rahûgana  s'écria  : 

8.  Qu’est-ce  que  cela?  Quel  est  ce  mort-vivant  qui,  par  mépris 
pour  son  maître,  désobéit  à mes  ordres?  Je  vais,  semblable  à Yama 
qui  châtie  les  mortels,  te  guérir  de  ta  négligence,  de  façon  à te  rap- 
peler à toi-même. 

9.  C’est  par  ces  paroles  et  d’autres  discours  sans  suite,  que  fier 
de  sa  grandeur,  ce  prince,  enflé  d’un  orgueil  qu’augmentaient  la 
Passion  et  les  Ténèbres,  insultait,  tout  en  se  croyant  sage,  à ce- 
lui dont  Bhagavat  avait  fait  sa  demeure  exclusive  et  chérie;  mais  le 
bienheureux  Brahmane  qui  uni  à Brahma,  et  devenu  ainsi  l’ami  et 
l’âme  de  tous  les  êtres,  était  profondément  versé  dans  les  pratiques 
des  maîtres  du  Yôga,  lui  répondit  presqu’en  souriant  et  sans  liau- 
teur. 

10.  Le  Brâhmane  dit  : Ce  que  tu  dis  serait  vrai  et  sérieux,  s’il  exis- 
tait, pour  moi  qui  porte  et  qui  marche,  un  fardeau  et  un  chemin  à 
parcourir;  mais  ce  n’est  pas  parler  en  sage  que  de  dire  : «Tu  n’es 
» pas  maigre , » car  cela  ne  touche  que  le  corps. 

11.  L’embonpoint,  la  maigreur,  les  maladies,  lès  souffrances,  la 
faim,  la  soif,  la  crainte,  les  querelles,  les  désirs,  la  vieillesse,  le  som- 
meil, le  plaisir,  la  colère,  l’orgueil,  les  chagrins,  rien  de  tout  cela 
n’appartient  à ma  personne  véritable  qui  est  née  avec  ce  corps. 

12.  Ce  que  tu  nommes  mort-vivant  est  la  condition  nécessaire  de 
tout  ce  qui  change,  parce  que  tout  cela  a un  commencement  et  une 


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211 


LIVRE  CINQUIÈME. 

fin;  si  la  possession  et  la  paissance  étaient,  ô prince  illustre,  des  états 
durables,  on  pourrait  dire  alors  que  l’obéissance  aux  règles  et  l’exer- 
cice des  fonctions  en  sont  également. 

15.  Je  ne  vois  pas,  si  ce  n’est  dans  la  pratique,  le  moindre  fonde- 
ment à cette  opinion,  qu’il  existe  des  différences  entre  les  hommes. 
Qu’est-ce  que  le  maître  et  où  est  ici  l’esclave?  Dis-moi,  cependant, 
6 roi,  ce  qu’il  faut  que  je  fasse  pour  toi. 

U.  Quel  est  l’objet  du  médicament  que  tu  parles  d’appliquer  à 
celui  qui  passant,  ainsi  que  je  le  fais,  pour  un  insensé,  un  fou  ou 
un  stupide,  est  déjà  rentré  dans  sa  propre  nature?  Vouloir  instruire 
un  sot  ou  un  étourdi,  n’est-ce  pas  écraser  du  grain  déjà  broyé? 

15.  Çukadit:  Après  avoir  répondu  au  roi  par  ces  paroles  de  blâme, 
le  solitaire,  calme,  délivré  de  l'erreur  qui  nous  fait  voir  l’àme  où 
elle  n'est  pas,  et  s'affranchissant  même  de  l'action  commencée,  en  en 
jouissant,  porta  toujours  le  palanquin  de  la  même  manière. 

16.  Le  chef  des  Sindhus  et  des  Sâuvîras,  qu’une  foi  entière  avait 
préparé  au  désir  de  connaître  la  vérité,  n’eut  pas  plutôt  entendu 
ces  paroles  si  conformes  aux  traités  du  Yôga,  et  si  bien  faites  pour 
délier  le  lien  du  cœur,  que  descendant  en  toute  hâte,  il  se  jeta, 
pour  l'apaiser,  aux  pieds  du  sage,  et  que  dépouillant  l'orgueil  de 
la  royauté,  il  lui  parla  ainsi  : 

17.  Qui  es-tu,  loi  qui  le  caches  sous  cette  apparence?  et  à quelle 
classe  appartiens-tu,  toi  qui  après  avoir  renoncé  à tout,  portes  le 
cordon  sacré?  De  qui  es-tu  fils?  d’où  viens-tu?  et  pourquoi  te  trouves- 
tu  ici?  Si  c’est  pour  notre  bonheur,  ne  serais-tu  pas  Çukla? 

18.  Je  ne  redoute  ni  la  foudre  du  roi  des  Suras,  ni  le  javelot  de 
Çiva,  ni  le  sceptre  de  Yama,  ni  la  flèche  d’Âgni,  du  soleil,  de  la 
lune,  du  vent  et  du  Dieu  des  richesses;  mais  je  tremble  d’outrager  la 
race  des  Brâhmanes. 

19.  Réponds,  toi  qui  détaché  de  tout  et  cachant  l’énergie  de  ta 
sagesse  sous  les  dehors  de  la  stupidité,  parais  impénétrable;  mon 
esprit  ne  peut  délier  le  nœud  de  tes  discours  que  resserre  le  Yôga. 

20.  A quoi  bon  irais-je  interroger  [Kapila],  le  maître  du  Yôga, 
le  précepteur  suprême  des  solitaires  qui  connaissent  la  nature  de  l'Es- 


212 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

prit,  en  sage  qui  est  notre  refuge  en  ce  monde,  qui  enfin  est  Hari 
lui-même  incarné  à l'aide  d'une  portion  de  sa  science?  . 

21.  Serait-ce  que  tu  parcours  la  terre,  en  cachant  ainsi  ton  ca- 
ractère véritable,  pour  contempler  le  monde?  Comment,  en  effet, 
les  hommes  enchaînés  à leurs  maisons  pourraient-ils,  avec  leur  in- 
telligence aveugle,  reconnaître  la  voie  des  maîtres  du  Yôga? 

22.  J’ai  vu  l'action  me  causer  de  la  fatigue,  et  j'en  ai  conclu  qu’il 
en  était  de  même  pour  toi  qui  marchais  et  portais  un  fardeau  ; puis- 
qu’on ne  peut  puiser  de  l’eau  sans  qu’il  existe  un  vase,  il  faut  bien 
que  la  pratique  vulgaire  ait  une  autorité. 

25.  Le  feu  qui  échauffe  le  vase,  se  communique  au  lait  qu'il  con- 
tient, et  la  chaleur  du  lait  fait  crever  le  riz;  ainsi  le  contact  de 
l'esprit  avec  le  corps,  les  sens,  le  souille  vital  et  le  cœur  engage  suc- 
cessivement l’homme  dans  le,  monde,  produit  de  ce  contact. 

24.  Un  roi  est  le  maître  et  le  protecteur  de  ses  sujets;  et  s'il  sert 
Atchyula,  il  n’entreprend  pas  un  œuvre  inutile;  car  en  faisant  son 
devoir  du  culte  de  ce  Dieu,  il  échappe  à la  foule  des  péchés. 

25.  Accorde  donc  un  regard  de  bonté  à celui  qui  enivré  par 
l’orgueil  de  la  puissance  royale,  a méprisé  le  plus  vertueux  des 
hommes,  pour  que  j’échappe,  ô toi  qui  es  l’ami  des  malheureux,  à 
la  faute  d’avoir  dédaigné  un  sage. 

26.  Quoique  tou  égalité  d’âme  à l’égard  de  tous  les  êtres  dont  tu 
es  l’ami  et  le  parent,  en  t’enlevant  tout  orgueil,  fait  rendu  impas- 
sible, l’outrage  fait  à un  grand  homme  n’en  doit  pas  moins  faire  périr 
bien  vite  un  roi,  fut-il  même  armé  de  la  lance. 

FIS  DU  DIXIÉME  CHAPITRE,  AYAST  POUR  TITRE  : 

DIAI.OGUE  ENTRE  BHARATA  L'INSENSÉ  ET  RAHÛGAISA, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA, 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  TYÂSA. 


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LIVRE  CINQUIEME. 


215 


CHAPITRE  XI. 


DIALOGUE  ENTEE  LE  BKÂHMANE  ET  EAHÛGANA. 


1.  Le  Brâlimane  dit  : Tu  veux,  malgré  ton  ignorance,  réfuter  les 
opinions  des  savants;  aussi  n'es-tu  pas  le  premier  des  sages;  car  les 
sages  ne  tiennent  pas  compte,  dans  la  recherche  de  la  vérité,  de 
cette  pratique  du  monde  dont  tu  parles. 

2.  Dans  les  déclarations  du  Vêda  elles-mêmes,  remplies  comme 
elles  sont  d’une  science  qui  a pour  objet  l'accomplissement  de  nom- 
breux sacrifices  domestiques,  l’exposition  de  la  vérité  ne  se  montre 
d’ordinaire  ni  pure,  ni  parfaite. 

3.  Certes,  les  paroles  même  les  meilleures  [du  Vêda]  ne  suffisent 
pas  pour  faire  connaître  la  vérité  à l’homme  qui  ne  conclut  pas  de 
lui-même  que  le  bonheur  d’un  maître  de  maison  doit  être  aban- 
donné, parce  que  ce  n’est  qu'un  songe. 

4.  Tant  que  le  cœur  indomptable  reste  enchaîné  par  les  qualités 
de  la  Passion , de  la  Bonté  et  des  Ténèbres,  l’homme  voit  se  prolonger 
la  suite  des  actions  bonnes  ou  mauvaises  qu’il  accomplit  par  les  or- 
ganes de  l’intelligence  et  de  l’activité. 

5.  Enveloppé  par  l’imagination , livré  à l’influence  des  objets  ex- 
térieurs, entraîné  par  le  courant  des  qualités,  soumis  au  changement, 
l’homme  qui  est  formé  par  la  réunion  de  seize  principes,  prenant 
des  formes  distinctes  avec  des  noms  divers,  ne  cesse  d’habiter  et  de 
quitter  des  corps  nouveaux. 

6.  S’attachant  à l’esprit  qui  lui  est  dévolu,  et  l’égarant  dans  le 
cercle  de  la  transmigration,  l’âme  individuelle,  ce  produit  de  Mâyâ, 
lui  apporte  abondamment,  pour  prix  de  ses  œuvres,  de  la  peine,  du 
plaisir  ou  tout  autre  résultat  différent  que  le  temps  amène. 

7.  Cependant  le  monde,  avec  sa  forme  matérielle  et  son  principe 


214 


LE  BHÂGAVATA  PUBÀNA. 

insaisissable,  continue  de  se  montrer  en  spectacle  à l’âme  indivi- 
duelle; c’est  pour  cela  qu’on  nomme  le  cœur  le  signe  de  ce  double 
état,  l’un  supérieur  et  l’autre  inférieur,  où  l’homme  est  uni  aux  qua- 
lités, et  où  il  en  est  affranchi. 

8.  Uni  aux  qualités , le  cœur  est  la  perte  de  l’homme;  séparé 
d’elles,  il  en  est  le  salut.  De  même  que  la  lumière,  qui  consumant 
une  mèche  alimentée  de  beurre,  produit  des  flammes  accompagnées 
de  fumée,  et  qui  brillant  seule,  se  montre  sous  sa  forme  pure, 
ainsi  enchaîné  par  les  qualités  et  par  les  œuvres,  le  cœur  se  livre 
à ses  agents;  affranchi,  il  rentre  dans  son  principe. 

9.  Or  il  y a pour  le  cœur  onze  agents  qui  sont  des  moyens  d’acti- 
vité, puis  cinq  moyens  de  connaissance,  et  enfin  la  personnalité. 
Les  molécules  élémentaires,  les  actions  et  le  séjour  de  ces  agents, 
s’appellent  les  onze  domaines  [où  ils  s’exercent], 

10.  Ce  sont  l’odeur,  la  forme,  l’attribut  tangible,  le  goût,  le  son, 
puis  les  actes  qu’exécutent  les  organes  excrétoires,  ceux  de  la  géné- 
ration, du  mouvement,  de  la  parole  et  de  l’action;  le  onzième  agent 
est  le  sentiment  qui  fait  dire  : Cela  est  à moi.  D'autres  prétendent 
que  le  corps,  qu’ils  prennent  pour  le  moi,  est  le  douzième. 

11.  Les  objets,  la  disposition  naturelle,  les  pensées,  l’action  et  le 
temps,  sont  les  causes  qui  diversifient  par  centaines,  par  milliers, 
par  millions  ces  onze  modifications  du  cœur;  tous  ces  états  viennent 
de  lame  individuelle,  et  ne  sont  produits  ni  d’eux-mêmes,  ni  par 
leur  action  réciproque. 

12.  L’esprit  toujours  pur,  en  présence  de  ces  perpétuelles  mani- 
festations de  fàme  vivante,  ce  produit  de  Mâyâ,  qui  est  le  cœur  aux 
actions  impures,  les  voit  tantôt  apparentes  et  tantôt  obscurcies. 

15.  L’esprit  est'  Pâme,  l'antique  Purucha,  qui  est  lumineux  par 
lui-même,  incréé,  souverain;  c’est  Nârâyana,  le  bienheureux  Vâsu- 
dêva , qui  s'enferme  dans  lame  à l’aide  de  la  Mâyâ  dont  il  dispose. 

U.  De  même  que  le  vent  dirige,  en  tant  que  souffle  vital,  les  êtres 
mobiles  et  immobiles  qu’il  pénètre  tous,  ainsi  le  suprême  et  bien- 
heureux Vâsudêva  est  l’esprit  et  l’âme  de  l’univers  au  sein  duquel 
il  est  entré. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  215 

15.  Tantque  l'homme,  ô roi,  n’a  pas,  par  l’acquisition  de  la  science, 
secoué  cette  illusion,  tant  qu’il  n’a  pas,  détaché  de  tous  ses  liens  et 
vainqueur  de  ses  six  adversaires,  reconnu  la  nature  de  l’esprit,  il 
continue  à errer  en  ce  inonde. 

16.  Il  y erre,  tant  qu’il  ne  sait  pas  que  le  cœur,  cette  forme  insai- 
sissable de  l’esprit,  est  le  lieu  où  se  sèment  pour  l’homme  les  dou- 
leurs du  monde, «parce  que  le  cœur,  dont  le  chagrin,  le  trouble,  la 
douleur,  la  passion , la  cupidité  et  la  haine  forment  le  cortège  insé- 
parable, est  la  source  de  l’égoïsme. 

17.  C’est  pourquoi,  surveillant  cet  ennemi  redoutable  et  dont 
on  augmente  les  forces  en  le  négligeant,  arme-toi  du  culte  des  pieds 
de  Hari,  le  précepteur  [suprême],  comme  d’un  glaive,  et  triomphe 
de  ce  trompeur  qui  dérobe  l’âme  à elle-même. 


PIN  Dl  ONZIÈME  CHAPITRE , AVANT  FOCR  TITRE: 
DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RAHÈGANA  , 

DANS  I.E  CINQUIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PURÂNA, 

LE  BIENHEUREUX  BUÂCAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOST  PAR  VYÂ5A. 


216 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XII. 

DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RAHUGANA. 

. • 

1.  Rahugana  dit  : Adoration,  adoration  à celui  qui  a pris  la  forme 
de  cause,  mais  dont  la  véritable  nature  laisse  bien  loin  derrière  elle 
cette  forme  même  ! adoration  à toi  qui  caches  ta  grandeur  éternelle 
sous  l’extérieur  d’un  misérable  Brahmane  et  d’un  ascète  nu! 

2.  Semblable  au  bon  médicament  pour  le  malade  qui  souffre  de 
la  fièvre,  ou  à l’eau  glacée  pour  celui  que  la  chaleur  dévore,  ta  pa- 
role est  comme  le  médicament  de  l’ambroisie  pour  moi,  dont  le  ser- 
pent de  l’orgueil,  conçu  dans  ce  corps  misérable,  a blessé  la  vue. 

3.  ^ussi  te  demanderai-je  plus  tard  ce  qui  cause  mes  doutes;  quant 
à présent,  satisfais  ma  curiosité  en  m’éclaircissant  tes  discours  dont 
la  doctrine  de  l'union  avec  l’Esprit  suprême  resserre  la  chaîne. 

4.  Quand  tu  as  dit  que  le  fruit  visible  des  œuvres  est,  lorsqu’il 
existe,  la  source  de  la  pratique  vulgaire,  mais  ne  sert  réellement 
pas  à la  recherche  de  la  vérité,  ces  paroles  ont  troublé  moD  esprit. 

5.  Le  Brahmane  dit  ; Cette  créature,  qui  pour  une  cause  quel- 
conque marche  sur  la  terre  dont  elle  sort,  est  un  homme;  au-dessus 
de  ses  deux  pieds  s^élèvent  deux  chevilles,  deux  jambes,  deux  genoux, 
deux  cuisses,  une  taille,  une  poitrine,  un  cou  et  deux  épaules. 

6.  Et  sur  son  épaule  est  placée  une  litière  de  bois  où  repose  une 
créature  qui  paraît  être  le  roi  des  Sàuvîras,  et  de  laquelle,  animé 
par  le  sentiment  de  la  personnalité,  tu  dis,  dans  l'aveuglement  de  la 
folie  : « Je  suis  le  roi  des  Sindhus.  * 

7.  Condamnant  à un  travail  sans  salaire  ces  malheureux  qui  suc- 
combent sous  l’excès  de  la  douleur,  tu  es  un  homme  sans  pitié  ; et 
quand  tu  te  vantes  d’être  le  protecteur  de  ton  peuple,  tu  ne  brilles 
pas  dans  les  assemblées  des  vieillards,  car  tu  es  un  orgueilleux. 


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217 


LIVRE  CINQUIÈME. 

8.  Quand  on  sait  que  c'est  dans  la  terre  même  que  rentrent  les 
êtres  mobiles  et  immobiles,  tout  comme  ils  en  sortent  sans  cesse, 
il  faut  admettre  l'existence  d’une  cause  du  monde,  autre  que  celle 
qui  n’est  qu’un  nom,  cause  que  l’on  conclut  de  ses  effets. 

9.  Or  ce  n’est  rien  de  plus  qu’un  nom  que  la  chose  désignée  par 
le  mot  de  terre;  car  la  terre  rentre  dans  les  atomes  privés  de  réalité, 
que  l'ignorance  fait  concevoir  à l’esprit  de  l’homme,  et  dont  la  réunion 
forme  la  masse  solide  du  monde. 

10.  Sache  que  la  maigreur  et  la  corpulence,  la  petitesse  et  la  gran- 
deur, l’existence  et  la  non-existence,  la  vie  et  l’inertie,  sont  autant 
de  différences  qu’a  produites  l’Illusion  incréée,  en  prenant  les  noms 
de  matière,  nature,  coeur,  temps  et  action. 

11.  Ce  qui  existe  réellement,  c’est  la  science  pure,  absolue,  unique, 
qui  n’est  ni  intérieure,  ni  extérieure,  qui  est  Brahma,  qui  est  uniforme 
et  immuable,  cette  science  que  désigne  le  nom  de  Bhagavat,  et  que 
les  chantres  inspirés  appellent  Vâsudêva. 

12.  On  ne  l’obtient  pas,  ô Rahùgana,  par  les  austérités,  par  le 
sacrifice,  par  les  aumônes,  par  les  devoirs  d’un  maître  de  niàison , 
par  l’étude  du  Vêda,  par  le  culte  de  l’eau,  du  feu  et  du  soleil;  on  ne 
l’obtient  qu’en  lavant  la  poussière  qui  s’attache  aux  pieds  des  sages. 

13.  Au  milieu  de  ces  sages,  dans  la  société  desquels  l’énuméra- 
tion des  qualités  du  Dieu  dont  la  gloire  est  excellente,  remplaçant 
les  entretiens  vulgaires,  se  répète  chaque  jour  avec  zèle,  l'homme 
qui  veut  se  sauver  recueille  une  disposition  vertueuse  pour  Vâsu- 
dêva. 

14.  J’ai  été  jadis  un  roi  nommé  Bharata,  qui  était  affranchi  des 
liens  de  ce  qu’on  voit  et  de  ce  qu’on  entend;  pendant  que  je  servais 
Bhagavat,  mon  amour  pour  une  antilope  me  détourna  de  mon  but, 
et  je  revins  au  monde  dans  un  corps  d’antilope. 

15.  Mais  dans  ce  nouveau  corps  même,  la  mémoire  que  je  devais 
au  culte  de  Krichna  ne  m'abandonna  pas;  et  redoutant  les  suites  de 
mon  attachement  pour  un  autre  être,  je  vécus  seul  et  caché. 

16.  Ainsi  l’homme  qui  a récité  ou  entendu  les  œuvres  de  Hari, 
détruisant  même  ici-bas  l'erreur  avec  le  glaive  de  la  science,  fruit 

u.  28 


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218 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

de  son  vertueux  attachement  pour  les  sages  détachés,  conserve  la 
mémoire,  et  Franchissant  la  route  du  monde,  parvient  jusqu'à  lui. 


PIS  DU  DOUAIÈME  UIAPirRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 
DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RA Ht  G AN A , 

DANS  LE  CINQUIEME  LIVRE  DU  GRAND  t’URÀSA , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BKAUMÀ  ET  COMPOSE  PAR  VYÂ5A. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


219 


CHAPITRE  XIII. 

DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RAHÛGANA. 

1.  Le  Brahmane  dit  : Conduite  sur  une  route  difficile  par  l’Illu- 
sion incréée,  et  se  voyant  les  œuvres  partagées  par  l'influence  des 
qualités  de  la  Passion,  de  la  Bonté  et  des  Ténèbres,  la  caravane 
[des  âmes],  avide  de  bonheur,  s'égare  dans  la  forêt  de  l’existence  et 
n’y  trouve  pas  la  félicité. 

2.  Là  six  brigands,  ô roi,  pillent  violemment  la  caravane  avec  son 
mauvais  guide;  semblables  à des  chacals,  ils  enlèvent  le  vovageur 
inattentif,  comme  des  loups  ravissent  un  bélier. 

5.  Assailli  dans  ce  bois  fourré  de  lianes,  d’herbes  et  de  buissons, 
par  des  mouches  et  par  des  insectes  à la  piqûre  cuisante,  il  aperçoit 
tantôt  le  palais  des  Candliarvas,  tantôt  le  démon  impétueux  qui  res- 
semble à un  brandon  ardent. 

h.  A la  vue  d’une  maison,  de  l’eau,  des  richesses,  croyant  que  tout 
cela  est  à lui,  il  court  çà  et  là  dans  la  forêt;  quelquefois  la  poussière 
soulevée  par  1a  tempête  lui  troublant  la  vue,  l’empêche  de  distin- 
guer les  points  cardinaux  qu’enveloppent  les  ténèbres. 

5.  Tourmenté  par  le  cri  des  grillons  invisibles  qui  déchire  ses 
oreilles,  et  par  la  voix  des  chouettes  qui  agile  son  cœur,  il  s’arrête, 
déchiré  par  la  faim,  auprès  des  arbres  vénéneux,  ou  se  précipite 
vers  l’eau  que  lui  montre  un  mirage. 

6.  Tantôt  il  rencontre  des  fleuves  desséchés,  et  privé  de  nour- 
riture, il  en  demande  à son  voisin  qui  mendie  de  même  près  de  lui; 
tantôt  il  est  consumé  par  l’incendie  de  la  forêt  ; tantôt  il  tombe  dans 
le  désespoir  à la  vue  des  Yakchas  qui  lui  arrachent  la  vie. 

7.  Quelquefois,  dépouillé  de  ses  biens  par  des  hommes  violents,  il 
se  décourage,  il  pleure,  il  tombe  dans  l’abattement  et  le  trouble; 


r 


220  LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

d’autres  fois,  entrant  dans  la  ville  des  Gandharvas,  il  s'y  réjouit  un 
instant,  comme  s’il  était  au  comble  du  bonheur. 

8.  Tantôt  voulant  gravir  une  montagne,  il  marche  à travers  les 
épines  et  les  pierres  qui  déchirent  ses  pieds,  et  s'arrête  abattu;  tantôt 
dévoré  à chaque  pas  par  un  feu  intérieur,  le  maître  de  maison  s’in- 
digne contre  sa  famille. 

9.  Ici  saisi  par  le  reptile  qui  dévore  les  animaux,  il  n'aperçoit  plus 
rien  dans  la  foret  où  il  est  abandonné;  là  mordu  par  les  serpents, 
il  est  gisant  aveugle  au  fond  d’une  fosse  obscure. 

10.  Quelquefois  cherchant  le  miel  des  abeilles,  il  est  honteusement 
blessé  par  les  mouches  qui  le  produisent;  ou  si  après  beaucoup  de 
peines  il  ravit  un  trésor  dont  la  conquête  satisfait  son  orgueil , 
d’autres  viennent  le  lui  enlever  de  vive  force , pour  s’en  voir  plus 
tard  privés  à leur  tour. 

11.  Tantôt  il  est  incapable  de  se  défendre  contre  le  froid,  la  cha- 
leur, le  vent  ou  la  pluie;  tantôt  le  peu  qu’il  gagne  en  trafiquant  avec 
un  autre , est  le  fruit  de  la  fraude  et  excite  contre  lui  la  haine. 

12.  Privé  de  toute  ressource,  n’ayant  plus  ni  lit,  ni  siège,  ni  de- 
meure, ni  lieu  où  se  divertir,  s'il  implore  vainement  les  secours  d'un 
autre,  il  convoite  son  bien  et  n’en  obtient  que  du  mépris. 

15.  Possédé  par  la  haine  que  produit  en  lui  l’échange  de  ses  ri- 
chesses avec  celles  de  ses  semblables,  et  disputant  contre  eux,  il 
tombe  sur  cette  route  accablé  par  les  douleurs  les  plus  vives,  paria 
perte  de  ses  biens  et  par  d’autres  désastres. 

14.  Cependant  laissant  derrière  soi  ceux  qui  tombent  çà  et  là 
sur  la  route,  la  caravane  s’avance  entraînant  dans  sa  marche  tout  ce 
qui  vient  de  naître;  personne  jusqu’ici,  ô roi,  n’est  revenu  sur  ses 
pas  et  n’est  arrivé  au  Yoga , terme  de  ce  voyage. 

15.  Les  héros  qui  ont  triomphé  jusqu’aux  limites  marquées  par 
les  éléphants  des  quatre  points  de  l’espace,  et  en  qui  la  prétention 
de  posséder  la  terre  allume  la  passion  de  la  haine,  doivent  dormir 
sur  le  champ  de  bataille  ; mais  ils  ne  parviennent  pas  au  lieu  qu’at- 
teint celui  qui  renonçant  au  sceptre,  est  exempt  de  cette  passion. 

16.  Tantôt  le  voyageur  s’attache  aux  branches  des  lianes,  attiré 


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LIVRE  CINQUIÈME.  221 

par  l’amour  des  oiseaux  au  gazouillement  indistinct  qui  y cherchent 
un  asile;  d'autres  fois  redoutant  la  troupe  des  lions,  il  fait  amitié 
avec  des  grues,  des  hérons  et  des  vautours. 

17.  Trompé  par  ces  amis,  il  se  mêle  à la  foule  des  cygnes;  mais 
il  ne  goûte  pas  leur  conduite,  et  s’allie  avec  des  singes;  alors  cher- 
chant le  bonheur  des  sens  dans  les  plaisirs  aimés  de  ces  animaux,  il 
perd  de  vue  le  terme  de  son  existence,  en  échangeant  des  regards, 
[avec  l’être  qu’il  aime]. 

18.  Se  divertissant  au  milieu  des  arbres,  attaché  à sa  femme  et  à 
ses  enfants,  tourmenté  par  le  désir  de  la  volupté,  il  porte  sa  chaîne 
sans  espoir -de  s’en  affranchir;  quelquefois  tombant  par  imprudence 
dans  la  caverne  d’une  montagne,  effrayé  à la  vue  d'un  éléphant,  il 
reste  suspendu  à une  branche. 

19.  Souvent  sauvé  du  danger,  il  retrouve  la  caravane;  ramené  sur 
cette  route  par  l'Illusion  incréée,  l’homme  y erre,  et  personne,  au- 
jourd'hui même,  ne  connaît  encore  [le  terme  de  son  voyage]. 

20.  Quant  à toi,  à Rahùgana,  renonçant  au  sceptre,  embrassant 
dans  ton  affection  tous  les  êtres,  quittant  ton  armure  et  prenant  le 
glaive  de  la  science  aiguisé  par  le  culte  de  Hari,  franchis  le  terme 
de  ce  chemin. 

21.  Le  roi  dit  : Ah!  que  la  condition  humaine  est  belle  entre  toutes 
les  conditions  ! Et  qu’est-il  besoin  même  des  existences  supérieures 
du  ciel,  si  l’on  n’y  rencontre  que  rarement  des  sages  magnanimes 
comme  vous,  dont  l'âme  est  purifiée  par  la  gloire  de  Ilrïchîkêça  ? 

22.  Il  n’est  pas  étonnant  que  celui  dont  la  poussière  de  tes  pieds  a 
effacé  les  fautes,  éprouve  pour  Adhôkcliadja  une  dévotion  pure, 
puisqu’un  instant  d’entretien  avec  toi  a suffi  pour  chasser  de  mon 
esprit  la  confusion  qu’y  produisait  un  faux  raisonnement. 

25.  Adoration  aux  grands  hommes  et  aux  disciples  ! Adoration  aux 
jeunes  gens  et  à ceux  qui  vont  revêtir  le  cordon  sacré  ! Puissent-ils 
jouir  du  bonheur  des  rois,  ces  Brahmanes  qui  parcourent  la  terre, 
avec  l’extérieur  de  ceux  qui  ont  renoncé  à tout  ! 

24.  Çuka  dit  : C’est  ainsi  que  le  fils  du  Brahmarchi,  dont  la  puis- 
sance était  immense,  plein  de  compassion  pour  ce  roi  qui  ne  tenait 


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222 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

pas  compte  de  la  connaissance  de  l'Esprit,  instruisit  le  chef  des  Sin- 
dhus;  puis  ayant  reçu,  6 fils  d’Utlarâ,  les  hommages  de  Rahûgana 
qui  embrassait  ses  pieds  avec  tendresse , maître  de  son  cœur  où  le 
mouvement  des  organes  était  aussi  calme  que  celui  des  vagues  de 
l’Océan  qui  ne  déborde  pas,  il  se  mit  à parcourir  la  terre. 

25.  Le  chef  des  Sâuvîras,  après  avoir  reçu  de  ce  sage  bienveillant 
la  connaissance  complète  de  l’Esprit  suprême,  renonça  aussi  à l’opi- 
nion que  le  corps  est  l’âme,  opinion  que  l'ignorance  avait  introduite 
en  son  esprit;  telle  est,  ô roi,  la  puissance  de  ceux  qui  se  réfugient 
auprès  des  sages  dont  Bhagaval  est  Je  refuge. 

26.  Le  roi  dit  : Ce  que  tu  as  appelé  tout  à l’heure,  dans  ton  lan- 
gage énigmatique,  la  route  de  l’existence  parcourue  par  les  âmes, 
ô grand  serviteur  de  Bhagavat,  ô toi  qui  sais  tant  de  choses,  est  une 
conception  de  l’intelligence  des  sages,  que  les  hommes  imparfaits 
ne  comprennent  pas  aisément.  Donne -moi  donc  une  explication 
suivie  du  sens  de  cet  obscur  mystère. 


FIN  1>Ü  TREIZIEME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE: 
DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RAHUGANA , 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÀNA  , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSE.  PAR  Vl»  SA. 


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LIVRE  CINQUIEME 


225 


CHAPITRE  XIY. 

DIALOGUE  ENTRE  LE  BRAHMANE  ET  RAHÔGANA. 

1.  Le  sage  dit  : I>a  fouie  des  âmes  est  jetée  dans  la  voie  difficile 
du  monde  qui  ressemble  à une  route  impraticable,  par  l’Illusion  dont 
dispose  le  bienheureux  Vichnu  qui  est  le  Seigneur.  L'Illusion  se  sert 
des  six  sens,  par  lesquels  l'homme  perçoit  la  révolution  du  monde  qui 
n’a  pas  eu  de  commencement,  et  qui  n’est  que  l’état  d’union  ou  de  sé- 
paration [de  l'Esprit]  relativement  à la  suite  des  corps  divers,  pro- 
duits par  les  actions  bonnes,  mauvaises  ou  mêlées  qu’engendrent  les 
diverses  qualités  de  la- Bonté,  [de  la  Passion  et  des  Ténèbres,]  chez 
ceux  qui  prennent  le  corps  pour  l’àme.  Avide  de  gain,  comme  une 
caravane  de  marchands,  l'âme  perçoit  les  œuvres  accomplies  par  son 
corps;  et  marchant  dans  la  forêt  de  l’existence  qui  est  aussi  misé- 
rable qu’un  cimetière,  s épuisant  parmi  de  nombreux  obstacles  en  ef- 
forts stériles,  elle  n’a  pu  jusqu’ici  retrouver  la  trace  de  ces  abeilles 
qui  adorent  le  lotus  des  pieds  de  Hari,  le  Seigneur  suprême,  où  elle 
verrait  se  calmer  ses  douleurs.  Les  organes  nommés  les  six  sens  sont 
de  fait  les  voleurs  de  cette  forêt. 

2.  Les  biens  quels  qu’ils  soient,  que  l'homme  ne  gagne  qu'à  force 
de  peines,  sont  pour  lui  un  moyen  d’acquérir  des  mérites  religieux; 
et  ces.  mérites  qu’assure  le  culte  du  suprême  Purucha , ne  rap- 
portent, on  le  dit,  que  pour  l’avenir.  Or  c’est  ce  trésor  que,  sem- 
blables aux  voleurs  pillant  une  caravane  dirigée  par  un  mauvais  guide 
et  qui  n’est  pas  sur  ses  gardes,  les  sens  enlèvent  à l’âme  par  l’attrait 
des  jouissances  domestiques  que  procurent  la  vue,  le  toucher,  l’ouïe, 
le  goût,  l’odorat,  la  volonté  et  l’action. 

3.  Là  ceux  qu’on  appelle  les  enfants  et  la  femme  de  la  maison, 
sont  de  fait  les  loups  et  les  chacals  qui  ravissent  au  mauvais  maître, 
sous  ses  yeux  et  malgré  lui , le  petit  agneau  qu’il  garde. 


J 


224  • LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

â.  Comme  une  terre,  quoique  labourée  tous  les  ans,  se  couvre, 
au  moment  des  semailles,  de  touffes  d’herbes,  de  gazon  et  de  végé- 
taux, à moins  que  les  [mauvaises]  graines  n'aient  été  brûlées,  ainsi 
la  condition  de  maître  de  maison  est  la  terre  où  les  actions  ne  pé- 
rissent jamais;  cette  condition  en  effet  est  la  demeure  des  désirs. 

5.  Là  dépouillé  de  ses  biens  par  des  hommes  vils  qui  sont  les 
taons  et  les  mousquites,  et  par  des  brigands  ou  des  voleurs  qui  sont 
les  sauterelles  et  les  vautours,  il  s’égare  sur  cette  route;  et,  le  cœur 
troublé  par  les  désirs  et  par  les  œuvres  fruit  de  l’ignorance,  il  aperçoit 
la  ville  des  Gandharvas,  c’est-à-dire  la  condition  humaine,  qui  n’a 
pas  de  réalité,  mais  à laquelle  sa  vue  trompée  lui  fait  croire. 

6.  Quelquefois  il  se  précipite  vers  les  objets  qui  sont  comme  l’eau 
d’un  mirage,  emporté  parle  désir  violent  de  boire,  de  manger  et  de 
se  livrer  au  plaisir. 

7.  Ailleurs  il  recherche  l’or,  ce  sédiment  [du  feu],  dont  la  cou- 
leur et  les  qualités  attirent  son  esprit,  mais  qui  est  le  siège  de  tous 
les  vices;  et  il  le  poursuit  comme  celui  qui  désirant  du  feu  avec  ar- 
deur, court  après  le  Démon  qui  ressemble  au  brandon  enflammé. 

8.  Quelquefois  absorbé  par  la  recherche  des  divers  moyens 
propres  à soutenir  sa  vie,  qui  sont  une  maison,  de  l’eau  et  des  ri- 
chesses, il  court  çà  et  là  dans  cette  forêt  de  l’existence. 

9.  Tantôt  pressé  entre  les  bras  d’une  femme  qui  ressemble  à la 
tempête,  plongé  par  sa  passion  dans  les  ténèbres  de  la  nuit,  franchis- 
sant toutes  les  bornes,  les  yeux  pleins  de  poussière,  c’est-à-dire  l’esprit 
égaré,  il  ne  connaît  plus  les  Dieux  qui  gardent  les  points  de  l’espace. 

10.  Tantôt,  après  avoir  une  fois  reconnu  la  vanité  des  objets,  il 
perd  la  mémoire  en  songeant  à son  corps,  et  court  de  nouveau  vers 
ces  objets  qui  ressemblent  à l’eau  d’un  mirage. 

11.  Semblables  aux  grillons  et  aux  chouettes,  ses  ennemis  et  les 
gens  du  roi,  présents  ou  absents,  déchirent  ses  oreilles  et  son  cœur 
de  leurs  injures  dont  l’excessive  violence  lui  cause  le  vertige. 

12.  Si  dans  une  vie  antérieure  il  a fait  quelque  bonne  action, 
alors  semblable  à celui  qui  recherche  les  puits  empoisonnés  et  les 
branches  du  Kâraskara  et  du  Kâkatunda  vénéneux,  il  court,  vivant 


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LIVRE  CINQUIÈME.  225 

et  mort  en  quelque  sorte , vers  des  richesses  qui  n’existent  pas  da- 
vantage, et  qui  n’ont  ni  présent  ni  avenir. 

15.  Quelquefois  égaré  par  la  société  des  méchants,  il  tombe  dans 
l’hérésie  qui  ressemble  à la  chute  qu’on  fait  dans  un  fleuve  sans 
eau,  et  qui  cause  une  double  douleur  dans  ce  monde  et  dans 
l’autre. 

14.  Quand  un  obstacle  étranger  le  prive  de  nourriture,  il  dévore 
ceux  qui  n'ont  pour  leur  père  et  leurs  enfants  que  quelques  herbes, 
ou  même  tue  son  père  et  ses  enfants. 

15.  Prend-il  une  maison,  il  n’y  trouve,  comme  dans  un  incendie, 
que  de  la  douleur;  et  séparé  des  objets  qu’il  aime,  dévoré  par  le  feu 
du  chagrin , il  éprouve  un  profond  découragement. 

16.  Semblables  aux  Rakchas,  les  gens  du  roi  qui  lui  sont  devenus 
hostiles  avec  le  temps,  lui  enlevant  la  vie,  son  bien  le  plus  cher, 
le  laissent  pour  mort  et  ne  donnant  plus  aucun  signe  de  vie. 

17.  Tantôt  croyant  à la  réalité  des  objets  de  ses  désirs,  tels  qu’un 
père  et  un  aïeul,  il  goûte  un  bonheur  qui  n’est  qu’un  songe. 

16.  Voulant  gravir  une  montagne,  c’est-à-dire  surchargé  des  de- 
voirs actifs  qu’impose  la  loi  à la  condition  de  maître  de  maison , le 
cœur  déchiré  par  les  peines  du  monde , if  tombe  épuisé  sur  le  sol 
plein  d’épines  et  de  pierres. 

19.  D’autres  fois  sentant  sa  vie  consumée  par  le  feu  intolérable 
qui  brûle  au  dedans  de  son  cœur,  il  s’irrite  contre  sa  famille. 

20.  Tantôt  saisi  par  le  serpent  du  sommeil , plongé  dans  Une 
obscurité  profonde,  il  dort  pour  ainsi  dire  dans  la  forêt  déserte,  et 
n’aperçoit  plus  rien , semblable  à un  cadavre  abandonné. 

21.  Quelquefois  désarmé  de  son  orgueil,  il  voit  les  méchants, 
semblables  à des  serpents,  ne  pas  lui  laisser  un  instant  de  som- 
meil; et  privé  de  son  expérience  par  le  trouble  de  son  cœur,  il 
se  précipite  comme  un  aveugle  dans  un  trou  ténébreux. 

22.  Lorsque  cherchant  un  peu  du  miel  des  plaisirs,  il  s’est  em- 
paré dé  la  femme  ou  de  la  fortune  d'autrui , il  est  puni  par  le  mari 
ou  par  le  roi,  et  tombe  dans  l’Enfer  infranchissable. 

25.  Voilà  pourquoi  l’on  dit  que  l’action  accomplie  sur  ce  chemin, 
n.  j9 


226  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

soit  ici,  soit  clans  l’autre  inonde,  est  pour  l'Ame  la  cause  de  la  re- 
naissance. 

24.  S’il  échappe  au  châtiaient,  c’est  Dêvadatta  qui  lui  ravit  sa 
conquête,  que  Vichnumitra  enlève  à son  tour  au  ravisseur,  et  qui  ne 
s’arrête  dans  aucune  main. 

25.  Tantôt  incapable  de  se  garantir  du  froid , du  vent  et  des  maux 
divers  que  lui  envoient  les  Dieux,  les  éléments  et  son  âme  elle- 
même,  il  reste  plongé  dans  un  insurmontable  abattement. 

26.  Quand  il  trafique  avec  un  autre,  s’il  gagne  sur  lui,  ne  fût-ce 
que  vingt  Kâuris,  ou  même  la  moindre  chose,  il  encourt  sa  haine, 
parce  que  son  gain  est  le  fruit  de  la  fraude. 

27.  Les  accidents  de  cette  route  sont  le  plaisir,  la  peine,  l’amour, 
la  haine,  la  crainte,  l’égoïsme,  l’orgueil,  la  hauteur,  le  chagrin,  le 
trouble,  la  cupidité,  la  jalousie,  l’envie,  le  dédain,  la  faim,  la  soif, 
les  douleurs,  les  maladies,  la  naissance,  la  vieillesse  et  la  mort. 

28.  Quelquefois  il  perd,  entre  les  bras  d’une  femme  qui  est  la  di- 
vine Mâyâ,  l’expérience  et  la  faculté  de  connaître-,  et,  le  coeur  agité 
par  l'empressement  qu’il  met  à se  rendre  dans  la  maison  quelle 
habite,  il  se  laisse  charmer  par  les  paroles,  par  les  regards  et  par 
les  mouvements  de  ses  fils , de  ses  filles , de  celle  même  que  ren- 
ferme cette  demeure  ; et  cet  être  qui  ne  sait  se  vaincre  lui-même , 
abandonne  son  âme  aux  ténèbres  profondes. 

29.  Tantôt  il  craint  la  roue  du  Seigneur,  qui  est  le  bienheu- 
reux Vichnu,  cette  roue  infatigable  qui  partant  de  l’atome,  s’é- 
lève jusqu’à  la  durée  de  la  vie  de  Brahmâ,  et  qui  emporte  mal- 
gré eux,  à travers  les  phases  rapides  de  leur  existence,  tous  les 
êtres,  depuis  Brahmâ  jusqu’au  brin  d’herbe;  alors  méprisant  le 
suprême  Bhagavat,  le  mâle  du  sacrifice,  dont  la  roue  du  Temps 
est  l’arme,  l’homme  admet,  parce  qu’on  les  lui  présente,  les  Dieux 
des  hérétiques,  que  repousse  la  société  des  sages  respectables,  et 
qui  ressemblent  aux  hérons,  aux  vautours,  aux  grues  et  aux  cor- 
beaux. 

50.  Lorsque  abusé  par  les  hérétiques  qui  se  sont  trompés  eux- 
mêmes,  il  habite  parmi  des  Brâlnnanes,  il  n’approuve  pas  leur  con- 


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LIVRE  CINQUIÈME.  227 

(luitc  qui  consiste  à honorer  Bhagavat,  le  mâle  du  sacrifice,  par  l'ob- 
servation des  pratiques,  telles  que  l'investiture  et  autres,  que  règlent 
les  Vêdas  et  la  tradition;  il  recherche  les  Çûdras,  chez  qui  le  com- 
merce des  sexes  n'est  pas  sanctifié  par  les  pratiques  légales , et  où 
l’éducation  de  la  famille  ne  vaut  pas  mieux  que  chez  les  singes. 

31.  Là  se  livrant  sans  contrainte  au  plaisir,  son  intelligence 
tombe  dans  un  état  misérable,  et  il  oublie  le  terme  de  son  existence, 
en  contemplant  le  visage  de  celle  qui  lui  rend  sa  tendresse , et  en 
s'abandonnant  à d'autres  actions  grossières. 

32.  Quelquefois  se  jouant  dans  sa  maison  pleine  des  objets  de 
ce  monde,  comme  le  singe  parmi  les  arbres,  il  s’attache  à ses  en- 
fants et  à sa  femme,  et  donne  tout  son  temps  au  plaisir. 

35.  C’est  ainsi  que  s'arrêtant  sur  la  route,  il  tombe,  par  crainte 
de  l’éléphant  de  la  mort,  dans  une  obscurité  où  il  ne  rencontre  que 
des  cavernes  de  montagnes. 

54.  Quelquefois  incapable  de  se  défendre  contre  le  froid,  le  vent 
et  les  maux  sans  nombre  qui  lui  viennent  des  Dieux,  des  éléments, 
et  de  son  âme  elle-même,  il  reste  plongé  dans  un  découragement 
sans  fin. 

35.  Si  trafiquant  avec  un  autre,  il  gagne  quelque  chose  en  le 

trompant,  il  encourt  sa  haine.  » 

36.  Quelquefois  dépouillé  de  ses  biens,  ayant* perdu  tout,  lit, 
siège,  nourriture,  son  esprit  ne  songe  qu'aux  moyens  de  se  procurer 
les  objets  de  ses  désirs  qu’il  ne  trouve  nulle  part,  et  il  ne  recueille 
partout  que  les  mépris  des  hommes.  . • 

57.  Quoique  la  pratique  du  commerce  ne  fasse  que  développer 
des  haines  mutuelles,  on  le  voit,  influencé  par  ses  premières  idées, 
recommencer  à acheter  et  à vendre. 

38.  Tourmenté  par  des  maux  et  par  des  infortunes  innombrables, 
malheureux , déchu , se  voyant  abandonné  par  les  autres  qui  marchent 
en  avant  emmenant  avec  eux  tous  ceux  qui  viennent  au  monde, 
livré  au  chagrirf,  au  trouble,  à la  crainte,  aux  querelles,  aux  pleurs, 
à la  joie  et  aux  chants,  enchaîné,  éloigné  des  gens  de  bien,  celui 
qui  est  entré  sur  cette  route  du  monde  n’est  jamais,  jusqu’à  ce  jour, 

jg. 


228 


LE  BHAGAVATA  PURÂNA. 

revenu  au  point  d'où  est  partie  la  caravane  des  hommes,  et  qu’on 
désigne  comme  le  terme  de  son  voyage. 

59.  Cet  homme,  en  cfl’ct,  ne  s’assure  pas  la  connaissance  du  Yôga, 
que  possèdent  les  solitaires  calmes  et  maîtres  d’eux -mêmes.,  qui 
ont  renoncé  au  sceptre,  mais  que  ne  connaissent  pas  ces  Râdjarchis 
eux-mêmes,  vainqueurs  du  monde  et  sacrificateurs,  qui  doivent 
dormir  sur  le  champ  de  bataille,  et  qui  après  s’être  divisés  pour 
la  possession  de  la  terre  par  des  haines  mutuelles,  sont  passés  en 
l'abandonnant,  emportés  eux-mêmes  [comme  les  autres]. 

40.  L’homme  qui  s’est  attaché  aux  œuvres  qui  ressemblent  à des 
lianes,  peut  bien  quelquefois  échapper  au  malheur  et  à l'Enfer; 
mais  il  doit,  rentrant  de  nouveau  sur  la  route  du  monde,  rejoindre  la 
caravane  des  hommes;  et  c’est  aussi  le  sort  qui  attend  celui  qui  s’est 
élevé  jusqu'au  ciel. 

41.  Voici  les  vers  que  l’on  chante  sur  Bharata  : « Un  prince  ne  peut 
« pas  plus  suivre  ici-bas,  même  en  pensée,  la  voie  du  magnanime 
« Râdjarchi,  fils  de  Rïchabha,  que  la  mouche  ne  peut  imiter  Garuda. 

42.  • C’est  lui  qui  jeune  encore,  passionné  pour  le  Dieu  dont  la 
«gloire  est  excellente,  abandonna,  comme  des  objets  impurs,  sa 
« femme,  ses  enfants,  ses  amis  et  son  trône,  ces  biens  si  chers  et  si 

• difficiles  à quitter. 

45.  • Si  ce  priitcc  ne  regretta  ni  des  biens  auxquels  on  ne  renonce 
« pas  aisément,  tels  que  la  terre,  des  enfants,  des  amis,  des  richesses 

• et  une  femme,  ni  une  prospérité,  objet  d’envie  pour  les  Dieux,  qui 
« n’obtint  de  lui  qu’un  regard  de  pitié,  cela  n'est  pas  étonnant  : car 
« pour  les  sages  dont  le  cœur  ne  songe  qu’au  culte  de  l’ennemi  de 
■ Madliu , la  non-existence  elle-même  est  peu  de  chose. 

44.  • C’est  lui  qui , pour  abandonner  la  condition  même  d’anti- 
« lope,  s'écriait  tout  haut  ; Adoration  à Yadjna,  au  maître  de  la  jus- 
« tice,  qui  est  accompli  dans  la  loi,  qui  est  le  Yôga  et  le  but  principal 
« du  Sârîikhya!  à Nârâyana  Hari,  qui  est  le  souverain  de  la  Nature!  » 

45.  Celui  qui  écoule , récite  ou  médite  l’histoire  du  Râdjarchi 
Bharata  dont  les  qualités  et  les  actions  pures  sont  honorées  des  ser- 
viteurs de  Bhagavat,  cette  histoire  qui  assure  le  bonheur,  une  longue 


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LIVRE  CINQUIEME.  - 229 

vie,  la  richesse,  la  gloire,  le  ciel  et  le  salut,  celui-là  peut  espérer 
de  trouver  en  lui-même  toutes  les  prospérités;  il  n’en  doit  aucune 
à personne  autre. 


PIM  DU  QUATORZIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POCR  TITRE  : 

DIALOGUE  ENTRE  I.E  BR  AHMANE  ET  RAHCgANA  , 

DANS  L'ÉPISODE  DE  BHARATA,  Al1  CINQUIÈME  LIVRE  DD  GRAND  l'DRANA  , 
CE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA  , 

RBCUBIC  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMÎ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYASA. 


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230 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XY. 

DESCENDANCE  DE  PRIYAVRATA. 

1.  Çuka  dit  : Le  fils  de  Bharata  eut  pour  nom  Sumati;  c’est  lui 
que,  dans  le  Kaliyuga,  quelques  hérétiques,  hommes  méprisables, 
le  voyant  marcher  sur  les  traces  de  Rïchabha,  imagineront,  avec  leur 
intelligence  pervertie,  de  transformer  en  une  divinité  que  les  Vêdas 
ne  reconnaissent  pas. 

2.  Sumati  eut  de  Vrïddhasènâ  un  fils  nommé  Dêvatâdjit. 

3.  Ce  dernier  eut  d’Asurî  Dêvadyumna,  lequel  eut  de  Dhênu- 
raatî  Paramêchthin , qui  eut  Pratiha  de  Suvartcbalâ. 

4.  C'est  Pratiha  qui,  pur  lui-même,  après  avoir  proclamé  la 
science  de  l’Esprit,  se  représenta  par  la  pensée  Mahâpurucha  ; il  eut 
de  Suvartchalà  trois  fils  habiles  dans  le  sacrifice,  dont  l’ainé  était 
Pratibartrf,  lequel  eut  de  Stuti  Adja  et  Bhûman. 

5.  Bhûman  eut  de  Rïchikulyâ  Udgîtha , qui  eut  de  Dêvakulyâ 
Prastâva;  ce  dernier  eut  de  Niyutsâ  Yibhu,  lequel  eut  de  Rati  Prï- 
thuchêrta,  qui  eut  d’Akûli  Nakta , lequel  eut  de  Druti  Gaya,  le 
premier  des  Râdjarchis,  prince  au  renom  illustre.  Gaya  était  une 
portion  de  Vichnu,  qui  pour  sauver  le  monde  avaif  revêtu  la  qua- 
lité de  la  Bonté;  et  l’empire  qu’il  exerçait  sur  lui-même  était  un  des 
signes  qui  faisaient  reconnaître  en  lui  un  grand  homme. 

6.  Accomplissant  son  devoir  qui  consistait  à protéger,  à nourrir, 
à charmer,  à flatter  et  à diriger  ses  peuples;  célébrant  le  sacrifice  et 
les  autres  rites,  en  rapportant  de  toute  son  âme  cette  obligation,  qui 
est  l’objet  le  plus  important  de  tous,  au  bienheureux  Mahâpurucha, 
qui  est  à la  fois  le  Brahma  supérieur  et  inférieur;  s’unissant  à Bha- 
gavat  par  la  pratique  d’une  dévotion  qu’il  devait  au  culte  des  sages 
qui  connaissent  le  Vêda,  il  purifiait  et  perfectionnait  ainsi  sans  re- 


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LIVRE  CINQUIEME.  251 

lâche  son  esprit;  et  quoiqu'il  se  sentît  lui-même  au  sein  de  Brahma, 
qu’il  saisissait  dans  son  âme  d’où  avait  disparu  tout  ce  qui  n’est  pas 
elle,  il  gouvernait  la  terre  sans  orgueil. 

7.  C’est  sur  lui  que  ceux  qui  connaissent  le  passé  chantent  ces 
stances  : • Quel  autre  prince,  à moins  d’être  une  portion  de  Bliagavat, 
« pourrait  imiter  Gaya  par  ses  actions,  fût-il  un  roi  sacrificateur,  fier 
« [de  sa  puissante],  savant,  gardien  de  la  loi,  comblé  par  la  fortune, 
« chef  des  assemblées  des  gens  de  bien  et  ami  des  hommes  vertueux, 

8.  *Gaya,  que  les  filles  véridiques  de  Dakclia,  dont  les  souhaits 
«sont  infaillibles,  sacrèrent  avec  l'eau  des  fleuves,  au  milieu  des 

• transports  de  la  joie;  Gaya  qui  ne  désirait  rien , mais  dont  les  vertus 
« surent  en  quelque  sorte  faire  couler  des  mamelles  de  la  terre  tous  les 
« biens  pour  ses  peuples  ! 

9.  « C’est  lui  que  les  Vêdas  comblèrent  des  biens  qu’il  ne  deman- 
« dait  pas;  lui  à qui  les  rois,  qu’il  saluait  sur  le  champ  de  bataille, 

* offrirent  le  tribut;  lui  à qui  les  Brahmanes,  honorés  suivant  la  loi, 
« apportèrent,  après  sa  mort,  la  sixième  partie  de  leurs  mérites. 

10.  «C’est  à son  sacrifice,  à cette  fête  où  Maghavan  s’était  enivré 
« des  abondantes  libations  du  Sonia,  que  Bliagavat,  le  Dieu  même  de 
«l'offrande,  accepta  le  fruit  de  la  cérémonie,  qui  lui  était  adressé 

* avec  une  dévotion  inébranlable  et  purifiée  par  la  foi. 

11.  « 11  fut  également  satisfait  au  sacrifice  de  Gaya,  ce  Dieu  même 

• qui  réside  au  fond  de  toutes  les  âmes,  et  dont  la  joie  fait  aussitôt 
« celle  des  Dêvas,  des  animaux,  des  hommes,  des  plantes,  des  herbes, 
« de  tous  les  êtres  enfin  jusqu'à  Virintcha.  » 

12.  Gaya  eut  de  Gâyantî  trois  fils  : Tchitraratha,  Sugati,  Avarô- 
dhana.  Tchitraratha  eut  Samràdj  d’Ûrnâ. 

13.  Samrâdj  eut  d’Utkalâ  Marîtchi,  lequel  eut  de  Vindumati 
Vinduniat,  qui  eut  de  Saraghâ  Madhu,  qui  eut  de  Sumanas  Vîra- 
vrata,  lequel  eut  de  Bhôdjâ  Mantliu  et  Pramanthu.  Manthu  eut  de 
Satyâ  Bhâuvana,  qui  eut  de  Dûchanâ  Tvachtri,  qui  eut  de  Virô- 
tchanâ  Viradja,  lequel  eut  de  Vichûtchi  une  fille  et  cent  fils,  dont 
l’aîné  fut  Çatadjit. 

H’.  Il  existe  à ce  sujet  la  stance  suivante  : « La  famille  de  Priya- 


232 


LK  BHÀGAVATA  PliRÀNA 


«vrata  a été  comblée  de  gloire  par  Viradja,  qui  en  est  ie  dernier 
• descendant  [illustre],  comme  la  troupe  des  Suras  l’a  été  par  Vichnu.  * 

MS  DU  QUINZIÈME  CHAPITRE  , AVANT  POUR  TITRE  : 

ÉNUMÉRATION  DE  I.A  DESCENDANCE  DE  PRIYAA'RATA  , 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PCRÂNAf 
LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA  , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAHMA  BT  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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LIVRE  CINQUIEME. 


233 


CHAPITRE  XVI. 

DESCRIPTION  DE  LA  TERRE. 

1.  Le  roi  dit:  Tu  as  déterminé  ia  circonférence  de  ia  terre,  en 
disant  quelle  embrassait  tout  ce  que  le  soleil  illumine,  et  tout  ce 
qu'éclaire  la  lune  avec  la  foule  des  étoiles. 

2.  Les  sept  fossés,  creusés  par  les  roues  du  char  de  Priyavrata, 
ont  formé  les  sept  océans,  ce  qui  t’a  fait  dire  que  la  terre  était  com- 
posée de  sept  continents  [entourés  d’eau  ] ; c’est  de  tôpt  cela  que 
je  désire  connaître  maintenant  la  mesure  et  la  description  en-  détail. 

5.  L’esprit,  en  effet,  s’attachant  à la  forme  solide  de  Bhagavat, 
qui  est  le  produit  des  qualités,  devient  capable  d’embrasser  l’être  le 
plus  subtil  de  tous,  qui  n’a  réellement  pas  d’attributs,  qui  est  tout 
lumière,  le  suprême  Brahma,  enfin,  qu’on  nomme  le  bienheureux 
Vâsudêva.  Consens  donc,  6 maître,  à me  décrire  cette  forme. 

4.  Le  Richi  dit:  Non,  grand  roi,  un  homme,  dût-il  y employer 
la  vie  d’un  Immortel,  n’atteindrait  pas  par  la  parole  ou  par  la  pen- 
sée au  terme  des  manifestations  des  qualités  de  la  Mâyâ  dont  dis- 
pose Bhagavat;  aussi  te  décrirai-je  principalement  la  terre,  en  t’en 
donnant  le  nom,  la  forme,  l'étendue  et  la  définition. 

5.  Le  continent  [où  nous  sommes],  qui  est  le  plus  central  des 
fruits  du  lotus  de  la  terre,  a une  étendue  de  cent  mille  Yôdjanas;  il 
est  exactement  rond,  comme  une  feuille  de  nymphæa. 

f 6.  H renferme  neuf  Varchas  ou  divisions,  ayant  chacune  une  lar- 
geur de  neuf  mille  Yôdjanas,  et  séparées  les  unes  des  autres  par  huit 
montagnes  qui  en  marquent  les  limites. 

7.  llâvrïta  est  le  Varcha  du  milieu  ; de  son  centre  s’élève  le  Mêru , 
ce  roi  des  grandes  montagnes,  qui  est  entièrement  formé  d’or,  et  dont 
la  hauteur  est  égale  à l’étendue  du  continent;  c’est  le  péricarpe  du 
it  3o 


234 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


lotos  de  la  terre;  son  sommet  a trente-deux  mille  Yôdjanas  [de  cir- 
conférence], et  sa  base  seize  mille , ce  qui  est  la  mesure  de  sa  racine 
sous  la  terre. 

8.  Au  nord  d'Ilâvrïta  viennent  successivement  les  Varchas,  Ra- 
myaka,  Hiranmaya  et  Kuru,  dont  les  limites  sont  formées  par  les 
monts  Nila,  Çvêta  et  Çriggavat,  et  par  la  mer  d’eau  salée  qui  les 
baigne  aux  deux  extrémités.  Ces  monts,  tpi  s’étendent  vers  l’orient, 
ont  deux  mille  Yôdjanas  de  largeur,  et  ils  diminuent  successivement 
d’un  peu  plus  de  la  dixième  partie  de  la  longueur  du  premier. 

9.  Au  sud  de  l'ilâvrïta  s’élèvent  les  monts  Nichadha,  Hêmakûta 
et  Himalaya,  qui  s’étendent  vers  l’orient,  et  ont,  comme  Nîla  et 
les  précédents,  dix  mille  Yôdjanas  de  hauteur;  ces  montagnes  sont 
celles  du  Harivarcha,  du  Kimpurucha  et  du  Bhârala. 

10.  A l’ouest  et  à l’est  de  l’ilâvrita  sont  les  monts  Mâlyavat  et  Gan- 
dhamâdana,  qui  rejoignent  les  monts  Nîla  et  Nichadha,  et  ont  deux 
mille  Yôdjanas  de  largeur. 

11.  Ils  forment  la  limite  des  Varchas  Kêtumâla  et  Bhadrâçva. 

12.  Mandara,  Mêrumandara,  SupârçvaetKumuda,  montagnes  qui 
ont  dix  mille  Yôdjanas  de  longueur  et  de  hauteur,  ont  été  placées 
aux  quatre  côtés  du  Mêru  pour  le  soutenir. 

15,  Sur  ces  quatre  sommets  croissent  quatre  grands  arbres,  un- 
manguier,  un  Djambù,  un  Kadamba  et  un  Nyagrôdha,  qui  sont 
comme  les  étendards  de  ces  montagnes;  ils  ont  onze  cents  Yôdjanas 
de  hauteur,  leurs  branches  en  ont  autant  de  longueur,  et  [leur  tronc 
en  a]  cent  de  circonférence. 

14.  On  y voit  quatre  lacs  formés  de  lait,  de  miel,  de  suc  de 
canne  et  d’eau  pure  ; les  troupes  des  Dieux  inférieurs  qui  s’y  baignent, 
y trouvent  d’eux-mêmes  les  facultés  surnaturelles  du  Yôga. 

15.  Là  sont  les  quatre  jardins  des  Dieux  : Nandana,  Tchâitrara- 
tha,  Vâihhrâdjaka  et  Sarvatôbhadra, 

16.  Où  les  premiers  des  Immortels,  avec  les  chefs  de  la  troupe  des 
femmes,  qui  font  l’ornementdes  épouses  des  Suras,  se  livrent  au  plai- 
sir, en  entendant  leurs  louanges  chantées  par  les  Dieux  inférieurs. 

17.  Sur  la  pente  du  Mandara,  tombent  du  haut  du  manguier 


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255 


LIVRE  CINQUIÈME 

divin,  qui  a onze  cents  Yôdjanas  d'élévation,  des  fruits  semblables  à 
l'ambroisie,  qui  sont  gros  comme  le  sommet  d'une  montagne. 

18.  Us  laissent,  en  se  brisant,  échapper  un  suc  rouge,  abondant 

et  doux,  qui  répand  un  parfum  délicieux,  et  qui  forme  le  fleuve 
nommé  Arunôdâ,  lequel  tombaftt  du  sommet  du  Mandara,  arrose 
l’Ilâvrita  à l’est.  * • • 

19.  Les  femmes  des  Yakchas,  qui  forment  la  suite  de  Bhavânî, 
recherchent  ce  suc;  et  le  vent  qui  s’est  embaumé  en  touchant  leur 
corps,  parfume  l’air  à dix  Yôdjanas  à la  ronde. 

20.  Les  fruits  du  Djambû,  qui  n’ont  presque  pas  de  noyau  et 
qui  ressemblent  par  leur  volume  au  corps  d’un  éléphant,  se  brisant 
de  môme  à cause  de  la  hauteur  de  leur  chute,  forment  de  leur  suc 
le  fleuve  nommé  Djambûnadî,  qui  tombant  sur  la  terre  des  sommets 
du  Mêrumandara,  d’une  hauteur  de  dix  mille  Yôdjanas,  se  dirige  au 
sud  et  arrose  l’Uâvrîta. 

21.  I^a  terre  qui  en  forme  les  deux  rives,  pénétrée  par  le  suc  de 
ces  fruits  et  mûrie  par  l’action  réunie  du  soleil  et  du  vent , devient 
for  nommé  Djâmbûnada,  qui  sert  toujours  de  parure  aux  Immortels. 

22.  Us  en  font  des  diadèmes , des  bracelets  et  des  ceintures  qu'ils 
portent,  ainsi  que  leurs  jeunes  femmes,  comme  ornements. 

25.  Le  grand  Kadamba  du  mont  Supârç.va  laisse  couler  de  ses 
branches  cinq  courants  de  sucs  doux,  dont  la  circonférence  est  de 
cinq  brasses;  ces  courants  tombent  du  haut  du  Supârçva,  et  se  répan- 
dant à l'ouest,  remplissent  de  joie  l’Uâvrïta. 

24.  Le  souffle  embaumé  qui  sort  de  la  bouche  de  ceux  qui  en 
boivent,  se  répand  à cent  Yôdjanas  à la  ronde. 

25.  Sur  le  mont  Kumuda  s'élève  le  figuier  nommé  Çatavalça,  d’où 
découlent  du  lait,  du  caillé,  du  beurre,  du  miel,  de  la'  mélasse,  du 
riz  cuit,  et  aux  branches  duquel  sont  suspendus  des  étoffes,  des 
lits,  des  sièges  et  d’autres  ornements.  Tous  ces  produits  forment  des 
fleuves  qui  donnent  tout  ce  qu’on  désire,  et  qui  tombant  du  haut 
du  Kumuda , traversent  FUâvrïta  du  côté  du  nord. 

26.  Mès  êtres  qui  les  visitent  sont  à jamais  exempts  des  diverses 
espèces  d’infirmités,  telles  que  les  rides,  la  blancheur  des  cheveux, 

, 3o. 


236 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 

la  fatigue, .la  sueur,  les  exhalaisons  désagréables,  la  vieillesse,  les  ma- 
ladies, la  mort,  les  effets  du  froid  et  du  chaud , l’altération  du  teint,  les 
possessions,  et  ils  jouissent  pendant  leur  vie  d’un  bien-être  extrême. 

27.  11  ÿ a d’autres  montagnes  nommées  Kuramga,  Kurara,  Ku- 
sumbha,  Yâikagka,  Trikùta,  Çiçira,  Patarïiga,  Rutchaka,  Nichadha, 
Çinivâsa,  Kapila,  Çagkha , V âidûrya , DjâruTlhi,  Haiîisa,  Rïchabha, 
Nàga,  Kâlamdjara  et  Nârada,  qui  semblables  aux  étamines  autour 
du  fruit  du  lotus,  sont  placées  autour  de  la  base  du  Mêru. 

• 28.  A l’est  du  Mêru , se  dirigeant  vers  le  nord  sur  une  étendue 
de  dix-huit  mille  Yôdjanas,  sont  les  montagnes  Djathara  et  Dêvakûta , 
qui  ont  deux  mille  Yôdjanas  en  largeur  et  en  hauteur;  à l’ouest  sont 
Pavana  et  Pâriyâtra;  au  sud,  Kâilâsa  et  Karavîra,  qui  se  dirigent  vers 
l’orient;  au  nord,  Triçrigga  et  Makara;  au  milieu  de  ces  huit  mon- 
tagnes, le  pic  doré  du  Mêru  brille  comme  Agni  entouré  d’une 
ceinture  de  feux. 

29.  Sur  le  sommet  du  Mêru,  au  centre,  on  place  la  ville  du  bien- 
heureux Bralimâ,  qui  a dix  mille  Yôdjanas,  qui  est  parfaitement 
quadrangulaire  et  entièrement  d’or. 

30.  Tout  autour  sont  placées  les  villes  des  huit  Gardiens  du  monde, 
qui  chacune  occupent  un  point  de  l'espace  distinct,  ont  une  forme 
particulière  et  ont  le  quart  de  l’étendue  de  la  ville  de  Brahmâ. 

• 

ns  ixt  seizième  chapitre  , ayant  four  titre  : 

DESCRIPTION  DR  I.A  TERRE  , 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DO  GRAND  FGRÂÇA, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA,  • 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAIT  BRAHMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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I.  i > - -o  ' :.  ■ 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


237 


CHAPITRE  XVII. 

ÉLOGE  DE  SA$KARCHANA. 

1,  Çuka  dit  : Quand  Viclinu,  qui  est  l’objet  du  sacrifice,  franchis- 
sait [les  trois  mondes],  l'ongle  du  pouce  de  son  pied  gauche  pénétra 
dans  la  partie  supérieure  de  l’œuf  [qui  renferme  l’univers].  Les  eaux 
extérieures  entrant  par  cette  ouverture,  formèrent  un  courant,  qui 
n’ayant  encore  d’autre  nom  que  celui  de  Bhagavatpadî,  descendit  sur 
le  sommet  du  ciel  pendant  l’immense  durée  de  mille  Yugas.  C'est  ce 
fleuve  qui  pour  avoir  lavé  le  lotus  des  piedfe  du  Dieu,  et  s’être  coloré 
de  ses  filaments  rouges,  est  devenu  pur  et  capable  d’enlever  par  le 
contact  de  ses  eaux  les  souillures  des  péchés  de  tous  les  mondes. 

2.  Ce  point  du  ciel  est  ce  qu’on  nomme  la  demeure  de  Vichnu. 
C'est  là  qu«  ferme  dans  ses  desseins  et  dévoué  à Bhagavat,  le  fds 
d’Uttânapâda  sentant  sou  cœur  se  fondre  sous  les  ardeurs  de  sa  dé- 
votion toujours  croissante  pour  le  Dieu,  ses  poils  se  hérisser  sur  tout 
son  corps,  et  des  larmes  pures  s’échapper  de  ses  yeux  à demi  fermés 
par  Le  regret  et  par  le  désir,  reconnaît  que  l'eau  de  ce  fleuve  a baigné 
les  pieds  du  Dieu  de  sa  famille,  et  la  reçoit  encore  aujourd’hui  sur 
sa  tête  avec  une  vénération  profonde. 

5.  De  là  elle  tombe  sur  les  nœuds  de  la  chevelure  des  sept  Rïchis , 
* qui  connaissant  sa  vertu,  la  reçoivent  avec  respect,  et  qui  dédaignant 
la  voie  de  l’esprit  et  les  autres  objets  des  désirs  de  l’homme,  par  cela 
seul  qu’ils  ont  acquis  une  dévotion  inaltérable  pour  le  bienheureux 
Vâsudêva,  âme  de  toutes  choses,  regardent  la  faveur  [de  recevoir  ses 
eaux]  comme  la  récompense  définitive  de  leurs  austérités,  et  l'ac- 
cueillent avec  le  même  empressement  que  ceux  qui  veulent  se  sauver 
reçoivent  le  salut. 

4.  Puis  descendant  par  la  voie  céleste  que  couvrent  plusieurs 


238  LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 

milliers  de  millions  de  files  de  chars  divins,  et  baignant  le  disque  de 
la  lune,  elle  tombe  dans  la  demeure  de  Brahmâ. 

5.  Là  se  divisant  en  quatre  courants  et  prenant  quatre  noms  dis- 
tincts , elle  coule  vers  les  quatre  points  cardinaux  pour  aller  ensuite 
5e  rendre  dans  le  sein  du  roi  des  fleuves  et  des  rivières. 

0.  Ces  quatre  courants  sont  la  Sîtâ,  l'Alakanandâ,  la  Tchakchu 
et  la  Bhadrâ.  La  Sîtâ  tombant  de  la  demeure  de  Brahmâ  sur  les 
sommets  des  monts  qui  entourent  le  Mêru,  descend  de  là  sur  les 
hauteurs  du  Gandhamâdana , et  courant  vers  l’est  à travers  le  Bha- 
drâçva  Varcha,  se  jette  dans  l’océan  salé.' 

7.  Tombant  du  haut  du  Mâlyavat,  la  Tchakchu  traverse  avec  une 
impétuosité  irrésistible  le  Kêtumâla,  et  se  jette  au  sein  du  roi  des 
fleuves  à l’occident 

8.  La  Bhadrâ  tombant  du  sommet  septentrional  du  Mêru , descend 
de  montagne  en  montag#e  et  de  pic  en  pic,  et  quittant  enfin  les 
sommets  du  Çrïggavat  pour  traverser  l’Uttarakuru,  elle  se  jette  an 
nord  dans  l’océan  salé.  • 

0.  Et  de  même  l’Alakanandâ  tombant  au  sud  du  palais  de  Brahmâ , 
après  avoir  franclii  les  sommets  d’un  grand  nombre  de  «nontagnes, 
roule  avec  une  impétuosité  toujours  croissante  à travers  les  pics  nei- 
geux de  THémakûta,  et  traversant  le  Bhârata  Varcha,  se  jette  au 
midi  dans  la  mer  de  sel.  L’homme  qui  vient  se  baigner  dans  ses  eaux, 
se  dit  à chaque  pas  qu’il  fait:  « Non,  les  fruits  de  l’Açvamêdha  et  du 
* sacrifice  royal  ne  sont  plus  si  difficiles  à obtenir.  » 

10.  Il  y a encore  dans  chaque  Varcha  un  grand  nombre  d’autres 
fleuves  et  rivières,  qui  sortent  par- centaines  du  Mêru  èt  des  autres 
montagnes. 

11.  Le  Bhârata  seul  est  le  pays,  des  œuvres  ; les  huit  autres  Varchas 
sont  définis  des  lieux  du  ciel  terrestre,  où  les  êtres  célestes  viennent 
achever  de  jouir  de  ce  qui  leur  reste  de  mérites. 

12.  La  vie  des  hommes  y est  de  dix  mille  années  mortelles  : ils 
ressemblent  aux  Dieux  ; leur  force  est  celle  de  dix  mille  éléphants  ; 
leurs  femmes  portent  un  fruit  unique  quelles  conçoivent  une  année 
[avant  leur  mort],  après  les  voluptés  extrêmes  de  l’union  des  sexes, 


LIVRE  CINQUIÈME.  239 

qu'augmentent,  dans  ces  corps  aussi  durs  que  le  diamant,  la  vi- 
gueur, la  jeunesse  et  la  joie  ; enfin  le  temps  s’écoule  pour  eux,  comme 
pendant  le  Trêtâyuga. 

13.  Là  entourés  chacun  des  hommages  des  chefs  de  leurs  servi- 
teurs, au  milieu  des  vallées  de  leur  Varcha, pleines  de  forêts,  d'ermi- 
tages et  de  retraites  charmantes  qu’embellissent  des  arbres  et  des  lianes  ' 
pliant  sous  le  poids  des  bouquets  de  fleurs,  des  fruits  et  des  branches 
nouvelles  dont  ils  se  parent  dans  toutes  les  saisons,  les  premiers  des 
Dieux,  errant  auprès  des  lacs  aux  eaux  pures  qui  retentissent  des 
cris  des  flamingos,  des  poules  d’eau,  des  canards,  des  Sârasas,  des 
Tchalravâkas,  et  du  bourdonnement  des  essaims  d’abeilles  qu’enivre 
la  beauté  des  lotus  fraîchement  éclos,  vivent  en  liberté,  le  coeur  et 
les  yeux  charmés  par  les  gestes,  les  sourires,  les  grâces  et  les  regards 
passionnés  d’amour  des  belles  Déesses  qui  se  jouent  dans  les  eaux  et 
se  livrent  à leurs  nombreux  ébats. 

14.  Dans  ces  neuf  Varchas,  Nârâyana,  tpi  est  Mabâpurucha, 
plein  de  bienveillance  pour  les  êtres  qui  habitent  ces  lieux,  se  montre 
encore  aujourd’hui  sous  les  diverses  formes  qu'il  revêt. 

15.  Mais  dans  l’ilâvrïta , le  bienheureux  Bhava  est  le  seul  être  mâle  : 
nul  homme,  en  effet,  n’y  entre,  s’il  connaît  la  cause  de  la  malé- 
diction prononcée  par  Uhavânî;  car  celui  qui  y mettra  le  pied  doit 
être  changé  en  femme;  c'est  ce  que  nôHS  raconterons  plus  bas. 

16.  Entouré  par  des  milliers  et  des  millions  de  femmes  qui  ont  . 
Bhavânî  pour  chef,  et  se  représentant,  par  la  contemplation  de  sa 
propre1  nature , la  quatrième  forme  du  quadruple  Mahâpurùcha , 
cette  lorme  obscure  nommée  Saiftkarcliana  et  qui  est  sa  substance 

à lui-même,  Bhava  l’aborde  en  répétant  ce  qui' suit. 

17.  Bhava  dit  : Ôrn  ! adoration  au  bienheureux  Mabâpurucha , , 

dans  lequel  on  compte  toutes  les  qualités  ! adoration  au  Dieu  infini 
et  insaisissable!  . 

18.  J’adore,  ô être  adorable,  celui  dont  les  pieds  sont  le  véritable 
asile,  celui  qui  est  le  séjour  suprême  de  toute  perfection,  celui  qui 
révèle  clairement  sa  nature  à ses  serviteurs,  celui  qui  anéantit  l’exis- 
tence et  qui  la  donne;  je  t’adore,  toi  qui  es  le  Seigneur. 


240 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


16.  Quel  est  l’homme  désireux  de  se  vaincre  qui  ne  songerait  pas 
à celui  qui  bien  différent  des  êtres  incapables , comme  nous  le  sommes 
nous-mêmes,  de  contenir  l’impétuosité  de  leur  colère,  contemple  pour 
les  dominer,  les  qualités  de  Mâyâ  et  les  actes  de  l'inteUigence,  sans 
que  sa  vue  en  soit  aucunement  souillée  ; 

20.  A celui  que  sa  Mâyâ  nous  représente  comme  un  homme  ivre, 
’ la  vue  troublée  et  les  yeux  rougis  par  les  licteurs  fermentées  et 

enivrantes,  lorsque  émues  par  le  contact  de  ses  pieds,  les  femmes 
des  Nâgas  ne  purent  achever,  par  pudeur,  de  lui  rendre  le  culte 
convenable  ? 

21.  Adoration  à celui  que  les  Rïchis  ont  appelé  la  cause  de  l’exis- 
tence, de  l’origine  et  de  la  destruction  de  l’univers,  mais  qui  est  infini 
et  exempt  de  ce  triple  état,  et  pour  qui  la  terre,  placée  sur  un  point 
de  ses  mille  têtes,  ne  paraît  pas  plus  qu’un  grain  de  moutarde! 

22.  A celui  dont  la  première  forme  qu’il  ait  revêtue  à l'aide  des 

qualités  fut  l'Intelligence  qui  est  Brahmâ  incréé,  Brahma  dont  la  sa- 
gesse est  l’asile,  et  de  la  triple  splendeur  duquel  je  suis  sorti  moi- 
même,  pour  créer  les  êtres  qui  participent  des  qualités  de  la  Bonté, 
des  Ténèbres  et  de  la  Passion  ! . . ■ > > 

25.  A cet  être  magnanime  par  la  faveur  duquel  l’Intelligence,  les 
êtres  participants  des  trois  qualités  et  moi,  nous  pouvons  toits  cjéer 
cet  univers,  esclaves  de  sa  volonté,  comme  des  oiseaux  qui  sont  re- 
tenus par  une  corde! 

24.  A toi  enfin,  qui  es  la  destruction  et  l’origine;  à toi  qui  as  pro- 
duit l’Illusion , cette  puissance  qui  déroule  la  chaîne  des  oeuvres , et 
dont  l'homme,  égaré  par  la  création  des  qualités,  peut  quelquefois 
connaître  l’existence,  mais  dont  il  ignorera  toujoars  le  développe- 
ment ! 

PIS  DO  DIX- SEPTIÈME  CHAPITRE . AYANT  POUR  TITRE  ; ...  , 

ÉLOGE  DE  SAMIARCHA(A, 

OAKS  LA  DESCRIPTION  DE  LA  TERRE , AC  CINQUIÈME  LIVRE  DC  GRAND  PCRÈNA , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTtSA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


241 


. 

CHAPITRE  XVIII. 

DESCRIPTION!  DE  LA  TERRE. 

<1 

1 . Çuka  dit  : Le  fils  de  Dliarma,  nommé  Bhadraçravas,  et  les  chefs 
de  sa  famille  qui  habitent  le  Bhadrâçva  Varcha,  se  représentent  par 
une  intense  méditation  le  corps  chéri  du  bienheureux  Vâsudêva,  ce 
corps  que  constitue  la  loi,  et  qui  a le  nom  de  Ilayaçîrcha,  et  ils  l’a- 
bordent en  prononçant  la  prière  suivante  : 

2.  « Ôm  ! adoration  à Bhagavat  qui  est  la  loi  ! adoration  à celui  qui 
« purifie  le  cœur  ! 

3.  « Ah  ! qu’elles  sont  étonnantes  les  œuvres  de  Bhagavat!  Il  ne  voit 
«pas  le  Dieu  qui  tue,  quoique  ce  Dieu  frappe  ses  regards,  l’homme 
« qui  après  avoir  porté  au  bûcher  son  fils  ou  son  père,  a encore  le 
« désir  de  vivre,  et  qui  ne  songeant T[u' à des  objets  sans  réalité,  fait 
« de  mauvaises  actions. 

h.  « Les  chantres  inspirés  disent,  et  avec  la  connaissance  qu'ils  ont 
« de  l’Esprit  suprême,  ils  voient  que  Fu  ni  vers  est  périssable,  mais  ils 
« n'en  sont  pas  moins  troublés  par  ta  Mâyâ  ; c’est  là  ton  œuvre  mer- 
« veilleuse,  aussi  m'incliné-je  devant  l’Etre  incréé. 

5.  * Croire  même  qu’inactif  et  libre  de  toute  entrave,  tu  accomplis 
« l’œuvre  de  créer,  de  conserver  et  dé  détruire  l’univers,  n’est  pas  une 
• opinion  inadmissible;  et  ce  rôle  n’est  pas  étonnant  pour  toi,  qui  en 
« tant  qu’âme  de  l’univers,  es  la  cause  de  tous  les  effets,  mais  qui  en 
« es  réellement  distinct. 

6.  «Adoration  à toi,  qui  prenant  un  corps  moitié  homme  moitié 
« cheval,  retiras  de  l’Abîme,  pour  les  donner  à Brahma  qui  les  deman- 
«dait,  les  Vêdas  qui  s’étaient  perdus  dans  les  Ténèbres  à la  fin  du 
« Yuga;  à toi  dont  les  efforts  ne  sont  jamais  vains!  • 

7.  Dans  le  Harivarcha,  Bhagavat  réside  sous  la  forme  de  l’Homme- 


242  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

lion;  je  raconterai  plus  tard  le  motif  qui  lui  a fait  prendre  ce  corps. 
C’est  cette  forme  chérie  que  le  serviteur  dévoué  de  Bhagavat,  P ra- 
il ràda,  ce  trésor.des  qualités  d'un  grand  homme,  dont  les  vertus  et 
la  conduite  étaient  faites  pour  purifier  la  race  des  Dâityas  et  des  Dâ- 
navas,  honore  avec  les  habitants  de  ce  Varcha,  par  la  pratique  d’une 
dévotion  exclusive  et  continue,  en  prononçant  cette  prière  : 

8.  «Om!  adoration  au  bienheureux  Narasimha,  à la  splendeur 
«des  splendeurs!  Parais,  parais,  toi  dont  les  dents  et  les  ongles 
«sont  comme  le  diamant;  détruis  toute  idée  des  œuvres;  anéantis 
«les  Ténèbres.  Ôrft!  Svâhâ!  sois  en  toi-même  toute  sécurité.  Ôml 
Kchrâum  ! 

9.  «Bonheur  au  monde  entier!  Que  le  méchant  s’adoucisse!  Que 
« les  êtres  ne  songent  dans  leur  esprit  qu’à  leur  mutuelle  félicité  ! 
• Que  leur  cœur  aime  le  bien!  Puisse  notre  pensée,  à nous  aussi,  se 
« porter  avec  désintéressement  vers  Adliôkchadja! 

to.  « Si  nous  devons  nous  attacher  à quelque  chose,  que  ce  ne  soit 
«pas  à nos  maisons,  à nos  femmes,  à nos  enfants,  à nos  parents  ou 
« à nos  richesses,  mais  bien  aux  amis  de  Bhagavat;  l’homme  maître 
« de  lui,  qui  se  contente  de  soutenir  son  existence,  arrive  bien  vite  à 
« la  perfection  que  n’atteint  pas  l'esclave  de  ses  sens. 

11.  «Qui  n’aimerait  l'héroïsme  de  Mukunda,  cet  héroïsme  plein 
« d’une  énergie  propre  à ce  Dieu,  et  qu’on  apprend  à connaître  dans 
« la  société  des  sages  dont  les  entretiens  font  descendre  dans  le  cœur 
« de  ceux  qui  ne  cessent  de  visiter  cet  étang  sacré,  l’Etre  incréé  lui- 
« même  qui  en  chasse  toutes  les  pensées  nées  du  corps  ? 

12.  « Les  Dieux  résident  avec  toutes  les  vertus  au  sein  de  l'âme  qui 
« a pour  Bhagavat  une  dévotion  désintéressée  : comment  les  qualités 
«des  grands  sages  appartiendraient- elles  à l’homme  qui,  privé  de 
«dévotion  pour  Hari,  se  laisse  entraîner  au  dehors  par  ses  désirs, 

« vers  ce  qui  n’a  pas  de  réalité  P 

15.  « Hari  en  effet,  qui  est  l’âme  même  des  êtres  doués  d’une  âme, 
«leur  est  aussi  nécessaire  que  l'eau  l'est  aux  poissons;  si  un  grand 
« sage  l’abandonne  pour  s’attacher  à sa  maison , c’est  à l'âge  seul  qu’il 
« devra  une  grandeur  qu'il  lui  faudra  partager  avec  sa  femme. 


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2/»3 


LIVRE  CINQUIÈME. 

14.  *«  C'est  pourquoi  renonçant  à vos  maisons,  cette  source  de 
«passion,  d'amour,  de  découragement,  de  colère,  d’orgueil,  de 

• désirs,  de  craintes,  de  misères,  de  douleurs,  ce  théâtre  de  la 

• transmigration , adorez  les  pieds  de  Nrîsiiîiha , où  cesse  toute 
«crainte.» 

15.  Dans  le  Kêtumâla,  Bhagavat  parait  sous  la  forme  de  l'Amour 
pour  plaire  à Lakchmî,  ainsi  qu'aux  lilles  et  aux  fils  du  Pradjâ- 
pati,  qui  sont  les  maîtres  de  ce  Varcha,  et  dont  le  nombre  égale  celui 
des  jours  et  des  nuits  d'une  vie  d’homme;  effrayées  par  la  grande 
splendeur  de  l’arme  de  Mahâpurucha,  ces  femmes  voient  leur  fruil 
tomber,  frappé  et  sans  vie,  au  terme  d’une  année. 

16.  L’élégance  de  sa  démarche  gracieuse,  le  jeu  de  son  doux  re- 
gard qu'un  agréable  sourire  accompagne,  l’éclat  de  ce  charmant 
visage,  semblable  au  lotus,  que  parent  de  beaux  sourcils  légère- 
ment relevés,  tout  en  lui  enchante  Ilamâ,  qui  à son  tour  comble  ses 
sens  d’ivresse. 

17.  Accompagnée,  pendant  les  nuits,  des  filles  du  Pradjâpati,  et, 
pendant  les  journées,  de  leurs  protecteurs,  la  divine  Ramâ  honore, 
parla  pratique  d’une  méditation  profonde,  cette  forinç  de  Bhagavat 
qui  est  l’œuvre  de  Mâyâ,  et  elle  prononce  la  prière  suivante; 

18.  •Ôiîl!  Hrârn,  Hrîiïi,  Hrûiïil  Uni!  adoration  au  bienheureux 

• Hrïchîkéça , qui  a pour  caractères  essentiels  toutes  les  espèces  de 
«vertus;  au  souverain  maître  des  actions,  des  pensées,  des  désirs, 
« des  attributs  divers  ; à celui  qui  est  composé  de  seize  parties  ; à 
« celui  que  constituent  le  Vèda,  la  nourriture,  l’immortalité  et  la  to- 
« talité  des  êtres;  à celui  qui  est  la  vigueur,  l'énergie,  la  force,  l’éclat, 
« l'amour  ! adoration  à toi  dans  les  deux  mondes  ! 

19.  • Les  femmes  qui  dans  le  monde,  6 Dieu  qui  es  de  toi-même 

• le  maître  des  sens,  t’adressent  de  pieux  hommages  en  demandant 
« un  autre  époux,  obtiennent  des  maris  qui  sont  incapables  de  pro- 
téger leurs  enfants  bien-aimés,  leur  vie  ou  leurs  richesses,  parce 

• qu’ils  ne  sont  pas  indépendants. 

20.  « Le  véritable  époux,  qui  naturellement  à l’abri  de  tout  dan- 

• ger,  protège  les  êtres  agités  par  la  crainte,  c’est  ce  Dieu  qui  pos- 

3i. 


244  LE  B H ÀG  AV  ATA  PURÂNA. 

• sédant  tout  par  lui-même,  ne  voit  rien  au-dessus  de  lui',  il  est 
«unique,  car  la  présence  d’un  second  être  est  pour  l’un  et  pour 

• l’autre  la  source  de  craintes  mutuelles. 

21.  «Celle  qui  n'aime  que  le  culte  du  lotus  de  les  pieds,  est  en 
«réalité  l’amante  de  tous  les  plaisirs;  mais  quand  une  femme  t’ho- 
« nore  en  t’exprimant  un  vœu,  tu  ne  lui  accordes  que  l’objet  de  ce 
« désir,  qui  trompé  dans  son  attente,  laisse  après  lui  le  regret. 

22.  « Pour  m’obtenir,  6 maître  de  l'Illusion  incréée,  les  Suras,  les 
» Asuras  et  les  autres  êtres,  ne  songeant  qua  un  bonheur  sensuel, 
«se  soumettent  à de  rudes  pénitences  : mais  ceux-là  seuls  me  pos- 
« sèdent,  qui  ne  pensent  qu’à  tes  pieds;  car  c’est  en  toi,  ô Dieu  invin- 
« cible,  qu’est  mon  cœur. 

23.  « Pose-moi  sur  la  tête,  à moi  aussi,  ô Dieu  invincible,  le  lotus 
« vénéré  de  ta  main,  comme  tu  le  posas  sur  la  tête  des  Sâtvats.  Déjà, 
«Etre  excellent,  tu  me  portes,  grâce  à ta  Màyâ,  comme  un  signe 
« [ sur  ta  poitrine]  ; mais  qui  est  capable  de  comprendre  les  œuvres 

• du  Seigneur  ? » 

24.  Dans  le  Ramyaka,  Bhagavat  sous  la  forme  chérie  de  l’incarna- 
tion en  Poisson,  qu’il  montra  jadis  au  Manu,  habitant  de  ce  Varcha, 
est  encore  aujourd'hui  l’objet  de  la  dévotion  profonde  de  ce  sage 
qui  prononce  la  prière  suivante  : 

25.  « Ôrîï  ! adoration  à Bhagavat,  le  premier  des  êtres;  à celui  qui 
«est  la  Bonté,  le  souffle  vital,  l’énergie,  la  vigueur,  la  force!  ado- 
« ration  au  grand  Matsya! 

26.  « Invisible  à tous  les  Gardiens  du  monde,  iu  parcours  l’inté- 
« rieur  et  l’extérieur  de  l’univers  en  faisant  entendre  un  grand  bruit; 
« tu  es  le  Seigneur  qui  prenant  le  nom  [des  Dieux],  as  rendu  le 
« monde  aussi  docile  à ton  empire,  que  la  poupée  de  bois  l’est  entre 
« les  mains  d’un  homme. 

27.  «Toi  que,  brûlant  d’envie,  les  Gardiens  du  monde  abandon- 
«nèrent,  lorsque  malgré  tous  leurs  efforts  ils  ne  purent,  soit  isolés, 
«soit  réunis,  gouverner  les  êtres,  bipèdes,  quadrupèdes,  reptiles  et 
« corps  inanimés  qui  se  voient  ici-bas  ; 

28.  «Toi  qui,  ô Dieu  incréé,  à la  fin  du  Yuga,  lorsque  la  terre, 


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245 


LIVRE  CINQUIÈME. 

• ce  trésor  des  plantes  annuelles  et  dns  végétaux  , était  entourée 
« comme  d’une  guirlande  par  les  eaux  de  l'Océan , as  su  par  ta  vi- 

• gueur  les  lui  faire  rapidement  franchir  ainsi  ^qu’à  moi;  toi  qui  es 

• l’âme  de  la  foule  des  vies  de  l’univers,  re<^>is  mon  adoration.  » 

29.  Dans  le  Hiranmaya,  Bliagavat  réside  sous  la  forme  de  la  Tor- 
tue. C’est  ce  corps  adorable  qu’Aryanian,  le  chef  de  la  troupe  des 
Pitrïs,  honore,  ainsi  que  les  habitants  de  ce  Varcha,  en  récitant  à 
demi-voix  le  Mantra  suivant  ; 

50.  « Ônil  adoration  à Bliagavat,  qui  sous  la  forme  de  la  Tortue, 
« a pour  attributs  les  qualités  de  tous  les  êtres,  et  dont  on  ne  peut 
«découvrir  la  retraitel  adoration  à celui  qui  est  la  forme  même;  à 

■ celui  qui  pénètre  tout,  qui  contient  tout!  adoration  à toi! 

51.  « Adoration  à toi  qui  es  cette  forme  même,  œuvre  de  ta 
» Mâyâ,  qui  se  compose  des  objets  extérieurs,  qui  embrasse  des  formes 
« si  nombreuses  et  qui  échappe  à tout  calcul , parce  que  rien  de  ce 
«qu’on  aperçoit  en  elle  n’a  de  réalité!  adoration  à toi  dont  la  figure 

■ n’a  pas  de  nom  ! 

52.  «Les  noms  qui  désignent  les  êtres  nés  d’une  matrice,  de 
« l’humidité , d'un  œuf  ou  d’un  bourgeon , les  corps  mobiles  et  immo- 

• biles,  les  Dê vas,  les  Rïchis,  les  Pitrïs,  les  Bhûtas,  les  organes  des 
« sens,  le  ciel,  l’atmosphère,  la  terre,  les  montagnes,  les  fleuves,  les 
« mers,  les  continents,  les  planètes,  les  constellations,  sont  les  noms 
« par  lesquels  doit  être  désigné  cet  être  unique. 

55.  « 0 toi  dont  les  attributs,  les  noms,  les  formes  et  les  figures 
«sont  innombrables,  et  auquel  cependant  les  sages  ont  appliqué  ce 
«nombre  [de  vingt-quatre  principes],  par  lequel  celui  qui  voit  la 
«vérité  apprend  à te  connaître,  reçois  mon  adoration,  6 toi  qui  es 
« la  doctrine  du  Sânûkhya  elle-même.  » 

54.  Chez  les  Uttarakurus,  Bliagavat,  le  mâle  du  sacrifice,  paraît 
sous  la  forme  du  Sanglier;  la  divine  Terre  l’y  honore,  ainsi  que  les 
Kurus,  par  la  pratique  d’une  dévotion  non  interrompue,  et  elle  récite 
cet  excellent  Upanichad  : 

55.  « Ôm!  adoration  à Bliagavat,  dont  l’attribut  et  l’essence  est  la 
«prière,  qui  est  'l'offrande  et  le  sacrifice,  dont  les  grandes  cérémo- 


246 


LE  BHÂGAVATA  PUR  AN  A. 

■ nies  sont  les  membres  ! adoration  à Mahâpurucha , à toi  qui  es  la 
« réunion  des  trois  [derniers]  Yugas  que  le  sacrifice  purifie! 

56.  « Adoration  à celui  que  les  sages  pénétrants,  désireux  de  voir 
« sa  véritable  forme  qui  %st  cachée  sous  les  œuvres  et  sous  les  objets, 
« savent,  par  l’action  de  leur  cœur,  faire  sortir  des  qualités,  de  même 
» qu’on  tire  le  feu  du  bois  qui  le  renferme  ! adoration  à celui  qui  se 
« montre  lui-même  à leurs  yeux  1 

57.  « Adoration  à celui  dont  l'essence  se  laisse  réellement  voir  sous 
« les  qualités  de  Mâyâ,  qui  sont  la  matière,  l’action,  la  cause,  le  mou- 
« vement,  le  [Temps]  souverain  et  le  principe  qui  agit  en  nous;  à 
« celui  dont  la  forme,  œuvre  de  Mâyâ,  disparaît  aux  yeux  des  sages 

• qui  ont  reconnu,  par  l’exercice  de  la  raison,  que  l’Esprit  l'emporte 

• sur  les  organes  corporels  ! 

58.  • Adoration  à cet  Etre  doué  de  vue,  qui  laisse  les  qualités  de 
«sa  Mâyâ  exécuter,  non  ce  qu’il  veut  lui-même,  mais  ce  qu’elle  dé- 
«sire,  quand  elle  accomplit  l’œuvre  de  la  création,  de  la  conserva- 
« tion  et  de  la  destruction  de  l’univers,  semblable  ainsi  au  fer  qui 

• tourne  sous  l’action  de  l’aimant  auprès  duquel  il  est  placé  ; à cet 
« Être,  témoin  des  qualités  et  des  œuvres  ! 

59.  • Je  m'incline  devant  cet  Être  souverain,  qui  sous  la  forme  du 

• premier  Sanglier  des  mondes,  après  avoir  anéanti  le  Dâitya  luttant 
« contre  lui  dans  le  combat,  me  plaça  sur  l’extrémité  de  sa  défense 
«pour  me  retirer  de  l'Abîme,  et  sortit  lui-même  de  l’Océan,  sem- 
« blable  à un  éléphant  qui  se  joue.  » 

PIN  DU  DIX- HUITIÈME  CHAPITRE  , AYANT  POUR  TITRE  : 

DESCRIPTION  I)E  LA  TERRE, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURANÀ, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  CINQUIÈME. 


247 


CHAPITRE  XIX. 

DESCRIPTION  Dl)  DJ  AMBUDVÎP  A. 


1.  Çuka  dit:  Dans  le  kinJpurucha  Varclia,  le  bienheureux  Âdi- 
purucha  habite  sous  la  figure  du  frère  aîné  de  Lakchmana  et  de 
l’époux  chéri  de  Sitâ;  là  passionné  pour  le  contact  de  ses  pieds, 
Hanumat,  le  prejnier  des  serviteurs  de  Bhagavat,  le  sert,  ainsi  que 
les  KiiTipuruchas,  avec  une  dévotion  non  interrompue. 

9.  Il  écoute  l’histoire  si  fortunée  de  Bhagavat  son  maître,  qu’Arch- 
tichêna  chante  avec  les  Gandharvas , et  il  chante  lui-même  ainsi  : 

5.  « üïft  ! adoration  à Bhagavat  dont  la  gloire  est  excellente  ; à 
«celui- que  distinguent  les  actions,  les  vertus  et  les  caractères  de  la 
« noblesse,  qui  s’est  dompté  lui-même,  qui  a suivi  la  voie  du  monde, 

* qui  est  la  pierre  de  touche  de  la  bonne  renommée  ! adoration  au 
« Dieu  ami  des  Bràhmanes,  au  grand  homme,  au  grand  roi! 

4.  « Je  me  réfugie  sans  égoïsme  auprès  de  cet  Être  unique,  qui 
« n’est  autre  qu'une  conception  pure,  qui  dissipe  par  sa  splendeur 
« le» divers  états,  produits  des  qualités,  qui  est  uniforme,  calme,  que 
i le  sage  seul  peut  saisir,  et  qui  n'a  ni  nom  ni  forme. 

5.  «Si  le  Seigneur  a pris  la  forme  humaine  [de  Kâma},  ce  n’a 

• pas  été  seulement  pour  tuer  le  Râkchasa;  il  a aussi  voulu  instruire 
«les  hommes  : comment,  en  effet,  celui  qui  trouve  sa  joie  en -lui- 
« même  aurait-il  pu  autrement  s’exposer  aux  douleurs  que  lui  causa 
« Sjtâ  ? 

6.  « Non,  le  bienheureux  V âsudèva , l’âme  et  l’ami  le  plus  cher  de 
■ ceux  qui  se  possèdent,  n’est  pas  esclave  des  affections  des  trois 
« mondes  -,  non , il  ne  peut  ressentir  les  douleurs  que  cause  une  femme  ; 
« il  ne  pçut  laisser  aller  Lakchmana. 

7.  «Ce  n’est  ni  la  noblesse  de  la  naissance,  ni  la  fortune,  ni  l’é- 


248 


LE  BHÀGAVATA  PURANA: 

«loquence,  ni  l’esprit,  ni  la  beauté  qui  plaisent  au  frère  aîné  de 
«Lakchmana,  puisqu'il  nous  a donné  son  amitié,  à nous  habitants 
« des  bois,  qui  n’avions  aucun  de  ces  avantages. 

8.  « Peu  importe  qu’il  soit  Sura  ou  Asura,  homme  ou  singe,  celui 
«qui  sert  de  toute  son  âme  Râma,  le  meilleur  des  êtres,  qui  est 
« Ilari  sous  une  forme  humaine,  et  qui  reconnaissant  de  ce  qu’on  fait 
« pour  lui,  conduisit  au  ciel  les  Kôçalas  du  nord.  > 

9.  Dans  le  Bhârata  Varcha,  Bliagavat  dont  la  voie  est  invisible, 
prenant  le  nom  de  Naranârâyana , accomplit,  par  bienveillance  et 
par  compassion  pour  ceux  qui  se  possèdent,  une  suite  de  mortifica- 
tions au  milieu  desquelles  il  obtient  la  connaissance  de  l'Esprit  qu'il 
doit  à des  mérites,  à une  science,  à un  détachemçnt,  à un  empire 
sur  lui-même,  à un  calme  et  à un  contentement  accumulés  pendant 
toute  la  durée  d’un  Kalpa. 

10.  Là  suivi  des  habitants  du  Bhârata,  y compris  toutes  les  classes 
et  tous  les  ordres,  le  bienheureux  Nârada  voulant  ènseigner  à Sâ- 
varui  la  doctrine  qui,  au  moyen  du  Sâiïikhya  et  du  Yôga,  exposés  par 
Bhagavat,  décrit  la  grandeur  de  ce  Dieu,  l’aborde  avec  le  sentiment 
d'une  dévotion  profonde,  et  récite  cette  prière  : 

11.  «Uiîil  adoration  à Bhagavat  dont  la  vertu  est  la  quiétude, 
«devant  qui  disparaît  ce  qui  n’est  pas  l’âme!  adoration  à celui  qui 
« est  le  bien  des  pauvres,  à Naranârâyana  le  héros  des  solitaires,  au 
« précepteur  suprême  des  ascètes , au  chef  de  ceux  qui  trouvent  leur 
« joie  en  eux-mêmes  ! adoration  ! adoration  !»  Et  il  chante  ainsi  : 

12.  «Adoration  à l’Etre  détaché,  isolé  et  témoin,  qui  agent  dans 
« la  création  et  dans  les  autres  états  de  l’univers,  n’y  est  pas  enchaîné; 

« qui  quoique  uni  au  corps,  n’est  pas  atteint  par  les  modifications 
«corporelles,  et  qui  voit,  sans  que  sa  vue  soit  blessée  par  les  qua- 
« lités  [de  ce  qu'il  voit]! 

15.  « La  voilà,  en  effet,  cette  perfection  dans  la  pratique  du  Yôga, 
«ô  toi  qui  en  es  le  maître,  qu’a  chantée  le  bienheureux  Hiranya- 
« garbha , et  au  moyen  de  laquelle  fhomme,  abandonnant  à la  fin 
« de  sa  vie  ce  corps  misérable,  doit  tenir  avec  dévotion  son  qpeur  uni 
«à  toi,  qui  n’as  pas  de  qualités. 


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249 


LIVRE  CINQUIÈME. 

14.  ■ C’est  de  la  peine  en  pure  perte  que  les  efforts  du  sage  même 
« qui  semblable  à l’homme  avide  des  jouissances  de  ce  monde  et  de 
« l’autre,  dont  toutes  les  pensées  sont  à sa  femme,  à ses  enfants  et  à 
«ses  richesses,  tremble  à l’idée  de  perdre  ce  misérable  corps. 

15.  « Donne-nous  donc , ô puissant  Adhôkchadja , donne-nous  le 
« Yôga  capable  de  produire  l'union  de  notre  nature  avec  la  tienne, 
«pour  que  nous  puissions  briser  promptement  le  lien,  si  difficile  à 
* rompre,  du  sentiment  du  moi  et  du  mien,  qu’a  placé  ta  Mâyâ  dans 
« ce  pauvre  corps.  » 

16.  Il  y a aussi  dans  le  Bhârata  Varcha  un  grand  nombre  de  fleuves 
et  de  montagnes;  ce  sont,  entre  autres,  le  Malaya,  le  Maggalapras- 
tha,  le  Mâinâka,  le  Trikûta,  le  Rïchabha,  le  Kûtaka,  le  Kôllaka,  le 
Sabya,  le  Dêvagiri,  le  Rïchyamûka,  le  Çrîçâila,  le  Vêgkata,  le  Ma- 
hèndra,  le  Vàridbâra,  le  Vindhya,  le  Çuktimal,  le  Rïkchagiri,  le 
Pâriyâtra,  le  Drôna,  le  Tchitrakûta,  le  Gôvardhana,  le  Râivataka,  le 
Kakubha,  le  Nîla , le  Gôkâmukha,  l’Indrakila,  le  Kâmagiri,  et  d’autres 
encore,  dont  on  compte  des  centaines  et  des  milliers,  et  des  flancs 
desquelles  coulent  des  fleuves  et  des  rivières  innombrables. 

17.  Les  habitants  du  Bhârata  vont  se  baigner  dans  les  eaux  de 
ces  rivières  dont  le  nom  seul  purifie  déjà. 

18.  Ce  sont  la  Tcliandravasâ,  la  Tâmraparnî,  l’Avatôdâ,  la  Krita- 
mâlâ,  la  Vâihâyasî,  la  Kâvêrî,  la  Vênî,  la  Payasvinî,  la  Çarkarâvartâ , 
la  Tuggabhadrâ,  la  Krîchnavênî,  la  Bhimarathî,  la  Gôdâvarî,  la  Nir- 
vindliyâ,  la  Payôchnî,  la  Tàpî,  la  Rêvâ,  la  Surasâ,  la  Narmadâ,  la 
Tcharmanvatî,  le  Sindhu,  l’Andha  et  le  Sôna,  deux  fleuves,  la  Mahâ- 
nadî,  la  Vêdasmrîti,  la  Rïcliikulyâ,  la  Trisâmâ,  la  Kâuçiki,  la  Mandâ- 
kinî,  la  Yamunâ,  la  Sarasvatî,  la  Drîchadvatî,  la  Gômalî,  la  Sarayu, 
la  Rôdhasvatî,  la  Chachthavatî,  la  Saptavatî,  la  Suchômâ,  la  Çatadru, 
la  Tchandrabhâgâ,  la  Marudvrîddhâ,  la  Vitaslâ,  l’Asiknî,  la  Viçvâ, 
qui  sont  de  grandes  rivières. 

10.  Les  êtres  qui  naissent  dans  ce  Varcha  parcourent  successive- 
ment, car  c’est  le  sort  commun  de  tous,  les  nombreuses  voies  de 
l’existence  parmi  les  Dieux , les  hommes  ou  dans  les  Enfers , sous 
l’influence  de  leurs  actions  antérieures  blanches,  rouges  ou  noires, 


250  LE  B H ÀG  AV  ATA  PURÀNA. 

et  ils  peuvent  même,  chacun  en  suivant  les  règles  de  leur  caste, 
arriver  à la  délivrance , 

20.  La  délivrance,  qui  caractérisée  par  une  dévotion  désintéressée 
pour  le  bienheureux  Vàsudêva,  l’âme  de  tous  les  êtres,  qui  est  exempt 
de  personnalité,  qui  échappe  au  langage,  que  rien  ne  renferme  et 
qui  est  l’âme  suprême,  est  réservée  à celui  qui  brisant  la  chaîne  de 
l’ignorance,  cause  des  nombreuses  voies  de  l’existence,  s’attache  aux 
serviteurs  de  Mahâpurucha. 

21.  Les  Dieux,  en  effet,  chantent  les  stances  suivantes  : «Quelle 
« belle  action  ont-ils  donc  faite,  ou  combien  Hari  lui-même  a-t-il  dû 
« leur  être  favorable,  pour  qu’ils  aient  reçu  parmi  les  hommes,  sur  la 
« terre  de  Bhârata,  ce  que  nous  désirons  tant  nous-mêmes,  l’existence, 
« et  avec  elle  le  moyen  de  servir  Mukunda  ! 

22.  « Qu'avons-nous  besoin  de  ces  sacrifices  et  de  ces  pénitences 
« si  difficiles,  et  de  ces  aumônes,  et  de  la  conquête  du  ciel  qui  est  si 
« peu  de  chose,  si  dans  le  monde  où  nous  sommes,  notre  mémoire, 

■ que  ravit  le  mouvement  passionné  des  sens,  n’est  pas  pleine  du  lotus 

■ des  pieds  de  Nârâyana  ? 

25.  « La  possession  de  la  terre  de  Bhârata  avec  un  instant  d'exis- 
« tence,  vaut  mieux  que  l’avantage  de  renaître  dans  le  rang  élevé  des 
« êtres  dont  la  vie  dure  un  Kalpa  ; car  les  sages  qui  se  détachent  de 
« l’action  qu’ils  ont  faite,  pendant  un  seul  instant  d’une  vie  humaine, 
« parviennent  au  séjour  de  Hari,  où  cesse  toute  crainte. 

24.  «Non,  le  monde  du  roi  des  Dieux  lui-même  n'est  pas  digne 
« qu’on  le  recherche,  si  les  fleuves  des  histoires  de  Vâikuntha,  sem- 
« blables  à l’ambroisie,  n’y  coulent  pas;  si  les  sénateurs  vertueux  de 
« Bhagavat  n’en  recherchent  pas  le  récit;  si  les  sacrifices  du  Chef 
« de  l’offrande  ne  s’y  célèbrent  pas  avec  leurs  grandes  fêtes. 

25.  * Mais  les  êtres  qui  après  avoir  obtenu  sur  cette  terre  la  eondi- 
« tion  humaine,  dont  la  science,  les  œuvres  et  la  matière  sont  les  élé- 

■ ments,  ne  font  pas  tous  leurs  efforts  pour  ne  plus  mourir,  retombent, 
• comme  des  oiseaux,  dans  les  mêmes  filets. 

26.  « L’oblation  que  les  hommes  du  Bhârata  répandent  et  sacrifient 
« avec  foi  sur  le  tapis  sacré  en  marquant  les  parts,  conformément  aux 


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251 


LIVRE  CINQUIÈME. 

« règles,  et  avec  les  prières  et  les  substances  voulues,  c’est  ce  Dieu 
« unique,  invoqué  sous  tant  de  noms  divers,  ce  Dieu  dispensateur  de 
« tous  les  biens  et  accompli  en  lui-même,  qui  s'en  empare  avec  joie. 

27.  « Il  donne,  il  est  vrai,  aux  hommes  ce  qu’ils  lui  demandent. 
• Ce  n’est  pas  toutefois  le  bien  suprême,  puisqu’on  le  sollicite  encore 
«après  avoir  obtenu  ses  dons;  mais  il  accorde  de  lui-même  à ses 
«adorateurs  qui  ne  désirent  rien,  la  possession  de  ses  pieds  qui  fait 
« cesser  tous  les  désirs. 

28.  • Puisse,  s'il  nous  reste  quelque  temps  à jouir  du  bonheur  du 
«ciel  comme  récompense  de  nos  sacrifices  bien  accomplis,  de  nos 
« hymnes  et  de  nos  bonnes  œuvres,  puisse  ce  temps  s’échanger  contre 
« une  existence  consacrée  au  souvenir  de  Mari,  dans  le  Varcha  d’Adja- 
« nâbha,  où  ce  Dieu  accorde  la  félicité  à ceux  qui  le  servent!  » 

29.  Quelques-uns,  ô roi,  comptent  dans  le  Djambudvîpa  huit 
Dvîpas  secondaires,  qui  furent  formés  par  les  fils  de  Sagara,  lorsque 
cherchant  le  cheval  [perdu],  ils  creusèrent  la  terre  de  toutes  parts. 

50.  On  les  nomme  Svarnaprastha,  Tchandraçukla,  Avatrana,  Ha- 
manaka,  Mandaraharina,  Pâûtchadjanya,  Simhala  et  Lagkâ. 

51.  Je  viens  de  te  décrire,  ô le  meilleur  des  fils  de  Bharata,  les 
divisions  du  Djambudvîpa,  ainsi  qu’on  me  les  a enseignées. 


FIN  PC  DII-NEUVlÉME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 
DESCRIPTION  ni'  DJAMBUDVÎPA , 

PANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  TIRANA  . 

LE  BIENHEUREUX  BiiÀGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA. 


5t. 


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252 


LE  BHÂGAVATA  PÜRÀNA. 


CHAPITRE  XX. 

DESCRIPTION  DES  MERS  ET  DES  TERRES. 


1.  Le  Rïchi  dit  : Je  vais  maintenant  énumérer  les  Varchas  ou  di- 
visions du  Plakcha  et  des  autres  Dvîpas,  en  en  donnant  la  mesure, 
la  description  et  la  forme. 

2.  Le  Djarnbudvïpa  est,  dans  toute  son  étendue,  entouré  par  la 
mer  d’eau  salée,  comme  le  Mêru  l’est  par  le  fleuve  Djambù.  Or  la 
mer  salée  elle-même  est  entourée  par  le  Plakcba  Dvîpa,  qui  a deux 
fois  son  étendue,  comme  un  fossé  l’est  par  un  bois  situé  sur  son  bord 
extérieur.  Le  figuier  Plakcha,  qui  donne  son  nom  à ce  Dvîpa,  a la 
hauteur  du  Djambù  et  est  entièrement  d’or;  c’est  là  que  se  trouve 
Agni  aux  sept  langues  de  feu.  Le  roi  de  ce  Dvîpa,  Idhmadjihva,  fils 
de  Priyavrata,  ayant  divisé  son  continent  en  sept  Varchas,  les  distri- 
bua entre  ses  sept  fils,  qui  leur  donnèrent  chacun  leur  nom,  et  se 
retira  du  monde  pour  se  livrer  à la  pratique  de  l’union  avec  l’Esprit. 

5.  Les  sept  Varchas  se  nommèrent  Çiva,  Yavayasa,  Subhadra, 
Çânta,  Kchêma,  Amrïta,  Abhaya;  on  y compte  sept  montagnes  et 
sept  fleuves. 

4.  Manikûta,  Vadjrakûta,  Indrasêna,  Djyôlichmat,  Suparna, 
Hiranyachthîva,  Mêghamàla,  sont  les  montagnes  qui  forment  les 
barrières  de  ces  Varchas;  Arunâ,  Nrîmanâ,  Aggirasî,  Sâvitrî,  Supra- 
bhâtâ,  Rïtambharâ,  Satyaiîibliarà , en  sont  les  grands  fleuves.  Les 
quatre  classes  des  habitants  de  ces  Varchas,  les  Haiîisas,  les  Pataiïi- 
gas,  les  Ûrdhvàyanas  et  les  Satyâggas,  purifiés  par  ces  eaux  de  la 
Passion  et  des  Ténèbres,  vivant  mille  années,  ayant  un  extérieur  et 
des  enfants  semblables  aux  Immortels,  sacrifient,  avec  le  triple  Vêda, 
au  divin  soleil  qui  est  formé  lui-même  par  les  Vêdas,  qui  est  l'Esprit 
et  la  porte  du  ciel,  [en  disant:] 


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253 


LIVRE  CINQUIÈME. 

5.  ■ Nous  implorons  le  soleil,  cette  forme  de  l'antique  Vichnu,  du 
« vrai,  du  juste,  du  Vêda,  de  l'immortalité,  de  la  mort,  qui  est  l’Esprit.  • 

6.  Dans  le  Plakclia  et  dans  les^inq  autres  Dvîpas,  les  hommes 
ont  ce  qu'on  appelle  les  dons  de  la  vie,  des  sens,  de  la  vigueur, 
de  l’énergie,  de  la  force,  de  l’intelligence,  de  l’héroïsme,  et  tous  en 
jouissent  indistinctement  et  par  le  fait  seul  de  leur  naissance. 

7.  Le  Plakcha  est,  dans  toute  son  étendue,  entouré  par  la  mer 
de  jus  de  canne  à sucre,  qu’entoure  également  le  Dvîpa  Çâlmala,  qui 
a le  double  de  largeur  de  cette  mer,  et  qui  est  lui-même  environné 
par  l’océan  de  liqueur  enivrante. 

8.  Là  est  le  cotonnier  Çâlmalî,  qui  a l’étendue  du  Plakcha,  et  que 
l’on  dit  être  la  demeure  du  divin  roi  des  oiseaux , qui  chante  les 
hymnes  du  Vêda;  cet  arbre  donne  son  nom  à ce  Dvîpa. 

9.  Le  souverain  de  ce  continent,  Yadjhabâhu,  fds  de  Priyavrata, 
partagea  entre  scs  fils  les  sept  Varchas  dont  il  se  compose,  et  qui 
reçurent  d'eux  les  noms  de  Surôtchana,  Sâumanasya,  Ramanaka, 
Dêvavarcha,  Pàribhadra,  Âpyâyaua,  Abliidj nâta. 

10.  On  y compte  sept  montagnes  qui  en  forment  les  limites,  savoir: 
Svarasa,  Çataçrïgga,  Vâinadêva,  Kunda,  Kumuda,  Puchpavarcha,  Sa- 
hasraçruti;  et  sept  rivières  qui  sont  : Anumati,  Sinîvâlî,  Sarasvatî, 
Kuhû,  Radjanî,  Nandâ  et  Râkà. 

11.  Les  habitants  de  ces  Varchas,  qui  se  nomment  Çrutadharas, 
Vîryadharas,  Vasumdharas  et  lchamdharas,  sacrifient  avec  le  Vêda 
au  divin  Sôma  qui  est  formé  par  les  Vêdas  et  qui  est  l’Esprit,  [en  di- 
sant :] 

12.  « Qne  le  roi  Sôma,  qui,  sous  sa  forme  noire  et  blanche,  distri- 
< bue  la  nourriture  aux  Pitrïs  et  aux  Dêvas  ainsi  qu’à  tous  les  êtres, 
• se  montre  à nous  avec  ses  rayons  ! > 

îs.  En  dehors  de  la  mer  de  liqueur  enivrante  est  le  Kuça  Dvîpa, 
qui  a le  double  de  largeur,  et  qui  est  lui-même  entouré  par  la  mer 
de  beurre  clarifié.  C’est  là  qu’est  la  tige  de  Kuça,  œuvre  des  Dieux, 
qui  donne  son  nom  à ce  continent,  et  qui  semblable  à un  autre  Dieu 
du  feu,  illumine  tout  l'horizon  de  l’éclat  de  ses  épis. 

14.  Le  souverain  de  ce  Dvîpa,  Hiranyarêlas,  fils  de  Priyavrata, 


254 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

après  avoir  partagé  entre  ses  fils  les  sept  Varchas  dont  il  se  compose, 
se  livra  lui-même  à la  pénitence. 

15.  Vasu,  Vasudâna,  DrïdhaAtchi,  JSâbhigupta,  Stutyavrata,  Vi- 
viktanâman  et  Dêvanâman,  sont  les  noms  de  ces  Varchas  qui  ont 
pour  limites  les  sept  monts  Tchakra,  Tchatuhçrïgga,  Kapila,  Tchitra- 
kùta,  Dêvânîka,  Ûrdhvarôrnan  et  Dravina. 

16.  Leurs  fleuves  sont  : la  Rasakulyâ,  la  Madhukulyâ,  la  Mitra- 
vindâ,  la  Çrutavindâ,  la  Dêvagarbhâ,  la  Ghrîtatchyutâ  et  la  Mantra- 
raâlâ.  C’est  avec  leurs  eaux  que  les  habitants  du  Kuça  Dvîpa,  nom- 
més les  Kuçalas,  les  Kôvidas,  les  Abhiyuktas  et  les  Kulakas,  sacrifient 
par  la  perfection  de  leur  vertu  à Bhagavat,  manifesté  sous  la  figure 
de  Djâtavêdas  (le  feu),  [en  disant  :] 

17.  « Tu  es,  certainement,  ô Djâtavêdas,  celui  qui  porte  l’offrande 
■ au  suprême  Brahma  : sacrifie  donc  par  le  sacrifice  des  Dêvas  à Pu- 
« rucha,  dont  les  Dêvas  sont  les  membres.  * 

t8.  Au  delà  est  le  Krâuntcha  Dvîpa,  qui  a le  double  de  largeur,  et 
qui  est  dans  toute  son  étendue  environné  par  la  mer  de  lait,  comme 
le  Kuça  l’est  par  la  mer  de  beurre  clarifié;  c'est  là  qu’est  le  Krâun- 
tcha,  ce  roi  des  montagnes,  qui  donne  son  nom  au  continent. 

19.  Quoique  les  flancs  et  les  bocages  de  cette  montagne  fussent 
ébranlés  par  le  glaive  de  Cuba , elle  fut  préservée  et  raffermie  par 
le  bienheureux  Varuna,  qui  l’aspergea  de  quelques  gouttes  prises 
dans  la  mer  de  lait. 

20.  Le  roi  de  ce  Dvîpa,  Ghrïtaprïchtha,  fils  de  Priyavrata,  après 
avoir  divisé  son  royaume  en  sept  Varchas,  y établit  comme  souve- 
rains ses  fils,  qui  donnèrent  chacun  leur  nom  à un  Varcha;  et  devenu 
Bhagavat  lui-même,  il  se  réfugia  sous  le  lotus  des  pieds  du  bien- 
heureux Hari,  à qui  appartient  la  gloire  de  la  vertu  suprême,  et  avec 
lequel  il  s’était  identifié. 

21.  Ama,  Madhuruha,  Mêghaprîchtha , Sudhâman , Bhrâdjichtha, 
Lôhitârna  et  Vanaspati  furent  les  fils  de  Ghrïtaprïchtha;  on  compte 
dans  leurs  Varchas  sept  montagnes  et  sept  fleuves.  Çukla,  Vardha- 
mâna , Bhôdjana,  L'pavarhana,  Nanda,  Nandana,  Sarvatôbhadra 
sont  les  montagnes. 


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255 


LIVRE  CINQUIÈME. 

22.  Abhayâ,  Amrïtâughâ,  Aryakâ,  Tîrthavatî,  Rûpavatî,  Pavitra- 
vatî,  Çuklâ,  sont  ces  lleuves  dont  l’eau  purifiante  et  saine  est  em- 
ployée par  les  Puruchas,  les  Rïchahhas,  les  Dravinas  et  les  Dèvakas, 
habitants  de  ces  Varchas,  lorsqu’ils  sacrifient  au  Dieu  qui  est  l'eau 
même,  avec  leurs  mains  réunies  et  remplies  d’eau,  [en  disant:] 

23.  «Eaux,  qui  purifiez  la  terre,  l’atmosphère  et  le  ciel,  vous  êtes 

* douées  de  l’énergie  de  Purticha  ; purifiez,  en  détruisant  nos  péchés, 
« nos  corps  mêmes  qui  vous  louchent.  > 

24.  Au  delà  de  la  mer  de  lait  est  le  Çâka  Dvîpa  qui  l’entoure,  et 
qui  a trente-deux  mille  Lakchas  de  Yôdjanas  d’étendue;  il  est  lui- 
même  environné  par  la  mer  de  crème.  C’est  là  qu’est  l’arbre  nommé 
Çâka,  qui  donne  son  nom  à ce  Dvîpa,  et  dont  l’odeur  excellente 
parfume  tout  ce  continent. 

25.  Le  roi  de  ce  Dvîpa  fut  Mêdhàtithi,  fils  de  Priyavrata;  l'ayant 
divisé  en  sept  Varchas,  qui  prirent  les  noms  de  ses  fils  et  qui  s’appe- 
lèrent Purôdjava,  Manôdjava,  Pavamâna,  Dhûmrânîka, Tchitrarêpha, 
Bahurûpa  et  Viçvadhâra,  il  les  y établit  rois,  et  lui-même  fixant  sa 
pensée  sur  Bhagavat,  l’Être  infini,  il  se  retira  dans  la  forêt  pour  faire 
pénitence. 

26.  Il  y a sept  montagnes  servant  de  limites  à ces  Varchas,  ainsi 
que  sept  lleuves.  Les  montagnes  sont  : lçâna,  Uruçrïgga,  Balabhadra, 
Çatakèçara,  Sahasrasrôlas,  Dêvapâla  et  Mahânasa. 

27.  Anaghâ,  Ayurdâ,  Ubhayasprïchti , Aparâdjitâ,  Pantchapadi, 
Sahasrastuti  et  Nidjadhrïti  en  sont  les  lleuves. 

28.  Les  Rïtavratas,  les  Satyavratas,  les  Dânavratas  et  les  Anuvratas , 
qui  habitent  ces  Varchas,  se  purifiant  de  la  Passion  et  des  Ténèbres 
en  se  rendant  maîtres  de  leur  souille,  sacrifient,  au  moyen  d’une 
méditation  profonde,  à Bhagavat  qui  est  le  vent,  [et  disent  :] 

29.  «Que  celui  qui  étant  entré  au  sein  de  tous  les  êtres,  les  sou- 

* tient  par  ses  mouvements  divers,  que  ce  modérateur  interne  qui 

* est  le  Seigneur  même,  nous  protège,  nous  qui  sommes  manifeste- 

* ment  sous  sa  dépendance  ! » 

50.  Au  delà  de  la  mer  de  crème  est  le  Puchkara  Dvîpa,  qui  a en 
largeur  le  double  de  cette  mer,  et  qui  est  lui-même  entouré  à l’exlé- 


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256 


LE  BHÀGAVATA  PL  R AN  A. 

rieur  par  la  mer  d'eau  douce;  là  est  le  grand  lotus  qui  a des  millions 
de  pétales  d’or  aussi  purs  que  les  flammes  du  feu , et  qui  sert  de 
siège  à Bhagavat  paraissant  sous  la  forme  de  Kamalâsana  (Brahma). 
Au  milieu  de  ce  Dvîpa  s’élève , à une  hauteur  de  dix  mille  Yôdjanas 
et  avec  une  largeur  pareille,  un  mont  unique  nommé  Mânasôttara, 
lequel  sert  de  limite  aux  deux  Varchas  situés  au-dessous  et  au-dessus 
de  lui.  C’est  sur  cette  montagne  que  sont  placées,  aux  quatre  points 
de  l’horizon,  les  quatre  villes  des  Gardiens  du  monde,  Indra  et  les 
autres,  au-dessus  desquelles  le  cercle  de  l’année,  tracé  par  le  char 
du  soleil  tournant  autour  du  Mêru,  accomplit  sa  révolution  en  dis- 
tribuant aux  Dieux  le  jour  et  la  nuit. 

51.  Le  souverain  de  ce  Dvîpa,  Vîtihôtra,  fds  de  Priyavrata,  eut 
deux  fils,  Bamanaka  et  Dhâtaki,  qu’il  établit  rois  chacun  sur  un 
Varcha,  pour  se  livrer  lui-même,  ainsi  que  ses  frères  aînés,  à la  pra- 
tique des  œuvres  consacrées  à Bhagavat. 

52.  Les  habitants  de  ce  Varcha  honorent  Bhagavat  sous  la  forme 
de  Brahma,  au  moyen  du  sacrifice  qui  les  associe  à sa  personne,  et 
ils  prononcent  les  paroles  suivantes  : 

53.  « Adoration  à ce  Bhagavat  dont  l’homme  doit  vénérer  le  signe 
« qui  est  la  cérémonie  qui  le  constitue,  le  signe  de  Brahmâ,  dont  le 
« terme  est  le  Dieu  unique  et  qui  est  lui-même  un  et  calme  ! » 

34.  Au  delà  de  la  mer  d’eau  douce  est  la  montagne  nommée  Lôkâ- 
lôka , qui  s’étend  en  cercle  entre  les  régions  éclairées  par  le  soleil 
et  celles  qui  ne  le  sont  pas. 

35.  Là  est  une  autre  terre  toute  d’or,  qui  ressemble  à la  surface 
d’un  miroir,  et  dont  l’étendue  égale  celle  de  l’espace  compris  entre 
le  Mêru  et  le  Mânasôttara.  Tout  objet  quelconque  qu’on  y dépose  ne 
se  revoit  plus;  aussi  n’a-l-elle  jamais  eu  aucun  habitant. 

36.  L’expression  composée  de  Lôkâlôka  vient  de  ce  que  les  régions 
éclairées  par  le  soleil,  et  celles  qui  ne  le  sont  pas,  sont  distinguées 
par  cette  chaîne  qui  les  sépare. 

57.  Elle  a été  posée  par  le  Seigneur  sur  la  limite  des  trois  mondes 
qu’elle  entoure,  pour  que  les  rayons  de  la  troupe  des  astres  que  pré- 
cède le  soleil  et  que  termine  Dhruva,  en  éclairant  les  trois  mondes 


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257 


LIVRE  CINQUIÈME. 

placés  en  dedans  dé  celle  enceinte,  ne  pussent  jamais  se  porter  au 
delà,  tant  est  grande  sa  hauteur  et  sa  largeur. 

58.  Telles  sont  la  mesure,  la  forme  et  la  situation  de  l’ensemble  de 
l'univers,  telles  que  se  le  représentent  les  chantres  inspirés;  la  chaîne 
du  Lôkàlôka  a [en  largeur]  le  quart  de  la  superficie  de  la  terre,  qui  a 
cinquante  fois  dix  millions  [de  Yôdjanas], 

59.  Au  delà  de  cette  chaîne,  aux  quatre  points  de  l’horizon,  le 
Dieu  né  de  lui-même,  le  précepteur  de  tous  les  mondes,  a placé  les 
rois  des  éléphants,  Rîchabha,  Puchkaratchùda.Vàmanaet  Aparàdjita, 
qui  soutiennent  la  totalité  de  l’univers. 

40.  Là  pour  augmenter  les  diverses  énergies  des  Gardiens  de  l'u- 
nivers, qui  sont  des  manifestations  de  sa  substance,  Uhagavat,  te 
suprême  Vfahàpurucha,  l’époux  de  la  grande  Vibhûti,  le  modérateur 
interne,  entouré  des  chefs  de  son  assemblée,  tels  que  Viclivaksêna  et 
les  autres,  revêtant  sa  forme  pure  que  constituent  les  huit  perfec- 
tions de  la  justice,  de  la  science,  du  détachement,  de  la  puissance 
et  des  autres  vertus,  et  que  caractérisent  des  bras  parés  de  ses  excel- 
lentes armes,  Bhagavat  réside  sur  la  première  des  montagnes  pour 
la  félicité  de  tous  les  mondes; 

41.  C’est-à-dire  qu'il  conserve  cette  forme  jusqu’à  la  fin  du  Kalpa, 

pour  la  garde  des  diverses  pratiques  du  monde,  dont  sa  mystérieuse 
Mâvâ  est  l'auteur.  # 

42.  L'étendue  de  la  terre  en  dedans  [des  monts  Lôkâlôkas]  donne 
celle  des  régions  situées  en  dehors  de  cette  chaîne,  que  n’éclaire 
pas  le  soleil  ; au  delà  on  place  la  voie  pure  des  chefs  du  Yôga. 

45.  Placé  au  centre  de  l’œuf  du  inonde,  le  soleil- occupe  la  partie 
de  l'espace  qui  s’étend  entre  le  ciel  et  la  terre;  à partir  du  soleil 
jusqu'à  l’enveloppe  de  l’œuf,  on  compte  vingt-cinq  fois  dix  millions 
de  Yôdjanas. 

44.  Mârtandia  est  le  surnom  que  l’on  donne  au  soleil,  parce  qu’il 
est  fixé  au  centre  de  cet  œuf  inerte;  [Brahmâ  se  nomme]  Iliranya- 
garbha , parce  qu’il  est  sorti  de  l’œuf  d’or. 

45.  C’est  le  soleil  qui  sert  à distinguer  les  uns  des  autres  les  points 
de  l’espace,  l’atmosphère,  le  ciel,  la  terre,  les  lieux  assignés  aux 


258  LE  BHÀGAVATA  PGHÀNA. 

jouissances  célestes  ou  à la  délivrance,  les  Enfers  et  les  demeures 
de  l’Abîme. 

(te.  Le  soleil  est  l’âîne,  l'œil  et  le  souverain  de  tous  les  êtres  doués 
de  vie,  Dieux,  animaux,  hommes,  reptiles  et  végétaux. 


PIN  DO  VINGTIÈME  CHAPITRE.  AVANT  POUR  TITRE: 
DESCRIPTION  DES  MERS  ET  DES  TERRES. 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PUR  SNA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀ5A. 


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LIVRE  CINQUIEME 


259 


CHAPITRE  XXI. 

DESCRIPTION  DU  CHAR  DU  SOLEIL. 

1.  Çuka  dit  : Je  viens  d'exposer,  en  en  donnant  la  mesure  et  la 
description , la  composition  de  l'enceinte  de  la  terre.  Ceux  qui  con- 
naissent ce  sujet,  donnent  d’après  cette  mesure  celle  de  la  sphère 
du  ciel  ; 

2.  De  même  qu’on  mesure  l’une  par  l’autre  deux  feuilles  de  Nich- 
pâva  ou  d’une  plante  semblable;  ils  placent  entre  le  ciel  et  la  terre, 
l'atmosphère  qui  tient  à l’un  et  à l'autre. 

5.  Fixé  au  milieu , le  divin  chef  des  astres,  source  de  chaleur, 
échauffe  de  ses  rayons  et  éclaire  de  sa  lumière  les  trois  mondes; 
montant,  descendant  ou  restant  dans  une  situation  intermédiaire, 
selon  les  temps,  et  suivant  que  sa  marche,  qui  prend  les  noms  de 
septentrionale,  méridionale,  équinoxiale,  est  lente,  rapide  ou  uni- 
forme, le  soleil  produit  la  brièveté,  la  longueur  ou  l’égalité  des  jours 
à l’égard  des  nuits,  selon  qu’il  entre  dans  les  Poissons  ou  dans  les 
autres  signes.  . - ■ 

h.  Quand  il  est  dans  le  Bélier  ou  dans  la  Balance,  les  jours  sont 
égaux  aux  nuits;  quand  il  entre  dans  les  cinq  signes  dont  le  Taureau 
est  le  premier,  alors  les  jours  croissent,  et  les  nuits  diminuent  d'un 
Ghatikâ  ( 2 k minutes)  par  mois. 

5.  Lorsqu'il  est  dans  les  cinq  signes  qu’ouvre  le  Scorpion , ce  sont 
les  jours  qui  diminuent  et  les  nuits  qui  augmentent. 

6.  L'accroissement  des  jours  commence  pendant  sa  marche  méri- 
dionale, celui  des  nuits  pendant  sa  marche  septentrionale. 

7.  On  donne  neuf  Kôtis  cinquante  et  un  Lakchas  de  Yôdjanas  à 
la  révolution  du  soleil  autour  du  mont  Mânasôttara;  c’est  sur  cette 
montagne  qu'on  place  la  ville  d’Indra,  nommée  Dêvadhânt,  à l’est 

33. 


260 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

du  Mêru;  celle  de  Yama,  nommée  Samyamanî,  au  sud;  à l’ouest 
celle  de  Varuna,  nommée  Nimlôtckan!  ; au  nord  celle  de  Sômaf  nom- 
mée Vibhâvari.  Dans  ces  villes,  les  divisions  du  jour  en  matin,  iifKli . 
soir  et  minuit,  qui  sont  les  causes  de  l'activité  et  du  repos  de*  êtres 
vivants,  sont  déterminées  d’après  le  temps  et  d’après  leur  position 
relativement  aux  quatre  coins  du  Mêru. 

8.  Quand  le  soleil  est  à midi,  il  éclaire  toujours  les  habitants  du 
Mêru,  autour  duquel  il  tourne,  en  se  dirigeant  vers  la  gauche  et  en 
le  laissant  a sa  droite. 

9.  Quand  il  se  lève  pour  un  point,  il  se  couche  pour  le  point  si- 
tué à l’extrémité  opposée  du  diamètre  de  sa  course;  quand  il  échauffe 
de  manière  à exciter  la  sueur,  il  cause  le  plus  profond  sommeil  au 
point  opposé  de  ce  même  diamètre;  arrivé  à ce  dernier  point,  il  est 
tout  à fait  invisible  aux  hommes  [du  côté  opposé]. 

10.  Lorsqu'il  quitte  la  ville  d’Indra,  il  franchit  en  quinze  Ghati- 
kàs  un  espace  de  deux  Kôlis  un  quart,  douze  Lakchas  et  demi  de 
Yùdjanas  et  plus,  pour  arriver  à celle  de  Yama. 

11.  De  là  il  se  dirige  vers  la  ville  de  Varuna,  puis  vers  celle  de 
Sôma,  pour  revenir  de  nouveau  à celle  d’Indra;  et  de  même  la  lune 
et  les  autres  planètes  se  lèvent  et  se  couchent  dans  la  sphère  des 
astres,  avec  les  Nakchatras. 

12.  C’est  ainsi  que  le  char  du  soleil  que  forment  les  trois  Vêdas, 
visite  successivement  les  quatre  villes;  il  parcourt  en  un  Muhûrta 
(48  minutes)  trente-quatre  Lakchas  huit  cents  Yôdjanas. 

13.  On  lui  donne  une  roue  qui  est  l’année,  douze  rais,  six  jantes 
et  trois  moyeux  ; l'essieu , auquel  est  adaptée  la  roue  du  char  du  soleil 
qui  marche  comme  la  roue  d’un  moulin  à huile,  repose  d'un  coté 
sur  le  sommet  du  Mêru  et  de  l’autre  sur  celui  du  Mânasôttara  au- 
dessus  duquel  il  accomplit  sa  révolution. 

14.  A cet  essieu  est  fixée  l’extrémité  d’un  second  essieu,  semblable 
à l’essieu  d’un  moulin  à huile , qui  est  le  quart  du  premier  et  dont 
la  partie  supérieure  est  attachée  à Dhruva. 

15.  Le  coffre  de  ce  char  a trente-six  Lakchas  de  Yôdjanas  de  long, 
et  quatre  fois  moins  de  largeur;  cette  dernière  mesure  est  celle  du 


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LIVRE  CINQUIÈME.  261 

joug  auquel  sont  attachés  les  sept  chevaux,  nommés  chacun  du  nom 
d'un  mètre  védique,  qui  dirigés  par  Aruna,  traînent  le  divin  soleil. 

16.  Placé  en  avant  ou  en  arrière  du  soleil,  Aruna  remplit  l’olhce 
de  cocher. 

17.  Les  Vâlikhilyas,  ces  Rïchis  hauts  comme  la  phalange  du  pouce, 
précèdent  le  soleil  au  nombre  de  soixante  mille,  pour  chanter  les 
hymnes  et  célébrer  ses  louanges. 

18.  Et  de  même  deux  autres  troupes  formées  chacune  d’un  liichi, 
d'un  Gandharva,  d’une  Apsaras,  d’un  Nâga,  d’un  Grâmanî,  d’un 
Démon  et  d’un  Dêva,  en  tout  quatorze  Génies,  viennent  deux  fois  par 
mois  avec  leurs  noms  distincts , honorer  par  des  devoirs  spéciaux  el 
sous  ses  noms  divers,  le  divin  Soleil  qui  est  l’Esprit. 

19.  La  circonférence  de  la  terre  est  de  neuf  Kôlis  et  demi  plus  un 
Lakcha  de  Yûdjanas;  le  soleil  franchit  en  un  instant  deux  mille  Yô- 
djanas  et  un  Gavyûti  (8ooo  coudées  ou  le  quart  d’un  Yôdjana). 

FIS  ne  VINGT  ET  UNIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  ■ 

DESCRIPTION  DU  CHAR  DO  SOLEIL  . 

DANS  I.E  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  Pt  RÂNA  . 

LE  BIRNItECHEGX  BIIÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHlli  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


262 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  XXII. 


DESCRIPTION  DE  LA  SPHERE  DES  ASTRES. 


1 . Le  roi  dit  : Gomment  comprendre  la  description  que  tu  as  faite , 
quand  tu  as  dit  que  le  divin  soleil,  tournant  autour  du  Mêru  et  de 
Dhruva  en  les  laissant  à sa  droite,  marche  à gauche,  se  dirigeant 
vers  la  sphère  des  étoiles  ? 

2.  Le  sage  dit  : Tout  comme  les  fourmis  et  autres  insectes,  placés 
sur  une  roue  de  potier  qui  tourne,  tournent  avec  elle  et  suivent  en 
même  temps  des  directions  qui  leur  sont  propres,  puisqu'on  les  trouve 
sur  divers  points;  ainsi  le  soleil  et  les  autres  planètes,  placés  sur  la 
roue  du  Temps  qui  a pour  attributs  les  signes  et  les  Nakchatras, 
tournent  avec  elle  autour  de  Dhruva  et  de  Mêru,  en  les  laissant  à leur 
droite,  et  marchent  d'un  mouvement  qui  leur  est  propre,  puisqu’on 
les  voit  dans  un  Nakchatra  ou  dans  un  signe  différent. 

5.  C’est  le  bienheureux  Adipurucha,  Nâràyana  lui-même,  cet  être 
que  les  chantres  inspirés  désirent  connaître  à l’aide  du  Vêda,  qui 
pour  rendre  heureux  les  mondes,  divisant  en  douze  parties  sa  propre 
personne,  que  le  Vêda  constitue  et  qui  est  la  cause  de  la  perfection 
des  cérémonies,  donne  aux  six  saisons,  le  printemps  et  les  autres, 
leurs  attributs  distincts  selon  les  œuvres  qu’on  y doit  accomplir. 

4.  Les  hommes  qui  en  ce  monde,  suivant  les  règles  de  leur  caste 
et  de  leur  condition,  lui  sacrifient  avec  foi,  au  moyen  du  triple  Vêda, 
avec  de  grandes  ou  de  petites  cérémonies  conformes  à l’Ecriture,  et 
avec  les  développements  du  Yoga,  atteignent  bien  vite  au  bonheur. 

5.  Cet  être,  l’âme  des  mondes,  entrant  dans  la  roue  du  Temps  qui 
occupe  le  centre  de  l’atmosphère  entre  la  terre  et  le  ciel,  parcourt 
les  douze  mois,  qui  tirent  leurs  noms  de  ceux  des  signes  et  qui  sont 
les  portions  de  l'année  ; un  mois  est  la  réunion  de  deux  Pakchas , 


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265 


LIVRE  CINQUIÈME. 

un  jour  et  une  nuit  [des  Pitrfs],  ou  encore  la  durée  de  deux  Nakcba- 
tras  un  quart;  le  temps  que  le  soleil  met  à parcourir  un  sixième  des 
signes  zodiacaux,  est  une  saison,  l’une  des  portions  de  l’année. 

6.  On  appelle  marche  [méridionale  ou  septentrionale],  le  temps 
qu’il  met  à franchir  la  moitié  de  la  route  du  ciel  ; 

7.  Et  on  donne  les  noms  de  Samvatsara,  Parivalsara,  Idàvalsara, 
Anuvatsara  et  Vatsara,  au  temps  qu'il  met  à parcourir  complètement 
le  cercle  de  l’atmosphère  avec  celui  de  la  terre  et  du  ciel,  dans  sa 
course  lente,  rapide  ou  uniforme. 

8.  De  même  la  lune,  qui  est  à cent  mille  Yôdjanas  au-dessus  de 
la  sphère  du  soleil  marchant  dans  sa  course  impétueuse  plus  rapi- 
dement que  lui,  parcourt  l'année  solaire  en  deux  Pakehas,  un  mois 
en  deux  constellations  un  quart,  et  un  Pakcha  en  un  seul  jour. 

9.  Ou  bien,  faisant,  quand  ses  parties  se  remplissent,  le  jour 
des  Dieux  et  la  nuit  des  Pitrïs,  et  quand  elles  décroissent,  le  jour 
des  Pitrfs  et  la  nuit  des  Dieux,  ce  qui  résulte  de  ses  deux  Pakehas, 
cet  astre,  qui  est  le  souffle  et  la  vie  de  la  totalité  des  êtres  vivants, 
parcourt  en  trente  Muhûrtas  chacun  des  Nakchatras. 

10.  Cet  astre  est  le  bienheureux  Purucha  lui-même,  qui  est  formé 
de  seize  parties,  que  constituent  le  cœur,  la  nourriture  et  l’immorta- 
lité, qu’on  dit  en  un  mot  formé  de  l’ensemble  des  êtres,  parce  qu’il 
sait  faire  prospérer  la  vie  de  tous,  Dêvas,  Pitrfs,  hommes,  Bhûtas, 
animaux,  oiseaux,  reptiles  et  végétaux. 

11.  Au-dessus,  à trois  cent  mille  Yôdjanas  de  distance,  ont  été 
placés  par  le  Seigneur,  sur  la  route  du  Temps,  les  Nakchatras  qui 
laissent  de  même  le  Mèru  à leur  droite,  et  qui  avec  Abhidjit  sont  au 
nombre  de  vingt-huit. 

12.  Au-dessus,  à deux  cent  mille  Yôdjanas,  est  Uçanas  (Vénus), 
qui  marchant  comme  le  soleil,  le  précède,  le  suit  ou  l’accompagne, 
selon  que  la  course  de  ce  dernier  astre  est  rapide,  lente  ou  uniforme; 
toujours  favorable  aux  mondes,  faisant  d'ordinaire  pleuvoir,  cette 
planète  se  reconnaît  à la  régularité  de  sa  marche;  elle  dompte  la 
constellation  qui  refuse  la  pluie. 

15.  On  énumère  avec  Uçanas,  Budha  (Mercure),  le  fds  de  Sôma, 


264 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

qui  est  placé  plus  haut  à deux  cent  mille  Yôdjanas;  quand  cette 
planète,  ordinairement  heureuse,  se  sépare  du  soleil  et  le  précède, 
elle  annonce  des  malheurs  tels  que  des  tempêtes,  une  grande  abon- 
dance de  nuages  ou  de  la  sécheresse. 

14.  Au-dessus,  à deux  cent  mille  Yôdjanas,  se  voit  Aggâraka 
(Mars),  qui  lorsque  sa  marche  n’est  pas  oblique,  met  trois  Pakchas 
( un  mois  et  demi  ) à parcourir  chacun  des  douze  signes  ; ordinaire- 
ment funeste,  cette  planète  présage  des  malheurs. 

15.  Au-dessus,  à deux  cent  mille  Yôdjanas,  est  le  bienheureux 
Vrïhaspati  (Jupiter),  qui  lorsque  sa  marche  n’est  pas  oblique,  reste 
un  an  dans  chaque  signe  ; cette  planète  est  favorable  à la  race  des 
Brahmanes. 

16.  Au-dessus,  à deux  cent  mille  Yôdjanas,  est  l’astre  nommé 
à la  marche  lente  (Saturne),  qui  reste  trente  mois  dans  chaque 
signe,  et  qui  met  un  égal  nombre  d'années  à les  parcourir  tous;  il 
porte  ordinairement  le  trouble  dans  tous  les  cœurs. 

17.  Au  delà,  à onze  cent  mille  Yôdjanas  de  distance,  se  voient  les 
Rïchis,  qui  répandant  le  bonheur  dans  les  mondes,  tournent  en  la 
laissant  à leur  droite,  autour  de  la  demeure  suprême  du  bienheureux 
Vichnu. 


FIN  Dû  VINGT- DEUXIÈME  CHAPITRE  , AYANT  POUR  TITRE  : 
DESCRIPTION  DE  LA  SPHERE  DES  ASTRES, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PLRÂ^A , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


LIVRE  CINQUIÈME. 


265 


CHAPITRE  XXIII. 

CONSTITUTION  DE  Ç1ÇUMÂKA. 


1.  Çuka  dit  : Treize  cent  mille  Yôdjanas  au  delà  est  le  lieu  qu’on 
nomme  la  demeure  suprême  de  Vichnu,  où  le  grand  serviteur  de 
Bhagavat,  Dhruva,  fils  d’Uttânapâda , honoré  par  Agni,  Indra,  le 
Pradjâpati  Kaçyapa  et  Dharma , associés  tous  pour  une'  durée  pareille 
et  marchant  autour  de  lui  avec  respect  en  le  laissant  à leur  droite, 
réside  encore  aujourd'hui,  pour  tout  le  temps  du  Kalpa,  terme  de 
son  existence;  sa  grandeur  a été  décrite  dans  ce  poème. 

2.  Placé  par  le  Seigneur  comme  le  poteau  solide,  autour  duquel 
les  troupes  des  astres,  planètes  et  Nakchatras,  tournent  entraînées 
par  le  Temps  divin  dont  l’œil  ne  se  ferme  jamais  et  dont  la  course 
est  insensible,  il  resplendit  éternellement;  comme  les  bœufs  marchant 
autour  du  poteau  de  faire  auquel  ils  sont  attachés,  les  astres  par- 
courent, chacun  suivant  leur  position,  les  degrés  du  cercle  [céleste], 
pendant  l’espace  de  temps  que  forment  les  trois  divisions  du  jour. 

5.  C’est  ainsi  que  les  troupes  des  astres,  planètes  et  autres,  atta- 
chées par  un  lien  intérieur  et  extérieur  au  cercle  du  Temps,  tournent 
jusqu’à  la  fin  du  Kalpa,  poussées  par  le  veut,  autour  de  Dhruva  au- 
quel elles  sont  suspendues.  De  même  que  les  nuages  et  les  oiseaux 
se  meuvent  dans  le  ciel,  ceux-là  par  l’action  du  veut,  ceux-ci  sous 
la  direction  de  leurs  œuvres,  ainsi  les  astres,  soutenus  par  l’union 
de  la  Nature  et  de  l’Esprit,  et  suivant  la  voie  tracée  par  leurs  œuvres, 
ne  tombent  pas  sur  la  terre. 

4.  Quelques-uns  décrivent  cette  armée  des  astres  sous  la  figure  de 
Çiçumâra  (la  Tortue),  symbole  sous  lequel  on  se  représente  par  la 
méditation  du  Yôga  le  bienheureux  Vâsudêva. 

5.  A l’extrémité  de  la  queue  de  cet  animal,  dont  la  tête  se  dirige 

n.  34 


266 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

vers  le  sud  et  dont  le  corps  est  courbé  en  forme  d’anneau  , est  placé 
Dhruva;  le  long  de  sa  queue  sont  le  Pradjâpati,  Agni,  Indra,  Dharina, 
et  à la  racine,  Dhâtrî  et  Vidhâtri;  sur  ses  reins  sont  les  sept  Rïchis. 
Sur  le  côté  droit  de  son  corps,  ainsi  courbé  vers  le  sud,  on  place 
les  Nakchatras  qui  se  trouvent  sur  la  route  septentrionale  [du  soleil], 
et  sur  le  côté  gauche,  ceux  de  la  route  méridionale;  de  sorte  que  les 
deux  côtés  de  la  Tortue,  dont  le  corps  a la  forme  d’un  anneau,  sont 
composés  d’un  nombre  égal  de  parties;  sur  son  dos  est  AdjavfthS,  et 
de  son  ventre  sort  le  Gange  céleste. 

' e.  Les  Nakchatras  Punarvasu  et  Puchya  sont  sur  ses  flancs,  l’un 
à droite,  l’autre  à gauche;  Ardrâ  et  Açlêcliâ  sont  sur  les  deux  pieds 
de  derrière,  l’un  à droite,  l’autre  à gauche;  Abhidjit  et  Uttarâcliàdhâ 
sont  l’un  dans  la  narine  droite,  l'autre  dans  la  gauche;  Çravanâ  et 
Pûrvâchâdhà  sont  l’un  dans  l’oeil  droit,  l'autre  dans  l’œil  gauche; 
Dlianichthâ  et  Mûla,  l’un  dans  l’oreille  droite,  l’autre  dans  la  gauche. 
Les  huit  Nakchatras  du  sud,  en  commençant  par  Magha,  doivent 
être  placés  sur  les  côtes  de  gauche;  et  de  même  Mrigaçîrcha  et  les 
sept  autres  constellations  du  nord  doivent  être  placées  dans  le  sens 
contraire,  sur  celles  de  droite;  enfin  Çatabhichâ  et  Djyêchthâ  sont 
sur  l’épaule  droite  et  sur  l’épaule  gauche. 

7.  Agastya  est  dans  la  mâchoire  supérieure,  Yama  dans  celle  de 
dessous,  Aggàraka  dans  la  bouche,  la  planète  à la  marche  lente  dans 
l’anus,  Vrîliaspati  sur  le  dessus  du  col,  le  soleil  dans  la  poitrine,  Nâ- 
râyana  dans  le  cœur,  la  lune  dans  leManas,  Üçanas  dans  le  nombril, 
les  deux  Açvins  dans  les  mamelles,  Budha  dans  le  souffle  inspiré  et 
expiré,  llâhu  (l'éclipse)  dans  la  gorge,  les  Kêtus  (les  météores)  dans 
tous  les  membres,  et  la  totalité  des  étoiles  dans  les  poils. 

8.  Que  l’homme  chaque  jour,  au  Saindhyâ,  contemplant,  attentif 
et  silencieux,  cette  forme  du  bienheureux  Vichnu,  qui  se  compose 
de  toutes  les  Divinités,  l’honore  avec  cette  prière  : «Adressons  notre 
«adoration  au  monde  des  astres,  qui  est  la  marche  du  Temps,  qui 
« est  le  souverain  des  Dieux,  qui  est  Mahâpurucha.  * Celui  qui  hono- 
rera ainsi,  ou  qui  se  rappellera  trois  fois  les  trois  parties  du  Temps, 
qui  embrasse  les  planètes,  les  constellations,  les  étoiles,  qui  est  le 


267 


LIVRE  CINQUIÈME. 

plus  élevé  des  Dieux  et  qui  enlève  les  péchés  de  ceux  qui  récitent 
ce  Mantra,  verra  bien  vite  disparaître  les  fautes  qu’il  aurait  pu  com- 
mettre pendant  ce  temps. 


riN  ne  vingt  troisième  chapitre  , ayant  i*ock  titkk  : 

COSSTITCTIOS  DE  ÇIÇCMÀRA  , 

DANS  CE  CINQUIÈME  LIVRE  DC  GRAND  l'CRÀNA . 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA . 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHM.t  ET  COMPOSÉ  PAR  VïtsA. 

. * . P* 


H. 


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268 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  XXIV. 

DESCRIPTION  DES  REGIONS  DE  L'ABIME. 

1 . Çuka  dil  : Quelques-uns  disent  qu’au-dessous  du  soleil , à dix 
mille  Yôdjanas  de  distance,  Svarbhânu  (le  Démon  de  l’éclipse)  se 
meut  comme  une  constellation.  C'est  lui  qui,  grâce  à la  pitié  de 
Bbagavat,  obtint  l’immortalité  et  le  rang  de  planète,  quoique,  né 
de  Simhikâ  dans  la  misérable  race  des  Asuras , il  fût  indigne  de  cet 
honneur;  je  te  raconterai  plus  bas,  ami,  sa  naissance  et  ses  actions. 

2.  On  fixe  ainsi  en  détail  la  circonférence  du  disque  du  soleil  qui 
éclaire  ce  qui  est  au-dessous  de  lui,  à dix  mille  Yôdjanas;  celle  de  la 
lune  à douze  mille,  et  celle  de  Râhu  à treize  mille.  C’est  Râhu  qui 
s’interposant  entre  le  soleil  et  la  lune,  lorsqu'ils  sont  en  conjonction, 
se  précipite  sur  l’un  et  sur  l’autre  pour  satisfaire  sa  haine. 

5.  A cette  vue  Bhagavat  lui  lance  son  arme  chérie,  le  Sudarçana, 
qui  protège  celui  quelle  punit,  comme  celui  qu’elle  défend;  Râhu 
affronte  pendant  un  Muhûrta  la  roue  qui  tourne  sur  elle-même,  et 
que  la  splendeur  du  Dieu  rend  intolérable;  puis  tremblant,  le  cœur 
troublé,  il  fuit  au  loin  : c’est  là  ce  que  le  monde  appelle  l’Eclipse. 

i.  Au-dessous  et  à une  égale  distance  sont  les  demeures  des  Sid- 
dhas,  des  Tchâranas  et  des  Vidyâdharas. 

5.  Au-dessous  est  l’espace  où  se  meuvent  les  troupes  des  Yakchas, 
des  Rakchas,  des  Piçâtchas,  des  Prêtas  et  des  Bhûtas;  c’est  toute  la 
partie  de  l’atmosphère  où  le  vent  souffle,  où  paraissent  les  nuages. 

6.  Au-dessous  est  la  terre,  à une  distance  de  cent  Yôdjanas;  cette 
distance  est  la  limite  qu’atteignent  en  volant  les  oiseaux  de  premier 
ordre,  les  cygnes,  lés  vautours,  les  faucons  et  Garu4a. 

7.  Je  t'ai  décrit  la  forme  et  la  situation  de  la  terre;  au-dessous  se 
trouvent  encore  sept  cavités,  qui  ont  chacune  dix  mille  Yôdjanas  de 


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LIVRE  CINQUIÈME.  269 

profondeur,  et  qui  s’étendent  jusqu'à  [l’enveloppe  du  monde  j;  ce 
sont  Atala,  Vitala,  Sutala.Talâtala,  Mahâtala,  Rasâtala  et  Pàtâla. 

8.  Ces  cieux  souterrains  sont  peuplés  de  palais,  de  jardins  et  de 
lieux  où  l’on  joue,  qu’embellissent  des  plaisirs,  des  jouissances,  une 
grandeur,  une  béatitude,  une  prospérité  et  une  puissance  surnatu- 
relle, supérieurs  même  aux  biens  du  ciel;  c’est  le  séjour  des  Dâityas, 
des  Dânavas  et  des  fils  de  Kadru,  qui  au  milieu  de  la  joie  et  de  l’af- 
fection de  leurs  femmes,  de  leurs  enfants,  de  leurs  parents,  de  leurs 
amis  et  de  leurs  serviteurs,  se  livrent  aux  jeux  de  la  magie,  sans 
que  le  Seigneur  lui-même  interrompe  leurs  plaisirs. 

9.  Là  Maya  le  magicien  a créé  des  villes,  ô grand  roi,  où  les  pa- 
lais, les  enceintes,  les  portes,  les  salles,  les  arbres  consacrés,  les 
cours  et  les  autels  sont  formés  et  ornés  d’un  choix  des  plus  belles 
pierreries,  et  où  les  maisons  des  princes  de  l’Abîme  reposent  sur  un 
sol  factice  que  décorent  des  couples  de  Nâgas,  d’Asuras,  et  des  images 
de  colombes,  de  perroquets  et  de  Sàrikas. 

10.  Là  sont  des  jardins  parés  de  beaux  arbres,  dont  les  branches, 
que  des  lianes  serrent  de  leurs  étreintes,  plient  sous  le  poids  des 
fleurs,  des  fruits  et  des  rameaux  florissants,  et  dont  l’éclat  ravit 
le  cœur  et  les  sens.  Avec  leurs  lacs  aux  ondes  pures  peuplés  de 
couples  d’oiseaux  variés,  et  dont  la  surface,  couverte  de  nymphæas 
et  de  lotus  bleus,  blancs  et  rouges,  est  agitée  par  les  sauts  des 
poissons;  avec  ces  plaisirs  que  donnent  aux  sens  les  voix  douces  et. 
variées  des  oiseaux,  habitants  des  forêts  de  lotus,  qu’anime  une 
joie  qui  dure  toujours,  ces  jardins  surpassent  en  éclat  le  monde  des 
Immortels. 

11.  Là  sont  inconnus  les  dangers  qui  accompagnent  les  diverses 
divisions  du  temps,  telles  que  le  jour  et.  la  nuit. 

12.  Les  joyaux  précieux,  qui  ornent  la  tête  des  grands  chefs  des 
serpents,  y dissipent  entièrement  les  ténèbres. 

15.  Les  habitants  de  ces  régions,  grâce  à l’usage  qu'ils  font  de 
plantes,  de  sucs,  d’élixirs,  d'aliments,  de  boissons, .de  bains  et  d’autres 
préparations  divines,  sont  exempts  de  la  douleur,  des  maladies,  des 
rides,  de  la  blancheur  des  cheveux,  de  la  vieillesse,  des  changements 


270 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 
de  couleur,  (les  exlialaisons  désagréables,  de  la  transpiration,  de  la 
fatigue,  de  l’épuisement,  enfin  des  altérations  qu’amène  l’âge. 

■ 14.  La  mort  ne  peut  absolument  rien  contre  ces  êtres  fortunés,  à 
moins  quelle  ne  soit  causée  par  la  splendeur  de  Bhagavat,  qui  se 
cache  sous  son  Tchakra. 

15.  Quand  cette  arme  se  montre  au  milieu  d'eux,  les  femmes  des 
Asuras  effrayées  voient  leur  fruit  avorter  à quatre  ou  à cinq  mois. 

16.  Dans  Atala  réside  l'Asura  Bala,  fils  de  Maya;  c'est  lui  qui  a 
créé  en  ce  monde  les  quatre-vingt-dix-neuf  déguisements  magiques 
que  revêtent  encore  aujourd'hui  les  magiciens;  quand  il  bâilla,  il 
sortit  de  sa  bouche  trois  troupes  de  femmes,  les  adultères,  les  vo- 
luptueuses et  les  débauchées.  Ces  femmes,  après  avoir,  au  moyen  de 
la  liqueur  Hâtaka,  exalté  les  forces  de  l'homme  qui  est  entré  dans 
leur  demeure  souterraine,  le  comblent,  à leur  gré,  de  leurs  caresses, 
de  leurs  regards,  de  leurs  sourires  amoureux,  de  leurs  paroles  et  de 
leurs  embrassements.  Celui  qui  a pris  ce  breuvage,  croyant,  dans 
l’aveuglement  de  l'ivresse,  posséder  la  force  de  dix  mille  grands  élé- 
phants, s’écrie  ; «Je  suis  Içvara,  je  suis  un  Siddha.  » 

17.  Dans  la  sphère  suivante,  celle  de  Vital*,  Hara,  surnommé 
Hàtakêçvara,  entouré  de  la  troupe  des  Bhûtas  qui  composent  son 
assemblée,  réside  sous  la  forme  de  Bhava  réuni  à Bhavânî,  afin  de 
faire  prospérer  la  création  du  Pradjâpati  ; c’est  de  lui  que  sort  la  pre- 
mière des  rivières,  la  Ilâtakî,  produite  par  l’énergie  féconde  des  deux 
divinités.  Allumé  par  le  vent,  le  feu  boit  cette  eau;  et  ce  que  sa 
bouche  en  rejette  est  for  nommé  Hâtaka,  dont  se  parent  les  hommes 
et  les  femmes  dans  les  palais  des  chefs  des  Asuras. 

18.  Au-dessous  est  Sutala,  où  réside  encore  aujourd’hui  le  fils  de 
Virôtchaua,  Bali,  dont  la  renommée  est  illustre  et  la  gloire  pure. 
Bhagavat  désirant  satisfaire  Mahêndra,  avait  pris  un  corps  dans  le 
sein  d’Aditi,  et  paraissant  sous  la  figure  d'un  Brâhmane  nain,  il 
avait  expulsé  Bali  des  trois  mondes  usurpés  par  lui;  mais  il  le  replaça 
par  pitié  dans  cette  région,  où  comblé  des  gloires  d’une  prospérité 
inconnue  à Indra  et  aux  autres  Dieux,  ce  roi  honore  sans  crainte 
Bhagavat,  l'Être  adorable,  en  accomplissant  son  devoir. 


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LIVRE  CINQUIÈME.  271 

19.  Non,  cct  empire  sur  les  régions  souterraines  ne  fui  pas  la  ré- 
compense du  don  de  la  terre,  (un  tel  don  eût  valu  la  délivrance 
même,)  que  Bali,  plein  de  foi  et  l’esprit  pénétré  d’un  profond  res- 
pect, fit,  parce  qu'il  l’en  trouva  digne,  à Bkagavat,  qui  est  la  vie  et 
l’àme  de  tous  les  êtres  doués  de  vie,  à Vâsudêva,  l’âme  suprême,  le 
plus  saint  des  lieux  de  pèlerinage; 

20.  A.  celui  dont  l'homme,  empêché  par  une  chute,  par  un  défaut 
de  prononciation,  ou  par  la  nécessité  d’éternuer,  n’a  qu’à  pronon- 
cer une  seule  fois  le  nom,  pour  secouer  aussitôt  le  lien  des  œuvres, 
auquel  les  sages  ne  savent  échapper  que  par  d’autres  moyens; 

21.  A ce  Dieu,  l’âme  de  tous  les  hommes  maîtres  d’eux-mêmes, 
qui  partagent  ses  perfections;  à ce  Dieu  enfin  qui  donne  la  vie  et 
qui  est  la  première  des  âmes. 

22.  Bhagavat  ne  lui  accorda  pas  non  plus  sa  faveur,  puisqu’il  ne 
lui  donna  que  des  plaisirs  et  une  puissance,  œuvre  de  Mâyâ,  dont 
l’effet  est  d’enlever  à l’homme  le  souvenir  de  l’Esprit. 

23.  Quand  le  Dieu,  qui  ne  voyait  pas  d’autre  moyen  [de  le  sou- 
mettre], lui  eut,  par  une  demande  captieuse,  enlevé  les  trois  mondes, 
en  ne  lui  laissant  que  son  corps,  Bali  enveloppé  par  les  chaînes  de 
Varuna,  et  précipité  dans  la  caverne  de  la  montagne,  s'écria  : 

24.  • Certes  il  ne  connut  pas  bien  ses  intérêts  le  bienheureux 
« Indra,  qui  a pris  pour  conseiller  unique  Vrïhaspati  son  ami,  lors- 
« que  négligeant  Upêndra,  il  me  fit  demander  par  ce  Dieu  les  biens, 
« du  monde  pour  lui,  et  pour  moi  l’esclavage;  qu’est-ce  en  effet  que 
« les  trois  mondes,  limités  comme  ils  sont  à la  durée  d'un  Manvan- 
« tara,  cette  portion  d’un  temps  dont  la  rapidité  est  incalculable  ? 

25.  « Si  notre  aïeul  privé  dé  son  père,  que  Bhagavat  venait  de 
» mettre  à mort,  a mieux  aimé  être  esclave  du  Dieu,  parce  qu’il  pen- 
» sait  à sa  demeure  suprême,  que  de  recevoir  l'héritage  paternel, 

« dont  la  possession  tranquille  lui  était  assurée  par  Bhagavat, 

20.  « Comment  celui  qui  n’est  pas  plus  que  moi  purifié  de  ses 
« souillures  et  soutenu  par  la  faveur  de  Bhagavat,  pourrait-il  désirer 
«de  suivre  la  voie  de  ce  magnanime  personnage?» 

27.  On  exposera  plus  tard  en  détail  l'histoire  de  Bali,  à la  porte 


272  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

duquel  se  tient,  la  massue  en  main,  le  bienheureux  Nârâyana  lui- 
meme,  le  précepteur  de  tous  les  mondes,  dont  le  cœur  est  plein  de 
pitié  pour  ses  amis,  et  qui  vainqueur  jusqu'aux  limites  de  l'horizon , 
repoussa  d un  coup  de  pied,  à la  distance  d’un  million  de  Yôdjanas, 
le  Rakchas  aux  dix  têtes. 

28.  Plus  bas  que  Sutah  est  Talâlala,  où  le  chef  des  Dânavas,  Maya, 
le  roi  de  Tripura,  après  avoir  vu  ses  trois  villes  consumées  par  Bha- 
gavat  son  ennemi,  qui  voulait  le  bien  de  trois  mondes,  obtint  un 
asile  de  sa  bienveillance,  et  où  ce  maître  des  magiciens,  protégé  par 
Mabâdèva,  habite  dans  sa  gloire,  sans  craindre  l’arme  Sudarçana. 

29.  Au-dessous  est  Mahâtala,  où  vivent  quelquefois  sans  inquié- 
tude au  milieu  de  leurs  femmes,  de  leurs  enfants,  de  leurs  amis 
et  de  leurs  maisons,  les  Kuhakas,  les  Takchakas,  les  Kâliyas  et  les 
Suchênas,  chefs  de  la  troupe,  qu’on  nomme  colérique,  des  serpents 
à plusieurs  têtes,  ces  fds  de  Kadru,  à la  crête  large,  qu'effraye  in- 
cessamment le  roi  des  oiseaux,  monture  de  Viclinu. 

50.  Au-dessous  est  Rasâtala,  où  vivent  cachés  comme  des  serpents 
les  Gis  de  Diti,  les  Dânavas  et  les  Panis,  nommés  les  Nivâtakava- 
tchas,  les  Kâlêyas,  les  Hiranyapuravâsins,  ces  adversaires  des  Dieux, 
doués,  par  le  seul  fait  de  leur  naissance,  d’une  grande  vigueur  et 
d'une  énergie  extrême,  mais  dont  la  splendeur  de  Hari,  qui  étend  sa 
puissance  sur  tous  les  mondes , a brisé  l’orgueil  ; ils  tremblent  au 
nom  d'Indra,  que  font  entendre  les  aboiements,  semblables  à un 
Mantra,  de  Saramâ  la  chienne  messagère  de  ce  Dieu. 

51.  Au-dessous  est  le  Pâtâla,  qu  habitent  les  chefs  du  inonde  des 
Nâgas,  Çagklia,  Kulika,  Mahâçagkha,  Çvêta,  Dhanaindjaya,  Dlirïta- 
râchlra,  Çagkbatcbûda , Kambala,  Açvatara,  Dêvadatta  et  d'autres 
dont  Vàsuki  est  le  chef,  tous  ayant  de  larges  crêtes,  tous  pleins  d'un 
immense  courroux;  les  grands  joyaux  resplendissants  dont  sont  parées 
les  crêtes  de  ces  serpents  qui  ont  cinq,  sept,  dix,  cent  et  jusqu’à  mille 
têtes,  dissipent  par  leur  éclat  les  ténèbres  épaisses  qui  obscurcissent 
les  régions  souterraines  du  Pâtâla. 


Dinitbed  hy  (nOClglf 


LIVRE  CINQUIÈME. 


273 


CHAPITRE  XXV. 

GRANDEUR  DE  SAMK  ARCHANA.  * 

1.  Çuka  dit  : Au-dessous  de  cette  région,  à une  distance  de  trente 
mille  Yôdjanas,  réside  cette  portion  obscure  de  Bhagavat  qu’on  nomme 
Ananta;  ceux  qui  suivent  les  doctrines  des  Sâtvatas  l’appellent  Sam- 
karchana,  c’est-à-dire,  la  faculté  par.  laquelle  sont  unis  ensemble  le 
sujet  qui  voit  et  l'objet  qui  est  vu , et  qui  a pour  signe  la  personna- 
lité qu'on  appelle  le  moi. 

2.  C’est  sur  une  des  mille  têtes  de  Bhagavat,  qui  prend  la  forme 
d’Ananta,  que  repose  le  disque  de  la  terre,  qui  ne  paraît  pas  plus 
qu'un  grain  de  moutarde. 

3.  C’est  lui  qui  voulant  au  temps  marqué  détruire  l’univers,  a 
fait  apparaître  entre  ses  sourcils  qui  s’agitaient  flamboyants  de  cour- 
roux, Rudra,  nommé  Samkarchana,  formé  de  la  réunion  des  seize 
principes,  ayant  trois  yeux  et  agitant  son  javelot  à trois  pointes. 

4.  C’est  dans  les  miroirs  de  cette  multitude  de  diamants,  formés 
par  les  ongles  rouges  et  purs  de  ses  pieds  semblables  au  lotus,  que 
les  chefs  des  serpents  et  les  princes  des  Sâtvajas,  s’inclinant  avec  le 
sentiment  d'une  dévotion  profonde,  contemplent,  la  joie  dans  le 
cœur,  les  traits  de  leurs  ravissants  visages,  dont  les  joues  sont  ornées 
par  les  disques  lumineux  de  pendants  d’oreilles  étincelants. 

5.  C'est  lui  dont  les  filles  du  roi  des  serpents  ne  contemplent 
qu’avec  pudeur  le  visage  où  roulent  des  yeux  bruns,  au  regard  tendre, 
animés  par  la  joie  que  lui  inspire  l’ivresse  de  la  passion  qu’il  éprouve 
pour  elles,  lorsque  désirant  les  biens  qu’il  donne,  elles  couvrent  de 
la  pâte  d'Aguru,  de  santal  et  de  safran  les  colonnes  d’argent  de  ses 
bras  lisses,  gros,  blancs,  beaux  et  luisants,  où  brillent  d’élégants  bra- 
celets, et  que  ce  contact,  en  agitant  leur  cœur,  y fait  entrer  l’amour 
qu’expriment  leurs  beaux  et  gracieux  sourires. 

n. 


35 


27/i 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


6.  C'est  lui  enfin,  Ananta,  cet  océan  de  qualités  infinies,  le  pre- 
mier des  Dieux,  qui  contenant  l'impétuosité  de  sa  colère  et  de  son 
emportement,  habite  cette  région  pour  le  bonheur  des  mondes. 

7.  Objet  de  la  méditation  des  Suras,  des  Asuras,  des  Uragas,  des 
Siddhas,  des  Gandharvas,  des  Vidyâdharas  et  des  troupes  des  Solitaires, 
Ananta,  dont  les  regards  troublés  annoncent  la  joie  d’une  perpétuelle 
ivresse,  comble  de  l’ambroisie  de  ses  gracieuses  paroles  les  chefs  des 
troupes  des  Immortels  qui  forment  son  assemblée;  couvert  d'un  vête- 
ment bleu,  ayant  un  seul  pendant  d'oreille,  appuyant  son  bras  beau 
et  fortuné  sur  le  dos  d’un  soc  de  charrue,  cet  être  bienheureux,  dont 
les  jeux  sont  si  nobles,  porte,  semblable  à l'éléphant  de  Mahêndra, 
une  ceinture  d’or  et  sa  guirlande  Vâidjayantl,  faite  de  fleurs  des  bois, 
autour  de  laquelle  bourdonne  doucement  un  essaim  d’abeilles  eni- 
vrées par  le  doux  nectar  qui  s’échappe  de  la  Tulasî  toujours  nouvelle 
dont  la  fraîcheur  ne  se  fane  jamais. 

8.  Cet  Être  qui , lorsqu’on  en  fait  l’objet  de  sa  pensée,  après  l'avoir 
entendu  décrire  ainsi,  pénètre  dans  l'âme  de  ceux  qui  désirent  le  sa- 
lut, ety  tranche  le  lien  du  cœur  que  forment  les  qualités  de  la  Bonté, 
de  la  Passion  et  des  Ténèbres,  lien  produit  par  l’ignorance  et  que 
resserre  l’influence  des  actions  accomplies  depuis  un  temps  qui  n’a 
pas  eu  de  commencement,  cet  Etre,  dis-je,  a été  ainsi  célébré  par 
Nàrada,  fils  de  Svayatîibhû,  qui  avec  Tumburu  a chanté  sa  grandeur 
dans  l’assemblée  de  Brahma. 

0.  « Celui  sous  le  regard  duquel  la  Bonté  et  les  autres  qualités 
* de  la  Nature,  sont  devenues  les  causes  fécondes  de  la  naissance,  de 
« la  conservation  et  de  la  destruction  de  l’univers  ; celui  dont  la 
"forme  éternelle  est  incréée,  parce  qu’étant  unique,  elle  renferme 
« en  son  sein  la  pluralité  des  êtres,  comment  pourrait-on  connaître 
» sa  voie  ? 

10.  «Celui  qui,  dans  sa  grande  compassion  pour  nous,  a revêtu 
" la  formé  pure  de  la  Bonté  où  apparaît  cet  univers  qui  comprend  ce 
«qui  existe,  comme  ce  qui  n’existe  pas  pour  nos  organes,  et  qui 
« semblable  à un  lion  à la  noble  vigueur,  se  livre  à ces  jeux  élevés 
« pour  captiver  les  âmes  des  siens; 


LIVRE  CINQUIÈME.  275 

11.  «Ce  Çêcha,  enfin,  dont  le  nom  prononcé  par  un  homme  mal- 
heureux ou  déchu,  soit  pour  l’avoir  entendu,  soit  par  hasard,  ou 
» en  plaisantant,  efface  aussitôt  tous  ses  péchés,  n’est-il  pas  le  seul 
« auprès  duquel  celui  qui  veut  se  sauver  doive  chercher  un  asile? 

12.  « Qui  pourrait  énumérer,  eût-il  même  mille  langues,  les  hauts 
« laits  de  cet  être  immense,  doué  d’un  héroïsme  sans  limites  dans 
«son  infinité,  qui  a placé  sur  une  de  ses  mille  têtes,  comme  si 
• c'eût  été  un  atome,  le  glohe  de  la  terre  avec  ses  montagnes,  ses 
« fleuves,  ses  mers  et  ses  habitants? 

15.  «Telle  est  la  puissance  du  bienheureux  Ananta,  dont  la  ma- 
■ jesté  consiste  dans  des  forces  infinies  et  dans  des  qualités  immenses  ; 
«et  qui  maître  de  lui-même,  du  fond  de  l’Abîme  où  il  repose,  sou- 
« tient,  comme  en  se  jouant,  la  terre,  pour  lui  donner  un  appui.  • 

14.  Voilà  les  diverses  voies  que  les  hommes  qui  recherchent  les 
plaisirs  ont  à suivre  en  ce  monde,  selon  la  nature  de  leurs  actions; 
je  les  ai  décrites  comme  elles  m’ont  été  enseignées. 

15.  Je  t’ai  exposé,  en  effet,  ô roi,  pour  répondre  à ta  question, 
toutes  les  voies,  tant  supérieures  qu’inférieures,  qui  sont  les  récom- 
penses du  mérite  que  l’homme  s’est  acquis  par  ses  actions;  quelle 
autre  chose  te  dirai-je  maintenant? 


TOI  .DU  VINGT-CINQUIÈME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE  : 
GRANDEUR  DE  SAMKAACHAgA, 

DANS  I.E  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURINA. 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  RRAIIMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VtIsa. 


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276 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XXVI. 

DESCRIPTION  DES  ENFERS. 


1.  Le  roi  dit  : Quelle  est  la  cause,  ô grand  Rïchi,  de  ces  différentes 

voies  du  monde  ? - 

2.  Le  Rïchi  dit  : Ce  qui  diversifie  pour  tous  les  êtres  les  voies  de 
l'action,  c’est  le  plus  ou  moins  haut  degré  de  foi  dans  l’agent  qui 
agit  sous  l’influence  des  trois  qualités. 

3.  Et  de  même,  pour  l’injustice  dont  les  caractères  sont  opposés, 
c’est  la  différence  de  foi  dans  l’agent  qui  diversifie  la  récompense 
de  l’action;  en  effet,  je  vais  te  décrire  en  détail  les  milliers  de  voies 
qui  ont  été  préparées  pour  que  les  passions , produites  par  l’igno- 
rance qui  n’a  pas  de  commencement,  y trouvassent  leur  expiation. 

а.  Le  roi  dit  : Quel  lieu,  bienheureux  sage,  occupent  les  Enfers? 
sont-ils  en  dehors  ou  en  dedans  des  trois  mondes? 

5.  Le  Rïchi  dit  : Ils  sont  dans  l’enceinte  des  trois  mondes,  au  raidi, 
sous  la  terre  et  au-dessus  de  l’eau,  au  lieu  qu’habitent  les  Agnichvât- 
tas  et  autres  troupes,  des  Pitrïs,  occupés,  dans  une  méditation  pro- 
fonde, à faire  pour  leurs  races  des  souhaits  infaillibles; 

б.  Et  où  le  bienheureux  roi  des  Pitrïs  (Yama),  le  fils  de  Vivasvat, 
entouré  de  sa  troupe  et  se  conformant  aux  ordres  de  Bhagavat,  pu- 
nit, au  moyen  de  ses  gardes,  suivant  la  nature  des  actions,  la  faute 
condamnable  des  hommes  qui  après  leur  mort  viennent  dans  son 
royaume. 

7.  Là  sont  les  Enfers,  dont,  suivant  quelques  opinions,  il  existe 
vingt  et  un  ; je  vais  t’en  faire  l’énumération , ô roi , en  t’en  donnant 
le  nom , la  forme  et  la  description.  On  les  nomme  : Tâmisra  , An- 
dhatâmisra,  Râurava,  Maliârâurava,  Kumbhïpâka,  Kâlasùlra,  Asi- 
pattravana,  Sûkaramukha,  Andhakûpa,  Krïmibhôdjana,  Samdamça 


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277 


LIVRE  CINQUIÈME. 

(les  tenailles),  Taptasûrmi  (la  statue  de  fer  brûlante),  Vadjra- 
kantakaçâlmalî  (le  cotonnier  aux  opines  de  diamant),  Vâitaranî 
(le  fleuve  infranchissable),  Pûyôda  (l’océan  de  pus),  Prânarôdlut 
(l'attaque  contre  la  vie),  Viçasana,  Lâlabhakcha  (celui  qui  se  nour- 
rit de  salive)',  Sâramêyâdana  (la  curée  des  chiens),  Avîtchi,  Avah- 
pâna  (l'action  de  boire  de  l’airain);  et  de  plus  : Rchârakardama  (le 
limon  salé),  Rakchêganabhùdjana  (le  lieu  où  l'on  sert  d'aliment  à 
des  troupes  de  Ilakchas) , Çûlaprôta  (celui  qui  est  mis. sur  le  pal), 
Damdaçûka,  Avatanirôdhana  (le  lieu  où  l’on  est  confiné  dans  des 
trous), ’Paryâvartana  (le  lieu  où  il  y a des  retours)  et  Sùtcbimuklia, 
qu’ajoutent  ceux  qui  comptent  vingt-huit  Enfers,  ou  lieux  de  châti- 
ments variés. 

8.  Celui  qui  a dérobé  le  bien,  les  enfants  ou  la  femme  d’uu  autre, 
est  serré  dans  les  chaînes  du  Temps,  et  précipité  violemment,  par  les 
redoutables  gardes  de  Yama,  dans  l’Enfer  Tâmisra  (l’obscurité); 
tourmenté  dans  ce  Jieu  de  ténèbres  par  la  faim  et  la  soif,  accablé  de 
coups  de  bâton  et  de  fouet,  d’injures  et  d'autres  supplices,  il  tombe 
en  défaillance  et  va  quelquefois  jusqu’à  perdre  le  sentiment. 

9.  11  en  est  de  même  dans  l'Andliatâmisra  (l’obscurité  profonde), 
où  tombe  celui  qui  après  avoir  trompé  un  homme,  s'empare  de  sa 
femme  ou  de  ses  autres  biens;  précipitée  en  ce  lieu,  l’âme  perd  au 
milieu  des  souffrances  la  pensée  et  la  vue,  et  elle  ressemble  à un 
arbre  dont  la  racine  est  coupée;  c’ést  pourquoi  on  appelle  cet  Enfer 
Andhatâmisra. 

10.  Celui  qui  disant  en  ce  monde,  « ceci  est  moi,  cela  est  à moi,  » 
ne  s’occupe  chaque  jour  que  de  soutenir  sa  famille  en  faisant  tort  à 
d’autres  êtres,  laisse  tout  cela  ici-bas,  et  tombe  lui-même,  pour  prix 
de  cette  faute,  dans  l'Enfer  Râurava  ( le  terrible). 

11.  Les  êtres  que  cet  homme  a mis  ici-bas  à mort,  devenant  des 
Rurus,  se  hâtent,  quand  il  est  dans  l'autre  monde  au  milieu  des  dou- 
leurs infernales,  de  lui  rendre  le  mal  qu’il  leur  a fait;  c’est  pour 
cela  qu'on  nomme  cet  Enfer  Râurava  ; Ruru  est  le  nom  d'un  animal 
plus  cruel  que  le  serpent. 

12.  11  en  est  de  même  du  Mahârâurava  (le  grand  Râurava),  où 


278 


LE  BHÀGAVATA  PÜRÀNA. 

tombe  celui  qui  ne  songe  qu’à  soutenir  son  corps  ; là  des  Démons 
cannibales  nommés  Rurus  le  tuent  pour  dévorer  sa  chair. 

13.  L’homme  cruel  et  sans  pitié  qui  prive  de  la  vie  des  quadru- 
pèdes ou  des  oiseaux,  assailli  dans  l'autre  monde  par  les  reproches 
des  Rakchas  eux-mêmes,  est  torturé  par  les  gens  de  Yama  dans  le 
Kumbhîpâka  (le  four  à potier),  qui  est  plein  d’huile  bouillante. 

14.  Le  meurtrier  d'un  père  ou  d’un  Brahmane,  et  celui  qui  lait 
mauvais  usage  du  Vêda,  sont  précipités  dans  l’Enfer  Kâlasûtra  (la 
corde  du  temps),  qui  a une  circonférence  de  dix  mille  Yôdjanas,  qui 
est  de  cuivre,  dont  le  sol  est  brûlant,  et  qui  est  en  dessous  et  en 
dessus  échauffé  par  le  feu  et  par  les  rayons  du  soleil;  là  se  sentant 
dévoré  au  dedans  et  au  dehors  par  les  ardeurs  de  la  faim  et  de  la  soif, 
il  est  assis,  couché,  debout,  il  agit,  il  court,  pendant  autant  de 
milliers  d’années  qu’un  animal  domestique  a de  poils. 

15.  Celui  qui  abandonne,  hors  des  cas  de  détresse,  la  voie  qui  lui 
est  tracée  par  le  Vêda,  et  qui  se  livre  à l’hérésie,  est  jeté  dans  l’Enfer 
Asipattravana  ( la  forêt  où  les  feuilles  sont  des  épées),  et  y est  frappé 
à coups  de  fouet;  là  courant  de  côté  et  d’autre,  ayant  tout  le  corps 
déchiré  par  les  feuilles  de  cette  forêt  de  palmiers,  qui  sont  des  épées 
à deux  tranchants,  il  tombe  à chaque  pas,  épuisé  par  les  douleurs  les 
plus  cuisantes , en  s'écriant  : • Ah  ! je  suis  mort  ; » et  il  recueille  ainsi, 
pour  avoir  violé  son  devoir,  la  récompense  réservée  à l’hérésie. 

16.  Le  roi  ou  le  serviteur  du  roi  qui , sur  la  terre,  punit  un  in- 
nocent ou  inflige  à un  Brahmane  un  châtiment  corporel,  tombe  après 
sa  mort,  pour  ces  péchés,  dans  l’Enfer  Sûkaramukha  (le  groin  de 
porc);  là  des  bourreaux  lui  écrasent  les  membres,  comme  on  écrase 
ici-bas  une  tige  de  canne  à sucre;  et  poussant  des  cris  lamentables, 
s’évanouissant  quelquefois,  il  tombe  en  défaillance,  comme  ceux  qu’il 
a torturés  sans  qu’ils  eussent  commis  de  crime. 

17.  Celui  qui  ayant  les  moyens  de  vivre  assignés  à l’homme,  fait 
ici-bas,  sciemment,  du  mal  aux  êtres  qui  nuisent  à autrui  sans  dis- 
cernement, parce  que  le  Seigneur  ne  leur  a pas  départi  d’autres 
moyens  d’existence,  tombe  pour  le  tort  qu’il-  leur  a fait,  dans  l’An- 
dhakûpa  (le  trou  ténébreux);  là  les  animaux  domestiques,  les  bêtes 


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•279 


LIVRE  CINQUIÈME 

Fauves,  les  oiseaux,  les  reptiles,  les  moustiques,  les  poux,  les  pu- 
naises, les  mouches,  toutes  les  créatures  enlin  auxquelles  il  a. Fait  du 
mal,  viennent  le  tourmenter  à leur  tour;  et  privé  de  sommeil  et 
de  repos,  ne  pouvant  s’arrêter  nulle  part,  il  erre  dans  les  ténèbres, 
comme  l'àmc  vivante  dans  un  mauvais  corps. 

18.  Celui  qui  ne  célébrant  pas  les  cinq  sacrifices,  mange  comme 
un  corbeau  tout  ce  qu’il  trouve,  sans  partager  avec  personne,  tombe 
après  cette  vie  dans  le  misérable  Enfer  krimibhûdjana  (celui  qui  se 
nourrit  de  vers)  ; là,  dans  un  trou  plein  de  vers  qui  a cent  mille 
Yôdjanas  d’étendue,  devenu  ver  lui-même,  il  est  dévoré  par  ces  rep- 
tiles dont  il  Fait  sa  nourriture  ; et  cet  homme  qui  a mangé  sans  donner 
et  sans  sacrifier,  se  torture  lui-même,  pour  le  crime  qu’il  n'a  pas 
expié,  autant  d’années  [que  cet  EnFer  a d’étendue]. 

10.,  Celui  qui,  hors  des  cas  de  détresse,  s’empare  soit  par  le  vol, 
soit  par  la  violence,  de  l’or,  des  pierreries  ou  des  autres  biens  d’un 
Brahmane  ou  d’un  autre  homme,  est  saisi  après  sa  mort  par  les  gens 
de  Varna,  qui  lui  arrachent  la  peau  avec  des  tenailles  de  Fer  dont  la 
pince  est  de  feu. 

20.  L’homme  ou  la  femme  qui  ont  eu  commerce  avec  la  femme 
ou  l’homme  auxquels  il  leur  était  interdit  de  s'unir,  sont  frappés 
daus  l’Enfer  à coups  de  fouet  et  serrés  dans  les  bras,  l’un  d’une  image 
de  femme,  l’autre  d’une  image  d'homme,  faite  de  métal  brûlant. 

•2t.  Celui  qui  a eu  commerce  avec  toute  espèce  d’êtres,  tombe 
après  cette  vie  daus  l’Enfer,  où  les  exécuteurs  déchirent  son  corps , 
en  l’empalant  sur  une  tige  de  cotonnier  aux  épines  de  diamant. 

22.  Les  rois  ou  leurs  gens  qui  renversent  les  digues  de  la  loi  éle- 
vées contre  l'hérésie,  tombent  après  cette  vie,  en  punition  d'avoir 
franchi  toutes  les  bornes,  dans  la  Vâitarani,  ce  fleuve  qui  est  comme 
un  fossé  autour  des  Enfers;  dévorés  çà  et  là  par  les  poissons,  ne  pou- 
vant se  séparer  d’eux-mêmes  et  soutenus  par  le  souffle,  vital  qui  ne 
les  quitte  pas,  ils  souffrent  à la  pensée  de  "leur  faute  et  du  châtiment 
quelle  leur  attire,  et  sont  torturés  au  milieu  des  excréments,  de 
l’urine,  du  pus,  du  sang,  des  cheveux,  des  ongles,  des  os,  do  la 
moelle,  de  la  chair  et  de  la  graisse  que  roule  ce  fleuve. 


2S0  . LE  BHÂGAVATA  PÜRÂNA- 

23.  Les  hommes  qui  s’unissant  à des  femmes  débauchées,  mé- 
prisent les  règles  de  la  morale  et  de  la  pureté,  et  qui  violant  toute 
pudeur,  vivent  de  la  vie  des  bêtes,  tombent  après  leur  mort  dans 
un  océan  de  pus,  d'excréments,  d'urine,  de  flegme  et  de  salive,  où 
ils  se  nourrissent  de  ces  substances  dégoûtantes. 

24.  Les  Brahmanes  et  autres  qui  possédant  des  chiens  et  des 
ânes,  vivent  du  produit  de  leur  chasse  et  tuent  des  animaux  hors 
des  cas  de  sacrifice,  servent  après  leur  mort  de  but  aux  gens  de 
Yama,  qui  les  percent  de  leurs  flèches. 

25.  Les  hommes  faux  qui,  dans  des  sacrifices  hypocrites,  ont  tué 
des  animaux,  tombent  dans  l’Enfer  Vâiçasa  (le  dépècement),  où  les 
chefs  de  cette  région  les  déchirent  après  les  avoir  mis  à mort. 

26.  Le  Brahmane  aveuglé  par  la  passion,  qui  a fait  boire  sa  se- 
mence à une  femme  de  sa  caste,  est  précipité,  pour  ce  crime,  dans 
un  fleuve  de  cette  substance,  dont  il  est  forcé  de  boire. 

27.  Les  brigands,  les  incendiaires,  les  empoisonneurs,  les  rois  ou 
les  serviteurs  des  rois  qui  ont  pillé  des  villages  ou  des  caravanes, 
sont  après  leur  mort  déchirés  violemment  par  sept  cent  vingt  chiens 
aux  dents  de  diamant,  messagers  de  Yama. 

28.  Celui  qui  a menti  dans  un  cas  de  témoignage,  de  négoce  ou 
d’aumône,  descend  après  sa  mort  dans  l'Enfer  Avîtchimat  (sans 
vagues),  qui  repose  sur  lui-même;  il  y est  précipité  la  tête  en  bas 
du  sommet  d’une  montagne  haute  de  cent  Yôdjanas,  sur  un  sol  formé 
de  pierres  et  luisant  comme  de  l’eau  qui  n’aurait  pas  de  vagues;  là, 
ne  mourant  pas,  quoique  son  corps  soit  réduit  en  poussière,  il  est 
forcé  de  remonter  et  précipité  de  nouveau. 

29.  Le  Brahmane,  leRâdja,  le  Vâiçya  ou  leurs  femmes  qui  ayant 
b»i  le  Sôma,  ou  durant  l’accomplissement  d’un  devoir  religieux,  ont 
pris  sciemment  des  liqueurs  enivrantes,  tombent,  quand  ils  sont 
dans  l’Enfer,  sous  les  pieds  des  bourreaux,  qui  leur  foulant  la  poi- 
trine, leur  versent  dans  la  bouche  du  fer  fondu. 

50.  L’homme  vil  qui  s’exaltant  à ses  propres  yeux,  méprise  ceux 
qui  l’emportent  sur  lui  par  le  mérite  de  la  naissance,  des  austérités, 
de  la  morale,  de  la  caste  et  de  la  condition,  est  déjà  en  cette  vie  un 


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281 


LIVRE  CINQUIÈME. 

cadavre;  et  quand  il  est  mort,  précipité  la,  tête  en  bas  dans  l’Enfer 
du  limon  salé,  il  y souffre  des  douleurs  sans  fin. 

51.  Ceux  qui  en  ce  monde  sacrifient  des  victimes  humaines,  et 
les  femmes  qui  dévorent  les  hommes  immolés  en  sacrifice,  sont,  dans 
la  demeure  de  Yama,  tourmentés  par  leurs  victimes,  qui  devenues 
des  troupes  de  Rakchas,  leur  coupent  les  membres  à coups  de  hache 
ainsi  que  des  bouchers,  boivent  leur  sang,  puis  dansent  et  chantent 
pleins  de  joie,  comme  faisaient  sur  la  terre  ces  cannibales. 

52.  Ceux  qui  après  avoir  entraîné  des  innocents,  par  des  paroles 
de  confiance,  dans  un  lieu  désert  ou  dans  un  village,  les  empalent 
pleins  de  vie  sur  des  pieux  ou  les  attachent  avec  des  cordes,  se  fai- 
sant un  plaisir  de  les  torturer,  sont  condamnés  après  leur  mort  au 
pal  et  aux  autres  supplices  de  Yama;  et  là  tourmentés  par  la  faim  et 
la  soif,  déchirés  de  tous  côtés  par  des  hérons  et  des  grues  au  bec 
pointu,  ils  se  rappellent  leur  faute. 

• 55.  Les  hommes  d’un  violent  naturel,  qui  semblables  à des  ser- 
pents, épouvantent  ici-bas  les  autres  êtres,  tombent  après  leur  mort 
dans  l'Enfer  nommé  Damdaçûka  (le  serpent),  où  des  serpents  à cinq 
et  à sept  gueules  les  saisissent  et  les  dévorent  comme  des  rats. 

54.  Ceux  qui  renferment  ici-bas  d’autres  êtres  dans  des  trous 
obscurs,  dans  des  creux  à serrer  le  grain  ou  dans  des  cavernes,  sont 
après  leur  mort  confinés  dans  des  lieux  pareils,  où  ils  sont  suffoqués 
par  la  fumée  d'un  feu  empoisonné. 

55.  Le  maître  de  maison  qui  souvent  à la  vue  d’un  hôte  ou  d’un 
visiteur,  éprouve  des  accès  de  colère  et  le  reçoit  avec  des  regards 
mécontents,  comme  s’il  voulait  le  consumer,  voit  dans  l’Enfer  des 
vautours,  des  hérons,  des  corbeaux  et  des  grues  venir  lui  arracher 
de  force  ces  yeux  qui  n'avaient  que  des  regards  cruels. 

56.  L’homme  fier  de  sa  richesse,  égoïste,  aux  regards  obliques, 
se  défiant  de  tous,  dont  le  cœur  et  la  bouche  se  dessèchent  à l’idée 
de  dépenser  ou  de  perdre  son  argent,  et  qui  ne  trouvant  jamais  de 
repos,  garde  son  trésor,  semblable  à un  Démon,  ramasse  après  cette 
vie  des  ordures,  parce  qu’il  n’a  songé  qu’à  se  procurer  un  trésor,  à 
l’augmenter  et  à le  conserver;  et  il  tombe  dans  l’Enfer  Sùtchîmukha 


282 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

(la  tête  d'une  aiguille), .où  semblables  à des  tisserands,  les  gens  de 
Dharmarâdja  passent  des  cordes  dans  tous  les  membres  de  ce  pécheur 
qui  n’a  lait  qu'amasser  des  richesses. 

57.  Telle  est  la  nature  des  Enfers , qui  existent  par  centaines  et 
par  milliers  dans  la  demeure  de  Y’ama;  tous  sont  peuplés,  chacun 
dans  leur  ordre,  ô roi,  par  tout  ce  qu’il  y a en  ce  monde  d’hommes 
injustes,  tant  ceux  que  j’ai  énumérés,  que  ceux  dont  je  n’ai-  rien  dit. 
Quant  aux  hommes  qui  suivent  la  loi,  ils  vont  dans  le  monde  opposé 
(le  ciel)  ; mais  ils  renaissent  les  uns  et  les  autres  sur  la  terre  pour 
achever  de  jouir  de  ce  qui  leur  reste  de  leurs  œuvres.  Je  t’ai  exposé; 
en  commençant,  la  voie  de  l’inaction. 

58.  Voilà  quelle  est  l’enveloppe  de  l’œuf  du  monde,  lequel  est  cé- 
lébré dans  les  Purânas  comme  formé  de  quatorze  étages.  L’homme 
qui  lit,  écoute  ou  récite  avec  respect  la  description  de  cette  forme 
solide  du  bienheureux  Nârâyana,  qui  est  Mahâpurucha  lui-même, 
forme  composée  par  les  qualités  de  sa  Mâyàs  cet  homme,  dont  la  foi 
et  la  dévotion  ont  purifié  l’intelligence,  comprend,  quoiqu’il  soit  dif- 
ficile à saisir,  le  chant  de  Bhagavat,  l’Esprit  suprême. 

59.  L’ascète  qui  a entendu  décrire  les  deux  formes  de  Bhagavat, 
celle  qui  est  solide  et  celle  qui  est  immatérielle,  doit,  par  la  pensée, 
amener  la  seconde  au  dedans  de  son  esprit,  qu’il  a vaincu  en  restant 
dans  la  première. 

40.  Je  t’ai  décrit,  ô roi,  la  terre,  les  Dvîpas,  les  Varchas,  les  fleuves, 
les  montagnes,  le  ciel,  les  océans,  le  Pâtâla,  les  points  de  l’espace,  les 
Enfers,  la  troupe  des  astres,  la  disposition  des  mondes,  en  un  mot, 
le  corps  solide  du  Seigneur,  corps  merveilleux  qui  renferme  tous  les 
êtres  doués  de  vie. 

PIN  DU  TfNCT'SIXlàUE  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE  : 

' DESCRIPTION  DES  ENFERS, 

DANS  LE  CINQUIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PORÂflA, 

LE  BIENHEUREUX  RhAgAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VtAsA. 


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LIVRE  SIXIEME 


CHAPITRE  PREMIER. 

ÉPISODE  D'A  DJ  À M I L A. 

1.  Parîkchit  dit  : Tu  m’as  exposé  précédemment  la  voie  de  l'inac- 
tion, qui  nous  fait  arriver  par  des  degrés  successifs  jusqu’à  Brahma, 
qu'on  ne  quitte  plus  pour  revenir  dans  le  monde. 

2.  Tu  in’as  raconté  aussi  à plusieurs  reprises,  6 solitaire,  la  créa- 
tion des  qualités , qui  a pour  caractère  l’action , et  qui  fait  des  produits 
de  ces  trois  qualités  mêmes  l'objet  de  l’homme  devant  qui  la  Nature 
n’est  pas  anéantie. 

5.  Tu  as  décrit  les  nombreux  Enfers,  distingués  par  les  divers 
degrés  d’injustice,  ainsi  que  le  premier  Manvantara,  où  parut  [le 
Manu  nommé]  Svâyarîibhuva  ; 

4.  Et  la  descendance  de  Priyavrata  et  d’Uttânapâda,  ainsi  que 
leurs  actions,  et  les  Dvîpas,  avec  les  divisions,  les  Océans,  les  mon- 
tagnes, les  lleuves,  les  jardins  et  les  arbres  [qui  s'y  trouvent]; 

5.  Et  la  forme  de  la  circonférence  de  la  terre,  avec  ses  parties,  sa 
définition  et  sa  mesure,  celle  des  astres  et  des  régions  de  l'Abîme, 
tout  cela  comme  l’a  créé  le  Seigneur. 

6.  Maintenant,  sage  fortuné,  daigne  me  dire  comment  l’homme 
peut  éviter  d’aller  dans  les  Enfers,  où  l’on  souffre  tant  et  de  si  ter- 
ribles douleurs. 

7.  Çuka  dit  : Si  l’homme  n’expie  pas  convenablement  en  ce  monde 
les  fautes  qu’il  a commises  en  pensée,  en  paroles  et  en  action,  il  va 
certainement  après  sa  mort  dans  les  Enfers  aux  souffrances  cruelles 
que  je  t’ai  décrits. 

8.  Qu’il  se  hâte  donc  avant  sa  mort  de  faire,  avec  son  âme  qui 

36. 


•284 


LE  BHÂGAVATA  PliRÀNA. 

ne  meurt  pas , pénitence  de  ses  péchés , selon  la  grandeur  ou,  la  légè- 
reté de  la  faute,  comme  un  médecin  qui  connaissant  les  symptômes 
des  maladies,  leur  applique  le  médicament  convena*ble. 

9.  Le  roi  (lit  : Si  l’homme,  quoique  connaissant  par  la  pratique 
et  par  l’Ecriture  combien  le  péché  lui  est  funeste,  y retombe  encore 
en  désespéré,  alors  à quoi  bon  l'expiation? 

10.  Tantôt  il  se  détourne  du  vice,  tantôt  il  s'y  livre  de  nouveau; 
l’expiation  est  donc,  à mon  sens,  aussi  inutile  que  le  bain  de  l’élé- 
phant, [qui  au  sortir  de  l’eau  se  roule  dans  la  poussière.] 

11.  Çuka  dit:  L’anéantissement  d’une  action  par  une  autre  action 
n’est  pas  réputé  définitif,  parce  que  l’agent  est  toujours  ignorant; 
la  véritable  expiation  est  la  science. 

12.  L'homme  qui  vit  uniquement  de  régime,  échappe  aux  mala- 
dies; de  même  celui  qui  n’accomplit  que  les  actions  obligatoires, 
se  prépare  peu  à peu  à la  délivrance. 

lî.  Par  les  mortifications,  par  la  chasteté,  par  la  quiétude,  par 
l'empire  qu'on  exerce  sur  ses  sens,  par  l'aumône,  la  vérité,  la  pu- 
reté, par  l’observation  des  règles  qu’imposent  la  morale  et  la  loi, 

ta.  Les  sages,  qui  connaissent  les  devoirs,  et  qui  sont  doués  de 
foi,  effacent  les  fautes  qu’ils  ont  commises  en  action,  en  paroles  et 
eü  pensée,  fussent-elles  même  très-grandes,  de  même  que  le  feu 
consume  une  touffe  de  bambous. 

15.  Il  en  est  qui  dévoués  à Vâsudêva,  anéantissent  tout  à fait 
leurs  fautes,  uniquement  par  leur  dévotion  à ce  Dieu,  comme  le 
soleil  fond  la  gelée  du  matin. 

16.  Le  pécheur,  en  effet,  ô roi,  ne  se  purifie  jamais  aussi  bien 
par  les  austérités  ou  par  les  autres  devoirs,  que  le  fait  l’homme  qui 
a dévoué  son  existence  à Krichna,  par  le  culte  rendu  aux  serviteurs 
de  ce  Dieu. 

17.  C’est  en  ce  monde  la  voie  régulière,  c'est  la  voie  du  salut 
affranchi  de  tout  danger,  que  celle  où  marchent  les  hommes  ver- 
tueux ét  pleins  de  moralité,  qui  se  sont  exclusivement  livrés  à 
Nàrâyana. 

18.  Les  expiations  ne  purifient  pas  plus  l’homme  qui  se  détourne 


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285 


LIVRE  SIXIÈME. 

de  Nâràyana , que  l'eau  des  fleuves  ne  peut  purifier  un  vase  qui  a 
contenu  des  liqueurs  enivrantes. 

19.  Les  hommes  qui  éprouvant  en  ce  monde  de  l’attrait  pour 
les  qualités  de  Krichna,  ont  fixé  leur  esprit  une  seule  fois  sur  le 
lotus  de  ses  pieds,  ne  voient  plus,  même  en  songe,  Yania  ni  ses 
gardes  armés  de  chaînes,  car  ils  ont  accompli  leur  pénitence. 

20.  Voici  l’ancien  Itihàsa  que  l’on  raconte  à ce  sujet: c’est  un  dia- 
logue entre  les  messagers  de  Vichnu  et  ceux  de  Yama  ; apprends-le 
de  ma  bouche. 

• 21.  Il  y avait  à Kânyakuhdja  un  certain  Brahmane  nommé  Adjâ- 
mila,  qui  avait  épousé  une  esclave,  et  qui  dégradé  par  cette  alliance, 
violait  toutes  les  pratiques  des  gens  de  bien. 

22.  Soutenant  sa  vie  coupable  par  le  pillage,  le  jeu,  la  fraude  et 
le  vol , cet  homme  impur  tourmentait  ses  semblables  pour  nourrir 
sa  famille. 

25.  Pendant  qu’il  vivait  dans  sa  maison , occupé  à caresser  ses 
enfants,  il  s'écoula  un  temps  considérable,  ô grand  roi,  et  le  Brah- 
mane atteignit  la  quatre-vingt-huitième  année  de  sa  vie. 

24.  Ce  vieillard  avait  dix  fils;  le  dernier  de  tous,  qui  était  encore 
enfant,  se  nommait  Nâràyana,  et  était  l’objet  de  toute  l'affection  de 
son  père  et  de  sa  mère. 

25.  Attaché  de  toute  son  âme  à ce  petit  enfant  qui  ne  faisait  en- 
core. que  balbutier,  le  vieux  Adjâmila  éprouvait  un  plaisir  extrême  à 
regarder  ses  jeux. 

• 26.  Soit  qu’il  mangeât,  qu’il  but,  ou  qu’il  prît  de  la  nourriture, 
enchaîné  par  l’afl'ection  qu’il  avait  pour  cet  enfant,  il  le  faisait  boire 
ou  manger,  et  l’insensé  ne  voyait  pas  que  le  Dieu  de  la  mort  s’ap- 
prochait. 

27.  Pendant  qu'il  suivait  cette  conduite  ignorante,  le  moment  de 
la  mort  survint  pour  lui,  et  il  songea  aussitôt  à son  jeune  fils  nommé 
Nâràyana. 

28.  A la  vue  des  trois  gardiens  de  Yama , -qui  redoutables , les 
chaînes  à la  main,  la  bouche  de  travers  et  les- poils  hérissés,  s’avan- 
çaient pour  l’entraîner, 


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286 


LE  BHÂGAVATA  PtlRÀNA. 

20.  Adjâmila  tout  ému  appela  d'une  voix  forte  et  prolongée  son 
fils  Nârâyana , qui  était  occupé  à jouer  loin  de  lui. 

30.  En  entendant  le  nom  de  leur  maître  prononcé  par  le  Brah- 
mane, qui  en  mourant  répétait  un  des  titres  de  Hari,  les  serviteurs 
de* ce  Dieu  arrivèrent  aussitôt. 

51.  Au  moment  où  les  gardes  de  Yama  arrachaient  à son  propre 
cœur  Adjâmila  le  mari  de  l'esclave,  les  messagers  de  Vichnu  les 
arrêtèrent  par  leur  énergie. 

32.  Qui  êtes-vous,  pour  vous  opposer  aux  ordres  de  Dharina- 
râdja  ? leur  dirent  les  serviteurs  du  fils  de  Vivasval,  auxquels  ceux 
de  Vichnu  faisaient  obstacle. 

33.  A qui  appartenez-vous?  et  d’où  venez-vous?  et  pourquoi  nous 
empêchez-vous  d’agir?  Etes-vous  des  Dieux  ou  des  Dieux  inférieurs? 
êtes-vous  les  chefs  des  Siddhas  ? 

34.  Vous  qui  avez  tous  des  yeux  semblables  à la  feuille  du  lotus, 
tous  des  vêtements  de  soie  jaune,  un  diadème,  des  pendants  d’oreilles, 
une  brillante  guirlande  de  nymphæas; 

35.  Vous  qui  êtes  tous  à la  fleur  de  l'âge , qui  avez  tous  quatre 
beaux  bras,  et  qui  portez  un  arc,  un  carquois,  un  glaive,  une 
massue,  une  conque,  le  Tchakra  et  le  lotus,  dont  vos  mains  sont 
parées; 

36.  Vous  qui  par  votre  splendeur  dissipez  les  ténèbres  et  effacez 
toute  autre  lumière  sur  l’horizon,  pourquoi  nous  arrêtez-vous,  nous 
qui  sommes  les  serviteurs  du  Dieu  de  la  justice? 

57.  Quand  les  messagers  de  Yama  eurent  ainsi  parlé,  ceux  qui 
obéissent  aux  ordres  de  Vâsudêva  leur  répondirent  en  souriant,  avec 
une  voix  profonde  comme  le  bruit  des  nuages. 

58.  Les  messagers  de  Vichnu  dirent  : Si  vous  agissez  en  effet 
d’après  les  ordres  de  Dharmarâdja , drtcs-nous  quelle  est  l’essence 
et  le  caractère  de  la  justice? 

39.  Comment  s’applique  le  châtiment,  et  quel  en  est  le  véritable 
objet?  Tous  les  hommes  qui  se  livrent  à l’action,  doivent-ils  être 
punis,  ou  bien  seulement  quelques-uns  d’entre  eux? 

40.  Les  messagers  de  Yama  dirent  : La  justice  et  son  contraire 


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LIVRE  SIXIEME. 


287 


l’injustice  sont  déterminées  par  le  Vèda  ; le  Vêda,  c’est  Nârâyana  lui- 
même,  c’est  Svayailibhft;  voilà  ce  que  nous  avons  appris. 

41.  Nârâyana  est  celui  qui  fait  exister  au  sein  de  sa  propre  splen- 
deur les  êtres  qui  sont  le  produit  des  qualités  de  la  Passion , de  la 
Bonté  et  des  Ténèbres,  en  les  diversifiant,  comme  il  convient,  par 
les  attributs,  les  noms,  les  actions  et  les  formes. 

43.  Le  soleil,  le  feu,  l'atmosphère,  le  vent,  Indra,  la  lune,  le 
crépuscule,  le  jour  et  la  nuit,  les  points  de  l'horizon,  l'eau,  la  terre, 
le  temps  et  Dharma  sont  les  témoins  de  l'âme  humaine. 

45.  Ces  êtres  signalent  l'injustice;  ils  déterminent  l’objet  du  châ- 
timent; tous  ceux  qui  se  livrent  à l’action  méritent  d'être  punis 
suivant  Te  degré  [de  leur  faute]. 

44.  En  effet,  les  bonnes  actions  et  leurs  contraires,  ô vertueux 
personnages,  existent  pour  celui  qui  agit,  puisque  celui-là  est  en 
contact  avec  les  qualités;  car  il  n’y  a aucun  être  ayant  un  corps 
qui  n'accomplisse  des  actes. 

45.  L’homme  recueille  dans  l’autre  monde  le  fruit  de  l’action 
juste  ou  injuste  qu’il  a commise  ici-bas,  dans  la  proportion  et  d’après 
la  manière  suivant  lesquelles  il  l'a  commise. 

46.  Tout  comme  c’est  à la  différence  des  qualités,  ô Dieux  excel- 
lents, qu’on  reconnaît  en  ce  monde  les  trois  conditions  entre  les- 
quelles se  partagent  les  êtres , c’est  aussi  de  la  même  manière  qu’on 
en  conclut  l’existence  pour  l’autre  monde. 

47.  De  même  que  la  saison  où  l’on  se  trouve  indique  les  qualités  des 
deux  saisons  semblables,  [l’une  qui  est  passée,  l'autre  qui  doit  venir,] 
ainsi  l'existence  actuelle  de  l’homme  témoigne  de  la  vertu  ou  des 
vices  de  ses  deux  autres  existences,  celle  du  passé  et  celle  de  l’avenir. 

48.  C’est  par  la  pensée  seule  que  le  divin  Bhagavat,  l’Etre  incréé, 
reconnaît  dans  la  ville  [du  corps]  la  forme  précédente  qu’a  revêtue 
l’homme,  et  c’est  aussi  par  la  pensée  qu’il  conclut  sa  forme  future. 

49.  Semblable  à un  ignorant  qui  plongé  dans  les  ténèbres,  ne 
s’attache  qu’à  ce  qui  est  sensible,  ainsi  l’homme  qui  a perdu  le 
souvenir  de  ses  existences  antérieures,  ne  voit  ni  ce  qui  a précédé  le 
moment  présent,  ni  ce  qui  le  suivra. 


288 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

50.  Avec  cinq  organes , il  exécute  ses  desseins  ; avec  cinq  autres 
organes,  il  connaît  les  cinq  attributs  sensibles;  seul,  il  saisit  les  trois 
qualités  avec  le  [cœur,  cet  organe]  composé  de  seize  parties  aux- 
quelles il  se  joint  pour  faire  la  dix-septième. 

51.  C’est  là  ce  corps  subtil,  formé  de  seize  parties,  produit  par  la 
triple  énergie  des  qualités,  et  grand*  [par  sa  durée  infinie],  qui 
condamne  l’esprit  à ces  retours  successifs  dans  le  monde,  où  il  trouve 
la  joie,  le  chagrin,  la  crainte  et  la  douleur. 

52.  Uni  au  corps,  l'esprit  ignorant  et  qui  n’a  pas  vaincu  scs  six 
adversaires,  est  forcé  malgré  lui  d’accomplir  des  actions;  s’enve- 
loppant, comme  le  ver  à soie,  de  son  œuvre,  il  tombe  dans  le 
trouble  de  l'erreur. 

53.  Personne,  en  effet,  ne  resta  jamais  un  seul  instant  sans 
agir;  l’homme  est,  malgré  lui,  forcé  d’agir  par  les  qualités  de  sa 
nature. 

54.  Sous  l’influence  d’une  cause  invisible,  l’être  reçoit  de  sa  na- 
ture propre  qui  est  toute-puissante,  une  forme  soit  matérielle,  soit 
subtile,  suivant  la  matrice  ou  la  semence  qui  le  créent. 

55.  Tel  qui,  à cause  de  son  union  avec  la  Nature,  était  opposé  à 
l’Esprit,  arrivera  bientôt  à l'anéantissement,  grâce  à son  union  avec 
le  Seigneur. 

56.  Cet  homme  a été  jadis  un  Brâhmane,  doué  de  la  connaissance 
des  Ecritures;  c’était  un  asile  de  moralité,  de  bonne  conduite  et  de 
vertus;  il  était  ferme  dans  son  devoir,  doux,  maître  de  lui,  véridique, 
pur  et  instruit  dans  les  Mantras. 

'57.  11  respectait  ses  Gurus , le  feu , ses  hôtes  et  les  vieillards  ; 
exempt  d’égoïsme,  il  avait  de  l'affection-  pour  tous  les  êtres;  il  était 
bon,  silencieux  et  sans  jalousie. 

58.  Un  jour  que,  pour  obéir  à son  père,  il  était  allé  dans  la  forêt, 
il  en  revenait,  après  y avoir  ramassé  des  fruits,  des  fleurs,  du  bois  et 
des  tiges  de  Kuça. 

59.  H vit  un  Çûdra  livré  à l’amour  avec  une  esclave  qui  roulait 
des  yeux  troublés  par  l’ivresse,  où  la  plongeait  le  breuvage  fermenté 
qu’elle  avait  bu. 


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LIVKE  SIXIÈME. 


. • 28g 


60.  Oubliant  toute  règle  et  toute  pudeur,  il  s’ébattait,  il  chantait, 
il  riait  avec  cette  femme  ivre,  dont  la  ceinture  était  déliée. 

61.  Le  Brahmane  n'eut  pas  plutôt  vu  celte  femme  pressée  par  un 
bras  qu’animait  le  désir,  que  troublé  aussitôt,  il  tomba  sous  l’empire 
de  l’amour. 

62.  Quoiqu'il  rassemblât  ce  qu'il  avait  de  vertu  et  de  science  pour 

se  rendre  maître  de  lui-même,  il  ne  put  réussir  à contenir  son  cœur 
où  naissait  la  passion.  • 

65.  Privé  de  son  intelligence,  qu’éclipsait  en  quelque  sorte  le  Dé- 
mon de  l'Amour,  auquel  ce  spectacle  ouvrait  son  cœur,  ne  pensant 
plus  en  son  âme  qu’à  cette  femme,  il  cessa  de  remplir  ses  devqjrs. 

64.  U la  gagna  eu  lui  donnant  tout  ce  que  son  père  possédait  dé 

biens,  pour  quelle  lui  accordât  les  voluptés  sensuelles  dont  son 
cœur  était  charmé.  ,*• 

65.  L’esprit  troublé  par  les  regards  de  -cette  femme  débauchée,  le 
coupable  abandonna  bientôt  la  Brâhmanî  sa  femme  légitime,  qu’il 
avait  prise  vierge  dans  une  grande  famille. 

66.  Il  se  mit  ensuite  à se  procurer  de  l'argent  de  côté  et  d'autre 
par  des  voies  bonnes  et  mauvaises,  et  il  eut  la  folie  d’élever  une 
famille  avec  cette  femme  qu’il  avait  reçue  dans  sa  maison. 

67.  Parce  que  méprisant  toutes  les  lois,  ne  suivant  que  ses  pas- 
sions, blâmé  par  les  gens  respectables,  il  a mené  longtemps  cette  vie 
de  désordre,  au  milieu  des  souillures  de  ses  impuretés, 

68.  Nous  le  conduirons,  ce  pécheur  qui  n’a  pas  expié  son  crime, 
en  présence  du  Dieu  qui  porte  le  sceptre,  pour  qu’il  soit  purifié  par 
le  châtiment. 


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II. 


PIS  DU  PREMIER  CHAPITRE,  AYANT  POÜR  TITRE  : 
ÉPISODE  D'ADJAMILA. 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PIRATA  , 

LE  B1BNUEGREUX  RH ÂG A Y AT A , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAUmA  ET  COMPOSE  PAR  VtlSA. 


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290  ‘ LE  BHAGAVATA  PURÂ1VA. 


CHAPITRE  II. 

ÉPISODE  D'A  DJ  AMILA. 


1.  Çuka  dit  : Ayant  entendu  le  discours  des  envoyés  de  Yama,  les 

mesÿigers  de  Bhagavat,  ô roi,  qui  connaissaient  ce  qui  est  conve- 
nable, leur  répondirent  ainsi.  • 

2.  Les  messagers  de  Vichnu  dirent:  Ali!  malheurl  L'injustice 
atteint  l’assemblée  des  hommes  qui  connaissent  la  loi,  lorsqu’ils  y 
infligent  à tort  un  châtiment  à ceux  qui  ne  sont  pas  coupables  et 
qui  ne  méritent  pas  d’être  punis. 

Y Si  les  protecteurs  des  peuples,  si  leurs  maîtres  vertueux  et 
impartiaux  sortent  de  leur  égalité  naturelle,  quel  refuge  auront  donc 
leurs  sujets?  ■ 

h.  Ce  que  fait  un  personnage  respectable  est  imité  par  l’homme 
ordinaire;  le  peuple  se  fait  une  autorité  de  ce  que  son  chef  lui 
donne  en  exemple.  . .«a,* 

5.  Comment  celui  dans  les  bras  duquel  le  peuple  plaçant  sa  tête, 
dort  sans  inquiétude,  car  le  peuple,  semblable  à une  bête  brute, 
ignore  le  juste  et  l'injuste,  : y 

n.  Comment  celui  qui  est  digne  de  la  confiance  des  hommes, 
pourrait-il,  s'il  a quelque  pitié,  faire  tort  à ceux  qui  le  regardant 
comme  un  ami,  se  sont  livrés  à lui  avec  une  entière  sécurité? 

1.  Cet  homme,  sachex-le,  a expié  les  péchés  même  de  dix  mil- 
lions d'existences,  puisqu’il  a prononcé,  au  moment  de  mourir*  le 
nom  salutaire  de  Hari. 

».  Il  a suffi  à ce  pécheur,  pour  expier  ses  fautes , d'avoir  prononcé 
les  quatre  syllabes  [du  nom  de]  Nârâyana. 

».  Le  voleur,  celui  qui  boit  des  liqueurs  enivrantes,  celui  qui  fait 


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LIVRE  SIXIÈME.  291 

du  tort  à un  ami,  l’assassin  d’un  Brahmane,  celui  qui  viole  la  couche 
de  son  Guru,  celui  qui  tue  une  femme,  un  roi,  son  pore,  ou  une 
vache,  et  les  autres  grands  criminels, 

10.  Tous  les  pécheurs,  en  un  mot,  n’ont  pas  de  meilleur  moyen 
d’expier  leurs  crimes  que  de  prononcer  le  nom  de  Vichnu , parce 
que  ce  nom  dirige  leur  pensée  sur  ce  divin  objet. 

1 1 . Non , le  coupable  ne  se  purifie  pas  aussi  sûrement  par  les  vœux 

et  par  les  autres  actes  de  pénitence  qu’ont  indiqués  les  sages  habiles 
dans  le  Vêda,  qu'il  le  fait  eu  prononçant  les  syllabes  du  nom  de 
Hari,  car  cette  pratique  lui  lait  saisir  les  qualités  du  Dieu  dont  la 
gloire  est  excellente.  t 

ta.  L’expiation,  en  effet,  n'est  pas  un  moyen  définitif,  si,  même 
après  qu’elle  est  accomplie,  le  cœur  se  précipite  de  nouveau  dans  la 
mauvaise  voie;  aussi  pour  ceux,  qui  désirent  l’anéantissement  de 
leurs  œuvres,  l’énumération  des  qualités  de  Hari  est-elle  ce  qui  pro- 
duit réellement  la  perfection. 

15.  N’entraînez  donc  pas  cet  homme  qui  a expié  tous  ses  péchés, 
puisqu'il  a prononcé  en  mourant  le  nom  de  Bhagavat. 

14.  L’action  de  répéter  le  nom  de  Vâikuntha,  soit  avec  une  ap- 
plication particulière  [à  une  autre  personne],  soit  en  plaisantant, 
soit  dans  une  intention  d’insulte  ou  de  mépris,  est,  on  le  sait,  capable 
d'effacer  toutes  les  fautes. 

15.  L’homme  qui  prononce  sans  le  vouloir  le  npm  de  Hari,  au  mo- 
ment où  il  fait  une  chute  ou  un  faux  pas,  où  il  se  brise  un  membre, 
où  il  est  mordu  ou  brûlé,  où  il  reçoit  un  coup;  échappe  par  là  aux 
supplices  de  l’Enler. 

16.  Les  grands  Rïchis  ont  exposé,  parce  qu’ils  les  connaissaient, 
les  grandes  expiations  établies  pour  les  grandes  fautes,  et  les  expia- 
tions faibles  marquées  pour  les  petites. 

17.  Les  austérités,  les  aumônes,  la  récitation  des  prières  sont, 
entre  autres,  des  moyens  d’ellàceç  les  diverses  espèces  de  lautes;  mais 
ces  moyens  ne  peuvent  purifier  un  cœur  esclave  de  l’injustice;  le 
culte  rendu  aux  pieds  du  Seigneur  a seul  ce  pouvoir. 

18.  Le  nom  du  Dieu  dont  la  gloire  est  excellente,  prononcé'  soit 


37. 


Mk. 


r 


•292  LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

sciemment,  soit  sans  le  savoir,  consume  la  faute  d’un  homme , de 
même  que  le  feu  dévore  le  bois. 

19.  De  même  qu'un  médicament  très-énergique,  employé  par 
hasard,  n'en  produit  pas  moins  son  effet,  quoique  celui  qui  le  prend 
en  ignore  la  vertu,  ainsi  agit  ce  Mantra,  dès  qu’il  est  prononcé. 

•20.  Çuka  dit:  Ayant  ainsi  bien  déterminé,  ô roi,  la  loi  de  Bha- 
gavat,  ils  délivrèrent  le  Brahmane  des  chaînes  des  gens  de  Yama, 
et  l’arrachèrent  A la  mort. 

21.  Ainsi  repoussés,  les  serviteurs  de  Yama  se  rendirent  auprès 
de  leur  maître  et  lui  racontèrent  tout  ce  qui  venait  de  se  passer. 

22.  Un  Brâhmane,  [dijent-ils,]  a été  délivré  de  nos  chaînes,  et 
libre  de  crainte,  rendu  à la  vie,  il  s’est  incliné  devant  les  serviteurs 
de  Vichnu,  dont  la  vue  l’a  comblé  de  joie. 

23.  Mais  remarquant  qu’il  voulait  parler,  les  messagers  de  Ma- 
hâpurucha  ont  disparu  aussitôt  sous  ses  yeux,  de  l’endroit  même 
où  ils  se  trouvaient. 

24.  Cependant  Adjàmila  ayant  entendu  de  la  bouche  des  mes- 
sagers de  Yama  et  de  ceux  de  Krîchna,  et  la  loi  réglée  par  le  triple 
Vêda,  où  se  trouvent  encore  les  qualités,  et  la  loi  fondée  par  Bha- 
gavat,  qui  est  tout  à fait  pure, 

25.  Se  sentit  bientôt  pénétré  de  dévotion  pour  le  bienheureux 
Hari,  dont  il  venait  d'apprendre  la  grandeur,  et  ressentit  un  profond 
repentir  à la  pensée  de  sa  faute. 

26.  Ah  ! combien  suis-je  malheureux  de  ne  pas  m’être  vaincu  moi- 
même!  J’ai  avili  le  sang  d'un  Brâhmane,  en  le  faisant  renaître  au 
sein  d’une  femme  de  basse  extraction. 

27.  MaltIJpur  à moi  pécheur,  qui  suis  la  honte  de  ma  famille  et 

l’objet  du  blâme  des  gens  de  bien  ! car  j’ai  abandonné  une  épouse 
vertueuse  pour  me  livrer  à une  femme  coupable  qui  s’abreuve  de 
liqueurs  enivrantes.  . 

28.  Ingrat  que  je  suis!  J'ai,  semblable  au  dernier  des  hommes, 
abandonné  mon  père  et  ma  mère,  vieux,  souffrants,  sans  appui  et 
n’ayant  pas  d’autre  ami  que  moi. 

29.  Certainement  je  tomberai  dans  l’Enfer  épouvantable , où  les 


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LIVRE  SIXIÈME.  295 

hommes  voluptueux,  qui  ont  violé-  leurs  devoirs,  souffrent  les  sup- 
plices de  Yama. 

50.  Est-ce  un  songe,  ou  bien  ai-je  réellement  vujci  un  miracle? 
Où  sont  maintenant  partis  ces  hommes  qui,  des  chaînes  à la  main, 
m’emmenaient  avec  eux? 

51.  Et  où  sont-ils  allés  ces  quatre  Siddhas  dont  l'extérieur  était 
si  beau,  et  qui  me  délivrèrent,  au  moment  où,  chargé  de  chaînes, 
j’étais  entraîné  sous  terre  ? 

52.  Il  faut  que  je  sois  bien  heureux  pour  avoir  mérité  de  voir, 
misérable  comme  je  le  suis,  ces  chefs  des  Immortels,  dont  la  pré- 
sence a calmé  mon  cœur. 

55.  Autrement  l'époux  impur  d’une  esclave. n’eût  pu,  au  momcut 
.de  sa  mort,  prononcer  ici  le  nom  de  Vâikuntha. 

54.  Que  suis-je  moi,  pécheur  plein  de  malice,  homme  sans 

pudeur  et  honte  de  la  race  des  Brahmanes?  et  qu’il  est  grand  le 
bonheur  que  j’ai  eu  de  prononcer  le  nom  de  Bhagavat,  quand  je 
me  suis  écrié  : Nârâyana!  ^ 

55.  Je  ferai  donc  tous  mes  efforts , en  me  rendant  maître  de  mon 
esprit,  de  mes  sens  et  de  ma  respiration,  pour  ne  pas  me  plonger 
de  nouveau  dans  les  ténèbres  épaisses  [de  l'Enfer]. 

56.  Dégagé  des  liens  que  produisent  l’ignorance,  la  passion  et  les 
oeuvres,  bienveillant  pour  tous  les  êtres,  calme,  charitable,  plein  de 
compassion,  maître  de  moi, 

57.  Je  m’affranchirai  de  l'empire  de  l’Illusion  dont  l’esprit  est 
l’esclave,  et  qui  sous  la  forme  d’une  femme,  s’est  fait  de  moi  un 
jouet,  comme  3’un  misérable  animal. 

58.  L’esprit  fixé  sur  l’Etre  qui  existe  réellement,  renonçant  à l'idée 
du  moi  et  du  mien  qu’on  attache  au  corps  et  aux  autres  objets,  je 
déposerai  au  sein  de  Bhagavat  mon  cœur  purifié  par  la  récitation 
de  son  nain  et  par  d’autres  pratiques. 

59.  Plein  de  cette  indifférence  salutaire  pour  le  monde,  qu’il  avait 
acquise  par  cette  rencontre  d’un  instant  avec  des  êtres  vertueux,  il  se 
rendit  à Gaggâdvâra,  après  avoir  brisé  tous  ses  liens. 

40.  Là,  assis  dans  cette  demeure  divine,  livré  au  Yôga,  maître  de 


294  LE  BHÂGAVATA  PÜRÂNA. 

la  réunion  de  ses  sens  qu’il  avait  ramenés  en  lui-même,  il  unit  son 
cœur  à son  esprit.  t 

41.  Puis  détachant  son  esprit  des  qualités,  à l'aide  de  la  médi- 
tation dont  son  âme  était  devenue  pour  lui  l’objet,  il  l’unit  avec  la 
forme  de  Bhagavat,  qui  est  Brahma,  qui  est  tout  intelligence. 

42.  Dès  que  sa  pensée  se  fut  arrêtée  sur  cet  objet,  il  vit  devant 
lui  et  reconnut  les  personnages  qu’il  avait  vus  autrefois,  et  il  les 
salua  en  inclinant  la  tête. 

45.  Abandonnant  son  corps,  aussitôt  après  cette  vue,  dans  un 
étang  sacré  auprès  du  Gange,  il  revêtit  aussitôt  la  forme  des  êtres 
qui  se  tiennent  aux  côtés  de  Bhagavat. 

44.  Monté  sur  un  char  d’or,  il  fut  transporté  à travers  les  airs, 
avec  les  serviteurs  de  Mahâpurucha,  et  se  rendit  au  séjour  qu’habite, 
l’époux  de  Çrî. 

45.  C’est  ainsi  que  le  mari  d’une  esclave,  qui  avait  violé  toutes  les 
lois  et  oublié  ses  devoirs,  qu’un  homme  dégradé  pour  une  action 
aussi xoupable,  qui  venait  d'être  précipité  dans  l’Enfer,  fut  immé- 
diatement délivré  pour  avoir  prononcé  le  nom  de  Bhagavat. 

46.  Non,  il  n’est  pas,  pour  ceux  qui  veulent  se  sauver,  de  plus 
sûr  moyen  de  trancher  le  lien  de  l’action , que  de  répéter  le  nom  de 
celui  dont  les  pieds  sont  comme  un  étang  sacré;  car  alors  le  cœur 
qui  en  employant  d’autres  moyens,  reste  toujours  souillé  par  la 
Passion  et  les  Ténèbres,  ne  s'attache  plus  désormais  aux  œuvres. 

47.  Celui  qui  écoute  avec  foi , ou  qui  récite  avec  dévotion  cet 
ltihâsa  suprême  et  mystérieux,  qui  enlève  tous  les  péchés, 

48.  Ne  va  pas  dans  l’Enfer,  et  n'ast  pas  regardé  par  les  serviteurs 
de  Yama  ; quelque  coupable  qu’il  puisse  être,  il  est  glorifié  dans  le 
monde  de  Vichnu. 

49.  Si  Adjàmila  lui-même,  pour  avoir,  en  mourant,  prononcé  le 
nom  de  Mari,  quand  il  ne  faisait  qu’appeler  son  fils,  a pu  parvenir 
à la  demeure  du  Dieu , que  sera-ce  de  celui  qui  prononcera  ce  nom 
avec  foi  ? 


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LIVRE  SIXIÈME. 


295 


CHAPITRE  III. 

ÉPISODE  D'ADJÀMILA. 

1.  Le  roi  dit  : Quand  Dharmarâdja  eut  entendu  ce  que  venaient 
de  lui  raconter  ses  serviteurs  repoussés  par  les  messagers  de  Mu- 
râri,  que  leur  répondit  lé  Dieu  sous  l’empire  duquel  est  le  monde 
entier,  et  dont  les  ordres  avaient  été  ainsi  enfreints  ? 

2.  Jamais,  ô Rïdii,  je  n’ai  entendu  dire  auparavant  que  personne 
se  fût  opposé  au  châtiment  infligé  par  le  divin  Yama;  nul  autre 
que  toi  ne  peut  expliquer  ce  qui  doit  être  un  objet  de  doute  pour 
le  monde;  c’est  là  ma  conviction. 

5.  Çuka  dit:  Les  envoyés  de  Yama,  à la  tentative  desquels  s’é- 
taient opposés  les  hommes  de  Bhagavat,  vinrent  raconter  leur  défaite 
à leur  roi,  le  souverain  de  Samyamanî. 

а.  Les  messagers  de  Yama  dirent:  Combien  donc,  Seigneur, 
existe-t-il  de  souverains  en  ce  monde,  qui  aient  le  droit  de  procla- 
mer la  récompense  des  œuvres  aux  hommes  qui  commettent  des 
actions  de  trois  espèces? 

5.  S’il  y avait  dans  le  monde  plusieurs  rois  portant  le  sceptre  du 
châtiment , quel  est  celui  qui  obtiendrait , ou  quel  est  celui  qui 
n’obtiendrait  pas  la  mort  ou  l’immortalité? 

б.  Il  y a plus , s’il  y avait  en  ce  monde  pluralité  de  souverains, 
parce  qu’il  y a pluralité  d’hommes  agissants,  la  souveraineté  ne 
serait  qu’un  vain  nom,  comme  est  celle  des  simples  souverains  d’une 
province. 

7.  C’est  pourquoi  tu  es  le  maître  suprême  et  unique  des  créatures 
et  de  leurs  rois;  c’est  toi  qui  commandes,  qui  jmnis  les  hommes, 
qui  sais  distinguer  le  bien  du  mal. 

8.  Cependant  aujourd'hui  la  peine  que  tu  as  décrétée  n’a  pu  être 


290 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

infligée  dans  le  monde  ; tes  ordres  ont  été  enfreints  par  quatre  Sid- 
dhas  merveilleux. 

9.  Au  moment  où,  par  tes  ordres,  nous  conduisions  un  pécheur 
dans  la  demeure  des  supplices , ils  l'ont  délivré  en  brisant  violem- 
ment ses  chaînes. 

10.  Nous  désirons  apprendre  de  toi  qui  ils  sont,  si  tu  crois  que 
cela  nous  sera  utile  ; à l'instant  où  le  coupable  criait  < Nârâyana , » ils 
sont  accourus  aussitôt  en  lui  disant  : * N’aie  pas  peur.  » 

n.  Çuka  dit:  Ainsi  interrogé  par  ses  messagers,  le  divin  Yama 
qui  châtie  les  mortels  leur  répondit  avec  joie,  en  songeant  au  lotus 
des  pieds  de  Hari. 

12.  Yama  dit  : 11  est  un  autre  souverain  que  moi  du  monde  mo- 
bile et  immobile;  c'est  celui  en  qui  repose  le  tissu  de  l’univers  dont 
il  est  comme  la  trame  et  le  fil;  celui  dont  les  portions  conservent, 
créant  et  détruisent  toutes  choses;  celui  à la  volonté  duquel  le  monde 
est  soumis,  comme  l’animal  attaché  par  les  naseaux. 

15.  C’est  celui  qui  sous  des  noms  divers  enchaîne  les  êtres  par 
le  lien  de  sa  parole,  comme  on  retient  les  taureaux  avec  des  cordes; 
celui  auquel  les  créatures,  attachées  par  leurs  noms  et  par  leurs- 
œuvres,  apportent  l’offrande  en  tremblant. 

14.  Si  Mahêndra,  Nirrïti,  Pratchêtas,  Sôma,  Agni,  Iça,  Pavana, 
Arka,  • Virifitcha;  si  les  Àdityas,  les  Viçvas,  les  Vasus,  les  Sâdhyas, 
les  troupes  des  Maruts,  celles  des  Rudras  et  des  Siddhas; 

15.  Si  moi-même  et  les  autres  Créateurs  de  l’univers,  chefs  des 
Immortels,  comme  Bhrïgu  et  les  autres  sages,  qui  sont  à l'abri  de  la 
Passion  et  des  Ténèbres  et  en  qui  domine  la  Bonté,  nous  n’avons  pu 
connaître  ses  desseins  parce  que  nous  sommes  atteints  par  sa  Mâyâ, 
comment  d’autres  y parviendraient-ils? 

10.  Cet  Être,  qui  est  l'âme  même  résidante  au  sein  de  toutes  les 
âmes,  que  les  créatures  ne  peuvent  saisir  ni  par  les  sens,  ni  par  le 
souffle,  ni  par  le  coeur,  ni  par  le  Manas,  ni  par  la  parole,  pas  plus 
(pie  les  formes  ne  peuvent  voir  l’œil  qui  leur  est  supérieur; 

17.  Cet  Être  indépendant,  souverain,  suprême,  maître  de  l’Illu- 
sion, Hari  enfin,  la  grande  âme,  a des  messagers  qui  parcourent 


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LIVRE  SIXIÈME. 


297 


d’ordinaire  le  monde  avec  nn  extérieur  agréable,  et  naturellement 
doués  de  sa  forme  et  de  ses  qualités. 

18.  Ces  messagers  de  Vichnu,  honorés  des  Suras,  dont  les  attributs 
éblouissent  les  regards  et  qui  sont  si  merveilleux,  protègent  les 
serviteurs  de  leur  maître  contre  leurs  ennemis,  contre  moi-même, 
contre  tous  les  êtres  enfin. 

19.  Les  Richis,  les  Dêvas,  les  .chefs  des  Siddhas,  les  Asuras,  les 
hommes,  non  plus  que  les  Vidyâdharas,  les  Tchâranas  et  les  autres 
êtres,  ne  connaissent  pas  la  loi  établie  par  Bhagavat  lui-même. 

20.  Svayambhû,  Nârada,  Çambliu,  kumâra  (Sanat),  kapila,  le 
Manu,  Prahrâda,  Djanaka,  Bhîchma,  Bali,  le  fds  de  Vyâsa  et  moi, 

21.  Voilà  les  douze  êtres  auxquels  est  familière  la  loi  de  Bhagavat, 
cette  loi  mystérieuse,  pure,  impénétrable,  dontla  connaissance  assure 
l’immortalité. 

22.  La  loi  suprême,  la  seule  qui  soit  recommandée  aux  hommes 
en  ce  monde,  c’est  le  Yôga  de  la  dévotion  à Bhagavat,  qu’on  pratique 
en  prononçant  son  nom  et  en  lui  rendant  d'autres  devoirs. 

23.  Voyez,  enfants,  la  grandeur  de  cette  pratique  qui  consiste  à 
prononcer  le  nom  de  Hari , puisque  par  elle  Adjàmila  lui-même  a été 
délivré  des  chaînes  de  la  mort. 

2».  Il  faut  bien  que  l'énumération  des  qualités,  des  oeuvres  et  des 
noms  de  Bhagavat  suffise  pour  effacer  les  péchés  des  hommes,  puis- 
que le  coupable  Adjàmila  lui-même,  pour  avoir  crié  « Nârâyana  » en 
appelant  son  fils,  a obtenu  la  délivrance. 

25.  Un  homme  supérieur  ignore  souvent  cela,  parce  que  son  esprit 
est  trop  troublé  par  la  divine  Mâyâ  ; assoupi  par  le  parfum  enivrant 
qui  s’échappe  des  fleurs  du  triple  Vêda,  il  s’applique  au  développe- 
ment des  grande»  cérémonies. 

28.  Persuadés  de  ces  vérités,  les  hommes  éclairés  vouent  de  toute 
leur  âme  une  affection  constante  à Bhagavat  l'Être  infini;  ils  ne  mé- 
ritent pas  de  châtiment  de  ma  part,  eussent-ils  commis  un  grand 
crime,  car  ce  crime  est  effacé  par  la  récitation  du  nom  de  Vichnu. 

27.  Ils  sont  célébrés  dans  dçs  stances  pures  par  les  Dieux  et  les 
Siddhas,  ces  vertueux  protégés  de  Bhagavat,  qui  voient  toutes  choses 


298 


« 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

du  même  œil;  ne  les  approchez  pas,  car  la  massue  de  Hari  les  dé- 
fend; le  Temps,  ni  moi,  n’avons  le  pouvoir  de  les  punir. 

28.  Amenez-moi  ces  méchants  dont  la  face  se  détourne  toujours 
du  nectar  qui  s'écoule  du  lotus  des  pieds  de  Mukunda,  ce  nectar 
recherché  par  les  troupes  des  ascètes  qui  n’ont  rien,  mais  qui  en 
connaissent  la  saveur;  amenez-moi  ces  misérables  que  leurs  désirs 
enchaînent  k la  vie  domestique,  qui  est  la  route  de  l’Enfer. 

20.  Amenez-les-moi,  ces  méchants  qui  n’ont  pas  rendu  à Vichnu 
le  culte  qu’ils  lui  devaient;  amenez-moi  ceux  dont  la  langue  ne  pro- 
nonce ni  les  noms  ni  les  qualités  de  Bhagavat,  dont  l’esprit  ne  songe 
pas  au  lotus  de  ses  pieds,  dont  la  tête  ne  s’est  pas  inclinée,  même 
une  seule  fois,  au  nom  de  Krîchna. 

50.  Que  le  bienheureux  Nârâyana,  l’antique  Purucha,  nous  par- 
donne si  nous  l’avons  offensé  par  le  fait  de  nos  serviteurs;  le  maître 
est  indulgent  pour  ses  esclaves  ignorants  qui  réunissent  devant  lui 
leurs  mains  avec  respect;  adoration  à l’immense  Purucha! 

3t.  Çuka  dit  ; Apprends  par-là,  ô descendant  de  Kuru,  que  la  ré- 
citation' du  nom  de  Vichnu,  qui  fait  le  bonheur  du  monde,  produit 
l’expiation  définitive  des  grandes  fautes  elles-mêmes. 

32.  Non,  l’âme  ne  se  purifie  pas  autant  par  les  actes  de  piété  que 
par  la  noble  dévotion  qui  l’excite  à écouter  et  à réciter  sans  cesse  les 
glorieux  exploits  de  Hari. 

33.  L’abeille  qui  a goûté  le  miel  du  lotus  des  pieds  de  Krîchna, 
ne  se  plaît  plus  aux  qualités  de  Mâyâ  qu’elle  abandonne,  parce  que 
le  péché  en  est  le  fruit;  tandis  que  l'homme  esclave  du  désir  ne 
saurait  pour  chasser  la  passion  de  son  âme,  que  faire  des  œuvres  qui 
y ramènent  la  passion  de  nouveau. 

34.  Se  rappelant  la  grandeur  de  Bhagavat  que'venait  de  chanter 
leur  maître,  les  serviteurs  de  Yama,  l’esprit  frappé  d’admiration, 
n’hésitèrent  plus  à reconnaître  les  hommes  qui  se  sont  réfugiés 
auprès  d’Atchynta,  et  ils  craignirent  depuis  lors  de  les  voir. 

55.  Cet  Itihâsa  mystérieux  a été  raconté  par  lé  bienheureux  Agas- 
tya,  qui  assis  sur  le  mont  Malaya,  rendait  un  culte  à Hari. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


29<J 


CHAPITRE  IV. 


LE  MYSTÈRE  DE  BRAHMA. 

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1.  Le  roi  «lit  : Tu  m'as  raconté  en  abrégé  la  création  des  Dieux, 
des  Asuras,  des  hommes,  des  Nâgas,  des  quadrupèdes  et  des  vola- 
tiles, qui  eut  lieu  dans  le  Manvautara  de  Svâyaùibkuva. 

2.  Je  désire  apprendre  de  toi,  bienheureux  sage,  le  développe- 
ment détaillé  de  ce  sujet,  et  au  moyen  de  quelle  énergie  Bkagaval 
l’Être  suprême  accomplit  la  création  secondaire. 

SÊTA  dit  ; 

3.  Ayant  entendu  la  question  du  Richi  des  rois,  le  fds  de  Vâda- 
râyana,  le  grand  Yègin,  lui  répondit  ainsi,  ü solitaires  excellents, 
après  lui  avoir  témoigné  son  approbation. 

4.  Çuka  dit  : Lorsque  les  Pratchêtas,  ces  dix  fils  de  Prâtcliîna- 
varbis,  après  être  sortis  des  eaux  de  l’océan,  virent  la  terre  couverte 
d’arbres, 

5.  Ces  sages,  dont  la  pratique  des  austérités  avait  enflammé  le 
courroux,  s'indignant  contre  les  arbres,  lancèrent  de  leur  bouche  du 
vent  et  du  feu  pour  les  consumer. 

6.  Voyant,  ô descendant  de  Kuru,  les  arbres  entièrement  consu- 
més par  ces  deux  éléments,  le  grand  roi  Sôma  leur  parla  ainsi,  comme 
pour  calmer  leur  colère  : 

7.  Vous  ne  devez  pas,  sages  fortunés,  vous  indigner  contre  ces 
malheureux  arbres,  vous  qui  désireux  d’augmenter  le  nombre  des 
créatures,  en  êtes  nommés  les  Chefs. 

8.  Oui,  c’est  le  chef  des  Pradjâpatis,  le  bienheureux  Hari,  l’Être 
impérissable,  qui  a,  dans  sa  puissance,  créé  les  arbres  et  les  plantes, 
ppur  donner  la  vigueur  et  la  nourriture. 


38. 


500 


LE  BHÀGAVATA  TURANA. 

».  Il  a donné  pour  nourriture  aux  êtres  qui  se  meuvent,  ceux 
qui  ne  se  meuvent  pas;  à ceux  qui  ont  des  pieds,  ceux  qui  n’en  ont 
pas;  à ceux  qui  ont  des  mains,  ceux  qui  en  sont  privés;  et  aux  bi- 
pèdes , les  quadrupèdes. 

10.  Et  vous  qui  avez  été  chargés  par  le  Dieu  des  Dieux,  et  ensuite 
par  votre  père,  de  la  création  des  êtres,  comment  pouvez-vous 
détruire  les  arbres  par  le  feu? 

U.  Contenez  cette  ardente  colère;  rentrez  dans  la  voie  suivie  par 
les  hommes  vertueux,  où  ont  marché  votre  père,  votre  aïeul  et  vos 
ancêtres. 

12.  Un  père  et  une  mère  sont  les  ainis  de  leurs  enfants;  la  pau- 
pière est  l'amie  de  l'œil;  le  mari  est  l’ami  de  sa  femme;  le  roi  l'est  de 
ses  sujets;  le  maître  de  maison  l'est  des  mendiants;  le  savant  l’est  des 
ignorants.  * 

' tî.  Hari  le  Seigneur  suprême  habite  dans  le  corps  de  tous  les 
êtres  sous  la  forme  de  leur  âme;  considérez  tout  cet  univers  comme 
son  séjour;  c’est  ainsi  que  vous  lui  serez  agréables. 

14.  Celui  qui  sait,  par  l’étude  de  l’esprit,  dompter  la  colère  vio- 
lente qui  s'allume  subitement  dans  sou  corps,  parvient  à surmonter 
les  qualités. 

15.  Assez  de  ces  malheureux  arbres  ont  été  brûlés;  consentez  à 
conserver  ceux  qui  restent,  et  recevez  pour  épouse  cette  belle  jeune 
lille  qui  a été  élevée  par  les  arbres. 

16.  Après  avoir  averti  la  belle  fille  de  l’Apsaras,  le  roi  Sùi ns 

la  donna  aux  Pratchêtas  et  les  quitta;  ceux-ci  l’épousèrent  suivant 
la  loi.  • 

17.  De  cette  union  naquit  Dakcha  le  Pratchètaside,  qui  remplit 
les  trois  mondes  des  créatures  auxquelles  il  donna  l’être. 

1»-.  Je  vais  te  raconter  comment  Dakcha,  qui  chérissait  ses  filles, 
créa  les  êtres  de  sa  semence  et  de  sa  pensée;  écoute  avec  attention. 

19.  Le  Pradjâpati  créa  d’abord  avec  son  intelligence  les  Dieux,  les 
Asuras,  les  hommes  et  les  autres  êtres  qui  habitent  l’air,  la  terre  et 
les  eaux. 

20.  Voyant  que  cette  création  ne  prospérait  pas,  il  se  retira,  comme 


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LIVRE  SIXIÈME.  301 

un  solitaire,  dans  les  montagnes  au  pied  du  Vindhya,  et  s’y  livra  à 
de  rudes  austérités. 

81.  Là  se  baignant  trois  fois  le  jour  dans  l’excellent  étang  nommé 
Aghamarçana,  qui  enlève  les  péchés,  il  satisfit  llari  par  ses  mortifi- 
cations. 

22.  Il  loua  le  bienheureux  Adhôkchadja  avec  l’hymne  nommé 
Hamsaguhya  ( le  mystère  de  Brahma)  ; je  vais  te  réciter  cet  hymne 
par  lequel  Dakcha  se  rendit  Hari  favorable. 

23.  Le  Pradjâpati  dit  : J’adresse  mon  adoration  au  suprême 
Svayambhû,  dont  l’intelligence  ne  s’applique  pas  en  vain,  qui  s’al- 
lie à la  cause  des  manifestations  des  trois  qualités,  dont  la  forme  est 
invisible  pour  ceux  qui  croient  à l’existence  réelle  de  ces  qualités,  et 
qui  échappe  à toute  mesure. 

24.  l'adresse  mon  adoration  à ce  grand  Souverain,  dont  l’homme 
son  ami  ne  voit  pas  plus  l’amitié,  quoiqu’il  habite  avec  lui  dans  la 
ville  du  corps,  que  la  qualité  n'aperçoit  son  rapport  avec  l’Être  doué 
de  qualités,  qui  la  voit  lui  distinctement. 

25.  Le  corps,  les  souffles  vitaux,  les  sens,  les  facultés  de  l’esprit, 
les  éléments  et  les  molécules  subtiles  ne  se  connaissent  pas  plus 
eux-mêmes,  que  cet  Etre  qui  leur  est  supérieur.  L’homme  connaît 
l’univers  et  les  qualités;  et  sachant  tout  cela,  il  ne  connaît  pas  en- 
core l’Être  infini  èt  omniscient  que  j'adore. 

26.  Adoration  à Harîisa  ( Brahma)!  cet  être  dont  la  demeure  est 
pure,  que  l'on  saisit  sous  sa  forme  absolue,  lorsque  le  cœur  qui  des- 
sine les  noms  et  les  formes,  suspend  son' action  par  la  suppression 
de  la  vue  et  de  la  mémoire. 

27.  Puisse  cet  Etre  que  les  sages,  à l’aide  de  leur  intelligence,  dé- 
gagent de  leur  cœur  où  il  réside  caché  avec  ses  neuf  énergies  qui  se 
multiplient  par  trois , tout  comme  on  tire  du  bois  le  feu  qu’on  doit 
allumer  le  quinzième  jour  de  la  lune; 

28.  Puisse  cet  Être,  qui  supprimant  Mâyâ , source  de  toutes  les 
distinctions , goûte  le  bonheur  du  Nirvana,  cet  Etre  qui  a tous  les 
noms,  toutes  les  formes,  et  dont  l'énergie  nia  pas  de  nom  quand 
elle  est  renfermée  en  lui-même,  me  témoigner  sa  bienveillance! 


302 


LE  BHÀGAVATA  PURÂ.NA. 

29.  Rien  de  ce  qu'exprime  le  langage,  de  ce  que  peuvent  se  figu- 
rer l’intelligence,  les  sens  ou  le  cœur,  n’est  sa  véritable  nature;  car 
tout  cela  est  le  produit  des  formes  et  des  qualités,  et  lui,  au  con- 
traire, a pour  attributs  la  destruction  et  la  création  des  qualités. 

50.  Celui  qui  est  à la  fois  le  théâtre,  la  cause,  l’instrument,  le 
possesseur,  le  but,  le  inode  de  l’action,  et  jusqu'à  l’action  même 
qu’il  accomplit  comme  agent  libre  ou  forcé  ; celui  qui  est  au-dessus 
des  êtres  supérieurs  et  inférieurs,  qui  est  nommé  avant  tous,  celui-là 
est  Brahma,  la  cause  unique  et  sans  seconde. 

■51.  Celui  dont  les  énergies  sont,  pour  les  sages  qui  discutent  entre 
eux,  un  sujet  de  contestation  ou  d’accord,  et  pour  leur  esprit  une 
cause  continuelle  de  trouble;  cet  être  immense  dont  les  qualités  sont 
infinies,  c’est  à lui  que  j’adresse  inon  adoration. 

52.  Celui  duquel  le  Yôga  et  le  Sàmkhya  soutiennent,  l'ifn  qu'il 
est,  l’autre  qu’il  n'est  pas,  propositions  distinctes  et  contradictoires, 
parce  qu’elles  affirment  à la  fois  d’un  sujet  unique  son  existence  et 
sa  non-existence,  c’est  le  grand  Etre,  qui  uniforme  et  supérieur  à 
tout,  offre  des  caractères  qui  s’accordent  avec  ces  deux  opinions. 

35.  Puisse-t-il  m’être  favorable,  Bhagavat  l’Etre  infini  et  suprême, 
qui  pour  témoigner  sa  faveur  à ceux  qui  adorent  ses  pieds,  a pris, 
quoiqu'il  n’ait  ni  nom  ni  forme,  des  formes  et  des  noms,  en  venant 
au  monde  et  en  agissant  ! 

54.  Que  le  Seigneur,  qui  pour  satisfaire  les  désirs  des  mortels, 
apparaît  dans  descorps  distincts , où  il  entre  par  les  voies  de  la  science 
vulgaire,  comme  le  vent  [qui  prend  des  odeurs  diverses],  selon  les 
éléments  grossiers  auxquels  il  s'unit;  que  le  Seigneur  accomplisse 
mes  souhaits. 

55.  Çuka  dit  : Pendant  que  Dakclia  faisait  entendre  ces  louanges 
dans  l’étang  Aghamafçana,  Bhagavat  qui  aime  ses  serviteurs  appa- 
rut à ses  yeux. 

56.  Ses  pieds  reposaient  sur  les  épaules  de  Suparna  ; ses  huit  bras 
qui  lui  descendaient  [ jusqu’aux  genoux],  soutenaient  le  Tchakra, 
une  conque,  un  glaive,  un  bouclier,  des  flèches,  un  arc,  un  lacet  et 
une  massue. 


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305 


LIVRE  SIXIÈME. 

37.  Sous  son  vêtement  jaune,  il  était  d’un  noir  foncé;  ses  yeux  et 
son  visage  exprimaient  la  bienveillance;  une  guirlande  de  fleurs  des 
bois  entourait  son  corps;  le  Çrivalsa  et  le  Kâustubha  brillaient  [sur 
sa  poitrine]. 

58.  Il  avait  un  grand  diadème  et  de  larges  bracelets;  il  portait 
des  pendants  d’oreilles  étincelants  en  forme  de  Makara;  ses  bras,  ses 
mains,  ses  jambes  et  les  doigts  de  ses  pieds  étaient  ornés  d’anneaux 
d’or. 

59.  Il  paraissait,  comme  souverain  de  l’univers,  sous  cette  forme 
qui  jette  dans  le  trouble  les  trois  mondes,  au  milieu  de  Nârada,  de 
Nanda  et  des  autres  chefs  des  Suras  qui  forment  son  assemblée,  et 
célébré  par  les  Siddbas,  les  Gandharvas  et  les  Tchâranas  de  sa  suite 
qui  chantaient  ses  louanges. 

40.  A la  vue  de  cette  forme  si  merveilleuse,  le  Chef  des  créatures, 
le  cœur  plein  de  joie , se  précipita  contre  terre  en  toute  hâte  pour 
l’adorer. 

41.  Mais  l’excès  de  la  joie  l'empêcha  de  prononcer  une  seule  pa- 
role; car  les  chemins  de  son  cœur  en  étaient  remplis,  en  quelque 
sorte,  comme  un  fleuve  l’est  par  des  torrents. 

42.  En  voyant  ainsi  prosterné  devant  lui  le  Pfadjâpati  son  servi- 
teur, qui  désirait  des  enfants,  Djanârdana,  qui  connaît  les  pensées 
de  tous  les  êtres,  lui  pai’la  ainsi. 

45.  Bhagavat  dit  : Fils  fortuné  des  Pratchêtas,  tes  austérités  t’ont 
assuré  la  perfection,  parce  qu’avec  une-foi  extrême  en  moi,  tu  m’as 
voué  une  dévotion  exclusive. 

44.  Je  suis  satisfait  de  toi,  Chef  des  créatures,  parce  que  tes  aus- 
térités vont  peupler  le  monde  ; car  mon  désir  est  que  les  êtres  se 
multiplient. 

45.  Brahmâ,  Bhava,  les  Manus,  les  premiers  des  Immortels,  et 
vous.  Chefs  des  créatures,  vous  êtes  tous  des  manifestations  multi- 
pliées de  ma  personne,  qui  devenez  Ifes  causes  de  l’existence  des  êtres. 

4e.  Les  austérités,  ô Brâhmane,  sont  mon  cœur;  la  science  [du 
Vêda]  est  mon  corps,  l’action  ma  forme,  les  sacrifices  mes  membres, 
le  mérite  moral  mon  âme  ; les  Suras  sont  mon  souffle. 


30/l 


LE  BHÀGAVATA  PURANA. 

47.  J’étais,  oui  j’étais  seul  avant  la  création,  et  il  n’y  avait  lien 
autre  chose  d'intérieur  ni  d’extérieur;  j’étais  une  pure  conception , 
insaisissable  et  comme  entièrement  endormi. 

48.  Une  forme,  réunion  et  produit  des  qualités,  apparut  en  moi, 
qui  suis  l’Étre  infini  et  aux  qualités  sans  fin  ; et  de  cette  forme  le 
premier  être  qui  naquit  fut  Svayambhû  le  Dieu  incréé. 

49.  Quand  ce  grand  Dieu,  que  soutenait  mon  énergie,  eut,  au  mi- 
lieu de  ses  efforts  pour  accomplir  l’œuvre  de  la  création,  reconnu  sa 
propre  impuissance, 

50.  11  se  livra,  d'après  le  conseil  que  je  lui  en  donnai,  à de  rudes 
mortifications,  à l’aide  desquelles  ce  Dieu  souverain  créa  au  com- 
mencement les  neuf  Créateurs  de  l’univers  dont  tu  fais  partie. 

51.  Maintenant,  ô Chef  des  créatures,  prends  pour  femme  la  fille 
de  l’un  d’eux,  du  Pradjâpati  l’antcbadjana,  que  l’on  nomme  Asiknî. 

52.  Te  livrant  avec  elle  au  plaisir  qui  accompagne  l'union  des 
deux  sexes,  tu  multiplieras  à l’infini  la  création  des  êtres. 

55.  Et  à partir  de  toi,  toutes  les  créatures  s'unissant  par  couples 
sous  l'influence  de  l'Illusion  dont  je  dispose,  se  multiplieront  et  me 
présenteront  l’offrande. 

54.  Çuka  dit  : A ces  mots  le  bienheureux  Hari  qui  fait  exister 
tous  les  êtres,  disparut  sous  les  yeux  du  sage,  semblable  à l’image 
qui  se  montre  dans  un  songe. 

Ax  or  QUATRIÈME  CHAPITRE,  AVANT  PODR  TITRE  : 

HYMNE  DU  MYSTÈRE  DE  SRAHMA  , 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  CRAND  PURÂÇA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÀGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  SIXIÈME 


305 


CHAPITRE  V. 


IMPRECATIONS  DE  DAKCHA  CONTRE  NÜRADA. 


1.  Çuka  dit  : Le  puissant  Pradjâpati , dont  la  Mâyâ  de  Vichnu 
augmentait  les  forces,  eut  de  sa  femme,  fille  de  Pantchadjana,  dix 
mille  fils,  nommés  les  Ilaryaçvas. 

2,  Ces  fils  de  Dakcha,  qui  étaient  tous  unis  par  les  mêmes  de- 
voirs et  les  mêmes  vertus,  invités  par  leur  père  à se  livrer  à la  créa- 
tion des  êtres,  se  retirèrent  du  côté  de  l'occident. 

S.  Là,  au  confluent  du  Sindhu  et  de  l’océan,  est  le  vaste  étang  de 
Nârâyanasaras,  qui  est  fréquenté  par  les  solitaires  et  par  les  Siddhas. 

4.  Ces  jeunes  gens,  en  qui  le  seul  contact  de  ces  eaux  avait  effacé 
les  souillures  contractées  par  leur  cœur,  et  dont  l'intelligence  était 
exercée  aux  devoirs  de  l'ascétisme  le  plus  élevé, 

5.  Se  livrèrent , conformément  aux  ordres  de  leur  père , à de 
rudes  mortifications;  le  Richi  des  Dêvas  les  vit,  pendant  qu’ils  fai- 
saient tous  leurs  efforts  pour  multiplier  les  créatures. 

6.  Et  il  leur  dit  : 0 Haryaçvas,  comment  pourrez-vous  créer  les 
êtres,  sans  avoir  vu  les  bornes  de  la  terre?  Certes,  quoique  vous 
soyez  les  souverains  [du  monde],  vous  êtes  des  insensés. 

7.  Vous  ne  connaissez  ni  le  royaume  où  il  n’y  a qu'un  homme , 
ni  la  caverne  dont  on  ne  voit  pas  l’issue,  ni  la  femme  aux  nombreuses 
formes,  ni  l'homme  qui  est  le  mari  de  la  courtisane , 

8.  Ni  le  fleuve  dont  les  eaux  coulent  dans  deux  directions  oppo- 
sées, ni  la  merveilleuse  demeure  des  vingt-cinq,  ni  le  cygne  au  beau 
langage,  ni  la  roue  tournant  d’elle-même,  composée  de  foudres  et 
de  lames  tranchantes. 

9.  Comment  donc,  ignorant  les  ordres  de  votre  sage  père,  pour- 
rez-vous  accomplir  une  création  convenable  ? 


II. 


^9 


506 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

10.  Ayant  entendu  ces  paroles,  les  Haryaçvas,  dont  l’esprit  était 
doué  d’une  pénétration  naturelle , se  mirent  à réfléchir  tout  seuls 
sur  le  langage  énigmatique  du  Rïchi  des  Dieux. 

11.  La  terre,  c’est  l’âme,  que  l’on  nomme  la  vie,  qui  n’a  pas  de 
commencement,  qui  est  le  lien  de  l’homme  : quel  besoin  a-t-on 
d'oeuvres  impuissantes,  quand  on  n’en  a pas  vu  l’anéantissement  ? 

12.  L’homme  unique  est  le  Seigneur  suprême,  qui  est  Bhagavat, 
cet  Être  souverain,  qui  repose  sur  lui-même  et  [embrasse  tous  les 
êtres  sous]  sa  quatrième  forme  : quel  besoin  a-t-on  d’œuvres  impuis- 
santes, quand  on  n’a  pas  vu  que  l'Esprit  est  incréé? 

15.  La  caverne  dont  l'homme  ne  revient  pas  plus  que  celui  qui 
est  une  fois  entré  dans  le  ciel  des  régions  de  l’Abîme,  c’est  l’Être 
dont  l’éclat  est  intérieur:  quel  besoin  a d’œuvres  impuissantes  celui 
qui  ne  le  connaît  pas  en  ce  monde? 

14.  La  femme  aux  nombreuses  formes,  c'est  l’intelligence  de  l’es- 
prit, laquelle,  comme  la  courtisane,  prend  divers  caractères  : quel 
besoin  a d'œuvres  impuissantes  celui  qui  n'en  a pas  vu  le  terme? 

15.  Semblable  au  mari  d’une  épouse  coupable,  l’esprit,  par  son 
union  avec  l’intelligence,  perd  la  souveraineté  et  roule  dans  le  cercle 
de  la  transmigration  : quel  besoin  a d’œuvres  impuissantes  celui  qui 
ne  connaît  pas  ses  voies  ? 

16.  Le  fleuve,  c’est  l'Illusion,  qui  produit  à la  fois  la  création  et 
la  destruction , et  qui  s'agite  au  bord  de  sa  rive  : quel  besoin  a-t-il 
d’œuvres  impuissantes  l’homme  enivré  qui  ne  la  reconnaît  pas? 

17.  L’esprit  est  le  merveilleux  miroir  des  vingt-cinq  principes  : 
quel  besoin  a d’œuvres  impuissantes  celui  qui  en  ce  monde  ne  con- 
naît pas  l’Esprit  suprême  ? 

18.  Quand  on  a renoncé  à la  doctrine  qui  fait  obtenir  le  Sei- 
gneur, qui  enseigne  la  délivrance  de  tous  les  liens,  et  qu’on  ignore 
la  science  dont  les  paroles  sont  pures,  quel  besoin  a-t-on  d’œuvres 
impuissantes? 

19.  La  roue  qui  tourne,  c’est  celle  du  Temps,  roue  tranchante 
qui  enlève  tout  dans  l’univers  : quel  besoin  a d’œuvres  impuissantes 
celui  qui  en  ce  monde  n’en  reconnaît  pas  l’indépendance? 


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307 


LIVRE  SIXIÈME. 

20.  Le  père,  c’esl  la  science  : comment  l'homme  qui  ne  connaît 
pas  ses  ordres  touchant  l'inaction,  pourrait-il,  avec  la  confiance  qu’il 
accorde  aux  qualités,  marcher  selon  ses  enseignements? 

21.  Les  Haryaçvas  unanimes  dans  leurs  pensées  étant  arrivés  a 
cette  conviction,  tournèrent  autour  de  Nârada  avec  respect,  et  en- 
trèrent dans  la  voie  d’où  l’on  ne  revient  plus. 

22.  Et  le  solitaire  qui  tient  sa  pensée  indissolublement  unie  au 
lotus  des  pieds  de  Hrïchîkêça  que  manifeste  le  Vêda , se  mit  de 
nouveau  à parcourir  le  monde. 

23.  En  apprenant  que  Nârada  était  la  cause  de  la  perte  de  ses  fils 
qui  brillaient  par  la  vertu,  Üakcha  pénétré  de  douleur  se  lamenta 
d’avoir  donné  le  jour  à des  enfants  vertueux  qui  sont  souvent  une 
source  de  regrets. 

2t.  Mais  consolé  par  Adja,  Dakcha  eut  encore  de  la  fille  de  Pan- 
tchadjana  des  milliers  de  fils  nommés  les  Çavalâçvas. 

26.  Chargés  aussi  par  leur  père  d’accomplir  la  création  des  êtres, 
ces  hommes,  fermes  dans  leurs  desseins,  se  rendirent  à l’étang  de 
Nârâyana,  où  leurs  frères  aînés  étaient  parvenus  à la  perfection. 

26.  Purifiés , par  le  seul  contact  de  ses  eaux , des  souillures  qu’a- 
vaient contractées  leurs  cœurs;  répétant  à voix  basse  le  nom  suprême 
de  Brahma,  ils  s’y  livrèrent  à de  grandes  austérités. 

27.  Ne  se  nourrissant  que  d’eau  pendant  quelques  mois,  et  pen- 
dant d’autres  que  d’air,  ils  honorèrent  Idaspati  (Vichnu)  en  récitant 
ce  Mantra  : 

26.  « Oih  ! Adressons  notre  adoration  à Nârâyana,  qui  est  Purucha 
• la  grande  âme,  qui  est  le  séjour  de  la  pure  qualité  de  la  Bonté,  qui 
« est  le  grand  Brahma.  • 

29.  Nârada  voyant  que  ces  sages  pensaient  à reprendre  l’œuvre 
de  la  création,  se  rendit  auprès  d’eux  et  leur  tint,  comme  à leurs 
frères,  un  langage  énigmatique. 

50.  Eils  de  Dakcha,  leur  dit-il,  écoutez  les  conseils  que  je  vous 
donne;  suivez,  vous  qui  avez  de  l’alïection  pour  vos  frères,  la  voie  où 
ils  ont  marché. 

5t.  Le  frère  qui  connaissant  la  loi,  suit  la  route  que  lui  ont  tracée 

3». 


308  LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

ses  frères,  est  un  aini  de  ia  vertu  qui  obtient  de  jouir  du  bonheur 
avec  les  Maruts. 

32.  Ayant  ainsi  parlé,  Nârada  dont  le  regard  est  infaillible  se 
retira;  et  les  fils  de  Dakcha,  ô roi  respecté,  entrèrent  dans  la  voie 
qu’avaient  suivie  leurs  frères. 

33.  Marchant,  comme  leurs  aînés,  d’une  manière  régulière  dans 
la  voie  qui  ramenant  l’homme  au  dedans  de  lui,  le  conduit  à l’Etre 
suprême,  ils  ne  revinrent  pas  plus  que  ne  reviendront  les  nuits  déjà 
écoulées. 

34.  En  ce  temps-là  le  Pradjâpati  voyant  de  nombreux  prodiges, 
apprit  que  la  mort  de  ses  enfants  était,  comme  celle  de  leurs  aînés, 
l’œuvre  de  Nârada. 

35.  Désolé  de  la  perte  de  ses  enfants,  il  se  mit  en  fureur  contre 
Nârada,  et  la  lèvre  tremblante  de  colère,  il  parla  ainsi  an  Rxchi. 

36.  Dakcha  dit  : Ah  ! méchant,  avec  ton  extérieur  qui  est  celui  des 
gens  de  bien , tu  m'as  fait  du  mal  en  enseignant  à mes  fils  vertueux 
la  voie  des  ascètes  qui  mendient. 

57.  [En  leur  donnant  ce  conseil]  avant  qu’ils  eussent  acquitté 
les  trois  dettes  [de  la  vie]  et  qu’ils  eussent  accompli  des  œuvres,  tu 
as  détruit  leur  bonheur  pour  ce  monde  et  pour  l’autre. 

58.  Et  cependant,  homme  sans  pitié,  toi  qui  te  plais  à troubler 
l’esprit  des  enfants,  tu  te  montres  avec  impudence  au  milieu  des 
serviteurs  de  Hari  dont  tu  détruis  la  gloire. 

39.  Certes  ils  éprouvent  une  constante  sollicitude  pour  tous  les 
êtres,  les  serviteurs  de  Bhagavat,  toi  excepté,  loi  l’ennemi  de  la  bien- 
veillance, qui  fais  du  mal  à ceux  qui  ne  t’en  veulent  pas. 

40.  Non,  quoi  que  tu  penses  de  la  quiétude  qui  tranche  le  lien 
de  l’alfection,  tes  conseils,  6 toi  qui  n’as  que  l’apparence  trompeuse 
du  sage,  ne  conduiront  jamais  les  hommes  au  détachement. 

41.  11  ne  sait  rien,  l’homme  qui  n’a  pas  éprouvé  l'impression  cui- 
sante des  objets;  mais  une  fois  qu’il  l’a  ressentie,  il  se  dégoûte  lui- 
même  du  monde,  bien  mieux  que  celui  dont  des  êtres  supérieurs 
rompent  les  desseins. 

42.  Quoique  tu  nous  aies  fait  un  mal  intolérable,  à nous  qui 


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LIVRE  SIXIEME. 


509 


sommes  voués  aux  œuvres  et  qui  vivons  en  maîtres  de  maison  ver- 
tueux, nous  savons  supporter  ta  mauvaise  action. 

45.  Mais  parce  qu’en  interrompant  ina  descendance  tu  m’as  fait 
du  mai  à deux  reprises,  à cause  de  cela,  ô insensé,  je  te  condamne 
à errer  à travers  les  mondes,  sans  pouvoir  t'arrêter  nulle  part. 

44.  Çuka  dit  : Ainsi  soit-il,  répondit  Nârada  qui  est  estimé  des 
gens  de  bien  ; car  le  langage  de  Dakcha  était  si  sage,  qu’îçvara  lui- 
înême  l’eût  enduré. 


FIS  DU  CINQUIÈME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE: 
IMPRÉCATIONS  DE  DAACHA  CONTRE  NÂRADA. 

DANS  LB  SIXIÈME  LITRE  DU  GRAND  PGNÂÇIA , 

LE  BIBNIIEUREUX  BHÂGAVATA  . 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VÏÀSA 


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310 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  VI. 

DESCENDANCE  DES  FILEES  DE  DAKCHA. 

1.  Çuka  dit:  Ensuite  le  fils  des  Pratchètas  consolé  par  Svayam- 
bhû,  eut  d'Asikni  soixante  filles  qui  étaient  pleines  d'affection  pour 
leur  père. 

•2.  11  en  maria  dix  à Dharma,  douze  au  Pradjâpati  [Kaçyapa],  vingt- 
sept  à Indu  (le  Dieu  de  la  lune);  il  en  donna  deux  à chacun  des 
sages  Bhùta,  Aggiras  et  Krïçâçva,  et  Târkcha  (autre  nom  de  Ka- 
çyapa) eut  le  reste. 

3.  Apprends  de  moi  le  nom  de  ces  femmes , avec  celui  de  leurs 
enfants;  elles  remplirent  les  trois  mondes  de  leur  postérité  et  des  fils 
qui  en  sortirent. 

'i.  Bhânu  (la  lumineuse),  Lamhù  (un  arc  tracé  du  pôle  au  zénilli), 
kakubh  (un  point  du  compas),  Yâmi  (la  nuit),  Viçvâ  (celle  qui  est 
le  tout),  Sâdhyâ  (l’accomplissement),  Marutvatî  (celle  qui  est  accom- 
pagnée par  les  vents),  Vasu  (la  lumière  répandue  partout),  Mubûrtâ 
(l’heure),  Samkalpà  (la  volonté),  voilé  les  noms  des  femmes  de 
Dharma  ; apprends  quels  furent  leurs  enfants. 

5.  De  Bhânu  naquit  Dêvarïcbabha,  qui  eut  pour  fils  Indrasêna; 
Vidyôta  (l’éclair)  fut  le  fils  de  Lambâ;  il  donna  le  jour  aux  Sta- 
nayitnus  (les  foudres). 

0.  Kakubh  donna  le  jour  à Saiîikala  (le  passage  dillicile) , qui 
eut  pour  fils  Kîkata  (le  pauvre),  duquel  naquirent  les  [Divinités 
des]  lieux  impraticables  de  la  terre;  Yâmi  eut  Svarga  (le  ciel),  qui 
eut  pour  fils  Nandi  ( la  béatitude). 

7.  Viçvâ  mit  au  monde  les  Viçvêdêvas , qui,  dit-on,  n’eurent  pas 
d’enfants;  Sâdhyâ  donna  le  jour  à la  troupe  des  Sâdhyas,  qui  eurent 
pour  fils  Arthasiddlii  (l’accomplissement  de  l’objet). 

8.  Marutvatî  eut  deux  fils,  Marutvat  (celui  qui  est  accompagné 


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LIVRE  SIXIEME. 


.111 


par  les  vents),  et  Djayanta  (le  victorieux);  Djayanta  est  cette  por- 
tion de  Vâsudèva  que  l’on  connaît  sous  le  nom  d’Upcndra. 

9.  Muhûrtâ  donna  le  jour  à la  troupe  des  Dêvas  que  l'on  nomme 
les  Mâuhûrtikas  (les  Dieux  des  heures);  ce  sont  eux  qui  assurent 
aux  mortels  le  fruit  [des  œuvres]  qui  vient  pour  chacun  en  son  temps. 

10.  De  Samkalpâ  naquit  Samkalpa  (le  désir),  qui  eut  pour  fils 
Kâma  (l'amour);  Vasu  eut  pour  fils  les  huit  Vasus;  je  vais  t’ap- 
prendre leurs  noms. 

11.  C’étaient  Drôna  (l’eau),  Prâna  (le  souille  de  vie),  Dhruva  (le 
solide),  Arka  (le  soleil),  Agni  (le  feu),  DAcha  (le  soir),  Vâstu  (l’ha- 
bitation), Vibhâvasu  (le  soleil  aux  splendeurs  variées);  Drôna  prit 
pour  femme  Abhimati  (l’arrogance),  et  en  eut  Marcha  (la  joie), 
Çôka  (le  chagrin),  Bhaya  (la  crainte)  et  d’autres. 

12.  Prâna  eut  pour  femme  Ûrdjasvatî,  qui  eut  pour  fils  Saha , 
Ayu  et  Purôdjava;  Dhruva  prit  pour  femme  Dhàrani  (la  terre),  qui 
lui  donna  les  diverses  [Divinités  des]  villes. 

15.  Vâsanâ  fut  la  femme  d’Arka,  qui  en  eut  Tarcha  et  d’autres 
fils;  la  femme  d'Agni  fut  Vasôrdhârâ,  qui  mit  au  monde  Dravinaka 
et  d'autres. 

14.  Agni  eut  encore  de  Krïttikâ  Skaudha,  d’où  naquirent  Viçàkha 
et  les  autres;  la  femme  de  Dôclia  fut  Çarvarî,  et  son  fils  Çiçumâra, 
qui  est  une  portion  de  Mari. 

15.  Aggirasî  fut  la  femme  de  Vâstu,  qui  en  eut  Viçvakarman  (l'ar- 
chitecte céleste),  époux  d'Akrïti  (la  forme);  de  ce  dernier  naquit  le 
Manu  TchÂkchucha,  qui  eut  pour  fils  lesViçvas  et  les  Sâdhyas. 

16.  Uchas  (l’aurore)  donna  à Vibhâvasu  Vyuchta,  Rôtchicha  et 
Atapa;  ce  dernier  eut  pour  fils  Pantchayâma  (la  réunion  des  cinq 
veilles),  qui  éveille  les  créatures  pour  l’action. 

17.  Sarûpâ,  femme  de  Bhûta,  lui  donna  pour  fils  les  Rudras 
par  millions,  et  entre  autres  Râivata,  Adja,  Bhava,  Bhtma.  Vâma. 
Ugra,  Vrîchâkapi, 

18.  Adjâikapâd,  Ahirbudhnya,  Bahurûpu  et  Mahat;  il  eut  encore 
d'autres  fils,  qui  figurent  dans  l’assemblée  de  Rudra,  et  qui  sont  les 
chefs  redoutables  des  Bhûtas. 


312 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


19.  Svadhâ  donna  les  l’itrîs  au  Pradjâpali  Agiras  son  époux;  el 
Satî  son  autre  femme  mit  au  monde  le  Vêda  nommé  Atharvâggiras. 

20.  Krïçâçva  eut  d'Artchis  sa  femme  Dhûmrakêça;  et  de  Dhichanâ 
il  eut  Vêdaçira,  Dévala,  Vayuna  et  Manu. 

21.  Târkcha  eut  pour  femmes  Vinatâ,  Kadrû,  Patarïigî  et  Yâminl; 
Pataiïigî  donna  le  jour  aux  Patagas  (les  oiseaux),  et  Yâminî  aux 
Çaiabhas  ( les  sauterelles). 

22.  Suparnâ  (Vinatâ  aux  belles  ailes)  mit  au  monde  Garuda,  celui 
qui  est  connu  pour  être  la  monture  du  Dieu  chef  du  sacrifice;  et 
Kadrû  donna  le  jour  à Anûru  (Aruna  qui  est  privé  de  jambes)  le 
cocher  du  soleil,  ainsi  qu’à  la  multitude  des  Nâgas. 

25.  Krïttikâ  et  les  autres  Nakchatras,  ô descendant  de  Bharata, 
lurent  les  femmes  d’indu,  qui  frappé  de  consomption  par  la  malé- 
diction de  Dakcha,  n’eut  pas  d’enfants  de  ses  épouses;  mais  s'étant  de 
nouveau  rendu  le  Pradjâpali  favorable,  il  eut  pour  filles  les  kalâs, 
ou  ces  portions  qui  se  séparent  de  la  lune  à mesure  quelle  décroît. 

24.  Apprends  maintenant  les  noms  fortunés  des  mères  des  êtres, 
ces  épouses  de  Kaçyapa,  qui  ont  rempli  l'univers  de  leur  postérité. 

25.  Ce  furent  Aditi  (la  mère  des  Dieux),  Diti  (la  mère  des  Dâi- 
tyas),  Danu  (celle  qui  coupe),  kâchthâ  (l’espace),  Arichtâ  (la  bonne 
fortune),  Surasù  (celle  qui  a les  bonnes  saveurs),  llà  (la  terre).  Muni 
(l’intelligente),  Krôdhavaçâ  (l’esclave  de  la  colère).  Ta  ni  râ  (la  cui- 
vrée), Surabhi  ( la  vache  d'abondance),  Saramâ  ( la  chienne),  et  Timi 
( la  baleine). 

20.  Timi  donna  le  jour  à la  foule  des  habitants  des  eaux,  Saramâ 
aux  animaux  sauvages,  et  Surabhi  aux  buffles,  aux  vaches  et  aux 
autres  quadrupèdes  qui  ont  le  sabot  fendu. 

27.  Tâmrâ  engendra  les  faucons,  les  vautours  et  autres  oiseaux 
semblables;  Muni,  les  troupes  des  Apsaras;  les  serpents  et  les  autres 
reptiles,  6 roi,  furent  les  fils  de  krôdhavaçâ. 

28.  lia  produisit  tous  les  arbres;  Surasâ  donna  le  jour  aux  mau- 
vais génies;  Arichtâ,  aux  Gandharvas;  et  kâchthâ,  aux  quadrupèdes 
autres  que  ceux  qui  ont  le  sabot  fendu. 

29.  Danu  eut  soixante  et  un  fils;  apprends  de  moi  les  noms  des 


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LIVRE  SIXIÈME.  315 

principaux;  ce  furent  Dvimûrdhan,  Saiîivara,  Arichta,  Hayagrîva, 
Vibhâvasu , 

30.  Ayômukha,  Çagkuçiras,  Svarbhânu,  Kapila,  Aruna,  Pulôman, 
Vrïcbaparvan,  Èkatchakra,  Anutâpana,  Dhûmrakêça,  Virûpâkcba 
et  Vipratchitti  l'invincible. 

51.  Nainulcbi  épousa  Suprabliâ  (celle  qui  a une  belle  splendeur}, 
fille  de  Svarbhânu  ; et  Yayâti  le  fort,  fils  de  Nahucha , prit  pour  épouse 
Çarmichthâ,  fille  de  Vrichaparvan. 

32.  Vâiçvânara  [autre  fils  de  Danu]  eut  quatre  belles  filles:  Upa- 
dânavt,  Hayaçirâ,  Pulômâ  et  Kâlakâ. 

35.  Hiranyâkcha  prit  pour  femme  Upadânavi  ; Kratu  , Hayaçirâ  ; ■ 
et  le  bienheureux  Chef  des  créatures  Kaçyapa,  d’après  les  conseils 
de  Brahma,  prit  pour  épouses  les  deux  autres  filles  de  Vâiçvânara, 
Pulômâ  et  Kâlakâ. 

54.  Les  fils  de  Pulômâ  et  de  Kâlakâ  furent  des  Dânavas,  braves 
dans  les  combats;  ces  deux  femmes  eurent  soixante  mille  enfants. 
Comme  iis  interrompaient  les  sacrifices,  ton  grand-père  [Ardjuna], 
qui  était  monté  au  ciel,  les  tua  seul,  pour  satisfaire  Indra. 

35.  Vipratchitti  eut  de  Simhikâ  cent  et  un  fils;  ce  furent  les  cent 
Kétus,  dont  l'ainé  fut  Râhu,  et  qui  obtinrent  le  rang  de  planètes. 

56.  Apprends  maintenant  dans  son  ordre  la  descendance  d'Aditi, 
dans  la  famille  de  laquelle  le  souverain  Seigneur,  le  divin  Nârâyana, 
s’incarna  à l’aide  d’une  portion  de  sa  substance. 

57.  Ce  furent  Vivasvat  (le  soleil  au  vêtement  varié),  Aryaman 
(le  soleil,  chef  des  Mânes),  Pùchan  (le  soleil  nourricier),  Tvachtrï  (le 
soleil  ordonnateur),  Savitrï  (le  soleil  générateur),  Bhaga  (le  soleil 
fortuné),  Dhâtri  (le  soleil  créateur),  Vidhâtrï  (le  soleil  distributeur), 
Varuna  (le  soleil  qui  embrasse  tout) , Mitra  (le  soleil  ami),  Çakra  (le 
soleil  puissant),  Urukrama  (le  soleil  aux  grands  pas). 

58.  Vivasvat  eut  pour  femme  Saiïidjnâ  (la  notion);  cette  épouse 
fortunée  lui  donna  le  Manu  [ Vâivasvata],  Dieu  des  cérémonies  fu- 
nèbres, et  de  plus  un  garçon  et  une  fille,  le  divin  Yama  et  Yamî  (la 
Yamunâ).  Saiîidjnà , qui  s’était  transformée  en  cavale,  mit  au  monde 
les  deux  Nâsatyas  (les  Açvins)  sur  la  terre. 

h.  4o 


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314  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

59.  Tclihâyâ  (l’ombre)  eut  de  Vivasvat  Çanâiçtchara  (Saturne), 
le  Manu  Sâvarni  et  une  fille  nommée  Tapatî  (celle  qui  échauffe), 
qui  prit  pour  époux  Samvarana  (le  nuage  qui  enveloppe). 

40.  Mâtrïkâ  (la  mère)  fut  la  femme  d’Aryaman  ; ils  curent  pour  fils 
les  Tcharchanis  (les  êtres  doués  de  discernement),  au  milieu  des- 
quels Brahmâ  créa  les  races  humaines. 

41.  Pûchan,  qui  ne  mangeait  que  du  grain  broyé,  parce  que  les 
dents  lui  avaient  été  brisées  autrefois,  n’eut  pas  d’enfants;  c’est  lui 
qui  s’était  moqué,  en  montrant  les  dents,  du  Dieu  Çiva,  qui  était 
irrité  contre  Dakcha. 

• 4^  La  femme  de  Tvachtrï  fut  Ratchanâ  (l'arrangement),  jeune 

fille,  soeur  cadette  d’un  Dàitya.  Samnivêça  (l’assemblage)  etViçvarûpa 
(celui  qui  prend  toutes  les  formes)  le  fort  naquirent  de  cette  union. 

45.  C’est  Viçvarûpa  que  choisirent  les  troupes  des  Suras,  quoiqu’il 
descendit  par  sa  mère  de  la  race  de  leurs  ennemis,  lorsqu’ils  furent 
abandonnés  par  leur  précepteur  spirituel , le  fils  d’Aggiras , qu’ils 
avaient  outragé. 


FIS  DU  .SIXIEME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE: 
DESCENDANCE  DES  PII.LES  DE  DAKCIIA  , 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PU HAN A , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA 


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LIVRE  SIXIÈME. 


315 


* 


CHAPITRE  VII. 

ÉPISODE  DE  VIÇVARÛPA. 


1.  Le  roi  dit  : Pour  quelle  raison  les  Suras  furent-ils  abandonnés 
par  leur  précepteur?  Dis-moi,  sage  fortuné,  l’affront  que  les  disciples 
firent  à leur  maitre  spirituel. 

2.  Çuka  dit  : La  souveraineté  des  trois  mondes  avait  enflé  Indra 
d'orgueil,  et  lui  avait  fait  franchir  la  voie  des  gens  de  bien  ; au  • 
milieu  de  sa  suite,  formée  des  Maruts,  des  Vasus,  des  Rudras,  des 
Adityas,  des  Ribhus , 

5.  Des  Viçvêdêvas,  des  Sâdhyas,  des  deux  Nâsatyas,  des  Siddhas, 
des  Tchâranas,  des  Gandliarvas  et  des  solitaires  habiles  à expliquer 
le  Vêda  ; 

4.  Servi  et  célébré  par  les  Vidyâdharas,  les  Apsaras,  les  Kinnaras, 
les  volatiles  et  les  reptiles, 

5.  Maghavan,  écoutant  les  doux  concerts  qui  chantaient  ses 
louanges,  était  assis  sur  le  trône  le  plus  élevé  de  son  assemblée, 
qu’abritait  un  parasol  blanc,  beau  comme  le  jusque  de  la  lune. 

6.  Entouré  des  autres  symboles  de  la  souveraineté,  tels  que  le 
chasse-mouche  et  l’éventail,  il  brillait  auprès  de  la  fille  de  Pulôman, 
qui  partageait  son  siège  avec  lui. 

7.  Un  jour  que  le  précepteur  suprême  des  Dieux  et  le  sien  venait 
d’arriver,  il  négligea  de  se  lever  pour  aller  à sa  rencontre  et  lui  offrir 
un  siège. 

8.  Quoiqu'il  vît  entrant  dans  l'assemblée  Vrihaspati  le  maître  de 
l'éloquence,  le  meilleur  des  solitaires,  qui  est  honoré  par  les  Suras 
et  par  les  Asuras,  Indra  ne  fit  pas  un  seul  mouvement  pour  quitter 
son  trône. 

9.  Aussitôt  le  chantre  inspiré,  le  puissant  fils  d’Aggiras  sortit  de 

4o. 


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516 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

l’assemblée  en  toute  bâte,  et  se  retira  en  silence  dans  sa  demeure, 
sachant  bien  que  ce  manque  de  respect  venait  de  l’orgueil  de  la 
prospérité.  • 

LO.  Mais  Indra  ne  larda  pas  à s’apercevoir  qu'il  avait  manqué  à son 
précepteur  spirituel,  et  il  se  blâma  intérieurement  de  cette  conduite 
au  milieu  de  l’assemblée. 

11.  Ah!  [se  disait-il,]  quelle  mauvaise  action  ne  viens-je  pas  de 
Faire,  avec  mon  intelligence  bornée,  lorsque  enivré  par  l’orgueil  de 
la  puissance,  j'ai  outragé  dans  l'assemblée  mon  précepteur  spirituel  ! 

12.  Quel  est  le  sage  qui  ambitionnerait  la  prospérité  même  du 
souverain  des  trois  mondes,  puisque  c’est  elle  qui  aujourd’hui  m'a 
rabaissé  du  rang  de  chef  des  Immortels  à la  condition  d'Asura  ? 

15.  Non,  ils  ne  connaissent  pas  le  devoir  suprême  ccuï  qui  disent  : 
« L’homme  assis  sur  le  trône  du  souverain  ne  doit  se  lever  devant  qui 
« que  ce  soit.  * 

14.  Ceux  qui  ont  foi  aux  paroles  de  ces  mauvais  conseillers,  que 
leur  erreur  condamne  aux  ténèbres  infernales,  s’y  plongent  avec 
eux,  semblables  à des  hommes  montés  sur  un  radeau  de  pierre. 

15.  Aussi  chercherai-je  sans  arrière-pensée  à obtenir  la  bienveil- 
lance du  précepteur  des  Immortels,  de  ce  Brâhmane  à l’intelligence 
profonde,  en  touchant  ses  pieds  de  ma  tête. 

16.  Pendant  que  Maghavan  était  livré  à ces  réflexions,  le  bien- 
heureux Vrïhaspati  quitta  sa  demeure  et  suivit  une  route  invisible  à 
tous  les  regards,  grâce  à la  Mâyà  dont  il  disposait  en  maître.' 

17.  Le  bienheureux  souverain  du  ciel,  qui  malgré  ses  recherches 
ne  put  découvrir  la  trace  de  son  maître,  se  mit  à réfléchir  avec  les 
Suras , et  sentit  le  repos  abandonner  son  cœur. 

18.  Aussitôt  les  Asuras,  ces  êtres  pleins  d’un  fol  orgueil  et  amis 
du  meurtre,  apprenant  cette  nouvelle,  firent  tous  une  invasion 
contre  les  Dieux,  après  avoir  pris  les  conseils  d’Uçanas. 

19.  Les  Dêvas,  auxquels  les  flèches  aiguës  des  Asuras  avaient  dé- 
chiré les  cuisses,  les  bras  et  tous  les  membres,  cherchèrent  avec  Indra 
un  asile  auprès  de  Brahmâ  et  se  prosternèrent  devant  lui. 

20.  A la  vue  des  Dêvas  ainsi  couverts  de  blessures,  le  bienheureux 


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LIVRE  SIXIÈME. 


517 


Adja,  le  Dieu  né  (le  luwnême,  leur  parla  pour  les  consoler,  avec  le 
sentiment  d’une  extrême  compassion. 

31.  Brahmâ  dit  : ô vous,  chefs  des  Suras,  vous  avez  commis  une 
grande  faute,  lorsque  enflés  par  votre  puissance,  vous  n’avez  pas 
accueilli  avec  respect  un  Brâhmane  maître  de  lui-même  et  si  pro- 
fondément versé  dans  le  Vêda. 

22.  Le  résultat  de  cette  conduite  coupable  a été  la  victoire  de  vos 
ennemis,  qui  précédemment  abaissés  par  vous,  viennent  de  détruire 
votre  prospérité. 

23.  Vois,  6 Magliavan,  tes  ennemis  vaincus  jusqu’alors,  relever  de 
nouveau  leur  fortune,  par  l'effet  de  l'insulte  que  tu  as  faite  à ton 
précepteur,  et  de  la  dévotion  avec  laquelle  ils  ont  honoré  Kâvya 
(Uçanas);  oui,  ceux  qui  font  des  Bhrïgus  leur  Divinité,  seraient 
capables  de  s’emparer  même  de  ma  demeure. 

24.  Quel  cas  peuvent-ils  faire  du  ciel,  les  hommes  qui  ont  appris 
des  Bhrïgus  la  signification  des  Mantras  invincibles  qu’ils  en  ont 
reçus?  Ceux  qui  reconnaissent  pour  maîtres  les  Brâhmanes,  Gôvinda 
et  les  vaches,  sont  à l’abri  de  tous  les  malheurs;  ils  sont  les  souve- 
rains des  hommes. 

25.  Rendez-vous  donc  promptement  auprès  du  fils  de  Tvachtrï, 
auprès  de  Viçvarûpa,  ce  Brâhmane  livré  à une  vie  de  pénitence  et 
maître  de  lui-même;  honoré  par  vous,  il  vous  donnera  le  sens  [des 
prières],  si  vous  tolérez  sa  conduite. 

26.  Çuka  dit;  Ainsi  conseillés  par  Brahmâ,  les  Dieux,  ô roi,  dé- 
livrés de  leurs  inquiétudes,  se  rendirent  auprès  du  Rïchi,  fils  de 
Tvachtrï,  et  l’ayant  embrassé.  Us  lui  parlèrent  en  ces  termes. 

27.  Les  Dêvas  dirent  : Nous  voici  venus  dans  ton  efmitage  en 
qualité  d’hôtes;  puisse  le  bonheur  être  avec  toi,  et  puisses-tu,  ami, 
satisfaire  les  désirs  de  ceux  qui  sont  comme  tes  pères,  désirs  qui 
sont  convenables  pour  la  circonstance  ! 

28.  En  effet,  le  premier  devoir  pour  des  fils  vertueux,  est  d'obéir  à 
leur  père,  lors  même  qu’ils  ont  des  enfants,  ô Brâhmane  ; que  sera-ce 
donc  s'ils  vivent  dans  la  chasteté  ? 

29.  Un  précepteur  est  la  forme  de  Brahma;  un  père  est  celle  du 


518 


LE  BHÀGAVATA  PUHÂNA. 

Chef  des  créatures;  un  frère  est  celle  d'Indra,  chef  des  Maruts;  un* 
mère  est  le  corps  même  de  la  terre. 

50.  Une  sœur  est  la  forme  de  la  pitié  ; un  hôte  est  réellement  celle 
de  la  justice;  un  visiteur  est  celle  d'Agni;  la  totalité  des  êtres  est  la 
forme  de  l’Esprit. 

51.  C'est  pourquoi,  ami,  dissipant  par  tes  austérités  la  douleur 
que  nous  cause,  à nous  qui  sommes  tes  pères,  la  victoire  de  nos  en- 
nemis, daigne  nous  communiquer  l'instruction  que  tu  possèdes. 

52.  Nous  te  choisissons  pour  notre  maître,  pour  notre  précepteur 
spirituel,  car  tu  es  le  Brâhmane  le  plus  versé  dans  le  Vêda,  afin  que 
par  ta  splendeur  nous  puissions  promptement  triompher  de  nos 
adversaires. 

55.  On  n’est  pas  blâmable  de  se  prosterner,  quand  il  s’agit  d’un 
but  utile,  aux  pieds  d’un  homme  plus  jeune  que  soi;  l'âge  sans  le 
Vêda,  ô BrâJîmane,  n’est  pas  une  cause  de  supériorité. 

54.  Çuka  dit  : Sollicité  par  les  troupes  des  Suras  qui  le  désiraient 
pour  prêtre  domestique,  le  grand  pénitent  Viçvarûpa  leur  répondit 
avec  bienveillance  et  d’une  voix  douce. 

55.  Viçvarûpa  dit  : Les  hommes  habiles  dans  la  loi  blâment  l’em- 
ploi inutile  qu’on  fait  de  la  splendeur  due  au  Vêda  ; mais  un  homme 
comme  moi,  seigneurs,  pourrait-il  repousser  la  prière  des  Chefs 
des  mondes,  lui  qui  est  leur  disciple?  leur  obéir  est  son  véritable 
intérêt. 

56.  Le  glanage,  il  est  vrai,  est  la  richesse  du  pauvre,  car  il  peut 
par  ce  moyeu  accomplir  ici-bas  les  devoirs  de  l'hospitalité  envers  les 
gens  de  bien  ; comment  donc,  seigneurs,  remplirais-je  les  fonctions 
peu  estimées  de  prêtre  domestique,  qui  font  la  joie  de  l’insensé? 

57.  Je  ne  dois  cependant  pas  repousser  la  prière  de  mes  maîtres, 
quelle  qu’elle  soit  ; oui , j’emploierai  ma  vie  même  et  tous  mes  moyens 
pour  exécuter  tout  ce  que  vous  demanderez. 

58.  Çuka  dit  : S’étant  engagé  par  cette  promesse,  le  grand  péni- 
tent Viçvarûpa  se  livra,  avec  une  méditation  profonde,  aux  devoirs 
de  prêtre  domestique*  pour  lesquels  il  avait  été  choisi. 

59.  Quoique  la  prospérité  des  ennemis  des  Suras  fût  défendue 


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LIVRE  SIXIEME. 


519 


par  un  charme  que  leur  avait  donné  Uçanas  lui-même,  le  puissant 
Viçvarûpa  la  leur  enleva  à l’aide  d’un  charme  appartenant  à Vicbnu, 
et  la  fit  passer  à Mahêndra. 

40.  Protégé  par  ce  charme,  le  Dieu  souverain  aux  mille  yeux 
vainquit  les  armées  des  Asuras;  c’est  Viçvarûpa  aux  nobles  pensées 
qui  le  communiqua  à Mahêndra. 

PIN  DO  SEPTIÈME  CHAPITRE  , AVANT  POUR  TITRE  : 

ÉPISODE  DE  VIÇVARÛPA , 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PCRÂ$A. 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  VVÂSA. 


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520 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  VIII. 

I.A  CUIRASSE  DE  NÂRÂYANA. 


1.  Le  roi  dit  : Dis-moi,  bienheureux  sage,  le  charme  sous  la  pro- 
tection duquel  Indra  aux  mille  yeux  vainquit,  comme  en  se  jouant, 
les  bataillons  de  ses  ennemis  avec  leurs  chars,  et  par  lequel  il  s’as- 
sura l’empire  des  trois  mondes, 

2.  Ce  charme  qui  est  une  cuirasse  formée  par  Nârâyana,  et  sous 
l’égide  de  laquelle  le  Dieu  vainquit  dans  le  combat  ses  ennemis 
homicides. 

î.  Çuka  dit:  Choisi  en  qualité  de  prêtre  domestique,  le  fils  de 
Tvaclitrï  enseigna  à Mahêndra  qui  l'interrogeait  la  cuirasse  dite  de 
Nârâyana  ; écoutes-en  de  tout  ton  esprit  la  description. 

4.  Viçvarûpa  dit  : Que  l’homme,  après  s’étre  lavé  les  pieds  et  les 
mains,  et  rincé  la  bouche,  tenant  des  tiges  de  l'herbe  sacrée,  la  face 
tournée  vers  le  nord,  consacre  à la  Divinité  ses  mains  et  ses  autres 
membres,  à l’aide  de  deux  Mantras,  et  que  pur  et  silencieux  il 
revête,  dans  un  cas  de  danger,  la  cuirasse  de  Nârâyana. 

5.  Qu’il  trace  les  syllabes  du  Mantra  commençant  par  Om,  et 
ainsi  conçu  : » Ôiïi  namô  Nârâyanâya  » (Ôm  ! adoration  à Nârâyana), 
sur  ses  deux  pieds,  ses  deux  genoux,  ses  deux  cuisses,  sur  son  ventre, 
sur  son  cœur,  sur  sa  poitrine,  sur  sa  bouche  et  sur  sa  tête,  soit  en 
suivant  cet  ordre,  soit  en  commençant  par  la  tête. 

6.  Qu’il  consacre  ensuite  ses  mains  à l'aide  de  la  formule  magique 
de  douze  lettres,  en  traçant  sur  ses  doigts  et  sur  les  jointures  de 
ses  pouces  le  Mantra  qui  commence  par  le  monosyllabe  sacré  et  se 
termine  par  la  syllabe  ya. 

7.  Qu'il  trace  sur  son  cœur  la  syllabe  Ôm,  sur  sa  tête  la  syllabe  tu; 


LIVRE  SIXIEME. 


521 


qu’il  trace  la  lettre  cha  entre  ses  sourcils,  et  la  lettre  na  sur  la  touffe 
de  cheveux  qui  surmonte  sa  tête. 

8.  Qu’il  destine  à ses  deux  yeux  la  syllabe  vê,  à toutes  ses  join- 
tures la  syllabe  na;  et  que  le  sage,  devenu  ainsi,  en  quelque  sorte,  la 
forme  du  Mantra  Ûm  Vichnavê  namah  (OA  ! adoration  à Vichnu), 
adresse  à son  javelot  la  syllabe  ma  avec  Visarga,  et  dirige  cette  for- 
mule suivie  de  Phat  vers  tous  les  points  de  l’horizon. 

9.  Qu’il  contemple  par  la  méditation  l’Esprit  suprême,  qu’il  doit 
se  représenter  comme  uni  à ses  six  énergies , et  qu’il  prononce  le 
Mantra  suivant  qui  est  la  forme  de  la  science,  de  la  splendeur  et  des 
austérités. 

to.  Qui  ! Que  Hari  m’accorde  sa  protection  contre  tous  les  dan- 
gers, lui  qui  a placé  le  lotus  de  ses  pieds  sur  les  épaules  du  roi  des 
oiseaux  ; Jui  qui  porte  la  conque,  le  Tchakra,  le  bouclier,  le  glaive,  la 
massue,  les  flèches,  le  carquois  et  le  lacet;  lui  qui  a huit  bras,  et  qui 
est  doué  des  huit  facultés  [surnaturelles]. 

11.  Que  le  Dieu  à la  forme  de  poisson  me  protège  au  milieu  des 
eaux,  contre  les  monstres  marins,  contre  le  lacet  de  Varuna.  Que  sur 
la  terre,  ce  soit  le  Dieu  caché  sous  la  forme  trompeuse  du  Brahmane 
nain,  qui  parcourut  l’univers  en  trois  pas;  que  dans  le  ciel,  ce  soit 
Vichnu  qui  revêt  toutes  les  formes. 

12.  Que  dans  les  passages  difficiles,  dans  les  bois,  au  premier  rang 
du  combat,  il  me  protège  le  puissant  Nrîsiiïiha,  l’ennemi  des  chefs 
des  Asuras,  lui  dont  le  violent  éclat  de  rire  fit  retentir  les  points  de 
l'espace  et  avorter  les  femmes. 

15.  Qu’il  me  protège  sur  le  chemin,  ce  sanglier  dont  les  sacrifices 
forment  les  membres  et  qui  a soulevé  la  terre  avec  sa  défense.  Que 
sur  le  sommet  des  montagnes  et  dans  une  contrée  étrangère,  Râma 
le  fils  aîné  de  Bharata,  avec  Lakchmana,  me  protège. 

ta.  Que  N’ârâyana  me  défende  des  enchantements  homicides  et  de 
tout  manque  d'attention  ; Nara,  de  l’orgueil;  Datta,  de  l’interruption 
du  Yôga  dont  il  est  le  maître;  et  Kapila  le  souverain  des  qualités,  du 
lien  de  l’action. 

15.  Que  Sanatkumâra  me  défende  contre  le  Dieu  de  l’amour; 


522 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

Hayaçîrcha,  contre  le  mépris  que  j’aurai  témoigné  au*  Dêvas  en  me 
mettant  en  chemin;  le  premier  des  Dêvarchis,  contre  l’interruption 
apportée  au  culte  de  Purucha;  et  Hari  sous  la  forme  de  la  tortue, 
contre  tous  les  Enfers.  _ 

16.  Que  le  bienheureux  Dhanvantari  me  défende  des  infractions 
aux  règles  du  régime;  Rïchabha  qui  s’est  vaincu  lui-même,  de  la 
crainte  et  des  impressions  opposées;  Yadjûa,  du  monde;  Bala  (Bala- 
bhadra),  de  Yama  qui  met  un  terme  à la  vie  des  hommes;  et  le  roi 
des  serpents,  de  la  troupe  colérique  des  reptiles; 

17.  Le  bienheureux  Dvâipâyana,  de  l'ignorance;  Buddha,  de  l'inat- 
tention, qui  entraîne  la  foule  des  hérésies;  Kalki , de  l’âge  kali, 
temps  de  souillures:  Kalki,  cette  grande  incarnation  qu’a  revêtue  le 
Seigneur  pour  protéger  la  justice. 

18.  Que  Kêçava  me  défende  à l’aurore  avec  sa  massue  ; Gôvinda 
tenant  sa  flûte,  au  moment  où  les  vaches  se  rassemblent;  Nàrâyana 
brandissant  son  javelot,  le  matin;  Vichnu  portant  la  première  des 
conques,  à midi; 

19.  Le  Dieu  vainqueur  de  Madhu,  à l’arc  terrible,  l’après-midi; 
Mâdhava  à la  triple  forme,  quand  le  soleil  se  couche;  Hrïchîkêça,  le 
soir  et  la  première  moitié  de  la  nuit;  Padinanàbha  seul,  à minuit; 

20.  îça  paré  du  Çrîvatsa,  la  seconde  moitié  de  la  nuit;  le  suprême 
Djanârdana  qui  porte  le  glaive,  au  point  du  jour;  Dâmôdara,  au 
crépuscule  qui  suit;  et  le  bienheureux  Viçvêçvara  dont  le  temps  est 
la  forme,  quand  le  soleil  se  lève. 

21.  Ô Tchakra,  ô roue  dont  le  tranchant  est  aussi  pénétrant  que 
le  feu  à la  fin  d'un  Yuga,  tourne  de  tous  côtés  en  sortant  des  mains 
de  Bhagavat,  et  consume  rapidement  l'armée  de  ses  ennemis,  de 
même  que  le  feu  allié  au  vent  brûle  un  tas  de  gazon. 

22.  0 massue  qui  lances  des  étincelles  brûlantes  comme  la  foudre, 
écrase,  car  tu  es  chère  au  Dieu  invincible,  écrase  les  Kûchmândas, 
les  Vâinâyakas,  les  Yakchas,  les  Rakchas,  les  Bhûtas  et  les  Grahas; 
broie,  broie  tes  ennemis. 

25.  Ô toi,  la  première  des  conques,  mets  en  fuite  les  Yàtudhànas, 
les  Pramalhas,  les  Prêtas,  les  Mâtris,  les  Piçâtchas,  les  Démons 


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LIVRE  SIXIEME. 


323 


ennemis  des  Brâhmancs,  et  les  êtres  au  regard  terrible;  quand 
Kriehna  te  porte  à ses  lèvres,  le  son  redoutable  fjue  tu  fais  entendre 
ébranle  le  cœur  de  son  ennemi. 

24.  O toi,  le  meilleur  des  glaives,  glaive  à la  lame  tranchante, 
qui  armes  le  bras  du  Seigneur,  taille  en  pièces  l’armée  de  mes  enne- 
mis; et  toi,  bouclier  aux  cent  lunes,  frappe  de  cécité  leurs  yeux, 
détruis  la  vue  de  ces  pécheurs  aux  mauvais  regards. 

25.  Puissent  ne  pas  exister  pour  nous  les  dangers  qui  viennent 
des  planètes,  des  météores,  des  hommes,  des  reptiles,  des  animaux 
féroces,  des  Bhûtas  et  aussi  du  péché! 

26.  Puisse  l’énumération  des  noms , des  formes  et  des  armes  de 
Bbagavat  détruire  immédiatement  tous  ces  dangers,  ainsi  que  ceux 
qui  s'opposent  à notre  bonheur  ! 

27.  Que  Bhagavat  qui  est  Garuda,  que  le  Seigneur  qui  est  chanté 
par  les  hymnes  et  dont  le  corps  est  le  Vêda,  que  Vichvaksêna  enfin 
nous  protège  avec  ses  noms  contre  tous  les  malheurs. 

28.  Que  les  noms,  les  formes,  la  monture  et  les  armes  de  Hari,  que 
ceux  qui  font  l’ornement  de  son  assemblée,  protègent  en  nous  l’in- 
telligence, les  sens,  le  cœur  et  le  souffle  vital  contre  tous  les  maux. 

29.  Comme  il  est  vrai  que  Bhagavat  lui-même  est  essentiellement 
ce  qui  existe  comme  ce  qui  n’existe  pas  pour  nos  organes,  ainsi  puis- 
sent tous  les  désastres  disparaître  devant  nous! 

30.  Comme  il  est  vrai  qu’exempt  lui-même  de  la  distinction  qui 
se  manifeste  au  sein  des  êtres  doués  du  sentiment  de  leur  unité, 
il  revêt,  à l’aide  de  sa  Mâyâ,  des  énergies  qui  prennent  le  nom  d’or- 
nements, d’armes  et  d’attributs; 

31.  Ainsi  puisse  Bhagavat  qui  est  Hafi,  l’Être  omniscient  et  péné- 
trant partout,  nous  protéger,  à l’aide  de  toutes  ses  formes,  en  tous 
lieux  et  toujours! 

32.  Qu’il  nous  protège  aux  quatre  points  de  l’horizon  et  aux  points 
intermédiaires,  au-dessus  et  au-dessous,  de  nous,  de  tous  côtés,  ay 
dedans  et  au  dehors,  le  Dieu  qui  a revêtu  la  figure  d’un  homme- 
lion,  lui  dont  la  voix  chasse  tous  les  dangers  du  monde,  et  dont  la 
splendeur  efface  toutes  les  splendeurs. 


524 


LE  BHÂGAVATA  PUBÀNA. 

55.  Je  viens  de  te  décrire,  ô Maghavan,  la  cuirasse  qui  est  formée 
par  Nârâyana;  couyêrt  de  cette  armure,  tu  vaincras  promptement 
les  chefs  des  Asuras. 

54.  Celui  qui  la  porte  est  aussitôt  délivré  des  dangers,  quels  qu’ils 
soient,  qu'il  aperçoit  des  yeux,  ou  qu’il  touche  du  pied. 

55.  L’homme  qui  est  armé  de  ce  charme,  est  désormais  à l’abri 
de  la  crainte  que  pourraient  lui  inspirer  le  roi,  les  brigands,  les  pla- 
nètes, les  tigres  et  les  autres  animaux. 

36.  Jadis  un  certain  Brahmane  de  la  race  de  Kuçika,  qui  portait 
ce  charme,  abandonna  son  corps,  par  suite  de  l’intense  méditation 
du  Yôga,  au  milieu  d’un  désert  privé  d’eau. 

57.  Or  le  chef  des  Gandharvas,  Tcliitraratha,  entouré  de  ses 
femmes,  passa  un  jour  dans  son  char  au-dessus  de  l’endroit  où  le 
Brâhmane  avait  cessé  de  vivre. 

38.  Tout  à coup  il  tomba  du  haut  du  ciel , la  tête  la  première,  avec 
son  char;  puis  ayant,  d’après  l’avis  des  Yâlikhilyas,  recueilli  les  os 
du  Brahmane,  il  les  jeta,  plein  d’admiration,  dans  la  Sarasvati  qui 
coule  à l’est,  et  s’y  étant  baigné,  il  retourna  dans  sa  demeure. 

39.  Çuka  dit  : Celui  qui  écoute  en  son  temps  cette  description, 
celui  qui  porte  cette  cuirasse  avec  respect,  est  honoré  par  tous  les 
êtres  et  délivré  de  tous  les  dangers. 

40.  Çatakratu  ayant  obtenu  ce  charme  de  Yiçvarûpa,  jouit  de  la 
souveraineté  des  trois  mondes,  après  avoir  vaincu  les  Asuras  dans  le 
combat. 


FIN  DU  HUITIÈME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE  : 
INITIATION  X LA  CUIRASSE  DE  NARAYANA, 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PL’RANA , 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÀSA. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


325 


CHAPITRE  IX. 

INSTRUCTION  DE  BHAGAVAT. 

1.  Çuka  dit:  Ce  Viçvarûpa,  ô descendant  de  Bharata,  eut#trois 
têtes  ; ces  têtes  se  nommaient,  d’après  ce  que  nous  apprend  la  tradi- 
tion, celle  qui  boit  le  Sôma,  celle  qui  boit  les  liqueurs  enivrantes,  et 
celle  qui  mange  le  riz. 

2.  Viçvarûpa,  dont  les  ancêtres  paternels  étaient  des  Dêvas,  plaça 

aux  yeux  de  tous  avec  respect,  sur  le  tapis  sacré,  la  part  des  Dieux, 
en  la  proclamant  à haute  voix.  • 

5.  Mais  en  célébrant  le  sacrifice,  il  se  laissa  entraîner  à l'affec- 
tion qu’il  avait  pour  sa  mère,  et  U destina  secrètement  aux  Asuras 
une  part  de  l’offrande  qu’il  leur  donna. 

4.  Le  chçf  des  Suras  remarquant  l’outrage  que  Viçvarûpa  faisait 
aux  Dieux  en  violant  la  loi,  et  craignant  [le  mal  qui  en  pouvait  ré- 
sulter], lui  coupa  aussitôt  ses  trois  têtes  avec  colère. 

5.  La  tête  qui  buvait  le  Sôma  devint  une  gelinotte;  celle  qui 
buvait  les  liqueurs  enivrantes,  un  passereau;  celle  qui  mangeait  le 
riz,  une  perdrix. 

6.  Hari  (Indra),  quoique  pouvant  s’en  affranchir,  se  chargea  avec 
soumission  du  crime  de  brâhmanicide ; mais  au  bout  d'une  année, 
afin  de  purifier  les  créatures,  il  partagea  sa  faute  entre  quatre  classes 
d’êtres  : là  terre,  l'eau,  les  arbres  et  les  femmes. 

7.  La  terre  assuma  la  quatrième  partie  du  crime,  à condition 
que  les  cavités  [de  sa  surface]  seraient  comblées  : les  déserts  salés 
sont  sur  la  terre  les  signes  visibles  du  brâhmanicide. 

8.  Les  arbres  en  prirent  le  second  quart,  à condition  de  pou- 
voir repousser  de  nouveau  après  avoir  été  coupés  : le  crime  de 
brâhmanicide  paraît  en  eux  sous  la  forme  des  exsudations  qui  en 
découlent. 


326 


LE  B HÀ  G AV  AT  A PURÀNA. 


9.  Les  femmes  en  acceptèrent  l’autre  quart,  à condition  de 
pouvoir  toujours  jouir  des  plaisirs  de  la  volupté  : le  flux  menstruel 
est  chaque  mois  le  signe  visible  de  leur  crime. 

10.  Les  eaux  prirent  le  dernier  quart  de  la  faute,  à condition 
d'augmenter  les  substances  [auxquelles  on  les  rrfêle]  : le  crime  d'Indra 
se  montre  dans  les  eaux  sous  la  forme  des  bulles  et  de  l’écume  qui 
s’y  forment. 

11.  Cependant  Tvachtri,  dont  le  fils  venait  d'être  tué,  célébra 
un  sacrifice  pour  susciter  un  ennemi  à Indra  : Ô toi,  dont  Indra  est 
l’ennemi,  s’écria-t-il,  crois  et  ne  sois  pas  longtemps  à triompher  de 
ton  adversaire. 

12.  Aussitôt,  du  feu  où  se  prépare  l'offrande  pour  les  mânes,  s’é- 
lança un  guerrier  à l’aspect  terrible,  semblable  au  destructeur  des 
mondts,  lorsqu’il  paraît  à la  fin  d’un  Yuga. 

15.  En  voyant  croître  chaque  jour,  de  tous  côtés,  de  la  longueur 
d’une  flèche,  cet  homme,  qui  ressemblait  à une  montagne  noircie 
par  le  feu,  qui  avait  la  splendeur  d’une  armée  de  nuages  au  cré- 
puscule, dont  la  barbe  et  les  cheveux  avaient  la  couleur  du  cuivre 
rougi,  dont  les  yeux  terribles  ressemblaient  au  soleil  à son  midi, 

14.  Qui  perçait  le  ciel  et  la  terre  de  son  javelot  flarabovant  à trois 
pointes,  qui  dansait,  criait  et  ébranlait  la  terre  sous  ses  pas, 

15.  Dont  la  bouche,  profonde  comine  une  caverne,  engloutissait 
l’atmosphère,  et  saisissait,  pour  les  dévorer,  les  trois  mondes,  tandis 
que  sa  langue  léchait  les  astres  : 

16.  En  le  voyant  ouvrir  à plusieurs  reprises  cette  grande  bouche 
armée  de  défenses  redoutables,  les  êtres  épouvantés  s’enfuirent  tous 
vers  les  dix  points  de  l’espace. 

17.  Et  parce  que  les  mondes  furent  enveloppés  par  une  obscurité 
qui  se  montrait  sous  la  forme  du  fils  de  Tvachtri,  ce  fils  reçut  le 
nom  de  Vritra  (qui  enveloppe),  Vrïtra  le  pécheur  et  le  terrible. 

18.  Les  chefs  des  Immortels,  accompagnés  de  leurs  troupes,  se 
précipitèrent  contre  lui,  et  l’assaillirent  d’une  nuée  de  flèches  et  de 
javelots  divins;  mais  Vrïtra  les  absorba  entièrement. 

19.  Surpris  et  désespérés,  les  Dieux,  qui  se  voyaient  ravir  leur 


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LIVRE  SIXIEME. 


327 


splendeur,  se  rendirent  auprès  d’Adipurucha , et  honorèrent  avec 
recueillement  le  Dieu  intérieur. 

20.  Les  Dêvas  dirent  : Puisse-t-il  nous  venir  du  secours  de  la 
part  du  Dieu  devant  lequel  tremble  le  Temps  qui  met  un  terme  à 
tout,  le  Temps  auquel  nous  apportons  avec  crainte  notre  offrande, 
nous  et  le  vent,  l’air,  le  feu,  l’eau,  la  terre,  les  trois  mondes,  et 
Brahmà,  ainsi  que  les  autres  Dieux! 

21.  C’est  être  aussi  insensé  que  celui  qui  veut  traverser  l'océan 
en  tenant  la  queue  d’un  chien,  que  d’implorer  un  autre  protecteur 
que  le  Dieu  exempt  d’orgueil,  égal  pour  tous  et  calme,  dont  les  dé- 
sirs sont  entièrement  satisfaits  par  ce  qu’il  possède. 

22.  Sans  doute  il  nous  protégera  contre  le  danger  redoutable 
dont  nous  menace  le  fils  de  Tvachtrï,  ce  Dieu  qui  parut  même  sous 
la  forme  d’un  poisson,  lorsque  le  Manu  [Satyavrata]  ayant  attaché 
à sa  vaste  corne  la  terre  qui  était  comme  son  vaisseau , échappa 
ainsi  aux  dangers  de  l'océan. 

23.  Qu’il  soit  notre  nocher  Celui  dont  la  protection  sauva  du 

danger  qui  le  menaçait  Svayambhù  lui-même,  quand  jadis  ce  Dieu 
tomba  seul  du  haut  de  son  lotus,  dans  l’océan  redoutable  qui  venait 
d’engloutir  l’univers,  et  qui  retentissait  du  bruit  des  vagues  soule- 
vées par  le  vent.  < 

24.  Celui  qui  souverain  unique,  nous  a créés  à l’aide  de  sa  Màyâ, 
et  par  la  puissance  duquel  nous  créons  après  lui  l'univers,  sans  que 
nous  puissions  voir  sa  forme,  quoiqu’il  agisse  devant  nous,  parce 
que  nous  nous  croyons  autant  de  souverains  distincts  de  lui  ; 

25.  Celui  qui  ne  cessant  de  s’incarner  à l’aide  de  sa  Mâyâ,  sous 
des  formes  de  Dévas,  de  Rîchis,  d’animaux  et  d’hommes,  nous  adopte 
comme  siens  dans  chaque  Yuga  et  nous  protège , lorsque  nous 
sommes  cruellement  tourmentés  par  nos  adversaires; 

26.  Ce  Dieu  enfin,  qui  est  notre  Divinité,  qui  est  à la  fois  l’Être 
suprême,  la  Nature,  l’Esprit  et  l’Univers  dont  il  est  distinct,  ce  Dieu 
secourable  est  celui  auprès  duquel  nous  cherchons  tous  un  refuge  ; 
cet  Être  magnanime  nous  donnera  le  bonheur,  à nous  qu’il  a faits 
siens. 


328 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

27.  Çuka  dit  : Pendant  qne  les  Suras  {'honoraient  ainsi,  le  Dieu 
qui  porte  la  conque,  le  Tchakra  et  la  massue,  leur  apparut  à l'ouest. 

2».  En  voyant  au  milieu  d'un  cortège  de  seize  personnages  sem- 
blables à lui,  moins  le  Çrlvatsa  et  le  Kâustubha,  celui  dont  les  yeux 
ressemblent  à un  lotus  d'automne  épanoui , 

29.  Les  Dieux  éblouis  par  cette  apparition  qui  faisait  la  joie  de 
leurs  regards , tombèrent  tous  prosternés  à terre , et  s'étant  relevés 
peu  à peu,  ils  le  louèrent  en  ces  termes. 

50.  Les  Dévas  dirent  : Adoration  à toi  qui  es  l’énergie  du  sacri- 
fice ! adoration  à toi  qui  es  aussi  la  durée;  à toi  qui  lances  le  Tchakra; 
à toi  qu’on  invoque  sous  tant  de  beaux  noms  ! 

51.  Celui  qui  n’est  pas  encore  parvenu  à la  déhvrance  n’est  pas 
capable,  ô créateur,  de  connaître  ta  demeure  suprême,  ô Souverain 
des  trois  voies  de  l'existence. 

52.  Oiïi!  Adoration  à toi,  bienheureux  Nârâyana,  qui  es  Vâsu- 
dêva,  Adipurucha,  Mahâpurucha;  à toi  en  qui  résident  la  majesté, 
le  bonheur  suprême,  la  suprême  vertu  et  l’immense  miséricorde;  à 
toi  qui  es  l'unique  contenant  de  l’univers , le  seul  souverain  des 
mondes,  le  Seigneur  universel,  l'époux  de  Lakchmî.  Quand  par  la 
pratique  de  l'ascétisme  le  plus  élevé  que  développe  et  éclaire  la  mé- 
ditation profonde  du  Yôga,  les  ascètes  ont  ouvert  les  portes  de  leur 
esprit  que  fermaient  les  ténèbres,  le  sentiment  de  leur  propre  béati- 
tude qui  leur  arrive  de  lui-même  dans  le  monde  de  l'âme,  c'est  toi. 

55.  Qu’il  est  difficile  à comprendre  le  mode  de  ton  action,  lors- 
que sans  soutien  et  sans  corps,  comme  sans  considération  pour 
notre  alliance,  tu  sais,  par  ta  seule  nature  immuable  qui  n’a  pas  de 
qualités,  créer,  conserver  et  détruire  cet  univers  qui  en  a! 

54.  Est-ce  que  tombé  dans  ce  monde  au  milieu  des  créations 
multiples  des  qualités,  tu  serais  forcé  de  recueillir,  comme  Dêvadatta 
ou  tout  autre,  les  fruits  bons  ou  mauvais  de  tes  actions?  ou  bien, 
trouvant  ta  joie  en  toi-même,  calme,  doué  d’une  vue  infaillible,  y 
resterais-tu  indifférent  ? c’est  là  ce  que  nous  ne  savons  pas. 

55.  Mais  non , ces  deux  états  ne  sont  pas  contradictoires  ; si  Bha- 
gavat,  qui  possède  une  foule  innombrable  d'attributs,  qui  est 


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LIVRE  SIXIÈME. 


529 


souverain,  dont  ia  grandeur  est  incompréhensible,  qui  n’est  pas  fait 
pour  être  un  sujet  de  discussion  entre  ceux  qui  raisonnent  d’après 
les  fausses  idées  conçues  dans  une  intelligence  offusquée  par  des 
livres  pleins  de  doutes,  de  discussions,  de  recherches,  de  preuves, 
d’arguments  trompeurs  et  de  mauvais  raisonnements  incapables 
d’atteindre  jusqu’à  lui;  si  cet  Etre,  devant  qui  s’arrêtent  toutes  les 
créations  de  Mâyâ,  et  qui  est  absolu,  fait  rentrer  en  son  sein  l’Illu- 
sion dont  il  dispose,  qu’y  a-t-il  là  d’inconciliable,  puisqu’il  n’a  réel- 
lement qu'une  seule  forme? 

56.  Si  tu  parais  favorable  ou  contraire,  c'est  que  tu  te  conformes 
aux  idées  de  ceux  qui  te  croient  tel  ; ainsi  un  bout  de  corde  prend , 
suivant  les  idées  du  spectateur,  l'apparence  d’un  serpent  ou  de  tout 
autre  corps. 

57.  C’est  qu’il  est  en  réalité  l’essence  qui  est  dans  toute  essence,  le 
souverain  de  toutes  choses,  la  cause  de  toutes  les  causes  de  l’univers, 
et  qu'ayant  pour  attributs  tous  les  phénomènes  visibles  des  qualités, 
parce  qu’il  est  l’Esprit  intérieur  de  toutes  les  créatures,  il  est  l'Etre 
unique  qui  reste  [après  que  toute  autre  chose  a disparu]. 

58.  Comment  pourraient-ils,  6 toi  qui  produis  le  nectar,  abandon- 
ner le  culte  du  lotus  de  tes  pieds,  où  cesse  ia  révolution  du  monde, 
ces  hommes  vertueux  qui  connaissent  si  bien  leur  but,  et  pour  qui 
leur  âme  est  l’ami  le  plus  cher;  ces  hommes  dévoués  à Bhagavat, 
qui  après  avoir  savouré  une  seule  fois  une  goutte  de  l’ambroisie 
puisée  à l’océan  de  ta  grandeur,  ont  vu  la  béatitude  qui  remplissait 
incessamment  leur  âme,  y effacer  le  souvenir  de  ces  faibles  images 
de  bonheur  que  nous  présentent  le  monde  et  l’Écriture,  et  n’ont 
cessé  de  tenir  leur  cœur  profondément  absorbé  au  sein  de  Bhagavat, 
l'ami  le  plus  cher  de  tous  les  êtres  et  l’àmc  universelle  ? 

59.  Ô toi  dont  les  trois  mondes  sont  le  corps  et  la  demeure,  toi 
qui  as  fait  trois  pas  [ pour  les  franchir] , qui  as  trois  yeux,  qui  ravis 
les  trois  mondes  par  l'expression  de  tes  sentiments;  si  reconnaissant 
qu’il  n'était  pas  temps  pour  les  fils  de  Diti  et  de  Danu,  quoiqu’ils 
fussent  des  manifestations  de  ta  personne,  d’exercer  leur  puissance, 
lu  as  pu,  Dieu  vengeur,  revêtir,  à l’aide  de  ta  Mâyâ,  des  formes  de 


530 


LE  BHÂGAVATA  PURÀNA. 

Dêvas,  d'hommes,  d'animaux,  de  poissons,  et  d'autres  formes  mê- 
lées, pour  les  diâtier  selon  leur  faute,  puisses-tu  frapper  aussi  le  fils 
de  Tvachtrï,  si  tel  est  ton  désir! 

40.  Et  nous  tes  enfants,  nous  qui  sommes  prosternés  devant  toi, 
toi  notre  père  et  notre  aïeul;  nous  en  qui  la  contemplation  du  lotus 
de  tes  pieds  est  la  chaîne  qui  retient  notre  coeur;  nous  que  tu  as 
faits  liens  en  nous  dévoilant  tes  attributs,  consens,  6 Dieu  irrépro- 
chable, à calmer  notre  inquiétude  avec  une  goutte  de  l’ambroisie  de 
ces  agréables  paroles  qui  sont  accompagnées  d'un  regard  et  d'un 
sourire  pur,  doux  et  frais,  qu’attendrit  la  pitié. 

41.  Mais  qu'aurions-nous  à apprendre  ici,  ô Bhagavat,  à celui  qui 
se  fait  un  jeu  de  sa  divine  Mâyâ , au  moment  où  elle  devient  la  cause 
de  la  naissance,  de  la  conservation  et  de  l’anéantissement  de  l’uni- 
vers; à celui  qui  résidant  à la  fois  au  sein  de  tous  les  êtres  doués  de 
vie,  sous  la  forme  de  Brahma  qui  est  l’Esprit  intérieur,  et  en  dehors 
sous  celle  de  la  Nature,  les  connaît  tous  avec  les  différences  du  lieu, 
du  temps  et  de  la  forme  corporelle,  parce  qu’il  est  leur  cause  et  qu’îl 
les  contient;  à celui  qui  est  le  témoin  de  tous  les  motifs,  qui  a pour 
corps  l’éther,  qui  est  le  suprême  Brahma  et  le  Suprême-Esprit?  C’est 
comme  si  les  étincelles  voulaient  éclairer  le  feu. 

42.  Satisfais  donc  de  toi-même,  6 Bhagavat,  toi  le  suprême  Pré- 
cepteur, les  désirs  qui  nous  ont  amenés  à l’ombre  du  lotus  de  tes 
pieds,  où  se  calment  les  fatigues  d’un  monde  rempli  de  misères. 

43.  Mets  à mort,  Seigneur,  le  fils  de  Tvachtrï,  qui  s’est  emparé 
des  trois  mondes  et  qui  nous  a ravi,  ô Krichpa,  notre  éclat,  nos 
javelots  et  nos  armes. 

44.  Adoration  à toi  qui  es  Brahma,  qui  habites  la  cavité  du  cœur, 
qui  vois;  à toi,  Krïchna,  dont  la  gloire  est  pure,  qui  es  sans  com- 
mencement, qui  n’es  saisi  que  par  les  gens  de  bien,  qui  es  le  salut 
désiré,  où  l’homme  qui  voyage  sur  la  route  de  l’existence,  trouve 
au  terme  de  sa  marche  son  véritable  asile;  adoration  à toi,  Hart! 

45.  Çuka  dit:  Ainsi  loué  avec  respect  par  les  Immortels,  Hari, 
qui  venait  d’entendre  ses  louanges,  leur  répondit  avec  satisfaction. 

46.  Bhagavat  dit  : Je  suis  content,  chefs  des  Dieux,  de  la  science 


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LIVRE  SIXIEME. 


531 


qu’annoncent  vos  éloges;  elle  est  faite  pour  rappeler  aux  hommes 
ma  puissance,  et  pour  leur  inspirer  de  la  dévotion  pour  moi. 

47.  Qu’y  a-t-il  de  difficile  pour  celui  qui  m'a  satisfait,  chefs  des 
Dieux?  Le  sage,  connaissant  la  vérité,  qui  pense  exclusivement  à moi, 
ne  désire  rien  autre  chose  que  moi. 

* 48.  Il  ignore  son  véritable  bien,  le  malheureux  qui  voit  quelque 
chose  de  réel  dans  les  qualités;  et  c’est  n’en  savoir  pas  plus  que  lui 
que  de  les  lui  accorder  quand  il  les  désire. 

49.  Le  sage,  en  effet,  ne  dit  pas  à l'ignorant  que  l’action  est  la 
béatitude  suprême,  pas  plus  que  le  bon  médecin  ne  donne  au  ma- 
lade, quoiqu'il  le  sollicite,  quelque  chose  en  dehors  du  régime. 

50.  Allez  promptement,  et  puisse  le  bonheur  être  avec  vousl  allez 
trouver  Dadhyatch,  le  meilleur  des  Rïchis,  et  demandez-lui  des  corps 
dont  la  science,  les  devoirs  religieux  et  les  austérités  fassent  la  force. 

51.  Dadhyatch  est  ce  sage  qui  possédant  le  Vêda  absolu,  le  com- 
muniqua aux  deux  Açvins  sous  le  nom  d’Açvaçiras,  et  leur  conféra 
ainsi  l’immortalité. 

52.  C’est  Dadhyatch,  fils  d’Atharvan,  qui  a donné  à Tvachtrï  la 
cuirasse  indissoluble  qui  est  formée  de  mon  nom , cette  cuirasse 
que  Tvachtrï  a transmise  à son  fils  Viçvarûpa,  duquel  tu  la  tiens. 

53.  Sollicité  par  vous,  ce  sage  qui  connaît  la  loi,  vous  donnera 
ses  membres  en  faveur  des  Açvins;  Viçvakarman  en  fera  ensuite  la 
première  des  armes,  à l'aide  de  laquelle,  soutenu  par  ma  splendeur, 
tu  trancheras  la  tête  de  Vrîtra. 

54.  l!ne  fois  Vrîtra  tué,  vous  recouvrerez  votre  splendeur,  vos 
flèches,  vos  armes  et  votre  prospérité.  Allez,  et  que  le  bonheur  soit 
avec  vous!  Ceux  qui  me  sont  dévoués  sont  invulnérables. 

FIN  DU  NEUVIEME  CHAPITRE , AYANT  POUR  TITRE: 

INSTRUCTION  DE  BHAGAVAT.  - 

* DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DD  GRAND  PURÀNA , 

LE  BIENHEUREUX  BBÂGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÜSA, 


352 


LE  BHÂGAVATÀ  PURÀNA. 


CHAPITRE  X. 

• s»  V*)VC 

MORT  DE  VRÏTRA.  * 

•-*  ' -4l’[  £f*f> 

1.  Çuka  dit  : Après  avoir  instruit  Indra  de  cette  manière,  le 
bienheureux  Hari  à qui  l’univers  doit  l’existence,  disparut  à la  vue 
même  des  Dieux  dont  les  regards  ne  se  ferment  jamais. 

2.  Conformément  à ses  avis,  les  Dieux  adressèrent  leur  prière 
au  grand  Richi,  fds  d'Atharvan , qui  leur  parla  ainsi,  la  joie  dans  le 
coeur  et  presqu'en  souriant. 

5.  Vous  ne  savez  donc  pas,  vous  qui  êtes  des  Dieux,  quel  mal 
c’est,  pour  les  êtres  doués  d’un  corps,  que  la  mort,  ce  moment  si 
difficile  à supporter,  qui  leur  enlève  le  sentiment? 

4.  Il  n’est  pas  en  ce  monde,  pour  les  âmes  qui  obéissent  à l’ins- 
linct  de  la  conservation,  d'ami  plus  cher  que  leur  propre  personne; 
où  est  l’homme  qui  se  résoudrait  à la  donner,  fût-ce  même  à Vichnu, 
s'il  la  lui  demandait  ? 

5.  Les  Dêvas  dirent  : Est-ce  donc  une  chose  si  difficile  à abandon- 
ner que  le  corps,  ô Brâhmane,  pour  les  hommes  compatissants,  pour 
les  grands  personnages,  comme  toi,  dont  les  actions  doivent  être  cé- 
lébrées dans  de  pures  stances  ? 

6.  Tout  entier  à son  intérêt,  l’homme  ne  connaît  pas  la  détresse 
de  son  semblable  ; s'il  la  connaissait , il  ne  lui  demanderait  pas [ de 
faire  pour  lui  un  sacrifice];  mais  aussi  l’homme  capable  de  ce  sacri- 
fice ne  doit  pas  dire  non. 

7.  Le  Rïchi  dit  : C’est  parce  que  je  désirais  apprendre  de  vous  ce 
qui  est  juste,  que  je  vous  ai  répondu  ainsi;  je  vous  abandonne  mon 
corps  chéri  auquel  je  renonce  moi-même. 

8.  Celui  qui  ne  sait  pas,  seigneurs,  par  compassion  pour  les  créa- 
tures, accomplir  d’un  esprit  ferme  ce  qui  est  juste  et  glorieux,  est 
un  objet  de  pitié  même  pour  les  êtres  insensibles. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


335 


9.  Voici  l'immuable  devoir  que  respectent  ceux  que  célèbrent  les 
chants  sacrés  ; c'est  qu’ils  souffrent  ou  se  réjouissent  suivant  que  tes 
êtres  éprouvent  de  la  douleur  ou  de  la  joie. 

10.  Ah,  misère!  ah,  malheur!  quand  l’homme  n'emploie  pas  à faire 
du  bien  ses  richesses,  ses  parents  et  son  corps,  toutes  choses  faites 
pour  servir  de  pâture  aux  animaux,  qu’un  instant  va  détruire,  et 
qui  ne  sont  pas  son  véritable  but. 

1 1 . Çuka  dit  : Ayant  ainsi  pris  sa  résolution , Dadhyatch , fils 
d'Atharvan,  unissant  son  âme  au  suprême  Ghagavat  qui  est  Brahma, 
abandonna  son  corps. 

12.  Maître  de  ses  sens,  de  sa  respiration,  de  son  cœur  et  de  son 
intelligence,  voyant  la  véritable  essence,  débarrassé  de  tous  ses  liens, 
absorbé  dans  le  Yôga  le  plus  élevé,  il  ne  s’aperçut  pas  que  son  corps 
était  parti. 

15.  Ensuite  Indra  brandissant  la  foudre  qui  avait  été  fabriquée 
par  Viçvakarman  avec  les  os  du  solitaire,  superbe,  plein  de  la  splen- 
deur de  Bhagavat , 

14.  Entouré  de  toutes  les  troupes  des  Dêvas,  apparut  plein  d’éclat, 
sur  le  roi  des  éléphants,  célébré  par  la  foule  des  solitaires,  et  répan- 
dant la  joie  dans  les  trois  mondes. 

15.  Il  courut  à Vrïtra  pour  l’abattre,  par  sa  vigueur,  au  milieu  des 
chefs  de  l’armée  des  Asuras,  semblable  à Rudra  irrité  qui  se  précipite 
contre  Antaka  (Yama). 

16.  Alors  eut  lieu  sur  la  Narmadâ,  pendant  le  premier  Yuga  et 
au  commencement  de  l’âge  Trêtâ,  un  terrible  conflit  entre  les  Suras 
et  les  Asuras. 

17.  En  voyant  entouré  par  les  Rudras,  les  Vasus,  les  Adityas,  les 
Açvins,  les  Pitris,  les  Vahnis  (Agnis),  les  Maruts,  les  Rïbhus,  les 
Sâdhyas  et  les  Viçvêdêvas,  le  souverain  des  Vents, 

18.  Çakra  la  foudre  en  main,  resplendissant  de  sa  propre  splen- 
deur, les  Asuras,  qui  suivaient  Vrïtra  sur  le  champ  de  bataille,  ne 
purent  endurer  cette  attaque. 

19.  Namutchi,  Saiîivara , Anarvan,  Dvimûrdhan,  Rïchabha,  Am- 
bara,  Hayagrîva,  Çagkuçiras,  Vipratchitti,  Ayômukha, 


554 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

20.  Pulôman,  Vrichaparvan , Prahêti,  Hêti,  Utkala,  les  fils  de 
Dîti,  ceux  de  Danu,  les  Yakchas  et  les  Râkchasas  dont  on  compte 
des  milliers, 

21.  Ayant  à leur  tête  Sumàlin  et  Mâlin,  et  couverts  de  vêtements 
d’or,  firent  face  aux  premiers  rangs  de  l’armée  d’Indra,  dont  le  Dieu 
de  la  mort  lui-même  eût  supporté  difficilement  le  choc  ; 

22.  Et  transportés  d’orgueil,  ne  se  laissant  pas  ébranler  par  le 
[cri  de  guerre  qui  ressemble  au]  rugissement  du  lion,  ils  l'attaquè- 
rent avec  des  massues,  des  pieux  ferrés,  des  flèches,  des  dards,  des 
maillets,  des  massues  de  fer, 

25.  Des  lances,  des  haches,  des  poignards,  des  projectiles  meur- 
triers, des  armes  enflammées,  et  ils  firent  tomber  de  tous  côtés  une 
pluie  de  glaives  et  de  flèches  sur  les  chefs  des  Immortels. 

24.  Cachés  sous  cette  multitude  de  flèches  qui  tombaient  l'une 
après  l’autre,  plume  sur  plume,  iis  disparurent  comme  les  astres 
sous  les  nuages  qui  couvrent  le  ciel. 

25.  Mais  cette  pluie  d’armes  qui  se  précipitait  par  torrents,  n’at- 
teignit pas  les  bataillons  des  Suras;  les  Dieux  à la  main  rapide  les 
coupèrent  par  milliers  pendant  leur  course  à travers  le  ciel. 

26.  Quand  les  glaives  et  les  flèches  eurent  été  brisés,  les  Asuras 
firent  pleuvoir  sur  l’armée  des  Suras  les  rochers,  les  arbres  et  les 
pierres;  mais  les  Dieux  tranchèrent  tout  cela  comme  auparavant. 

27.  Alors  voyant  les  guerriers  d’Indra  sains  et  saufs,  et  à l’abri 
de  l’atteinte  de  ces  masses  de  glaives,  de  flèches,  d’arbres,  de  pierres 
et  de  quartiers  de  rochers,  les  troupes  de  Vritra  furent  frappées  d’é- 
pouvante. 

28.  Tous  les  efforts  que  les  Dâityas  ne  cessaient  de  tenter  contre 
les  troupes  des  Dieux,  étaient  aussi  impuissants  que  le  sont  les  ma- 
lédictions et  les  paroles  de  violence  proférées  par  des  misérables 
contre  les  grands  hommes  pour  lesquels  Krïchna  est  bienveillant. 

29.  Reconnaissant  l'inutilité  de  leurs  efforts,  les  Asuras,  étrangers 
au  culte  de  Hari , dont  le  belliqueux  orgueil  venait  d’être  abattu , et  qui 
se  sentaient  ravir  leur  vigueur,  abandonnèrent  leur  chef  au  commen- 
cement de  la  lutte  et  ne  pensèrent  plus  qu’à  fuir  avec  leurs  armes. 


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LIVRE  SIXIÈME.  335 

50.  A la  vue  de  ses  Asuras  qui  couraient  de  tous  côtés,  et  de  son 
armée  rompue  et  poussée  à la  fuite  par  une  terreur  profonde,  le 
brave  et  courageux  Vrïtra  leur  parla  ainsi  en  souriant. 

51.  Il  leur  adressa  ces  paroles  convenables  à la  circonstance,  faites 
pour  des  héros  et  dignes  du  plus  valeureux  des  hommes:  Vipratchitti, 
Nainutchi,  Pulôman,  Maya,  Anarvan  et  Samvara,  s’écria-t-il,  écoutez- 
moi. 

52.  La  mort  est  l'inévitable  partage  de  tout  ce  qui  est  né,  et  il 
n’existe  en  ce  monde  aucun  moyen  de  s’en  affranchir;  si  la  gloire  et 
le  séjour  du  ciel  peuvent  en  être  la  récompense,  quel  est  celui  qui 
ne  choisirait  pas  comme  un  bienfait  un  trépas  honorable? 

55.  Il  est  en  ce  monde  deux  genres  de  mort  glorieux  et  difficiles  à 
obtenir:  l’une  est  celle  que. trouve  l’homme  absorbé  dans  le  Yôga, 
lorsque  ayant  dompté  sa  respiration  en  méditant  sur  Brahma,  il 
abandonne  son  corps  ; l’autre  est  celle  que  le  guerrier  qui  ne  tourne 
pas  le  dos,  rencontre  au  premier  rang  sur  la  couche  des  braves. 


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MORT  DE  VRÏTRA, 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DO  GRAND  PCRÂNA . 
LE  HIENHEURECX  BHÎGAVATA, 

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RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÎ 

Et  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 

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356 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  XI. 

DISCOURS  DE  VRITRA. 


1.  Çuka  dit  : Mais  troublés  par  la  crainte,  ayant  perdu  l’esprit,  ne 
pensant  plus  qu’à  fuir,  les  Asuras  ne  comprirent  pas  les  justes  paroles 
de  leur  niaitre. 

2.  A la  vue  de  son  armée  rompue  et  dispersée,  comme  si  elle  n'a- 
vait pas  de  chef,  par  les  Immortels  que  favorisait  le  Dieu  de  la  mort, 
le  chef  des  Asuras , 

5.  L’ennemi  d'Indra,  éprouva  un  vif  mouvement  de  colère  et  d’in- 
dignation; et  ayant  arrêté  les  Dieux  par  sa  vigueur,  il  leur  adressa 
ces  reproches: 

4.  Que  faites-vous  avec  ces  fuyards,  vils  excréments  de  leur  mère, 
que  vous  frappez  au  dos?  Le  meurtre  d’un  homme  effrayé  ne  donne 
ni  la  gloire  ni  le  ciel  à celui  qui  se  croit  un  brave. 

5.  Si  vous  avez  au  cœur  le  moindre  sentiment  de  confiance  ou 
de  force  pour  le  combat,  si  vous  n’avez  pas  de  désirs  pour  un  bon- 
heur vulgaire,  arrêtez  un  instant  et  regardez-moi  en  face. 

6.  Effrayant  ainsi  de  la  vue  de  son  corps  les  bataillons  de  ses 
ennemis,  Vritra  irrité,  poussa,  avec  sa  force  immense,  un  cri  qui 
priva  de  sentiment  tous  les  mondes. 

7.  Etourdies  par  le  rugissement  de  Vritra,  les  troupes  des  Dieux 
tombèrent  toutes  à terre,  comme  si  elles  eussent  été  frappées  par  la 
foudre. 

».  Enivré  par  la  vue  du  champ  de  bataille,  il  broya  sous  ses  pieds 
l’armée  des  Suras  épouvantés  qui  fermaient  les  yeux,  brandissant 
son  javelot,  ébranlant  la  terre  par  sa  vigueur,  et  semblable  à un  élé- 
phant furieux  qui  foule  sous  ses  pas  une  forêt  de  roseaux. 

9.  A cette  vue,  le  Dieu  qui  porte  la  foudre,  transporté  d'indigoa- 


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LIVRE  SIXIÈME. 


537 


tion,  lança  contre  son  ennemi,  qui  courait  à sa  rencontre,  sa  grande 
massue  dont  le  choc  est  si  difficile  à supporter;  mais  Vritra  la  saisit 
en  se  jouant  de  la  main  gauche,  au  moment  où  elle  allait  tomber 
sur  lui. 

10.  Animé  par  une  violente  colère,  l’ennemi  d’Indra  frappa  de 

cette  massue  le  front  de  l’éléphant  que  montait  le  grand  Dieu,  en 
poussant,  dans  son  héroïsme  sauvage,  le  cri  des  combats;  et  tous 
admirèrent  cet  exploit.  * 

11.  Mais  l'éléphant  Airâvata  atteint  par  la  massue  dont  l’avait 
blessé  Vrïtra,  la  tête  brisée,  vomissant  le  sang  par  la  bouche  jusqu’à 
la  distance  de  sept  Dhanus  (a  8 coudées),  tourna  sur  lui-même  comme 
une  montagne  frappée  par  la  foudre,  et  s’enfuit  avec  de  cruelles 
douleurs,  en  emportant  Indra. 

12.  Vritra,  en  guerrier  magnanime,  ne  lança  pas  une  seconde  fois 
sa  massue  contre  Indra,  dont  la  monture  était  hors  de  combat  et  qui 
avait  perdu  ses  sens;  cependant  le  Dieu,  calmant  par  le  seul  contact 
de  sa  main  d’où  découle  l’ambroisie,  les  douleurs  de  son  éléphant 
blessé,  s’arrêta  de  nouveau. 

15.  En  voyant  debout  animé  par  le  désir  de  combattre,  le  Dieu 
qui  porte  la  foudre,  ce  Dieu  son  ennemi,  meurtrier  de  son  frère, 
Vritra  se  souvint  de  son  action  coupable  et  cruelle , et  riant  à la  fois 
d'égarement  et  de  douleur,  il  s’écria  : 

14.  Vrïtrp  dit  : Quel  bonheur  que  tu  veuilles  te  mesurer  avec  moi! 
toi  mon  ennemi , toi  le  meurtrier  d’un  Brâhmane,  de  ton  précep- 
teur et  de  mon  frère.  Quel  bonheur!  je  vais  donc  aujourd'hui,  Dieu 
cruel,  perçant  de  ma  lance  ton  cœur  de  pierre,  acquitter  bientôt  ma 
dette. 

15.  Toi  qui  as  tranché  avec  ton  glaive  les  têtes  de  mon  frère  aîné, 

d'un  Brâhmane  qui  connaissait  ! Esprit,  de  ton  maître  spirituel,  au 
moment  où  innocent  et  plein  de  confiance,  il  s’était  préparé  au  sa- 
crifice; toi  qui  l’as  tué,  comme  celui  qui  désirant  le  Ciel,  immole 
sans  pitié  la  victime  ; ’* 

16.  Toi  qui  n’as  plus  ni  pudeur  ni  pitié,  et  qui  es  privé  de  ta 
splendeur  et  de  ta  gloire  ; toi  dont  ce  crime  a fait  un  objet  de  blâme 


V 


538  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

pour  les  Râkchasas  eux-mêmes  ; mon  javelot  va  déchirer  cruellement 
ton  corps,  que  les  vautours  dévoreront  sans  qu’il  ait  touché  le  feu 
des  funérailles. 

17.  Et  si  ces  autres  insensés  qui  suivent  ici  un  assassin  comme 
toi,  tirent  le  glaive  pour  combattre  contre  moi,  j’en  ferai  un  sacrifice 
aux  Bhûtas  et  à leurs  chefs,  en  leur  ouvrant  la  gorge  avec  mon  jave- 
lot aigu  aux  trois  pointes. 

1 8.  Ou  bien , si  tu  me  tranches  ici  violemment  la  tête  avec  ta  foudre, 
alors,  ô brave  Hari,  quitte  de  toute  dette,  parce  que  j’aurai  présenté 
mon  offrande  aux  Bhûtas,  je  tomberai  dans  la  poussière  sous  les 
pieds  des  braves. 

19.  Pourquoi  donc,  ô chef  des  Suras,  ne  lances-tu  pas  ta  foudre? 
ton  ennemi  est  devant  toi  qui  t’affronte;  elle  ne  doit  pas  tomber  en 
vain  sur  moi.  N’hésite  pas;  ton  tonnerre  ne  sera  pas  aussi  impuissant 
que  ta  massue;  ce  ne  sera  pas  comme  la  prière  qu'on  rejette  parce 
que  l’objet  en  est  .vil. 

20.  Ta  foudre,  ô Çakra,  n’est-elle  pas  aiguisée  par  la  splendeur 
de  Hari  et  par  les  austérités  de  Dadbyatch  ? Sers-t’en  pour  tuer  ton 
ennemi,  puisque  tu  es  dirigé  par  Vichnu.  Du  côté  où  est  Hari,  là 
sont  la  victoire,  la  fortune  et  la  vertu. 

21.  Pour  moi,  fixant  mon  cœur  sur  le  lotus  de  ses  pieds,  selon 
ce  que  m’a  enseigné  Samkarchana,  délivré  des  chaînes  vulgaires  par 
le  choc  de  ta  foudre , je  quitterai  le  monde  pour  suivre  Ja  voie  d’un 
solitaire. 

22.  11  ne  donne  pas  aux  siens,  à ces  hommes  qui  pensent  exclusi- 
vement à lui , les  félicités  du  Ciel , de  la  terre  et  des  régions  de 
l’Abîme;  car  elles  engendrent  la  haine,  la  crainte,  la  douleur,  l’or- 
gueil, les  disputes,  le  crime  et  la  fatigue. 

25.  Ce  que  notre  maître  accorde  à l’homme,  ô Çakra,  c’est  d'être 
délivré  des  peines  qu’il  se  donne  pour  atteindre  aux  trois  objets  de 
ses  désirs;  tu  peux,  d’après  cela,  te  faire  une  idée  de  la  bienveil- 
lance de  Bhagavat,  que  d’autres  que  les  pauvres  ont  tant  de  peine  à 
mériter. 

2».  Oui , Hari,  je  serai  à l’avenir  l’esclave  des  esclaves  qui  n’ont 


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559 


LIVRE  SIXIÈME. 

d’autre  asile  que  tes  pieds;  puisse  mon  cœur,  ô maître  de  la  vie, 
se  rappeler  tes  attributs , ma  voix  chanter  tes  oeuvres , mon  corps 
imiter  tes  actions  ! 

25!  Non,  Dieu  de  vertu,  je  ne  désire  ni  le  sommet  le  plus  élevé  du 
ciel,  ni  la  puissance  souveraine,  ni  l’empire  de  toute  la  terre,  ni  la 
domination  des  régions  infernales,  ni  les  perfections  du  Yoga,  ni 
l’exemption  de  la  renaissance,  s’il  faut  pour  cela  renoncer  à toi. 

28.  Comme  les  oiseaux  auxquels  les  ailes  n’ont  pas  encore  poussé, 
appellent  leur  mère;  comme  les  jeunes 'veaux,  pressés  par  la  faim, 
recherchent  le  lait;  comme  une  amante  désolée  désire  son  amant 
parti  pour  un  pays  lointain  : ainsi  mon  cœur  aspire  à te  voir,  6 toi 
qui  as  des  yeux  semblables  au  lotus. 

27.  Puissé-je , pendant  que  je  roule  sous  l’influence  de  mes  œuvres 
dans  le  cercle  de  la  transmigration,  éprouver  de  l’amitié  pour  les 
serviteurs  du  Dieu  dont  la  gloire  est  excellente,  et  ne  pas  sentir  mon 
cœur  enchaîné  parta  M&yâ,  Seigneur,  à mon  corps,  à mes  enfants, 
à ma  femme  et  à ma  maison! 

m DU  ONZIÈME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE  1 
DISCOURS  DI  VRÏTRA, 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂ$A, 

LE  RIEN HEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHSlt  ET  COMPOSÉ  PAR  YTÂ5A. 


43. 


340 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  XII. 

■ ■ ■ . » 

MORT  DE  VRÎTRA. 

1 . Le  Rïchi  dit  : Ainsi  désireux  d’abandonner  son  corps  dans  le 
combat,  et  préférant  la  mort  à la  victoire,  Vrîtra  saisit  son  javelot  et 
se  précipita  contre  le  chef  des  Dieux,  comme  Kâitabha,  ô roi,  lors- 
qu'il attaquait  Mahàpurucba  sous  les  eaux. 

2.  Dirigeant  alors  rapidement  contre  Mahêndra  le  javelot  dont 
les  pointes  étaient  aussi  redoutables  que  le  feu  [qui  consume  le 
inonde]  à la  fin  d’un  Yuga,  le  brave  chef  des  Asuras  le  lui  lança  en 
s’écriant  avec  l’accent  de  la  colère  : « Tu  es  mort,  méchant  ! ■ 

5.  Le  javelot  traversa  le  ciel;  il  tourna,  semblable  à une  comète 
ou  à un  météore;  mais  le  Dieu  qui  porte  le  tonnerre,  regardant  sans 
se  troubler  cette  arme  éblouissante,  la  brisa  d'un  coup  de  sa  foudre 
aux  cent  nœuds,  et  abattit  le  bras  de  Vrîtra,  qui  ressemblait  au 
corps  du  roi  des  serpents. 

а.  Animé  par  la  rage,  le  Démon,  qui  avait  perdu  un  bras,  atta- 
qua de  son  pieu  ferré  le  Dieu  qui  tenait  la  foudre , et  blessa  à la 
mâchoire  Indra  et  l’éléphant  immortel;  la  foudre  tomba  aussitôt  des 
mains  de  Maghavan. 

5.  Les  troupes  des  Suras,  des  Asuras,  des  Tchâranas  et  des  Sid- 
dhas  célébrèrent  ce  merveilleux  exploit  de  Vrîtra;  et  à la  vue  de  la 
détresse  du  Dieu,  ils  s’écrièrent  à plusieurs  reprises  : Ah!  ahl 

б.  Indra,  couvert  de  honte,  ne  voulut  pas  ressaisir,  en  face  de 
son  adversaire,  la  foudre  qui  était  tombée  de  ses  mains.  Reprends 
ton  arme,  Hari,  lui  cria  Vrîtra;  frappe  ton  ennemi  : ce  n’est  pas  le 
moment  de  se  décourager. 

7.  Les  méchants,  qui  prennent  le  corps  pour  l’âme,  peuvent  vou- 
loir combattre  en  tous  lieux,  mais  ils  ne  triomphent  ni  partout,  ni 


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LIVRE  SIXIÈME. 


341 


toujours;  le  seul  vainqueur  est  le  maître  de  la  naissance,  de  la  des- 
• truclion  et  de  la  mort,  le  Purucha  primitif,  éternel  et  omniscient. 

».  Celui  sous  l’empire  duquel  respirent  les  mondes  avec  leurs 
Gardiens , soumis  comme  les  oiseaux  pris  dans  un  filet , c’est  le 
Temps,  cause  de  tout  en  ce  monde. 

9.  Ignorant  que  le  Temps  est  l’énergie,  la  vigueur,  la  force,  l’im- 
mortalité et  la  mort,  l’homme  prend  sa  personne  matérielle  pour  la 
cause  véritable. 

10.  Semblables  à une  poupée  de  bois,  semblables  à l'antilope 
qui  est  le  produit  d'une  mécanique,  sache,  6 Maghavan,  que  les  créa- 
tures sont  sous  la  dépendance  du  Seigneur. 

U.  L’Esprit,  la  Nature,  le  principe  manifesté  [de  l’intelligencej, 
la  personnalité,  les  éléments,  les. sens  et  le  cœur,  sont,  sans  sa  fa- 
veur, impuissants  à créer  l’univers. 

12.  L’ignorant  toutefois  se  croit  sans  supérieur,  il  se  croit  souve- 
rain ; mais  c’est  le  Seigneur  qui  crée  lui-même  les  êtres  par  les  êtres, 
et  les  détruit  les  uns  par  les  autres. 

13.  La  longévité,  le  bonheur,  la  gloire,  l’empire,  tous  les  biens, 
en  un  mot,  que  souhaite  l'homme,  arrivent,  ainsi  que  les  maux  qu'il 
ne  désire  pas,  chacun  au  temps  marqué. 

ta.  Aussi  l’homme  doit-il  être  indifférent  au  plaisir  ou  à la  peine 
que  causent  la  gloire  ou  le  déshonneur,  la  victoire  ou  la  défaite,  la 
vie  ou  la  mort. 

15.  La  Bouté,  la  Passion,  les  Ténèbres  sont  les  qualités  de  la  Na- 
ture et  non  de  l’Esprit;  celui-là  n’est  pas  enchaîné,  qui  connaît  que 
l’Esprit  est  spectateur  au  sein  de  la  Nature. 

16.  Vois-moi,  Çakra,  vaincu  dans  le  combat,  le  bras  et  les  armes 
brisées,  faisant  tous  mes  efforts  pour  t’arracher  la  vie. 

17.  Ce  combat  est  un  jeu  où  la  mise  est  la  vie,  où  les  dés  sont 
nos  flèches,  et  les  sièges  nos  montures;  on  ne  sait  pas  si  celui-ci 
y sera  vainqueur,  ou  celui-là  vaincu. 

18.  Çuka  dit  : Ayant  entendu  ces  paroles  de  Vrltra,  Indra  loua  la 
générosité  de  son  langage,  et  reprenant  sa  foudre,  il  lui  dit  en  riant 
et  sans  orgueil  : 


542 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

19.  Ah  Dânava  ! que  tu  es  heureux  d’avoir  eu  la  pensée  d’expri- 
mer ta  dévotion  profonde  pour  le  souverain  et  l’ami  de  l’univers,  qui  • 
est  l’Esprit  ! 

20.  Tu  as  échappé  à la  Mâyâ  de  Vichnu  qui  égare  les  êtres,  parce 
que  renonçant  à ta  nature  d'Asura,  tu  t’es  élevé  à celle  des  grands 

hofnmes. 

21.  Certes  c’esl  une  grande  merveille,  qu’un  cœur  comme  le  lien, 
dont  la  Passion  est  la  nature,  se  soit  si  fermement  attaché  au  bien- 
heureux Vâsudêvâ,  qui  est  tout  Bonté. 

22.  Celui  qui  a de  la  dévotion  pour  le  bienheureux  Hari,  qui  est 
le  maître  de  la  béatitude  suprême,  a-t-il  besoin  de  l’eau  misérable 
qu’on  rencontre  dans  les  trous,  puisqu'il  s’ébat  au  milieu  d’un  océan 
d’ambroisie  ? 

25.  C’est  ainsi  que  s’entretenant  avec  le  désir  de  connaître  la  loi, 
Indra  et  Vritra,  ces  deux  forts  guerriers  maîtres  dans  les  batailles, 
reprirent  le  cqmbat. 

• 21.  Dirigeant  contre  Indra  son  redoutable  pieu  armé  de  fer,  l'in- 

vincible Vritra  le  lui  lança  de  la  main  gauche. 

25.  Mais  le  Dieu  trancha  du  même  coup,  avec  sa  foudre  aux  cent 
nœuds , la  massue  de  Vritra  et  son  bras  semblable  à la  trompe  de 
l’éléphant. 

26.  Avec  ses  bras  coupés  jusqu’à  l’épaule,  l’Asura  tout  dégouttant 
de  sang  ressemblait  à une  de  ces  montagnes  qui,  privées  de  leurs 
ailes  par  le  Dieu  de  la  foudre,  furent  précipitées  du  haut  du  ciel. 

V-  Le  Dâitya  plaça  sur  la  terre  sa  mâchoire  inférieure;  il  porta 
jusqu’au  ciel  la  supérieure;  et  ouvrant  une  bouche  profonde  comme 
l'atmosphère,  où  s'agitait  une  langue  redoutable, 

28.  Saisissant  presque  les  trois  mondes  avec  ses  dents  semblables 
à celles  du  Dieu  de  la  mort,  le  Démon  au  corps  monstrueusement 
énorme,  qui  dans  sa  course  renversait  les  montagnes, 

29.  Et  broyait  sous  ses  pas  la  terre,  comme  eût  fait  en  marchant 
le  Roi  des  monts,  s’approcha  du  Dieu  de  la  foudre  et  l’engloutit  avec 
sa  monture,  de  même  qu’un  immense  reptile,  doué  d’une  grande 
force  vitale  et  d'une  extrême  rigueur,  avale  un  éléphant. 


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LIVRE  SIXIÈME.  545 

30.  A la  vue  d'Indra  saisi  par  Vrïtra,  les  Suras  avec  les  Chefs  des 
créatures  et  les  grands  Ricliis  s’écrièrent,  pleins  de  découragement  : 
Ali , malheur  ! 

51.  Mais  quoique  englouti  par  le  chef  des  Asuras,  Indra  ne 
mourut  pas  dans  son  ventre  où  il  était  descendu , parce  qu'il  était 
armé  de  la  cuirasse  de  Mahâpurucha,  et  protégé  par  la  force  du 
mystérieux  Yôga.  . 

32.  Lui  fendant  le  ventre  avec  sa  foudre,  le  Dieu  puissant  sortit 
[de  sa  prison],  et  trancha  par  sa  vigueur  la  tête  de  son  ennemi, 
comme  il  eût  abattu  le  sommet  d’une  montagne. 

35.  La  foudre  au  mouvement  rapide,  tournant  tout  autour  du  col 
de  Vrïtra,  le  trancha  complètement;  elle  frappa,  pour  mettre  à mort 
le  Démon,  pendant  autant  de  jours  qu’il  y en  a dans  la  marche  [an- 
nuelle] des  astres. 

34.  Alors  retentirent  les  timbales  dans  le  ciel;  les  Gandharvas,  les 
Siddhas  et  les  troupes  des  grands  Richis,  louant  Indra  dans  des  Man- 
tras  pleins  des  attributs  du  vainqueur  de  Vrïtra,  firent  tomber  avec 
joie  une  pluie  de  fleurs. 

35.  Le  Dieu  qui  est  lumineux  par  lui-même,  ô roi  vainqueur, 
étant  sorti  du  corps  de  Vrïtra,  devint  invisible  aux  yeux  de  tous  les 
mondes. 


FIN  DU  DOUZIÈME  CHAPITRE,  AVANT  POUR  TITRE  : 
MORT  DE  VRÏTRA, 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PUR  INA , 

LE  BIENHEUREUX  BHÂGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  BT  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA. 


344 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA- 


CHAPITRE  XIII. 

TRIOMPHE  D’INDRA. 

• n . ••  ' -MUi. 

•.  • . ' - , . J/ik.: 

1.  Çuka  dit  : Après  la  mort  de  Vrïtra.  ô généreux  prince,  les  trois 
mondes  avec  leurs  Gardiens  se  sentirent  aussitôt,  tous  excepté  Çakra, 
satisfaits  et  délivrés  de  leurs  inquiétudes. 

2.  Ensuite  les  Ricins  des  Dieux,  les  Pitrïs,  les  Bhûlas,  les  D&ityas, . 

les  serviteurs  des  Dêvas,  Brahma,  lça  et  Indra  se  retirèrent  chacun 
dans  leur  demeure.  ' 

3.  Le  roi  dit  : Je  désire  connaître,  6 solitaire,  le  motif  du  chagrin 
d’Indra;  comment  ce  qui  rendait  heureux  les  Dêvas  put-il  être  pour 
Hari  une  cause  de  douleur? 

4.  Çuka  dit  : Opprimés  par  la  puissance  de  Vrïtra,  tous  les  Dieu», 
ainsi  que  les  Rïchis,  avaient  sollicité  Indra  de  le  tuer;  mais  Indra  ne 
désirait  pas  les  satisfaire,  parce  qu’il  craignait  de  mettre  à mort  un 
être^ussi  puissant. 

5.  Indra  dit  : Après  avoir  partagé  entre  les  femmes,  la  terre,  l'eau 
et  les  arbres,  qui  ont  consenti  à l’accepter,  le  crime  que  j’ai  commis 
en  tuant  Viçvarupa,  où  irai-je  me  purifier  du  meurtre  de  Vrïtra? 

6.  Çuka  dit  : Ayant  entendu  ces  paroles,  les  Rïchis  répondirent 
ainsi  à Mahèndra  : Nous  te  ferons  célébrer  le  sacrifice  du  cheval; 
que  le  bonheur  soit  avec  toi  ! n’aie  pas  peur. 

7.  En  offrant  le  sacrifice  du  cheval  au  divin  Nârâyana,  qui  est 
Purucha,  le  Seigneur  et  l’Esprit  suprême,  tu  expierais  le  massacre 
même  de  l’univers. 

8.  Celui  dont  l’assassin  d'un  Brâhmane,  Je  parricide,  le  matricide, 
le  meurtrier  d’une  vache  ou  d’un  maître,  le  pécheur,  le  Tchândâla 
ou  même  le  Pukkasa  n’ont  qu’à  prononcer  le  nom  pour  se  purifier, 

9.  Cest  là  le  Dieu  auquel  tu  dois  offrir  avec  foi  le  grand  Açva- 


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LIVRE  SIXIÈME. 


545 


mêdha  que  nous  dirigerons;  et  eusses-tu  détruit  l'univers  mobile  et 
immobile  avec  Bralimâ,  tu  ne  serais  pas  souillé  par  ce  crime;  à plus 
forte  raison  ne  le  seras-tu  pas  par  le  châtiment  d’un  coupable. 

10.  Ainsi  excité  par  les  Brâhmancs , le  chef  des  Maruts  tua  son 
ennemi;  mais  une  fois  Vritra  mort,  Vrïchâkapi  (Indra)  fut  atteint 
par  le  crime  de  brâhmanicide. 

U.  Le  Dieu  en  éprouva  [seul]  du  repentir;  le  repos  s'éloigna  de 
lui  ; car  il  n’y  a pas  de  mérites  qui  rendent  heureux  l’homme  en 
proie  à la  honte  et  au  déshonneur.  > 

12.  Il  vit  le  crime  qui  courait  derrière  lui  sous  la  figure  d’une 
Tchândâlî,  dont  le  corps  tremblait  de  vieillesse,  qui  était  minée  par 
la  consomption  et  couverte  d’une  étoffe  ensanglantée. 

15.  Ses  cheveux  blancs  tombaient  en  désordre,  et  elle  lui  criait  : 
Arrête  ! arrête  ! Elle  répandait  une  odeur  de  poisson , et  les  exhalai- 
sons désagréables  de  son  corps  viciaient  la  route  quelle  suivait. 

14.  Après  avoir  parcouru  le  ciel  et  tous  les  points  de  l'espace,  le 
Dieu  aux  mille  yeux  se  rendit  rapidement,  6 roi  des  hommes,  du 
côté  du  nord-est,  dans  le  lac  Mânasa  où  il  se  plongea. 

15.  Là  il  vécut  pendant  mille  années,  au  milieu  des  fibres  de  la 
tige  d’un  lotus,  ne  songeant  qu’à  se  délivrer  du  crime  de  brâhmani- 
cide, et  ne  jouissant  plus  [du  sacrifice  qui  ne  parvenait  pas]  là  où 
était  caché  le  Dieu  dont  Agni  est  le  messager. 

16.  Pendant  ce  temps  Nahucha  gouverna  les  cieux  par  la  puis- 
sance du  savoir,  des  austérités,  du  Yôga  et  de  la  force;  mais  ayant 
laissé  l’orgueil  de  la  prospérité  et  de  la  puissance  aveugler  son  esprit, 
il  fut  condamné  par  la  femme  d’Indra  à la  condition  de  brute. 

17.  Indra  sortit  de  sa  prison  à la  voix  de  Brahmâ , parce  qu’en 
songeant  au  Dieu  qui  défend  la  vérité,  il  s’était  affranchi  de  sa  faute; 
et  le  crime,  dont  la  Divinité  [du  nord-est]  avait  détruit  l'influence, 
ne  put  rien  contre  le  Dieu  que  protégeait  l’épouse  de  Vichnu. 

18.  Les  Brahmarchis  s'étant  ensuite  rendus  auprès  de  lui,  6 des- 
cendant de  Bharata,  l'initièrent  selon  la  loi  au  sacrifice  du  cheval, 
au  moyen  du  culte  de  Purucha. 

19.  Au  moment  où  Purucha,  qui  est  formé  par  la  réunion  de  tous  , 


346 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

les  Dieux  dont  il  est  l’Ame,  recevait  de  Mahèndra  l’offrande  du  sacri- 
fice du  cheval,  dirigé  par  les  sages  habiles  dans  le  Vêda, 

20.  Le  crime  résultant  du  meurtre  de  Vrftra , quelque  énorme 
qu’il  fût,  s’évanouit  par  la  volonté  du  Dieu , comme  la  gelée  du  matin 
se  fond  au  soleil. 

21.  Après  avoir  ainsi  célébré,  suivant  le  conseil  des  Dieux,  le 
sacrifice  du  cheval,  où  officiaient  Marîtchi  et  les  autres  sages,  en 
l’honneur  de  l’antique  Purucha,  chef  du  sacrifice,  Indra  fut  grand, 
parce  qu’il  avait  secoué  son  péché. 

22.  Tel  est  le  grand  récit  de  la  victoire  du  chef  des  M&ruls  et  de 
la  délivrance  d'Indra,  récit  qui  efface  toutes  les  fautes,  où  l’on  cé- 
lèbre le  Dieu  dont  les  pieds  sont  comme  un  étang  sacré , où  la 
dévotion  abonde  et  où  l'on  chante  les  hommes  dévoués  à Vichnu. 

25.  Que  les  sages  lisent  et  écoutent  constamment,  à chacune  des 
phases  de  la  lune,  cette  histoire  d’Indra,  qui  donne  la  fortune,  la 
gloire,  la  prospérité,  une  longue  vie,  qui  assure  la  victoire  et 
délivre  l'homme  de  tous  ses  péchés. 


FIN  UC  TREIZIEME  CHAPITRE.  AYANT  POUR  TITRE  : 

TRIOMPHE  D'INDRA , 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DC  GRAND  PURÀNA, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECCEÏL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMÀ  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÀSA. 

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LIVRE  SIXIEME. 


547 


CHAPITRE  XIV. 

ÉPISODE  DE  TCHITRAKÉTC. 


1.  Parîkchit  dit  : Commenta,  6 Brâhmane,  Vrïtra  le  pécheur,  dont 
la  nature  n’était  que  Passion  et  Ténèbres,  put-il  tenir  son  cœur  si 
fortement  attaché  au  bienheureux  Nàràyana  ? 

2.  11  n'est  pas  ordinaire  de  voir  la  dévotion  pour  les  pieds  de  Mu- 
kunda  prendre  naissance  même  chez  les  Dêvas  dont  la  nature  est 
parfaite,  ou  chez  les  Rïchis  à l'âme  pure. 

5.  Les  êtres  vivants  sont  regardés  comme  aussi’nombreux  en  ce 
monde  que  les  atomes  de  poussière  dont  se  compose  la  terrp;  mais 
parmi  ces  êtres,  tant  les  hommes  que  les  autres,  combien  peu  y en 
a-t-il  qui  aient  le  désir  du  bien  ! 

4.  Parmi  ces  derniers,  combien  peu  y en  a-t-il,  ô le  plus  excellent 
des  Brâhmanes,  qui  désirent  se  sauver!  et  sur  des  milliers  d’hommes 
qui  aspirent  au  salut,  quel  est  celui  qui  une  fois  affranchi  arrive  à la 
perfection  ? 

5.  Et  même  entre  des  millions  d’hoinmes  sauvés  et  devenus  par- 
faits, qu’il  est  rare  de  rencontrer,  ô grand  solitaire,  un  homme  an 
coeur  calme,  qui  soit  dévoué  à Nàràyana! 

e.  Mais  comment  Vrïtra  le  pécheur,  ce  fléau  de  tous  les  mondes, 
put-il,  pendant  ce  combat  terrible,  tenir  sa  pensée  aussi  fermement 
attachée  à Krichna  ? •’ 

7.  C’est  là  pour  moi  l’objet  de  doutes  graves  ; je  suis  empressé 
d’apprendre  quel  est  celui  qui,  par  son  courage  dans  le  combat,  sa- 
tisfit Indra  aux  mille  yeux. 

SÈTA  dit: 

8.  Ayant  entendu  la  question  que  venait  de  lui  adresser  Parîkchit, 

44. 


348 


LE  BH  À G AV  AT  A PURÀNA. 

ce  prince  plein  de  foi,  le  bienheureux  fils  de  Vâdarâyana  lui  répondit 
en  l’approuvant. 

9.  Çuka  dit  : Écoute  avec  attention,  ô roi,  l’ftihâsa  que  je  vais  te 
raconter,  ainsi  que  je  l’ai  entendu  de  la  bouche  de  Dvâipâyana, 
[qui  le  tenait]  de  Dévala  et  de  Nârada. 

10.  Il  y avait  dans  le  pays  des  ÇArasénas  un  roi,  monarque 
souverain  de  tous  les  royaumes,  nommé  Tchitrakêtu,  pour  lequel  la 
terre  était  la  vache  d'abondance  qui  donne  tous  les  biens. 

11.  11  possédait  dix  mille  milliers  de  femmes;  mais  quoiqu’il  fit 
tous  ses  efforts  pour  avoir  de  la  postérité,  il  n’avait  d’enfants  d'aucune 
de  ses  épouses. 

12.  Doué  de  beauté,  de  noblesse,  de  jeunesse,  de  naissance,  de 
science,  de  pouvoir,  de  bonheur  et  de  tous  les  autres  dons,  il  était 
dévoré  par  le  chagrin  de  se  voir  l’époux  de  femmes  stériles. 

13.  Ni  les  prospérités  dont  il  jouissait,  ni  ses  reines  aux  beaux 
yeux,  çi  la  terre  dont  il  était  le  monarque  suprême,  rien  ne  pouvait 
le  satisfaire. 

14.  11  arriva  qu’un  jour  le  bienheureux  Rîchi  Aggiras,  qui  parcou- 
rait les  mondes  que  nous  habitons , entra  par  hasard  dans  le  palais 
du  roi  Tchitrakêtu. 

15.  Après  l’avoir  honoré  comme  il  convenait,  en  allant  à sa  ren- 
contre et  en  lui  donnant  d’autres  marques  de  respect,  le  roi  remplit 
à son  égard  les  devoirs  de  l’hospitalité,  et  lui  ayant  fait  prendre 
un  siège  commode,  il  s’assit  plus  bas  que  lui  avec  recueillement. 

16.  En  voyant  assis  par  terre  à ses  côtés  le  roi  qui  inclinait  res- 
pectueusement la  tête,  le  grand  Rîchi  lui  rendit  hommage  pour 
hommage  et  lui  parla  ainsi. 

17.  Aggiras  dit  : As-tu  la  santé  et  le  bonheur,  et  les  instruments 
de  ton  pouvoir  jouissent-ils  aussi  de  ces  biens?  car  un  roi , comme 
l’esprit  [ individuel] , est  protégé  par  sept  instruments. 

18.  Un  roi  qui  met  sa  confiance  dans  les  agents  de  son  pouvoir, 
arrive  certainement  au  bonheur;  de  même  que  ceux-ci  lui  doivent 
leur  prospérité,  lorsqu’ils  placent  leurs  intérêts  entre  ses  mains. 

19.  Tes  femmes,  tes  sujets,  tes  ministres,  tes  serviteurs,  les  chefs 


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LIVRE  SIXIÈME.  349 

des  marchands,  les  conseillers,  les  habitants  des  villes  et  des  cam- 
pagnes , les  rois  et  tes  enfants  obéissent-ils  à ta  volonté  ? 

20.  Celui  qui  est  maître  de  son  cœur,  voit  tout  le  reste  lui  obéir; 
tous  les  mondes,  ainsi  que  leurs  Gardiens,  ne  se  lassent  pas  de  lui 
apporter  le  tribut. 

21.  Que  la  cause  en  vienne  de  toi  ou  d'un  autre,  tu  ne  jouis  pas 
de  la  satisfaction  de  lame  ; je  reconnais , à ton  visage  altéré  par  le 
chagrin , qu’il  manque  quelque  chose  à tes  désirs. 

22.  Çuka  dit  : Interrogé  ainsi  avec  doute  par  le  solitaire  qui 
cependant  connaissait  la  vérité,  le  roi  qui  désirait  avoir  des  enfants, 
lui  répondit  ainsi  en  inclinant  la  tête  avec  respect. 

25.  Tchitrakêtu  dit  : Seigneur,  ne  connaissent-ils  pas  tout,  au 
dedans  ou  au  dehors  des  âmes,  les  Yôgins  qui  se  sont  dépouillés  de 
leurs  fautes  par  les  austérités,  la  science  et  la  méditation  ? 

2t.  Je  répondrai  toutefois  à tes  questions,  ô Brahmane,  en  t'expo- 
sant la  cause  de  mes  soucis,  quoique  tu  ne  l’ignores  pas,  et  seulement 
pour  obéir  à tes  ordres. 

25.  Les  félicités  de  la  domination  universelle  et  d’une  puissance 
digne  d’être  enviée  par  les  Gardiens  du  inonde  eux-mêmes , ne  me 
satisfont  pas  plus,  privé  comme  je  le  suis  d'enfants,  que  les  choses 
impropres  à la  nourriture  ne  contentent  l’homme  pressé  par  la  faim 
et  par  la  soif. 

26.  Protége-moi  donc,  sage  fortuné,  et  fais  en  sorte  que  je  puisse, 
grâce  à la  possession  d’un  fils,  traverser  les  Ténèbres  infranchissables 
au  milieu  desquelles  je  tombe  avec  mes  ancêtres. 

27.  Çuka  dit  : Ainsi  sollicité,  le  bienheureux  fils  de  Brahmâ,  ce 
sage  compatissant,  ayant  fait  bouillir  l’offrande  dans  le  vase  consa- 
cré à Tvachtri,  offrit  le  sacrifice  à cette  divinité. 

28.  Puis  il  donna  ce  qui  restait  du  sacrifice  à la  première  et  à la 
plus  âgée  des  femmes  du  roi , qui  se  nommait  Kritadyuti. 

29.  11  dit  ensuite  au  roi;  Tu  auras  un  fils  unique,  seigneur,  qui 
sera  pour  toi  une  cause  de  douleur  et  de  joie;  et  ayant  ainsi  parlé, 
le  fils  de  Brahmâ  s’éloigna. 

50.  La  reine  Kritadyuti  n’eut  pas  plutôt  mangé  cette  portion  de 


550 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

l’offrande,  quelle  devint  enceinte  du  roi  Tchitrakêtu,  comme  Krit- 
tikâ  qui  eut  un  fils  du  Dieu  Agni. 

51.  Le  fruitdéposé  dans  son  sein  par  l’énergie  du  roi  des  Çurasénas 
croissait  peu  à peu  chaque  jour,  comme  la  lune  pendant  sa  période 
lumineuse. 

32.  Quand  le  temps  fut  venu,  la  reine  mit  au  monde  un  enfant 
mâle,  et  cette  nouvelle  remplit  d’une  allégresse  extrême  les  habitants 
du  Çûrasêna. 

55.  Le  roi,  au  comble  de  la  joie,  après  avoir  pris  un  bain,  et  s'être 
purifié  et  paré  de  ses  ornements,  appela  sur  son  fils  les  bénédictions 
des  Brâbmancs  et  fit  célébrer  la  fête  de  la  naissance. 

54.  Il  leur  distribua  de  l’or,  de  l’argent,  des  étoffes,  des  parures,  des 
villages,  des  chevaux,  des  éléphants,  et  six  cents  millions  de  vaches. 

35.  Semblable  à Pardjanya,  ce  prince  magnanime  répandit  toutes 
sortes  de  biens  sur  ses  autres  sujets,  et  combla  son  fils  de’ tout  ce 
qui  pouvait  assurer  sa  richesse,  sa  gloire  et  son  existence. 

36.  L’amour  du  Rïchi  des  rois  pour  ce  fils  qu’il  avait  eu  tant  de 
peine  à obtenir,  croissait  chaque  jour,  semblable  à l'attachement  du 
pauvre  pour  l’argent  qu'il  n’a  gagné  qu’avec  peine. 

37.  Sa  mère  Krïtadyuti  éprouvait  pour  cet  enfant  une  tendresse 
extrême  dont  l’excès  naissait  de  l'erreur,  tandis  que  les  autres  reines 
ses  rivales  ne  ressentaient  que  le  chagrin  de  désirer  vainement 
d’être  mères. 

58.  Tchitrakêtu,  qui  ne  songeait  chaque  jour  qu’à  flatter  son 
enfant,  n’éprouvait  pas  pour  ses  autres  femmes  la  même  affection 
que  pour  celle  qui  lui  avait  donné  un  fils. 

59,  Ces  femmes  s’adressaient  à elles-mêmes  des  reproches  inspirés 
par  la  jalousie,  et  souffraient  à la  fois  du  malheur  de  n'avoir  pas 
d'enfants  et  de  l’indifférence  du  roi. 

40.  Malheur,  se  disaient-elles,  à la  femme  stérile,  à la  femme 
coupable,  qui  n’est  estimée  ni  de  son  mari,  ni  de  sa  maison,  et  qui 
est  dédaignée  comme  une  esclave  par  ses  rivales  qui  ont  de  beaux 
enfants! 

41.  Mais  de  quoi  auraient  à se  plaindre  des  esclaves  qui  servent 


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LIVRE  SIXIEME. 


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leur  maître,  si  elles  ne  cessent  d’en  recevoir  des  témoignages  d’amour? 
Nous,  nous  sommes  aussi  malheureuses  que  l’esclave  d’une  esclave. 

12.  Pendant  qu’elles  souffraient  ainsi  du  bonheur  de  la  reine  leur 
rivale  qui  avait  un  enfant,  et  de  l’indifférence  du  roi  qui  n'atta- 
chait aucun  prix  à leur  existence,  une  haine  violente  s'alluma  dans 
leur  cœur. 

*3.  L’esprit  égaré  par  l’aversion,  ces  femmes,  pleines  de  pensées 
cruelles  et  animées  par  leur  ressentiment  contre  le  roi,  donnèrent 
du  poison  au  jeune  prince. 

44.  Krïtadyuti  ignorant  le  crime  énorme  de  ses  rivales,  se  dit  à 
elle-même  en  voyant  son  fils  : « Il  dort!  » et  elle  se  livra  à quelques 
soins  dans  la  maison. 

45.  Mais  remarquant  qu'il  était  couché  depuis  bien  longtemps, 
elle  dit  à la  nourrice  : « La  bonne,  amène-moi  mon  fils.  » 

46.  La  nourrice  s’approcha  de  l'enfant  qui  était  couché  ; mais 
quand  elle  le  vit  les  yeux  renversés,  ne  respirant  plus,  privé  de  sen- 
timent et  de  vie,  elle  tomba  par  terre  en  s’écriant  : « Je  suis  morte!  » 

47.  Aux  cris  lamentables  que  poussait  la  nourrice  en  se  frappant 
à grand  bruit  la  poitrine  des  deux  mains,  la  reine  se  hâta  de  se 
rendre  auprès  de  son  enfant,  et  le  trouva  étendu  mort;  elle  tomba 
aussitôt  à terre  sous  le  poids  d’une  douleur  excessive,  égarée,  les 
vêtements  en  désordre  et  les  cheveux  épars. 

18.  En  entendant  ses  cris,  les  hommes  et  les  femmes  des  appar- 
tements intérieurs  accoururent,  tous  frappés  également  de  ce  mal- 
heur; et  les  femmes  qui  avaient  commis  le  crime,  versèrent  aussi 
des  larmes  hypocrites. 

49.  Le  roi  n’eut  pas  plutôt  appris  que  son  fils  était  mort  par  une 
cause  inconnue,  que,  la  vue  troublée,  se  soutenant  à peine,  tombant 
à terre,  il  s’évanouit  au  milieu  des  ministres  et  des  Brâhmanes  qui 
l’entouraient , accablé  par  une  douleur  qu’augmentait  la  force  de 
son  affection. 

50.  11  se  précipita  aux  pieds  de  l’enfant  mort,  les  cheveux  et  les 
vêtements  en  désordre,  poussant  de  profonds  soupirs;  car  les  tor- 
rents de  larmes  qui  étouffaient  sa  voix,  l’empêchaient  de  parler. 


352 


LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

51.  A la  vue  de  son  époux  plongé  dans  une  profonde  douleur,  et 
de  son  fils  mort,  son  fils,  l'unique  espoir  de  sa  race;  à la  vue  du 
chagrin  des  ministres  et  du  peuple,  la  vertueuse  reine  partageant 
leur  affliction,  fit  entendre  de  nombreuses  plaintes. 

52.  Inondant  de  larmes  teintes  par  le  collyre  ses  seins  qu'ornait 
la  pâte  parfumée  du  safran,  couverte  de  ses  cheveux  épars  que  ne 
retenait  plus  aucune  guirlande,  elle  pleura  son  fils  d’une  voix  lamen- 
table comme  celle  de  l'orfraie. 

53.  Ah!  Dieu  créateur,  combien  faut-il  que  tu  sois  insensé,  pour 
agir  ainsi  contrairement  à tes  créations  ! Si  la  mort  donnée  à l'un 
pendant  que  l’autre  continue  de  vivre,  est  un  renversement  des  lois 
de  la  nature,  alors  tu  es  certainement  notre  ennemi. 

54.  Si,  en  effet,  il  n’y  a pas  en  ce  monde  d’ordre  régulier  pour 
la  naissance  et  la  mort  des  êtres,  ces  phénomènes  doivent  être  le 
résultat  des  œuvres  que  les  êtres  accomplissent;  oui,  tu  te  plais  à 
briser  ce  lien  d’affection  que  tu  as  serré  toi-même  pour  multiplier 
tes  propres  créatures. 

55.  N'abandonne  pas,  cher  enfant,  ta  malheureuse  mère  qui  reste 
sans  appui;  regarde  ton  père  qui  est  consumé  par  la  douleur;  ne 
va  pas  loin  de  nous  avec  l’impitoyable  Yama,  pour  que  nous  fran- 
chissions facilement,  grâce  â toi,  les  Ténèbres  [infernales]  si  diffi- 
ciles à traverser  pour  celui  qui  n’a  pas  de  fils. 

56.  Lève-toi,  mon  cher  fils,  voici  les  enfants  de  ton  âge  qui  t’ap- 

pellent pour  jouer  avec  eux.  Il  y a bien  longtemps  que  tu  dors,  et  tu 
dois  avoir  faim.  Prends  la  mamelle,  bois,  dissipe  le  chagrin  de  tes 
parents.  . "•  v . r -î 

57.  Infortunée  1 je  n’ai  pas  vu,  ô mon  fils,  ton  visage  de  lotus  au 

sourire  enfantin  et  au  regard  joyeux!  Es-tu  donc  parti  sans  retour 
pour  l’autre  monde,  entraîné  par  l’impitoyable  mort?  Je  n'entends 
plus  le  bégayement  de  ton  langage.  , . . 

58.  Pendant  que  la  reine  faisait  entendre  des  plaintes  semblables 

sur  la  mort  de  son  fils,  Tchitrakctu,  le  cœur  déchiré,  pleurait  en 
sanglotant,  n’  ' i ; ~ lr  nu  ~iii i iQisfw'îfl i 

59.  Et  à la  vue  des  deux  époux  qui  gémissaient  ensemble , tous 


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LIVRE  SIXIÈME. 


353 


leurs  serviteurs , hommes  et  femmes,  pleurèrent  avec  eux  ; tout  le 
monde  avait  perdu  le  sentiment. 

60.  Ayant  appris  que  le  peuple,  plongé  dans  le  désespoir,  avait 
perdu  l’esprit  et  n’avait  plus  de  chef,  le  solitaire  Aggiras  se  rendit 
avec  Nârada  [auprès  de  Tchitrakêtu]. 

FIS  DF  QUATORZIÈME  CHAPITRE  . AYANT  POUR  TITRE: 

ÉPISODE  DE  TCHITRAKETU  r 
DANS  I.E  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURÂNA. 

LE  BIENHEUREUX  BIIÀt'.AVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAIIMÂ  ET  COMPOSÉ  PAR  WÂSA. 


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LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 


CHAPITRE  XV. 

ÉPISODE  DE  TCHITRAKÈTU. 

1.  Çuka  dit  : Abattu  par  la  douleur,  le  roi  était  éteudu  comme  uu 
cadavre  auprès  du  corps  de  son  fils;  les  deux  sages  le  réveillant  par 
de  bonnes  paroles,  lui  tinrent  ce  langage. 

2.  Qu’était  pour  toi  jadis,  6 prince,  celui  que  tu  pleures,  et 
qu’étais-tu  pour  lui  dans  l'ordre  de  la  création?  qu’êtes-vous  aujour- 
d’hui et  que  serez-vous  dans  l'avenir  l’un  à l’autre? 

5.  De  même  que  la  force  d’un  courant  disperse  et  rassemble  al- 
ternativement les  sables,  ainsi  le  Temps  réunit  et  sépare  tour  à tour 
les  êtres  vivants. 

h.  Tout  comme  parmi  les  graines,  les  unes  poussent  et  les  autres 
ne  réussissent  pas,  ainsi  font,  parmi  les  êtres,  les  créatures  que 
pousse  la  Màyâ  du  Seigneur. 

5.  Nous,  toi,  et  tous  ces  êtres  mobiles  et  immobiles,  qui  sont  du 
même  temps  que  toi,  tout  cela  n’existe  pas  plus  aujourd’hui,  que 
cela  n’existait  avant  de  naître  et  ne  doit  exister  après  être  mort. 

6.  lncréé  lui-même,  le  Souverain  des  êtres  crée,  conserve  et  dé- 
truit les  unes  par  les  autres , les  créatures  créées  par  lui  et  soumises 
à son  empire;  c’est  un  jeu  auquel  il  ne  donne  pas  plus  d’attention 
que  ne  ferait  un  enfant. 

7.  C’est  par  un  corps,  au  moyeu  d’un  autre  corps,  qu’est  en- 
gendré le  corps  nouveau  qu’habite  l'esprit  individuel;  ainsi  d’une 
semence  sort  une  autre  semence  : semblable  à l’élément  [qui  reçoit 
la  graine],  l’esprit  seul  est  permanent. 

8.  La  distinction  de  l’esprit  d’avec  le  corps  est  l’œuvre  antique 
de  l’ignorance;  c’est  comme,  dans  les  objets  matériels,  la  distinction 
du  genre  et  de  l’espèce 


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LIVRE  SIXIEME. 


555 


y.  Ainsi  consolé  par  les  discours  des  Brahmanes,  Tcliilrakétu 
ayant  essuyé  avec  ses  mains  son  visage  terni  par  la  douleur,  leur 
parla  Lu  ces  termes  : 

10.  Le  roi  dit  : Qui  êtes- vous,  ô sages  doués  de  science,  vous  les 
plus  grands  entre  les  plus  grands,  vous  qui  vener,  ici  cachés  sous 
l’extérieur  de  ceux  qui  ont  renoncé  à tout? 

11.  En  effet,  les  Brahmanes  amis  de  Bhagavat  parcourent  à leur 
gré  la  terre, 'sous  les  dehors  de  la  folie,  pour  instruire  les  hommes 
d’une  intelligence  vulgaire  comme  moi. 

12.  kumâra  (Sanatkumâra , l’un  des  fils  de  Brahma),  Nârada, 
Bïbhu,  Aggiras,  Dévala,  Asita,  Apâ mtaratama , Vyâsa,  Màrkandêva, 
Gôtama , 

15.  Yasichtha,  le  bienheureux  Huma  (Paraçuràma,  üls  de  Djama- 
dagni),  kapila,  Vàdaràvani,  Durvàsas,  Yàdjnavalkya,  Djàlûkarna, 
A ru  ni,  . 

14.  Rômaça,  Tchyavana,  Datta  (Dattâtrêya,  fds  d’Atri),  Âsuri, 
Pataiîidjali,  le  Rïchi  Vèdaçiras  (fils  de  Prâna),  Dhàumya,  le  solitaire 
Pantchaçikha, 

15.  Hiranyanâbha,  kâuçalya,  Çrutadêva,  Rïtadhvadja,  tous  ces 
sages  enfin  et  d’autres  chefs  des  Siddhas,  parcourent  le  monde  pour 
y répandre  la  science. 

I(>.  Faites  donc  luire,  seigneurs,  le  flambeau  de  la  science  sur 
un  animal  grossier,  dont  l'intelligence  stupide  est  plongée  dans  de 
profondes  ténèbres. 

17.  Aggiras  dit  : Tu  désirais  avoir  un  fils,  ô roi,  et  c’est  moi 
Aggiras,  ainsi  que  le  bienheureux  Rïchi  Nârada,  fils  de  Brahmâ,  qui 
t’en  avons  donné  un. 

18.  Mais  voyant  ainsi  plongé  dans  d’épaisses  ténèbres,  par  la 
douleur  d’avoir  perdu  son  fils,  un  prince  aussi  exclusivement  occupé 
que  toi  de  Mahâpurucha,  et  si  digne  d’un  meilleur  sort, 

19.  Nous  sommes  venus  ici,  seigneur,  par  bienveillance  pour  toi; 
un  prince  aussi  religieux,  un  serviteur  dévoué  de  Bhagavat  ne  doit 
pas  ainsi  se  laisser  abattre. 

20.  Quand  je  vins  dans  ta  maison,  je  te  communiquai  la  science 

45. 


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LE  BHAGAVATA  PUR  A NA. 


suprême  ; et  sachant  que  tu  étais  préoccupé  d’un  autre  désir,  je  te 
donnai  aussi  un  fds. 

21.  Aujourd’hui  lu  éprouves  toi-même  les  chagrins  de  la'pater- 
nité,  chagrins  que  causent  également  une  femme,  une  maison,  des 
richesses  et  les  diverses  prospérités  de  la  puissance. 

22.  Tout  est  passager,  les  qualités  sensibles,  telles  que  le  son  et 
les  autres;  les  attributs  de  la  puissance  royale,  tels  que  la  terre,  un 
royaume,  une  armée,  un  trésor,  des  serviteurs,  des  ministres,  des 
amis  et  un  peuple. 

23.  Toutes  ces  choses,  ô roi  des  Çûrasênas,  sont  des  sources  de 
chagrin,  de  trouble,  de  crainte  et  de  douleur;  ce  sont  comme  au- 
tant de  songes,  d’apparitions  magiques  et  d’imaginations  qui  res- 
semblent à la  ville  [fabuleuse]  des  Gandharvas. 

24.  Ces  créations  du  cœur,  qui  n’ont  pas  de  réalité,  disparaissent 
au  moment  même  où  elles  se  sont  fait  voir;  elles  n 'étaient  que  le 
produit  du  cœur  que  l’influence  des  œuvres  [antérieures]  excite  à 
songer  de  nouveau  à des  actions  variées. 

25.  Oui,  c’est  le  corps,  produit  de  la  matière,  de  la  connaissance 
et  de  l’action,  qu’on  dit  être  la  cause  des  peines  et  des  douleurs  di- 
verses qui  affligent  l'esprit  habitant  en  sou  sein. 

26.  C’est  pourquoi,  considérant  avec  un  cœur  ferme  la  voie  de 
l’Esprit,  renonce  à la  confiance  qui  te.  faisait  voir  quelque  chose 
de  durable  dans  la  cause  des  impressions  opposées  [de  la  peine  et  du 
plaisir],  et  rentre  dans  le  calme. 

27.  Nârada  dit:  Apprends  de  moi,  et  reçois  avec  recueillement 
cet  Upanichad  en  forme  de  Mantra;  médite-le,  et  tu  verras  au  bout 
de  sept  nuits  le  puissant  Sarïikarchana. 

28.  Oui,  tu. posséderas  bien  vite  cette  grandeur  suprême,  sans  su- 
périeure et  sans  égale,  qu’obtinrent  jadis  Çarva  et  les  autres  Dieux, 
aussitôt  qu’ayant  abandonné  ce  monde  mobile  où  règne  la  dualité, 
ils  se  furent  réfugiés  sous  les  pieds  de  cet  Etre  divin. 


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LIVRE  SIXIÈME 


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CHAPITRE  XVI. 

ÉPISODE  DE  TCHITJIAKÉTU. 


1 


1.  Çuka  dit:  Alors  le  Rïclii  des  Dieux,  ô roi , inontrautrenfant  môrt, 
lui  adressa  ainsi  la  parole  au  milieu  de  ses  parents  qui  pleuraient. 

2.  Nârada  dit  : Âme  rivante , vois,  et  puisse  le  bonheur  être  avec, 
toi!  vois  ton  père  et  ta  mère,  tes  parents  et  tes  amis  profondément 
désolés  par  un  chagrin  dont  tu  es  la  cause. 

5.  Rentre  en  ton  corps  pour  y passer,  entouré  de  tes  parents, 
le  reste  de  ta  vie,  dans  les  jouissances  que  te  prépare  ton  pcre,  et 
pour  t'asseoir  sur  le  trône  îles  rois. 

A.  L'âme  dit  : Dans  laquelle  des  existences  que  j’ai  traversées,  eu 
passant,  sous  l'inlluence  de  mes  oeuvres,  par  des  corps  de  Dêvas, 
d'animauvet  d’hommes,  ai-je  eu  |>our  père  et  pour  mère  ceux  que 
je  vois  ici  ? 

5.  Parent,  allié,  ennemi,  juge  impartial,  ami,  indifférent,  adver- 
saire : ces  noms  expriment  des  rapports  dans  lesquels  tous  les  êtres 
se  trouvent  successivement  les  uns  à l'égard  des  autres. 

6.  De  même  que  les  matières  vénales,  comme  l'or  et  autres 
objets,  circulent  çà  et  là  entre  les  mains  des  hommes  qui  font  le 
commerce,  ainsi  l’âme  vivante  passe  d’une  matrice  dans  une  autre. 

7.  On  voit,  parmi  les  hommes,  un  objet  durable  donner  lieu  à des 
rapports  passagers;  ainsi  la  propriété  d’une  chose  n’existe  qu'autant 
que  dure  le  rapport  de  possession  qu’on  a avec  elle. 

8.  De  même,  quand  elle  est  descendue  dans  une  matrice,  l’âme 
individuelle,  éternelle  et  sans  personnalité,  devient  la  propriété  de 
celui  au  sein  duquel  on  la  trouve,  et  pour  le  temps  seulement  qu  elle 
y demeure. 

9.  C’est  le  souverain  Seigneur,  cet  être  éternel,  impérissable, 


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LE  BHÂGAVATA  PUKÀNA. 

subtil,  essentiellement  lumineux  et  contenant  tout,  qui,  à l'aide  des 
qualités  de  l’Illusion  dont  il  dispose,  se  crée  lui-même  l'univers. 

10.  Nul  né  lui  est  ami  ou  ennemi;  nul  ne  lui  est  étranger;  ou  pa- 
rent; il  est  le  spectateur  unique  de  toutes  les  pensées  des  hommes  ' 
qui  accomplissent  des  actions  bonnes  et  mauvaises. 

11.  L'esprit,  en  effet,  ne  .prend  pour  lui  ni  le  bien  ni  le  mal,  non 
plus  que  le  fruit  des  oeuvres,  parce  que,  semblable  au  spectateur 
indifférent,  il  est  le  Seigneur  qui  voit  à la  fois  la  cause  et  l'effet. 

12.  Çuka  dit  : Après  avoir  ainsi  parlé,  lame  s’en  alla  ; et  les  parents 
du  mort  étonnés,  brisant  le  lien  d'affection  qui  les  attachait  à lui, 
secouèrent  leur  chagrin. 

15.  Ayant  porté  le  corps  au  bûcher  et  accompli  les  cérémonies 
necessaires,  ils  renoncèrent  à ce  sentiment  si  difficile  à quitter,  l’a- 
inour,  source  de  chagrin,  de  trouble,  de  crainte  et  de  douleur. 

14.  Cependant  les  femmes  qui  avaient  tué  l’enfant,  honteuses  et 
privées  de  leur  splendeur  par  ce  crime,  accomplirent  près  de  la 
Yanuinà  les  devoirs  religieux  indiqués  pour  le  crime  d’infanticide, 
tels  que  les  leur  tracèrent  les  Brahmanes,  se  rappelant  les  paroles 
du  sage,  [ fils  de  Brahma.  ] 

15.  Ainsi  réveillé  par  les  discours  des  Bréhmanes,  Tchitrakètu 
sortit  du  trou  ténébreux  de  sa  maison,  comme  l'éléphant  sort  d’un 
étang  fangeux. 

16.  S’étant  baigné,  suivant  la  loi,  dans  la  kàlindi,  ayant  fait  les 
cérémonies  qu'on  accomplit  avec  l’eau  lustrale,  silencieux  et  retenant 
sa  respiration,  il  s’inclina  devant  les  deux  fils  de  Brahma. 

17.  Au  moment  où  ce  prince  plein  de  dévotion  et  maître  de  lui-  " 
même  était  prosterné  devant  Nàrada,  le  sage  bienheureux,  satisfait, 
lui  communiqua  le  charme  suivant  : 

1».  üiîi  ! Méditons  adoration  à toi,  bienheureux  Vàsudèva  ! ado- 
ration à Pradyumna,  à Aniruddha  et  à Saiîikarchana! 

19.  Adoration  à celui  qui  est  tout  science,  qui  a pour  formé  la 
béatitude  suprême,  qui  trouve  en  lui-même  sa  joie,  qui  est  calme, 
qui  fait  cesser  la  vue  de  la  dualité! 

20.  Adoration  à celui  qui  repousse  les  vagues  de  ses  énergies  par 


LIVRE  SIXIÈME. 


559 


le  seul  sentiment  de  sa  propre  béatitude!  Adoration  au  grand  Hri- 
chîkéça!  adoration  à loi  dont  les  formes  sont  infinies! 

21.  Qu'il  nous  protège,  l’Etre  sans  nom  et  sans  forme,  tout  esprit, 
supérieur  à ce  qui  est  connue  à ce  qui  n’est  pas  pour  nos  organes, 
l’Etre  unique  sur  lequel  se  tait  la  voix  [de  l’homme]  sans  pouvoir 
plus  l’atteindre  que  son  intelligence. 

22.  A celui  par  lequel  est  créé  et  détruit  cet  univers;  à celui  au 
sein  duquel  il  subsiste,  comme  l’espèce  de  terre  qu’on  nomme  argile 
se  trouve  dans  tous  les  vases  qui  en  sont  faits;  à toi  qui  es  Brahma, 
adoration  ! 

23.  Celnique  ne  touchent  ni  ne  connaissent  les  sens  et  le  souille 
vital,  le  cœur  et  l’intelligence;  celui  qui,  comme  l’air,  est  étendu  au 
dedans  et  au  dehors  de  tous  les  êtres,  je  m’incline  devant  lui. 

21.  Cet  Etre  qui  à l’aide  d’une  portion  de  sa  substance,  donne 

l’activité  an  corps,  aux  organes  des  sens,  au  souille  vital,  au  cœur 
et  à l'intelligence,  qui  autrement  resteraient  aussi  impuissants  que  le 
fer  non  échauffé  l’est  à brûler,  c’est  lui  qui,  dans  ses  diverses  situa- 
tions [ ici-bas  ] , sc  cache  sous  le  nom  d’âme  voyante.  • 

25.  Oui!  Adoration  au  bienheureux  Mahâpurucha,  qui  est  doué 
d'une  grande  majesté!  adoration  à l’époux  de  la  grande  Vibhûti!  ado- 
ration à toi  dont  les  chefs  des  Sâtvatas,  réunis  en  foule,  caressent  les 
pieds  semblables  au  lotus,  de  leurs  mains  entrouvertes  comme  des 
boutons  de  fleurs;  à toi,  Dieu  suprême,  Dieu  tr.ès-haut! 

2fi.  Çuka  dit:  Après  avoir  communiqué  ce  charme  au  roi  plein  de 
dévotion  qui  s’était  réfugié  auprès  de  lui,  Nârada  partit  aVçc  Aggiras 
pour  la  demeure  de  Svayambhù. 

22,  Tchitrakêtu  conserva  pendant  sept  jours  cette  prière  telle 
quelle  lui  avait  été  répétée  par  Nârada,  ne  se  nourrissant  que  d’eau 
et  complètement  recueilli. 

2S.  A la  fin  de  la  septième  nuit,  il  obtint,  par  la  puissance  de  ce 
• charme  ainsi  conservé,  un  empire  illimité  sur  les  Vidyâdharas  (Di- 
vinités qui  portent  des  charmes). 

.22.  Au  bout  de  quelques  jours,  son  cœur  ayant  été  consumé  par 
le  charme,  il  parvint  aux  pieds  de  Çêcha,  le  Dieu  des  Dieux. 


360 


LE  BHÂGAVATA  Pli  RA  N A. 

5ü.  Là  il  vit  au  milieu  du  cercle  des  chefs  des  Siddhas,  le  Dieu 
puissant,  blanc  comme  les  fibres  de  la  tige  du  lotus,  couvert  d’un 
vêtement  noir,  avec  des  bracelets  aux  poignets  et  aux  bras,  un  dia- 
dème et  une  ceinture  étincelante,  et  un  visage  qui  exprimait  la  bien- 
veillance et  qu'embellissaient  des  yeux  bruns. 

51.  Délivré  par  cette  vue  de  tous  ses  péchés,  sentant  son  cœur  par- 
faitement calme  et  exempt  de  souillures,  le  solitaire  s'avança  vers 
le  Dieu;  et  les  yeux  baignés  par  les  larmes  d’amour  que  lui  arra- 
chait sa  dévotion  profonde,  les  poils  hérissés,  il  s’inclina  devant  Adi- 
purucha. 

52.  Arrosant,  à plusieurs  .reprises,  des  larmes  de  l'affection  le  siège 
où  reposaient  les  pieds.du  Dieu  dont  la  gloire  est  excellente,  sufloqué 
par  son  amour  qui  l’empêchait  d’articuler  une  seule  syllabe , il  fut 
longtemps  sans  pouvoir  le  louer. 

55.  Enfin  ayant  maîtrisé  son  cœur  avec  son  intelligence  et  arrêté 
le  mouvement  extérieur  de  tous  ses  sens,  Tchitrakêtu  recouvrant  la 
voix,  s’adressa  ainsi  au  Précepteur  de  l’univers,  dont  la  forme  est 
décrite  dans  les  livres  des  Sâtvatas. 

54.  Tchitrakêtu  dit  : O Dieu  invincible,  tu  te  laisses  vaincre  par 
les  sages  qui  doués  de  l’égalité  d’à  nie,  ont  triomphé  (f  eux-mêmes; 
et  eux  à leur  tour  ils  sont  vaincus  par  toi , qui  dans  ta  souveraine 
miséricorde  te  donnes  à ceux  qui  te  servent  sans  aucun  désir. 

35.  La  naissance,  la  conservation  et  la  destruction  de  l’univers 
sont,  ô Bhagavat,  des  manifestations  de  ta  puissance;  les  Dieux  créa- 
teurs sont  des  portions  d'une  partie  de  ta  substance  : c’est  donc  en 
vain  que  croyant  posséder  une  individualité  distincte,  ils  luttent  les 
uns  contre  les  autres. 

36.  Tu  es  avant  et  après  l’atome  le  plus  subtil  et  le  corps  le  plus 
vaste,  comme  tu  es  en  même  temps  qu’eux,  quoique  tu  n'aies  ni 
commencement,  ni  milieu,  ni  fin;  la  substance  qui  subsiste  la  même 
après  comme  avant  l'existence  des  êtres,  existe  également  tant  qu'ils 
durent. 

57.  Cet  œuf  du  monde,  environné  par  la  terre  et  par  les  six  autres 
éléments  qui  s élèvent  à une  distance  décuple  les  uns  au-dessus  des 


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LIVRE  SIXIÈME  ' 56J 

autres,  cet  œuf  dans  lequel  tombe  l’Etre  semblable  à un  atome  avec 
des  millions  d’autres  oeufs,  éest  là  l’Etre  infini. 

58.  Ce  sont  des  brutes  sous  une  forme  humaine,  que  les  êtres  al- 
térés de  la  soif  des  objets,  qui  au  lieu  de  te  servir,  toi  qui  es  l’Etre 
suprême,  adorent  tes  manifestations;  leur  bonheur  périt,  Seigneur, 
après  qu’a  cessé  le  culte  qu'ils  leur  rendent,  comme  les  faveurs  dis- 
paraissent avec  les  rois  qui  les  accordaient. 

59!  Les  pensées  de  désir,  ô Dieu  suprême,  ne  se  développent  pas 
plus  que  des  semences  réduites  en  farine,  quand  elles  se  portent  sur 
toi,  toi  qui  es  la  science  même  et  qui  n’as  pas  de  qualités;  car  c’est 
de  la  foule  des  qualités  que  naît  pour  l’homme  la  multitude  des  im- 
pressions opposées  [ de  la  peine  et  du  plaisir], 

40.  Tu  as  triomphé,  ô Dieu  invincible,  lorsque  tu  as  exposé  la 
loi  irréprochable  de  Bhagavat  que  vénèrent,  pour  obtenir  la  déli- 
vrance, les  pauvres  solitaires  qui  trouvent  leur  joie  en  eux-mêmes, 

41.  Cette  loi  dans  laquelle  ne  se  trouvent  pas,  comme  dans  les 
autres,  ce»  idées  de  moi  et  de  toi,  du  mien  et  du  tien  qui  divisent 
les  hommes;  car  la  loi  qu'a  inspirée  l’esprit  d’inimitié  est  impure, 
meurtrière  et  pleine  4'injustice. 

42.  Quel  bonheur,  quel  avantage  pour  soi  ou  pour  autrui  l’homme 
peut-il  retirer  d’une  loi  qui  lui  ordonne  de  se  faire  du  mal  à lui-même 
ou  d’en  faire  aux  autres?  Se  nuire  à soi-même,  c’est  t'irriter;  nuire 
aux  autres,  c’est  commettre  une  injustice. 

#?.  Non,  ton  regard  n’a  pas  manqué  son  but,  lorsque  tu  as  exposé 
la  loi  de  Bhagavat,  que  vénèrent  les  hommes  respectables  qui  ont 
pour  là  multitude  des  êtres  mobiles  et  immobiles  une  égalité  com- 
plète de  sentiments. 

44.  El  n’y  a rien  d’impossible,  6 Bhagavat,  à ce  que  l'avantage  de  le 
voir  efface  tous  les  péchés  des  hommes,  puisqu’en  prononçant  une 
seule  fois  ton  nom,  le  PukkaSa  lui-même  est  délivré  du  monde. 

45.  Aussi,  Bhagavat,  les  souillures  de  notre  cœur  sont-elles  pu- 

rifiées aujourd’hui  que  nous  avons  pu  te  voir;  comment  les  paroles 
du  Rïchi  des  Suras,  ton  serviteur  fidèle,  pourraient-elles  ne  pas  être 
vraies?' ..  • 


562  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

46.  Les  actions  des  mortels  ici-bas  te  sont  tontes  connues,  5 Être 
infini,  puisquetu  es  l’âme  de  î'univers;qu’aurais-je  donc  à apprendre 
au  précepteur  -suprême  ? c’est  comme  si  la  mouche  lumineuse  vou- 
lait éclairer  le  soleil. 

47.  Adoration  à toi , Bliagavat,  à Joi  le  souverain  maitre  de  la  créa- 
tion , de  la  conservation  et  de  la  destruction  de  l’univers  entier;  à toi 
dont  la  voie  est  impénétrable  pour  les  mauvais  Yôgins  qui  voient  des 
distinctions  ; à toi  qui  es  l’Esprit  suprême  ! 

48.  Il  respire , et  les  Créateurs  de  l’univers  respirent  après  lui  ; il 
voit,  et  après  lui  voient  les  organes  de  la  connaissance;  le  globe  de 
la  terre  porté  sur  nne  de  ses  têtes,  ressemble  à un  grain  de  moutarde; 
adoration  à lui,  adoration  à Bhagavat  aux  mille  têtes!  • 1 

v 49.  Çuka  dit  : Satisfait  de  cet  éloge,  Bhagavat,  l’Être  infini,  parla 
ainsi,  ô descendant’  de  Kuru,  à Tchitrakêtu,  le  roi  des  Vidhyâ- 
dharas. 

50.  Bhagavat  dit  : Ma  loi  qui  t’a  été  exposée  par  Nàrada  et  par 
Aggiras,  le  charme  qu’ils  font  donné,  et  l’avantage  que  t»  as  eu  de 
me  voir,  font  assuré,  ô roi,  la  perfection. 

51.  Oui,  je  suis  la  réunion  entière  des  êtres,  dont  je  suis  l’âme  et 
l’auteur;  je  suis  le  Brahma  parlé  (le  Vêda) , et  je  suis  le  Brahma 
supérieur  : ce  sont  là  mes  deux  corps  éternels. 

52:  Sache  que  l’esprit  est  étendu  dans  le  monde,  et  que  le  monde 
est  étendu  dans  l'esprit;  que  l’esprit  et  le  monde  sont  tous  deux  pleins 
de  moi , comme  c’est  en  moi  qu’ils  sont  créés..  *• 

55.  De  même  qu’un  homme  endormi  profondément  voit  tout  l’u- 
nivers au  dedans  de  son  esprit,  et  qu’au  moment  où  i^sort  de  son 
sommeil,  il  se  retrouve  lui-même  eu  un  endroit  donné  du  monde; 

54.  De  même  reconnaissant  que  la  veille  et  les  autres  états  de  son 
âme  sont  uniquement  l'œuvre  de  l’Illusion,  l’homme  doit  se  souve- 
nir que  le  spectateur  de  ces  divers  états' est  l'Esprit  suprême. 

55.  Sache  que  l’esprit  avec  lequel  l’homme  endormi  voit  le  songe 
qu'il  fait  pendant  son  sommeil,  est  l'Esprit  même,  c’est-à-dire  moi 
qui  suis  Brahma , l’Être  heureux  et  sans  attributs. 

56.  Quand  l’homme  se  rappelle  ensemble  ces  deux  états,  celui  de 


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LIVRE  SIXIÈME. 


363 


sommeil  et  celui  de  réveil,  le  sentiment  qui  accompagne  ce  souvenir 
et  qui  en  même  temps  s’en  distingue,  c’est  là  la  science,,  c’est  là  le 
Brahma  suprême. 

. 57.  Si  l'homme  oubliant  Brahma  qui  est  ma  propre  essence,  le 
distingue  de. son  âme  même,  il  est  condamné  à revenir  dans  le  monde 
où  la  naissance  succède  à la  naissance,  et  la  mort  à la  mort. 

58.  Celui  qui  ayant  revêtu  ici-1^  la  condition  humaine,  où  l’on 
peut  acquérir  l’expérience  et  la  science,  ne  parvient  pas  à connaître 
l’esprit,  ne  trouvera  le  bonheur  nulle  part. 

59.  Songeant  à la  fatigue  que  cause  l’action , aux  conséquences 
funestes  quelle  entraîne,  et  d’un  autre  côté  à la  sécurité  que  l’inac- 
tion assure,  le  sage  doit  s'abstenir  de  tout  dessein. 

60.  C’est  pour  arriver  au  plaisir  et  pour  s’affranchir  de  la  douleur, 
qu’un  mari  et  une  femme  se  livrent  à l’action;  mais  l’action  ne  leur 
donne  pas  plus  le  plaisir,  quelle  ne  leur  évite  la  peine. 

61.  Ainsi  persuadé  que  les  hommes,  tout  en  se  croyant  sages, 

manquent  leur  but,  et  connaissant  la  voie  invisible  de  i’âme,  sous 
sa  forme  distincte  de  son  triple  état , ■ ■ 

62.  Affranchi  par  sa  propre  lumière  des  impressions  matérielles 
que  lui  donnent  la  vue  et  l’ouïe,  satisfait  de  son  expérience  et  de  sa 
science,  l’homme  doit  être  plein  de  dévotion  pour  moi. 

63.  Voilà  l’unique  objet  que  les  hommes  dont  l’intelligence  est 
habile  dans  le  Yôga , doivent  chercher  à connaître  de  toute  leur  âme; 
leur  but  véritable,  c’est  de  voir  que  l’Esprit  suprême  existe  seul. 

64.  Garde  donc  avec  foi  et  attention  ma  parole,  et  alors  doué 
d’expérience  et  de  science,  tu  arriveras  bientôt  à la  perfection. 

65.  Çuka  dit  : Ayant  ainsi  consolé  Tchitrakêtu,  Bhagavat  Hari, 
le  précepteur  de  l’univers,  l’âme  du  monde,  disparut  à ses  yeux. 


564 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 


CHAPITRE  XVII. 

ÉPISODE  DE  TCHITRAKÊTÜ. 

1.  Çuka  dit  : Tchitrakêtn,  le  Vidyâdhara,  s’étant  incliné  respec- 
tueusement vers  le  côté  de  l’horizon  où- avait  disparu  Ananta,  partit 
avec  le  pouvoir  de  traverser  les  airs. 

2.  Conservant,  pendant  cent  mille  fois  cent  mille  années,  sa  vi- 
gueur et  ses  sens  intacts,  loué  par  les  solitaires,  les  Siddhas  et  les 
Tchâranas , le  grand  Yôgin 

5.  Se  livrait  au  plaisir  avec  les  femmes  des  Vidyâdharas,  dans  les 
vallées  de  la  première  des  grandes  montagnes , où  sont  satisfaits  tous 
les  désirs,  et  leur  faisait  chanter  le  souverain  Hari. 

4.  Un  jour  qu’il  se  promenait,  monté  sur  son  char  resplendis- 
sant, don  de  Vichnu,  il  vit  Giriça,  entouré  des  Siddhas  et  des 
Tchârapas, 

5.  Qui  au  milieu  de  l'assemblée  des  solitaires,'  embrassait . Dêvî 
que  ses  bras  pressaient  sur  son  sein  ; et  il  s’écria  en  riant  tout  haut 
en  présence  de  la  Déesse  qui  l’entendait. 

6.  Tcliitrakêtu’  dit  : Voyez  le  précepteur  des  mondes,  celui  qui 
exposera  la  loi  aux  êtres  doués  d’un  corps,  voyez-le,  au  milieu  de 
l'assemblée  dont  il  est  le  chef,  uni  avec  sa  femme  dans  un  embras- 
sement amoureux. 

7.  Le  Dieu  aux  cheveux  nattés,  aux  rudes  pénitences,  le  chef  de 
l’assemblée,  celui  qui  explique  le  Vêda,  serre  une  femme  entre  ses 
bras,  semblable  à un  homme  vulgaire  qui  a perdu  toute  pudeur. 

8.  Mais  c’est  le  plus  souvent  en  secret  que  les  hommes  ordinaires 
eux-mêmes  pressent  ainsi  une  femme  contre  leur  cœur;  ce  grand 
pénitent,  au  contraire,  porte  la  sienne  sur  ses.  genoux  au  milieu  de 
l'assemblée. 


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LIVRE  SIXIEME. 


565 


9.  Çuka  dit  : Ayant  entendu  ces  paroles,  le  bienheureux  Çiva, 
dont  l’intelligence  est  profonde,  sourit  et  garda  le  silence  au  milieu 
de  l’assemblée,  et  les  assistants  ne  le  rompirent  pas  davantage. 

I. 0.  Mais  au  moment  où  l’orgueilleux  roi  qui  se  croyait  maître  de 
lui-même,  mais  qui  ne  connaissait  pas  l’énergie  de  Çiva,  prononçait 
ces  outrageantes  paroles,  la  Déesse  irritée  lui  parla  ainsi. 

II.  Pàrvatî  dit  : Est-ce  que  celui-là  est  le  maître  du  monde,  est-ce 
qu'il  est  le  souverain  qui  porte  le  sceptre  du  châtiment,  pour  attaquer 
si  fort  des  êtres  misérables  et  privés  de.  pudeur  comme  nous? 

12.  Apparemment  il  ne  connaît  pas  la  loi,  le  Dieu  né  du  lotus;  ils 
ne  la  connaissent  pas  davantage,  les  fils  de  Brahma,  Bhrigu,  Nârada 
et  les  autres,  Kumâra  ( SanatkumâraJ,  Kapila  et  le  Manu,  puisqu’ils 
n’arrêtent  pas  Hara , qui  viole  toutes  les  règles. 

15.  Mais  c’est  lui  qu’il  faut  punir,  ce  misérable  Kcha'ttfiya,  cet 
orgueilleux  qui  méprisant  les  sages,  se  permet  de  gourmander  Celui 
dont  les  pieds  sont  pour  eux  tous  un  objet  de  méditation,  le  pré- 
cepteur de  l’univers , qui  est  la  félicité  des  félicités. 

14.  Non,  il  ne  mérite  pas  de  s’approcher  des  pieds  de  Vâikuptba 
que  vénèrent  les  hommes  vertueux , cet  être  stupide  dont  l’esprit  est 
gonQé  d’orgueil. 

15.  Descends  donc,  méchant  enfant,  dans  la  matrice  coupable  d’un 
Asura,  pour  que  tu  n’insultes  plus  ici  les  grands  personnages. 

16.  Çuka  dit:  Frappé  par  cette  malédiction,  Tchitrakêtu  tomba 
de  son  char;  mais  il  inclina  la  tête  devant  la  Déesse  Satî  afin  de  se 
la  rendre  favorable. 

17.  Tchitrakêtu  dit  : Je  reçois,  les  mains  jointes  avec  respect,  ô 
Ambikà,  la  malédiction  que  tu  lances  contre  moi;  ce  que  disent  les 
Dieux  à un  mortel  est  pour  lui  la  sentence  du  Destin. 

18.  Errant,  égaré  par  l’ignorance,  dans  ce  cercle  du  monde, 
l’homme  y trouve  en  tout  temps  et  en  tout  lieu  le  plaisir  et  la  peine. 

19.  Ce  ne  soflt  ni  son  âme,  ni  les  autres  qui  sont  pour  l’homme 
la  cause  du  bonheur  ou  du  malheur;  l’ignorant  [seul]  croit  que  son 
âme  et  que  les  autres  sont  agents  dans  ces  phénomènes. 

20;  Au  milieu  de  ce  coftrant  des  qualités,  qu’est-ce  que  la  malé- 


366 


LE  BHÀGAVATA  PUUÀNA. 


diction  et  qu’est-ce  que  la  faveur?  qu’est-ce  que  le  Ciel  ou  l'Enfer? 
qu’est-ce  que  le  plaisir  ou  la  peine? 

21.  C'est  Bhagavat  seul  qui  à l'aide  de  sa  Mâyâ,  donne  l’existence 
aux  êtres,  ot  qui  exempt  lui-même  de  parties,  crée  pour  eux  l’escla- 
vage ou  la  délivrance,  le  plaisir  ou  la  peine. 

22.  Il  n’a  ni  ami,  ni  ennemi,  ni  parent,  ni  allié,  ni  adversaire,  ni 
partisan  ; toujours  égal  et  privé  de  passion , le  bonheur  ne  fait  pas 
naître  en  lui  l’amour;  d’où  lui  viendrait  donc  la  colère? 

23.  Cependant  la  création,  œuvre  de  son  énergie,  suffit  pour  assu- 
rer aux  âmes  douées  d’un  corps  le  plaisir  ou  la  peine , le  bonheur 
ou  le  malheur,  l'esclavage  ou  la  délivrance,  la  naissance  ou  la  mort, 
et  pour  les  faire  entrer  dans  la  révolution  du  monde. 

24.  Je  ne  te  supplie  pas  toutefois,  ô Déesse  passionnée,  de  me  dé- 
livrer dê  ta  malédiction;  consens  seulement  à me  pardonner  ce  que 
tu  trouves  de  blâmable  dans  mes  paroles. 

, 25.  Çuka  dit  ; Tchitrakêtu  ayant  ainsi  cherché  à se  rendre  favo- 
rables Giriça  et  sa  femme,  partit  avec  son  char,  à la  vue  des  deux 
Divinités  qui  souriaient. 

26.  Ensuite  le  bienheureux  Uudra  s’adressa  eu  ces  termes  à Ru- 
drânî,au  milieu  des  Dêvas,  des  Rïchis,  des  Dâityas,  des  Siddhas  et 
des  autres  assistants  qui  écoutaient. 

27.  Rudra  dit  : Tu  as  vu,  belle  Déesse,  la  grandeur  des  esclaves 
des  serviteurs  de  Hari  aux  œuvres  merveilleuses,  de  ces  sages  magna- 
nimes qui  sont  exempts  de  désirs. 

28.  Les  hommes  exclusivement  dévoués  à Nârâyana  sont  tous  à 
l’abri  du  danger,  de  quelque  côté  qu’il  vienne;  le  Ciel,  la  délivrance 
ou  même  l’Enfer,  sont  pour  eux  des  états  qu'ils  envisagent  du  même 
regard. 

■ 29.  C’est  de  l union  des  âmes  avec  le  corps,  cette  œuvre  des  jeux 
du  Seigneur,  que  naissent  les  impressions  opposées  du  plaisir  et  de 
la  peine,  ainsi  que  la  naissance  et  la  mort,  la  malédiction  et  la  bien- 
veillance. 

30.  C’est  l’ignorance  qui  produit  dans  l’esprit  des  hommes  ces  dis- 
tinctions entre  les  objets  extérieurs,  ainsi- que  la  différence  du  bien 


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LIVRE  SIXIÈME. 


307 


et  du  mal;  ces  distinctions  n’existent  pas  plus  qu’aucune  des  formes 
qu’on  se  figure  à la  vue  d’une  corde. 

51.  Les  hommes  doués  de  l’énergie,  de  la  science  et  du  détache- 
ment, qui  ont  voué  au  bienheureux  Vâsüdêva  une  dévotion  entière, 
n’ont  aucuns  vœux  à former  en  ce  monde. 

52.  Cet  être  dont  Viriütcha,  Kumâra  (Sanatkumâra),  Nârada,  les 
solitaires  fils  de  Brahma,  les  chefs  des  Dieux  et  moi -même  nous 
ignorons  et  l’action  et  la  forme  véritable,  parce  qu’étant  des  portions 
d’une  partie  de  sa  substance,  nous  nous  croyons  autant  de  souverains 
distincts  de  lui, 

35.  Cet  Être  n’a  ni  ami,  ni  ennemi,  ni  adversaire,  ni  partisan; 
car  comme  toutes  les  créatures  ne  sont  autre  chose  que  lui,  Ifari 
est  l’ami  de  toutes  les  créatures. 

34.  Tcliilrakêtu,  ce  personnage  fortuné,  est  son  serviteur  chéri; 
il  est  calme  et  voit  tout  du  même  regard;  or  moi  aussi  je  suis  l’ami 
d'Atchyuta. 

35.  Il  ne  faut  donc  pas  traiter  avec  orgueil  les  hommes  magna- 
nimes, qui  sont  dévoués  à Maliàpurucha , ces  hommes  calmes  qui 
voient  tout  du  même  regard. 

36.  Çuka  dit:  La  divine  Umâ  n’eut  pas  plutôt  entendu  les  paroles 
du  bienheureux  Çiva,  que  dépouillant  son  orgueil,  elle  se  sentit 
calmée. 

37.  Quant  au  serviteur  de  Bhagavat,  quoiqu’il  pût  bien  rendre  à 
Dêvt  malédiction  pour  malédiction  t il  reçut  sa  condamnation  avec 
respect;  c’est  là  le  vrai  caractère  de  l’homme  vertueux. 

38.  Descendant  au  sein  d’une  femme  Dânava,  il  naquit  dans  le 
feu  du  sud  où  l’on  sacrifiait  à Tvachlri,  et  prit  le  nom  de  Vritra; 
il  eut  en  partage  l’expérience  et  la  science. 

39.  Je  viens  -de  te  raconter  tout  ce  qui  a fait  l'objet  de  tes  ques- 
tions,"et  de  le  dire  la  cause  pour  laquelle  Vritra,  malgré  sa  naissance 
parmi  les  Asuras,  eut  l'esprit  fixé  sur  Bhagavat. 

40.  L'homme  est  délivré  de  ses  liens  quand  il  a écouté  cette  pure 
histoire  du  magnanime  Tchitrakêtu,  où  paraît  la  grandeur  des  ser- 
viteurs de  Vichnu. 


368 


LE  BHAGAVATÀ  PÜRANA. 


u.  Celui  qui,  le  matin,  au  moment  où  il  vient  de  se  lever,  lira 
cet  Itiliâsa  dans  le  silence,  avec  foi  et  en  pensant  à Hari,  obtiendra 
le  salut  suprême. 


FfN  DL  DIX-SEÉ'UÊME  CHAPITRE , AVANT  POUR  TITRE  : 
ÉPISODE  HP.  TCIIÎTRAKÊTU, 

DANS  LE  SIXIEME  LIVRE  DU  GRAND  P CR  À NA, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA, 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VTÂSA. 


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LIVRE  SIXIEME. 


369 


CHAPITRE  XVIII. 


NAISSANCE  DES  MARUTS. 

1.  Çuka  dit:  Priçni  (un  rayon  de  lumière),  femme  de  Savitrï, 
mit  au  monde  Sâvitrî  (la  prière  védique  adressée  au  soleil),  les  trois 
Vyâhritis  (les  trois  monosyllabes  sacrés  Bhû , Bhavas,  Svar ),  Agnihôtra 
(le  sacrifice  accompli  dans  le  feu),  Paçu  (le  sacrifice  fait  avec  une 
victime),  Sôma  (celui  où  l'on  boit  le  suc  de  l'asclépiade  acide),  Tchâ- 
turmâsya  (le  sacrifice  qui  revient  tous  les  quatre  mois),  [lesquels 
avec  celui  de  la  nouvelle  et  de  la  pleine  lune  forment  les  cinq  ] grands 
sacrifices. 

2.  Siddhi  (l’acquisition),  femme  de  Bhaga,  lui  donna  Mahiman, 
Vibhu,  Prabhu,  ainsi  ’qu’uno  fille  nommée  Açis  (la  bénédiction), 
douée  de  beauté  et  fidèle  à ses  devoirs. 

5.  Kuhû,  Sintvâli,  Râkâ  et  Anumati,  femmes  de  Dhâtrï,  lui  don- 
nèrent chacune  successivement  Sâya  (le  soir),  Darça  (le  jour  de 
la  nouvelle  lune),  Prâtar  (le  matin)  et  Pùrnamâsa  (le  jour  de  la 
pleine  lune);  Vidhâtri,  l'Aditya  qui  suit  immédiatement  Dhâtrï,  eut 
de  Kriyâ  (la  cérémonie)  les  Agnis  nommés  Purîchyas  (les  feux  des 
cinq  bûchers). 

4.  Teharchani  (l’intelligente)  fut  la  femme  de  Varuna,  duquel 
naquit,  dans  une  nouvelle  existence,  Bhrïgu  [antérieurement  fils  de 
Brahmâ];  Varuna  en  eut  encore  Vâlmîki,  le  grand  Yôgin,  qui  était 
né  [auparavant]  de  Valmîka. 

5.  Les  deux  Rïchis  Agastya  et  Vasichtha  eurent  à la  fois  pour  pères 
Mitra  et  Varuna;  car  ces  Dieux  recueillirent  dans  un  vase  leur  se- 
mence qui  s’échappait  en  présence  d’Urvaçf  ; Mitra  eut  [seul]  de  Rê- 
vatî,  Utsarga,  Arichla  et  Pippala. 

6.  Le  puissant  Indra  eut  de  Pâulômi  trois  fils,  savoir  : Djayanta, 

u.  47 


570 


LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

Rïchabha,  et  Mîdhus  qui  est  le  troisième;  voilà,  ami,  ce  que  nous 
avons  appris  par  la  tradition. 

7.  Le  divin  Urukrama,  qui  revêtit  à l’aide  de  sa  Mâyâ  la  figure 
d'un  nain,  eut  de  Kîrti  sa  femme  Vrîhatchtchhlôka,  d’où  naquirent 
Sâubhaga  et  d’autres. 

8.  Nous  dirons  plus  bas  les  actions,  les  vertus  et  les  exploits  de  ce 
magnanime  descendant  de  Kaçyapa,  et  comment  il  s'incarna  dans  le 
sein  d’Aditi. 

0.  Je  vais  maintenant  t’énumérer  les  descendants  de  Kaçyapa  et 
de  sa  femme  Diti,  au  nombre  desquels  on  compte  Bali  et  le  fortuné 
Prahràda,  serviteur  dévoué  de  Bhagavat. 

10.  Diti  eut  deux  fils,  vénérés  des  Dâityas  et  des  Dânavas,  et 
nommés  l’un  Hiranyakaçipu , l'autre  Hirany&kcha. 

U.  Hiranyakaçipu  reçut  pour  femme  la  Dânavi,  fille  de  Djambha, 
nommée  Kayâdhû  ; elle  lui  donna  quatre  fils. 

12.  Ce  furent  Saùihrâda,  puis  Anuhrâda,  II rôda  et  Prahràda;  la 
sœur  de  Hiranyakaçipu  et  de  Hiranyâkcha,  qui  se  nommait  Sirîi- 
hikâ,  eut  llâhu  de  Vipratchit  son  mari. 

15.  Râliu  est  celui  dont  Hari  trancha  la  tête  avec  son  Tchakra, 
au  moment  où  il  buvait  l’ambroisie;  Kriti,  femme  de  Samhràda,  en 
eut  un  fils  nommé  Pautchadjana. 

14.  Dhamani,  femme  de  Hrâda,  mit  au  monde  Vâtâpi  et  Ilvala  ; 
c’est  Ilvala  qui  fit  cuire  pour  le  repas  de  son  hôte  Agastya,  son  frère 
Vâtâpi. 

15.  Anuhrâda  eut  pour  femme  Sûrmyâ,  qui  lui  donna  Vâchkala  et 
Mahicha;  Prahràda  eut  de  Dêvi  sa  femme  Virôtchana , qui  à son  tour 
eut  Bali  pour  fils. 

16.  Bali  eut  d’Açanâ  cent  fils,  dont  l’aîné  fut  Vâna;  on  racontera 
plus  bas  sa  puissance  qui  est  digne  d’être  célébrée  dans  de  beaux 
distiques. 

17.  C’est  Vâna  qui  après  avoir  honoré  Giriça,  a obtenu  le  rang 
de  chef  de  ses  troupes;  et  c’est  S ses  côtés  qu’est  encore  aujourd’hui 
Bhagavat  qui  est  le  gardien  de  sa  ville. 

18.  Diti  eut  quarante-neuf  fils  nommés  les  Maruts  (les  Vents); 


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LIVRE  SIXIÈME.  571 

Indra  leur  accorda  à tous  une  forme  semblable  à la  sienne,  et  ils 
n’eurent  pas  de  postérité. 

19.  Le  roi  dit:  Comment,  6 mon  maître,  les  Maruts  ayant  dé- 
pouillé la  nature  d’Asuras  qu’ils  tenaient  de  leur  origine,  obtinrent- 
ils  d'Indra  l’avantage  de  partager  sa  divinité,  et  quelle  bonne  action 
firent-ils  pour  cela  ? 

20.  Ces  Rïchis  rassemblés  ici,  ô Brâhmane,  sont,  comme  moi, 
pleins  de  foi  dans  tes  paroles;  daigne,  seigneur,  nous  expliquer  cela, 
pour  que  nous  le  comprenions  parfaitement. 

SÛT*  dit  : 

21.  Ayant  entendu  les  paroles  brèves,  pleines  de  sens  et  dignes  de 
respect  du  prince  donné  de  Viclinu,  Vâdarâyani , ce  sage  à qui  tout 
est  connu,  les  accueillant  avec  un  esprit  modeste,  lui  répondit  ainsi, 
ô toi  qui  vis  au  milieu  des  sacrifices. 

22.  Çuka  dit  : Quand  Dili  vit  ses  fils  tués  par  Viclinu  qui  avait 
fait  de  Çakra  son  général,  toute  brûlante  d’un  courroux  qu’enflam- 
mait la  douleur,  elle  se  livra  aux  réflexions  suivantes  : 

23.  Quand  donc  pourrai-je  me  reposer  heureuse,  après  avoir  mis 
à mort  cet  assassin  de  ses  frères,  ce  pécheur  qui  ne  trouve  de  plaisir 
que  dans  les  jouissances  des  sens,  ce  Dieu  violent  et  au  cœur  impi- 
toyable ? 

2a.  Des  vers,  des  ordures,  de  la  cendre,  ce  sont  là  les  noms  que 
mérite  ce  Dieu  qui  se  fait  appeler  souverain;  est-ce  connaître  son 
intérêt  que  de  faire,  pour  son  propre  avantage,  du  mal  aux  créatufgs, 
crime  dont  le  résultat  est  l’Enfer  ? • 

25.  Puisse-t-il  me  naître  un  fils  qui  calme  l’ivresse  de  cet  Indra, 
dont  l’esprit  méconnaissant  tout  frein , se  flatte  que  ce  monde  est 
étemel  I 

26.  Pleine  de  ces  pensées,  elle  s’appliqua  en  toute  occasion  à se 

rendre  agréable  à son  mari;  sa  soumission,  son  amour,  son  respect, 
sa  résignation,  . - _ 

27.  Sa  dévotion  profonde,  ô roi,  ses  belles  et  séduisantes  paroles, 

4?. 


372  LE  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

ses  regards  accompagnés  de  gracieux  sourires,  enfin  sa  connaissance 
de  tous  les  sentiments,  lui  conquirent  le  cœur  de  son  mari. 

28.  Ainsi  fasciné,  quoiqu’il  eût  la  science,  par  cette  femme  habile, 
Kaçyapa  cédant  à son  empire,  lui  promit  ce  quelle  lui  demandait; 
il  n'y  a rien  d'étonnant  dans  ce  succès  d’une  femme. 

29.  Car  ayant  remarqué,  dans  le  commencement,  que  les  êtres 
restaient  isolés,  le  Chef  des  créatures  avait  fait  de  la  femme  * cet  être 
qui  ravit  aux  hommes  la  raison,  la  moitié  de  son  propre  corps. 

30.  Ainsi  rendu  docile  par  sa  femme,  le  bienheureux  Kaçyapa, 
plein  d’une  joie  extrême,  tint  en  souriant  ce  langage  à Diti  qu’il 
approuvait. 

31.  Kaçyapa  dit  : Choisis  un  don,  ô belle  femme;  je  suis  content 
de  toi,  épouse  irréprochable;  quand  une  femme  a su  satisfaire  son 
mari,  qu’y  a-t-il  de  refusé  à ses  désirs  dans  ce  monde  et  [dans 
l’autre  ] ? 

32.  Un  mari,  on  le  sait,  est  pour  une  femme  la  Divinité  suprême; 
c’est  Vâsudêva  lui-même,  l’époux  de  Çrî,  qui  réside  dans  le  cœur 
de  tous  les  êtres. 

35.  C’est  Bhagavat,  en  effet,  qui  sous  les  attributs  des  Divinités 
diverses  que  distinguent  leurs  noms  et  leurs  formes  variées,  reçoit 
le  sacrifice  des  hommes  et  celui  des  femmes,  pour  lesquelles  il  revêt 
la  figure  de  leur  mari. 

54.  Aussi  les  femmes  dévouées  à leurs  maris,  qui  désirent  leur 
propre  bonheur,  sacrifient-elles,  avec  une  affection  exclusive,  à l’Es- 
prit, au  Seigneur  suprême  qui  est  leur  époux. 

¥>■  Puisque  j’ai  été  honoré  par  toi,  vertueuse  épouse,  avec  une 
d^rotion  inspirée  par  de  tels  sentiments,  je  t’accorderai  l’objet  de 
tes  désirs,  bonheur  refusé  à celles  qui  ne  sont  pas  vertueuses. 

36.  Diti  dit  : Si  tu  consens  à me  faire  un  don,  ô Brâhmane,  ac- 
corde-moi un  fils  qui  n’ait  rien  à craindre  de  la  mort  et  qui  tue 
Indra,  dont  la  main  m’a  ravi  mes  deux  enfants. 

57.  Çulta  dit  : Ayant  entendu  ces  paroles,  le  Brahmane  bois  de 
lui  fut  pénétré  de  repentir  : Hélas!  [s’écria-t-il,]  quelle  énorme  in- 
justice ne  viens-je  pas  de  commettre  aujourd'hui  ! 


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LIVRE  SIXIÈME. 


373 


58.  Ah  ! livré  en  ce  jour  aux  plaisirs  des  sens , privé  de  mon 
intelligence  par  l’Illusion  qui  a revêtu  les  dehors  de  cette  femme,  je 
tomberai  certainement,  misérable  que  je  suis,  dans  l’Enfer. 

59.  Où  est  ici  la  faute  de  cette  femme  qui  n’a  fait  que  suivre  son 
naturel?  Mais  malheur  sur  moi,  qui  méconnaissant  mon  véritable 
but,  n’ai  pas  su  dompter  mes  sens! 

40.  La  bouche  des  femmes  s’épanouit  comme  un  lotus  d'automne, 
leur  voix  est  de  l’ambroisie  pour  les  oreilles,  leur  cœur  ressemble  au 
tranchant  d’un  rasoir;  quel  homme  a jamais  connu  la  conduite  des 
femmes? 

41.  Personne,  en  effet,  n’est  un  objet  d’amour  pour  les  femmes 
qui  sont  tout  entières  à l’objet  de  leurs  désirs;  elles  tuent  ou  font 
tuer,  pour  leur  intérêt,  un  mari,  un  (ils  ou  un  frère. 

42.  La  parole  que  j’ai  prononcée  en  disant:  « Je  t’accorderai  ce 
■ que  je  t’ai  promis,  » ne  sera  pas  vaine;  et,  d’un  autre  côté,  Indra 
ne  mérite  pas  la  mort;  aussi  mon  plan  est-il  arrêté. 

45.  Après  avoir  fait  ces  réflexions,  le  bienheureux  fils  de  Marîtchi, 
6 descendant  de  Kuru,  parla  ainsi  avec  quelque  colère,  et  en  s’a- 
dressant à lui-même  des  reproches. 

44.  Kaçyapa  dit  : Il  te  naîtra  un  fils,  femme  vertueuse,  qui  tuera 
Indra  et  qui  sera  néanmoins  allié  aux  Dieux,  si  tu  observes  religieu- 
sement pendant  une  année  la  pénitence  que  je  vais  te  dire. 

45.  Diti  dit:  Jobserverai  celte  pénitence,  ô Brâhmane;  dis-moi 
les  actes  qu’il  faut  accomplir,  ceux  qui  sont  défendus  dans  ce  cas, 
comme  ceux  qui  ne  détruisent  pas  cette  dévotion. 

46.  Kaçyapa  dit  : Il  ne  faut  pas  faire  de  mal  aux  êtres  vivants;  il 
ue  faut  prononcer  ni  de  malédiction,  ni  de  mensonge;  on  ne  doit 
couper  ni  ses  ongles,  ni  ses  cheveux;  il  ne  faut  toucher  A aucun 
objet  impur. 

47.  On  ne  doit  ni  se  mettre  en  colère,  ni  parler  à des  méchants; 
il  ne  faut  pas  prendre  de  bains  ; on  ne  doit  porter  ni  un  vêtement 
non  lavé,  ni  une  guirlande  qui  a déjà  servi. 

48.  On  ne  doit  manger  ni  les  restes  d’un  autre,  ni  ce  qfii  a été 
consacré  à Tchandikâ,  ni  du  riz  mêlé  avec  de  la  viande,  ni  ce  qui 


374 


LE  BHÀGAVATA  PURÂNA. 

est  préparé  par  un  Çûdra,  ni  ce  qu’une  femme  ayant  ses  mois  à 
regardé;  il  ne  faut  pas  boire  l'eau  dans  les  deux  mains  réunies. 

'i9.  La  femme  ne  doit  pas  sortir  dehors,  portant  sur  elle  des  restes 
de  son  repas,  ne  s’étant  pas  rincé  la  bouche,  au  crépuscule  [du  soir], 
les  cheveux  épars,  ne  s’étant  pas  parée,  le  corps  découvert,  et  par- 
lant à haute  voix. 

50.  Qu  elle  ne  se  couche  pas  sans  s’être  lavé  les  pieds,  ni  les  pieds 
humides,  sans  s’être  recueillie,  la  tête  tournée  au  nord  ou  à l’ouest, 
nue,  avec  d’autres  personnes,  ou  au  moment  des  deux  crépuscules. 

5t.  Couverte  d’un  vêtement  nouvellement  lavé,  pure,  portant 
toujours  des  choses  de  bon  augure,  qu’elle  adore,  le  matin  avant  de 
manger,  les  vaches,  les  Brahmanes,  Çrî  et  Atchyuta. 

52.  Qu  elle  honore  les  femmes  qui  ont  encore  leurs  maris,  en  leur 
offrant  des  guirlandes,  des  parfums,  des  parures,  et  en  leur  présen- 
tant des  aliments;  quelle  serve  avec  respect  son  mari,  et  quelle  se 
le  représente  comme  descendu  dans  son  sein. 

55.  Si  tu  observes  pendant  un  an,  sans  en  rien  omettre,  ces  pra- 
tiques dont  le  but  est  de  donner  des  enfants,  tu  auras  un  fils  qui 
tuera  Indra. 

54.  Çuka  dit  : J’y  consens,  reprit  la  magnanime  Diti  ; et  ayant 
reçu  en  son  sein  le  fruit  de  Kaçyapa,  elle  se  mit  à observer  exacte- 
ment cette  pénitence. 

55.  Connaissant  le  dessein  de  la  soeur  de  sa  mère,  le  prudent 
Indra  entreprit  de  sertir  avec  une  entière  soumission  Diti,  qui  était 
retirée  dans  nn  ermitage. 

56.  11  ne  cessait  de  lui  rapporter  de  la  forêt  des  fleurs,  des  fruits, 
des  racines,  du  bois,  des  tiges  de  Kuça,  des  feuilles,  des  bourgeons, 
de  l’argile  et  de  l’eau,  et  il  lui  présentait  chacune  de  ces  choses  dans 
le  temps  convenable. 

57.  C’est  ainsi  qu’lndra,  qui  désirait  surprendre  quelque  inter- 
ruption coupable  dans  ses  dévotions,  la  servait  avec  un  faux  zèle, 
semblable  au  chasseur  qui  se  cache  sous  le  déguisement  d’une  an- 
tilope. * 

5g.  Mais  quelque  attention  qu’il  y apportât,  il  ne  pouvait  trouver 


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375 


LIVRE  SIXIÈME. 

Diti  en  faute;  aussi  le  Dieu  puissant  tomba-t-il  dans  un  chagrin  pro- 
fond, et  il  se  dit  : Qui  viendra  ici  à mon  secours? 

59.  Cependant  un  jour,  au  crépuscule  du  soir,  fatiguée  par  ses 
dévotions  et  oubliant  la  nègle,  elle  s’endormit,  gardant  des  restes 
de  son  repas  sur  ses  vêtements,  et  n’ayant  ni  rincé  sa  bouche,  ni 
lavé  ses  pieds. 

60.  Saisissant  cette  occasion,  Çakra,  ce  maître  du  Yôga,  pénétra, 
à l’aide  de  l'Illusion  dont  le  Yôga  donne  le  pouvoir,  dans  le  sein  de 
Diti,  à qui  le  sommeil  avait  enlevé  le  sentiment. 

61.  Il  partagea  en  sept  parties,  avec  sa  foudre,  le  fruit  brillant 
comme  l’or  quelle  portait;  et  de  chacune  de  ces  parties  qui  pleu- 
raient, il  en  fit  sept  autres,  en  leur  disant  : Ne  pleurez  pas. 

62.  Au  moment  où  il  les  divisait,  les  Maruts,  les  mains  réunies 
en  signe  de  respect,  lui  parlèrent  ainsi  : Pourquoi  donc  veux-tu 
nous  mettre  à mort,  ô Indra?  nous  sommes  tes  frères. 

03.  N’ayez  pas  peur;  vous  êtes  mes  frères,  répondit  kâuçika 
(Indra)  aux  troupes  des  Maruts,  qui  partagèrent  la  nature  du  Dieu 
et  formèrent  son  assemblée. 

64.  Grâce  à la  faveur  du  Dieu  au  sein  duquel  Çrî  repose,  le  fruit 

de  Diti  ne  mourut  pas  plus,  lorsqu’il  fut  divisé  en  plusieurs  parties 
par  la  foudre,  que  tu  ne  mourus  toi-même,  quand  tu  fus  frappé  par 
le  javelot  du  fils’  de  Drôna.  . 

65.  L hommê  qui  a sacrifié,  ne  fût-ce  qu’une  seule  fois,  à Adipu- 
rucha,  obtient  de  devenir  semblable  à lui;  or  comme  Diti  avait 
honoré  Ilari  pendant  une  année  presque  complète, 

66.  Ses  fils  devinrent  les  Dieux  Maruts  qui  avec  Indra  forment  lé 
nombre  de  cinquante  Divinités;  dépouillant  le  vice  de  leur  naissance, 
ils  durent  à Hari  la  faveur  de  boire  le  Sôma. 

67.  Diti,  en  se  réveillant,  vit  ces  jeunes  Divinités  brillantes  comme 
le  feu,  qui  étaient  en  compagnie  d’Indra;  la  Déesse  irréprochable  fut 
remplie  de  joie. 

68.  Puis  elle  s'adressa  ainsi  à Indra  : C'est  dans  le  désir  d’avoir 
un  enfant  qui  fût  la  terreur  des  Adityas,  que  j’ai,  ami,  entrepris  cette 
rude  pénitence. 


576 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 

69.  Comment  se  fait-il  qu'au  lieu  du  fils  unique  que  je  désirais, 
j’en  voie  ici  quarante-neuf?  Si  tu  connais,  enfant,  la  vérité,  dis-la- 
inoi  fidèlement. 

70.  Indra  dit  : ô ma  mère,  dès  que  j’ai  eu  connu  ton  dessein , je 
me  suis  rendu  auprès  de  toi;  et  surprenant  un  intervalle  dans  tes 
dévotions,  j’ai  frappé  ton  fruit,  ne  songeant  qu’à  mon  intérêt,  et 
méconnaissant  la  justice. 

71.  Ce  fruit,  coupé  par  moi  en  sept  parties,  a formé  sept  jeunes 
enfants;  et  chacun  d’eux  à son  tour,  quoique  coupé  en  sept,  n’a  pu 
mourir  encore. 

72.  A la  vue  de  cette  merveille  surprenante,  j'ai  réfléchi  et  je  me 
suis  dit:  Il  y a là  quelque  vertu  surnaturelle  qui  est  la  conséquence 
du  culte  rendu  a Mahâpurucha. 

75.  Les  hommes  qui  se  livrent  au  culte  de  Bhagavat  n'ont  plus  à 
former  aucun  voeu;  mais  ceux  qui  ne  désirent  même  pas  le  bien  su- 
prême, passent  pour  connaître  le  mieux  leur  intérêt. 

74.  Quel  est  le  sage  qui  après  avoir  honoré  le  Seigneur  de  l’uni- 
vers, le  Dieu  qui  se  donne  lui-même  aux  êtres  dont  il  est  l’âme,  irait 
désirer  les  jouissances  que  procure  le  contact  des  qualités,  jouis- 
sances qui  se  trouvent  même  dans  l’Enfer? 

75.  Pardonne  5 un  insensé , mère  généreuse , cette  mauvaise 
action ;. bonheur  à toi!  ton  fruit,  qui  avait  été  mis’à  mort,  est  res- 
suscité. 

76.  Çuka  dit  : Après  avoir  pris  congé  de  Diti,  qui,  grâce  à son 
naturel  plein  de  pureté,  était  satisfaite,  le  puissant  Indra  s’inclina 
devant  elle  avec  les  Maruts,  et  se  rendit  dans  le  ciel. 

• 77.  Je  viens  de  te  raconter  ainsi  tout  ce  qui  a fait  l’objet  de  tes 
questions,  l’heureuse  naissance  des  Maruts;  que  désires-tu  que  je 
te  raconte  encore  ? 

FIS  DU  niX-KUITlàMS  CHAPITRE , ATAST  POU»  TITRE  : 

NAISSANCE  DES  MABl'TS, 

DANS  LE  SlXlilIE  LIVRE  DU  GRAND  FCRrlçA, 

LE  RIENHECREUX  BHAGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRÉ  PAR  BRABtli  ET  COMPOSÉ  PAR  VYÂSA. 


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LIVRE  SIXIÈME. 


577 


CHAPITRE  XIX. 

DÉVOTION  POUR  AVOIR  UN  FILS. 

1.  Le  roi  dit  : Je  désire  connaître,  ô Brahmane,  ce  que  lu  as  ap- 
pelé la  dévotion  qui  donne  un  fds,  dévotion  par  laquelle  on  se  rend 
Viçhnu  favorable. 

2.  Çuka  dit  : Que  dans  le  mois  de  Mârgaçira,  au  moment  de  la 
lune  blanche,  la  femme  entreprenne,  avec  l’autorisation  de  son  mari, 

le  cours  de  ces  dévotions  qui  donnent  tout  ce  qu'on  désire,  en  les  / 

prenant  par  le  commencement. 

5.  Après  avoir  entendu  l’histoire  de  la  naissance  des  Maruts  et 
congédié  les  Brahmanes,  elle  doit  prendre  un  bain;  et  s'étant  lavé 
les  dents,  s’étant  revêtue  de  deux  pièces  d'étoffe  blanche  et  parée  de 
ses  ornements,  elle  doit  adorer,  le  matin  avant  son  repas,  Bhagavat 
avecÇrt,  [en  disant:] 

A.  Adoration  à toi,  qui  possédant  tout,  n'as  rien  à souhaiter;  à toi 
dont  tous  les  désirs  sont  satisfaits,  à toi  l'epoux  de  la  grande  Vibhûti, 
à toi  qui  as  toutes  les  perfections! 

5.  Comme  la  miséricorde , la  puissance , l’éclat , la  grandeur, 
l’énergie, comme  toutes  les  qualités,  enfin,  Seigneur,  se  plaisent  avec 
toi,  tu  es,  à cause  de  cela,  Bhagavat,  le  Dieu  souverain. 

6.  0 épouse  de  Vichnu,  ô grande  Màyâ,  toi  qui  possèdes  les 
attributs  de  Mahâpurucba,  sois  satisfaite  de  moi.  Divinité  fortunée, 
mère  du  monde.  Adoration  à toi  ! 

7.  Oiïi ! Adoration  au  bienheureux  Mahâpurucba,  qui  est  doué 

d’une  grande  majesté!  adoration  à l’époux  de  la  grande  Vibhûti  ! puis- 
sé-je  te  présenter  l’offrande,  à toi  ainsi  qu’à  tes  grandes  facultés 
surnaturelles!  - 

C'est  en  prononçant  chaque  jour  ce  Mantra,  quelle  doit  présenter 
ii.  48 


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378 


LE  BHAGAVATA  PURANA. 


à Vichnu  avec  recueillement  l’offrande  qui  se  jette  dans  le  feu,  celle 
de  l’Arghya,  de  l'eau  pour  les  pieds,  la  bouche  et  le  bain,  le  vête- 
ment, le  cordon  sacré,  les  parures,  les  parfums,  les  fleurs,  l’encens, 
les  lampes,  les  aliments  et  les  autres  objets  requis. 

Quelle  sacrifie  ensuite  le  reste  du  beurre  clarifié  dans  le  feu,  en 
en  faisant  douze  oblations. 

s.  Oui  ! Adoration  au  bienheureux  Mahâpurucha,  à l’époux  de  la 
grande  Yibhûti  ! Svâhâ  ! C’est  en  prononçant  ces  paroles  qu’elle  doit 
honorer  constamment  avec  dévotion  Çrî  et  Vichnu , ces  deux  divinités 
libérales,  sources  de  bénédictions,  si  elle  désire  une  prospérité 
complète. 

9.  Qu’elle  les  salue  en  prosternant  tout  son  corps  contre  terre, 
avec  un  cœur  soumis  par  la  dévotion  ; quelle  répète  dix  fois  à demi- 
voix  le  Mantra,  et  chante  ensuite  l’hymne  suivant: 

10.  «Oui,  vous  êtes  les  souverains  de  l’univers,  la  cause  suprême 
«du  monde;  car  la  Nature  invisible  est  Mâyâ,  laquelle  est  ton  im- 
« pénétrable  énergie. 

11.  « Tu  en  es  le  souverain  maître,  ô toi  qui  es  l’Esprit  suprême  1 
« tu  es  la  totalité  des  sacrifices;  tu  es  l'offrande;  tu  es  la  cérémonie 

. « même,  et  c'est  toi  qui  en  recueilles  le  fruit. 

12.  «Ta  divine  épouse  est  la  manifestation  des  qualités,  et  c’est 
« toi  qui  les  manifestes  et  en  perçois  les  effets  ; car  tu  es  l’âme  qui 

* réside  dans  tous  les  corps,  et  Çrî  est  le  corps,  les  organes  des  sens 
«et  le  cœur;  le  nom  et  la  forme  sont  la  bienheureuse  Déesse  cllc- 

* même;  tu  en  es  la  cause  et  le  contenant. 

15.  «Comme  il  est  vrai  que  vous  êtes  les  Divinités  souveraines 
«qui  répandez  tous  les  biens  dans  les  trois  inondes,  ainsi,  ô Dieu 
« plein  de  gloire,  puissent  mes  grands  vœux  être  satisfaits  ! • 

14.  Ayant  ainsi  loué  Çrî  et  le  Dieu  libéral  au  sein  duquel  repose 
cette  Déesse,  ayant  terminé  la  présentation  de  l'offrande  et  celle  de 
l'eau  pour  l'ablution  de  la  bouche,  elle  doit  s’incliner  devant  Vichnu. 

15.  Elle  doit  ensuite  chanter  l’hymne  [précédent]  avec  un  esprit 
soumis  par  la  dévotion,  et  ayant  flairé  ce  qui  reste  de  l'offrande, 
elle  doit  saluer  de  nouveau  Hari. 


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LIVRE  SIXIEME. 


579 


16.  Qu’avec,  une  dévotion  profonde  elle  se  représente  son  mari 
comme  étant  Mahâpurucha,  et  quelle  lui  offre  chacune  des  choses 
qui  peuvent  lui  être  agréables;  et  que  son  mari  à son  tour,  plein 
d'affection  pour  elle,  favorise  toutes  ses  pratiques,  tant  les  plus  éle- 
vées que  les  inférieures. 

17.  Ce  qui  est  fait  par  l’un  des  époux,  leur  appartient  à tous  les 
deux  à la  fois;  que  le  mari  accomplisse  donc,  avec  soin  cette  dévotion, 
si  sa  femme  n’a  pas  la  capacité  nécessaire. 

18.  Continuant  à rendre  ce  culte  à Yichnu,  qu'il  se  garde  de  l’in- 
terrompre en  quoi  que  ce  soit;  qu’il  honore  chaque  jour  les  Brâh- 
mancs  et  les  femmes  qui  ont  leurs  maris,  en  leur  donnant  des  guir- 
landes, des  parfums,  des  aliments  et  des  parures,  et  qu’il  observe 
avec  dévotion  toutes  les  pratiques  en  l’honneur  du  Dieu. 

19.  Qu’après  avoir  transporté  le  Dieu  dans  sa  maison,  la  femme 
mange,  pour  se  purifier,  en  sa  présence,  les  aliments  qu’elle  lui  a 
déclarés,  si  elle  veut  que  tous  ses  désirs  réussissent. 

20.  Quand  elle  a pratiqué  ce  culte  pendant  douze  mois , c’est-à- 
dire  une  année  entière,  l'épouse  vertueuse  doit  cesser  le  dernier  jour 
du  mois  de  Kàrtika. 

21.  Le  lendemain,  s’étant  baigné  et  ayant  honoré  Krîchna  comme 
auparavant,  le  mari  doit  présenter  eu  offrande  le  riz  bouilli  dans 
du  lait  avec  du  beurre  clarifié,  selon  le  rite  des  sacrifices  où  l’offrande 
est  cuite,  et  en  en  faisant  douze  oblations. 

22.  Ayant  reçu,  la  tète  inclinée,  les  bénédictions  prononcées  par 
les  Brahmanes  satisfaits , et  les  ayant  salués  avec,  dévotion , qu’il 
mange  le  riz  avec  leur  assentiment. 

23.  Qu’il  se  fasse  précéder  par  son  précepteur,  et  que  silencieux, 
accompagné  de  ses  parents,  il  donne  à sa  femme  le  reste  de  l’of- 
frande, offrande  fortunée  qui  doit  lui  procurer  des  enfants  vertueux. 

24.  Lorsque  ce  culte  a été  rendu  suivant  les  règles  au  souverain 
Seigneur,  l’homme  obtient  en  ce  monde  les  choses  qu’il  désire;  et 
l’épouse  qui  l’a  pratiqué,  en  reçoit  pour  récompense  la  beauté,  le 
bonheur,  des  enfants,  un  mari  qui  lui  survit,  de  la  renommée  et 
une  maison. 


48. 


380 


LF,  BHÀGAVATA  PURÀNA. 

25.  La  jeune  fille  qui  n’a  pas  de  mari,  obtient  un  époux  comblé 
de  tous  les  dons  ; la  femme  coupable  voit  ses  fautes  effacées  et  gagne 
le  salut  ; la  mère  dont  les  enfants  sont  morts,  en  a d'autres  qui  vivent; 
celle  qui  était  plongée  dans  la  misère,  devient  aussi  opulente  que 
Dhanèçvarî  (la  femme  du  Dieu  des  richesses). 

26.  Une  beauté  parfaite  remplace  la  difformité;  celui  qui  est  ma- 
lade est  délivré  de  ses  diverses  souffrances,  et  acquiert  un  corps  doué 
d’organes  parfaits;  l’homme  qui  lit  cette  dévotion  pendant  la  céré- 
monie en  l’houneur  des  mânes,  comble  d’une  satisfaction  infinie  ses 
ancêtres  et  les  Dieux. 

27.  A la  fin  du  sacrifice,  le  feu  qui  dévore  l'offrande,  Çrî  et  Hari, 
lui  accordent,  dans  leur  satisfaction,  tous  les  objets  de  ses  désirs. 
O roi,  je  viens  de  te  raconter  la  grande  et  pure  histoire  de  la  nais- 
sance des  Maruts,  et  la  grande  dévotion  de  Diti. 


FIN  DU  DIX -NEUVIÈME  CHAPITRE,  AYANT  POUR  TITRE  : 
DÉVOTION  POUR  AVOIR  UN  FILS, 

DANS  LE  SIXIÈME  LIVRE  DU  GRAND  PURAÇA, 

LE  BIENHEUREUX  BHAGAVATA , 

RECUEIL  INSPIRE  PAR  BRAHMA  ET  COMPOSÉ  PAR  VT  AS  A. 


FIN  DU  TOME  SECOND. 


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TABLE 


DES 

LIVRES  ET  CHAPITRES 

CONTENUS  DANS  CE  VOLUME. 


LIVRE  QUATRIEME. 

Chapitres.  Papes. 

I.  Postérité  de  Dakcha 1 

II.  Imprécation  de  Dakeba 8 

III.  Dialogue  entre  Umâ  et  Rudra 1 a 

IV.  Sati  abandonne  son  corps j5 

V.  Destruction  du  sacrifice  de  Dakcha 20 

VI.  On  apaise  Rudra.  . 24 

VIL  Rétablissement  du  sacrifice  de  Dakcha 3o 

VIII.  Histoire  de  Dhruva 38 

IX.  Histoire  de  Dhruva A7 

X.  Les  Yakchas  emploient  la  magie 55 

XI.  Discours  du  Manu 59 

XII.  Ascension  de  Dhruva G3 

XIII.  Agga  se  fait  mendiant 89 

XIV.  Naissance  de  Nicli&da 74 

XV.  Histoire  de  Prïthu 79 

XVI.  Éloge  de  Prïthu 82 

XVII.  Soumission  de  la  Terre 85 

XVIII.  Prïthu  trait  la  Terre 89 

XIX.  Discours  de  Brahmi :....... 93 

XX.  Éloge  de  Prïthu 98 

XXI.  Discours  de  Prïthu 1 o3 


» 


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ê 


582  LE  BHÂGAVATA  PURÂNA. 

Chapitres.  Pages. 

XXII.  Conseils  de  Sanatkumâra 109 

XXIII.  Histoire  de  Prïlhu 116 

XXIV.  Chant  de  Rudra 1 a 1 

XXV.  Episode  de  Puraindjana i3o 

XXVI.  Episode  de  Puraiîidjana 1 3 y 

XXVII.  Episode  de  Puraindjana i4o 

XXVIII.  Épisode  de  Puramdjana ? 1 44 

XXIX.  Entretien  de  Nârada  et  de  Prâtchinavarhis i5i 

XXX.  Histoire  des  Pratchctas 161 

XXXI.  Épisode  des  Pralchêlas 167 


41 


LIVRE  CINQUIÈME. 

I.  Grandeur  de  Priyavrala 

II.  Histoire  d'Agnîdhra 

III.  Apparition  de  Rïchablia 

IV.  Histoire  de  Ricliabha 

V.  Histoire  de  Ricliabha 

VI.  Histoire  de  Ricliabha 

Ml.  Culte  de  Bhagavat 

Mil.  Histoire  de  l'ancien  Bharata 

IX.  Histoire  de  Bharata  l’insensé 

X.  Dialogue  entre  Bharata  l'insensé  et  Rahûgana 

XI.  Dialogue  entre  le  Bràhmane  et  Rahûgana.  . . 

XII  Dialogue  entre  le  Brahmane  cl  Rahûgana.  . . 

XIII.  Dialogue  entre  le  Brahmane  et  Rahûgana.  . . 

XIV.  Dialogue  entre  le  Brilhmane  et  Rahûgana  . . . 

XV.  Descendance  de  Priyavrata 

XVI.  Description  de  la  Terre 

XVII.  Éloge  de  SaiîiLarchana 

XVIII.  Description  de  la  Terre 

XIX.  Description  du  Djambudvipa 

XX.  Description  des  mers  et  des  terres 

XXI.  Description  du  char  du  soleil 

XXII.  Description  de  la  sphère  des  astres 


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262 


TABLE. 


383 


XXIII. 

Constitution  de  CiçumAra 

XXIV. 

Description  des  régions  de  l' Abîme 

3(18 

XXV. 

Grandeur  de  Samkarchana 

a73 

XXVI.  Description  des  Enfers 

«7* 

LIVRE  SIXIÈME. 

I. 

Épisode  d’Adjâmila.  

a 83 

II. 

Épisode  d’AdjAmila 

390 

III. 

Épisode  d'Adjâmila 

a 90 

IV. 

Le  mystère  de  Brahma 

299 

V. 

Imprécations  de  Dakcha  contre  Nérada 

3o5 

VI. 

Descendance  des  fdles  de  Dakcha 

3 10 

VII. 

Épisode  de  Viçvardpa 

3 1 5 

VIII. 

La  cuirasse  de  Nârâyana 

IX. 

Instruction  de  Bhagavat 

3a5 

X. 

Mort  de  Vrïtra 

'33a 

XI. 

Discours  de  Vrïtra 

XII. 

Mort  de  Vrïtra 

XIII. 

Triomphe  d’Indra 

344 

XIV. 

Épisode  de  Tchitrakétu 

XV. 

Épisode  de  Tchitrakétu 

354 

XVI. 

Épisode  de  Tchitrakétu 

XVII. 

Épisode  de  Tchitrakétu 

364 

XVIII. 

Naissance  des  Maruts 

3(>9 

XIX. 

Dévotion  pour  avoir  un  fils 

377 

ru»  DE  LA  TABLE  DL  TOME  SECOND. 


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